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Chroniqueur : Jean-Baptiste Marteau 


Jean-Baptiste Marteau reçoit Jordan Bardella, président du Rassemblement national, dans Les 4 vérités. 

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Transcription
00:00 Bonjour Jordan Vandela.
00:04 Bonjour et merci de votre invitation.
00:05 Et merci d'avoir été avec nous ce matin pour les 81 mots des manifestations du 1er mai
00:10 pour commencer une journée de mobilisation très fort,
00:12 toujours principalement contre la réforme des retraites,
00:14 mais aussi marquée par énormément de violence, notamment contre des policiers.
00:18 Vous retenez quelle image de ces cortèges d'hier ?
00:20 D'abord permettez-moi d'avoir un mot de soutien aux policiers
00:24 qui ont été mobilisés hier, notamment face à l'ultra-gauche
00:26 et notamment à ces dix fonctionnaires de la République
00:28 qui ont été transportés à l'hôpital.
00:31 J'y ai vu des tentatives de meurtre contre les forces de l'ordre.
00:34 On a tous vu cette image où un CRS a été brûlé,
00:38 à la suite me semble-t-il d'un jet de cocktail Molotov,
00:40 par des milices antifa qui bénéficient depuis maintenant trop longtemps
00:43 d'une impunité de la part des gens qui sont au pouvoir
00:45 et qui viennent pourrir toutes les manifestations,
00:48 toutes les mobilisations sociales.
00:49 Donc il faut dissoudre les milices antifa.
00:52 Mais pourtant le préfet de police fait un maximum pour essayer de lutter contre ces milices.
00:55 Manifestement non.
00:57 Je pense que maintenant il faut sévir et qu'il faut une certitude des peines
01:00 et je pense qu'il faut des peines de prison fermes
01:03 lorsqu'on s'en prend aux forces de l'ordre.
01:05 Je veux dire l'atteinte à l'intégrité physique,
01:07 qui plus est lorsqu'elle concerne un fonctionnaire de l'État
01:10 et un fonctionnaire de la République française,
01:12 doit être beaucoup plus sévèrement sanctionné
01:15 et nous nous plaidons pour la sévérité la plus totale en la matière.
01:18 Donc il y a un acte administratif qui consiste à dissoudre les milices antifa
01:22 et puis deuxièmement il faut que la justice soit implacable
01:24 avec ceux qui touchent à des fonctionnaires de la République française.
01:26 Mais tous ceux qui ont été arrêtés ces dernières semaines,
01:28 c'est généralement qu'ils sont relâchés au bout de quelques heures
01:29 parce qu'il n'y a pas de preuves effectivement
01:31 qu'ils ont participé à tel ou tel acte contre des policiers.
01:33 Il y a différents niveaux de violence
01:34 mais quand on est face à des militants d'ultra-gauche
01:38 fichés pour radicalisation, parce que les policiers nous disent quoi ?
01:41 Moi j'ai discuté avec des policiers, ils nous disent "mais on les connaît,
01:43 ce sont systématiquement les mêmes, on connaît leur adresse,
01:46 la taille de leurs chaussures, leur domiciliation, leur casier judiciaire
01:50 et ce sont systématiquement les mêmes".
01:52 Or depuis des années le gouvernement et les précédents d'ailleurs
01:56 refusent la sévérité la plus totale avec l'ultra-gauche
01:59 donc il faut dissoudre ces milices ultra-gauche
02:01 et peut-être aussi réfléchir à la manière dont préventivement
02:04 aux abords des manifestations on peut interpeller des gens
02:06 qui viennent avec des sacs à dos remplis avec des haches,
02:09 des marteaux et de quoi fabriquer des cocktails Molotov.
02:12 L'autre image de ce 1er mai c'est donc des cortèges toujours très fournis,
02:14 principalement contre la réforme des retraites.
02:16 Est-ce que vous pensez sincèrement qu'on peut encore,
02:19 qu'il y ait une possibilité qu'Emmanuel Macron
02:20 retire ou abroge cette réforme des retraites ?
02:22 Vous y croyez sincèrement ?
02:25 Sincèrement non, je ne vais pas vous faire de la langue de bois.
02:28 Je pense qu'Emmanuel Macron n'écoute que lui
02:30 et qu'au fond on dira dans quelques années
02:33 qu'entre lui et le peuple français
02:35 c'était l'histoire d'une affection introuvable.
