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Les informés débattent autour de Lorrain Sénéchal et Jean-Rémi Baudot


Thème 1 : les violences sont-elles devenues inévitables dans les manifestations ?


Thème 2 : après le 1er mai, l'intersyndicale peut-elle tenir ?

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Transcription
00:00 *Générique*
00:07 Bienvenue dans les informés du matin, on est ensemble jusqu'à 9h30 avec ce matin Valérie Gass, bonjour.
00:12 Bonjour.
00:13 Chef du service politique des RFI Jean-Jérôme Berthelus, bonjour.
00:16 Bonjour Laurent.
00:17 Auteur d'un livre d'entretien avec Didier Lallement, l'ex-préfet de police de Paris,
00:20 "L'ordre nécessaire" chez Robert Laffont.
00:23 Et bonjour Jean-Rémi Baudot.
00:24 Bonjour Laurent, bonjour à tous.
00:25 A mes côtés toute la semaine, on commence justement par faire le bilan de ce 1er mai.
00:29 Avec des cortèges, de grands cortèges, mais aussi des violences.
00:31 Parlons d'abord de la mobilisation, 800 000 personnes selon la police ont défilé hier,
00:35 2,3 millions selon la CGT.
00:38 Mais oui, en marge de ces défilés, il y a eu des violences, notamment à Paris.
00:42 Écoutez ce qu'en disait Laurent Nunes, il est préfet de police de Paris.
00:45 La singularité de la journée d'hier par rapport aux 12 précédentes,
00:49 c'est qu'hier, il y avait un niveau de violence dans ce pré-cortège chez les casseurs,
00:54 chez les individus ultra, qui a dépassé largement le niveau de violence qu'on avait constaté.
01:00 Ils étaient d'abord plus nombreux, il y avait plus de militants radicalisés,
01:03 et ils avaient manifestement beaucoup plus envie d'en découdre.
01:06 Moi j'ai 250 fonctionnaires de police ou militaires de gendarmerie qui sont blessés,
01:11 259 blessés, dont 31 qui ont été conduits à l'hôpital.
01:15 Donc c'est énorme.
01:16 Voilà, c'est énorme, niveau de violence impressionnant.
01:19 Deux questions complémentaires, est-ce que ces violences nécessitent uniquement une réponse sécuritaire ?
01:24 Est-ce qu'une réponse politique existe alors que les syndicats s'apprêtent
01:27 à renouer peut-être le dialogue avec le gouvernement ?
01:29 – D'abord peut-être Jean-Jérôme Berthollus, vous, qui avez écrit un livre d'entretien
01:33 avec le prédécesseur de Laurent Nouniès, Didier Lallement,
01:35 qui a été très critiqué quand il était préfet de police de Paris
01:39 pour sa doctrine de maintien de l'ordre.
01:40 Qu'est-ce qui a changé depuis l'arrivée de Laurent Nouniès,
01:43 qui lui est salué notamment par les syndicats ?
01:46 – Oui, on va dire qu'il y a des changements, il y a de la continuité,
01:49 c'est-à-dire qu'il y a une vraie rupture dans le maintien de l'ordre en France,
01:53 on est passé d'un maintien de l'ordre à la française,
01:57 véritablement prise de distance avec les manifestants,
02:00 les policiers qui n'interviennent vraiment qu'au dernier moment,
02:04 pas d'interpellation, les interpellations c'est très nouveau,
02:08 à peu près au moment de la loi travail, un peu avant,
02:10 – En 2016.
02:11 – Voilà en 2016, il faut se souvenir quand même, Sivens a mort.
02:15 Donc là, on est toujours dans une nouvelle gestion du maintien de l'ordre,
02:20 et en même temps on voit que Laurent Nouniès tient à se démarquer de son prédécesseur,
02:25 pas de LBD, vous l'avez peut-être remarqué, pas de lanceurs de balles de défense
02:29 qui ont fait tant de blessés, et notamment des gilets jaunes
02:32 qui ont pu perdre un œil dans les manifestations,
02:36 qui s'apparentaient effectivement à des troubles très graves,
02:40 pas de LBD, pas de grenade de désencerclement,
02:44 et une intervention que le préfet espère la plus tardive possible.
02:47 Hier, boulevard Voltaire, il y a eu une dizaine, une quinzaine de vitrines
02:52 qui sont tombées avant que les policiers n'interviennent.
