• l’année dernière
Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Madi Seydi, Joseph Thouvenel et Guillaume Bernard, politologue, auteur du livre Le mouvement dextrogyre aux éditions Desclée de Brouwer.

Retrouvez Les Vraies Voix avec Cécile de Ménibus et Philippe David du lundi au vendredi de 17h à 20h sur #SudRadio.
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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2023-05-01##

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Transcription
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00:02 Non.
00:03 Les vraies voix Sud Radio, le grand débat du jour.
00:06 Le Rassemblement National, lui, réunit ses troupes au Havre aujourd'hui.
00:10 Venir au Rassemblement National aujourd'hui, c'est une fête qui est très commune chez nous, surtout le 1er mai.
00:15 Donc oui, c'est l'un des événements les plus importants du Rassemblement National.
00:18 Le 1er mai est chômé et férié par décision de M.Pétain en 1941.
00:23 Donc quelque part, en faisant la fête de la nation,
00:25 l'ERN revient, sous le répticement, à cette tradition politique, cette matrice politique. Après, ils le font au Havre.
00:32 Marine Le Pen se cherche un adversaire maintenant pour 2027, c'est Édouard Philippe.
00:36 On est au Havre, on est dans une vie où on est attaché à la liberté d'expression.
00:39 Le Front National a choisi de venir au Havre.
00:42 Ils s'expriment librement, même si je ne suis d'accord sur rien avec eux.
00:46 Notre projet, mes chers amis, parce que c'est notre projet !
00:50 Un projet de redressement national, redressement moral dans un pays en proie au doute,
00:56 redressement de nos valeurs, redressement de l'État, redressement économique au moment où,
01:02 après des décennies d'hégémonie, le mondialisme cède devant les logiques de protection,
01:07 redressement social, parce qu'il n'y a pas de paix civile, pas d'harmonie sociale, sans paix sociale.
01:16 Et pour ce 1er mai, Marine Le Pen veut parler au monde du travail, aux Français les plus modestes.
01:21 Quoi de mieux que d'organiser une fête de la nation pour la paix sociale au Havre ?
01:25 Ville ouvrière, FFD.
01:26 Édouard Philippe, une stratégie qui n'a pas échappé aux leaders de la CFDT.
01:30 Écoutez ce qu'il a dit.
01:32 Madame Le Pen, elle a compris une chose.
01:34 Elle a compris qu'une partie de son avenir se joue sur le ressentiment social, donc elle va le cultiver.
01:38 Elle s'en fout des travailleurs et des travailleuses.
01:40 Elle s'en fout complètement.
01:41 Ce ne sera jamais l'ami des travailleurs, jamais l'ami de la démocratie,
01:43 jamais l'ami d'une société beaucoup plus ouverte.
01:46 C'est mortifère.
01:47 Le Rassemblement National est mortifère.
01:48 Et cet avertissement-là, ce n'est pas au Rassemblement National qui nous écoutera pas, que je veux le lancer.
01:53 C'est à tous les autres partis politiques, y compris à ce gouvernement.
01:56 Le ressentiment social, le mépris affiché pendant cette période, qui s'est transformé en colère,
02:01 il a un débouché électoral qui est mortifère, qui peut être le Rassemblement National.
02:04 Si on veut lutter contre ça, il faut revaloriser le travail, revaloriser les travailleurs et les travailleuses.
02:10 Et dans cette ville ouvrière qui est le Havre, avec ce bastion syndical,
02:14 il y a les dockers du port, il y avait la CGT Renault à Sandouville,
02:17 est-ce que, pour vous, la gauche peut arriver à reprendre les classes populaires au RN,
02:23 qui les a raflées lors de la dernière présidentielle ?
02:26 Dans toutes les bastions ouvrières, ou presque, le RN est arrivé en tête.
02:30 Vous pensez oui, vous pensez non, dans tous les cas de figure, vous appelez le 0 826 300 300.
02:36 – Et pour l'instant, vous dites non.
02:37 Je vous ai dit oui tout à l'heure, mais je vous ai dit une bêtise, comme d'habitude.
02:39 – Ces noms à 85%, vous pouvez bien entendu continuer de commenter.
