1er Mai : "Nous passons un cap dont on ne mesure pas la gravité" Anne-Laure Bonnel

  • l’année dernière
Avec Anne-Laure Bonnel, grand reporter pour Libre média

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2023-05-02##

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Transcript
00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états, le fait du jour.
00:04 "On a fait du maçon !"
00:06 "On a fait du maçon !"
00:08 "On a fait du maçon !"
00:10 "On a fait du maçon !"
00:12 "On a fait du maçon !"
00:14 "On a fait du maçon !"
00:16 "On a fait du maçon !"
00:18 "On a fait du maçon !"
00:20 "On a fait du maçon !"
00:22 "On a fait du maçon !"
00:24 "On a fait du maçon !"
00:26 "On a fait du maçon !"
00:28 "On a fait du maçon !"
00:30 "On a fait du maçon !"
00:32 "On a fait du maçon !"
00:34 "On a fait du maçon !"
00:36 "On a fait du maçon !"
00:38 "On a fait du maçon !"
00:40 "On a fait du maçon !"
00:42 "On a fait du maçon !"
00:44 "On a fait du maçon !"
00:46 "On a fait du maçon !"
00:48 "On a fait du maçon !"
00:50 "On a fait du maçon !"
00:52 "On a fait du maçon !"
00:54 "On a fait du maçon !"
00:56 Alors qu'on croyait que le plus...
00:58 Du côté du gouvernement,
01:00 le pire était passé, que maintenant on allait...
01:02 Voilà, l'été est arrivé, et puis il y aura une pause.
01:04 Apparemment, la pause n'est pas pour demain.
01:06 Voilà, et en même temps,
01:08 alors effectivement,
01:10 108 policiers et gendarmes, selon Gérald Darmanin,
01:12 le ministre de l'Intérieur, ont été déblessés dans toute la France.
01:14 13ème journée de mobilisation,
01:16 je rappelle, contre la réforme des retraites.
01:18 On a vu des images, vous avez tous
01:20 vu, auditeurs du
01:22 site radio, de l'émission, vous avez tous vu
01:24 les images, des images extrêmement fortes,
01:26 violentes, avec effectivement des
01:28 incendies, ça et là, avec,
01:30 comme d'habitude, ceux qui cassent, ceux qui
01:32 brûlent, ceux qui réagissent,
01:34 et les violences de part et d'autre, dit-on.
01:36 Alors il ne s'agit pas de renvoyer dos à dos,
01:38 mais qu'est-ce que ça signifie ?
01:40 Et...
01:42 On a... Et j'ai pensé inviter,
01:44 je suis content qu'elle soit là,
01:46 Anne Lorbonel. Anne Lorbonel, vous la connaissez
01:48 déjà, puisque nous l'avons reçue à plusieurs reprises.
01:50 Anne Lorbonel est reporter,
01:52 journaliste, et elle va, je dis ça parce que
01:54 il et elle ne sont pas si
01:56 nombreux que ça, il y en a évidemment
01:58 beaucoup qui vont sur le terrain.
02:00 Sur le terrain des guerres, sur le terrain
02:02 des affrontements. Elle a été l'une
02:04 des premières à parler, dès 2015,
02:06 du Donbass, de ce qui se passait dans le Donbass,
02:08 en Ukraine, et on a vu ce qui s'est
02:10 passé ensuite, sept ans avant
02:12 d'ailleurs, l'invasion russe
02:14 de 2022, elle continue à y aller,
02:16 elle a été au Liban, elle a été un peu partout,
02:18 sur tous les fronts en Tunisie. Et alors
02:20 Anne Lorbonel, je voudrais vous demander
02:22 au fond,
02:24 vous avez été au
02:26 Liban et ailleurs, et quelque
02:28 part sur ces révoltes dites
02:30 populaires, parce qu'il faut toujours prendre
02:32 avec des pincettes, quand on a des millions
02:34 de gens dans la rue, ou des centaines de milliers,
02:36 c'est pas rien. Qu'est-ce que vous ressentez,
02:38 vous êtes française,
02:40 quand vous retournez en France
02:42 entre deux reportages, et vous en faites
02:44 ici aussi ?