02:56 Malgré tout, il y a quand même aussi une continuité, presque une continuité,
03:01 vous voyez, Laurent Nouniès, vous le recevez aujourd'hui à France Info,
03:04 Didier Allemand était lui-même très connu, à la fois par des polémiques,
03:07 et puis parce qu'il donnait comme ça des interviews un petit peu choc.
03:09 Avant, on ne connaissait jamais le préfet de police de Paris.
03:14 Et ça veut dire quoi ?
03:15 Ça veut dire qu'il n'y a pas une scénarisation, mais on écrit…
03:20 – Une politisation.
03:21 – Oui, une politisation.
03:22 On écrit aujourd'hui les affrontements.
03:24 On les écrit en images pour les Black Blocs,
03:27 parce que toutes les images sont relayées sur les réseaux sociaux,
03:30 et vraiment c'est très vu.
03:31 Et puis deuxièmement, on les écrit dans les interviews,
03:35 parce qu'avant les manifestations, maintenant, les préfets de police,
03:39 les ministres de l'Intérieur, Gérard Lermannin en première ligne,
03:42 ont dit "attention, il y a tant de militants Black Blocs,
03:47 attention, il va y avoir des affrontements".
03:49 Avant, on redoutait les affrontements, on ne les disait pas dans les interviews,
03:52 et surtout, on essayait de les limiter.
03:54 Maintenant, ce n'est plus ça.
03:56 La violence est devenue presque un rite, et j'en terminerai par ça.
03:59 Et les premières victimes, ce sont les syndicalistes,
04:02 les Français de tous les jours qui veulent manifester dans le calme.
04:05 – Jean-Jérôme Berthold, il faut rester avec nous.
04:07 Valérie Gass, je ne vous ai pas oublié, d'RFI,
04:09 vous avez la parole dans une toute petite minute,
04:11 à 9h10, voici Valentine Letez.
04:13 [Générique]
04:14 – Les soignants non vaccinés contre le Covid, bientôt de retour à leur poste.
04:19 Le décret pour permettre leur réintégration sera publié d'ici deux semaines.
04:24 Depuis la pandémie, quelques milliers de personnels des hôpitaux,
04:28 des maisons de retraite, d'ambulanciers ou encore de pompiers ont été suspendus.
04:33 Contre la réforme des retraites, des perturbations encore à l'aéroport d'Orly.
04:37 Aujourd'hui, avec la suppression d'un tiers des vols,
04:40 l'intersyndical discute en ce moment même de la suite à donner au mouvement.
04:44 269 000 euros.
04:47 Enedis et GRDF sont condamnés à verser cette somme à un ancien salarié
04:51 pour attraper son absence d'évolution de carrière après un cancer.
04:55 De la discrimination en raison de l'état de santé, estime la justice.
04:59 La grève des scénaristes commence.
05:01 À Hollywood, une action pour réclamer de meilleures rémunérations pour la profession
05:06 avec pour conséquence l'interruption immédiate des late show et des retards dans la production des séries.
05:12 Avec toujours Jean-Jérôme Berthollus et comme promis Valérie Gass, TRF,
05:26 si vous avez la parole, on parle donc du maintien de l'ordre,
05:29 ce 1er mai émaillé de violence hier à Paris.
05:32 - Oui, ce 1er mai émaillé de violence et pour revenir sur ce que disait Jean-Jérôme,
05:36 on voit que côté politique, la gestion de ces violences, elle a été argumentée de deux manières.
05:42 A la fois, s'il n'y avait pas de force de l'ordre pour gérer ces manifestations,
05:46 ces manifestations ne pourraient pas avoir lieu.
05:48 Donc les manifestants anti-retraite, les manifestants d'hier qui ont manifesté pour le 1er mai,
05:54 s'ils peuvent manifester dans le calme, même s'il y a eu des affrontements assez forts,
05:58 c'est parce qu'il y a ces cordons de force de l'ordre qui les protègent.
06:02 Donc déjà 1er argument et puis on a entendu beaucoup aussi Gérald Darmanin dire,
06:06 finalement désigner un responsable politique, c'est l'ultra-gauche,
06:12 les black blocs qui viennent perturber ces manifestations.
06:16 Donc il y a un double emploi, une justification à la fois de l'intérêt du maintien de l'ordre,
06:22 même s'il est souvent critiqué et par la gauche et aussi parfois un petit peu par les syndicalistes
06:26 parce qu'il y a eu certains défilés où les opérations de maintien de l'ordre ont un petit peu perturbé
06:32 aussi les manifestants et le carré syndical.
