Sébastien Folin : "La Réunion indépendante n’aurait pas les moyens"

  • l’année dernière
Avec Sébastien Folin, Animateur - Producteur

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##SUD_RADIO_MEDIA-2023-05-09##
Transcript
00:00 10h10h30 Sud Radio Média
00:03 Et on est ravis avec Gilles Gansman, bonjour Gilles.
00:06 Bonjour Christine, je suis content de vous voir pour les vacances de Valérie.
00:09 Exactement, elle en profite et tant mieux.
00:11 Et on est ravis également de recevoir aujourd'hui notre invité Sébastien Follin.
00:15 Bonjour Sébastien.
00:16 Bonjour.
00:17 Mais vous êtes en vie ?
00:18 Pourquoi est-ce que vous me posez cette question ?
00:19 Parce qu'on ne vous voit plus moi, je trouve qu'on ne vous voit plus.
00:21 Ah oui, mais vous savez, ma femme et mes voisins me voient cette semaine.
00:24 Bonne réponse, bravo, ça s'est fait.
00:27 Merci d'être là Sébastien Follin, vous présentez un documentaire,
00:31 alors je vais essayer de ne pas...
00:34 Zizkakan.
00:35 Zizkakan, voilà c'est ça.
00:36 Comme c'est écrit.
00:37 Une révolution créole, c'est un documentaire que vous faites pour France Télévisions,
00:41 visible en replay également sur le site de France 3.
00:45 Et France.tv.
00:47 Et France.tv, c'est ça les deux plateformes.
00:49 On peut aller sur, si vous avez Fru ou Canal, vous allez sur le site de France 3.
00:53 Oui alors faites-nous un petit check-in parce que...
00:55 Les gens autour de moi me disent "oui vous parlez de vos machins"
00:58 mais tout le monde n'est pas forcément au fait de tout ça.
01:00 Si vous avez un ordinateur et vous tapez France.tv,
01:03 et vous avez le replay, vous allez sur France 3,
01:07 vous allez dans la case documentaire,
01:09 ou vous allez sur votre navigateur...
01:12 Classique.
01:13 Enfin sur votre télévision, sur votre box,
01:16 et dans votre box vous allez dans les replays,
01:18 et puis dans les replays vous allez dans France 3 et dans la case documentaire.
01:21 C'est comme ça que je l'ai regardé.
01:23 Parce qu'il a été diffusé le 2 mai.
01:26 Le 1er mai.
01:27 Mais c'est pareil.
01:28 Premier ou deux...
01:29 Il a été diffusé.
01:31 Mais vous pouvez aller le regarder,
01:33 et puis on va en parler avec notre invitée.
01:35 Elle est en vie.
01:36 Est-ce qu'on commence par la question du jour, Gilles ?
01:38 Il n'y a plus de question du jour.
01:39 Donc ça j'oublie, d'accord, voilà.
01:41 Ah bah il faut reprendre les règles,
01:43 mais on va passer au zapping, non ?
01:45 SUD RADIO MÉDIA
01:48 L'instant zapping.
01:50 Emmanuel Macron, I'm Paul, I'm some cowboy.
01:53 Je suis un cowboy tout seul, abandonné,
01:55 comme Lucky Luke sur les Champs-Elysées, vide.
01:58 Et forcément sur BFM, quand il y a du vide,
02:00 on commente le vide, puisqu'il n'y avait personne à interviewer.
02:02 Voici du vide.
02:03 Anne-Sophie, vous allez voir passer dans quelques instants le convoi du président.
02:08 Oui, tout à fait.
02:09 Moi je vais le voir passer,
02:10 mais par contre le public risque de ne pas le voir passer,
02:12 tout simplement parce qu'il y a un important dispositif de sécurité.
02:16 Il y a vraiment beaucoup de contrôles,
02:18 et le public n'a pas le droit de trop s'approcher.
02:20 Alors actuellement, quand vous regardez les Champs-Elysées,
02:23 on voit que c'est complètement vide,
02:25 et on voit ce cortège tout au bout,
02:27 qui est en train de remonter vraiment de très loin ces Champs-Elysées.
02:31 Voilà, elle commentait un cortège qu'on voyait à l'image.