02:46 - Je vous remercie, c'est très intéressant
02:48 comme question. Je commencerai
02:50 par dire, vous avez cité
02:52 la Tunisie, c'est vrai qu'en 2011,
02:54 j'étais à Nabeul, donc proche de Tunis,
02:56 là on sentait déjà
02:58 avant même que le renversement
03:00 de Ben Ali soit
03:02 en cours, une situation
03:04 de tension extrême,
03:06 un décrochage avec la population,
03:08 alors qu'on est dans un système
03:10 autoritaire, où généralement
03:12 la population n'est pas habituée à parler.
03:14 Moi, j'avais déjà recueilli
03:16 quand même certaines confidences,
03:18 sans en faire un film, où
03:20 on sentait un malaise, et ce,
03:22 dans la classe moyenne, alors que, comme vous le savez,
03:24 en Tunisie, on a quand même l'habitude de dire
03:26 que sous Ben Ali, on parlait peu,
03:28 on regardait pression. - C'est clair. - Donc ça a commencé
03:30 à sortir. Je fais un parallèle
03:32 avec les Gilets jaunes, 2018-
03:34 2019. - Que vous avez suivi.
03:36 - Que j'ai suivi, que j'ai filmé, j'ai
03:38 parcouru la France, je suis allée
03:40 auprès non pas de casseurs, je le précise,
03:42 mais auprès de retraités,
03:44 de femmes pauvres, de femmes isolées,
03:46 de paysans qui, pour la première fois
03:48 de leur existence, manifestaient
03:50 sur des ronds-points,
03:52 qui étaient même étonnés
03:54 d'en arriver à manifester. J'ai rencontré
03:56 des paysans, j'ai ouvert des frigos,
03:58 des frigos vides, je l'ai vu,
04:00 je l'ai photographié,
04:02 j'ai rencontré des gens qui
04:04 avaient travaillé toute leur vie,
04:06 qui me disaient être au bord du suicide. C'est extrêmement
04:08 troublant d'entendre ça. - Et vous en avez
04:10 entendu beaucoup, qui vous disaient ça ? - Écoutez,
04:12 c'est énormément de matière, oui. Alors,
04:14 beaucoup, c'est représentatif,
04:16 on ne va pas faire une généralité,
04:18 mais j'ai rencontré quand même une masse de personnes
04:20 en souffrance, que je n'avais pas
04:22 l'habitude de voir, médiatisées.
04:24 Je suis allée à sa rencontre,
04:26 et cette masse-là, je peux vous dire qu'elle n'était
04:28 ni violente, ni
04:30 exaltée, elle était
04:32 simplement épuisée.
04:34 Hémorralement, financièrement,
04:36 économiquement,
04:38 le poids de la vie sur les épaules,
04:40 c'est assez précaire, comme on dit.
04:42 J'ai suivi, comme vous le savez,
04:44 le Donbass, 2014. Alors là, c'est différent,
04:46 on ne va pas établir un comparatif,
04:48 mais il y a quand même quelque chose d'intéressant,
04:50 c'est qu'avant même que la guerre commence,
04:52 on avait déjà des émeutes, encore une fois,
04:54 je répète, aucune comparaison.
04:56 Mais des signaux,
04:58 des tensions. - On appelle ça des signaux
05:00 faibles, au départ. - Rappelez-vous,
05:02 au Dessa, en mai
05:04 2014, on a des premiers affrontements
05:06 entre des pro-russes et des
05:08 pro-occidentaux. Je précise bien pour
05:10 nos auditeurs, aucune comparaison, mais c'est
05:12 les fameux signaux faibles. Et la
05:14 police, avec le
05:16 peuple qui commence la rentrée,
05:18 en quasi lutte armée. Rappelez-vous
05:20 de ces images, la police,
05:22 heureusement nous n'en sommes pas encore là en France,
05:24 tire sur les manifestants.