06:35 Mais voilà, il y a une utilisation quand même de cette gestion des violences
06:40 et la désignation d'un responsable.
06:43 Et ce matin sur France Info par exemple, la CFTC qui elle-même dit,
06:47 grâce aux forces de l'ordre on a pu manifester,
06:50 et qui dit que les black blocs se retournent contre les services d'ordre des syndicats.
06:55 La question forcément qu'on se pose, c'est comment on peut faire pour éviter l'apparition de ces violences Jean-Rémi Baudot ?
07:01 En réalité c'est très complexe parce que Jean-Jérôme faisait un petit retour historique
07:05 mais il faut quand même se rappeler qu'il y a quelques années,
07:08 quand il y avait des violences, c'était souvent en fin de cortège,
07:11 c'était quand le cortège, c'était le moment de la dispersion
07:15 et c'est là que parfois il y avait des tensions avec ceux qui voulaient en découdre.
07:18 Il faut parler de la mise en scène qui existe désormais dans les manifestations
07:22 où vous avez le carré syndical, le carré de tête,
07:26 où il y a les grandes banderoles avec les principaux organisateurs syndicaux,
07:31 les principales figures, qui d'ailleurs ne restent pas très longtemps, il faut quand même le dire.
07:35 Et en fait en amont, ce sont des avenues entières qui parfois se remplissent
07:40 de personnes habillées en général en noir, plus ou moins cagoulées, avec sacs à dos, etc.
07:46 Et donc en fait cette mise en scène elle existe.
07:48 Il faut quand même que les gens se rendent compte,
07:50 ceux qui n'ont pas tout à fait l'habitude d'aller dans des manifestations ou d'observer ça,
07:53 ou même tous ceux qui sont tout simplement au bon endroit, entre guillemets, dans les cortèges,
07:58 à savoir dans le cortège de manifestation, qui est légal, encadré,
08:02 où en général il ne se passe rien puisque les services d'ordre des syndicats
08:06 sont normalement des organisations qui sont très organisées et très puissantes.
08:10 Mais la difficulté c'est que derrière on ne voit pas ce qui se passe devant.
08:13 Et c'est là que ça crée aussi de la tension.
08:16 C'est-à-dire que moi ce qui me fascine un peu dans cette histoire-là,
08:20 c'est le côté très organisé, toute cette mise en scène,
08:22 avec cette violence qui est quasiment institutionnalisée depuis quelques années
08:27 au devant des manifestations et qui est de fait extrêmement compliquée à gérer
08:31 puisque ces gens-là, il n'y a pas de réponse politique à leur apporter.
08:34 Puisque si on essaie d'avancer un petit peu,
08:36 quelle est la réponse politique qu'on apporte à quelqu'un qui vient casser des vitrines,
08:39 il ne demande pas un chèque carburant, il ne demande pas des aides particulières.
08:44 Il est probablement dans une vision un peu nihiliste de la société
08:47 ou par pur opportunisme, je dirais pour la beauté de la violence, entre guillemets.
08:52 Donc en fait la question des Black Blocs, elle est compliquée,
08:55 et elle est compliquée à gérer.
08:56 Et là vraiment la question, je vous passe la parole Jean-Jérôme,
08:58 mais est-ce qu'on est au-delà de la réponse sécuritaire ?
09:02 Est-ce qu'il y a une réponse politique à apporter ?
09:04 – Alors là vous avez tout à fait raison,
09:05 c'est qu'il n'y a pas de réponse politique aux Black Blocs.
09:07 Pourquoi ? Parce qu'en fait les Black Blocs attendent une réponse policière.
09:10 En fait, ils attendent plus de répression,
09:13 ils attendent que l'affrontement tire vers l'émeute,
09:16 et que l'émeute tire vers l'insurrection.
09:18 Donc on est dans un vraiment combat de rue.
09:21 Là où vous avez raison, c'est que c'est mis en scène.
09:24 Maintenant, très clairement, tous les précortèges des manifestations,
09:28 à Paris mais aussi en province,
09:31 ce sont effectivement les individus non organisés ou organisés au sein des Black Blocs.
09:37 Là où je suis un peu nuancé par rapport à ce que vous dites,
09:39 c'est quand vous parlez des organisations syndicales très puissantes.
09:42 Pour ne même pas évoquer les partis politiques.