02:34 Donc tout ça a été formidable, ça vous a fait rire ?
02:37 Ah bah oui, j'adore cette idée de vide perpétuel.
02:41 On commente quand même beaucoup de vide.
02:43 Évidemment, ce week-end, c'était le couronnement du roi Charles,
02:47 qui faisait la gueule, je sais pas si vous avez vu.
02:49 Ah il a fait la gueule toute la semaine.
02:51 Ah non, il était concentré.
02:53 Oui, on voyait qu'il n'avait pas beaucoup de plaisir.
02:56 Cela dit, il sourit, il faut qu'il soit sérieux, il est monarque.
02:59 Ça valait le coup d'être impatient.
03:01 Mais du coup, les journalistes sur place,
03:03 et c'est Quotidien qui l'a remarqué,
03:05 ils en ont quand même profité pour faire leur emplette,
03:07 petit montage savoureux de Quotidien.
03:09 L'objet indispensable, la couronne.
03:12 La teacup à l'effigie du roi.
03:14 Cette petite boule, c'est la bière spécialement brassée ici.
03:18 C'est un flacon qui s'ouvre par le sommet.
03:21 Les programmes télé de la semaine.
03:23 Nous avons ce petit thé qui est prêt.
03:25 Ces gâteaux exceptionnels, 100% made in England.
03:28 C'est long, 4 heures.
03:30 Nous sommes dans une calèche.
03:32 Et vous allez circuler à bord d'un taxi électrique.
03:34 Je vais d'abord regarder ces trolls, sont de la choisie blanche aujourd'hui.
03:36 Qui dit Londres, dit forcément bus.
03:38 Une petite balade sur la Tamise, tout ça rien que pour vous.
03:40 Ce sidecar là, il est 100% british.
03:42 Je suis avec le sosie de Camilla.
03:45 D'accord.
03:47 On ne vous fait pas l'affront de vous montrer le sosie de Camilla.
03:49 Le sosie de Camilla.
03:51 Mais oui, vous y ressemblez d'ailleurs un peu à Camilla.
03:53 Ah bah c'est gentil.
03:54 C'est gentil, mais on n'a pas le même âge.
03:56 Non, vous êtes un peu ma queen.
03:58 Vous avez regardé, non ? Vous étiez à l'étranger ?
04:00 Et tant mieux.
04:01 Oui.
04:02 Pour toi, rien de ça ?
04:03 Non, choqué, non.
04:04 Ça me choque pas.
04:05 Une grande indifférence.
04:06 Et puis je trouve ça d'un autre temps.
04:08 Ça ne m'intéresse absolument pas.
04:09 On a passé pendant un mois en train de parler en France quand même,
04:12 qui n'est pas du tout concernée par la royauté de la mort de la reine.
04:16 Je trouvais ça exagéré.
04:18 Et puis là, toutes les chaînes en direct, en tout cas moi ça me...
04:20 Oui, mais c'était en direct sur les chaînes du monde entier.
04:24 Tout à fait.
04:25 Alors qu'elles soient en direct sur les chaînes du Commonwealth, je peux le comprendre,
04:28 puisque ce sont tous des sujets de la majesté et du roi.
04:32 Bah oui, en tout cas, ce sont tous selon le statut du Commonwealth.
04:36 Moi franchement, ça ne m'intéresse absolument pas.
04:38 Vous trouvez ça indécent de voir les dorures, l'argent,
04:42 puisque vous êtes quand même quelqu'un d'engagé dans beaucoup d'associations.
04:45 Je trouve que c'est assez décalé, vu la manière dont le monde se porte actuellement,
04:50 d'avoir cette espèce d'exposition d'argent pour le couronnement d'un roi.
04:56 En sachant qu'il y a eu ce débat en Grande-Bretagne,
04:59 sur le paradoxe entre le coût de ces cérémonies
05:03 et ce que, éventuellement, la crise économique qui touche le pays.
05:07 Il y a aussi ce débat chez eux.
05:09 Alors, une petite séquence que j'ai repérée,
05:11 qui va vous faire parler, peut-être en bien, peut-être en mal,
05:14 mais dimanche, ce dimanche, TF1, dans la matinée de "T'es fou" des dessins animés,
05:19 il y a eu un événement dans les Miraculous, qui est un dessin animé à succès.