05:26 Des manifestants seront brûlés vifs
05:28 dans une maison des syndicats.
05:30 - Heureusement, on n'en est pas là.
05:32 - Heureusement, nous n'en sommes pas là. Mais on compare
05:34 les terrains plus ou moins extrêmes.
05:36 Et donc, vous voyez,
05:38 le délitement
05:40 peut aller très vite.
05:42 Le Liban, 2019,
05:44 avant que ça craque,
05:46 j'y suis, je donne une conférence dans une
05:48 université, je parcours le Liban,
05:50 là également, on sent ces tensions.
05:52 Donc quand j'arrive en France,
05:54 et que je vois depuis
05:56 ce 13ème rendez-vous,
05:58 et les images que j'ai pu voir hier,
06:00 et les rendez-vous, et les lectures,
06:02 et pour parler,
06:04 les échanges de français que j'entends
06:06 et que j'écoute,
06:08 je pense que nous passons
06:10 un cap dont on ne mesure
06:12 pas la possible gravité.
06:14 - Vous pensez qu'on a passé un cap, là ?
06:16 Qu'il y a un cap en train d'être franchi ?
06:18 - Moi, je pense
06:20 qu'il y a un avant et un après
06:22 1er mai 2023.
06:24 - C'est-à-dire, préciser, oui.
06:26 - Il y a
06:28 une violence, en comparaison
06:30 aux terrains que j'ai fréquentés,
06:32 la violence que je vois désormais
06:34 entre
06:36 certains groupes,
06:38 qu'on appelle les Black Blocs, mais également
06:40 qui sont,
06:42 pour certains, en minorité
06:44 certes, mais supportés également
06:46 par des manifestants,
06:48 je ne légitime pas, mais j'explique,
06:50 qui sont épuisés. C'est peut-être
06:52 aussi cette frange de la population
06:54 qui est héritière des Gilets jaunes,
06:56 mais qui est également,
06:58 on y décèle également
07:00 la classe moyenne,
07:02 on sent qu'il y a un épuisement massif
07:04 et des accrochages de plus en plus
07:06 importants avec les forces
07:08 de l'ordre qui sont également épuisées.
07:10 Et ça, c'est très dangereux.
07:12 Et ça, je l'ai vu sur l'ensemble
07:14 des terrains que j'ai fréquentés. A partir du moment
07:16 où il y a une division qui s'installe
07:18 entre les classes sociales,
07:20 entre les institutions, entre l'élite,
07:22 entre les forces
07:24 de l'ordre, c'est mauvais signe.
07:26 Et les images,
07:28 pourquoi je vous dis qu'il y a un avant
07:30 à mes yeux, je ne suis pas deveur,
07:32 mais c'est mon sentiment,
07:34 il y a un après 1er mai,
07:36 c'est que cette image qui m'a extrêmement choqué
07:38 de ce policier en feu hier
07:40 marquera les esprits.
07:42 - Oui, il était littéralement en feu.
07:44 - Et elle rappelle, vous savez,
07:46 il y a un symbole des images.
07:48 Elle peut très bien rappeler également ce...
07:50 Alors, elle marquera les esprits, mais non pas pour
07:52 beaucoup.
07:54 Il va y avoir peut-être
07:56 un refus des manifestations.
07:58 Je ne crois pas. Moi, je crois au contraire
08:00 qu'on rentre dans une dynamique
08:02 de plus en plus réfractaire
08:04 auprès du gouvernement.
08:06 - Contre le gouvernement.
08:08 - Contre le gouvernement.
08:10 Et qu'il est
08:12 important là d'entendre
08:14 ce que les gens ont à dire. Alors, je précise
08:16 bien que ce qui s'est passé auprès
08:18 des forces de l'ordre est inacceptable.