02:44 Notre invité du jour, c'est Guillaume Bernard, qui est avec nous, politologue,
02:47 auteur du livre "Le mouvement d'extraugir", aux éditions Desclés et Brouwer.
02:52 Bonsoir, merci d'être avec nous, en direct sur Sud Radio.
02:56 Déjà, faire un petit point avec nous, Philippe Bilger, justement,
02:59 sur la Seine-Maritime, la Normandie, pour l'instant, il n'y a aucun élu RN,
03:07 et aujourd'hui, forcément, c'est le moment où ils vont essayer d'aller chercher des voix.
03:11 – Après avoir vanté Laurent Berger, je pense qu'il a tort lorsqu'il affirme,
03:16 c'est son expression, que Marine Le Pen se fout des travailleurs, ça n'est pas exact.
03:21 Mais je vois bien le bénéfice que Marine Le Pen peut tirer en allant au Havre.
03:26 D'abord, il y a une réaction, encore une fois, pardon,
03:30 de ses appréciations psychologiques, pleines de classe, d'Edouard Philippe.
03:34 Il n'a rien qui le rapproche du Rassemblement National, mais il est correct.
03:41 Deuxième élément, Marine Le Pen a compris qu'elle ne pouvait plus rien tirer de Paris
03:46 sur le plan du 1er mai, on le sait bien, le risque de conflit, d'exclusion, d'ostracisme.
03:52 Donc, elle va au Havre, vous avez rappelé cette histoire ouvrière, populaire,
03:57 et elle se met probablement avec une sorte de fierté au niveau de quelqu'un
04:05 qui pourrait être demain l'un des adversaires,
04:08 puisqu'elle a refusé de débattre avec celle qu'elle appelle les sous-fifres, les ministres.
04:14 Et donc, dans tout cela, il y a une volonté à la fois de se démarquer,
04:19 de parler du Rassemblement National au Havre,
04:23 et de montrer à quel point elle cherche à se distinguer,
04:29 et jusqu'à maintenant, elle n'y réagit pas trop mal.
04:32 - On m'a dit ça, Edi, quand Jordan Bardella dit "nous sommes au Havre, chez nous",
04:37 c'est un peu provoque quand même.
04:38 - C'est provoque, effectivement, parce qu'il sait bien que le Havre n'a jamais été une terre favorable au RN,
04:45 mais je pense que c'est aussi une manière de dire que finalement,
04:48 il n'y a pas de zone de non-droit pour le RN, il n'y a pas de lieu du RN.
04:52 - Une zone de non-vote.
04:53 - Absolument, une zone de non-vote d'ailleurs, c'est bien dit,
04:57 et c'est aussi une manière, je pense, de continuer la dédiabolisation qu'elle faisait,
05:03 parce que le 1er mai, Jeanne d'Arc était tellement connotée,
05:08 donc elle continue sa dédiabolisation en allant vers les classes populaires,
05:11 et là, elle va carrément les voir sur leur territoire.
05:13 - Et moi, Philippe a tweeté, bien sûr.
05:16 - Oui, bien sûr.
05:18 - Joseph Touvenel, c'est vrai que le RN a beaucoup percé dans des terres ouvrières,
05:21 comme l'Est, comme le Nord-Pas-de-Calais,
05:23 vous voyez, l'ex-Nord-Pas-de-Calais, maintenant c'est le Hauts-de-France,
05:25 mais pas en Normandie.
05:27 Est-ce que pour vous, si elle arrive à percer sur l'Ouest de la France,
05:30 elle sera aux portes du pouvoir ?
05:32 - Bien sûr, mais c'est un enjeu fort.
05:34 - C'est pas terrible.
05:35 - L'Ouest, traditionnellement, c'est une terre, on va dire, démocrate chrétienne,
05:39 c'est-à-dire que ça votait plutôt socialiste-centriste ou plutôt droite-centriste.
05:44 Elle tente une percée.
05:46 Si ça marche, ça veut dire qu'il n'y a pas que les ouvriers,
05:49 parce que les ouvriers, maintenant, la classe ouvrière est ultra-minoritaire.
05:52 - Oui, bien sûr.
