Vendredi 12 mai 2023, BE SMART reçoit Arnaud Marion (Fondateur, Marion & Partners, Institut des Hautes Études en Gestion de Crise)
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00:00 Et on commence cette émission avec notre tour d'horizon du mois des entreprises avec Arnaud Marion, bonjour.
00:11 Bonjour Aurélie.
00:12 Alors Arnaud, fondateur de l'Institut des Hautes Etudes en Gestion de Crise, on va commencer par un dossier qu'on suit toujours beaucoup ensemble qui est le dossier Casino.
00:19 C'était justement l'Assemblée Générale de Casino cette semaine. Jean-Charles Nauri est resté assez évasif sur l'avenir de son groupe.
00:26 Or il pourrait faire alliance avec le milliardaire tchèque Daniel Kretensky qui est actionnaire indirect de Bismarck via CMI Media.
00:34 Et/ou d'ailleurs on ne sait pas très bien avec Intermarché et Terract.
00:38 J'ai l'impression Arnaud que ces deux projets ne poursuivent pas les mêmes objectifs. Il y en aurait un qui serait plus financier et l'autre plus industriel c'est ça ?
00:46 On est exactement là-dessus. Alors tout le monde essaye de les opposer, notamment parce que Terract aimerait bien se passer de Daniel Kretensky.
00:56 On a vu quand même qu'Intermarché est venu mettre un coin dans une brèche. Il s'est un peu invité.
01:02 Et donc d'un côté on a Daniel Kretensky qui dit "mais le préalable c'est de gérer la structure financière de ce groupe puisque c'est 6 milliards de dettes".
01:11 Et puis il est au capital depuis un moment déjà.
01:13 Il a 10% du capital, il s'allie avec Marc Ladret de La Charière qui en a 2,6%.
01:19 Déjà il est actionnaire donc il a déjà en tant que tel son mot à dire.
01:24 Et en plus il dit "on est capable d'apporter un milliard d'euros".
01:28 C'est-à-dire de l'argent frais que Jean-Charles Nauri cherche quand même depuis pas mal d'années.
01:34 Il faut voir qu'aujourd'hui Casino ne vaut plus que 700 millions en bourse.
01:39 Je regardais le cours juste avant de rentrer.
01:41 Et quant à la holding rally elle vaut autour de 60 millions, quelque chose comme ça.
01:45 C'est-à-dire qu'on est vraiment dans les valeurs à zéro.
01:48 Et de l'autre côté il y a Terract qui a un projet industriel très intéressant.
01:53 Mais qui cache en fait une prise de contrôle.
01:57 En fait ce qui est en discussion aujourd'hui entre le trio Zouary, Pigasse, Niel.
02:04 C'est ni plus ni moins la date de la prise de contrôle.
02:07 Alors je pense que ça, ça doit un peu agacer Jean-Charles Nauri.
02:12 Donc on nous a dit que Daniel Kretinsky s'était invité et avait proposé...
02:18 Je pense que c'est pas pour déplaire à Jean-Charles Nauri.
02:21 Parce qu'il vaut mieux avoir deux solutions que une avec le couteau sous la gorge.
02:25 Et vous ne pensez pas qu'on pourrait les combiner ces solutions ?
02:27 Logiquement oui.
02:29 Mais à partir du moment où Daniel Kretinsky et Marc-Landrel Lacharrière mettraient un milliard.
02:36 Et qu'ils renégocieraient avec les banques dans le cadre d'une conciliation.
02:40 Donc sous-entendu avec des abandons massifs.
02:43 Ou des conversions en capital mais avec des cotes pour les créanciers non sécurisés.
02:48 Il aurait le contrôle de casinos de facto.
02:52 Et on voit bien que Terract qui nous a mis en avant un projet de circuit court.
02:57 Un projet industriel qui a énormément de sens pour moi, on va y revenir.
03:00 Eux en fait ils veulent le contrôle.