05:23 Il y a une fille qui a déclaré son amour à une autre fille.
05:27 Est-ce que c'est le mouvement LGBT qui rentre dans les dessins animés ?
05:32 Certains ont été choqués, d'autres pas.
05:34 Je vous donne l'extrait et je vous laisse réagir après.
05:37 Mais... Mais c'est pas Adrien que j'aime.
05:40 Oh ! Mais qui alors ?
05:42 Oh !
05:44 Oh... Je suis extrêmement flattée.
05:47 Sincèrement, Zoué.
05:49 J'ai eu envie de te dire ce que je ressentais pour toi dès notre première rencontre,
05:52 mais comme tu es folle amoureuse d'Adrien,
05:54 je me disais que ça ne servirait à rien et que ça gâcherait notre relation.
05:58 Et pourtant, je viens de te le dire, et ça ne change strictement rien entre nous.
06:02 Mais ça change absolument tout pour toi.
06:04 T'avais raison, on peut dire à quelqu'un qu'on l'aime sans que ça gâche tout.
06:08 C'est bien d'avoir une fille qui aime une autre fille dans un dessin animé pour les enfants ?
06:13 C'est surtout totalement un débat d'arrière-garde d'être choqué par ça.
06:18 Ça fait des années que dans la fiction, dans les dessins animés...
06:20 Moi, quand je regardais les dessins animés américains avec mes gosses,
06:23 quand je dis "américains", je ne les regardais pas en anglais.
06:25 C'est traduit en français sur les différentes chaînes.
06:27 Il y avait des couples mixtes, des couples gays, des "friends".
06:31 Quand même, Ross se fait plaquer par Carole parce qu'elle est partie avec une autre nana.
06:37 Ils ont déjà un enfant ensemble.
06:39 On peut dire que les dessins animés doivent rester innocents par rapport aux enfants.
06:42 Mais pourquoi innocents ? Qu'est-ce qu'il y a de...
06:44 Qu'ils ne soient pas innocents ?
06:46 Je suis désolé, je suis un peu jet-lagué, j'ai pas le contraire d'innocent.
06:50 Qu'est-ce qu'il y a de choquant à ça ?
06:52 C'est-à-dire qu'on parle juste d'amour ?
06:55 Ça, au moins, ça permettra à des enfants qui ne sont pas sûrs
06:59 de savoir s'ils aiment les filles ou les garçons,
07:01 qui ne sont pas très à l'aise avec ça,
07:03 de pouvoir s'identifier.
07:05 Il y a énormément d'enfants homosexuels qui sont rejetés par leur famille,
07:10 qui, aujourd'hui, même parfois, il y a des suicides à cause de ça.
07:13 Si ça peut sauver des enfants, le permettre d'être mieux dans leur peau.
07:16 Je ne pense pas que le fait de voir un dessin animé
07:20 où on voit un garçon et un garçon, ou une fille et une fille,
07:23 ou toute autre forme par rapport à son identité d'expression,
07:27 se comporter différemment de cette norme qui est imposée par la société,
07:31 fera que l'enfant va aller dans ce sens-là.
07:34 Il y a une espèce de débat absurde de dire
07:37 "oui, je ne vais pas montrer des gays à mes enfants parce qu'ils vont devenir gays".
07:40 Et quand bien même.
07:42 C'est quoi le problème, au fond ?
07:44 On ne parle que d'amour ?
07:45 Oui, on peut aussi les laisser grandir dans une innocence d'enfant
07:50 et qu'ils se rendent compte de ce qu'ils aiment un peu plus tard.
07:52 Oui, mais ils le savent.
07:54 C'est-à-dire que ce n'est pas un choix.
07:56 Quand arrive l'adolescence et qu'il y a cette espèce de mal-être qui est propre à tous,
08:00 qu'on soit garçon, fille, hétérosexuel, homosexuel, ou autre,
08:06 il y a bien besoin, à un moment donné, de réussir à trouver une espèce de bouée
08:11 et de savoir où s'accrocher.
08:13 Et la vraie difficulté, c'est que dans notre pays,
08:15 on est comme dans notre pays, dans la société en général,
08:17 on est dans quelque chose d'extrêmement très normé,
08:19 plutôt d'ailleurs masculin.
