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C’est le comédien André Dussolier qui vient aujourd’hui partager un café avec nous ! Sa pièce « Sens dessus dessous », qu’il a conçue et réalisée, a connu un tel succès qu’elle reprend du 24 mai au 2 juillet sur les planches du théâtre Marigny.

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Transcription
00:00 De retour dans Télématin et quel bonheur en ce dimanche 14 mai de recevoir un monument du théâtre et du cinéma français,
00:07 André Dussolier est l'invité de Télématin.
00:09 Bonjour André Dussolier.
00:10 Bonjour.
00:11 Merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation et vous savez quoi ?
00:15 Je trouve qu'il y aurait tellement de choses à dire sur vous, sur votre parcours, que c'en est impossible de vous présenter.
00:20 Je vais donc vous demander de vous prêter à un exercice qu'on vous demande sans doute assez rarement.
00:26 Présentez-vous.
00:27 Ah, en deux mots évidemment.
00:29 En autant que vous le souhaitez.
00:30 Écoutez, passionné par le théâtre et le cinéma, voilà, tout est dit.
00:34 Et c'est un peu la raison de ma présence ici, c'est parce que je vais jouer au théâtre dans peu de temps
00:40 et reprendre un spectacle que j'ai joué déjà il y a quelques temps et que j'ai le plaisir de partager comme ça avec les spectateurs,
00:46 mais les comédiens, c'est tout.
00:48 Dans cette présentation, vous avez le triomphe modeste parce que vous oubliez de dire qu'il y a eu trois Césars, un Molière, plus de 150 films
00:55 et le succès en date, c'est le dernier, celui dont on parle aujourd'hui, ça s'appelle "Sans dessus dessous".
01:00 Vous le jouiez au Bouffe Parisien.
01:02 Ça a été un tel triomphe que vous prolongez cette pièce au Théâtre Marigny du 24 mai au 2 juillet.
01:09 C'est un spectacle littéraire.
01:10 Vous allez nous raconter, vous compiler des textes, vos textes préférés.
01:14 Certains sont signés de Baudelaire, de Guitry, de Hugo et de Raymond Deveaux.
01:20 On regarde un extrait.
01:22 Tous les locataires du dessous voudraient habiter au dessus.
01:25 Tout ça parce que le locataire qui est au dessus est allé raconter par en dessous que l'air que l'on respira à l'étage au dessus était meilleur que celui que l'on respirait à l'étage en dessous.
01:32 Alors, le locataire qui est en dessous a tendance à envier celui qui est au dessus et à mépriser celui qui est en dessous.
01:38 Moi, je suis au dessus de ça.
01:40 Si je méprise celui qui est en dessous, c'est pas parce qu'il est en dessous, c'est parce qu'il convoite l'appartement qui est au dessus, le mien.
01:45 Et on a coupé l'extrait, mais quelle est la suite?
01:48 Ah oui, moi, je sais très bien mon appartement à celui du dessous, à condition de venir celui du dessus.
01:55 Mais je compte pas trop dessus parce que j'ai pas de sous.
01:57 Enfin voilà, c'est du Devauss, tout traché.
01:59 On a l'impression en plus, Devauss, on n'ose pas y toucher en général parce que vraiment, il y a l'auteur et puis il y a l'interprète aussi.
02:05 C'est tellement lié. Mais ce texte là est tellement bien écrit, tricoté que vraiment, on peut l'incarner.
02:12 J'ai l'impression, enfin, je vois que ça fonctionne avec le public.
02:15 C'est jubilatoire.
02:16 Oui, c'est vraiment agréable.
02:18 J'ai privilégié les textes comiques et drôles.
02:20 Alors ça va, comme vous l'avez dit, de toutes les époques.
02:23 C'est vrai qu'il y a quelques fois des surprises.
02:24 Il y a des textes, en particulier, il y a un texte de Victor Hugo sur la rumeur.
02:28 On a l'impression que ça a été écrit aujourd'hui ou hier.
02:31 Ça date de 1856.
02:32 Mais j'aime bien, c'est un voyage comme ça à travers des textes qui sont comme une succession de petites pièces de théâtre.
02:38 Le théâtre qui a une importance tout à fait particulière dans votre vie, vous l'avez dit, mais vous l'évoquiez déjà en 1972.
02:45 Cette année-là, elle est importante.
02:46 Pour quelle raison l'est-elle cette année-là ?
02:48 J'étais au conservatoire.
02:48 C'était en effet des concours de sortie.
02:51 Et donc, évidemment, c'était important pour un jeune comédien parce qu'on a l'occasion de se montrer à la profession, à la presse, etc.
02:57 Donc voilà, c'était le premier bain public.
03:01 Vous veniez de recevoir ce fameux prix du Conservatoire national d'art dramatique.
03:05 Une question vous a été posée.
03:07 Pourquoi avoir choisi le théâtre ?
03:08 Et à l'époque, vous répondiez ça.
03:11 Pour quelle raison avez-vous choisi le théâtre alors que l'enseignement s'ouvrait devant vous ?
03:15 Parce que j'ai toujours eu envie de faire du théâtre et que j'ai jamais eu envie de faire d'enseignement.
03:18 Et que j'avais surtout envie de faire des lettres.
03:20 C'est pour ça que j'ai fait des études de lettres.
03:21 Mais j'ai toujours fait du théâtre.
03:23 Et c'est vers le théâtre que je savais que j'irais.