03:03 D'ailleurs Thierry Blandinière l'avait dit dans une émission il y a deux mois à peu près.
03:08 Où finalement du projet industriel il avait été sur la prise de contrôle.
03:12 Logiquement c'était une prise de contrôle à trois ans.
03:15 Et là ils veulent que ce soit une prise de contrôle à un an.
03:17 Un rôle non exécutif pour Jean-Charles Nauri.
03:20 Justement je voudrais qu'on revienne sur ce projet là.
03:23 L'alliance casino intermarché In Vivo via Terract.
03:26 Ca rebattrait effectivement complètement les cartes de la grande distribution française.
03:31 Quels seraient selon vous les points forts de ce nouvel ensemble ?
03:34 Alors c'est industriellement très très fort et très cohérent.
03:38 Parce que d'abord être en circuit court c'est bypasser et chunter tous les intermédiaires.
03:45 C'est 4 à 5 points de marge.
03:47 4 à 5 points de marge ?
03:48 C'est colossal.
03:49 Donc il y a déjà un enjeu ébite d'as si on peut dire colossal.
03:54 Il y a un enjeu d'écoulement également.
03:57 Donc de rémunération des coopérateurs, des éleveurs, des industriels de l'agroalimentaire qui est énorme.
04:04 Et l'arrivée d'intermarché, on ne le sait pas mais intermarché ou on ne le sait peu, trop peu à mon avis,
04:11 c'est la première flotte de pêche en France.
04:14 C'est à peu près une vingtaine de bateaux.
04:18 C'est également 56 usines agroalimentaires.
04:22 Très localisées, il y en a une trentaine minimum en Bretagne.
04:26 Donc effectivement c'est une grande force industrielle.
04:29 Et donc ce serait pour les produits de MDD, ce serait pour être dans le circuit court,
04:33 aussi dans des produits made in France.
04:36 Donc industriellement ça a énormément de sens.
04:38 Je pense que c'est le projet le plus disruptif qu'il y a eu dans la grande distribution.
04:42 Parce que franchement vouloir marier un moment Carrefour à Auchan ou Auchan à Casino,
04:48 ce n'est pas disruptif.
04:50 C'est des fusions soi-disant entre égaux, on sait toujours comment ça finit.
04:53 Et surtout que là on a quand même deux malades.
04:57 Et puis derrière tout ça, n'oublions pas que les résultats qui sont parus sur le premier trimestre sur Casino
05:03 sont quand même assez intéressants.
05:05 Ce qui se porte bien, c'est les enseignes de ville, monoprix-franprix.
05:09 Alors franprix, plus gros franchisé, je vous rappelle, c'est quand même Zoirie.
05:13 Oui, c'est tout ça un lien.
05:15 Et ce qui se porte mal, c'est les enseignes Casino.
05:19 Donc des enseignes complètement différentes, dont les géants Casino.
05:24 Et d'ailleurs, intermarché à dire, mais on pourrait reprendre une centaine de magasins Casino.
05:29 En fait, on va démanteler ces hypermarchés pour en faire des espèces de marchés,
05:36 de places de marchés avec les produits qui seraient fournis par Terract.
05:41 Je voudrais qu'on se place du point de vue de l'actionnaire.
05:44 Je sais que ça vous intéresse.
05:46 Ces nouvelles-là, ces options-là qui sont aujourd'hui sur la table,
05:50 elles vont dans le sens de l'intérêt de l'actionnaire aujourd'hui ?
05:53 Certainement de l'intérêt de la société.
05:55 Mais vous savez que quand on est dans une situation de difficulté,
05:58 l'actionnaire est en conflit d'intérêt avec l'entreprise elle-même.
06:04 C'est-à-dire que privilégier l'intérêt social, c'est souvent, comment dirais-je,
06:09 amoindrir et laisser de côté son propre intérêt.
06:12 Il est évident que s'il regarde son propre intérêt, il a intérêt à faire un deal financier.