05:53 - Avec 9% du PIB dans l'industrie, les ouvriers, il n'y a plus tant que ça.
05:57 - Ça veut dire qu'une grande partie de la classe moyenne
06:00 rejoint le Rassemblement national, ça serait ça.
06:04 Et puis elle va affronter directement Édouard Philippe,
06:06 qui est potentiellement, peut-être, un candidat à l'Élysée.
06:09 Je pense que ce qu'elle veut rappeler aussi,
06:11 il n'y a pas que les problèmes économiques,
06:13 mais elle va rappeler qu'Édouard Philippe,
06:14 c'était lui qui a mis en place la muselière administrative
06:17 au moment de la pandémie.
06:19 Elle les laissait passer.
06:20 Et ça, elle a commencé à en parler,
06:22 elle va en parler en disant "Regardez, Édouard Philippe,
06:24 l'image qu'on vous en donne,
06:25 la réalité quand il était au pouvoir, c'était ça."
06:27 - Et avec nous, Guillaume Bernard.
06:29 Guillaume Bernard, quand on voit, forcément, le RN au Havre,
06:34 on a l'impression que finalement, ils enjambent
06:35 cette réforme des retraites, cette manifestation.
06:38 Le Cap, c'est 2027 déjà, un temps d'avance.
06:43 - Oui, je pense que vous avez raison.
06:45 Il y a le fait de choisir un adversaire
06:48 ou du moins d'identifier un adversaire potentiel en 2027,
06:51 c'est effectivement l'ancien Premier ministre, Édouard Philippe.
06:54 Et puis, il ne faut pas oublier que le RN
06:58 a véritablement décuplé ses scores
07:01 en réussissant à capter l'électorat
07:05 de ce qu'on appelle désormais la France périphérique,
07:08 c'est-à-dire la France des provinces,
07:11 la France des villes moyennes.
07:14 Et donc, évidemment, choisir le Havre,
07:16 c'est à la fois désigner Édouard Philippe
07:18 comme un potentiel adversaire,
07:20 mais aussi, évidemment, s'adresser à cet électorat,
07:24 non pas des métropoles, mais des villes moyennes,
07:27 des villes déshéritées, des villes où il peut y avoir
07:30 un démaillage des services publics
07:33 qui va être réceptif à son discours.
07:37 Est-ce que, tout de même, Guillaume Bermard,
07:42 ça ne risque pas d'aggraver un petit peu le grief
07:45 qu'on formule à l'encontre du RN,
07:49 d'avoir eu un comportement, évidemment,
07:52 impeccable à l'Assemblée nationale,
07:54 notamment par rapport à El-Effi,
07:56 mais au fond, de n'avoir pas manifesté contre les retraites,
08:00 est-ce qu'au fond, à force de vouloir se distinguer de la masse
08:04 et notamment d'une multitude qui fait beaucoup de bruit,
08:08 est-ce que ça ne fait pas perdre du crédit
08:12 sur le plan de la Führer ?
08:14 Les électeurs du RN, sans vouloir de la folie,
08:20 ils aiment bien, tout de même, une forme d'extrémisme civilisé.
08:25 Elle ne l'a plus, cet extrémisme ?
08:28 - Je pense qu'elle est déjà dans une stratégie de conquête du pouvoir.
08:33 Dans ces conditions-là, évidemment,
08:36 elle se dit vraisemblablement que,
08:39 dans la mesure où il y a un débat qui, au Parlement, est perdu,
08:46 il faut anticiper les étapes suivantes.
08:51 Donc oui, il y a un assagissement du comportement politique
08:55 du RN par rapport à ce qu'il pouvait être auparavant,
08:58 mais tout simplement parce que l'objectif,
09:01 c'est de se crédibiliser pour, cette fois-ci, l'emporter
09:04 et pas simplement atteindre le second tour de la présidentielle,
09:07 mais gagner le second tour.
09:09 À la question générale de cette émission,
09:13 qui est "est-ce que la gauche peut reconquérir l'électorat populaire,
09:18 qui est en grande partie, mais pas en totalité,
09:21 partie au RN ?"
09:23 Pour moi, la réponse est non.
09:24 Je pense que les auditeurs de Sud Radio ont raison,
09:27 et pour deux raisons, si vous me permettez.
