• l’année dernière
Cette semaine se tiendra à Reykjavik le Sommet des chefs d’État et de gouvernement du Conseil de l'Europe, en la présence d'Emmanuel Macron. "Une occasion historique pour le Conseil de l'Europe de recentrer sa mission, au vu des nouvelles menaces qui pèsent sur la démocratie et les droits humains", annonce le site du Sommet. L’Ukraine sera bien évidemment en tête de l’ordre du jour de cette rencontre en Islande.
Une émission préparée par Aziza Nait Sibaha, Mohamed Chenteur, Fadile Bhayat, Jessica Fahed.

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Transcription
00:00 Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouveau numéro de Demain à la Une.
00:05 Voici les titres de cette édition.
00:07 Le Conseil de l'Europe tient son prochain sommet en Islande et ambitionne de recentrer
00:11 ses missions autour des droits humains.
00:14 Une quarantaine de chefs d'État et de gouvernement ont déjà confirmé leur présence à Reykjavik.
00:19 Bachar al-Assad attendu à Jeddah pour un sommet de la Ligue arabe qui marque la fin
00:23 de sa mise au banc par ses pairs suite à la repression de la révolution syrienne.
00:27 Une invitation qui en dit long sur les bouleversements géopolitiques que connaît la région après
00:31 le rapprochement entre l'Iran et l'Arabie Saoudite.
00:33 Bienvenue à tous.
00:37 La semaine prochaine se tiendra donc à Reykjavik le sommet des chefs d'État et de gouvernement
00:41 du Conseil de l'Europe.
00:42 On a la présence d'Emmanuel Macron, le président français, qui a donc confirmé
00:45 sa présence.
00:46 Une occasion historique pour le Conseil de l'Europe de recentrer sa mission au vu des
00:51 nouvelles menaces qui pèsent sur les démocraties et les droits humains.
00:54 Annonce donc le site du sommet.
00:57 L'Ukraine sera bien évidemment en tête de l'ordre du jour de cette rencontre.
01:00 Pour débattre de ce premier sujet, j'ai le plaisir d'avoir ici à mes côtés dans
01:06 les studios Bruno Daron, notre éditorialiste et spécialiste de politique internationale.
01:10 Bonjour Bruno.
01:11 Bonjour Aziza.
01:12 Merci d'être avec nous.
01:13 Et nous avons aussi avec nous par Skype Patrick Martin-Genier qui est enseignant à Sciences
01:17 Po Paris à l'Inalco, spécialiste des questions européennes.
01:19 Bonjour et merci d'être avec nous.
01:21 Bonjour.
01:22 Alors Bruno, je commence tout d'abord avec vous pour la présidence islandaise actuelle
01:26 du Conseil de l'Europe.
01:27 Ce sommet est très important et serait donc l'occasion, je cite, de penser à des réponses
01:32 concrètes aux crises actuelles, qu'elles soient climatiques ou humanitaires.
01:36 Oui, alors il faut peut-être d'abord préciser pour nos téléspectateurs que le Conseil
01:39 de l'Europe, ce n'est pas l'Union européenne.
01:41 C'est une organisation bien distincte qui a été créée quelques années auparavant,
01:46 en 1949, qui regroupe 46 États.
01:48 Donc ça fait à peu près 800 millions d'habitants.
01:51 La Russie en faisait partie jusqu'à l'invasion russe en Ukraine.
01:56 Elle en a été exclue.
01:58 Donc voilà, c'est un club, on va dire, plus informel que l'Union européenne, mais qui
02:03 intègre évidemment les 27 pays de l'Union européenne et qui, depuis l'origine, en
02:08 1949, défend effectivement les droits humains, la démocratie, bref, toutes les valeurs communes
02:13 partagées par ces États démocratiques.
02:16 Donc ça va être à nouveau à l'ordre du jour lors de ce sommet qui, en fait, n'est
02:21 que le quatrième en tant que tel.
02:23 Il y en avait eu en 93, 97, 2005 et maintenant ce sommet.