06:19 Mais le deal financier va-t-il, comment dirais-je, changer la donne
06:23 sur le plan de la rentabilité de ce groupe qui est maintenant malade,
06:27 dans lequel il n'y a aucun investissement, il n'y a que du désinvestissement,
06:31 puisqu'on vend, on vend, on vend les actifs au fur et à mesure.
06:34 Ça va prendre du temps.
06:36 Je ne dis pas que c'est impossible.
06:38 On a vu qu'Alexandre Bonpart avait quand même vraiment réussi chez Carrefour.
06:44 Le problème, c'est que quand vous regardez ces discounts,
06:47 ces 20% de baisse de chiffre d'affaires, il y a beaucoup de choses qui vont mal maintenant.
06:51 À part francs-prix et monoprix, il y a beaucoup de choses qui vont mal.
06:54 Même Naturalia est obligée de se repositionner et va s'éloigner du 100% bio.
06:59 Il est évident que si on regarde du point de vue de la société,
07:02 l'intérêt de la société, c'est de se désendetter.
07:04 Donc les deux solutions sont bonnes.
07:07 Moi, je n'ai pas bien vu pour l'instant les solutions apportées de désendettement par Teract,
07:11 qui n'apporterait que 500 millions.
07:14 Et donc, pour l'instant, ça ne se bat pas à armes égales.
07:18 Après, les créanciers, je dirais, on va rentrer, on est dans la nouvelle directive européenne
07:23 qu'on est en train de tester avec Corpéa, qui est le premier dossier de grande ampleur,
07:27 dont il faudra reparler parce qu'il y a encore beaucoup de procédures,
07:30 mais on les avait annoncées dès le mois de novembre, en primeur un petit peu.
07:35 On voit bien que là, les créanciers ont la main, notamment les créanciers sécurisés.
07:40 Et donc, comment va-t-on le mieux créer de la valeur ?
07:43 Moi, j'ai tendance à dire, alors je ne suis pas trop en même temps,
07:46 mais alors pour le coup, en tout cas de façon séquentielle,
07:50 ce serait intéressant d'abord de désendetter,
07:53 ensuite de réfléchir à un projet industriel.
07:55 Mais la question, c'est qui veut prendre le contrôle ?
07:58 Autre sujet, on va s'intéresser au secteur automobile
08:03 puisqu'on a eu un podium très surprenant en Europe au premier trimestre,
08:07 puisqu'on a en tête des voitures les plus vendues.
08:10 Alors la Tesla Model Y, 72 000 véhicules écoulés quasiment,
08:14 et puis la Sandero, 60 000 véhicules vendus.
08:18 C'est quand même un très grand écart en termes de positionnement, de prix, de tout.
08:22 C'est Dacia, oui. Dacia, il y a la Spring aussi, qui est en électrique.
08:26 Alors effectivement, que le premier quartile et le quatrième quartile
08:31 de l'offre automobile hors véhicules de très grand luxe,
08:34 style Bentley ou Rolls ou Ferrari,
08:36 se retrouvent sur les deux marches du podium,
08:40 c'est quand même effectivement une première.
08:43 Et d'abord, ça confirme que le choix de Tesla sur l'électrique premium
08:49 avait été un bon choix, effectivement.
08:53 Ça montre l'engouement sur l'électrique, ça ne se dément pas.
08:58 Et ça montre que ce n'est pas Renault qui est sur le podium, loin de là,
09:02 puisque le troisième c'est Volkswagen, c'est Dacia,
09:05 c'est-à-dire quand même la filiale low cost.
09:08 Et donc c'est riche d'enseignements parce que finalement ça nous montre
09:13 qu'on a les deux opposés en termes de budget pour acheter une voiture,
09:19 puisque globalement Dacia propose avec la Spring
09:23 la voiture électrique la moins chère du marché.
09:25 Même moins chère que les Chinois, autour de 20 000 euros,
09:29 alors que sur le modèle Y de Tesla, qui est un SUV,
09:33 on est effectivement beaucoup plus cher.
