Les informés de franceinfo du mercredi 16 avril 2025
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00:00Les informés, l'émission de décryptage de l'actualité. Bonjour Renaud.
00:13Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:14Avec nous autour de la table ce matin, nous avons le plaisir d'accueillir Pauline Thévenu, journaliste politique aux Parisiens aujourd'hui en France.
00:20Bonjour Pauline. Bonjour.
00:22Audrey Tison est à vos côtés, journaliste politique à France Info. Bonjour Audrey.
00:25Bonjour. Renaud Delis, le gouvernement veut donc alerter les Français sur l'état des finances publiques.
00:31Oui, le premier ministre qui a organisé hier, qui convoquait une conférence sur les finances publiques et qui surtout a tenu une conférence de presse,
00:38au cours de laquelle il s'est montré extrêmement sombre sur la situation des finances publiques et de l'économie française,
00:44voulant ainsi faire une œuvre de pédagogie, c'est-à-dire convaincre l'opinion justement du caractère dramatique de cette situation et de la nécessité de faire des efforts.
00:52On sait que l'exécutif a chiffré pour l'instant à au moins 40 milliards d'euros les efforts nécessaires dans le budget 2026 pour maintenir ses objectifs de réduction du déficit.
01:02Un court extrait de ce qu'a dit François Bayrou hier.
01:05L'action, celle qui justifie la réunion de ce matin, est que seule une prise de conscience de nos concitoyens,
01:15seule la confrontation, les yeux ouverts, avec la vérité de notre situation, peut soutenir une action déterminée.
01:24Rien ne serait possible sans leur soutien et leur soutien ne viendra que de leur pleine information.
01:30Alors, pleine information quant au constat, donc au diagnostic, la survie du pays est même en jeu, selon François Bayrou.
01:37Mais le gouvernement ouvre toutes les pistes, toutes les hypothèses.
01:41Il n'a pas de ligne rouge, à l'exception d'une, en l'occurrence, l'augmentation des impôts.
01:44Pas d'augmentation d'impôts.
01:45Pour le reste, tout est sur la table quant aux efforts qui pourraient être demandés aux Français, aux collectivités locales, la question de la TVA et bien d'autres.
01:53D'ailleurs, Éric Lombard, le ministre de l'Économie et des Finances, qui était votre invité il y a quelques minutes, a eu sur ce plateau une formule en forme d'avis
02:00à propos d'une de ces hypothèses, justement, qui pourraient alimenter ces efforts pour réduire les déficits.
02:05Je cite Éric Lombard, « Le gouvernement n'a pas d'avis, il va falloir s'y habituer ».
02:10Effectivement, c'est sa ligne aujourd'hui, c'est ce qu'il a développé ce matin dans le 8.33.info.
02:13Pourquoi François Bayrou, aujourd'hui, ont décidé de noircir le tableau ?
02:18Pauline ?
02:19Il l'a dit dans l'extrait que vous venez de passer.
02:21François Bayrou, il est convaincu que dramatiser la situation et que de la faire entendre aux Français,
02:30c'est ce qui lui permettra, derrière, de faire passer une politique très difficile.
02:36Souvenez-vous, ce n'est pas nouveau chez lui.
02:37Il le disait déjà au moment de la réforme des retraites.
02:39Il avait martelé sur tous les tons que si ça avait été un tel fiasco,
02:44c'est parce que le gouvernement de l'époque n'avait pas assez préparé les esprits
02:46et partagé le constat avec les Français.
02:49Voilà, ça, c'est pour la version officielle.
02:51Il y a aussi une part de tactique politique, évidemment, dans tout ça,
02:54qui est tout simplement de gagner du temps, de jouer la montre.
02:57Là, il occupe le terrain avec ce grand discours très alarmiste,
03:03alors qu'il est souvent axé d'immobilisme.
03:05Donc, il se montre quand même aux commandes, sans pour autant dévoiler son jeu,
03:11parce que c'est une potion amère qui se prépare.
03:15Donc, ne pas la présenter tout de suite, forcément, c'est gagné quelques semaines.
03:19C'est ça qu'on peut se poser, c'est la question du timing, Audrey Tisant,
03:22parce qu'on est mi-avril, le débat parlementaire va avoir lieu en septembre.
03:27Pourquoi il s'y prend dès maintenant, en fait ?
03:30Sans avoir de réponse, en plus.