02:28 Donc c'est une occasion, on va dire, un peu solennelle où, effectivement, on va parler
02:33 des questions environnementales, comment faire en sorte que ces États remplissent mieux
02:37 leurs objectifs en termes de réduction des gaz à effet de serre.
02:41 Et puis, évidemment, on va parler de ce qui est un peu la vocation initiale de ce Conseil,
02:46 qui est notamment la défense de l'État droit et la défense des droits de l'homme.
02:50 Il faut rappeler que c'est ce Conseil qui a créé notamment la Cour européenne de
02:53 justice.
02:54 Alors justement, Patrick Martin-Genier, on parle beaucoup dans les couloirs du Conseil
02:59 de cette charte sociale, on parle de droit humain.
03:02 Alors est-ce qu'aujourd'hui, c'est un peu ça l'orientation dont on parle ? Et puis
03:07 surtout, quel est le poids réel de ce Conseil de l'Europe sur l'échec et international ?
03:11 Alors d'abord, le Conseil de l'Europe, c'est quand même un organisme, cela vient
03:16 d'être souvenir, qui défend les droits de l'homme, l'État de droit.
03:20 Les droits de l'homme sont donc de plus en plus attaqués dans le monde, mais pas
03:22 uniquement dans l'Union européenne, mais également dans l'Union européenne.
03:26 Certains États sont au banc des nations aujourd'hui.
03:29 Vous parlez effectivement de l'importance de cette institution.
03:33 Je rappellerai quand même qu'avec ce Conseil de l'Europe, il y a une cour des droits
03:38 de l'homme, une cour internationale, la Cour européenne des droits de l'homme,
03:41 qui rend de multiples décisions tous les ans et qui condamne certains États pour
03:46 méconnaissance des droits de l'homme, des traitements inhumains ou dégradants, du racisme,
03:52 également l'atteinte aux journalistes, l'atteinte à des minorités, partout en
03:57 Europe.
03:58 Et donc c'est très important, l'échiquier en fait, il a une valeur très symbolique,
04:02 mais également une valeur juridictionnelle, c'est-à-dire que lorsqu'un État est condamné
04:06 par la Cour européenne des droits de l'homme, cet État doit se soumettre à cette décision
04:12 de la Cour.
04:13 Je parle par exemple sur les droits de la défense, la situation des prisonniers en
04:17 prison, certains États ne sont pas conformes aux normes pour l'accueil des personnes
04:23 dans les prisons.
04:24 Tout cela, c'est très important et cela est publié dans la presse internationale
04:28 et cela jette un peu l'opprobre sur certains États qui sont condamnés.
04:32 Bruno, l'Ukraine, on le disait, sera au cœur des débats pour ce sommet.
04:37 On parle d'établissement des responsabilités dans le conflit qui dure depuis plus d'un
04:41 an.
04:42 Que peut faire le Conseil de l'Europe dans ce sujet, même si on a bien compris que sa
04:45 spécialité aujourd'hui, c'est effectivement cette défense des droits de l'homme ?
04:48 D'abord, il y aura un dîner spécialement consacré à la situation en Ukraine et il
04:53 s'agira d'apporter un message de soutien et d'unité à l'Ukraine.
04:57 Encore une fois, cela restera assez symbolique puisque même si effectivement ce Conseil
05:03 de l'Europe a une importance en termes notamment juridictionnels, cela a quand même moins
05:08 de poids d'un point de vue décisionnaire que les décisions que peuvent prendre par
05:13 exemple les 27 pays de l'Union européenne quand ils imposent des sanctions.
05:16 Mais en revanche, pour tout ce qui est la justice, établir les responsabilités, c'est-à-dire
05:21 notamment progresser sur la responsabilité de l'État russe dans ce que ses troupes ont
05:27 fait en Ukraine.
05:29 Et là, on peut parler évidemment de graves exactions, voire de crimes de guerre qui
05:35 ont été perpétrés par l'armée russe.