09:35 On est à 40 000 et quelques, j'ai regardé.
09:37 Maintenant, voilà.
09:38 Mais pourquoi il faut être en dessous de 47 000 pour avoir le bonus écologique
09:42 de 5 000 euros ?
09:44 Mais visiblement, il semblerait qu'on veuille un peu écarter Tesla de ce bonus.
09:49 J'ai cru comprendre.
09:50 Qu'est-ce qu'on fait en France quand on veut agir ?
09:52 On fait une petite loi.
09:53 Et donc on va très certainement changer les dispositifs d'attribution
09:58 des bonus écologiques en intégrant, alors c'est peut-être pas trop tôt,
10:03 une clause sur le développement durable,
10:05 ce qui exclurait de facto tous les véhicules qui sont faits à l'autre bout du monde.
10:10 N'oublions pas que le plan anti-inflation des Etats-Unis, l'IRA,
10:14 ne concerne que les véhicules électriques construits aux Etats-Unis.
10:19 Donc ce serait un peu une réponse normale.
10:21 Ce serait une réponse normale, mais d'ailleurs Emmanuel Macron a dit
10:25 que c'était une réponse à l'IRA.
10:27 Bon, c'est vrai qu'il faut peut-être combattre les Etats-Unis
10:30 avec les mêmes armes qu'ils utilisent.
10:32 Autre dossier, cette fois dans la construction.
10:35 Il y a Bouygues qui a annoncé cette semaine vouloir financer les startups.
10:39 Il lance un fonds d'investissement aux côtés d'Isai Partners,
10:42 dont c'est le métier pour financer des startups, dans la construction.
10:45 Arnaud, je me demandais finalement est-ce que les startups,
10:49 les grands groupes, ont besoin des startups pour innover ?
10:52 Oh là oui !
10:53 C'est ça en fait ?
10:54 Oui, vous savez même, ça fait bien longtemps que Coca-Cola, Atlanta,
10:58 a décidé d'avoir des intra-entrepreneurs, mais qui sont complètement indépendants
11:04 et qui peuvent créer, je dirais, sans aucune lourdeur d'une entreprise.
11:12 Parce que c'est très compliqué de faire de la R&D et d'être très disruptif et innovant
11:17 quand on est dans un cadre avec un plan, surtout quand les sociétés sont côtés.
11:21 C'est plus facile de le faire à l'extérieur et surtout de soutenir des initiatives externes avec des startups.
11:30 Ce que je trouve très intéressant dans cet exemple, c'est que Bouygues n'a pas décidé de le faire en interne.
11:36 C'est-à-dire qu'il n'a pas fait du corporate venture, comme on dit.
11:39 Il a décidé de s'associer à un spécialiste, à une société de gestion.
11:43 C'est celle de Jean-Charles Chamboreddon, qui est un des cofondateurs, bien évidemment, bien connu dans la tech.
11:50 Il va prendre la société de référence en disant "il faut pouvoir m'aider à incuber".
11:55 Parce que ça va aller de l'amorçage jusqu'aux séries A et B, en gros 500 000 à 5 millions d'euros.
12:03 On est vraiment dans le lancement.
12:05 Il y a aussi un très gros retard dans ce qu'on appelle la "con-tech" ou la "build-tech".
12:12 C'est-à-dire que la food-tech, la fin-tech, etc. s'est beaucoup développée.
12:17 Dans la construction, pas trop.
12:19 Les choses se sont digitalisées et il est temps d'innover.
12:24 Carrefour a fait ça également et avait confié ça à une société de gestion qui est Daphnis.
12:31 Ils ont mis 80 millions aussi, ça s'appelle Dastor, pour innover sur le retail.
12:36 Et on a eu des résultats ?
12:37 Pas encore, parce que ce sont des initiatives très récentes.
12:40 Donc on va le voir au bout de 3-4 ans.