03:31Pour préparer les esprits, pour nous dire, il va falloir faire des économies partout,
03:37trouver de l'argent.
03:38Il prend à témoin les Français, avant de mieux s'adresser aux oppositions,
03:44puisqu'il n'y a toujours pas de majorité, François Bayrou, au Parlement.
03:48Et il a beau dire, tout ça va dépendre des Français,
03:53il faut qu'il fasse voter son budget derrière,
03:56et les députés restent les représentants des Français.
03:58On est quand même en démocratie représentative.
04:00Alors, ces oppositions, justement, elles se sont un petit peu agacées
04:03de ce qui s'est passé hier.
04:06Déjà parce qu'elles n'avaient pas vraiment été associées en amont de cette présentation.
04:12Il y a des députés, des cadres de la Commission des Finances,
04:16socialistes et RN, qui ont reçu des invitations, un petit peu en dernière minute,
04:20pour la première réunion, celle qui a eu lieu avant cette présentation.
04:24Comité de crise, Comité d'alerte, voilà, c'est une nouvelle dénomination qu'ils ont trouvé.
04:30Comité d'alerte sur les finances publiques, qui est en fait une présentation par les ministres.
04:34Donc, il y a des députés qui ont suivi ça en visio à distance,
04:37puisqu'ils ont été prévenus un petit peu à la dernière minute.
04:41D'ailleurs, chez les socialistes, ça a fortement agacé.
04:43Lundi matin, toujours pas d'invitation pour une présentation, mardi matin.
04:48En gros, on nous dit, si c'est comme ça qu'on compte nous associer pour la suite, c'est mal parti.
04:52En gros, ils se sont sentis comme des figurants, c'est ça ce qui ressortait bien.
04:55Oui, voilà. Et il y a eu cette phrase d'Éric Coquerel qui a eu l'impression d'être un figurant.
05:02Il y a Jean-Philippe Tanguy, du côté du RN, qui nous dit, tout ça c'est de la mise en scène.
05:09On sait que de toute façon, ce sera décidé sans nous.
05:12Tout ça, c'est de la communication.
05:14Voilà un petit peu le point de départ.
05:17Donc on n'est pas pour l'instant sur une volonté commune de travailler ensemble dans le même sens.
05:24Pourtant, c'est ce que disait Éric Lombard, le ministre de l'Économie, il y a quelques minutes sur ce plateau.
05:27Nous, en fait, on prend notre temps parce qu'on veut discuter avec tout le monde.
05:31On veut entendre tout le monde, peu importe le parti politique d'ailleurs.
05:35Discuter avec tout le monde, c'est sain.
05:36Et pour préparer ce budget dans les conditions extrêmement complexes qu'on connaît sur le plan financier, économique et autres,
05:43la difficulté de la méthode extrêmement floue que met en œuvre François Bayrou,
05:49c'est qu'elle semble reposer sur une conception de l'éducation, j'allais dire, de la pédagogie extrêmement passéiste.
05:54C'est-à-dire, est-ce que faire peur, est-ce que dramatiser, c'est enseigner ?
05:58Est-ce que c'est une bonne façon de faire de la pédagogie ?
06:00Ça fait longtemps que les spécialistes de la pédagogie savent que la peur n'est pas une méthode d'apprentissage.
06:04Ça peut même d'ailleurs susciter l'inverse, le rejet, la rancœur, le ressentiment.
06:08S'il n'y a pas un certain nombre de pistes ouvertes justement pour surmonter les difficultés.
06:12Il y avait un côté hier, évidemment, tout le monde y a pensé, le sang et les larmes, c'est très tchortilien.
06:16Mais ça, ça marche quand il y a un envahisseur, quand il y a un ennemi.
06:19Ça ne marche pas pour résorber les déficits, pour inciter à l'effort.
06:24Et ce qui est très risqué dans la posture que prend François Bayrou,
06:28c'est qu'est-ce qu'il pense vraiment qu'avec le niveau d'une popularité record qu'elle sient aujourd'hui,
06:33il peut bénéficier de l'indulgence des Français au moment où il aura des choix douloureux à annoncer,
06:38des décisions difficiles, puisque c'est ce qu'il explique.
06:40Il va falloir en prendre.
06:41Il y a un moment où il faudra justement, en quelque sorte, qu'il se jette à l'eau.
06:44À ce moment-là, au vu de sa popularité, est-ce que ce discours catastrophiste lui offrira l'indulgence de l'opinion ?