09:29 Je développe un tout petit peu.
09:31 Première raison, il y a toujours eu un électorat populaire
09:34 qui a voté à droite.
09:36 La gauche n'a pas le monopole de l'électorat populaire.
09:39 Il suffit de se souvenir qu'un tiers des ouvriers
09:41 votait pour Charles de Gaulle.
09:43 Donc il y a des raisons idéologiques, culturelles, morales,
09:47 qui font que les électeurs des catégories populaires
09:50 ne votent pas forcément à gauche.
09:52 Ils peuvent décider délibérément de voter à droite.
09:55 Et puis il y a une deuxième raison.
09:57 C'est qu'en admettant que les variables socio-économiques
10:00 soient prégnantes dans le vote,
10:03 ce qui n'est pas certain du tout,
10:06 mais même en admettant que les variables socio-économiques
10:08 soient prégnantes dans le vote,
10:10 le patrimoine, ça ne se...
10:12 Et comment dire ?
10:14 Le principal indice du vote.
10:16 C'est-à-dire que c'est beaucoup plus le patrimoine
10:19 que le revenu qui va expliquer
10:21 que l'on va voter à droite ou à gauche.
10:23 On sait très bien qu'il y a des gens qui ont de très hauts revenus
10:26 qui votent à gauche, tandis que des gens qui ont un très bas revenu,
10:29 les agriculteurs par exemple, ont un patrimoine
10:31 et vont voter à droite.
10:33 Or, et c'est là où je veux en venir,
10:35 le professeur Dominique Régnier et d'autres,
10:37 mais notamment Dominique Régnier,
10:39 a démontré que le patrimoine,
10:41 il n'est pas que matériel.
10:43 Il est aussi immatériel.
10:45 C'est-à-dire qu'il y a la question de l'histoire,
10:47 de l'identité, de la culture,
10:50 de la langue, du mode de vie.
10:52 Autrement dit, la question du patrimoine
10:55 qui est prégnante dans le vote,
10:57 même si ce n'est pas forcément le plus important,
10:59 mais qui est prégnante dans le vote,
11:01 cette question du patrimoine,
11:03 ce n'est pas que le niveau de vie,
11:05 c'est aussi le mode de vie.
11:07 Et donc, par conséquent, il est vraisemblable
11:09 que ceux des électeurs qui ont basculé
11:11 vers le Rassemblement national
11:13 ne retourneront pas à gauche,
11:15 même si la gauche semble être plus efficace
11:17 ou plus active dans la rue
11:19 pour défendre le niveau de vie,
11:21 parce que tout simplement, dans le patrimoine,
11:23 il y a le patrimoine immatériel,
11:25 il y a aussi le mode de vie.
11:27 Et donc, ceux qui ont basculé vers le RN
11:29 ne retourneront pas à gauche.
11:31 - Mais est-ce que les dissonances à gauche
11:33 du côté de la NUPES
11:35 peuvent aussi faire en sorte de vidanger
11:37 un petit peu le mouvement vers le RN ?
11:40 Est-ce qu'à un moment donné,
11:42 dans cette trajectoire ou dans cette dispute
11:44 au sein de la NUPES,
11:46 il va forcément y avoir des dégâts aussi ?
11:48 - Oui, alors évidemment,
11:50 s'ils montrent une incapacité
11:52 à s'unir,
11:54 notamment par exemple aux européennes,
11:56 ils vont apparaître comme étant
11:58 uniquement un cartel électoral
12:01 et pas, comment dire,
12:03 une force politique alternative
12:05 de gouvernement.
12:07 C'est sûr que le RN,
12:09 tout en étouffant un certain nombre
12:11 de voix dissonantes en son sein,
12:13 apparaît comme étant plus uni,
12:15 comme étant une force politique
12:17 plus vraisemblablement capable
12:19 d'exercer le pouvoir de manière unifiée,
12:21 ce qui va être le cas de la gauche.
12:23 Et puis, je voudrais quand même rappeler
12:25 qu'il y a une chose importante,
12:27 c'est-à-dire qu'on peut adhérer
12:29 à un syndicat pour défendre
12:31 les intérêts, je dirais,
12:33 des travailleurs, les intérêts des salariés,
12:35 sans que, normalement,
12:37 cette adhésion syndicale
12:39 ne conduise à un vote politique.
