Élisabeth Borne a assigné en justice les éditions de l'Archipel pour qu'ils retirent des passages d’une biographie intitulée “la Secrète, écrite par la journaliste Bérengère Bonte, qui lui est consacrée. Élisabeth Borne invoque des atteintes à sa vie privée, concernant notamment des passages "faisant référence à sa santé et son orientation sexuelle".
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00:00 Un autre élément qui est intéressant dans votre livre, c'est quand on a la description
00:02 d'Elisabeth Muntez, cette technocrate hyper pointue sur les dossiers, c'est cette fascination,
00:07 cette forme d'admiration qu'elle a pour Ségolène Royal, où on a l'impression qu'il n'y a
00:11 pas deux personnalités qui ne pourraient pas être plus différentes les unes de l'autre.
00:14 Vous avez raison, je suis contente que vous pointiez ça.
00:17 C'est vraiment, ça fait encore une fois partie des paradoxes.
00:19 C'est comme si la plus violente, celle qui a été parmi les plus violentes avec elle,
00:25 tout d'un coup avait le plus de crédit à ses yeux.
00:27 Elle n'a pas les mots, elle n'a pas de qualificatif aussi élogieux vis-à-vis de Lionel Jospin.
00:35 On a retrouvé des photos d'elle ensemble.
00:38 Elle a pourtant été extrêmement proche que pour Ségolène Royal, dont elle loue le côté
00:44 visionnaire, tout ce qu'elle a fait avant tout le monde.
00:48 Le sens politique, le flair, sur l'écologie.
00:50 Sur l'écologie notamment, mais aussi sur toute la pratique participative de la politique,
00:56 sur énormément d'aspects.
00:57 C'est très, très, très étonnant.
00:59 Mais là où il y a un paradoxe, c'est qu'effectivement, vous racontez comment elle est passée du
01:03 paradis à l'enfer avec Ségolène Royal.
01:05 Elle se met dans des états physiques qui sont très durs.
01:09 Et vous racontez, vous dites à un moment donné où ça se passe vraiment très, très
01:13 mal.
01:14 Elle est la directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère.
01:15 Ça se passe très, très mal avec elle.
01:17 Tous ses amis sont inquiets pour la santé d'Elisabeth Borne.
01:19 Elle supplie Jean-Pierre Jouyé, l'Élysée, le secrétaire général de la sortir de là.
01:28 Vous racontez, elle ne mange vraiment plus rien.
01:29 Elle encaisse à se rendre malade.
01:30 Et entre deux rendez-vous, elle s'isole aux toilettes pour vomir.
01:33 Voilà l'état dans lequel, pardon, mais là met la situation d'être directrice de cabinet
01:37 de Ségolène Royal.
01:38 Et malgré tout, il y a cette fascination politique.
01:40 Elle dit que c'est l'expérience la plus stressante qu'elle ait connue de sa vie.
01:44 Et quand on connaît sa vie, quand on comprend le début de l'histoire, ça donne quand même
01:50 une idée.
01:51 Évidemment.
01:52 Mais je reviens à ça.
01:53 C'est quand dans l'assignation, Elisabeth Borne dit qu'elle regrette aussi les passages,
01:59 elle voudrait enlever les passages sur sa santé.
02:00 C'est peut-être aussi quand vous parlez de ça que voilà.
02:05 Le fait est que ce sont, comme vous dites, ses amis que je cite, qui se sont tous exprimés
02:10 devant un dictaphone avec son accord et qui de fait constatent, mais de même qu'Edouard
02:17 Philippe a lui-même d'ailleurs beaucoup raconté qu'il avait perdu 7-8 kilos dans les jours
02:22 qui ont précédé son entrée à Matignon.
02:24 Le stress, et vous vous souvenez de ce livre et de ce formidable documentaire de Raphaël
02:28 Bacquet, "L'enfer de Matignon", je veux dire, le corps prend cher, bien sûr.
02:31 Donc oui, le stress est immense en politique.
02:34 Et comme Edouard Philippe, elle maigrit beaucoup dans ces moments-là et ses amis s'inquiétaient.
02:40 Mais je veux dire, j'ai aussi fait le tri dans les mots des amis.
02:45 Mais en revanche, il me semble que ça témoigne quand même d'un élément intéressant sur
02:53 la capacité de résistance de cette femme sur ce côté du romangle.
02:56 Et ça, Emmanuel Macron l'a observé, il était en première loge, puisqu'il était à Bercy.
03:02 Il a parfaitement compris ça.
03:04 À Bercy, il disait "Et borne, tiens".
03:07 Oui, "Et borne, tiens toujours", ça revient comme un gimmick.
03:10 C'est-à-dire que Ségolène Royal changeait pas mal d'avis sur pas mal de dossiers.
03:14 Et borne, tiens.
03:15 Au passage, Ségolène Royal ne vous attaque pas en justice non plus ?
03:18 Non.
03:19 Non, non.
03:20 Parce qu'elle a démenti toute une petite partie de ce que vous racontez.
03:23 Absolument.
03:24 En gros, pour faire simple, vous racontez une scène où la mère d'Elisabeth Borne vient
03:28 de décéder.
03:29 C'est son dernier jour au ministère.
03:32 C'est son dernier jour.
03:33 Elisabeth Borne dit à Ségolène Royal "écoutez, je dois y aller, ma mère est morte".
03:36 Ségolène Royal lui dit "ben non, j'ai préparé votre pot de départ, il faut que vous restiez,
03:40 ça attendra".
03:41 Voilà.
03:42 Elisabeth Borne lui dit "vous avez pas bien compris madame la ministre, ma mère est morte,
03:45 donc en fait il faut que j'y aille".
03:47 Et elles ne se sont plus jamais reparlées.
03:48 Elisabeth Borne raconte cette histoire, tous les membres du cabinet racontent cette histoire,
03:53 tous ses amis racontent cette histoire.
03:54 Et Ségolène Royal dit que vous mentez.
03:55 Non, elle dit "j'ai pas souvenir de cette scène".
03:58 Ce qui veut dire que je mens, qu'Elisabeth Borne ment, que les proches mentent et qu'évidemment
04:05 tout ce qu'elle sait forcément c'est que j'ai tenté de l'appeler trois ou quatre fois
04:09 avec beaucoup d'insistance parce qu'évidemment la base de notre métier c'est de faire ce
04:13 qu'on appelle du contradictoire donc j'avais besoin évidemment de lui parler de ça et
04:16 de toute cette période qui est intéressante quand même.
04:18 Parce qu'elle se forge quand même une vraie crédibilité, une image auprès de Macron
04:23 mais auprès de beaucoup de gens dans cette période-là quand même.