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Télématin reçoit l'acteur, réalisateur et scénariste Pascal Elbé à l'occasion de la première de la pièce "Inconnu à cette adresse", à partir du 22 janvier au Théâtre Antoine.
Télématin reçoit l'acteur, réalisateur et scénariste Pascal Elbé à l'occasion de la première de la pièce "Inconnu à cette adresse", à partir du 22 janvier au Théâtre Antoine.
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00:00Il est donc 9h12 et c'est l'heure d'accueillir notre invité dans des conditions, vous l'avez compris, qui sont
00:06singulières ce matin, en raison d'un mouvement de grève, donc d'une partie du personnel. Bonjour Camille Dahan !
00:12Bonjour ! Vous avez escorté Pascal Elbé. Bonjour Pascal Elbé !
00:16Merci d'être là, merci d'être avec nous. C'est ce soir et c'est la première et vous êtes matinale à 9h12, vous êtes dans Télématin.
00:23Je ne sais même pas comment j'ai fait.
00:24Mais alors vous êtes dans quel état d'esprit ? Parce que vous êtes sur la scène ce soir du Théâtre Antoine,
00:28dans une pièce qui est hyper importante, on va y revenir, qui s'appelle Inconnue. A cette adresse,
00:32adaptée du roman épistolaire de Cressman Taylor, vous êtes face à Stéphane Guillon.
00:37Comment on sent un jour de première comme ça ? Fébrile. Pourtant vous la connaissez cette pièce ? Oui, j'y ai joué il y a 14 ans, mais il y a 14 ans.
00:43Mais je me sens
00:46on va dire presque prêt, mais surtout plaisir, j'ai hâte, parce que c'est un texte qui est fort, qui est une dramaturgie implacable.
00:54Et j'ai pris beaucoup de plaisir déjà il y a 14 ans avec Stéphane Guillon,
00:59beaucoup de bonheur de se retrouver, mais voilà, on est au service d'un texte qui est très bien.
01:03Je disais que c'est une pièce qui est hyper importante, un texte qui est essentiel. On va planter le décor tout de suite.
01:09Nous sommes dans les années 30, vous êtes Max Eisenstein, vous êtes un allemand de confession juive exilé aux Etats-Unis.
01:15Vous conversez par lettre, comme ça arrive, les relations épistolaires avec l'un de vos amis qui s'appelle Martin Schulz.
01:21Lui, il habite en Allemagne, et il va se laisser peu à peu convaincre par l'idéologie nazie.
01:27On regarde tout de suite un extrait, on en parle juste après.
01:51C'est une pièce qui est hyper forte, Pascal Albé, qu'on conseille d'ailleurs à ceux qui nous regardent
02:20et même d'emmener leurs enfants, parce que vous, vous la jouez de nouveau, vous l'avez fait il y a 14 ans.
02:24Pourquoi ? C'est parce que c'est l'actualité, le monde d'aujourd'hui qui l'exige, ça, quelque part ?
02:30Oui, c'est vrai que c'est un texte qui résonne cruellement avec aujourd'hui, avec évidemment la résurgence de l'antisémitisme, du racisme.
02:39Mais avant toute chose, évidemment que c'est une pièce que vous savez nécessaire, mais surtout c'est parce que c'est une bonne pièce.
02:44C'est ça, c'est un super texte.
02:46C'est comme un thriller, on est pris, on va pas se polier, mais la vengeance de celui qui se fait trahir par son meilleur ami, tout ça, ça contribue, on est attrapé.
02:55Donc évidemment, le propos est fort, il résonne, mais surtout il est d'actualité, d'accord, mais surtout c'est très efficace.
03:01Oui, c'est efficace et il faut aller le voir, parce qu'effectivement, on n'est pas toujours au bout de nos surprises.
03:05On va passer à un sujet plus léger, parce que votre voisine Camilla, regardez, il suffit de la voir, de toute façon elle sourit parce que c'est le principe de Camille.
03:13Et Camille, elle voulait revenir sur un moment clé de votre vie.
03:16Oui, il y en a des moments clés, j'en avais choisi un.
03:18Mais oui, j'en ai choisi un.
03:19Un trousseau.
03:21Ce moment, Pascal, il tient en trois mots, père et fils.
