Mercredi 10 mai 2023, BE SMART reçoit Françoise Gri (administratrice) , Cyrille Lachèvre (associé-fondateur, Cylans) et Guy Mamou-Mani (coprésident, Groupe Open)
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00:04 Donc on repart. Alors, "Essence du macronisme", c'est l'ancien quotidien de Cyril.
00:11 Tu as été cofondateur d'ailleurs de l'opinion, Cyril. Enfin, tu étais au tout début de l'aventure.
00:16 Je pense qu'on va voir ce qu'elle est. La une, alors d'abord le titre est quand même très engageant.
00:21 "Retour à l'essence du macronisme". Et puis alors le dessin, je le décris parce qu'il est très très drôle quand même.
00:27 Drôle et ultra pertinent. Donc je le décris pour ceux qui nous écoutent en podcast.
00:32 Donc on voit Emmanuel Macron devant une salle de classe et il dit "Et maintenant on va vous apprendre à traverser la rue".
00:40 Évidemment, donc avec un panneau de signalisation, mais évidemment référence à cette fameuse phrase qui doit être de 2017-2018.
00:48 Avec ce gars, je crois qu'il était pépiniériste ou horticulteur. Pépiniériste ou horticulteur.
00:53 Le gars qui ne trouvait pas de travail et à qui Emmanuel Macron avait dit "Fort justement d'ailleurs".
00:58 "Ben écoutez, venez, on va traverser la rue, on va en trouver tout de suite du travail".
01:01 Et c'est vrai que s'il avait traversé la rue et qu'il était rentré dans n'importe quel restaurant, il aurait eu un contrat.
01:07 Bon, donc "Lycée professionnel", donc c'est l'opinion qui dit "Retour à l'essence du macronisme".
01:15 Oui, parce que ce sujet porte les thèmes d'égalité des chances, de destin individuel,
01:22 d'élévation par le travail, de plein emploi, tout ce qui faisait la campagne de 2017.
01:26 Alors, dans les détails, on a donc d'abord un investissement important. Ce sera à vous de le juger.
01:33 Mais en tout cas, jamais le lycée professionnel n'avait bénéficié d'un milliard d'euros par an d'investissement.
01:38 Pour, dit Emmanuel Macron, un bon métier avec un bon salaire qui a du sens.
01:44 Les cartes des formations professionnelles seront définies alors de manière dynamique.
01:49 C'est-à-dire qu'elles ne sont pas définies pour 10 ans. De manière dynamique, au plus près des territoires.
01:55 Voyez dans quoi les syndicats disent que c'est un élément de réflexion, on va en parler.
02:01 C'est peut-être un risque supplémentaire de fracture territoriale.
02:04 Et puis, le nœud du truc, c'est plus de temps en entreprise.
02:08 Si on est dans la dernière année de lycée et qu'il n'y a pas l'idée d'un BTS derrière pour l'élève,
02:13 il va faire 12 semaines en entreprise avec une rémunération payée par l'État de 100 euros par semaine en terminale.
02:23 Et là aussi, autre grande question. D'ailleurs, je vais te la poser, monsieur l'ancien prof de maths.
02:27 Et ça, c'est une question très intéressante quand même.
02:30 Est-ce que dans un lycée professionnel, il faut plus de temps de lycée ou plus de temps de professionnel ?
02:35 Est-ce qu'il faut plus de temps en entreprise ou plus de temps à l'école ?
02:39 Alors, on a parlé de l'essence du macronisme. Moi, je dirais que c'est l'essence du bon sens.
02:46 À partir de quand on va décider de former des gens pour être employables ?
02:52 Alors, je suis bien d'accord. Je reviens toujours sur mon épouse inspectrice d'éducation nationale,
02:56 qui, elle, défend la formation générale, la formation du citoyen, la formation apprendre à apprendre, etc.
03:03 OK, tout ça à l'école primaire. OK, tout ça au collège.
03:06 Mais quand on arrive au lycée professionnel, ce nom veut bien dire quelque chose.
03:11 C'est qu'on est dans un cursus de professionnalisation.
03:15 20% des élèves de ces lycées sont-ils lettrés ?
03:18 Non, mais ça, c'est...
03:19 20% ? Ah non, non, mais...
03:20 C'est une autre question.
03:21 Non, c'est le constat dans lequel tu arrives.
03:23 Non, non. C'est avant qu'il faut les rendre lettrés. C'est pas au lycée professionnel.
03:27 Ah oui, c'est ça.
03:28 Quand ils sont au lycée professionnel, et en effet, j'ai été enseignant dans un LEP à l'époque,
03:32 ça s'appelait le lycée d'enseignement professionnel, notre problématique, c'est la professionnalisation.
03:37 Alors, en France, dès qu'on dit ces mots-là, ça devient des gros mots.
03:41 "L'école n'est pas faite pour former des salariés."
03:43 Ah, mieux, la faculté, l'école d'ingénieur n'est pas faite pour former des salariés.
03:49 Restons sur le lycée professionnel.
03:50 On rêve. Non, mais c'est le même sujet.
03:51 Il faut justement trouver les moyens que ces étudiants ou ces lycéens,
03:56 quand ils sortent du lycée professionnel, ils soient employables.
04:00 Et bravo à cette réforme, parce qu'elle va dans le bon sens.
04:04 C'est le bon sens pour que ces jeunes aient un équilibre entre une formation générale,
04:11 qui est nécessaire, et les maths en particulier, pas que d'ailleurs,
04:15 et le travail en entreprise qui leur permettra à l'obtention du diplôme d'être employables.
04:22 Je rappelle que l'augmentation de l'alternance qui s'est faite,
04:26 non pas pour eux, mais en général,
04:28 Pour les apprentis notamment.
04:29 A permis d'augmenter l'employabilité de façon phénoménale.
04:33 Ça a coûté très cher, mais en tout cas, ça a été extrêmement efficace.
04:37 Et je pense que cette loi, je ne sais pas comment ça va être,
04:41 la formule qui va être utilisée, cette réforme,
04:43 Oui, réforme, c'est une réforme.
04:44 Non, je ne crois pas que c'est une loi.
04:46 sera très efficace pour améliorer l'employabilité des élèves,
04:49 des lycéens, de ces lycées professionnels.
04:52 Donc, tu n'as pas de doute, toi, là-dessus.
04:53 Effectivement, je reprends ton point.
04:55 C'est-à-dire, ce n'est pas au lycée professionnel de réparer
04:57 les insuffisances du collège.
05:00 Sauf que si tu ne le fais pas,
05:03 le constat, c'est quand même que tu as 20% d'illettrés.
05:05 Ok, mais attends, chaque chose à sa place.
05:08 Moi, je dois avoir des enfants qui m'arrivent en seconde,
05:12 Ou en avant, qui sachent lire, écrire, compter.