02:38 Je pense que beaucoup de Français ont le sentiment
02:40 qu'Emmanuel Macron n'aura jamais vraiment réussi à aimer les Français,
02:44 à comprendre leur souffrance, à comprendre leur colère
02:46 et surtout à épouser leurs espérances.
02:49 Or depuis maintenant plusieurs mois,
02:51 des Français de toutes horizons, de toutes origines sociales
02:54 manifestent du public, du privé
02:56 pour s'opposer à cette réforme des retraites.
02:58 Cette réforme des retraites, moi je dis aux Français,
03:01 il reste encore une arme et peut-être la plus utile
03:04 face à cette réforme comme face à toute la politique du gouvernement,
03:07 c'est de voter, c'est le bulletin de vote.
03:08 Dans un an il y a des élections européennes
03:10 et puis viendra le temps des élections présidentielles et législatives.
03:13 Donc en attente de 2027 on passe à autre chose ?
03:15 Ce n'est pas parce qu'Emmanuel Macron ne veut pas
03:17 dissoudre l'Assemblée nationale
03:18 qu'il ne peut pas y être contraint à un moment donné.
03:20 Vous voulez le contraindre à la dissolution ?
03:22 Je pense que si on est dans une crise de confiance aujourd'hui majeure
03:25 entre le peuple de France et Emmanuel Macron,
03:28 c'est probablement parce qu'Emmanuel Macron
03:29 cherche à contourner l'esprit de la Ve République.
03:31 Quand il y a une crise avec le peuple,
03:33 le peuple est la cour suprême en démocratie.
03:35 On revient devant le peuple par la dissolution de l'Assemblée nationale,
03:38 par le référendum, nous avions proposé que cette réforme des retraites
03:41 passe par référendum, soit soumise en tout cas au débat par référendum,
03:44 elle aura été à mon avis rejetée,
03:45 ou alors par la démission du président de la République
03:47 ou de la Première ministre, dont on a bien compris
03:49 qu'elle n'allait pas rester encore très longtemps.
03:50 Donc en attendant, il faut passer à autre chose,
03:52 il ne faut pas se concentrer, focaliser que sur la réforme des retraites.
03:54 Non, vous m'interrogez sur le tempérament d'Emmanuel Macron,
03:57 je pense que c'est un jusqu'au boutiste et qu'il ira jusqu'au bout.
03:59 Mais moi je dis aux Français, la mobilisation sociale elle est importante,
04:03 mais je veux juste leur dire, et c'est ce qu'on a cherché à dire d'ailleurs
04:06 dans ce grand discours du 1er mai et ce meeting que nous avons tenu au Havre,
04:09 c'est ne vous démobilisez pas parce qu'Emmanuel Macron
04:12 cherche à vous avoir à l'usure.
04:15 Mais on a le sentiment de gens qui ont perdu tout contact
04:17 avec les gens, tout contact avec la société, tout contact avec le réel.
04:20 Alors votre 1er mai au Rassemblement national,
04:21 Jordan Bardella, sans Jeanne d'Arc ou presque,
04:24 cette fois-ci vous étiez au Havre pour un meeting
04:26 que vous avez baptisé "Fête de la Nation".
04:28 Est-ce que c'était une provocation d'aller au Havre,
04:30 comme l'a dit notamment l'intersyndicale,
04:32 l'intersyndicale local qui parlait d'une provocation,
04:34 mais aussi Édouard Philippe, le maire de la ville, qui vous a répondu ?
04:37 Écoutez, c'est une bonne guerre démocratique avec Édouard Philippe
04:40 qui est maire du Havre.
04:41 On a décidé d'aller au Havre parce que le Havre c'est une ville ouvrière,
04:44 c'est une ville industrielle qui a une connotation très forte en la matière.
04:47 Regardez, vous avez dit "au Havre, on est chez nous",
04:48 il vous a répondu "mais bien sûr".
04:50 Enfin écoutez, le Havre, nous sommes des citoyens français,
04:53 le Havre c'est en France et il se trouve que dans cette région,
04:55 la Normandie, nous avons obtenu des députés aux dernières élections législatives
04:59 et que nous ne cessons, élection après élection,
05:01 de progresser à l'ouest de la France.
05:03 Et moi je suis venu dire à ce monde ouvrier, à ce monde industriel,
05:06 ce monde du travail, que nous sommes là pour les défendre,
05:10 nous sommes là pour les protéger.
