Aujourd’hui nous recevons Albin de la Simone pour parler de son nouvel album « Les cents prochaines années ». Fruit d'une collaboration avec Ambroise Willaume, dit Sage, il est disponible depuis mars dernier.
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00:00 - A peine assise, j'ai déjà le retour sur le plateau de télématin !
00:03 - T'es un peu rapide, c'est digre !
00:04 - Remettez votre suite s'il vous plaît.
00:05 Bonjour Albin de la Simonne.
00:07 - Bonjour !
00:07 - Quel plaisir de vous recevoir.
00:09 Vous êtes auteur, compositeur, interprète.
00:10 Vous êtes devenu au fil des années une des figures de la scène française.
00:14 Ça vous va si je le présente comme ça ?
00:15 - Je suis tout à fait... J'accepte.
00:18 Merci du coup.
00:19 - 20 ans écoulés depuis votre premier album,
00:22 des collaborations avec les plus grands sous-champs,
00:24 Philippe Catherine, Vanessa Paradis, M dans le Soldat Rose,
00:26 et un 7e album qui vient de sortir les 100 prochaines années.
00:29 C'est le nom de ce nouveau disque et de la chanson-titre
00:32 dont on écoute tout de suite.
00:33 Un extrait.
00:34 Alors on ne peut pas dire que ce soit le cas de toutes vos chansons,
00:57 et celle-ci est particulièrement joyeuse, optimiste.
01:01 Qu'est-ce qui vous arrive Albin ?
01:04 - L'amour.
01:05 - C'est une chanson d'amour.
01:07 - Oui, c'est une chanson d'amour et c'est un engagement sur les 100 prochaines années,
01:12 mais après on voit.
01:14 C'est juste pour commencer.
01:16 Il y a le modestement.
01:18 - On a aperçu la pochette de l'album.
01:19 Est-ce que vous pouvez nous dire qui est en photo sur cette pochette ?
01:23 - Oui, il y a deux personnes en photo.
01:24 Il y a ma mère et moi dans les bras de ma mère.
01:28 C'est une photo qui date de quand j'avais deux ans,
01:31 je ne sais pas quel âge je pouvais avoir.
01:33 J'ai écrit une chanson qui parle de cet instant-là,
01:36 qui parle de ce moment et de comme ça doit être génial
01:40 d'être bébé dans les bras de sa mère.
01:41 On ne s'en souvient pas, mais ça doit être génial.
01:43 Et sur le fait que je fasse une déclaration à ma mère en disant
01:46 que ça devait être génial d'être dans tes bras à ce moment-là,
01:47 je ne m'en souviens pas.
01:49 - Cette chanson, entre autres, fait partie de l'album.
01:53 Vous vous racontez globalement dans ce disque,
01:55 vous vous racontez tout petit, vous venez de le dire,
01:58 petit, petit, vous.
01:59 C'est "Petit, petit, moi", la chanson.
02:01 On l'écoute.
02:03 - Ce petit, petit moi qui savoure en silence
02:11 Un moment dans tes bras
02:15 Qu'un jour il oubliera
02:18 Au loin dans la nature
02:29 En liberté l'aîné galope à belle allure
02:33 Sur le dos d'un poney
02:36 - Je ne sais pas si ça vous émeut encore de revoir toutes ces photos défilées,
02:40 mais que lui diriez-vous au petit albin de la Simone
02:43 qui est sur ces photos, si vous le rencontriez aujourd'hui,
02:45 s'il était là, à côté de vous ?
02:47 - Eh bien, qu'il garde cette fraîcheur et cet optimisme,
02:51 parce que c'est beau, c'est beau de voir ça, je trouve.
02:53 De voir l'innocence et l'expression de la vie sur cette photo,
02:58 que ce soit moi ou un autre enfant,
03:00 je trouve ça tellement merveilleux de voir l'enthousiasme.
03:03 C'est un truc qui est très facile à perdre.
03:06 - Donc il ne faut pas le perdre, je trouve.
03:08 - Vous avez dit que vous focalisiez de vos parents
03:12 leur désir de progression sociale.
03:15 - Dans une interview de Libération ?
03:17 - Je vous laisse continuer.
03:19 - Et le besoin de votre papa de toujours tout prouver.
03:23 Il prouve quoi, cet album ?
03:26 - Ah, oui, mon père n'était pas compète,
03:30 mais il a été élevé dans un système
03:32 où quand même il fallait être vachement bon.
03:34 Je me souviens qu'un jour, ça devait être Teddy Riner,
03:36 qui au lieu d'être médaille d'or aux Jeux Olympiques,
03:39 était médaille de bronze.
03:40 Et mon père m'avait dit, tu vois, tout ça pour rien.
03:43 J'avais trouvé ça dingue, ça m'a vachement...
03:45 - Le rapport à l'échec.
03:46 - Oui, l'échec, c'est-à-dire troisième, c'est un échec.
03:49 Donc j'ai trouvé ça fou et ça m'a éclairé sur lui,
03:52 sur ma relation à lui.
03:54 Et ça m'a permis de comprendre un petit peu mieux
03:56 et de me dire que, bah non, moi, je veux sortir de ça.
03:58 Je ne veux pas considérer que troisième, c'est un échec.
04:01 On a une vie atroce.
04:02 - Vous n'avez jamais été comme ça ?
04:04 Vous n'avez pas pris ça au début ?
04:06 - Non, mais du coup, c'était difficile,
04:07 parce que lui, je sentais que c'était...