05:14 Et je rajouterai, même s'ils peuvent avoir des notions d'informatique,
05:17 ça nous arrange.
05:18 Et bien, après, moi, mon rôle en lycée professionnel,
05:21 c'est de les rendre employables.
05:23 Je sais que c'est un gros mot, mais je le répéterai toujours.
05:25 C'est de l'employabilité.
05:27 Donc, ce que j'ai beaucoup apprécié aussi,
05:30 c'est que ça ne soit pas statique.
05:31 Parce que moi, je me rappelle, à mon école, à nombre d'époque,
05:34 on formait des mécaniciens, des fraiseurs, des tourneurs,
05:38 à la lime, alors qu'il y avait déjà les machines-outils.
05:42 Donc, il y a tout un sujet, le milliard,
05:44 j'espère qu'il sera orienté sur ces sujets-là.
05:46 Il faut des formations qui correspondent aux besoins
05:49 de notre société,
05:51 pour que ces jeunes sortent de là avec des bons métiers, bien payés.
05:56 Le milliard, il va en partie servir,
05:58 parce que c'est peut-être la bonne nouvelle pour les entreprises,
06:00 c'est qu'à un moment, le stage payant,
06:03 ce n'est pas à l'entreprise de le payer.
06:05 Il va quand même servir à...
06:06 - Mais ça serait bien que ça serve aussi à un équipement moderne de ces lycées ?
06:11 - C'est...
06:13 Je n'aurai pas à dire de bêtises, je n'ai pas noté le chiffre.
06:14 600 000 gamins en lycée professionnel.
06:18 Donc, un tiers, en fait, de la cohorte annuelle
06:24 des enfants qui rentrent dans le système de l'éducation nationale.
06:28 Françoise, on va ensuite rentrer dans quelques détails autour de cette histoire.
06:31 - On ne peut qu'être d'accord avec les principes qu'évoque Guy.
06:35 Après, je pense qu'il faut être pragmatique.
06:37 La plupart de ces jeunes, pas tous,
06:40 mais une grosse partie, sont là un peu par défaut.
06:44 Ils ont été, comme par hasard,
06:45 ce sont des jeunes qui sont issus d'un milieu défavorisé,
06:50 qui ont un déficit en culture générale
06:53 et qui peuvent aller jusqu'au fait qu'ils ne savent pas le littéraire.
06:56 - Il lettrait, alors après la définition de l'illettrisme, c'est compliqué,
06:59 mais en gros considéré officiellement comme illettré.
07:01 - Donc, effectivement, on peut faire abstraction complètement de ça,
07:04 mais on ne peut pas.
07:06 Et du coup, il faut quand même...
07:08 Moi, je trouve que la chose extrêmement positive,
07:10 c'est effectivement la dynamique des filières
07:13 et le fait que l'on va réduire cette filière,
07:18 qu'on appelle, je ne sais plus comment maintenant,
07:19 le métier du tertiaire,
07:21 mais qui est en gros l'ancienne filière comptabilité-gestion.
07:24 Et j'aime bien quand on dit comptabilité-gestion
07:27 parce qu'on comprend dès lors qu'on forme des gens sans investissement,
07:32 parce qu'il n'y a pas d'équipement.
07:33 C'est le grand avantage de cette filière,
07:35 c'est qu'il n'y a besoin de rien, donc elle ne coûte pas cher.
07:39 On n'y part qu'à peu près 200 000 jeunes de mémoire,
07:42 dont une immense majorité de filles,
07:45 parce qu'elles ne sont pas fraiseurs
07:47 ou elles ne vont pas sur les métiers techniques aujourd'hui.
07:50 Et on ne les forme à rien, en gros.
07:52 - Oui, c'est ça. À remplir les tableaux Excel.
07:54 - Ah ben, ça, ce serait... Oui.
07:56 - Ah oui, oui, à peine. - Je ne suis pas sûre.
07:57 - Même pas. - Donc...
08:00 Donc, réduire cette filière-là,
08:03 qui est un espèce de parking pour des jeunes qui vont...
08:08 - Des futurs décrocheurs. - Oui, ils vont prendre des petits jobs après,
08:12 et ils attendent de prendre ce job-là.
08:15 S'attaquer à ça, je trouve que c'est extrêmement sain,
08:17 et rendre cette carte dynamique, c'est effectivement difficile,
08:21 parce que c'est bien d'avoir l'intention,
08:22 mais après, il faut être capable de la réaliser.
08:25 Il y a un problème d'investissement,
08:26 puis un problème de matière humaine, de ressources,
08:29 des profs qui doivent évoluer aussi.
08:33 Donc, entre l'intention et la pratique, il va falloir regarder.
08:36 Mais il ne faut pas oublier que ces jeunes-là,
08:38 ils ont besoin aussi de conforter leur formation de base.
08:43 Il faut, si possible, quand même,
08:45 qu'ils apprennent à compter et à lire aussi,
08:48 parce que c'est la réalité, et que s'ils n'ont pas ça...
08:52 Mais donc, on est d'accord sur le principe,
08:54 et dans la réalité, il faut faire un peu plus que ça, quand même.
08:56 Quant aux stages payés par l'État,
08:59 il faut que ces stages soient pertinents.
09:01 - 100 euros par semaine. Ce n'est pas rien, 100 euros par semaine.
09:04 - Non, ils sont présentsibles à ça.
09:06 - Évidemment. - Oui, mais du coup,
09:08 qu'est-ce qui va faire que ces gamins,
09:10 ils vont faire des stages qui vont leur apprendre quelque chose
09:12 sur le monde de l'entreprise ?
09:13 C'est payé par l'État.
09:15 Enfin, on voit plein de ces jeunes qui font des stages,
09:18 de temps en temps.
09:20 Ils rangent des cintres dans les remises,
09:23 ils font des fameux... - Ah oui, c'est ça.
09:25 - Et c'est pas ça qui leur donne une ouverture sur l'entreprise.
09:28 - T'es en période de crise de recrutement, quand même, Françoise.
09:31 - Oui, ben on va voir.
09:32 - Donc, tous les gamins qui débarqueront, quand même,
09:35 dans l'atelier, si on parle d'industrie...
09:38 - Vraiment, vraiment, vraiment des petits boulots.
09:41 - Ah oui, c'est ça. C'est-à-dire que tu dis, c'est quand même...
09:44 - Ce sera pas forcément... - C'est des mômes de terminal, quoi.
09:46 C'est quand même des mômes. Oui, oui, oui, je comprends ce que tu dis.
09:48 - C'est quand même des jeunes à qui, l'intention, c'est de leur donner...
09:51 Ils n'ont pas, en général, les acquis sociaux
09:55 qui leur permettent d'avoir une vision des différents métiers.