05:11 La valeur travail aujourd'hui est attaquée,
05:13 elle est malmenée à gauche par ceux qui défendent le droit à la paresse
05:16 et puis bousculée par le gouvernement et cette réforme des retraites
05:19 qui était injuste et brutale.
05:20 Et surtout par le sentiment qu'ont beaucoup de gens aujourd'hui,
05:23 je crois que votre sujet l'illustre aussi assez bien,
05:25 que le travail n'est plus rémunéré à sa juste hauteur
05:28 et c'est la raison pour laquelle nous avions proposé aux chefs d'entreprise,
05:31 dans la présidentielle d'ailleurs notamment,
05:33 c'était dans le projet de Marine Le Pen,
05:35 d'augmenter tous les salaires de leur entreprise de 10%
05:37 et que la contrepartie, que ces 10% soient exonérés de cotisations patronales.
05:40 Parce que les gens ont le sentiment que tout augmente en fait, sauf les salaires.
05:42 Alors justement, on va y venir.
05:43 C'est vrai que l'économie, c'est peut-être le point sur lequel
05:46 votre projet est le plus décrié,
05:48 sur lequel vous n'arrivez pas encore à convaincre les Français,
05:50 les études d'opinion le montrent.
05:51 Par exemple hier, vous parliez des 10% d'augmentation de salaire.
05:54 Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT qui était à votre place,
05:56 disait mais elle vous accuse d'imposture sociale,
05:59 soulignant par exemple que vous aviez voté contre l'augmentation du SMIC
06:02 à 1 500 euros à l'Assemblée nationale
06:03 ou encore que vous étiez contre l'indexation des salaires sur l'inflation.
06:06 Non mais, Madame Binet fait de la politique.
06:11 Moi ce que je sais, c'est que Madame Binet, en revanche,
06:13 rien de ce qui est dit est vrai.
06:14 En revanche, ce qui est vrai, c'est qu'elle a fait voter avec son syndicat,
06:17 en tout cas avec la direction de son syndicat,
06:18 pas avec les adhérents, pour Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle.
06:22 Donc ça fait, c'est vrai, une différence de fond.
06:24 Vous savez, le Rassemblement national et Marine Le Pen lors de la présidentielle
06:27 étaient en tête chez les ouvriers et chez les employés
06:30 au premier tour de l'élection présidentielle.
06:31 Ce qui veut donc dire que le grand mouvement politique
06:34 qui défend le monde du travail,
06:35 qui défend les conditions de vie au travail,
06:37 qui défend une augmentation des salaires,
06:39 qui défend aussi une baisse des dépenses contraintes,
06:41 parce que quand vous devez mettre une grande partie de votre salaire
06:44 dans l'augmentation des prix des carburants,
06:47 dans l'augmentation de la facture d'énergie,
06:49 dans l'inflation alimentaire,
06:50 eh bien c'est vrai qu'on a le sentiment que le travail n'est plus rémunéré à sa juste valeur.
06:54 Moi je crois dans le travail,
06:55 et je pense que le Rassemblement national porte cette grande idée du travail
07:00 comme émancipation et surtout comme un moyen de dignité.
07:02 Et pour cela, il faut qu'il soit rémunéré à sa juste valeur.
07:04 Vous voyez, par exemple, nous nous défendons la baisse de la TVA sur le carburant,
07:08 parce qu'il y a beaucoup de Français qui, dans la ruralité,
07:11 quand ils vont travailler, eh bien sont pénalisés par un carburant à 2 euros.
07:14 Le gouvernement n'agit pas,
07:15 et nous nous proposons de baisser la TVA de 20% à 5,5%.
07:19 Il faut donner de l'oxygène à l'économie française.
07:20 Et autre exemple, quand vous proposez un panier effectivement de 100 produits
07:23 où la TVA serait à 0%.
07:25 Déjà c'est contraire aux règles européennes pour l'instant.
07:28 Ça coûterait 10 milliards d'euros à l'État d'Ibercie
07:30 pour un gain de 13 euros en moyenne par Français.
07:33 C'est Bruno Le Maire qui le dit et les études de Bercy.
07:34 Vous croyez encore dans la crédibilité de M. Le Maire ?
07:36 Parce que ces gens-là se sont présentés un peu comme des Cador et des Mozart de la finance.
07:39 Ils nous ont fait en 5 ans 600 milliards d'euros de dettes supplémentaires.
07:43 Donc ceux qu'on nous a vendus comme les premiers de la classe en économie
07:45 sont plutôt premiers de la classe mais en partant du fond.
