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00:00 7h46 sur France Blancs Armorique. À Rennes, la Polyclinique Saint-Laurent ouvre aujourd'hui une nouvelle unité de soins dédiée
00:06 aux professionnels de santé en burn-out, en état d'épuisement. On en parle avec Vincent Lepage,
00:10 cadre de santé de la Polyclinique et responsable de cette nouvelle unité. Il répond aux questions de Julien Prouvoyeur.
00:16 Bonjour Vincent Lepage. - Bonjour. - C'est donc vous qui êtes à l'initiative de ce projet, tout simplement. Pourquoi ? Est-ce qu'il y a de réels besoins ?
00:22 - En fait,
00:25 la période de confinement et de pandémie a été un révélateur
00:29 de l'épuisement professionnel
00:31 de soignants. Un chiffre, il y a 20% d'infirmiers en burn-out dès cinq ans d'ancienneté.
00:38 Donc j'avais été interpellé
00:42 à l'époque, en 2020, par une patiente qui était elle-même soignante, une pharmacienne, et qui m'a demandé si
00:51 ça nous intéressait à la Polyclinique Saint-Laurent,
00:54 de monter un dispositif de prise en charge de soignants en burn-out.
01:00 Un dispositif, en effet, qui m'a intéressé, puisqu'il y a une association parisienne,
01:05 financée par plusieurs ARS et
01:08 plusieurs fondations, qui souhaite créer un réseau de cliniques sur le territoire national,
01:13 avec des dispositifs dédiés à la prise en charge des soignants en burn-out. - Ça n'existe pas des
01:18 unités dédiées aux employés, aux cadres, aux personnes de la fonction publique, par exemple. Alors pourquoi une unité dédiée aux soignants ? Est-ce qu'ils ont des
01:26 problématiques particulières ? - Parce que le soignant a, dans ses gènes,
01:30 de s'occuper de l'autre, et du coup, quand eux-mêmes sont victimes,
01:37 sont en souffrance, ont une difficulté à s'occuper d'eux-mêmes.
01:40 On le voit bien, parce que ça nous arrive d'avoir des soignants dans nos structures, on voit bien la difficulté qu'ils ont à
01:48 prendre soin d'eux, à poser la blouse, à perdre, entre guillemets, leur identité de soignant pendant
01:55 leur hospitalisation, et donc il nous semblait cohérent
01:59 d'avoir
02:01 un dispositif avec des soins propres,
02:04 et qui tiennent compte de cette particularité d'être soignant. - Vincent Lepage, comment les soignants
02:10 épuisés, justement, arrivent-ils jusqu'à vous, jusqu'à cette unité ? - Alors,
02:14 les indications peuvent être diverses. Médecine du travail,
02:17 prise en charge par le médecin traitant
02:20 généraliste,
02:22 suivi psychologique, suivi par des psychiatres libéraux, enfin voilà, tous les canaux sont
02:28 possibles pour nous orienter des soignants qui
02:32 souffrent de cet épuisement professionnel. - Ils arrivent à faire ce premier pas le plus souvent ? C'est pas trop dur justement ?
02:38 - C'est compliqué, c'est toujours compliqué pour un soignant de se retrouver dans une
02:43 position de patient. - Et quelle sera la prise en charge de ces soignants, justement ?
02:49 - Donc c'est un dispositif d'hospitalisation complète pendant trois semaines,
02:53 avec un parcours de soins bien spécifique. Une première semaine où on va plutôt orienter sur des soins psychocorporels,
03:01 c'est-à-dire qu'on va
03:03 permettre aux soignants de se recentrer sur lui, de déposer symboliquement cette fameuse blouse,
03:09 et ensuite
03:12 une prise en charge plus
03:14 psychothérapeutique, avec des groupes des paroles, avec
03:17 tout un programme de psychoéducation qui va permettre
03:21 aux soignants de connaître le processus qui amène au burn-out.
03:26 Mais aussi on va travailler sur les comorbidités, puisque souvent il y a des comorbidités,
03:31 médicaments, alcool, quand il y a cet épuisement professionnel.
03:35 Et enfin une dernière semaine
03:38 où on va donner des conseils, des clés pour retrouver un bien-être
03:44 dans la vie de tous les jours. - Et rapidement Vincent Lepage, est-ce que l'épuisement dont vous nous parlez, cette unité, est-ce que ça vous inquiète
03:50 pour l'arrivée de futurs soignants ? On en parle justement dans ce journal, dans cette nouvelle Écho,
03:55 le recrutement est déjà difficile ? - Alors il y a des tensions en ressources humaines en effet très importantes. Oui c'est inquiétant parce que
04:02 aujourd'hui il faut savoir que par exemple
04:04 40% au bout de deux ans, 40% des jeunes diplômés quittent la profession.
04:09 Une infirmière,
04:12 c'est sept ans de durée moyenne de vie en moins qu'une femme française.
04:17 Donc en effet c'est une profession difficile, c'est une profession qui met à mal
04:22 les organismes, donc voilà il y a un vrai intérêt à
04:27 avoir une prise en charge de le particulier. - Justement vous êtes là pour les aider ces futurs soignants. Merci
04:32 Vincent Lepage, vous êtes cadre de santé à la Polyclinique Saint-Laurent-Arène et
04:36 responsable donc de cette nouvelle unité de soins pour les soignants. Merci d'avoir été là. - Merci à vous.