09:58 Ils sont là par défaut.
09:59 On leur a dit, "Tu habites où, toi ?
10:01 Ah ben, toi, tu vas les faire de la vente,
10:02 toi, tu vas les faire machin, etc."
10:04 Parce que c'est ça, la réalité.
10:06 Il n'y a pas d'orientation.
10:07 Ces gamins, ils sont face à des métiers,
10:09 ils savent même pas ce que c'est,
10:10 ils savent pas quelles sont les alternatives.
10:12 Et du coup, le stage en entreprise,
10:14 c'est théoriquement quelque chose
10:15 qui devrait leur donner cette ouverture-là.
10:17 Est-ce que le stage payé par l'État
10:21 est le seul moyen pour arriver à ça ?
10:23 Moi, j'ai un petit doute sur le résultat qu'on va obtenir avec ça.
10:28 Mais c'est une intention louable.
10:30 - Cyril ? - Oui, sur l'idée générale.
10:32 Parce qu'après, j'ai deux, trois questions à donner dans les détails.
10:35 - C'est statique, c'est ça ? - Dynamique.
10:37 La carte des formations dynamique.
10:40 Pour le coup, ça, je trouve que c'est vraiment bien.
10:43 Parce que c'est vous qui connaissez ça mille fois mieux que moi.
10:46 Mais s'il y a bien un sujet où on peut planifier plus ou moins,
10:49 alors peut-être de moins en moins à long terme quand même,
10:51 mais c'est bien celui de l'emploi,
10:52 où on sait plus ou moins quels seront les besoins.
10:54 Alors, ce que c'est à 10 ans, 5 ans, ça se rétrécit effectivement.
10:57 Et donc, après, est-ce que l'éducation nationale
11:00 a la capacité de s'adapter aussi vite ?
11:02 Ça, je ne sais pas.
11:03 Mais c'est clair que je prends un sujet,
11:04 pour le coup, je connais bien celui de la santé.
11:07 On sait très bien avec le vieillissement de la population
11:09 qu'il faut former deux fois plus au minimum
11:12 de personnel de santé grand âge.
11:16 Je ne parle même pas par ailleurs de médecins.
11:18 Bon, il n'y a absolument aucune structure,
11:20 absolument rien qui permette aujourd'hui de le faire.
11:23 Donc, les entreprises doivent se débrouiller par elles-mêmes.
11:25 - Le problème, c'est même que tu n'as aucune offre.
11:27 C'est-à-dire, est-ce qu'ils veulent aller faire ça ?
11:30 - Alors, ça, par contre, je n'en sais rien.
11:31 Mais en tout cas, le fait est qu'il y a des...
11:33 - Il y a une demande de la part des entreprises, mais oui.
11:35 - Alors, ça, c'est...
11:36 Enfin, là, c'est la demande.
11:38 - Oui, c'est l'applicativité du métier, quoi.
11:39 - Ça peut aussi être dans les EHPAD publics.
11:41 Ce n'est pas une question d'entreprise.
11:42 C'est juste un métier.
11:43 Bon, alors, évidemment.
11:45 Et donc, ça, ça se planifie.
11:47 Mais effectivement, ça, je ne sais pas si l'éducation nationale
11:50 a la capacité de switcher aussi vite.
11:52 Alors, est-ce que c'est des grands mouvements ?
11:53 Est-ce qu'on passe tout d'un coup du codage informatique à la santé ?
11:57 Je ne pense pas que ce soit aussi violent.
11:58 Mais enfin, c'est peut-être du fine-tuning.
12:00 Mais ça, je trouve que pour le coup...
12:02 - Et sur l'aspect, puisque c'était le titre de l'opinion,
12:05 là, sur l'aspect retour au fond, à l'essence du macronisme,
12:10 égalité des chances, etc.
12:11 - C'était ce qui était assez innovant chez Macron
12:14 et assez intéressant quand il était ministre de l'Économie.
12:17 C'était sa loi Macron.
12:18 C'est-à-dire que c'était le chauffeur Uber.
12:21 Et d'ailleurs, ça plaisait énormément aux jeunes de Montlieu.
12:23 Je veux dire, vous pouvez tous devenir chauffeur Uber.
12:25 J'adore ça.
12:25 Et indirectement, les grands-parents se disaient
12:27 « Ah, enfin quelqu'un qui arrive à trouver un job à mes petits-enfants. »
12:31 Et c'est pour ça que...
12:31 - Mais ça a été massivement rejeté, qu'on le veuille ou non.
12:34 Ça a été massivement rejeté et par les corps constitués, syndicaux, etc.
12:38 Et par les entreprises en situation de monopole édrante.
12:41 Et j'ai l'impression aussi par l'opinion.
12:43 C'est-à-dire, c'est tout ce qu'on a résumé derrière sur la Start-up Nation.
12:46 Tu n'as plus le droit de prononcer ce mot-là aujourd'hui
12:49 si tu ne veux pas te faire couvrir de tomates pourries.
12:51 - Oui, alors peut-être que ça a été rejeté.
12:53 Mais c'était un discours qui était assez innovant et qui, encore une fois...
12:56 - Je suis d'accord, moi.
12:58 - Alors, qui ne passait pas par l'éducation,
12:59 mais qui était passé plus par le fait de casser des normes absurdes.
13:03 C'est une grande théorie, enfin pas une théorie,
13:05 c'est une grande anecdote sur les coiffeurs afro,
13:08 enfin spécialistes du lissage des cheveux, etc.
13:11 Il fallait avoir un diplôme de coiffeur pour faire ça.
13:12 Enfin bon, bref, des trucs.
13:14 Mais le fait est que oui, c'était ça le macronisme de base.
13:17 - Il y a quand même un exemple qui adresse tous les sujets qu'on vient d'évoquer
13:21 et qui est un succès magnifique, c'est la grande école du numérique.
13:25 Je vous rappelle que la grande école du numérique,
13:27 ça s'adresse à des décrocheurs.
13:28 - Oui, donc on a...
13:29 - Échec de l'éducation nationale.
13:32 - Que ça propose une formation en 6 mois, 12 mois, 18 mois,
13:36 avec des stages en entreprise,
13:38 et ça forme quelques milliers, voire dizaines de milliers de jeunes
13:42 qui sont en emploi après.
13:45 - Dizaines de milliers, pas par an ?
13:47 - Par an, tu peux regarder le chiffre.
13:49 - Parce qu'il y a un moment qu'on en parle en ce moment.
13:51 - C'est 18 000, alors je veux être précis,
13:55 c'est pas forcément en emploi,
13:56 mais c'est ce qu'ils appellent une sortie "successful",
14:00 c'est-à-dire que c'est soit en emploi, soit en continuité d'études.
14:04 - Avec un projet derrière.
14:05 - Voilà, et c'est quand même quelque chose d'extraordinaire.