12:41 La tradition du syndicalisme en France,
12:43 c'est, depuis la charte d'Amiens,
12:45 je parle en marchant sur des œufs,
12:47 puisque il y a quand même
12:49 Josette Poujabelle qui est plus compétente
12:51 que moi sur ces questions.
12:53 La charte d'Amiens, c'est quand même
12:55 le fait que le syndicalisme est là pour défendre
12:57 des intérêts, je dirais, du travail
12:59 et pas défendre
13:01 des causes politiques.
13:03 Donc là, quand on a entendu le secrétaire général
13:05 de la CFDT,
13:07 justement,
13:09 la CFDT, je dirais,
13:11 prendre des positions vis-à-vis
13:13 de Marine Le Pen,
13:15 comme quoi elle serait, je dirais,
13:17 un obstacle à la démocratie ou antidémocratique,
13:19 je pense que là,
13:21 il se trompe totalement de registre
13:23 et que son discours n'aura strictement
13:25 aucun impact. On peut avoir des gens
13:27 qui adhèrent à des syndicats dans une entreprise
13:29 pour défendre les intérêts des travailleurs
13:31 sans que, pour autant,
13:33 la position de la centrale nationale
13:35 ait aucun impact sur le vote.
13:37 On retrouve notre auditeur du jour,
13:39 Philippe Delibourne. Rebonsoir, Philippe.
13:41 Oui, rebonsoir.
13:43 Est-ce que, pour vous, la gauche peut reconquérir
13:45 les classes populaires, ou RN,
13:47 85% des votants sur Twitter,
13:49 sur le Twitter de Sud Radio,
13:51 disent non ?
13:53 Moi, je dis non aussi, et pour deux raisons.
13:55 La première,
13:57 c'est la question migratoire
13:59 qui n'est toujours pas réglée.
14:01 Et tant qu'elle ne sera pas réglée,
14:03 il y aura impossibilité que
14:05 les masses populaires
14:07 reviennent vers la gauche.
14:09 Ça, c'est la première, et la deuxième ?
14:11 La deuxième question,
14:13 c'est l'Europe.
14:15 Les gens se sont aperçus que l'Europe,
14:17 avec le pilier de scandales qui vont arriver,
14:19 la politique internationale,
14:21 le Covid,
14:23 là, les gens se sont aperçus que l'Europe,
14:25 c'était vraiment... On nous avait vendu
14:27 un truc, et c'est pas du tout ce qu'on nous avait vendu.
14:29 Et la gauche
14:31 est toujours européiste,
14:33 alors que les gens sont de moins en moins européistes.
14:35 Donc, c'est deux facteurs
14:37 qui convergent.
14:39 Donc, la question migratoire, qui influe
14:41 énormément sur les conditions de travail.
14:43 Donc,
14:45 les masses
14:47 populaires, elles sont victimes
14:49 de cette migration.
14:51 Et du coup, quelle que ce soit,
14:53 même les immigrants récents,
14:55 ils sont impactés
14:57 par les migrants au nouveau.
14:59 Donc, en fait, c'est un flux
15:01 de...
15:03 C'est un flux de votants
15:05 qui va rejoindre
15:07 Marine Le Pen.
15:09 - On va reposer la question.
15:11 Restez avec nous, Philippe Billiard,
15:13 vous y réagissez. - Je rajouterais une troisième raison,
15:15 à ce que vient très bien de dire Philippe,
15:17 la question migratoire,
15:19 il parle de l'Europe, mais
15:21 très naturellement,
15:23 le sentiment populaire majoritaire
15:25 veut de la sécurité,
15:27 veut de la rigueur, veut du régalien,
15:29 et je ne suis pas persuadé
15:31 que la gauche et l'extrême-gauche
15:33 soient véritablement
15:35 les mieux placés pour
15:37 promouvoir ces valeurs-là.
15:39 - Madi Seydi, la gauche qui n'a pas voulu regarder
15:41 en face l'immigration, l'insécurité,
15:43 l'Europe, est-ce que quelque part, la balle
15:45 lui a pas explosé au visage ? - Absolument.