08:21 Donc, comment s'y retrouver là-dedans ?
08:23 C'est important qu'à un moment donné,
08:25 dans les dessins animés, de manière totalement...
08:27 En plus, c'est fait de manière totalement innocente, ce que j'ai entendu.
08:29 Oui, parce que dans le texte, on n'est pas sur de...
08:31 Ce n'est pas trash.
08:33 C'est pas trash, c'est les miracules du cinéma.
08:35 Et puis franchement, les gamins aujourd'hui,
08:37 avec les réseaux sociaux et les plateformes d'extrême-vie...
08:39 Il y a plus de dangers, là.
08:41 Oui, et puis avant de parler de dangers, oui, il y a des dangers,
08:43 mais ils ont accès à toutes les informations qu'ils veulent
08:45 en dehors de nous-mêmes.
08:47 Rappelez-vous comment vous étiez quand vous étiez adolescent.
08:49 Vous ne disiez pas tout à vos parents.
08:51 Colin, vous étiez en vacances.
08:53 Vous aussi, je sais que vous aussi,
08:55 vous étiez à l'étranger.
08:57 Ma chère Christine, vous avez raté
08:59 l'événement le plus important de la télé.
09:01 Mazinger, avec l'invité
09:03 le plus fort qu'ils ont jamais eu,
09:05 car derrière le homard...
09:07 Chéri...
09:09 Le homard ?
09:11 Allez-y, allez-y.
09:13 Vous savez qui se cachait derrière le homard ?
09:15 Non, c'était une totale surprise.
09:17 Mesdames et messieurs, dans un instant,
09:19 ça va commencer.
09:21 C'est toujours la même histoire depuis...
09:23 Si c'est la voix que je pense avoir reconnue
09:25 en chantant...
09:27 C'est pas vrai !
09:29 Premier démasquage,
09:31 Laurent Ruquier.
09:33 Bonjour Max.
09:35 On vient de démasquer l'homme le plus connu depuis 5 saisons
09:37 dans Mazinger.
09:39 Je suis tellement content de les avoir piégés.
09:41 Laurent Ruquier.
09:43 De France 2.
09:45 Alors il a dit qu'il n'avait pas prévenu sa direction
09:47 mais que d'après lui,
09:49 Delphine Ernotte,
09:51 elle va s'en foutre de lui.
09:53 Je reprends un peu ses propos.
09:55 C'est pour dire les bonnes relations qu'il a avec France Télévisions.
09:57 Mais il a dit qu'il avait 60 ans,
09:59 qu'il avait envie de s'amuser
10:01 et ensuite il est devenu
10:03 juré dans l'émission.
10:05 C'était assez étonnant de voir sur TF1
10:07 Laurent Ruquier dans le homard.
10:09 Vous n'avez pas proposé de faire Mazinger ?
10:11 Non.
10:13 J'avais proposé, c'était quoi ?
10:15 Quand ils mettaient les personnalités à poil.
10:17 Ah bon ?
10:19 Ah oui, contre le cancer.
10:21 Oui.
10:23 C'est marrant, j'ai dit non.
10:25 Pourquoi ?
10:27 Parce que je n'avais pas très envie d'aller me mettre
10:29 tout nu à la télévision.
10:31 Il y avait des choses à cacher ?
10:33 Énormément, vous n'imaginez même pas.
10:35 Dimanche, c'était The Crown Party.
10:37 Donc après le couronnement,
10:39 il y a eu un concert où c'était la fête.
10:41 Ça s'est dandiné dans les robes de soirée
10:43 et ce All Night Long avec Lionel Richie
10:45 qui a chanté en live.
10:47 Voilà le grand show
11:09 à l'américaine.
11:11 En Angleterre.
11:13 Pour le roi Charles III qui doit venir en France.
11:15 Je rappelle le courant du mois de juin.
11:17 Ah bon ?
11:19 C'est pas en septembre ?
11:21 Ça a été décalé en septembre.
11:23 On ne connait pas l'année encore.
11:25 Cela dit, nous on a
11:27 Sébastien Follin.
11:29 Je m'appelle Emmanuel.