06:50On peut en douter.
06:51Et de même, est-ce qu'il peut faire co-construire, ça c'est le mot d'ordre officiel,
06:56c'est-à-dire en quelque sorte, en fait, est-ce qu'il peut faire co-assumer ces décisions difficiles au moment venu
07:01par l'opposition, par toute ou partie de l'opposition au regard de la situation de l'Assemblée nationale,
07:07l'absence de la majorité, ça semble extrêmement compliqué aussi.
07:10Et on voit bien, et là je rejoins ce que disait Pauline Thévinot,
07:13qu'il y a d'abord une stratégie qui consiste à gagner du temps,
07:16étant entendu qu'il y a d'ici là d'ailleurs d'autres échéances
07:19qui risquent de précipiter le calendrier pour François Bayrou,
07:22par exemple l'affaire Notre-Dame de Bétharam,
07:25où il doit témoigner énormément devant la commission d'enquête le 14 mai,
07:28et puis évidemment la fin du conclave sur les retraites,
07:31qu'une partie de la gauche, et enfin en particulier les socialistes,
07:34dont les socialistes font une date importante pour un éventuel retour de la censure.
07:38Il faut quand même nuancer, parce que là, on dit les oppositions se sont pas associées,
07:44ils essaient de gagner du temps, on est quand même, entre guillemets, qu'au mois d'avril.
07:49C'est-à-dire qu'ils ont quand même anticipé par rapport à ce qui se passe d'habitude,
07:53on n'entend jamais parler du budget à cette époque-ci de l'année.
07:56Oui, ce qu'ils disaient, on veut du temps, on veut pouvoir discuter.
07:59Voilà, donc en fait ils ont anticipé, ils ont voulu faire leur présentation,
08:02et du coup ils se retrouvent accusés de ne pas associés en amont.
08:07Juste quand même sur la posture, parce qu'on a essayé de cuisiner quand même,
08:10Éric Lombard, le ministre de l'économie,
08:11on l'a soumis à toutes les pistes qui étaient dans le débat public et médiatique aujourd'hui.
08:16Vous avez essayé, Salia, pour vous ?
08:17Ah oui, j'ai essayé, sans trop de résultats, il faut le dire.
08:21Non mais quand même, sa posture de dire « le gouvernement n'a pas d'avis »
08:25et il va falloir s'y habituer, c'est quand même étrange comme posture, Pauline.
08:29Alors j'ai un terme, c'est déroutant, et il n'est pas de moi, il est d'un des collègues d'Éric Lombard.
08:35Donc oui, non mais c'est clairement très étrange.
08:37On les comprend, parce que quand on liste les pistes qui circulent,
08:41on comprend qu'ils ne veuillent pas dévoiler leur jeu tout de suite,
08:44on peut les rappeler là, c'est sabrer dans des dispositifs tels que MaPrimeRénov',
08:48c'est faire le grand ménage dans les niches fiscales,
08:51c'est regarder l'abattement fiscal des retraités,
08:54la réforme de l'assurance chômage, un nouveau tour de vis.
08:57On comprend qu'ils ne soient pas excessivement pressés de dévoiler leur jeu,
09:02mais effectivement, et c'est en ça que la méthode de François Bayrou,
09:06elle peut s'avérer contre-productive,
09:07c'est-à-dire de faire un discours très anxiogène, très alarmiste,
09:10que si jamais ça arrive effectivement comme il le souhaite dans l'opinion,
09:15dans les foyers français, les gens vont se dire
09:16« Ouh là là, mais c'est la catastrophe, tout est en train de s'effondrer autour de nous,
09:20et qu'est-ce qu'ils font ? »
09:21Quelle est sa solution pour y répondre ?
09:23Et ça, ça peut lui revenir comme un boomerang.
09:25– Associer tout le monde, c'est une bonne chose,
09:27y compris en s'y prenant à l'avance, c'est pas le problème.
09:30Le fait, c'est d'associer tout le monde, en tout cas d'afficher cet objectif,
09:34sans indiquer aucune direction.
09:35Non pas de décision, on ne commence pas par annoncer des décisions,
09:39mais aucune direction.
09:40Il y avait un côté quand même très groupe de parole.
09:42C'est utile, les groupes de parole.
09:44C'est souvent, surtout dans des situations complexes, difficiles,
09:48face à des défis douloureux, les groupes de parole c'est utile,
09:51et à un moment, il faut quand même que quelqu'un l'anime ce groupe de parole.