14:08 Parce que vu la population qui arrive,
14:10 et comme je suis parrain de 3 ou 4 écoles du numérique,
14:14 je les vois, et là on est à Sarcelles,
14:18 on est à Sergi-Pontoise, on est à Aubervilliers,
14:21 je peux vous dire que c'est des écoles qui réussissent quand même
14:25 des choses absolument exceptionnelles.
14:27 Et c'est pour ça qu'il ne faut pas du tout désespérer,
14:29 parce que si je prends comme acquis tout ce que vous avez dit,
14:33 qui est juste, je ne vais pas critiquer ce que vous avez dit,
14:35 c'est juste, il faudra prendre à lire, il faudra prendre à compter,
14:38 mais alors on ne changera jamais les choses.
14:40 - Oui, mais c'est le sujet.
14:41 - Ce n'est pas antinomique, on est d'accord.
14:43 - Oui, non, mais je dis...
14:45 - Tu ne sais pas par quel bout prendre le truc.
14:47 - Voilà, moi je le prends par le bout de l'action, des solutions.
14:52 - Je vais te dire Guy, il y a un truc,
14:54 parce que moi j'ai connu ça dans ma jeunesse avec l'école normale,
14:58 cette histoire de stage rémunéré.
15:00 Donc le stage est rémunéré à 100 euros par semaine
15:02 si tu ne fais pas de BTS derrière.
15:05 Combien choisiront en fait de faire ça,
15:07 juste parce qu'ils ont besoin de ces 100 balles par semaine
15:10 pour faire vivre tout le monde ?
15:12 Et tu comprends, c'est comme ça qu'avec l'école normale dans les années 80,
15:16 tu as des gars qui se retrouvaient profs alors qu'ils n'en avaient aucune envie.
15:19 - Oui, oui.
15:20 - Parce que tu étais rémunéré à 18 ans, à la sortie du bac.
15:22 - Non, mais je ne crois pas que l'essentiel de la réforme,
15:26 ce soit cette rémunération.
15:27 Pour moi, ce n'est pas ça.
15:29 Je retiens beaucoup plus la question des formations dynamiques,
15:32 je retiens beaucoup plus les stages entre entreprises,
15:34 l'équilibre entre la formation initiale, la formation professionnelle.
15:37 - Et alors même ça, les formations dynamiques,
15:38 parce que je vous voyais lever les oeufs au ciel quand je disais
15:41 les syndicats disent ça peut renforcer les fractures territoriales.
15:44 C'est-à-dire, moi je veux, ah bah oui,
15:46 mais entre faire un lycée professionnel en Loire-Atlantique,
15:49 au cœur de la vallée des Composites ou etc.,
15:52 ou le faire dans le Barin, ta formation ce ne sera pas la même.
15:55 C'est là où tu as un sujet quand même Guy ?
15:57 - Non, non parce que le sujet de la mobilité géographique,
16:01 c'est un sujet dont on parle, quand j'étais chez Manpower,
16:04 on en parlait déjà.
16:05 On voulait faire bouger des diplômés d'une région à une autre.
16:10 - Et en fait, les gens ne bougent pas.
16:10 - Et on n'y arrive pas.
16:11 - D'accord.
16:12 - Et du coup, on avait des filières.
16:13 - Donc, il ne servirait à rien de former aux Composites dans le Barin
16:15 parce que le tipierait pas de toute façon en Loire-Atlantique.
16:17 - On avait des filières, par exemple, qui étaient historiques dans le Nord,
16:20 sur de l'industrie métallurgique, etc.
16:24 Il y avait des industries en Loire-Atlantique qui s'étaient développées.
16:27 Impossible de les faire bouger d'un côté à l'autre.
16:30 Et du coup, oui c'est régional.
16:33 - Même les écoles d'ingénieurs, ce que dit François, c'est parfaitement exact.
16:37 Le Breton, il fait ses écoles, son lycée à Brest,
16:42 il fait l'ISEN et il cherche un poste à l'Agnon.
16:46 Et alors tu lui dis "attends, mais c'est vachement bien ce qui se passe à Paris,
16:49 il va lire".
16:50 - Non, mais il ne le trouvera peut-être pas à l'Agnon, mais il le trouvera à Vannes.
16:53 - Oui, oui, le Breton, il n'est pas trop mal aussi en termes de dynamisme.
16:56 - En plus, je ne critique pas.
16:59 J'avais beaucoup de collaborateurs comme ça à l'Agnon.
17:01 - Un père historique des télécoms, l'Agnon, mais qui reste quand même assez dynamique aujourd'hui.
17:04 Il y a eu un moment un trou d'air, mais ça, c'est en train de remettre.
17:07 - Je le dis positivement, je le dis juste par rapport à ce que dit François,
17:10 c'est-à-dire que c'est une caractéristique française, on n'aime pas trop bouger.
17:13 - Et quand on est dans des niveaux de salaire bas,
17:17 c'est encore plus compliqué de bouger.
17:20 - Oui, avec en plus ce sujet de l'immobilier, c'est-à-dire qu'en plus,
17:24 tu as 20 ans de crédit sur une maison dont la valeur est en train de baisser.
17:28 Là, là, tu es vraiment tanqué, là, tu es coincé.
17:30 - Les jeunes, normalement, ne sont pas dans ces situations.
17:32 - Les jeunes, normalement, ne sont pas dans cette situation.
17:33 C'est plus les situations de fermeture d'usines.
17:35 - Mais aller s'installer dans des... Enfin, tout ça, c'est compliqué pour eux.
17:38 - Tu gagnes 3 000 euros par mois à l'Agnon, tu es à l'aise.
17:41 Tu le gagnes à Paris, tu es juste.
17:44 - Oui, alors ça, c'est un autre sujet,
17:48 mais c'est un sujet qui est complètement écarté.
17:51 Quand on parle des classes moyennes, c'est la régionalisation du SMIC.
17:56 Alors ça, c'est interdit.
18:00 Je crois que la retraite à 65 ans passerait mieux que la réunion.
18:04 - Quand on commence à toucher au sujet d'égalité.
18:07 - Mais oui, est-ce que régionalisation, finalement, seuls les Parisiens en souffrent ?
18:10 Tous les autres ont quelque chose à y perdre.
18:13 Seuls les Parisiens ou ceux qui vivent en Ile-de-France ont quelque chose à y gagner.
18:17 - Les réponses ne bougent pas tant que ça pour leur province.
18:20 - Non, mais donc ce chiffre, 3 % d'enfants de cadre dans les lycées professionnels.
18:28 Et donc, effectivement, un tiers des élèves du second cycle.
18:30 Donc c'est ça, c'est à peu près 600 000 gamins.
18:34 Bon, on a dit tout ce qu'il y avait à dire sur ce lycée professionnel ?