09:45 Ce qui a changé depuis 20 ans,
09:47 c'est que justement les organisations politiques et syndicales
09:51 sont beaucoup moins puissantes.
09:53 Et que les services d'ordre de ces organisations sont beaucoup moins puissantes.
09:57 Aujourd'hui, les organisations syndicales,
10:00 je crois même parler des organisations politiques,
10:02 je veux dire le PS avec 20 000 adhérents, il n'a plus de services d'ordre.
10:06 Les organisations syndicales, pour une manif…
10:09 – Autrefois puissantes.
10:10 – Autrefois très puissantes, bien sûr.
10:13 Et un service d'ordre très puissant.
10:15 Mais aujourd'hui ce n'est plus le cas.
10:16 On passe par la préfecture de police parce qu'on n'est plus autonome,
10:20 une organisation n'est plus autonome pour pouvoir effectivement
10:24 organiser une manifestation.
10:26 Ils ont besoin de la police.
10:27 Et encore un mot, mais ce qui a monté en puissance progressivement,
10:31 ce sont les syndicats de police.
10:32 Hier, on a vu Alliance protester en disant
10:36 "on n'a pas les moyens de se défendre par rapport aux Black Blocs".
10:39 Et ces syndicats de police, Alliance est le premier syndicat de police aujourd'hui,
10:42 qu'est-ce qu'ils font ?
10:43 Ils mettent la pression sur le ministre de l'Intérieur,
10:45 ils mettent la pression sur Laurent Nunez.
10:48 Et donc il y a un subtil jeu de répression, mais ça se joue aussi en coulisse,
10:53 avec les organisations syndicales de la police qui veulent plus de moyens,
10:57 et on va dire une action plus directe.
10:59 – Valérie Gassin.
11:00 – Oui, je pense que la réponse politique,
11:02 elle n'est pas sur comment on va gérer les Black Blocs,
11:04 mais comment on va gérer ce qu'on fait pour gérer les Black Blocs.
11:08 C'est-à-dire que la réponse, c'est aux utilisateurs presque,
11:11 les syndicats, les forces politiques qui sont dans les cortèges.
11:14 On leur dit "ben voilà, si vous critiquez la police
11:17 parce qu'il y a les drones, parce qu'il y a les bravems",
11:19 oui, mais en l'occurrence, le cordon entre le carré syndical et les Black Blocs
11:23 c'était les policiers hier, et c'était très flagrant.
11:25 Et donc je pense que c'est de ce point de vue-là qu'il y a une réponse politique,
11:28 c'est de soutenir les forces de l'ordre,
11:30 et de répondre en effet à cette attente des syndicats de police,
11:34 et d'être très en soutien.
11:36 Et c'est ce que fait exactement Gérald Darmanin, chaque fois qu'il intervient,
11:39 c'est ce qu'a fait tout à l'heure Laurent Nunez sur ce plateau.
11:42 - Jean-Rémi Baudon ?
11:43 - Et à l'inverse, vous avez une partie de la classe politique
11:45 qui joue au minimum sur l'ambiguïté de la question du soutien aux forces de l'ordre,
11:50 et de la question d'un regard sur ces fameux émeutiers,
11:53 ou en tout cas ces personnes dans les cortèges,
11:55 qui finalement aimeraient que ça parte à l'émeute.
11:59 Hier, Jean-Luc Mélenchon, et on va encore dire comptable sur Jean-Luc Mélenchon,
12:03 mais la réalité c'est qu'hier il a eu un discours très radical au début de la manifestation,
12:08 - Mais qu'il s'adresse à qui ?
12:10 - Qu'il s'adresse principalement à ses troupes, aux Insoumis,
12:13 appelant à lui ce qu'il veut, c'est la 6ème République.
12:17 Mais par exemple, hier, au lieu de dire "Vive la 6ème République",
12:20 il dit "Ah bah la mauvaise République".
12:23 Donc il a un discours belliqueux, un discours quasi insurrectionnel,
12:26 il va même jusqu'à dire qu'il y a les 100 jours qu'Emmanuel Macron a demandé,
12:30 et il dit "Le 14 juillet, on va lui apprendre ce que c'est que la définition,
12:34 que la signification du mot insurrection".
12:36 Il parle plus d'une espèce de poésie militante, d'insurrection citoyenne, d'insurrection populaire,
12:41 non, il parle d'insurrection.
12:42 Insurrection c'est quand même faire tomber le pouvoir en place.