09:55En général, c'est plutôt le thérapeute d'ailleurs.
09:58C'était un peu le rôle du médecin François Bayrou hier,
10:01qui explique que la situation est grave, demain ça risque d'être pire,
10:04mais pour l'instant, il n'y a aucun remède à l'horizon.
10:06– Juste une petite précision sur le calendrier,
10:09ça se passe en trois étapes dans la tête du gouvernement.
10:12Le cadre, ça a été donné hier, le bilan.
10:16Est-ce que ce qu'on veut faire est votable par le socle commun,
10:20donc ce centre élargi, et est-ce que ça va être censuré ?
10:24Donc est-ce que les oppositions sont prêtes à nous suivre à minima ?
10:27– Donc on se met d'accord entre nous avant d'élargir avec les oppositions.
10:30Dans un instant, on va évoquer les attaques qui ont eu lieu dans les prisons dimanche soir.
10:34Est-ce une action coordonnée ?
10:36Et qui se cache derrière ces attaques ?
10:38On en parle après un passage par le fil,
10:40l'info à 9h16, Maureen Thunière.
10:42– Et justement, le ministre de la Justice s'exprime à ce propos.
10:45Il y a manifestement des gens qui essaient de déstabiliser l'État en intimidant,
10:50dit ce matin Gérald Darmanin, de nouvelles voitures incendiées devant une prison.
10:55La nuit dernière, le hall d'un immeuble d'une surveillante en Seine-et-Marne
10:58a aussi été visé avec de nouveau ses tags DDPF
11:02pour défense des droits des prisonniers français.
11:04Un groupe qui vient de se former sur Internet,
11:06pas d'arrestation signalée pour le moment.
11:08Après avoir annoncé un effort budgétaire de 40 milliards d'euros en 2026,
11:13le ministre de l'Économie assure de nouveau sur France Info ce matin
11:16qu'il n'y aura pas d'augmentation d'impôts et de charges pour les ménages et pour les entreprises.
11:20Les grandes orientations du prochain budget doivent être connues avant le 14 juillet prochain.
11:27Les filles de Boilem Sansa l'appellent Emmanuel Macron à obtenir sa libération.
11:31L'écrivain franco-algérien condamné à 5 ans de prison en Algérie,
11:34il faut absolument décorréler son sort des tensions diplomatiques en cours,
11:38déclare de son côté sur France Info le fondateur du comité de soutien de l'écrivain.
11:42Du jamais vu, depuis 1961, la consommation mondiale de vin recule de plus de 3% en 2024.
11:49Il y a eu moins de production et les prix ont donc augmenté et les habitudes ont aussi changé.
11:54La consommation de vin se limite plus souvent à un cadre festif.
11:57Et les informés continuent avec Pauline Théveniot, journaliste politique aux Parisiens aujourd'hui en France,
12:13avec Audrey Tison aussi, journaliste politique à France Info.
12:16Maintenant, Renaud, on va parler de ces prisons qui ont été attaquées.
12:19Du jamais vu, depuis deux jours, en l'occurrence ça a commencé dans la nuit de dimanche à lundi,
12:24avec une dizaine d'établissements pénitentiaires qui ont été visés,
12:28des véhicules incendiés, même des tirs qui ont visé un établissement pénitentiaire, celui de Toulon.
12:35Du jamais vu donc, le garde des Sceaux, Gérald Darmanin, dénonce ses actes d'intimidation
12:40et il répète que c'est la République qui est attaquée et que la République ne reculera pas.
12:45A-t-il raison d'utiliser cette formule ?
12:47La réponse ce matin sur l'antenne de France Info de Jean-François Fogliarino,
12:52qui est secrétaire général du syndicat national des directeurs pénitentiaires.
12:55Il a raison de dire que c'est une attaque de la République et de, à travers elle,
13:00surtout à travers la pénitentiaire qui est un ministère régalien,
13:03de, en fait, des fonctionnaires de la République.
13:06Ce qui nous inquiète dans cette situation-là, c'est l'aspect coordonné des choses
13:09et le fait que ça se déroule sur plusieurs établissements sur le territoire.
13:13Et ça c'est inédit, c'est une action coordonnée d'une grande ampleur,
13:17une dizaine d'établissements visés à travers le territoire.