08:20 Mais, je vais vous dire,
08:22 je peux le comprendre.
08:24 Je peux vous comprendre ce qui se passe.
08:26 - Mais, est-ce que vous ne faites pas juste un leurre,
08:28 juste pour aller, pour creuser
08:30 un peu tout cela, parce que
08:32 c'est intéressant ce que vous ressentiez justement
08:34 par rapport à divers
08:36 conflits. Encore une fois, une comparaison n'est pas
08:38 raison, mais ce n'est pas ce qu'on est en train de faire.
08:40 Mais, est-ce qu'il n'y a pas quand même
08:42 des gens, Black Bloc ou autres,
08:44 qu'on connaît ? Vous savez, moi, j'ai reçu
08:46 ici des syndicalistes policiers et
08:48 autres qui disent "Mais, est-ce qu'on ne comprend pas
08:50 les Black Blocs ? On sait où ils sont. On peut les empêcher
08:52 d'arriver à la manifestation et nous n'avons
08:54 pas d'ordre." C'est une syndicaliste
08:56 policière qui me l'a
08:58 dit, qui nous l'a dit d'ailleurs.
09:00 Et qu'au fond, qu'est-ce que c'est
09:02 que cette ultra-gauche ou que Black Bloc,
09:04 je ne sais pas, qui vient effectivement pour casser ?
09:06 Alors, vous me dites qu'ils sont rejoints par d'autres.
09:08 Et, effectivement, il y a diverses formes de
09:10 violence, mais ça correspond à quoi ?
09:12 - Ce que je vous dis d'abord, c'est
09:14 qu'ils ne sont rejoints non pas que
09:16 les manifestants applaudissent que
09:18 des policiers soient en feu. Non, pas du tout.
09:20 Mais c'est qu'ils ont le sentiment, le peuple français
09:22 a le sentiment de ne plus être entendu
09:24 qu'il se dit "ben, il n'y a plus que la violence".
09:26 On n'a plus le choix.
09:28 Les mots ne fonctionnent plus.
09:30 C'est en ça qu'ils rejoignent, certains les rejoignent.
09:32 Ce n'est pas sur le concept.
09:34 - Ce n'est pas le peuple français dans sa généralité.
09:36 - Voilà, parce qu'ils ont le sentiment
09:38 que le système démocratique ne fonctionne plus.
09:40 Et qu'à partir du moment
09:42 où vous n'avez plus de mots, à partir
09:44 du moment où vous exprimez pacifiquement
09:48 et que vous n'obtenez aucun résultat,
09:50 on en arrive à des dérives
09:52 terribles que je condamne, comme celle d'hier.
09:54 Alors ensuite, c'est une très bonne question,
09:56 qui sont ces "black blocs" ?
09:58 C'est vrai que c'est très étonnant. On peut se demander
10:00 dans un pays comme la France,
10:02 qui a quand même
10:04 un service de sécurité
10:06 conséquent, comment c'est sophistiqué ?
10:08 On a des caméras
10:10 partout, on a des
10:12 services de renseignement compétents.
10:14 Comment se fait-il qu'on arrive à laisser passer
10:16 ces personnes-là ? D'ailleurs, je suis très troublée
10:18 puisque j'étais à la commémoration
10:20 du génocide arménien, la semaine dernière,
10:22 mon sac a été fouillé pour
10:24 aller à la commémoration.
10:26 Je n'ai pas pu accéder sans
10:28 ouvrir mes affaires et montrer que
10:30 je n'avais ni sifflé,
10:32 ni casserole, ou autre. Donc,
10:34 ces personnes-là qui arrivent quand même avec
10:36 un attirail suffisamment lourd, masque,
10:38 etc., tout en noir,
10:40 normalement ne devraient pas pouvoir passer
10:42 inaperçu, ni à travers les caméras,
10:44 ni à travers des services de renseignement
10:46 qui sont évidemment intégrés
10:48 au cœur des manifestations.