15:47 Moi, je pense qu'il y a aussi, tout simplement, une prise de conscience
15:49 des citoyens français de ce qu'est
15:51 réellement la gauche. Voilà.
15:53 Il y a tellement de classes populaires qui ont voté pour la gauche.
15:55 Tout ce qui était issu de l'immigration
15:57 pendant longtemps, quand on avait
15:59 Montfacies, quand on était issus de l'immigration,
16:01 il fallait être de gauche. Parce que
16:03 on avait...
16:05 - C'était le combat. - C'était comme ça.
16:07 Et pendant des années, alors, ça a marché
16:09 à un moment, et aujourd'hui, il y a une espèce de prise de conscience
16:11 des classes populaires, des
16:13 descendants d'immigrés, que finalement
16:15 la gauche est peut-être là sur les combats,
16:17 elle est peut-être là sur les mots, mais dans les actes,
16:19 ça n'est jamais ça. Jamais.
16:21 Aujourd'hui, d'ailleurs, on lui doit... La gauche
16:23 est responsable de ce qu'on vit en France.
16:25 - Elle s'est servie, justement ? - Elle s'est servie.
16:27 Mais, enfin, à un moment, il faut dire les choses telles qu'elles sont.
16:29 Si on a connu la marche
16:31 des Beurs, je connais un petit peu les quartiers
16:33 dans lesquels j'ai beaucoup milité, et la vérité, c'est
16:35 que tous ceux qui ont participé à cette construction
16:37 à l'époque sont tous déçus. Ils ont
16:39 tous l'impression d'avoir été... - Instrumentalisés.
16:41 - ... même pas. - Idéologiquement pas d'actes. - Instrumentalisés.
16:43 La gauche s'est servie d'eux, et d'ailleurs, aujourd'hui, ils sont
16:45 tous partis ailleurs. Et là où c'est terrible,
16:47 c'est qu'elle, elle est en train de refaire la même chose.
16:49 Mais cette fois-ci, ça ne marchera pas.
16:51 - Joseph Touvenel. - En fait, si on se met
16:53 quelques décennies en arrière, la gauche, c'était le
16:55 social, la droite, c'était la gestion
16:57 économique sérieuse,
16:59 la gauche, c'était l'internationalisme,
17:01 la droite, c'était
17:03 plus le patriotisme.
17:05 Mais les uns et les autres
17:07 nous ont prouvé que c'était pas vrai.
17:09 La gauche a abandonné l'internationalisme
17:11 dans ce qu'il a de réel, c'est-à-dire
17:13 d'ouverture aux autres,
17:15 en manipulant
17:17 des populations d'immigrés, c'est ce qui vient d'être dit,
17:19 c'est absolument exact.
17:21 Ils ont utilisé, maintenant ça leur revient en boomerang,
17:23 la droite, en voie de gestionnaire,
17:25 on voit que les déficits se sont
17:27 largement créés sous la droite,
17:29 donc tout ça c'est terminé.
17:31 C'est pour ça qu'il y a une reconstruction qui se fait,
17:33 et que les gens disent "on va parvenir à la gauche qui ne veut plus rien dire,
17:35 on n'y croit pas, ils ne sont pas plus
17:37 sociaux que les autres, ni même à la droite
17:39 parce que c'est valable pour les LR,
17:41 qui n'est pas le meilleur gestionnaire".
17:43 D'où le grand point d'interrogation
17:45 sur qui est en capacité de gouverner, avec quel programme.
17:47 - Guillaume Bernard, est-ce que ça veut dire
17:49 que l'ERN s'est emparé de
17:51 sujets dont personne ne veut parler, c'est-à-dire que
17:53 là, la loi immigration a été repoussée,
17:55 on a entendu ce que
17:57 disent Madis, Saïdi et Joseph
17:59 Touvenel sur, finalement,
18:01 d'utiliser les idées mais pas l'action
18:03 pour la gauche, est-ce que forcément
18:05 c'est un boulevard aujourd'hui pour le Rassemblement
18:07 National ?
