• il y a 3 mois
Avec Jean Quatremer, journaliste à Libération, correspondant européen

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##SUD_RADIO_VOUS_EXPLIQUE-2024-09-17##

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:037h40, de Que se passe-t-il à Bruxelles ?
00:07Jean Quatremer est avec nous, grand connaisseur des questions européennes, journaliste à Libération.
00:12Jean Quatremer, bonjour.
00:14Bonjour.
00:15Merci d'être avec nous, Jean.
00:17Thierry Breton a claqué la porte.
00:19Hier, il a démissionné.
00:21Démission fracassante de Thierry Breton.
00:24Claqué la porte, se disant désavoué par Ursula von der Leyen.
00:28Aujourd'hui, nous connaîtrons la composition de la Commission européenne.
00:33Stéphane Séjourné remplace Thierry Breton.
00:36Ça veut dire quoi ? Perte d'influence pour la France ?
00:40Au final, ça sera une perte d'influence pour la France.
00:44Mais s'il a claqué la porte hier matin, à la surprise générale, personne ne l'attendait.
00:49C'est parce qu'il savait que quelques heures plus tard, l'Elysée allait annoncer
00:53que Stéphane Séjourné, très très proche du chef de l'État,
00:57ancien ministre des Affaires étrangères inexistant, mais ce n'est pas grave,
01:01ancien patron des eurodéputés Renew au Parlement européen
01:08et toujours président du parti Renew, du président de la République, allait le remplacer.
01:16Donc, il a devancé l'appel.
01:18Pourquoi est-ce qu'il a devancé l'appel ? Pourquoi est-ce qu'il allait partir ?
01:21Simplement parce que Ursula von der Leyen n'en voulait pas.
01:24Pourquoi elle n'en voulait pas ? Parce que Thierry Breton lui résistait,
01:29l'avait critiqué, critiquait sa gouvernance dictatoriale.
01:32C'était une forte tête et Ursula von der Leyen ne supporte pas des fortes têtes.
01:37Et de l'autre côté, le président de la République, lui, s'était dit
01:40que ce serait pas mal de se débarrasser de Thierry Breton
01:43pour placer quelqu'un qui est en perdition.
01:45On va placer des copains qui ont cherché un travail
01:48et donc, il voulait propulser ces fins de sa journée.
01:51Donc, à la fois, la volonté d'Ursula von der Leyen de s'en débarrasser
01:55a rencontré le désir d'Emmanuel Macron de placer ses copains
02:00dépourvus désormais de travail à la suite du succès de la législative anticipée.
02:04Oui, genre à aucun moment, Emmanuel Macron n'a soutenu Thierry Breton.
02:08Alors, au tout départ, il l'a soutenu puisqu'il l'a nommé le 25 juillet dernier.
02:13Je veux dire, quand même, c'est quelqu'un qui a promis à Thierry Breton,
02:16oui, qui a officiellement affirmé que Thierry Breton repiquerait pour un second mandat,
02:21ce qui était l'excellent choix.
02:23Pourquoi ? Parce qu'un commissaire qui est reconduit pour un second mandat,
02:26surtout un commissaire français d'un grand pays,
02:29a forcément une influence énorme à Bruxelles.
02:32Ça devient vraiment le président bis de la Commission européenne.
02:35Donc, c'était le bon choix.
02:37Et puis, brutalement, il a changé d'avis.
02:39À quel moment ?
02:40À la fin du mois d'août, quand il s'est rendu compte que le matignon allait lui échapper,
02:45qu'il allait être obligé de nommer Michel Barnier.
02:48Et là, il s'est dit, il faudrait que j'ai quelqu'un à Bruxelles pour me passer les renseignements,
02:53à Bruxelles, pour que j'ai de l'influence encore après la nomination de Michel Barnier.
02:58Donc, oui, il l'a soutenu.
02:59Et en plus, il a violé sa parole.
03:01C'est ça qui est gravissime.
03:02On ne peut plus croire personne en politique.
03:05C'est terrible.
03:06Oui, c'est terrible.
03:07Vous avez entièrement raison.
03:08Thierry Breton, qui s'est battu contre les GAFA,
03:10qui faisait preuve de beaucoup d'indépendance, évidemment,
03:13qui était en opposition bien souvent avec Ursula von der Leyen,
03:17perte d'influence de la France,
03:20parce que, comme vous le disiez, Thierry Breton était un commissaire devenu influent.
03:26Aujourd'hui, présentation des futurs commissaires et de leur portefeuille,
03:31Thierry Breton était l'avocat d'une Europe souveraine aussi.
03:34Absolument.
03:36Et il a mis en haut de l'agenda, justement, la volonté française
03:41et la volonté d'Emmanuel Macron, qui était une vision juste de l'Europe,
03:45de renouer avec la souveraineté de l'Union européenne,
03:48mais dans tous les domaines.
03:49Dans le domaine de la fabrication des médicaments,
03:51la fabrication des armements,
03:53effectivement, la réglementation des entreprises numériques américaines
03:57qui font ce qu'elles veulent chez nous, etc.
04:00C'était cet avocat-là.
04:01Et pour imposer cette vision de l'Europe,
04:04effectivement, il a dû mener des bras de fer avec Ursula von der Leyen,
04:08qui n'est pas contre la souveraineté de l'Europe,
04:10mais qui n'aime pas une souveraineté européenne
04:12qui fasse de l'ombre aux Etats-Unis d'Amérique.
04:14C'est ça le problème fondamental d'Ursula von der Leyen.
04:17Elle est atlantiste, mais au mauvais sens du mot,
04:19c'est-à-dire alignée sur les Etats-Unis,
04:21et par réflexe, elle défend plutôt les Etats-Unis.
04:24D'ailleurs, hier, après la démission de Thierry Breton,
04:28qui s'est réjoui le plus fort ?
04:30C'est Elon Musk, avec lequel Thierry Breton était en guerre ouverte
04:34depuis plusieurs mois,
04:36parce que là, ils voient leur terrain de jeu se dégager.
04:39Ils vont pouvoir de nouveau se comporter
04:41comme ils sont toujours comportés en Europe,
04:43c'est-à-dire en terre conquise.
04:45Merci Jean Quatremer, merci pour cette analyse,
04:47excellente analyse ce matin sur l'antenne de Sud Radio.

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