13:21Donc des tags qu'on a retrouvés, droits des prisonniers français,
13:26des DPF, un groupe qui vient de se créer,
13:28des informations qui circuleraient en particulier sur le réseau Telegram,
13:32où s'échangeraient un certain nombre d'informations.
13:35Et puis, ce qui est encore plus nouveau d'ailleurs,
13:37donc trois véhicules incendiés l'année dernière sur le parking de la prison de Tarascon,
13:41on l'a dit,
13:41mais aussi la cage d'escalier d'un immeuble où habite un gardien de prison
13:46qui a été incendié.
13:47Ce qui signifie donc que ceux qui sont à l'origine de ces faits
13:50disposent d'informations, y compris sur les domiciles
13:54d'un certain nombre d'agents de la pénitentiaire,
13:57qui peut être derrière ces attaques.
14:00Le parquet national antiterroriste a annoncé l'ouverture d'une enquête.
14:03Plusieurs pistes sont évoquées.
14:05une piste de l'ultra-gauche ou une piste des narcotrafiquants.
14:10On connaît l'action engagée par Gérald Darmanin et le gouvernement
14:13contre l'emprise du narcotrafic en France.
14:16Pauline, justement, sur les pistes qui sont envisagées,
14:18sur qui se cache derrière ces attaques ?
14:21Le ministre en a parlé hier.
14:22Oui, alors Gérald Darmanin, très clairement,
14:25il y a encore deux pistes qui sont sur la table,
14:29celles des narcotrafiquants,
14:32mais la police n'élute pas non plus.
14:34la piste potentielle de l'ultra-gauche.
14:36On voit très clairement que le ministre, lui,
14:39c'est sa piste privilégiée,
14:41et ce qu'il évoque très spontanément,
14:42c'est la question des narcotrafiquants.
14:46Et on voit très clairement ces événements,
14:49il faut prendre la mesure de ce qui se passe.
14:52C'est-à-dire qu'il y a déjà eu des attaques
14:54très violentes contre des prisons,
14:56notamment dans le cadre d'évasion,
14:58mais là, autant d'attaques simultanées,
15:01à ce point coordonné, organisées,
15:03c'est du jamais vu, comme le disait Renaud,
15:04c'est absolument inédit,
15:06c'est un véritable défi à l'État,
15:08un défi au gouvernement aussi,
15:10puisque après les réactions hier du garde des Sceaux,
15:14ça a recommencé cette nuit,
15:17alors dans des proportions visiblement moindres
15:19de ce que l'on sait à cette heure,
15:21de ce qui s'est passé dans les jours précédents,
15:23mais tout de même,
15:24avec aussi des réponses de ces groupes
15:26sur Telegram,
15:28au propos du ministre de la Justice,
15:30disant « nous ne sommes pas des terroristes »,
15:33donc on voit bien que là,
15:35c'est l'État, le gouvernement,
15:37qui est très très clairement mis au défi.
15:39Gérald Darmanin parle du narcotrafic,
15:41effectivement,
15:42il dit que c'est suite aux décisions qu'il a prises
15:44de regrouper les 100 plus gros narcotrafiquants
15:47dans deux centres pénitentiaires,
15:48« Vendant le Vieil est condé sur Sarthe »,
15:52il l'explique comme ça à Audrey,
15:53en fait il dit « nous on les frappe »
15:55et donc en retour ils veulent nous frapper.
15:57Oui, et quelque part ça nourrit son discours,
16:01moi j'incarne la fermeté,
16:04on a décidé de enfin s'attaquer à ce phénomène
16:08avec des mesures radicales dignes
16:10de ce qu'a pu prendre l'Italie,
16:12et il le redit ce matin dans une interview,
16:15ils font ça parce que nous prenons des mesures
16:17contre le laxisme qui existait peut-être dans nos prisons.
16:21Alors c'est quand même sympa pour ses prédécesseurs,
16:25Gérald Darmanin qui joue là un petit peu son,
16:31pas son poste mais comment dire,
16:33l'incarnation de ce qu'il veut être,
16:35un interdesso très ferme,
16:37qui apporte des réponses très concrètes,
16:40très rapides,
16:41comme ce qu'il a pu faire en tant que ministre de l'Intérieur,
16:44il a la volonté de marquer les esprits,
16:47c'est pour ça qu'il a accepté de revenir au gouvernement
16:50alors qu'il en était sorti.
16:52On sait que plus loin,
16:53il y a des ambitions un petit peu plus hautes,
16:56des ambitions présidentielles,
16:58Gérald Darmanin qui a lancé son propre mouvement,
17:00on pense à 2027.