03:28 Et votre passion, finalement, à la fois des lettres et du théâtre, elle s'exprime là ?
03:32 Elle se résume là, dans ce spectacle ?
03:33 C'est vrai.
03:34 Parce qu'en fait, j'ai toujours été sensible au pouvoir des mots.
03:38 Et je trouve qu'aujourd'hui, enfin, j'y suis sensible encore plus parce que
03:42 ces textes-là que j'ai l'occasion de dire,
03:44 c'est des textes qu'on a pu connaître, entendre,
03:46 mais qui restent au milieu des livres étalés sur les étagères et qu'on ne ressort pas souvent.
03:51 Et puis, je me rends compte aussi que les mots, ça a beaucoup d'importance
03:54 pour ceux qui ne manient pas la langue avec maîtrise.
03:57 Et que vraiment, ça a un pouvoir dans la société pour dire ce qu'on ressent, ce qu'on pense.
04:01 Donc, je ne sais pas, j'ai envie quelquefois de faire entendre ces pages particulières de la littérature
04:06 ou de la poésie.
04:07 Et puis aussi peut-être de les faire entendre par des gens qui n'ont pas l'habitude de ça.
04:10 Pour qu'ils se les approprient aussi et qu'ils se les reconnaissent.
04:13 Oui, parce que voilà, à l'occasion, je trouve que c'est beau d'entendre
04:18 des petits chefs-d'œuvre comme ça et qui ne sont pas seulement des poèmes,
04:21 mais qui sont aussi des petits sketchs.
04:23 Il y a beaucoup de Roland Dubiard, par exemple.
04:25 On a cité De Vos, mais il y en a d'autres.
04:27 Voilà, j'aime bien la comédie.
04:30 Il n'y a pas un article que j'ai lu qui parle de vous et de ce spectacle triomphal.
04:34 On l'a dit, qui n'évoque pas Fabrice Lucchini.
04:37 Comme s'il était le seul capable de convoquer tous ses auteurs sur une scène de théâtre
04:42 et d'être ce fameux compilateur de littérature.
04:44 Est-ce que ça vous agace que Fabrice Lucchini fasse irruption systématiquement
04:49 dans les critiques de votre pièce ?
04:51 Non, non, non, non, je connais Fabrice depuis toujours.
04:53 Et donc, il a été… c'est vrai, il a commencé à faire connaître des auteurs
04:57 ou à les dire en scène et à les faire…
04:59 Voilà, parce que je me suis rendu compte, en lisant par exemple Proust,
05:02 que je croyais avoir compris les phrases,
05:04 mais je trouvais que c'était un peu ennuyeux et un peu long.
05:07 Et puis en les disant, tout d'un coup, ça donne un relief, ça permet de voir qu'il est…
05:11 Donc Fabrice, je sais que voilà, tout le monde l'apparente à ses découvertes d'auteurs aussi.
05:17 Et donc, non mais il y a chacun son terrain de jeu et donc on peut faire…
05:21 - Qu'il a son style. - On peut, voilà.
05:22 Et ses figures de style.
05:23 Alors, on a demandé à quelqu'un qui vous aime beaucoup de raconter un souvenir de vous.
05:28 C'est un grand passionné de culture, de cinéma, c'est Pierre Lescure.
05:32 Et il vous dit ça.
05:33 C'est un souvenir de juillet 1998, un coup de fil d'André le matin,
05:38 qui me demande, au matin de la finale France-Brésil,
05:41 si j'ai deux places, à l'époque j'étais patron de canal.
05:44 Eh bien, tenez-vous bien, j'avais deux places.
05:46 Et André est venu avec son fils, qui n'avait pas dix ans, je crois André.
05:51 Et vous vous souvenez quel match ça a été ? 1-0, 2-0, 3-0.
05:55 Et derrière le André réservé, pudique, j'ai vu le ducellier papa,
06:01 qui était tellement heureux de vivre ça avec son fils tant.
06:03 Il se souvient de tout ça, l'ami André, je suis sûr.
06:06 Il se souvient de tout ça, l'ami André ?
06:09 C'est un immense cadeau, évidemment, de vivre ça, en effet,
06:11 grâce à Pierre Lescure qui m'a répondu à cette demande.
06:16 Et je n'étais pas le seul, et j'étais très privilégié de pouvoir assister à ces matchs-là.
06:20 On était passionnés de foot aussi, j'adore le sport.
06:22 Et donc, là, de pouvoir partager ça avec son fils, grâce, voilà.
06:26 Vos enfants qui ont d'ailleurs choisi d'être comédiens aussi,
06:29 ça vous angoisse, ça vous fait plaisir, ça vous rassure ?
06:31 Je crois que les époques sont tout à fait différentes.
06:33 Alors, je ne maîtrise pas très bien la manière aussi de faire le métier.
06:37 Ici, c'est toujours la même façon, mais après, la diffusion, la manière d'y exister,
06:43 ah bah oui, voilà, je les vois.
06:45 Ils sont beaux, ce que vous dites.
06:47 Je sais que chacun fait sa route et ils ont besoin de la faire
06:51 sans forcément que je sois là, toujours présent.
06:54 Ils ont besoin d'être tout à fait indépendants et libres.
06:56 Vous restez avec nous, André ?
06:57 Oui.
06:57 On va revenir dans quelques instants pour la suite et la fin de Télé Matin.
07:01 À tout de suite.

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