18:39 - Rendez-vous dans quelques années.
18:40 - Rendez-vous dans quelques années.
18:41 - Oui, parce que... - L'efficacité.
18:42 - Voilà, ce qui va être intéressant, c'est comment le mettre en oeuvre.
18:46 Parce qu'on est dans des intentions, là.
18:49 Donc elles sont tout à fait pertinentes.
18:53 Maintenant, le mettre en oeuvre va être très compliqué dans le monde de l'éducation nationale.
18:59 - Ben si, ils sont...
19:00 Enfin, je ne sais pas, tu restes en contact avec tes jeunes collègues, sans doute, de lycées professionnels.
19:06 Je pense qu'à un moment, tu as le président de la République qui se déplace,
19:09 tu en fais une sorte de grande cause et tout.
19:12 Je pense que pour les gars qui sont dedans, on va essayer de se servir de ce levier, quand même.
19:16 Enfin, pour eux, ça doit être assez valorisant, quand même, j'imagine, non ?
19:19 - Je pense, oui.
19:21 - Françoise, non ? Je vois qu'on sourit.
19:23 - Si je suis prof en comptabilité et que ma filière disparaît,
19:28 il faut que je devienne prof en je ne sais pas trop quoi, etc.
19:32 Je ne suis pas sûre que ce soit si simple pour tous les...
19:36 Il y a un vrai accompagnement du changement qui est indispensable.
19:39 - D'accord. Prof au compta, ça nous amène directement à l'IA, tu vois.
19:43 - J'allais le dire.
19:47 - Bon, nouvelle de la tech. Qu'est-ce que j'ai ? Avant qu'on discute comme ça.
19:51 Oui, donc j'ai IBM. Forcément, Françoise, tu venais.
19:55 - Je l'avais vu, ça.
19:57 - Quand tu l'as vu dans le Figaro, tu t'es dit "J'irai droit".
20:00 Donc, IBM gèle les embauches sur les postes qu'il estime remplaçables par l'IA.
20:07 Donc, il y a une grosse pression sur les fonctions support, on parlait des comptables.
20:11 30% des postes qui ne sont pas en relation directe avec le client
20:15 pourraient être automatisés, dit IBM.
20:18 - Alors, il n'y a pas qu'IBM qui le dit, d'ailleurs.
20:19 - Non, mais eux, ils en font...
20:21 Alors, ce qui d'ailleurs met une petite touche caustique,
20:26 ils en font une communication au marché.
20:30 Et donc, on se demande si ce n'est pas une forme de prétexte pour...
20:33 - Alors, c'est d'abord de la com.
20:34 - Voilà.
20:35 Et c'est d'abord de la com. dans un contexte qu'on ne voit pas très bien,
20:39 enfin, pas peut-être avec la même sensibilité en France ou en Europe.
20:42 Mais aux États-Unis, ils sont devenus fous autour du sujet de l'IA et de l'adoption de l'IA.
20:45 C'est-à-dire qu'il y a des listes qui sont publiées par un certain nombre d'analystes
20:49 sur les valeurs qui vont être touchées par la destruction des postes de l'IA.
20:53 Et il y a des gens qui se prennent des impacts absolument monstrueux sur leurs actions
20:59 parce que, soi-disant, ils vont...
21:01 - Ils vont être disruptés par l'IA.
21:02 - Voilà, bon.
21:03 Donc, il y a un petit mouvement brownien, comme les Américains sont capables de justifier.
21:09 Donc, dans ce contexte-là, dire qu'on maîtrise...
21:13 - La transforme.
21:14 - On maîtrise la transforme, c'est important.
21:16 Et je pense que c'est non seulement plus positif de dire ça
21:20 que de dire qu'on va chercher de l'efficacité.
21:23 Mais en plus, on maîtrise ce phénomène qui fait de la destruction de valeur
21:28 sur un certain nombre d'autres valeurs boursières.
21:30 Après, ce qu'ils font, et quand ils citent les éléments ou les domaines
21:37 dans lesquels l'IA va transformer la façon de fonctionner à très court terme,
21:42 et probablement d'ailleurs avant 5 ans,
21:45 c'est des domaines sur lesquels il y a déjà des phases de digitalisation,
21:50 d'optimisation depuis des tas d'années.
21:51 Donc, c'est juste une étape supplémentaire.
21:53 Et quand on parle de la gestion des RH, il y a 20 ans, chez IBM,
21:57 on mettait en place des plateformes, des applications, des centres téléphoniques.
22:01 Rien de tout ça n'était plus fait en proximité.
22:05 Donc, l'étape d'après, qui est d'utiliser toute cette matière digitale
22:10 et les données qui vont avec pour mettre en place des algorithmes
22:14 et de l'IA spécifique dans cet environnement, c'est tout à fait normal.
22:20 C'est déjà fait dans pas mal d'endroits.
22:23 Et ça permet éventuellement, pour ceux qui veulent le faire,
22:28 de réinvestir sur la proximité, le management, etc.
22:33 Donc, on est dans quelque chose d'assez normal.
22:37 Là-dessus, je vous disais, témoignage.
22:40 Je ne citerai pas la boîte, mais c'était Chief Digital Officer,
22:44 ils étaient une dizaine, etc.
22:46 Et donc, la jeune femme Chief Digital Officer de ce groupe,
22:49 c'était sympathique, parce qu'elle dit
22:51 « Je n'ai jamais vu les membres du COMEX scotcher sur leur siège,
22:55 comme ils étaient scotchés sur leur siège,
22:57 quand ils ont fait, en fait, fonctionner, par un accord avec Microsoft,
23:01 fonctionner la technologie OpenAI sur leur Data Lake. »
23:05 Et en fait, ces fameux Data Lakes, pardon pour ceux qui ne sont pas dans le truc,
23:09 aujourd'hui, les grandes entreprises ont des masses de données vertigineuses,
23:13 donc, déversées, dit-on, dans un lac.
23:16 En fait, de lac, c'est… Pardon d'employer l'image.
23:21 C'est davantage une fausse à purin, c'est-à-dire,
23:23 on ne sait absolument pas quoi en faire,
23:24 on ne sait absolument pas lesquelles sont bonnes et lesquelles ne sont pas bonnes.
23:27 Et alors, visiblement, l'efficacité du moteur dans ces Data Lakes est vertigineuse.
23:35 C'était sur des données de santé, en plus, tu vois, Cyril,
23:39 dans le secteur qui t'intéresse,
23:41 avec des plans de surveillance de malades, par exemple.
23:45 C'est vraiment sidérant, ce qui met…
23:49 Enfin, d'une rigueur, d'une précision qui les a sidérés.
23:55 - Mais ça, c'est une bonne chose, non ?
23:57 - Je sais… C'est juste le choc.