12:45 Et donc il joue toujours sur cette ambiguïté-là,
12:47 et ensuite je vous paye mon billet que je vais avoir 35 messages sur les réseaux sociaux
12:51 me disant que, encore une fois, je tape sur Mélenchon,
12:54 et que non il n'a jamais dit ça, etc.
12:56 Mais en fait il le dit, donc c'est un appel, non pas réellement à l'insurrection,
12:59 personne ne pense qu'au 14 juillet, Jean-Luc Mélenchon va ou veut marcher sur l'Elysée,
13:04 mais il y a une espèce de complaisance ou d'ambiguïté qui crée un climat
13:07 qui est aussi propice à ce genre d'image.
13:09 Et il y a une forme de...
13:11 Dans ces manifestations, il y a aussi une forme de complaisance vis-à-vis de la violence.
13:15 Moi je l'ai vécu en tant que reporter sur le terrain,
13:17 combien de fois on s'est fait embêter pour dire les choses poliment,
13:21 malgré des gardes du corps sur le terrain, par des gens qui manifestaient,
13:26 et ceux qui étaient parfois dans les cortèges, et j'en termine là,
13:29 ceux qui étaient parfois dans les cortèges,
13:31 "Non mais il n'y a pas de violence, il n'y a pas de casseurs".
13:33 Bah si en fait, il y a de la violence et il y a des casseurs.
13:35 – Je précise que la France Insoumise condamne ce matin les violences d'hier,
13:38 Alexis Corbière par exemple, qui parlait ce matin de dingue,
13:41 présent aux manifestations.
13:43 – Alexis Corbière.
13:44 – Et une petite précision, Jean-Luc Mélenchon répondait en fait à Emmanuel Macron,
13:48 qui avait dit "la révolution ça n'est pas l'insurrection"
13:51 quand il avait été visiter la maison de Toussaint l'ouverture.
13:55 Un petit mot quand il dit, pour vous répondre à qui s'adresse Jean-Luc Mélenchon,
14:01 il s'adresse aussi à tous les Français, qui sont de plus en plus nombreux,
14:05 et ça se voit dans les sondages, ces objectifs,
14:08 qui ont une défiance vis-à-vis de la police.
14:11 C'est-à-dire qu'il y a une réponse policière aux manifestations,
14:14 mais qui n'est pas du tout la même dans les autres pays européens,
14:17 en Allemagne ou en Angleterre par exemple,
14:19 et qui suscite quand même une montée de la défiance
14:23 vis-à-vis de l'organisation policière, vis-à-vis de ce service public.
14:26 Je rappelle que c'est un service au public.
14:29 – Jean-Jérôme Berthelus, vous restez avec nous, Valérie Gasser, RFI également,
14:32 Jean-Rémi Baudot aussi, 9h20, c'est l'heure du Fil info, Valentine Lottes.
14:36 – Des professionnels de la violence et de la casse en marche des cortèges du 1er mai.
14:43 Sur France Info, le président confédéral de la CFTC, Cyril Chabagné,
14:47 dénonce la présence de radicaux qui profitent des manifestations pacifiques
14:51 pour piller, casser et même tuer des forces de police.
14:55 406 policiers et gendarmes blessés en France hier.
14:59 L'inflation n'accélère plus, les prix augmentent toujours,
15:02 +2 euros en avril sur le total du panier France Info,
15:05 mais l'inflation se stabilise.
15:07 En clair, comme au mois de mars, la viande, la farine, les pâtes
15:11 sont vendues 17% plus chères qu'il y a un an.
15:14 Au Soudan, avec le non-respect de la trêve, le pays est au bord de la catastrophe,
15:18 selon l'ONU, les Nations Unies redoutent un exode massif
15:22 et le départ forcé de 800 000 habitants pour l'étranger.
15:26 Le foot, 33ème journée de Ligue 1, à suivre sur France Info dès 21h ce soir.
15:30 Le déplacement de lance sur la pelouse toulousaine du TFC,
15:33 tout juste sacré vainqueur de la Coupe de France.
15:36 – France Info
15:40 – Les informés, Jean-Rémi Baudot, Laura Sénéchal.
15:47 Toujours avec Jean-Jérôme Berthollus et Valérie Gass, des RFI, Jean-Rémi Baudot.
15:51 On passe au second débat de ces informés, on va parler des syndicats en l'occurrence.