11:31 C'est pour énerver nos auditeurs.
11:33 Sébastien Follin, notre invité.
11:35 Avec vous Gilles Gansman.
11:37 On vous retrouve sur Sud Radio.
11:39 À tout de suite.
11:41 Sud Radio Média, l'invité du jour.
11:43 C'est Sébastien Follin, notre invité.
11:45 Ce matin, avec vous Gilles Gansman,
11:47 Sébastien Follin, vous signez ce documentaire
11:49 "Jusqu'à quand, une révolution créole"
11:51 visible sur les plateformes
11:53 de France Télévisions.
11:55 Ce film est raconté par
11:57 le génial garçon qui est Abdalmalik
11:59 évidemment, sur une idée
12:01 originale de Maya Kamati.
12:03 C'est un retour, alors pas aux sources.
12:05 C'est pas comme ça qu'on peut
12:07 présenter les choses, Sébastien.
12:09 C'est une poursuite du retour aux sources, non ?
12:11 - Oui, pour moi, oui.
12:13 En tout cas, je m'intéresse à l'histoire de mon île.
12:15 La réunion à travers l'histoire d'un groupe
12:17 qui s'appelle ZizkaKan, qui est né dans les années 70.
12:19 1979 exactement.
12:21 Et je retrace le parcours de ce groupe de militants.
12:23 C'est aujourd'hui un groupe de musique,
12:25 à l'origine...
12:27 Excusez-moi. A l'origine, c'était un
12:29 collectif d'artistes, d'intellectuels,
12:31 de musiciens, qui
12:33 c'est la première génération
12:35 de personnes à la réunion à être éduquées
12:37 à avoir fait des études secondaires.
12:39 Et donc, on est en pleine...
12:41 On est...
12:43 La réunion est département depuis 1946.
12:45 Mais
12:47 totalement déconnectée
12:49 de la France métropolitaine
12:51 au niveau social. Il y a une
12:53 grande misère sociale, une grande misère intellectuelle
12:55 et surtout un effacement et un
12:57 bafouement de l'identité créole.
12:59 Il y a une vraie acculturation. Et donc, ces jeunes
13:01 vont dire non, ils vont dire stop.
13:03 Le créole n'est pas reconnu
13:05 dans l'espace public. Il y a vraiment
13:07 cette acculturation et cette aliénation
13:09 culturelle. Et ils vont prouver
13:11 avec leur art et avec leur prise de parole
13:13 que le créole peut être une belle langue.
13:15 Donc, ils ont commencé à faire des recherches sur l'écriture
13:17 en créole. Ils ont fait de la musique
13:19 en créole pour faire des revendications
13:21 sociales. Et 40 ans
13:23 après le début de ce mouvement,
13:25 le Malouya, qui était la musique clandestine
13:27 qu'ils ont mise en avant...
13:29 - Qui les portait, ouais. - Aujourd'hui, il est reconnu
13:31 au patrimoine mondial de l'UNESCO. Et le créole
13:33 est aujourd'hui enseigné à l'école. Donc, on voit bien
13:35 le travail qu'ils ont opéré pendant ces 40 ans
13:37 de militantisme. - Pourquoi c'est important
13:39 de parler créole ?
13:41 - Parce que c'est la langue de l'intime
13:43 de toute une population. Donc,
13:45 ce que disent les militants dans le film,
13:47 ils disent qu'ils n'ont jamais demandé à ce que ce soit
13:49 exclusivement du créole. Nous, on n'a
13:51 aucune... Enfin, en tout cas, moi je parle
13:53 en mon nom et je pense que c'est ce qu'ils
13:55 revendiquent également. Ils n'avaient
13:57 aucune revendication pour rejeter
13:59 la France. C'est français et créole.
14:01 Et le créole est la langue de l'intime.
14:03 Donc, à un moment, c'est important de pouvoir
14:05 exprimer réellement ce que vous pouvez
14:07 ressentir dans la langue maternelle.
14:09 - Oui. D'être appuyé
14:11 par Abdelmali, qui est un amoureux des mots,
14:13 de la langue française, mais pas que de la langue
14:15 française aussi. Ça dit beaucoup de ce...