23:59 Non, mais c'est pour ça que je voulais vous lire ça.
24:01 - Par rapport à ce que je disais tout à l'heure.
24:02 - Oui, non, non, non, mais tout ce que…
24:04 - Au moment de passer à l'esprit, donc, si on peut être aidé pour anticiper mieux,
24:07 ça permet…
24:08 - Mais c'est surtout, moi, l'image que je voulais vous transmettre,
24:10 c'est parce qu'elle est… C'est une jeune, elle est sympathique,
24:12 c'était super agréable, et elle disait « Je les ai jamais vues ».
24:15 Enfin, j'imaginais les membres du Comex comme ça.
24:18 C'est-à-dire que tu es au cœur de ces Comex.
24:21 - Enfin, moi, Comex, plus, mais… - Ce n'est pas tous les jours.
24:22 - Oui, oui, bien sûr, mais parce que c'est une chose en parler,
24:25 c'est une chose de voir.
24:26 - C'est pathétique, Stéphane.
24:27 - Quoi, il est pathétique ?
24:28 - C'est pathétique.
24:30 Mais enfin…
24:31 OK, merci, Chade GPT, merci, Opel Aïd, de leur avoir ouvert les yeux,
24:37 mais enfin, on n'a pas attendu d'avoir Chade GPT pour ça.
24:41 - Ah, oui, si. Alors, non, alors là…
24:42 - Mais enfin, je ne peux plus me casser pour ça.
24:44 - Tu ne vas pas me dire que toi, tu avais déjà des équivalents
24:47 parce qu'ils n'existent pas.
24:48 - Mais ce n'est pas vrai.
24:49 - Ce n'est pas ça qu'on utilise.
24:50 - En tout cas, ils n'étaient pas dans les entreprises.
24:51 - Il y a des outils comme ça, il y en a des dizaines.
24:54 Ce que tu viens de dire, ce que tu viens de dire,
24:56 n'a rien à voir d'ailleurs avec Chade GPT.
24:57 - Voilà.
24:57 - Si.
24:58 - Ah, non.
24:59 - Non, mais je t'ai dit, c'est dans un accord avec Microsoft
25:02 qu'ils ont fait tourner le moteur sur leur base de données.
25:05 C'est ça que je t'explique.
25:06 - OK, mais je vais te mettre du tout canto-co
25:08 qui existe depuis 10 ans, une startup française magnifique
25:11 et qui te donne exactement ces résultats-là.
25:13 - Mais je ne te crois pas.
25:14 - Bon, excuse-moi, mais je crois que tu devrais plus me croire
25:18 que bien d'autres personnes.
25:20 - Je ne sais pas ce que j'ai de beaucoup avec ceux qui sont dessus,
25:23 comme toi, tu vois, Guy, mais vraiment dessus.
25:25 - Franchement, il y a des tas d'outils
25:28 qui permettent d'avoir une visualisation de ces data lakes, comme tu dis.
25:32 Il y a des tas d'outils qui permettent justement d'optimiser les choses.
25:37 Si tu veux parler de la santé, le Health Data Hub,
25:40 qu'est-ce que tu crois, il a attendu Tchatchapété
25:42 pour mettre 70 instituts de recherche
25:45 et qui travaillent avec des résultats autrement plus performants
25:49 que ce que tu viens de dire ?
25:50 Non.
25:51 Par contre, je veux bien le reconnaître, ça, c'est autre chose.
25:56 Il y a un côté com, il y a un côté pédagogique.
26:01 Et d'ailleurs, c'est ça que j'ai voulu mettre en avant
26:04 dans une discussion avec Yann Lequin,
26:05 parce que Yann Lequin dit exactement ce que je viens de dire là.
26:08 - Pas tout à fait, il évolue un peu dans son discours.
26:11 La dernière interview dans le monde est beaucoup moins agressive,
26:15 on va dire ça comme ça, vis-à-vis de son concurrent.
26:17 Parce que c'est son concurrent, quand même, Guy, il faut juste le préciser.
26:19 Yann Lequin, c'est Facebook.
26:22 - Mais c'est quand même une référence.
26:23 Et ce qu'il a oublié, c'est que justement,
26:26 Tchatchapété a un aspect pédagogique.
26:29 En fait, c'est une couche qui a permis à tout le monde
26:32 d'accéder à l'intelligence artificielle,
26:34 ce qui était avant un peu plus difficile.
26:37 Mais là où je le reproche, et je dis que c'est pathétique,
26:40 c'est que quand tu es un chef d'entreprise,
26:41 tu es un comex, tu n'attends pas d'avoir le Tchatchépété
26:44 pour te poser des questions.
26:45 - Mais si, Guy, c'est exactement comme avec les tableaux Excel.
26:48 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, Excel te permet de tout faire.
26:50 Voilà, tu vas me dire, mais tu peux absolument faire rentrer
26:53 un million de données clients sur un tableau Excel.
26:56 Sauf qu'à un moment, il y a un innovateur
26:58 qui va t'amener un truc qui va être avec un UX,
27:01 avec une représentation beaucoup plus efficace que les tableaux Excel,
27:03 et tu vas dire "Waouh, incroyable !"
27:06 - Mais je te donne Toucan Toucan, qui n'a rien à voir avec Tchatchépété.
27:10 Et quand je dis Toucan Toucan, je le cite,
27:12 ils vont être contents parce qu'ils ne doivent pas en revenir,
27:13 je les cite autant.
27:14 Mais il y en a comme ça des dizaines, des outils de visualisation.
27:18 Il y en a des dizaines.
27:18 - T'inquiète, on n'est pas non plus Cyril Hanouna,
27:20 tu vas voir, la résonance n'est pas non plus...
27:23 Ils vont pouvoir gérer.
27:25 - Quand je l'ai tweeteré, j'ai laissé le slick.
27:28 - Voilà.
27:29 On va te sortir l'extrairing pour toi, là, si.
27:31 - En fait, ça n'enlève rien.
27:34 T'imagines bien que je ne vais pas sous-estimer l'impact de Tchatchépété
27:39 par rapport à l'avènement de l'intelligence artificielle,
27:42 ce que vient de dire Françoise,
27:43 sur la mobilisation qu'il y a aux Etats-Unis,
27:46 mais même en France.
27:47 J'étais hier dans un comex d'une très très grosse boîte
27:51 pour parler d'IA et de Tchatchépété.
27:54 Donc, OK, c'est quand même des sujets avec leur impact.
27:58 Et personnellement, je trouve que ça, au moins, ça a eu ce mérite-là.
28:02 Je crie sur tous les toits depuis 10 ans la transformation numérique.
28:05 Maintenant, on a le Tchatchépété.