10:50 On se pose la question,
10:52 est-ce qu'on a
10:54 un problème de sécurité en France ?
10:56 Je ne sais pas, je ne peux pas répondre,
10:58 en tout cas, ça soulève des questionnements.
11:00 Qu'est-ce que ça peut donner pendant les JO ?
11:02 Moi, ça m'inquiète un peu. Parce que si une manifestation
11:04 part dans tous les sens,
11:06 comme c'est le cas hier,
11:08 alors, excusez-moi,
11:10 mais le 14 juillet, on a de quoi s'inquiéter
11:12 pour les JO,
11:14 on a de quoi s'inquiéter,
11:16 mais encore pire, on a de quoi s'inquiéter
11:18 de l'État de la France si on a une guerre civile.
11:20 Parce que moi, les guerres, je les vois, je les filme.
11:22 Les tensions, je les vois,
11:24 je les photographie.
11:26 Si on n'est pas capable d'avoir
11:28 un service de sécurité
11:30 qui gère correctement une manifestation,
11:32 je vous assure qu'on est mal barrés
11:34 si on a...
11:36 - Si la tension monte encore.
11:38 - Si on a une guerre en France.
11:40 - Vous en parlez des territoires dits perdus
11:42 ou de la République, et certaines zones de l'Ondroit,
11:44 on le connaît, c'est encore autre chose,
11:46 mais je voudrais revenir à ça.
11:48 Vous avez dit quelque chose.
11:50 Qu'est-ce qui fait, à votre avis,
11:52 justement, en regardant que...
11:54 C'est quoi ce côté non-écoute
11:58 de part et d'autre, ou en tout cas,
12:00 des gens qui disent "Bon, ils ne nous écoutent plus,
12:02 donc il n'y a plus que la violence",
12:04 ce qui n'est jamais le recours suprême,
12:06 mais enfin, il existe, la violence existe,
12:08 elle est inventée un peu partout,
12:10 et ce qui fait qu'on a l'impression que
12:12 certains, je dis bien certains,
12:14 il ne faut jamais généraliser,
12:16 ne veulent faire que de l'huile sur le feu,
12:18 enfin, mettre de l'huile sur le feu jusque ça.
12:20 Que quoi ? Que ça explose ?
12:22 Que quoi ?
12:24 - Écoutez, je vais être tout à fait honnête avec vous,
12:26 André, je ne comprends pas.
12:28 Je ne comprends pas pourquoi ça se passe comme ça.
12:36 - Il aurait été quand même...
12:38 Il aurait été quand même...
12:40 Enfin, il se passe quand même certaines choses,
12:42 je vais faire une digression, mais on est dans un état extrêmement...
12:44 On est dans un état extrêmement fragilisé.
12:46 - Fragilisé pourquoi ?
12:48 - Eh bien, on a une défiance.
12:50 On a une défiance générale.
12:52 Alors, cette défiance, elle touche
12:54 les institutions, les partis politiques,
12:56 elle touche également les médias, il faut se rendre compte.
12:58 Ne pas être à l'écoute
13:00 de la parole des Français,
13:02 c'est passer à côté de cette défiance,
13:04 c'est extrêmement dangereux, parce qu'on ne sait pas
13:06 ce qu'elle peut donner, cette défiance.
13:08 Les Français, en majorité,
13:10 sont extrêmement déçus,
13:14 et remettent en cause
13:16 et en question tout ce qu'on leur donne à voir
13:18 et à entendre.
13:20 - Même les sondages le disent, ça.
13:22 Et pourtant, il y aurait des choses à dire sur les sondages.
13:24 - Donc, ils ont peut-être
13:26 le sentiment de ne pas être écoutés,
13:28 alors est-ce qu'il faut
13:30 rétablir un dialogue social ?
13:32 - Ça me semble urgent.
