Marseille : détruire les cellules cancéreuses par le froid

  • l’année dernière
En 2013, la première cryothérapie pour traiter un cancer du rein était réalisée à l’Institut Paoli-Calmettes. Une procédure qui a démontré avec le temps de nombreux avantages.
C’est la deuxième cryothérapie que le docteur Gilles Piana va pratiquer sur son patient, atteint d’un cancer du rein. Deux ans après la première intervention, le radiologue va traiter une seconde lésion qui s’est développée au cours de son suivi. Pour se faire, le docteur Piana va insérer trois aiguilles qui vont générer une température de -120 degrés. En trente minutes, les différents cycles de froid et chaud vont créer un choc thermique qui va mener à une apoptose : une mort cellulaire. Le tissu détruit, va ainsi disparaître au fil du temps. Grâce à cette procédure mini-invasive, le patient sortira le lendemain sans points, ni pansements.
10 ans après la première cryothérapie, la technique a fait du chemin. Si la procédure était initialement proposée à des personnes inopérables, aujourd'hui, les jeunes patients, avec une longue espérance de vie, peuvent y accéder. Une avancée permise par le recul nécessaire sur cette technique mais aussi le passage de la pandémie de Covid-19. Une période où il fallait que les patients restent moins longtemps à l'hôpital.
Si en 2023, 50 cryothérapies rénales par an sont pratiquées à l’IPC. Gilles Piana "espère que dans dix ans, la procédure sera devenue un standard dans le traitement des petits cancers".

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Transcription
00:00 Chaque aiguille va former une boule de glace et ces boules vont confluer pour faire une sphère de 4-5 cm.
00:05 C'est-à-dire qu'on va encercler les nodules.
00:06 L'intérêt aussi c'est qu'on va préserver au maximum le rein du patient.
00:10 C'est-à-dire qu'on va éviter de lui enlever un gros morceau.
00:12 On va enlever juste ce qu'il faut.
00:26 On va voir le patient sur le ventre. La lésion ici et mon travail ça va être de positionner,
00:32 en passant à travers la peau, là on est sur la peau du dos,
00:34 trois aiguilles à ce niveau-là.
00:36 C'est-à-dire qu'on va encercler les nodules.
00:37 Chaque aiguille va former une boule de glace et ces boules vont confluer
00:40 pour faire une sphère de 4-5 cm.
00:42 Et l'intérêt aussi c'est qu'on va préserver au maximum le rein du patient.
00:46 C'est-à-dire qu'on va éviter de lui enlever un gros morceau.
00:48 On va enlever juste ce qu'il faut.
00:49 Le générateur de cryothérapie.
00:51 Là on va préparer les aiguilles de cryothérapie.
00:55 On va tester les aiguilles parce que, bien évidemment, il faut que l'aiguille fonctionne
00:59 si on la positionne à l'intérieur du patient.
01:01 Donc on va les connecter au générateur et ensuite on va les tester dans le bac.
01:04 On immerge complètement les aiguilles, on vérifie qu'il n'y ait pas de fuite.
01:09 On va geler pendant 10 minutes au moins.
01:11 Là c'est moins 10 minutes.
01:12 Le chaud et le froid ça permet d'obtenir la destruction des cellules.
01:19 Le principe thérapeutique du geste c'est de geler en utilisant de l'argon.
01:23 C'est un gaz qui va former une sphère, une boule de glace, à à peu près -120°C.
01:29 L'avantage d'utiliser le froid, c'est qu'on va suivre en direct la formation du glaçon en scanner.
01:36 Je vais d'abord positionner les aiguilles.
01:38 Ces aiguilles sont connectées à du gaz à très haute pression.
01:41 En 30 minutes, on va réaliser plusieurs cycles de froid puis de chaud.
01:47 C'est ce choc thermique qui va un petit peu dénaturer les cellules.
01:51 On appelle ça une apoptose, c'est-à-dire une mort cellulaire, sur une sphère extrêmement précise.
01:55 Ce tissu-là, c'est un tissu détruit qui va au fur et à mesure du temps disparaître.
01:59 On appelle ça une cicatrice.
02:01 C'est cette cicatrice qu'on va suivre en imagerie pour vérifier qu'il n'y ait pas de cellules encore actives à l'intérieur.
02:06 C'est juste la gaine du câble qui vibre un petit peu.
02:09 À mon sens, les avantages sont nombreux.
02:16 Tout d'abord, c'est un geste qu'on fait au cours d'une très courte hospitalisation.
02:19 C'est-à-dire que le patient, aujourd'hui, reste une nuit et on espère bientôt le faire en ambulatoire.
02:24 Ça limite de manière assez significative les complications.
02:27 C'est un geste qui comporte quand même son petit lot de risques,
02:29 mais en général, elles sont peu fréquentes et peu graves.
02:32 Quelques douleurs au point de fonction, mais l'avantage, c'est vraiment le côté mini-invasif de la procédure,
02:36 avec une récupération quasi immédiate.
02:39 C'est-à-dire que les patients qui sortent le lendemain n'ont pas de points, n'ont pas de pansements,
02:44 peuvent retrouver une vie normale dès 24 heures ou 48 heures après le geste.
02:48 Le glaçon, c'est toute la boule noire.
02:51 C'est ça, cette boule.
02:52 Ça a commencé par le rein.
02:54 Ensuite, on a développé la technique dans d'autres organes,
02:57 notamment le poumon, le foie, les os.
03:00 Donc maintenant, c'est un outil qu'on utilisait en routine chez nous pour traiter les petites lésions.
03:05 Au début, on se limitait à des toutes petites lésions et à des patients qui étaient relativement fragiles.
03:10 C'est-à-dire que c'était des patients qu'on ne pouvait pas opérer par chirurgie.
03:13 Et le grand changement qui est en train de survenir, c'est que maintenant,
03:17 on prend en charge des patients qui seraient opérables, qui sont en forme, qui sont jeunes,
03:20 parce qu'on a assez de recul.
03:22 Donc on sait qu'on peut proposer ces techniques maintenant à des patients
03:24 chez qui l'espérance de vie est relativement longue.
03:26 Donc le changement a été surtout là et la période du Covid a un petit peu accéléré ce changement,
03:30 puisqu'on a été dans une période où il fallait surtout que les patients restent le moins longtemps à l'hôpital.
03:35 Ça a accéléré un petit peu la transition de la chirurgie vers la cryothérapie.
03:38 Par contre, on a toujours besoin d'opérer.
03:40 On fait des traitements combinés.
03:41 Ce qui est important, c'est d'avoir l'ensemble des techniques pour prendre en charge ces lésions-là.
03:44 Maintenant, j'espère que dans les années à venir, dans les dix ans à venir,
03:48 ça pourra devenir un standard du traitement des petits cancers.
03:52 [Musique]

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