14:17 de cette volonté que vous avez, justement,
14:19 de faire émerger
14:21 cette culture créole.
14:23 - Tout à fait. Et ça donnait
14:25 une dimension universelle. C'est-à-dire que le combat
14:27 de ces militants, comme le combat de Malik,
14:29 est sur le terrain de la culture.
14:31 C'est un combat pacifique, un combat esthétique. C'est-à-dire
14:33 qu'on était quand même dans une période à La Réunion
14:35 extrêmement violente, politiquement et socialement.
14:37 Et eux, ils n'ont pas pris les armes. Ils ont
14:39 pris la plume, ils ont pris les pinceaux,
14:41 ils ont pris les guitares pour exprimer
14:43 de manière violente, parfois, dans les propos.
14:45 Mais ça restait quand même sur le terrain de la culture
14:47 et de l'art. - Mais est-ce que La Réunion indépendante
14:49 avait les moyens de vivre
14:51 sans la France ? - La Réunion indépendante
14:53 aujourd'hui n'aurait absolument pas les moyens.
14:55 Elle avait peut-être les moyens au moment des indépendances.
14:57 Il y a eu, en 1946,
14:59 quatre députés, dont
15:01 Aimé Césaire, Raymond Vergès,
15:03 Gaston Monnerville, qui ont trouvé,
15:05 qui sont glissés dans
15:07 un interstice qui était le moment
15:09 de la reconstruction de la France. Et ils
15:11 se sont dit "on va proposer que la France,
15:13 que La Réunion, La Martinique,
15:15 La Guadeloupe et La Guillame soient départements français".
15:17 Et c'est à ce moment-là que c'est arrivé.
15:19 - Est-ce que quand on vit là-bas,
15:21 on se sent français ? Est-ce qu'on a une
15:23 connexion avec la métropole ?
15:25 - On est en France, oui. C'est-à-dire, pardon, je vous ai
15:27 interrompu. - Non, non, non, je vous écoute.
15:29 - On est en France, vous arrivez à La Réunion, c'est un département
15:31 français comme un autre. Donc oui, on se sent
15:33 français, mais en même temps, l'éloignement
15:35 fait que, parfois,
15:37 on ne se sent pas français à part entière,
15:39 mais entièrement à part. On est,
15:41 on se sent plutôt éloigné,
15:43 et puis on le voit bien, les minima sociaux ont été
15:45 alignés sur la France en 1996,
15:47 50 ans après la départementalisation.
15:49 Donc, il y a bien
15:51 un petit côté France
15:53 de l'étranger, France
15:55 de loin. Et ce qui est amusant, ce qu'on
15:57 voit tous les 5 ans, c'est tous les
15:59 candidats qui viennent se relayer
16:01 sur l'île et dans les autres départements
16:03 en disant "mais vous êtes français, on vous adore",
16:05 en faisant des grandes promesses, et puis après, pendant
16:07 5 ans, on n'en entend plus parler. - Oui, mais parlez-nous
16:09 de votre île, de cette île de La Réunion, qui est
16:11 une île merveilleuse. Alors, beaucoup la connaissent parce que
16:13 on a l'occasion
16:15 d'y aller peut-être en vacances,
16:17 c'est une petite dizaine d'heures
16:19 d'avion, mais
16:21 c'est un mélange de cultures
16:23 absolument incroyable. - C'est ce que je raconte
16:25 dans le film, c'est-à-dire que...
16:27 - Sur cette petite île, ce caillou.
16:29 - C'est une île qui a une singularité, il y en a
16:31 peu dans le monde, il y a Maurice qui est identique,
16:33 Rodrigue également, nous sommes les 3 îles des masques à règne.
16:35 Le Cap-Vert, plus
16:37 même pas Sao Tome
16:39 et Principe,
16:41 je suis même pas sûr que ce soit pareil, mais en tout cas, le Cap-Vert,
16:43 en fait, on était des îles vierges avant le début
16:45 de la colonisation,
16:47 c'est-à-dire qu'en 1664,
16:49 quand l'île a été pour la première fois
16:51 habitée, il y a eu quelques Français qui sont
16:53 arrivés, quelques femmes malgaches
16:55 et ça a été les premiers à habiter l'île.