13:34 Il y a eu quelques maladresses hier, tout de même,
13:36 à voir le 1er mai, en sachant le climat
13:38 qui était tendu, c'était annoncé par nos
13:40 services de renseignement que c'était très probable
13:42 que cette manifestation se passe
13:44 mal. Comment se fait-il qu'on ait des
13:46 images de
13:48 l'Elysée qui nous montrent
13:50 des réceptions ? Là, on voit
13:52 bien quand même qu'il y a
13:54 un certain décrochage entre nos élites
13:56 et un peuple qui souffre.
13:58 Et mettre ces images en ligne,
14:00 c'est peut-être pas
14:02 une excellente idée de la part du service de communication
14:04 de l'Elysée. - Les réseaux sociaux
14:06 les ont montrés parce que l'Elysée les a laissés
14:08 fuiter, enfin, ou en tout cas
14:10 donner. - Oui, donc il faut faire très attention
14:12 dans cette période
14:14 très, très trouble,
14:16 où la moindre étincelle,
14:18 vous le voyez bien, déchaîne
14:20 quand même sur les réseaux sociaux,
14:22 beaucoup de critiques, de
14:24 rancœurs, de menaces.
14:26 Nos politiques n'osent même plus désormais
14:28 se déplacer en regard
14:30 des manifestations,
14:32 des casseroles, etc.
14:34 Le climat est tendu.
14:36 Tout le monde doit le reconnaître. Donc il faut quand même
14:38 attendre à ce que le service de
14:40 communication de l'Elysée fasse très attention.
14:42 Il y a des choses qu'il ne faut pas
14:44 faire en ce moment. Il ne faut pas
14:46 attiser. Alors pourquoi c'est fait ? Je ne sais pas.
14:48 Est-ce qu'il s'agit d'une incompétence
14:50 du service de communication ?
14:52 C'est possible. Peut-être de la maladresse.
14:54 Ou alors c'est peut-être un décrochage.
14:56 Aujourd'hui, on a peut-être
14:58 certaines parties
15:00 de nos élites qui sont
15:02 peut-être hors sol,
15:04 qui ne sont pas connectées au terrain,
15:06 qui ne rencontrent pas
15:08 les Français, la France,
15:10 les travailleurs, et qui n'arrivent
15:12 pas à prendre
15:14 en considération, parce qu'ils
15:16 ne le voient pas,
15:18 les problèmes, aujourd'hui, que partagent
15:20 l'ensemble de nos compatriotes.
15:22 - Adler Bonnel, vous avez fait, et l'image
15:24 vous connaissez, vous avez fait beaucoup d'images
15:26 dans le monde, encore une fois sur le front
15:28 des guerres, et je précise, vraiment, vous êtes
15:30 l'une des rares, enfin,
15:32 vous n'êtes pas si nombreuse
15:34 à faire ce que vous faites.
15:36 Vous disiez que l'image est très importante,
15:38 effectivement, que ce policier est
15:40 effectivement brûlé, c'est une image qui
15:42 passe, mais par rapport aux Gilets jaunes
15:44 que vous avez suivis en 2018, 2019
15:46 et aujourd'hui, vous pensez que
15:48 c'est une situation
15:50 qui ne va pas s'arrêter,
15:52 que se sont arrêtés les Gilets jaunes,
15:54 pour des raisons qu'on ne va pas évoquer ici, ce serait trop long,
15:56 mais, est-ce que vous pensez qu'on est passé
15:58 d'un cran, ou que c'est
16:00 réédition Gilets jaunes,
16:02 retour numéro 2 ?
16:04 - Je pense que ce n'est pas
16:06 un retour des Gilets jaunes, il ne faut pas le comparer.
16:08 Je vous dis ça parce que,
16:10 je vais prendre un exemple très simple,
16:12 aujourd'hui, on a les classes moyennes qui sont touchées,
16:14 les Gilets jaunes, c'était plutôt les classes précaires,
16:16 ou les retraités.