18:09 - Oui, c'est-à-dire que
18:11 il y a eu ce que je crois
18:13 Pierre-André Taguieff avait appelé
18:15 la "leupénisation des esprits".
18:17 C'est-à-dire que si on
18:19 retourne dans les années
18:21 80 et 90,
18:23 seul le Rassemblement National,
18:25 enfin à l'époque, le Front National, parlait de l'immigration,
18:27 c'était un sujet tabou
18:29 et il était,
18:31 je dirais, de toute façon
18:33 illégitime d'en parler.
18:35 On s'aperçoit qu'aujourd'hui,
18:37 la question de l'immigration est un sujet
18:39 dans la politique.
18:41 C'est-à-dire que le sujet est légitime,
18:43 après c'est la manière dont on va le traiter.
18:45 Évidemment, il va y avoir un débat.
18:47 Donc le simple fait que le sujet de l'immigration
18:49 soit devenu un sujet
18:51 légitime dans le débat politique,
18:53 c'est évidemment une victoire
18:55 du Front National
18:57 devenu Rassemblement National
18:59 qui a imposé un thème.
19:01 Alors, est-ce que c'est lui qui a imposé un thème
19:03 ou est-ce que c'est la réalité qui s'impose
19:05 évidemment aux Français ?
19:07 Moi, j'aurais plutôt tendance à penser
19:09 que c'est la réalité qui s'impose
19:11 aux Français.
19:13 Mais enfin, le fait est que ceux qui bénéficient
19:15 évidemment politiquement
19:17 de ce que ce thème soit devenu légitime,
19:19 quelle que soit la manière dont on le traite,
19:21 c'est évidemment ceux qui ont porté ce sujet-là
19:23 pendant des années.
19:25 À cela s'ajoute un deuxième élément.
19:27 C'est que Mélenchon,
19:29 en 2017, avait
19:31 fait une campagne plutôt
19:33 républicaine nationale.
19:35 C'est-à-dire, si on veut remonter
19:37 très très loin, Maurice Torez
19:39 qui essaye de réconcilier
19:41 le drapeau rouge et le drapeau tricolore.
19:43 Il était plutôt sur cette ligne-là.
19:45 Or, il semblerait véritablement
19:47 qu'au sein de LFI,
19:49 et c'est la campagne que Mélenchon a fait
19:51 en 2022, il ait fait
19:53 le choix de la défense, je dirais,
19:55 du multiculturalisme,
19:57 du communautarisme, de ce que
19:59 Mélenchon a appelé la créolisation.
20:01 Et donc, évidemment,
20:03 il a cédé du terrain. Alors, ça ne veut pas dire
20:05 qu'il n'y a pas un électorat pour cela,
20:07 mais il y a quand même une réduction
20:09 comme une peau de chagrin
20:11 de l'électorat de gauche.
20:13 Entre les années 70, où le Parti communiste
20:15 a lui tout seul 20%, et maintenant
20:17 où la totalité de la gauche,
20:19 y compris la gauche socialiste, fait
20:21 30%, de fait, il y a une
20:23 réduction de l'espace de la gauche.
20:25 Il y a un énorme centre
20:27 européiste,
20:29 libéral,
20:31 et puis, effectivement, il y a une droite
20:33 qui se radicalise et qui
20:35 élargit son spectre politique.
20:37 Donc, on est face à une tripolarisation.
20:39 On a un centre
20:41 macronien libéral qui a,
20:43 d'une certaine manière, institutionnalisé
20:45 la cohabitation de la droite et de la gauche
20:47 modérée. Et toute la question de savoir
20:49 c'est, est-ce que, eh bien,
20:51 à la prochaine présidentielle,
20:53 cette grande coalition va réussir
20:55 à faire passer un successeur
20:57 à Emmanuel Macron, ou est-ce qu'il va y avoir
20:59 une alternance ?
21:01 - Merci beaucoup, Guillaume Bernard. Merci de nous avoir accordé
21:03 une petite partie de votre 1er mai,
21:05 politologue et auteur du livre "Le mouvement
21:07 d'extraugir" aux éditions
21:09 Déclet et Brouwer. Merci.
21:11 Vous restez avec nous dans un instant, le Kikali Show et le Quiz de l'Actu.

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