15:55 – Avec une reprise, peut-être, du dialogue, l'intersyndical qui en tout cas
15:59 se réunit depuis 8h45 ce matin, discussion sur une éventuelle reprise des discussions
16:03 entre le gouvernement et les organisations syndicales.
16:06 En fait, il y a deux lignes, d'un côté par exemple la CGT qui met le retrait
16:09 de la réforme des retraites en préalable à toute discussion,
16:12 et puis de l'autre, des syndicats comme la CFDT qui demande,
16:16 qui ira mais demande des garanties, même chose pour la FSU.
16:19 Et la CFTC et son patron Cyril Chabanier étaient sur France Info ce matin
16:23 et lui aimerait bien pousser de nouveaux sujets en discutant avec le gouvernement.
16:27 – Il n'y a plus un mot sur les seniors, il n'y a plus un mot sur les reconversions,
16:31 il n'y a plus un mot sur la pénibilité qui sont des sujets essentiels,
16:34 il va bien falloir qu'on les traite.
16:36 Et puis on a une autre problématique, c'est le pouvoir d'achat aujourd'hui
16:38 et ne pas aller parler gris de salaire, rémunération, ça me paraît compliqué.
16:42 Maintenant on imposera notre calendrier, on imposera notre méthode,
16:46 il faut absolument qu'on fixe avec le gouvernement des objectifs clairs,
16:49 du grain à moudre, il faut que les textes finaux ne soient pas les textes initiaux
16:53 comme on l'a trop souvent vu, donc on va leur imposer notre méthode,
16:56 on n'ira pas coûte que coûte.
16:58 – Voilà, l'intersyndicale qui est quand même la grande gagnante de ces derniers mois,
17:01 qui a réussi à imposer le tempo, à prendre le lead de l'opposition,
17:06 est-ce qu'on assiste aux dernières heures de cette intersyndicale ?
17:08 Est-ce qu'elle pourrait survivre à une méthode différente ?
17:11 C'est évidemment la question qui est posée.
17:12 – Valérie Gass, RFI.
17:13 – Alors l'intersyndicale qui est la grande gagnante,
17:16 c'est vrai que cette union syndicale, elle était un peu inédite
17:19 et qu'elle a permis aux syndicats de peser, d'organiser 13 journées de mobilisation.
17:24 Après il y a quand même une chose, c'est que la réforme elle est passée
17:27 et qu'elle a été promulguée et qu'Emmanuel Macron n'a pas trop envie
17:31 de rétro-pédaler sur cette réforme.
17:34 Ce qu'il y a c'est que là il va falloir qu'ils arrivent en essayant,
17:37 les syndicats, s'ils retournent à la table des négociations,
17:39 et certains vont forcément le faire, l'ont dit,
17:41 d'ores et déjà naturellement la CFDT de Laurent Berger,
17:44 c'est pourquoi faire ?
17:45 Et il va falloir qu'ils aient un gain politique
17:48 dans les négociations qui vont s'engager.
17:50 C'est pour ça qu'ils affichent leur volonté de négocier la méthode,
17:53 négocier les sujets, pour ne pas se faire en fait avoir,
17:56 comme ils ont pu l'être dans les différentes négociations
17:59 qui ont été avant la réforme des retraites.
18:02 Parce que là il y a un vrai enjeu pour eux aussi de capitaliser,
18:05 mais d'obtenir quelque chose.
18:07 La mobilisation elle a été très forte, elle leur sert de support.
18:11 Elle leur sert de moyen de pression dans ce rapport de force,
18:15 où il faut bien le dire qu'en phase 2,
18:17 le gouvernement et Emmanuel Macron ne sont quand même pas en super forme.
18:20 On est toujours dans la même situation à l'Assemblée,
18:22 la majorité relative elle est toujours relative,
18:24 et ça va être très compliqué,
18:26 la gauche parle déjà de faire de la guérilla parlementaire, continuer.
18:29 Donc ils ont besoin malgré tout des syndicats.
18:31 Mais il y a quand même un enjeu,
18:33 on a vu des situations où ils n'en sortaient pas forcément,
18:36 c'est pas si facile que ça d'obtenir des gains politiques sur les dossiers à venir.
18:40 Naturellement il va falloir qu'ils obtiennent sur le pouvoir d'achat
18:42 notamment des choses qui seront concrètes,
18:44 qui parleront dans l'opinion,
18:45 et il faut qu'ils arrivent à voir comment,
18:47 et c'est l'enjeu certainement de la réunion de ce matin,
18:49 comment ils vont réussir à rester au moins unis sur certaines choses.