16:18 Là, ce sont les classes moyennes, ça se sent
16:20 à travers cette inflation, elles sont déjà
16:22 en train d'arbitrer
16:24 sur, est-ce que je consomme,
16:26 ou est-ce que je pars en vacances ?
16:28 Donc, il y a un malaise qui s'installe. - Est-ce que je mange,
16:30 est-ce que je passe en vacances, effectivement, ou presque ?
16:32 - Alors, les classes moyennes sont touchées, c'était pas le cas
16:34 pendant les Gilets jaunes, enfin,
16:36 moins. - C'est clair.
16:38 - On a, aujourd'hui,
16:40 il faut quand même, voilà,
16:42 ça choque, ça choque,
16:44 ça choque beaucoup de monde, mais,
16:46 les Français volent,
16:48 ils veulent nourrir, c'était pas le cas pendant les Gilets jaunes.
16:50 - On met des antivols,
16:52 vous savez, sur les sardines et des produits
16:54 dans les supermarchés, enfin, pas partout.
16:56 - Oui, non, mais c'est grave ce qui se passe.
16:58 Enfin, moi, je suis très inquiète,
17:00 très inquiète. Donc, vous voyez bien
17:02 qu'on ne peut pas comparer,
17:04 étant donné que ce ne sont plus les mêmes classes,
17:06 là, j'ose le dire,
17:08 le sentiment de pauvreté,
17:10 le sentiment de déclassement,
17:12 et le déclassement, c'est largement
17:14 élargi, et touche
17:16 quand même beaucoup plus de Français.
17:18 Donc, il faut déjà considérer cet aspect-là. Deuxième aspect,
17:20 on a un contexte
17:22 international extrêmement
17:24 inquiétant.
17:26 - Ah ben, ça, c'est le moins que je puisse dire, oui.
17:28 - Donc, ça fragilise également
17:30 l'aspect psychologique des Français.
17:32 Il faut considérer également
17:34 que les Français sortent de
17:36 la crise Covid, épuisés, fatigués,
17:38 avec un climat
17:40 de peur
17:42 psychologique qui les a
17:44 beaucoup fragilisés.
17:46 Donc, ils n'en peuvent plus.
17:48 Avec, ensuite, le sentiment
17:50 de ne pas être entendu,
17:52 écouté, ni représenté
17:54 par le gouvernement
17:56 et l'exécutif, tout ça,
17:58 tout ça ne donne
18:00 aucun signe.
18:02 Troisième facteur, quatrième, pardon,
18:04 la presse s'y mêle.
18:06 On a désormais unanimement la presse
18:08 qui est en train de dire "Malaise en France".
18:10 Ce n'était pas le cas pendant les Gilets jaunes.
18:12 On les appelait "les sans-dents". Vous vous rappelez ?
18:14 Moi, j'étais très choquée par ça.
18:16 Là, l'exécutif
18:18 se fait quand même critiquer par l'ensemble
18:20 de nos journaux que nous ne citerons pas.
18:22 Ce n'était pas le cas pendant les Gilets jaunes.
18:24 Donc, le climat a changé,
18:26 les médias ont changé, les médias
18:28 mainstream ont changé.
18:30 Et on a des images fortes qui sont
18:32 largement partagées sur les réseaux sociaux
18:34 qui vont graver les mémoires.
18:36 - Anne Lormonelle, vous allez filmer tout ça ?
18:38 Vous allez prendre votre caméra et filmer en France, sur ce qui se passe ?
18:40 - Oui, écoutez...
18:42 J'espère...
18:44 Je ne sais pas... Oui !
18:46 - Vous allez le faire quand même ?
18:48 - Oui, je vais le faire. Déjà, j'en parle, je l'analyse,
18:50 je le regarde, oui, je vais le faire.
18:52 - On va suivre tout ça et merci.
18:54 Merci de votre ressenti.

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