03:25Voilà, c'est le film que vous avez co-écrit, vous avez co-écrit le scénario avec Michel Boujna,
03:30et ça vous a ramené une nomination au César en 2004 et surtout la rencontre avec Philippe Noiret.
03:37Et ça c'est fou parce que vous avez joué son fils dans le film et il est ensuite devenu un père spirituel.
03:42Oui, oui, ça a fait partie des rencontres comme ça qui jalonnent une vie.
03:46Et ça, professionnellement, c'était sans doute ma rencontre la plus importante qui m'a accompagné longtemps.
03:52Et c'est vrai que j'ai une pensée émue aussi pour Bafambli qui nous a quittés.
03:56Oui, oui.
03:57Et ça faisait partie de cette famille-là, de ces acteurs et ces artistes immenses, ceux d'après-guerre.
04:04Il y avait un regard sur le monde qui était, pas même qu'aujourd'hui de toute façon,
04:10mais qui nous guidait, qui nous accompagnait.
04:13Alors justement, j'ai un homme qu'on l'écoute parce qu'il a une phrase très, très drôle quand il parle de son métier.
04:18Regardez.
04:20La plupart d'entre nous ont fait ce métier pour se cacher, contrairement à ce que beaucoup de gens croient,
04:24qu'ils pensent qu'on le fait par exhibitionnisme, ce qui n'empêche pas d'ailleurs, parce que c'est là l'ambiguïté.
04:30Mais on le fait beaucoup par timidité et par goût et difficulté d'être et d'exister.
04:36Donc c'est vrai qu'on ment, on avance masqué, mais on ment vrai dans notre métier.
04:42On ment vrai, on dit la vérité.
04:45Est-ce qu'il vous a appris à mentir, Philippe Noiré ?
04:47Vous savez, Jérôme, oui.
04:48Il m'a appris à mentir, c'est l'art.
04:51Le cinéma, de toute façon, c'est l'art du mensonge.
04:53Oui, il faut être un peu schizophrène.
04:55Oui, puis il faut savoir reproduire la vérité sans être dans la vérité, sinon c'est un documentaire.
04:59C'est l'art du mensonge, on avance, il a raison, on avance masqué.
05:04C'était en 2001.
05:05Oui, 2001, dans Té ou Café.
05:07Oui.
05:07Vous savez, je vais vous faire une confidence, j'étais chez lui il y a un mois.
05:10Ah oui ?
05:11Oui, parce qu'ils vont déménager son appartement qui est comme une sorte de musée aujourd'hui,
05:15parce qu'il y en avait partout.
05:16Et j'ai réalisé que ça faisait déjà plus de 20 ans et ça passe à une vitesse folle.
05:21Et de voir que tout ce que Monsieur a laissé, c'est un héritage très fort,
05:24mais toute cette génération-là, on leur doit beaucoup.
05:27Et il faut leur rendre hommage et ne jamais, jamais évidemment les oublier.
05:30Bien sûr.
05:31Vous l'avez retrouvé justement quand vous êtes allé dans cet appartement,
05:34parce qu'on vit aussi à travers nos objets, on laisse un souvenir.
05:38Totalement.
05:38Qu'est-ce que vous avez ressenti quand vous êtes rentré dans cet appartement ?
05:40Il était exactement tel que je l'avais laissé,
05:42puisque je l'accompagnais dans ses derniers moments jusqu'au bout.
05:45Donc évidemment, tout ça résonnait très fortement plus de 20 ans après.
05:49Plus apaisé, parce qu'on a eu le temps de faire son deuil.
05:53Et évidemment, sa présence était partout.
05:57C'est fou, il y avait encore son parfum
06:00sur la tête de lit.
06:02Et en fait, il était là, il est là.
06:03Et on se dit, c'est vrai qu'on fait peut-être un métier
06:07où on ne part pas complètement.
06:10On laisse une trace.
06:11On laisse une trace, pas pour l'éternité,
06:13pas parce qu'on a envie de laisser des traces pour la postérité.
06:16Mais il y a quand même quelque chose, quand on est au théâtre, pareil.
06:19Sur un plateau, on sent qu'avant nous, il y en a eu.
06:22Il y a toujours une petite partie de nous.
06:23Alors Pascal Elbé, non seulement c'est un fils spirituel, mais c'est aussi un papa.
06:28Et justement, votre fils à vous avait une petite question à vous poser ce matin.
06:31Regardez.
