Amis français, ne confondez plus surréalisme à la belge et amateurisme à la belge !
Retrouvez toutes les chroniques de Laurence Bibot dans « C'est encore nous ! » sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-de-laurence-bibot
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AmusantTranscription
00:00 Laurence Bibaud nous vient de Bruxelles, directement du Thalys.
00:03 Vous nous disiez pour faire sauter un lieu commun, alors c'est vrai que sauter un lieu
00:08 commun ça veut dire l'enjamber et c'est vraiment que vous n'enjambez pas les difficultés.
00:12 Là j'ai l'impression que vous allez vous emplafonner ce lieu commun, c'est bien l'idée.
00:15 Oui, je dis oui à tout.
00:17 Allez, vas-y, faites sauter, faites péter.
00:19 J'y vais, je fais sauter, je fais péter.
00:20 J'aimerais revenir sur ce confortable malentendu qui fait que vous, chers amis français, preniez
00:27 le pour du surréalisme à la belge, ce qui n'est que de l'amateurisme à la belge.
00:31 Alors je sais qu'il est difficile pour des esprits rationnels et cartésiens comme les
00:35 vôtres de concevoir qu'en Belgique, les trucs mal faits, c'est pas exprès.
00:38 On s'applique.
00:39 Mais mal.
00:40 L'archive que je vais vous faire entendre a le mérite de vous donner un rapide échantillon
00:46 d'amateurisme appliqué, avec aussi un peu de prétention, du machisme, de l'hypocrisie,
00:50 il y en a un peu plus, je vous le laisse.
00:52 Nous sommes en 1989 à Mons, en Wallonie, une région post-industrielle qui certes a
00:57 bien morflé et on veut redorer, comme si elle avait déjà été dorée, enfin en tout
01:00 cas pas de Montmivan, on veut redorer son image.
01:03 Alors qu'est-ce qu'on fait ? On organise une soirée avec un solide argumentaire qui,
01:07 vous allez entendre, est répété ici par un orateur, le mot est peut-être un peu mal
01:10 choisi, par un type.
01:13 Alors ok, il est en répétition, mais croyez-moi, il ne sera pas plus pro ni plus charismatique
01:19 sur le podium.
01:20 Oui, je spoil, il va y avoir un podium.
01:21 "La Wallonie relève la tête, les signes avant-coureurs de cette résurrection si longtemps
01:26 attendus sont évidents.
01:27 Le domaine culturel s'inscrit aussi dans l'esprit de cette relance."
01:31 Voilà, on dirait pas un enterrement, mais enfin, on a quand même bien entendu les mots
01:35 résurrection, relance, culture.
01:36 Et qui dit culture en Belgique dit folklore.
01:39 Enfin, cela dit, le folklore en Belgique c'est comme la mayonnaise, tu en remets dans tout.
01:43 Mais revenons à cette fameuse soirée durant laquelle on ne peut que s'incliner devant
01:46 le coup de génie des organisateurs, qui ont eu la merveilleuse idée d'organiser un concours
01:51 afin d'élire la meilleure ambassadrice de la culture wallonne.
01:55 Bon, des ambassadrices qui défilent en maillot, sur un podium, et qui sont très très très
02:00 bronzées.
02:01 Un petit coucou d'ailleurs aux survivantes, puisque je vous rappelle que les années 80
02:04 c'est pas que le sida, c'est aussi les bans solaires.
02:06 Mais revenons à Mons, au passage de la première candidate culture wallonne, au doux prénom
02:14 de Nathalie.
02:15 - Dis-moi Nathalie, apprécies-tu la peinture ? - Oui, en quelque sorte.
02:20 - Tu visites de temps en temps des expositions ? - Non, je n'ai pas tellement le temps alors.
02:26 - Tu connais des peintres célèbres ? Quels sont les artistes que tu pourrais me citer ?
02:30 Un nom ou deux ? - Quelques-uns mais rien.
02:34 - Voilà, voilà, voilà.
02:36 Donc ils essayaient, hein.
02:38 D'ailleurs c'est pas la gagnante.
02:41 Nathalie repartirait avec une sortie de bain et un aspirateur, et ça c'est bien connu,
02:46 un aspirateur c'est quand même l'idéal pour se cultiver.
02:48 Alors je vous le dis, c'est Cynthia qui va gagner.
02:52 Et ce qui ne va pas plaire à la maman de Nathalie, je la comprends.
02:55 Mais laissons le dernier mot à un membre du jury.
02:59 Je parlais d'hypocrisie, mais si on est en plein dedans, un type qui se situe, si vous
03:03 le voulez, au-dessus de la mêlée.
03:04 Ce qui ne l'empêche pas de rester à hauteur d'homme, ou devrais-je dire, à hauteur de
03:08 maillot.
03:09 C'est du folklore, à mon avis.
03:11 Mais enfin, bon, ça fait aussi partie du jeu.
03:13 Les gens viennent voir de jolies jeunes filles défiler en maillot.
03:15 Ça fait pour l'organisation, c'est important, parce que ça permet de remplir Nathalie
03:19 des choses du genre.
03:20 Bon, ça c'est de tout temps considéré comme ça, je ne suis pas tout à fait toujours
03:23 très partisan de ce genre de choses, mais enfin, très jolie chose en matière de maillot.
03:28 Le maillot jaune de cette jeune fille, par exemple, je le trouve fantastique.
03:31 Il est vraiment très beau, mais il a mis son pull dessus.
03:34 - Bah oui, dommage qu'il ait mis son pull dessus.
03:37 - Voilà, donc amis français, retenez bien, surréalisme, amateurisme, oui.
03:44 - Laurence Bibaud, merci Laurence.
03:47 Vous avez évoqué dans votre chronique les bants solaires, je me demande si ce n'est
03:50 pas un belgicisme ?
03:51 - Oui, est-ce qu'on dit solarium chez vous pour se faire bronzer ?
03:53 - Non, on dit "cabine à bronzer".
03:54 - Ah, c'est ça.
03:55 - Voilà, que pour ça vous, ils n'ont pas ri.
03:58 - Chez nous, on dit, enfin en Belgique, on dit "bant solaire".
04:01 C'est pour ça que les Belges, en fait, ils s'assoient juste avec leurs fesses dessus
04:03 et avec les fresses qui sont bronzées.
04:05 - Moi qui suis de Lille, on le comprenait à Lille.
04:08 - Oui, j'ai beaucoup d'amis dans le Nord.
04:11 - Je viens de faire ce qui s'appelle une coluche et je viens de moto-terrain-balle.
04:15 - Voilà, vraiment.
04:17 - Allez, merci beaucoup Laurence Bibaud.
04:19 On peut bien sûr aussi partager ou baladeux diffuser toutes vos chroniques.