07:47 Moi ce que je constate, c'est qu'il y a des pays en Europe
07:50 qui sont dans l'Union européenne, qui respectent les règles européennes,
07:53 comme l'Espagne par exemple,
07:54 et qui ont supprimé la TVA de tous les produits de première nécessité.
07:58 Le riz, les pâtes, les produits hygiéniques pour les femmes,
08:01 c'est des produits sur lesquels on peut agir immédiatement par une baisse de taxe.
08:04 Et puis je pense qu'il y a une vraie question structurelle
08:06 qui est celle qui est à mon avis nécessaire,
08:08 qui est de rouvrir exceptionnellement,
08:10 compte tenu de cette inflation alimentaire record,
08:13 les négociations commerciales.
08:14 Les prix dans les grandes surfaces sont fixés entre le mois de décembre
08:18 et la fin du mois de février, le début du mois de mars,
08:21 ils sont fixés une fois par an,
08:22 sauf qu'ils sont fixés sur les prix de l'an dernier.
08:24 Or les matières premières ont baissé de manière significative depuis un an,
08:28 mais ça ne se répercute pas sur les prix.
08:29 Donc je pense que les fournisseurs et la grande distribution,
08:32 dont certaines boîtes ont quand même fait de très très gros profits,
08:35 voire même des profits qui sont indus de la stratégie d'investissement de l'entreprise,
08:39 eh bien doivent pouvoir être mis à contribution
08:41 et faire aussi un effort en ce sens,
08:44 parce qu'encore une fois les gens sont pris à la gorge.
08:46 Et moi je veux dire, tous les jours on a des gens qui nous disent
08:49 "mais on n'arrive plus à boucler les fin de mois,
08:51 on doit limiter nos déplacements parce que l'essence est trop chère,
08:55 on doit limiter ce qu'on achète dans notre panier parce que l'alimentation est trop chère".
08:59 Je veux dire, il y a des mesures qui sont prises partout en Europe,
09:01 regardons ce qui se fait ailleurs,
09:02 plutôt que d'être enfermé dans le clair obscur de l'Elysée
09:06 et de ne pas regarder ce qui se fait ailleurs dans le monde.
09:07 Rapidement un mot d'écologie, Marine Le Pen en a beaucoup parlé hier dans son discours,
09:10 elle a dit notamment que tout devait être fabriqué sur place.
09:13 Est-ce que le programme du Rassemblement National…
09:14 Ce qui est raisonnablement possible.
09:15 Oui mais ça doit se limiter à ce que vous appelez le localisme,
09:17 justement dans la dernière campagne présidentielle,
09:19 dire juste "on va fabriquer un maximum sur place",
09:21 on sait que ce n'est pas possible pour tout.
09:22 Est-ce que ça doit se limiter à ça, le programme écologique du Rassemblement National ?
09:25 Mais il ne se limite pas à ça, c'est un modèle de société beaucoup plus global
09:28 et je pense qu'on est peut-être les plus écologistes de la classe politique aujourd'hui
09:33 parce qu'on a conscience que ce grand déménagement du monde
09:35 qui vise à les faire produire en Chine par des esclaves
09:39 pour revendre en Europe à des chômeurs pour ensuite aller retraiter en Chine,
09:42 ça c'est le modèle des ultralibéraux, il est catastrophique pour la planète.
09:45 Le Haut Conseil pour le Climat nous a rappelé que la moitié des émissions de CO2 de la France
09:50 étaient liées à nos importations.
09:52 Donc on doit pouvoir, par le patriotisme économique,
09:55 produire chez nous tout ce qu'on peut raisonnablement produire.
09:57 Donc on arrête toutes les importations qu'on ne peut pas faire.
09:59 Je pense que la survie de l'environnement et le réchauffement climatique,
10:03 c'est l'un des grands enjeux de notre génération aussi
10:06 et je pense qu'il y a mille et une mesures à prendre.
10:10 Les efforts dans la rénovation thermique des bâtiments pour faire baisser aussi la facture des ménages
10:14 sont très importants.
10:16 Et puis je pense que la vraie urgence climatique qui vient pour l'été,
10:19 c'est évidemment la question de l'eau, la gestion de l'eau.
10:22 Et c'est vrai qu'en la matière, il y a des pays qui par exemple ont misé sur la désalinisation,
10:26 quand on a le deuxième espace maritime au monde, c'est peut-être un projet dans lequel la France pourrait innover.

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