12:43 C'est assez intelligent.
12:44 En gros, c'est "j'ai un besoin, j'ai l'argent, mais je m'adresse à une société de gestion
12:51 qui va aller sélectionner les dossiers selon ces critères de société de gestion indépendants
12:57 et pas selon des critères internes qui vont peut-être être biaisés.
13:01 C'est ça que je trouve intéressant dans cette initiative de Bouygues
13:04 par rapport à des initiatives qui sont 100% internes.
13:08 On a parlé d'un grand groupe qui est Bouygues, mais on va parler d'un autre grand groupe qui est Bolloré.
13:13 Bolloré qui effectue une opération de recentrage.
13:15 Il vient de céder ses activités logistiques à CMACGM pour 5 milliards d'euros.
13:19 Il avait déjà cédé ses ports africains l'an dernier.
13:21 Tout ça présage, semble-t-il, d'un recentrage sur les médias.
13:26 Quelle stratégie est-ce que vous voyez se dessiner à Arnaud ?
13:29 D'abord, je pense qu'en ayant fait des intrusions dans beaucoup de familles,
13:36 ça a commencé très très tôt, Delmas Viellejeux, la Banque Riveau, c'est ce qui a fait sa fortune en fait.
13:44 Il avait essayé Bouygues à un moment, il a essayé en Italie, Telecom Italia, ça n'a pas marché.
13:51 Donc globalement, il sait que quand il arrive quelque part et qu'il ne peut pas être celui qui peut consolider, il s'en va.
13:58 Et donc, c'est certainement, il a vu qu'aujourd'hui, tant les armateurs comme MSC,
14:03 que des géants comme CMACGM du transport également,
14:09 avaient fait tellement d'argent qu'ils avaient beaucoup plus de moyens que lui pour consolider le secteur.
14:14 Et c'est pour ça qu'il a vendu la logistique.
14:16 Aujourd'hui, effectivement, il est de moins en moins industriel, il se ressemble sur les médias, mais il n'a que 30% de Vivendi.
14:24 Alors, il vient de faire voter une petite disposition chez Vivendi
14:30 qui lui donne le droit de racheter, que Vivendi rachète jusqu'à 50% de ses propres actions.
14:38 Comme il a 30%, 50% ça le ferait passer à 60% et il serait majoritaire,
14:43 puisque Vivendi a beaucoup de cash, il y a beaucoup de cash également chez Bolloré.
14:49 Et donc, je pense qu'il y a cette obsession d'assurer sa transmission à ses enfants.
14:56 Il y a Yannick et Cyril qui sont plus en vue, il y en a deux autres qui sont là également et qui travaillent dans le groupe.
15:04 Justement, chacun avait un peu son précaré entre les deux, l'un les médias, l'autre le côté plutôt industriel.
15:09 Comment va pouvoir se faire la répartition du pouvoir après ?
15:12 Ça c'est tout le sujet, il y en a un qui est au-dessus, il y en a un qui s'occupe des médias.
15:18 Il va falloir aussi absorber le groupe Lagardère, puisque l'autorité de la concurrence,
15:25 tout ça est en train de se dénouer et de permettre de faire l'OPA finale.
15:31 Ça va être un gros morceau Lagardère, c'est quand même 7,5 milliards de chiffre d'affaires
15:35 avec du travel retail, qui n'est pas directement médias.
15:40 Hachette, qui est quand même le mastodonte, un des géants mondiaux.
15:44 Certainement, on sait aussi qu'il y a Simon & Schuster qui est de nouveau à vendre,
15:49 puisque la première vente a capoté.
15:51 Donc, qui va vouloir l'acheter ? Entre Edith Hiss, repris par Daniel Kretinsky, il en a encore, et Hachette, on verra.
15:59 Je pense qu'il y a l'obsession de Vincent Bolloré de réussir sa transmission
16:05 et de faire en sorte que personne ne vienne chez lui, parce qu'il a vu qu'il y avait aussi des gens qui avaient les moyens.