28:09 Et je ne voudrais pas finir mon intervention sans ajouter que,
28:12 justement, par rapport à ce qu'on a dit juste avant,
28:14 sur la compta, sur les lycées professionnels,
28:17 et qu'il me semble, ce serait intéressant,
28:20 qu'on commence à réfléchir à l'impact de l'intelligence artificielle
28:24 sur l'enseignement.
28:25 Et donc, dans ces lycées en particulier.
28:27 - Cyril ?
28:28 - C'est vrai que Tchatchépété, c'est juste,
28:30 ça a été un phénomène de "démocratisation", entre guillemets, culturelle.
28:34 Tout le monde s'est rendu compte de ce qui se passait
28:35 parce que tu tapais un truc.
28:37 Mais c'est vrai qu'on n'a pas attendu.
28:39 Une anecdote, je discutais avec des personnes du cinéma,
28:42 parce qu'il y a Cannes qui arrive la semaine prochaine.
28:45 Et l'année dernière, à Cannes, ils ne faisaient que parler du métaverse.
28:48 Métaverse, métaverse, etc.
28:50 Plus personne n'en parle de ce truc-là.
28:51 - Françoise a été, je dois reconnaître, précurseur,
28:54 par contre, sur l'idée que...
28:56 - Cette année, à Cannes, parce que Cannes, c'est des films,
28:59 mais c'est aussi des tables rondes sur l'industrie du cinéma, l'évolution, etc.
29:03 Il y aura une table ronde sur l'IA dans le cinéma.
29:05 Et t'as des scénaristes qui s'amusent maintenant à dire,
29:08 fais-moi un scénario avec une brigade anti-gang.
29:11 - Il y a une grève en Hollywood sur ça.
29:12 - Voilà, dans Seine-Saint-Denis.
29:13 Et là, je ne dis pas que ce n'est pas l'avenir,
29:16 mais ça veut dire que le truc se répand à toute vitesse dans toutes les industries.
29:19 - N'empêche que...
29:20 - Ça se remet en question.
29:22 - J'anime des cercles de "chief digital officer",
29:25 d'efficacité commerciale.
29:27 Non pas les sales, mais vraiment l'efficacité commerciale.
29:30 L'ensemble de ceux qui sont au contact de l'IA,
29:31 je t'assure, tout cantoco ou pas,
29:35 je n'avais que des témoignages de déception autour de l'IA.
29:39 En gros, c'était ça.
29:39 C'était que des expériences, assez souvent chronophages,
29:44 qui coûtaient cher et qui, à l'arrivée,
29:46 étaient déceptives pour les professionnels et pour les métiers.
29:49 - Mais c'est aussi une réalité.
29:50 - C'est ça que j'entends à longueur de journée, Guy.
29:53 Tu le sais très bien, d'ailleurs.
29:54 - Bien sûr, je le sais bien.
29:55 - Et là, tout à coup, les gars se retrouvent avec un truc
29:58 qui donne des réponses simples, évidentes, rapides.
30:00 Voilà, c'est tout ce que je veux dire.
30:02 - Ça n'a rien à voir avec l'intelligence artificielle.
30:03 Ce que tu as dit, toi,
30:04 ce n'est pas la question de l'intelligence artificielle.
30:06 - D'accord.
30:07 - Voilà, c'est tout ce que je veux dire.
30:08 Et il y a d'autres outils qui le font.
30:10 - D'accord.
30:10 - C'est tout.
30:11 Maintenant, que ça a permis pour ces gens-là d'ouvrir les yeux,
30:14 tant mieux.
30:15 - Oui, voilà.
30:16 - Alors, à condition qu'on passe l'étape d'après,
30:18 qui est de dire qu'il n'y a pas une seule IA.
30:20 Il n'y a pas IA égal, n'est pas égal à...
30:22 - IA générative.
30:24 - Voilà.
30:25 - Tout à fait.
30:25 - Et par ailleurs, que l'on mette bien en évidence
30:29 le lien entre IA et données,
30:31 les qualités des données,
30:32 parce que tous les meilleurs algorithmes du monde,
30:35 comme toutes les filles du monde,
30:36 elles ne savent donner qu'à partir de quoi ils travaillent.
30:40 Donc, ça peut être efficace quand, justement,
30:43 sur les domaines Etch.Arts, etc.,
30:44 on a déjà digitalisé pas mal de choses.
30:47 Du coup, on a des données qui sont de qualité en nombre
30:50 et du coup, on a des moteurs d'IA
30:52 qui peuvent permettre de faire des choses intelligentes.
30:54 - Bon, et qu'on a compris les biais,
30:55 parce que c'est très important.
30:56 - Absolument.
30:57 - Justement, il faut quand même se rendre compte
30:59 que Chad Gpt va chercher à 90% des données américaines,
31:02 anglo-saxonnes,
31:03 et que ça fausse totalement les résultats.
31:06 Donc, il faut le faire avec intelligence.
31:07 - Voilà, c'est ça.
31:08 - Voilà.
31:09 - Ton ancien métier, Cyril, tout à l'heure,
31:14 combien, selon l'INSEE de salariés en France,
31:17 sont entre 0,75 et 2 SMIC ?
31:21 Il te faut trois heures sur le site de l'INSEE
31:23 pour aller trouver le chiffre.
31:25 Tu l'as en deux secondes et tu lui as demandé de sourcer l'INSEE.
31:28 - Il ne t'a pas répondu, je n'ai pas de données depuis 2001.
31:30 - Non, il m'a répondu depuis 2019.
31:32 - Et par ailleurs, c'est plus une question pour Google que pour...
31:34 - J'allais te le dire.
31:35 - Eh bien non, Google va te chercher...
31:38 Enfin bon, bref, ce n'est pas très intéressant comme débat.
31:41 Mais je t'assure que non, vraiment pas.
31:43 Vraiment pas, vraiment pas.
31:44 Non, non, Google...
31:46 - S'il avait été très fort, il t'aurait dit
31:48 le site de l'INSEE est vraiment très compliqué.
31:50 C'est la réalité, il faut tout retrouver.
31:52 - Raison d'être, très rapidement, puisque je vous en parlais.
31:54 Donc, véritable carton sur LinkedIn.
31:56 Cyril, tu ne l'as pas vu, mais je t'assure,
31:58 c'était très, très étonnant.
32:00 Donc, ce point de vue de Philippe Lentschner sur la raison d'être.
32:05 Ce carton est sans doute le signe que ça commence à vous exaspérer
32:08 un petit peu cette affaire.
32:09 "Pratique mimétique ridicule pour une divine révélation",
32:13 écrit Philippe.
32:14 "Il faut respecter les gens.
32:16 Polluer, ce n'est pas bien.
32:17 Sauver la planète, c'est mieux."
32:19 Tu es d'accord ?
32:21 - Celui qui est ridicule, c'est lui.
32:22 - Ah bon ?