18:52 Parce que là leur enjeu...
18:54 Et ce que disait Jean Rémi, c'est en effet cet intersyndical, cette union,
18:57 c'est leur valeur ajoutée,
18:59 c'est la chose qui peut continuer à embêter un petit peu le gouvernement.
19:03 Donc il va peut-être y avoir un processus à deux vitesses qui va s'enclencher.
19:10 Avec les réformistes d'un côté.
19:11 Avec les réformistes d'un autre côté,
19:12 et puis peut-être se mettre d'accord pour une prochaine journée de mobilisation.
19:16 On parle du 8 juin, date à laquelle le groupe Lyot va présenter un projet
19:20 pour abroger les 64 ans,
19:22 sur lequel ça fait partie des ripostes encore possibles avant le 14 juillet,
19:25 les fameux 100 jours.
19:27 Donc il y a plein de choses qui vont se nouer, c'est pas si simple que ça.
19:30 La CFTC appelait déjà à ce qu'il y ait une journée d'action le 8 juin, un peu plus tôt avant.
19:35 Peut-être que c'est là-dessus que tous pourront trouver un point d'union
19:38 pour dire que ça existe toujours l'intersyndical.
19:40 Oui, c'est ce qui est intéressant.
19:42 Dans ce que vous disait la CFTC ce matin,
19:44 c'est qu'à la fois, oui, ils veulent aller à Matignon,
19:47 oui, cet intersyndical est exclusivement centré autour de la réforme des retraites,
19:53 sous-entendu on peut discuter d'autres choses,
19:55 et notamment on peut être en désaccord avec l'intersyndical sur d'autres points,
19:59 mais on veut une nouvelle journée d'action autour du 8 juin.
20:03 Donc on voit que cet intersyndical, oui, elle va être plus difficile à faire vivre,
20:07 mais que la page n'est pas complètement tournée,
20:11 même si effectivement, comme le disait justement Alain Gaga,
20:14 oui, ce projet de loi, ça n'est plus un projet, c'est véritablement une loi.
20:19 Et maintenant on arrive dans une nouvelle séquence, un tout petit peu gazeuse,
20:24 parce qu'on voit que cet intersyndical, ils vont avoir plus de mal à la faire vivre,
20:30 à tenir un discours offensif et unitaire.
20:33 Et puis du côté gouvernement, vous l'avez dit très justement,
20:36 on a une majorité relative et qui doute aujourd'hui, qui est pleine de doutes.
20:41 Ça veut dire que même en cas d'accord social,
20:43 il n'y aura pas forcément de débouchés politiques ?
20:45 Il n'y aura pas forcément de débouchés politiques,
20:47 et puis on voit que le gouvernement, il y a des doutes,
20:50 parce que l'agenda de la réforme, ou l'agenda des 100 jours d'Elisabeth Borne
20:54 n'a pas forcément été un exercice couronné de succès,
20:57 notamment aux dires des observateurs et des politiques.
21:00 Et puis maintenant, en plus, Emmanuel Macron est sous la pression
21:04 des agences de notation financière, avec une première agence qui a dégradé la France,
21:08 Fitch, et les deux autres vont suivre.
21:10 Donc on voit que là, il y a un espèce d'état gazeux,
21:14 et les 100 jours se transforment un petit peu en exercice un tout petit peu plus compliqué
21:20 pour Emmanuel Macron.
21:21 Jean-Rémi Baudot, rapidement.
21:22 En deux mots, la question qui va se poser, c'est quel risque,
21:26 si une partie des syndicats lève le pied ?
21:28 Est-ce que la rue, est-ce que les Français, ceux qui sont contre cette réforme des retraites,
21:32 et qui continuent à être contre malgré la promulgation,
21:34 quelle réaction ils peuvent avoir si une partie des syndicats lève le pied ?
21:38 Jean-Rémi Baudot, merci beaucoup.
21:39 Valérie Gasse, chef du service politique d'RFI, merci à vous.
21:42 Jean-Jérôme Berthelus, je rappelle votre ouvrage,
21:45 livre d'entretien avec Didier Lallement, l'ex-préfet de police de Paris,
21:48 "L'ordre nécessaire" chez Robert Laffont.
21:50 Les informés de France Info reviennent ce soir à 20h.
21:53 Bonne journée.
21:54 [Musique]

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