16:11 On le voit bien avec le trio Niel, Pigasse, Zouhari.
16:15 Donc, on peut penser à Xavier Niel, on peut penser à Daniel Kretinsky,
16:19 on peut penser à des nouvelles formes dans le capitalisme français.
16:22 - Et on n'a pas parlé du patron de CMA-CGM également.
16:25 - Et du patron de CMA-CGM, qui a engrangé deux années de profit record avec à peu près 40 milliards d'euros, quasiment sans impôts d'ailleurs,
16:33 puisque ils ont un dispositif dérogatoire sur le tonnage.
16:38 Et donc, du coup, effectivement, je pense qu'il va vouloir absolument se reluer, prendre le contrôle de Vivendi.
16:47 C'est le scénario le plus probable.
16:50 - On va terminer avec notre série de pépites des entreprises que vous avez dénichées pour moi.
16:55 D'abord, une entreprise qui recrute ses salariés à l'occasion d'une séance de rugby.
16:59 Alors, j'ai vu beaucoup de choses dans le recrutement, j'ai vu dans les jeux vidéo, mais sur un terrain de rugby, je n'avais pas vu ça encore.
17:05 - Oui, mais la beauté de la société, c'est Emio, je crois, et qui est à Lillebonne.
17:12 - Dans l'heure, il me semble.
17:14 - Voilà, c'est ça. On n'est pas loin du Havre, un petit peu dans les terres.
17:19 C'est un recrutement sans CV et avec un match de rugby parce que c'est une société qui fait de l'isolation par l'extérieur,
17:29 c'est une société d'échafaudage et autres.
17:33 Alors, il ne faut pas avoir le vertige, il faut respecter des règles très précises, des règles de sécurité et tout.
17:39 Et que l'esprit du rugby, c'est ça.
17:42 - Donc, on va chercher plus à analyser les soft skills, finalement.
17:45 - Exactement. C'est basé sur les soft skills, ce n'est pas basé sur le CV, c'est basé sur les compétences sur le terrain.
17:50 Avec, quand même, pour une petite entreprise comme ça, un test de réalité virtuelle à la fin pour voir si vous n'avez pas le vertige.
17:57 - C'est assez intéressant.
17:59 - Et moi, j'ai trouvé que c'était très intéressant parce qu'en France, on a trop tendance à se fier à un CV
18:05 et pas suffisamment, finalement, à des compétences naturelles, à des soft skills,
18:10 et à ce qui est inné et à des appétences chez l'individu.
18:14 Et donc, effectivement, 18 personnes se sont présentées, il y avait besoin de 10 recrutements.
18:18 - Parfait. Snoop Dogg fait la promo de Ledger.
18:22 Alors là, c'est un énorme coup de pub pour notre entreprise tricolore,
18:26 qui est spécialisée, on va le rappeler, du stockage de crypto-monnaies.
18:29 - Ledger, c'est quand même 20% du stockage des cryptos au niveau mondial
18:34 et 30% du stockage des NFT au niveau mondial.
18:38 Donc, c'est cette petite clé que l'on a sur soi, ce qui évite de se faire hacker sur l'ordinateur
18:44 parce que c'est pour se protéger.
18:46 Effectivement, une photo de Twitter avec Snoop Dogg, avec une clé, bien sûr, customisée en or et diamant.
18:51 - Tant qu'à faire.
18:52 - On ne sait pas combien elle a coûté ou si c'était un échange marchandises.
18:58 Quoi qu'il en soit, vous l'avez vu, ça ne vous a pas échappé cette semaine, Ledger a levé 100 millions d'euros.
19:03 - C'est ça.
19:04 - En maintenant sa valo, 1,3 milliard, dans l'univers des cryptos.
19:08 - En ce moment, c'est pas mal.
19:10 - C'est un exploit énorme parce que beaucoup de licornes ne sont plus forcément des licornes,
19:14 ont vu leur valo baisser.
