Fraude fiscale: "En désignant le riche en France, tout le monde est content" pour Sophie de Menthon, cheffe d’entreprise et présidente d’ETHIC

  • l’année dernière
Gabriel Attal, ministre délégué chargé des Comptes publics, a annoncé un plan de lutte contre la fraude fiscale. Parmi les mesures principales : augmenter de 25% les contrôles fiscaux "des plus gros patrimoines", renforcer les sanctions pour les fraudes les plus graves ou contrôler tous les deux ans les cent plus grandes capitalisations boursières.
Transcript
00:00 Ça nous fait rire.
00:01 Ce serait comique si ça ne nous mettait pas de très mauvaise humeur.
00:04 Pourquoi ?
00:05 Parce que d'abord, c'est terriblement politique.
00:08 On sait très bien qu'en désignant le riche en France, en disant
00:12 "on va les attraper, il y a de la fraude fiscale", tout le monde est content.
00:15 Donc ça, quand on a parlé de fraude sociale, immédiatement après,
00:18 on monte les pas de fond du doigt parce que ça compense.
00:20 Ensuite de ça, vous n'avez pas les moyens d'ailleurs.
00:23 Vous dites "on va les contrôler tous les deux ans au lieu de tous les trois ans".
00:26 Ça ne veut rien dire.
00:27 En plus, les boîtes que vous allez contrôler sont des boîtes qui, fiscalement,
00:30 ont des conseils fiscaux, sont béton sur tout, etc.
00:33 Ils savent quoi faire.
00:34 Ensuite, on nous parle d'optimisation fiscale.
00:37 Excusez-moi, mais optimiser pour moi est un mot positif.
00:39 Ce n'est pas une fraude.
00:40 Ce sont deux choses différentes.
00:41 Mais là, on a parlé d'optimisation fiscale qu'on allait coincer.
00:44 Optimiser, j'optimise.
00:46 Et toutes les boîtes, heureusement, à Ethic, optimisent.
00:49 Parce que sinon, ce n'est pas la peine d'aller chercher de payer des impôts qu'on peut éviter.
00:53 Parfois, les Français aussi optimisent.
00:54 Bien sûr.
00:55 Et heureusement.
00:56 D'ailleurs, il y a beaucoup trop de niches fiscales aussi, mais c'est un autre problème.
01:00 Tout d'un coup, c'est un rose sur le patron.
01:03 C'est tous les trois jours.
01:04 Vous vous dites que ces politiques, c'est pour répondre à la colère sociale ?
01:07 Complètement.
01:08 Il faut trouver une solution.
01:09 Mais complètement.
01:10 Parce que d'abord, tant mieux si vous récupérez de l'argent.
01:11 Il faut bien récupérer quelque part.
01:12 Mais franchement, aller contrôler.
01:14 C'est nos plus belles boîtes.
01:15 Là, j'ai les chiffres.
01:16 Oui, puis alors, attendez, on met en place un service de renseignement.
01:19 C'est de la délation ?
01:21 J'adore ça aussi, c'est merveilleux, la délation.
01:23 Ça s'appelle d'ailleurs, on va faire de la DLT, parce qu'on n'aime pas le mot délation.
01:26 Donc, grâce à la DLT, on va obtenir quelque chose.
01:29 Je trouve ça lamentable.
01:31 Personnellement, même, je trouve qu'aller dénoncer un fraudeur, c'est pas terrible.
01:36 Ensuite de ça, je prends les mots du ministre quand même, qui dit "les 100 plus grandes capitalisations boursières
01:43 feront l'objet d'un contre-fiscal tous les deux ans".
01:46 Les 100 plus belles boîtes, nos héros, ceux qui gagnent de l'argent, qui vont à l'étranger,
01:50 ben non, on va se jeter sur eux.
01:51 C'est ceux qui ont les moyens d'ailleurs de s'installer à l'étranger.
01:54 Il y a un risque d'ailleurs que ces personnes partent, que ces boîtes s'en aillent.
01:57 Mais ce sont des fraudeurs ou pas ?
01:58 Ben non, pourquoi ?
01:59 Ben alors, donc elles n'ont rien à craindre ?
02:01 Non, mais on les menace, pourquoi on les menace ?
02:03 Pourquoi on les menace ?
02:05 On les soupçonne, c'est ce que vous dites, il y a un préjugé.
02:07 Non, on les soupçonne parce que c'est les 200 premières capitalisations boursières.
02:10 Vous avez capitalisation...
02:11 Donc vous faites de la démagogie...
02:12 Démagogie, capitalisation, mauvais mot.
02:14 Bourse, mauvais mot.
02:15 Et les 100 premiers, ça veut dire qu'ils sont riches.

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