16:57 Et donc, tous ceux qui sont réunionnais
16:59 sont descendus d'un bateau un jour, dans des conditions
17:01 parfois différentes, évidemment,
17:03 il y a d'un côté ceux qui sont arrivés
17:05 et qui étaient réduits à l'esclavage, et puis les autres qui étaient
17:07 soit des petits colons, soit
17:09 ceux qui sont devenus les gros propriétaires.
17:11 Et donc, c'est une île qui est faite
17:13 d'amour, de sang et de larmes.
17:15 Et c'est ça la composition de la créolité.
17:17 Et on présente souvent la Réunion comme étant
17:19 un exemple de vivre ensemble, alors oui,
17:21 en effet, il y a une espèce de
17:23 syncrétisme, il y a quelque chose
17:25 de très fort en termes de tolérance des autres
17:27 religions, et un vrai métissage
17:29 qui s'est opéré. Mais dans ce métissage, il y a
17:31 en effet toute l'histoire de l'esclavage
17:33 et de l'engagisme. Et ce que j'exprime
17:35 dans ce film, c'est qu'on ne nous raconte
17:37 pas assez notre histoire en tant que réunionnais
17:39 et l'esclavage
17:41 a pris fin en 1848.
17:43 C'est-à-dire que 1848,
17:45 si vous regardez, ça fait
17:47 180 ans. Six générations.
17:49 L'engagisme qui a
17:51 succédé à l'esclavage,
17:53 c'est-à-dire qu'il y avait
17:55 des personnes qui venaient d'Inde, du
17:57 Mozambique, qui venaient d'Afrique, qui venaient de Madagascar,
17:59 des rodrigués qui venaient, qui étaient
18:01 engagés, et qui évidemment
18:03 avaient des conditions proches
18:05 de celles des esclaves, si ce n'est que la vraie différence, c'est qu'ils avaient
18:07 une identité, et qu'ils étaient payés. Sauf que
18:09 ce qu'ils étaient payés était repris de l'autre main
18:11 par le propriétaire, qui leur prenait cet argent
18:13 pour les nourrir et pour les loger.
18:15 Cet engagisme a pris fin en 1938.
18:17 1938,
18:19 c'est-à-dire deux générations.
18:21 Et les dernières personnes à être,
18:23 à avoir vécu dans ces camps d'engagés
18:25 qui étaient des descendants d'esclaves et d'engagés
18:27 datent de la fin des années 90.
18:29 Une génération. Et cette histoire-là,
18:31 on ne nous la raconte pas. L'histoire de l'île,
18:33 elle fait 360 ans. L'histoire
18:35 de l'univers, 13 milliards d'années.
18:37 800 millions d'années. On connaît tous les points
18:39 de ce qui s'est passé au cours des 13 milliards
18:41 800 millions d'années en termes d'astronomie.
18:43 360 ans d'histoire,
18:45 c'est-à-dire un claquement de doigts à l'échelle de l'univers,
18:47 on ne nous le raconte pas. Et donc ce film,
18:49 moi j'ai découvert énormément
18:51 de choses,
18:53 des fonctionnaires exilés
18:55 parce qu'ils étaient communistes, des violences
18:57 policières... - Mais alors, pour revenir à ce que vous dites,
18:59 pourquoi France 3 le diffuse en
19:01 catimini à 23h,
19:03 pourquoi pas en prime, est-ce que
19:05 finalement, on fait nos quotas
19:07 françois parce que la chaîne n'existe plus,
19:09 et puis voilà, on est content,
19:11 et on ne donne pas assez de visibilité ?
19:13 Bon, après à côté TF1 et M6
19:15 ne donnent aucune visibilité aux Outre-mer.
19:17 - Alors là, pour le coup, je ne suis pas du tout dans ce
19:19 genre de revendications. Moi je suis ravi que
19:21 ce film en créole réunionnais
19:23 sous-titré en français soit diffusé sur une chaîne nationale,
19:25 qu'il soit diffusé à 23h40
19:27 un lundi soir dans la case Outre-mer-Le-Doc,
19:29 c'est formidable. Évidemment, j'aurais
19:31 adoré qu'il soit en prime time, mais je ne vois pas l'intérêt de le diffuser
19:33 en prime time, il n'y a personne qui l'aurait regardé.