19:16 Donc, effectivement, c'est assez disruptif.
19:21 Snoop Dogg, c'est quand même 20 millions de followers sur les Instagram, Twitter et ce genre de choses.
19:28 - Et puis, on va terminer avec quelque chose de très insolite, j'ai envie de dire.
19:33 Les moines qui sont victimes de leur succès, des moines français victimes de leur succès aux Etats-Unis,
19:37 c'est la liqueur de moines isérois qui, visiblement, se vend très bien.
19:42 Mais ce n'est pas pour autant que les moines vont augmenter leur production, c'est ça ?
19:45 - Voilà, c'est la fameuse chartreuse, vous savez, cette bouteille un peu verte,
19:49 et qui est faite effectivement dans l'Isère.
19:53 Et ce qui se passe, c'est que les barmen aux Etats-Unis, avant le Covid,
19:59 avaient antiché de cette liqueur qui est faite à base d'herbe pour tout un tas de saveurs.
20:04 Puis le Covid arrive, tout le monde s'attendait à ce que les ventes s'effondrent.
20:07 Pas du tout les particuliers s'y sont mis.
20:10 Alors, ça paraît marginal.
20:13 - Ça paraît improbable, oui.
20:14 - C'est 30 millions de chiffre d'affaires.
20:16 - 30 millions de chiffre d'affaires ?
20:18 - 70 personnes.
20:20 3 moines qui s'occupent du mou, de la distillerie et autres.
20:24 - 3, ça fait 10 millions chacun, c'est bien.
20:26 - Et c'est 1,6 millions de bouteilles écoulées, dont 50% à l'export.
20:30 C'est quand même juste un exploit de dingue.
20:32 - C'est ahurissant.
20:33 - Voilà, pour un alcool qui n'est quand même pas très très diffusé.
20:37 - Ça reste très confidentiel.
20:39 - C'est pas la chose à laquelle on pense quand on veut boire un verre, en tout cas.
20:44 Mais en tout cas, c'est très apprécié par les barmen.
20:47 Et c'est très marrant parce que finalement, on peut le prendre avec un petit clin d'œil.
20:51 Les moines qui sont partisans de la décroissance.
20:54 En fait, ça va plus loin que ça.
20:56 C'est qu'avant le Covid, ils avaient imaginé faire déjà une deuxième usine.
20:59 Ils se sont rendus compte que finalement, c'était déjà très compliqué de recueillir des herbes.
21:03 Parce qu'ils recueillent eux-mêmes leurs herbes.
21:05 Raréfaction avec un peu les changements climatiques.
21:08 Et donc, ils ont dit que ce serait aller contre l'environnement, que de vouloir surproduire.
21:14 Et que de toute façon, la production actuelle, 30 millions d'euros, rappelons-le,
21:17 permet à leur ordre de se maintenir.
21:21 Et à la place, qu'est-ce qu'ils font ?
21:23 Ils ont décidé d'essaimer dans les monastères de leur ordre.
21:26 Ce sont les Chartreux.
21:28 Et dans le Var et ailleurs.
21:31 Et ils leur ont appris à cultiver des herbes.
21:33 À les récolter pour se tourner et se diversifier vers l'herboristerie.
21:37 Je trouvais que c'était assez savoureux de parler.
21:40 Mais il y a tout un business monastique qui existe.
21:43 - Oui, absolument. C'est très intéressant.
21:45 - Qui est assez caché.
21:47 En fait, qui est discret en tout cas.
21:50 Qui n'apparaît pas.
21:51 Mais on aura au moins appris quelque chose aujourd'hui.
21:53 - Merci beaucoup de m'avoir alerté sur ce sujet.
21:56 Très inattendu.
21:57 Merci à Arnaud Marion, fondateur de l'Institut des Hautes Etudes en gestion de crise.
22:00 On se retrouve bien sûr le mois prochain, Arnaud.
22:02 - Merci Aurélie.