32:23 - Ah oui.
32:24 - Alors, vas-y, vas-y, vas-y, ça m'intéresse.
32:25 - Je suis un ardent défenseur de la raison d'être.
32:28 Absolument.
32:29 Ça nous a permis de nous asseoir autour d'une table
32:33 et de réfléchir à ce que nous faisions en plus du business,
32:36 parce que tout le monde fait du business.
32:38 Et ce n'est pas vrai.
32:40 Il se trompe quand il dit que tout le monde a des préoccupations humaines
32:46 ou environnementales et autres.
32:47 C'est faux.
32:49 Aujourd'hui, la raison d'être, c'est d'abord,
32:51 ça définit ton entreprise.
32:52 D'ailleurs, quand je donne des cours, je dis aux créateurs de Star Trek...
32:55 - Rapide, rapide, parce qu'il nous reste un peu de temps.
32:57 - Faites vite une raison d'être pour donner l'ADN de votre entreprise.
33:00 - D'accord.
33:01 - Et en termes d'attractivité, je trouve que c'est très important.
33:05 Aujourd'hui, les jeunes, quand ils choisissent,
33:07 les moins jeunes d'ailleurs, quand ils choisissent une entreprise,
33:09 ils préfèrent aller dans une entreprise qui a des valeurs.
33:12 - Oui, mais alors à ce moment-là, donne vraiment l'ADN de ton entreprise.
33:15 Ne dis pas ce que ton concurrent pourrait dire.
33:17 - Ah non, mais alors...
33:18 - Ah, on est d'accord.
33:19 - Bien sûr, on est d'accord.
33:20 - Ah oui, on est d'accord.
33:21 - Nous, il nous a fallu...
33:22 Il le dit d'ailleurs qu'on perd du temps là-dessus.
33:24 - C'est Brice Rocher qui m'a dit ça.
33:25 Brice Rocher m'a dit, si ta raison d'être, en fait,
33:28 ton concurrent pourrait l'appliquer, alors c'est que tu t'es trompé.
33:32 - Bah oui.
33:32 - D'accord. Françoise ?
33:35 - Une raison d'être, ce sont des mots.
33:37 Alors c'est important parce que...
33:39 C'est important, c'est surtout important quand on les partage
33:41 et qu'on fabrique une raison d'être à l'intérieur de l'entreprise.
33:43 Et il y a des entreprises qui font ça très bien,
33:45 qui impliquent leurs collaborateurs.
33:46 Et donc c'est un moment de communication important.
33:48 C'est évidemment pas de l'action.
33:50 Voilà, donc...
33:52 C'est pas parce qu'on dit les choses qu'on les fait.
33:54 Et quand on les dit,
33:56 et c'est peut-être un des avantages de la raison d'être,
33:58 c'est que si on ne fait pas ce qu'on a dit,
34:00 on se retrouve dans une situation où...
34:03 On est en défaut.
34:05 - Oui mais c'est pour ça qu'elles sont floues, volontairement floues.
34:07 Beaucoup d'entre elles sont très floues.
34:08 - Attends, nous on a mis des...
34:11 Des qui a...
34:12 - Des KPI.
34:13 - Des KPI.
34:15 Tous liés à la raison d'être.
34:17 C'est-à-dire qu'après, dans le quotidien,
34:19 on va chercher comment on agit en liaison avec notre raison d'être.
34:22 - Cyril ?
34:24 - Bah...
34:24 - T'es dubitatif, toi.
34:26 - Non, mais enfin, oui.
34:28 La raison d'être, c'est Friedman.
34:30 La raison d'être d'une entreprise, c'est de maximiser le profit.
34:32 - Business of business is business.
34:33 - Et effectivement, heureusement, depuis pas mal d'années maintenant,
34:37 les entreprises se sont rendues compte qu'effectivement,
34:39 si elles n'avaient pas une raison d'être au-delà,
34:41 une portée sociétale, elles n'attiraient pas les talents,
34:44 elles faisaient du mal à la planète.
34:45 Et donc, quelque part aussi, elles ne pouvaient pas elles-mêmes croître,
34:48 puisque souvent, certaines ont besoin de la biodiversité, par exemple.
34:51 Donc ça, c'est très bien.
34:52 Moi, la seule question que je me pose, c'est qu'il y a de la com.
34:54 Ça, c'est clair.
34:55 Beaucoup trop de com.
34:57 La seule question, c'est, dans une entreprise aujourd'hui,
35:00 il y a un conseil d'administration, il y a des actionnaires,
35:02 et il y a des comités de mission.
35:03 Alors, c'est un petit peu différent de la raison d'être,
35:05 mais on voit émerger des comités de mission, etc.
35:07 Moi, la question que je pose, c'est, à un moment donné, qui décide ?
35:10 Qui va décider ?
35:11 Et le patron, le directeur général, on va dire,
35:13 qui doit rapporter à son conseil d'administration ou à son comité de mission,
35:17 qui a vraiment le pouvoir d'entreprise ?
35:18 C'est une question.
35:19 Je n'ai pas...
35:20 Donc, je pense qu'on n'en est qu'au prémis.
35:21 C'est qu'il va y avoir des débats juridiques,
35:23 il va y avoir des...
35:24 On a des très bons exemples de patrons qui...
35:26 On en reparlera ensemble, alors.
35:27 On en reparlera ensemble, parce que je pense, François,
35:29 ça a là-dessus des réponses.
35:30 Conseil d'administration, point.
35:32 Conseil d'administration, à la fin.
35:33 Je pense que pour l'instant, c'est le cas.
35:34 Mais effectivement...
35:35 Même dans une entreprise à mission ?
35:36 Mais bien sûr !
35:37 Ah, une entreprise à mission ?
35:38 Ah oui, c'est ça, avec le comité de mission.
35:40 Non, là, il y a un conflit de gouvernance qui n'est pas réglé.
35:42 Il y a un faible bouc qui est problématique.
35:43 Mais attention, que le comité de mission, ce n'est pas forcément la raison d'être.
35:46 Non, non, non, c'est pour ça.
35:47 Il y a deux choses différentes.
35:48 Oui, tout à fait, deux choses différentes.
35:50 Et c'est quoi la raison d'être d'open ?
35:52 Tu la connais par cœur ?
35:53 Mais tu plaisantes !
35:54 Ce serait après une déclaration pareille !
35:56 Oui, oui, oui.
35:57 Faire du numérique le vecteur de transformation
36:00 pour un monde respectueux des valeurs humaines et environnementales.
36:04 Ben, ça va vous permettre d'en débattre, justement.
36:09 Merci, chers amis.
36:10 On est au bout, on est vraiment au bout.
36:12 Merci à vous de nous avoir suivis.
36:14 Et à demain pour Bismarck.
36:16 [Musique]