06:33Bonjour père, j'espère que ça va, que tu as bien dormi.
06:35C'est important.
06:37Alors, on m'a demandé de te poser une question.
06:39La mienne sera très simple.
06:40Parmi toutes les questions que j'aurais pu te poser,
06:42est-ce que tu t'es fait à l'idée qu'à terme,
06:44je finirais par posséder toute ta garde-robe ?
06:47Et si oui, est-ce que je peux t'emprunter la veste bleue pour ce soir ?
06:50N'hésite pas à accepter.
06:52Bon courage, un gros merde pour la première, à tous les deux, à Stéphane et toi.
06:56Déchirez tout, je serai évidemment là pour vous supporter.
06:59Je t'embrasse et à tout à l'heure.
07:01Alors c'est drôle, il vous appelle père, il vous appelle père tout le temps ?
07:05Parce que moi, mon fils m'appelle mère pour me faire bisquer.
07:08Vous savez, il n'y a pas longtemps, j'ai même été quelque part
07:12où le fils a appelé son père frérot.
07:15Ah oui d'accord, frère si, moi c'est ça.
07:16Alors faut qu'on arrête avec cette histoire de frérot.
07:18Wesh gros aussi.
07:19Oh frérot, vous vous rendez compte ?
07:21Déjà frérot, c'est compliqué.
07:22Mais alors frérot pour son père, qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
07:24Et alors du coup, il vous a piqué toute votre garde-robe ?
07:26C'est terrible, je pense que je vais, je sais pas, mettre des cachettes,
07:30surprise, je vais me prendre un box à la gare.
07:32Mais c'est vrai qu'il me dépouille tout doucement, mais sûrement.
07:35C'est pas la peine que j'aille faire un nouveau garde-robe,
07:38sinon c'est directement chez lui que ça arrivera.
07:40Comme quoi, ça n'arrive pas que chez les mamans.
07:42Il n'y a pas que les mères qui se font dépouiller par là.
07:44Et il est sympa en tout cas, parce qu'il vous encourage pour ce soir.
07:46Oui, non mais j'ai...
07:47Il sera dans la salle.
07:48Oui, d'abord il sera dans la salle et puis c'est quelqu'un qui,
07:51voilà, qui va travailler un jour avec moi.
07:54Ah !
07:55C'est mon rêve ça.
07:56Ah bah forcément.
07:57Dites-moi, vous étiez en train de parler tout à l'heure et d'évoquer
07:59ceux qui étaient là avant et notamment Bertrand Blier, qui nous a quittés hier.
08:04Bertrand Blier, c'est la fin d'un certain cinéma,
08:07je sais pas, un cinéma d'irrévérence, un cinéma aussi de personnages politiquement incorrects.
08:12Vous avez le sentiment qu'une page se tourne avec la disparition de ce réalisateur ?
08:17Une page se tourne ?
08:19Vous dites que c'était l'un des derniers avec Noirée, justement, cette génération ?
08:22Oui, oui, c'était des gens qui étaient...
08:24qui correspondaient aussi à une époque où on pouvait dire davantage de choses.
08:27On est dans une époque aujourd'hui, ce politiquement correct qui nous stoppe,
08:31qui nous donne quand même pas mal d'obstacles.
08:33Vous vous sentez muselé, vous, dans votre travail par ce politiquement correct ?
08:37De temps en temps, oui.
08:38Oui, on se posait des questions qu'on se posait pas avant.
08:40Après, parfois pour le meilleur et aussi pour le pire.
08:43Mais c'est vrai que cette génération-là, d'après hier, c'était la libération de Paris.
08:47Ils nous ont fait un cinéma pendant trente, quarante ans qui était révérencieux
08:50et qui nous a sauvés, qui nous a fait respirer.
08:53Faut pas qu'on revienne dans quelque chose de plus restreint, on va dire.
08:56Vous êtes bien, là, avec nous ?
08:57Très bien, j'en suis génial.
08:58Alors, vous restez avec nous.
08:59Moi, je vous ai pas si mal dans vos cibles d'accord.
09:01Moi, je trouve que grâce à vous et grâce à toute l'équipe, on se sent très bien.
09:04C'est chaleureux !
09:05On se retrouve dans un instant pour la suite de Télématins avec Pascal Elbé et Camille Dern.
09:08Évidemment, à tout de suite.