17:02Au passage, dans ses prises de parole depuis hier,
17:06il y a des petites,
17:08des mains lancées en direction du ministre de l'Intérieur,
17:12en disant la sécurité des agents pénitentiaires
17:14en dehors des prisons,
17:17c'est le ministre de l'Intérieur,
17:18c'est la place Beauvau,
17:20c'est à Bruno Retailleau.
17:22Justement, il faut parler de l'inquiétude quand même
17:24de ces personnels qui ont été endeuillés
17:26lors de l'évasion de Mohamed Amra, Renaud.
17:28Bien sûr, le monde pénitentiaire a été endeuillé
17:31par, on s'en souvient,
17:32de cette évasion meurtrière sanglante
17:35de Mohamed Amra,
17:35et c'est ce qui frappe aussi
17:37dans les modes d'action utilisés depuis plusieurs jours.
17:40Si j'ose dire, incendier des véhicules
17:42à proximité d'une prison,
17:45c'est évidemment intolérable, insupportable,
17:48mais même par des groupes peu organisés,
17:50c'est envisageable,
17:51c'est faisable d'un point de vue pratique
17:53d'imaginer que les véhicules
17:55qui sont garés à côté d'une prison
17:56appartiennent aux agents pénitentiaires,
17:58un certain nombre de personnels, etc.
18:00Viser une prison,
18:01c'est encore plus intolérable,
18:02comme ça a été le cas à Toulon,
18:04si bien une prison,
18:04mais par définition,
18:05les groupes qui agissent
18:07ont l'adresse de la prison.
18:08Ce qui est encore plus inquiétant
18:09dans ce qui est en train de se produire,
18:11ce sont que des agents pénitentiaires,
18:12visiblement, sont suivis, menacés,
18:14visés, attaqués à leur domicile,
18:16ce qui signifie donc que ces groupes,
18:17quels qu'ils soient,
18:18ont des informations
18:19à cas de caractère privé
18:21sur les surveillants de prison.
18:23Et ça, ça peut être encore plus inquiétant.
18:26Même chose sur les pistes envisagées.
18:28À l'heure qu'il est,
18:30donc il y a au moins deux pistes envisagées
18:31et il n'y a aucune certitude.
18:33La seule qu'on ait,
18:34c'est que le parquet national antiterroriste
18:36est saisi ou ouvre une enquête.
18:38Si c'est la piste des narcotrafiquants
18:40qui se confirmait
18:41dans les heures, les jours,
18:43les semaines ou les mois qui viennent,
18:45c'est extrêmement inquiétant aussi,
18:47et même plus que ça,
18:48sur l'emprise du narcotrafic
18:51sur l'État,
18:53enfin sur le pays plutôt,
18:54sur le pays,
18:55sur sa capacité de s'attaquer
18:56à l'État, à la République.
18:57Ça serait là vraiment totalement inédit,
19:01du jamais vu,
19:01et ça illustrerait le danger aujourd'hui
19:04que le narcotrafic fait poser
19:06sur la République, sur la France.
19:09Si c'est une piste plus politique,
19:10ultra-gauche,
19:11c'est évidemment tout aussi condamnable
19:12et il faut que la République
19:13ne recule pas et la combattre.
19:15Mais entre guillemets,
19:16ce serait un peu moins originel,
19:18en tout cas un peu moins inédit.
19:19Par le passé,
19:20il y a eu dans les années 70
19:21ou dans les années 80,
19:22des groupuscules
19:23d'ultra-gauche en général,
19:25qui d'une façon ou d'une autre
19:26s'en sont pris aux prisons.
19:28Ça s'est déjà produit.
19:29Est-ce que ce serait quoi l'argument
19:29pour ceux qui nous écoutent ?
19:30Pourquoi l'ultra-gauche
19:31mènerait ses actions coordonnées ?
19:33Ça pourrait être lié,
19:33ça pourrait être lié
19:34aux conditions de détention,
19:36à la politique carcérale
19:38du gouvernement et de Gérald Darmanin,
19:40etc.
19:40Il y a plein de motifs
19:41qui pourraient être avancés
19:42par un groupe de cette...
19:43Ça s'appelle...
19:45Ils disent qu'ils sont là
19:45pour défendre les droits de l'homme
19:47à l'intérieur des prisons.
19:49Et ils demandent aux surveillants
19:51de démissionner.