19:35 - Parce que ça n'intéresse pas les Français ?
19:37 - Regardez ce qui passe en prime time !
19:39 Vous allez regarder, vous,
19:41 un film en créole réunionnais qui raconte
19:43 l'histoire d'un combat de militants
19:45 culturels sur l'île de Larion ?
19:47 - Non mais c'est le service public,
19:49 c'est un symbole que ça soit en prime.
19:51 - Ouais, ouais, mais aujourd'hui, regardez,
19:53 on invite vos auditeurs à aller sur France.tv
19:55 pour le voir, c'est formidable. Aujourd'hui, il y a
19:57 les réseaux sociaux, il y a les plateformes numériques qui sont là
19:59 pour le diffuser. Moi, ce film existe,
20:01 et j'en suis extrêmement fier, et je remercie
20:03 France Télévisions d'avoir joué le jeu,
20:05 de le diffuser en créole.
20:07 - Tout à l'heure, je vous taquinais sur
20:09 "Vous êtes en vie", c'était vraiment
20:11 pour vous taquiner, mais pourquoi vous avez disparu
20:13 de TF1 et de La Météo ?
20:15 Qu'est-ce qu'il s'est passé ? - Je vais en vie de changer ?
20:17 - Vous ne vous regrettez pas ce soir ? - Pas du tout,
20:19 parce que regardez, moi j'ai fait
20:21 des choses extraordinaires. - Vous avez fait Le Labo sur
20:23 François, sur TV5, mais plus
20:25 discret que La Météo.
20:27 - Oui, mais je ne cours pas après la notoriété,
20:29 je cours après le fait de pouvoir m'exprimer
20:31 et puis de pouvoir être utile
20:33 dans mon expression. - Vous étiez une vitrine, du coup,
20:35 de La Réunion sur TF1 ? - Oui, mais
20:37 je suis une autre vitrine aujourd'hui de La Réunion,
20:39 à travers ce genre d'expression,
20:41 de combat culturel.
20:43 Moi, je m'éclate dans mon métier,
20:45 je suis exactement là où j'aurais voulu être
20:47 quand j'ai commencé à faire ce métier, c'est-à-dire
20:49 il y a très très très longtemps, au XXe siècle.
20:51 Et j'adore
20:53 ce que je fais, je produis, je réalise,
20:55 là, je viens de réaliser mon premier doc,
20:57 je produis de la fiction, je produis
20:59 des documentaires, j'ai présenté des talk-shows,
21:01 j'aurais jamais
21:03 fait tout ça à La Météo, et en même temps,
21:05 j'ai une reconnaissance énorme
21:07 envers TF1 de m'avoir donné ma chance
21:09 d'être autant exposé,
21:11 c'était un socle de popularité colossal.
21:13 On me parle encore aujourd'hui de La Météo,
21:15 ça fait 14 ans que j'ai arrêté La Météo,
21:17 on m'en parle encore, on me parle encore de vidéogags.
21:19 Moi, je vois des gamins, j'ai 53 ans,
21:21 donc je peux me permettre de parler de gamins de 30 ans
21:23 qui me disent, ils me regardaient quand ils étaient
21:25 gosses, je trouve ça génial.
21:27 - Et pour finir, La Météo en créole, ça donne quoi ?
21:29 - Ah, La Météo en créole ?
21:31 - La Météo sur Paris, aujourd'hui ?
21:33 - Aujourd'hui, MadiaZot a un affaire,
21:35 la pluie, ça te touche de moune,
21:37 tout de, aujourd'hui, franchement.
21:39 - Voilà, donc sortez les parapluies, moi je traduis
21:41 comme ça. Merci infiniment.
21:43 - Ah, vous parlez créole !
21:45 Appropriez-vous les cultures, que vous dites !
21:47 - Merci beaucoup Sébastien Follin,
21:49 on retrouve vos documentaires sur la plateforme
21:51 de France TV, Gilles Ademain.
21:53 - Sur cette internet de Raxa, on parlera de l'info
21:55 et de l'INA. - Et nous, on vous laisse
21:57 en compagnie de Jean-Jacques Bourdin.
21:59 A tout de suite.

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