05:37 Donc, il sera à la fois question de l'Ukraine et de la responsabilité de l'armée russe
05:44 et des autorités russes dans la perpétuation d'actes extrêmement graves.
05:48 Alors, Patrick, Martin, jeune hieu, justement, en parlant de ce conflit, ce qu'on voit c'est
05:53 que cette guerre en Ukraine a mis justement à l'épreuve finalement l'Europe de manière
05:58 générale, l'Union européenne bien évidemment un peu plus, dans cette bipolarité qui s'est
06:03 créée.
06:04 On parle aujourd'hui de changement de paradigme en Europe.
06:07 Oui, bien sûr, on s'est aperçu que alors que l'on croyait que la paix était définitivement
06:12 installée en Europe, avec ce Conseil de l'Europe, d'ailleurs pris en 1949 dans la foulée
06:18 de cette paix en Europe et le départ et le début de la construction européenne, et
06:22 bien on s'est aperçu que la guerre pouvait revenir au centre de l'Europe, ce qui est
06:29 de toute façon inédite effectivement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et que
06:32 l'Europe devait prendre en main son destin.
06:34 L'Europe a toujours cru que la paix était présente et en réalité on s'aperçoit que
06:39 nous sommes très faibles, que nous dépendons encore des États-Unis et que nous sommes
06:43 menacés par des puissances telles que la Russie, qui est devenue une puissance impérialiste,
06:48 dangereuse pour la paix en Europe.
06:50 Donc il faut effectivement que l'Europe soit face à ses responsabilités et il est tout
06:54 à fait normal, vous avez dit que le président Macron allait assister à ce sommet, que la
06:59 France et l'Europe poussent en faveur d'une plus grande indépendance stratégique pour
07:03 être capable de faire face à ces nouveaux conflits.
07:06 Alors dans ce sommet justement, Martin Jeunier, dans ce sommet, ce qu'on voit dans ce Conseil
07:11 plutôt, on est à une quarantaine de pays, comme disait Bruno, quelles sont un peu les
07:17 difficultés ? Parce que déjà on le voit, et on en parlera dans quelques instants sur
07:21 l'élargissement de l'Union européenne, la difficulté que c'est de prendre des décisions.
07:25 Avoir autant de pays dans une même institution, ça complique pas un peu les choses ?
07:30 Oui mais il faut relativiser dans la mesure où ce devait être dit, le Conseil de l'Europe
07:36 n'a aucun pouvoir décisionnel en la matière.
07:40 Cette institution est là pour défendre les droits de l'homme, s'inquiéter de l'évolution
07:46 de la condition de vie de certaines personnes en Europe, les conditions de vie des minorités,
07:51 les conditions de procès, ou alors par exemple le traitement des réfugiés et des migrants
07:55 en Europe, ça c'est quelque chose de très important.
07:57 S'agissant de l'Ukraine et de la Russie, la Russie n'est plus membre du Conseil de
08:03 l'Europe, et bien par conséquent elle n'a pas beaucoup de pouvoir décisionnel à cet
08:07 égard.
08:08 46 États exactement sont là dans ce Conseil, une quarantaine vont assister effectivement
08:13 à ce Conseil.
08:14 Donc là, vous parliez tout à l'heure de recentrer les compétences du Conseil de l'Europe,
08:20 on doit se recentrer sur les droits de l'homme, les droits de l'homme là où ils sont mal
08:24 traités, et je veux dire par exemple, certains pays sont stigmatisés, tels que la Hongrie,
08:30 la Pologne, qui sont pourtant membres à la fois du Conseil de l'Europe et de l'Union
08:34 Européenne, et qui maltraitent les juges, qui maltraitent les femmes, notamment par
08:38 rapport aux droits à l'avortement, qui maltraitent également les minorités.
08:42 Donc tout cela, c'est ça sur lequel il faut insister, et bien sûr qu'il y aura une déclaration
08:47 sur l'Ukraine, mais là il n'y aura pas de difficultés particulières, ou de toute
08:51 façon la déclaration sera essentiellement symbolique, puisque c'est d'abord l'Union
08:56 Européenne qui décide d'aider l'Ukraine, et puis derrière l'Union Européenne, les
09:00 Etats-Unis.