19:53Et parmi les revendications
19:54affichées dans ce fil Télégram,
19:57il y a le recours aux fouilles
19:59pour les détenus
20:00qui sont jugés humiliantes.
20:02Donc il y a des arguments...
20:05Il y a quelques arguments
20:06qui ont été lancés comme ça,
20:08qui peuvent laisser penser
20:09qu'en effet,
20:10ça pourrait être
20:11dans l'idée de défendre
20:13les droits des détenus,
20:15les droits de l'homme
20:15et des mesures répressives
20:17qui iraient trop loin.
20:18Pauline ?
20:19Je voulais juste
20:20qu'on s'arrête un instant
20:22sur la juridiction
20:24qui est saisie dans l'enquête.
20:26C'est le parquet national
20:27antiterroriste.
20:28Et ça, ce n'est pas rien.
20:30Parce que...
20:31D'ailleurs, cette saisine,
20:32elle est justifiée par ces termes,
20:33par la nature de l'action,
20:35des actions qui sont menées.
20:37Donc ça veut dire
20:38qu'on considère
20:40que ce sont
20:40les intérêts essentiels,
20:43vitaux de la nation
20:44qui sont menacés en l'occurrence.
20:47Et je reviens
20:48un tout petit peu
20:49en arrière dans notre discussion,
20:50mais effectivement,
20:51il y en a un
20:51qu'il ne faut pas oublier
20:52dans cette affaire,
20:52c'est le ministre de l'Intérieur,
20:53Bruno Retailleau,
20:54qui, quand il est arrivé
20:55Place Beauvau,
20:56a dit,
20:57j'ai trois priorités,
20:58rétablir l'ordre,
20:59rétablir l'ordre,
21:00rétablir l'ordre.
21:01Eh bien, là, clairement,
21:04c'est aussi un défi,
21:05un défi pour lui,
21:07de montrer que,
21:08bah oui,
21:08il sait tenir l'ordre.
21:10C'est un défi,
21:11très clairement,
21:12et c'est un défi qui justifie
21:13justement ces priorités
21:14affichées que ce soit
21:14par Bruno Retailleau
21:15ou Gérald Darmanin.
21:16C'est-à-dire que si jamais,
21:17enfin,
21:18quel que soit d'ailleurs,
21:19les groupes à l'origine
21:20de ces attaques,
21:23si c'est le narcotrafic,
21:24encore une fois,
21:25ça illustre une forme
21:26d'emprise qui devient
21:27extrêmement dangereuse
21:28pour la République,
21:29si c'est un groupuscule
21:30d'ultra-gauche,
21:31d'extrême-gauche,
21:32etc.,
21:32c'est tout aussi inquiétant,
21:33notamment parce qu'on s'en prend
21:34à des personnels
21:35qui sont en charge
21:37de la sécurité du pays,
21:38on s'en prend à eux
21:39jusqu'à leur domicile.
21:41Donc vous imaginez
21:41les conséquences
21:43que ça peut avoir
21:44sur le fonctionnement
21:45de cette administration.
21:46On suit évidemment
21:47à l'enquête
21:47et dernier développement
21:48de ces attaques
21:49qui sont menées
21:49contre plusieurs prisons
21:52en France.
21:53Merci beaucoup.
21:54Merci à toutes les trois.
21:55A tous les trois.
21:57Et enfin,
21:57mettez ton match.
21:59Oui, on a pris le pouvoir
22:00ce matin, Renaud.
22:01Merci à tous les trois.
22:02Donc, Pauline Théveniot,
22:04journaliste politique
22:04aux Parisiens
22:05Aujourd'hui en France.
22:06Votre journal qui titre
22:07évidemment sur la victoire
22:09du PSG,
22:10du moins la victoire,
22:11non la défaite,
22:11mais qui mène quand même
22:12à la demi-finale.
22:13Une défaite victorieuse.
22:15Oui,
22:15il est content ce matin
22:16en plus, Renaud.
22:17Le PSG en route
22:18pour la demi-finale
22:19de la Ligue des Champions.
22:20Ouf.
22:20Le frisson.
22:22Audrey Tison,
22:22merci à vous,
22:23journaliste politique
22:24à France Info.
22:24Merci aussi à vous,
22:25donc Renaud.
22:26Et merci à vous,
22:27et à demain.
22:28À demain.
22:29Les informés du soir,
22:30c'est à partir des 20h.