04:09 Lui-même devait se sentir en échec
04:11 et devait me sentir en échec.
04:13 Donc résoudre les problématiques qu'on arrive à identifier,
04:16 c'est des choses qui permettent justement
04:18 de rester un petit peu enthousiaste.
04:20 - Vos inspirations, ce sont vos parents, bien sûr,
04:22 mais elles sont aussi nourries de grands auteurs,
04:24 de grands interprètes.
04:26 C'est le cas d'Alain Souchon.
04:28 S'il ne devait en rester qu'un, ce serait celui-ci.
04:30 Ce serait lui.
04:31 - Je pense, oui.
04:32 Pour la qualité, la finesse,
04:35 le côté précis de son écriture,
04:38 écrire des chansons, c'est vraiment...
04:40 Je vois ça comme des huiles essentielles.
04:42 On enlève tout ce qui dépasse.
04:43 On n'a pas de place.
04:44 Il faut dire des choses fortes.
04:46 Il faut ouvrir la possibilité à l'auditeur
04:49 de se faire un roman en disant très peu de choses.
04:51 Je trouve qu'Alain Souchon,
04:53 c'est vraiment l'homme qui sait concentrer la pensée.
04:56 - Et quelles chansons en particulier ?
04:58 Il paraît que votre préféré, c'est "La vie ne vaut rien".
05:01 - J'ai un attachement particulier à "La vie ne vaut rien"
05:03 parce que j'ai joué tous les instruments,
05:05 la clavier dessus.
05:07 (musique)
05:09 Tout ce qu'on entend là, en gros...
05:11 - Vous pouvez chanter, si ça vous fait plaisir.
05:13 - Je ne vous entends pas bien.
05:15 Mais j'y ai beaucoup participé.
05:17 J'ai tourné avec lui. J'étais son pianiste.
05:19 Je l'ai connu de près.
05:21 Et j'ai connu de près quelqu'un que je connaissais de loin.
05:23 Enfin, depuis toujours.
05:25 Donc c'est une rencontre très importante pour moi.
05:27 - Et il vous a inspiré musicalement, bien sûr.
05:29 On l'entend, mais pas seulement.
05:31 Il vous a aidé aussi à une époque,
05:33 vous l'avez raconté dans une interview,
05:35 en CM2, vous dites "je me faisais taper sur la gueule
05:37 à la récré par des mecs plus forts que moi
05:39 qui me trouvaient efféminé".
05:41 Et c'est les chansons d'Alain Souchon
05:43 qui vous ont aidé peut-être à relativiser ça ?
05:47 - Oui, ou en tout cas à trouver quelqu'un
05:49 qui n'était pas dans la...
05:51 Au même moment, il y avait Claude François
05:53 et Johnny Hallyday quand même.
05:55 Et Johnny Hallyday, limite, il était déguisé en Mad Max.
05:57 Donc l'homme, c'était ça,
05:59 Rocky, Rambo, machin...
06:01 - Le virilisme de cette époque-là.
06:03 - Oui, masculin 3000, quoi.
06:05 Ou Alain Souchon.
06:07 Et en fait, voilà, Souchon, ça me réconfortait
06:09 de voir qu'il y avait quelqu'un qui pouvait dire "allô maman,
06:11 bobo" tout en étant un mec.
06:13 Voilà, c'est un chemin qui est différent,
06:15 mais c'est une masculinité tout à fait possible aussi
06:18 et dans laquelle je me reconnais beaucoup plus.
06:20 - Quelqu'un a un message pour vous.
06:22 - Ah tiens !
06:23 - Et il a une question pour vous.
06:25 On va regarder.
06:27 - Écoute, j'ai découvert tes dessins récemment,
06:29 j'ai trouvé remarquable,
06:31 notamment sur les objets et sur ton environnement,
06:33 ce que tu vois.
06:35 Bon, la question est simple,
06:37 je voudrais savoir comment tu pourrais formuler
06:39 le rapport que tu entretiens
06:41 entre le dessin et la chanson.
06:45 - Clin d'œil de Philippe Quatribe.
06:47 - Ça me touche beaucoup parce que s'il y en a un autre
06:49 qui a été un déclencheur, c'est Philippe.
06:51 Philippe, quand il a sorti un disque qui s'appelle
06:53 "Les créatures" à la fin des années 90,
06:55 grâce à ça, j'ai compris que la chanson,
06:57 c'était un art libre,
06:59 qu'on pouvait vraiment être qui on veut.
07:01 Et c'est là que j'ai commencé à écrire ma première chanson.
07:03 C'est vraiment grâce à lui.
07:05 - Et il vous pose une question sur vos dessins.
07:07 - Oui, pardon.
07:09 Moi, j'écris des chansons, je dessine.
07:11 Si je savais tricoter,
07:13 je tricoterais.
07:15 Je m'exprime artistiquement
07:17 par tout ce que je peux faire.
07:19 Il se trouve que j'ai beaucoup dessiné dans ma vie
07:21 et que j'aime ça.
07:23 - Et on les voit, vos dessins.
07:25 - Mais je ne connecte pas le dessin à la chanson.
07:27 C'est soit l'un, soit l'autre.
07:29 Et le dessin, j'y vais sans aucune pression.
07:31 Alors que la chanson, ça m'inquiète beaucoup plus.
07:33 Rater une chanson, ça m'inquiète.
07:35 Rater un dessin, je m'en fous complètement.
07:37 - Vous restez avec nous et pendant la Simone.
07:39 Petite pause, je reviens dans un instant.