09:01 Bruno, justement, c'est pour cela que je posais aussi la question sur cette taille
09:06 de ce Conseil, quand on regarde par exemple avec l'Union Européenne aujourd'hui et
09:09 les enjeux de l'élargissement de cette Union, on voit Bruxelles aujourd'hui qui
09:14 tient quand même, qui reste sourde aux appels de Zelensky pour rejoindre l'Union Européenne,
09:20 est-ce que dans ce genre d'institution, même si l'Union Européenne est différente
09:23 du Conseil, est-ce que c'est compliqué aujourd'hui de peser quand on est nombreux,
09:28 même si le Conseil a exclu la Russie, et que l'Union Européenne fait clairement face
09:31 à la Russie aujourd'hui ?
09:32 Oui, enfin d'abord on ne peut pas dire que l'Union Européenne ait fermé la porte
09:34 à Volodymyr Zelensky, au contraire.
09:36 Mais pour le moment, en tout cas en tant que ministre, est-ce qu'ils veulent prendre
09:38 le temps ? On dit qu'on ne peut pas accélérer les choses.
09:40 Oui voilà, mais enfin ils ont accepté la candidature de l'Ukraine et les procédures
09:44 peut-être vont être accélérées par rapport à d'autres Etats, mais c'est clair que
09:49 c'est compliqué, les organisations où il y a beaucoup de pays comme ça, mais encore
09:53 une fois, comme disait M.
09:54 Martin Genier, en fait c'est un peu différent, parce que le Conseil de l'Europe c'est
09:59 avant tout un club de pays qui partagent les mêmes valeurs et qui se concentrent sur
10:03 la question de la défense des droits de l'homme.
10:05 Donc c'est un peu moins compliqué de ce point de vue-là que l'Union Européenne,
10:09 où il faut prendre des décisions ensemble, et c'est là souvent que ça devient très
10:14 compliqué.
10:15 C'est le cas du Conseil de l'Europe, bon ils ont été 47, la Russie a été exclue,
10:22 c'était un grand pays qui était rentré difficilement au Conseil de l'Europe dans
10:25 les années 90, elle était rentrée finalement en 1996, bon là elle en a été exclue.
10:31 Les 46 pays, même s'il y a beaucoup de différences entre eux, il y a aussi surtout
10:36 beaucoup de points communs, et ce sont uniquement des pays qui fonctionnent de manière démocratique
10:42 et qui globalement respectent les normes de l'état de droit, même si comme ça a
10:45 été dit, certains pays sont un peu pointés du doigt actuellement pour ne pas se plier
10:53 complètement aux engagements qu'ils ont pris.
10:56 Il faut rappeler aussi que dans le Conseil de l'Europe, il y a un pays dont on observera
10:59 d'ailleurs un peu le comportement pendant cette réunion, c'est la Turquie, puisque
11:04 ce sera deux jours après le premier tour de l'élection présidentielle qui a lieu
11:09 ce dimanche, et sur ces questions d'état de droit et de défense des droits de l'homme,
11:13 on sait que le président sortant, Recep Tayyip Erdogan, est férocement critiqué par son
11:19 opposition.
11:20 On parlera d'ailleurs en deuxième partie, puisqu'on parle du retour de Bachar el-Assad
11:24 dans la Ligue arabe, et c'est vrai que Moscou aujourd'hui intervient un peu comme interlocuteur
11:28 avec la Turquie aussi pour des rapprochements et puis surtout pour peut-être un autre équilibre
11:33 géopolitique.
11:34 Merci beaucoup Bruno Daroud d'avoir été avec nous, Patrick, Martin Genier, merci
11:37 à vous aussi d'avoir été avec nous pour cette première partie de l'émission.
11:42 Merci à vous tous, on revient juste après le bulletin d'information pour la deuxième
11:46 partie de Demain à l'Eina, tout de suite.
11:47 ♪ ♪ ♪

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