• l’année dernière
L’année dernière, elle présidait la cérémonie d’ouverture du festival de Cannes.
Cette année, elle revient à Cannes défendre deux films, « L’amour et les forêts » de Valérie Donzelli (en salles le 24 mai prochain) et « Rien à perdre » de Delphine Deloget.

L’histoire entre le festival de Cannes et l’actrice belge débute en 2016.
Elle y vint pour « Victoria » de Justine Triet et « Elle » de Paul Verhoeven.
La suite, elle la raconte dans cette interview « Après, ces films, on s’est dit : tiens, elle est peut être valable ».
Transcription
00:00 J'étais pas tellement habituée à ça non plus.
00:02 C'est pas qu'avant on me lançait des tomates,
00:03 mais il y avait quand même un petit changement.
00:07 C'est comme si on disait "Ah tiens, elle peut être valable".
00:10 Ah oui, mes post-its !
00:14 Alors, le Festival de Cannes 2016 ?
00:17 Ah, c'est L. Victoria.
00:18 Ah oui, c'est le premier.
00:19 C'était vraiment super, en fait.
00:21 C'est-à-dire qu'il y avait quelque chose aussi,
00:23 peut-être parce que c'était la première fois, de très symbolique,
00:26 quand Justine Trier m'a appelée pour me dire qu'on allait à Cannes,
00:29 c'était l'ouverture de la semaine de la critique.
00:31 J'avais fait beaucoup de films, certains étaient pas mal,
00:34 mais là, ça voulait dire que tout d'un coup, j'avais fait un film
00:37 qui avait peut-être, au niveau de la réalisation,
00:40 une sorte de geste particulier, en fait,
00:43 d'une identité marquée, celle de Justine.
00:46 J'aimerais comprendre
00:47 à où ça commençait à m'irder chimiquement dans ma vie.
00:49 - Vous voyez quoi ? - Pas grand-chose.
00:51 Comment ça, pas grand-chose ?
00:52 Cette fille est complètement folle.
00:55 On va se séparer, je vais être très très mal.
00:56 Et puis ça racontait aussi qu'un travail
00:58 que j'avais particulièrement aimé faire,
01:00 une intimité qui s'était créée très fort dans le travail,
01:05 et humainement, ce que j'avais ressenti humainement,
01:07 avait peut-être laissé cette empreinte-là,
01:09 où quelque chose était remarqué,
01:11 peut-être pas remarquable, mais en tout cas remarqué.
01:13 Et après, ouais, il y avait une petite holà, quoi.
01:17 Holà, on ne sait pas combien de temps elle dure.
01:19 J'étais pas tellement habituée à ça non plus, quoi.
01:21 C'est pas qu'avant, on me lançait des tomates,
01:23 mais il y avait quand même un petit changement.
01:26 C'est comme si on disait "Ah tiens, elle peut être valable", quoi.
01:29 Et puis ça a été suivi de manière très concrète.
01:32 C'est toujours un peu bizarre, ces choses-là,
01:34 très concrètes, par des propositions plus larges, différentes.
01:40 Des choses qu'on ne m'aurait pas proposées
01:41 avant que je fasse le film de Justine.
01:43 Melville Popo, je dois dire que c'est peut-être une des personnes,
01:46 enfin, des acteurs avec qui je me sens le plus à l'aise
01:49 en dehors du plateau.
01:51 Il a une très grande familiarité avec sa manière de,
01:54 je sais pas, de regarder le monde, d'être sur le cinéma,
01:59 la distance, l'humour, ce qui l'intéresse, où il regarde.
02:02 Ce qui était super sur le film de Valérie,
02:04 c'est qu'on a une proximité assez forte,
02:06 que c'est un homme d'une très grande douceur,
02:08 et ce qu'on avait à tourner ne l'était absolument pas.
02:10 C'était une brutalité assez affolante.
02:13 Pardon, excusez-moi.
02:15 Pourquoi tu m'as raccroché au nez ?
02:16 J'étais en cours.
02:17 Tu rentres à quelle heure ?
02:18 17h. Pourquoi ?
02:20 Il t'appelle tout le temps, ton mari.
02:21 Oui, il est comme ça.
02:23 Tu es complètement fou.
02:24 Je te parle, mais tu réponds pas.
02:26 J'ai réfléchi et on va rester là pour Noël.
02:28 C'est beaucoup plus simple.
02:29 T'as besoin de voir du monde ?
02:30 On n'a besoin de voir personne, on est bien tous les deux.
02:32 Je te veux que pour moi.
02:38 Du coup, le fait de le connaître,
02:42 ça allégeait quand même un petit peu les choses
02:44 au moment où on disait "coupé".
02:46 Blanche, Rachel, Mia,
02:49 Suisse, Trappé,
02:52 Rebecca, Victoria, Sybille.
02:54 Toutes celles-là, c'est quand même des copines.
02:56 J'aimais bien l'idée, un peu, je sais pas,
03:00 que les différents personnages que tu joues
03:04 puissent, quelque part, dialoguer ensemble.
03:07 Enfin, on les inviterait ici, dans le studio où on est,
03:09 ils ne seraient pas là en train de se dire
03:11 "qu'est-ce que c'est que cette conne là-bas ?"
03:12 Enfin, ils auraient peut-être un truc en commun.
03:15 De ne pas dire de jouer toujours la même chose.
03:17 Mais...
03:18 que ça peut se toucher du...
03:21 Rachel sait pas.
03:22 Qu'il y aurait un dialogue possible entre elles.
03:26 J'ai fait souvent prof de français.
03:29 J'ai fait souvent des velléités d'écriture aussi.
03:32 Ah oui, avocat pénaliste, Victoria,
03:35 ça, c'est un métier que j'aurais aimé faire.
03:37 Sybille, le psy.
03:38 Il faudrait se mettre à la mécanique, là,
03:42 un de ces jours, pour changer un peu de...
03:43 un peu de domaine, quoi.
03:45 Aimer l'amour.
03:46 Beaucoup d'amour, beaucoup d'amour.
03:49 En même temps, tu regardes des films, t'écoutes des chansons,
03:52 et tout ça, tu trouves plus de thématiques sur l'amour
03:55 que sur l'horloge parlante, quoi.
03:57 Et puis parce qu'aussi, un film, souvent,
04:00 en tout cas quand des films qui vont vers une certaine...
04:02 une certaine norme narrative,
04:05 racontent un déplacement de quelqu'un.
04:07 Et celui de l'amour, il est évident, en fait.
04:10 C'est-à-dire sur l'idée d'une redéfinition de soi,
04:13 ou en tout cas d'un déplacement de soi vers l'autre,
04:16 d'un univers des possibles,
04:18 de se retrouver face aux limites qu'on se pose,
04:22 et comme on dépasse ces limites,
04:23 il y a un terrain dramatique toujours puissant.
04:26 Ce serait intéressant de comprendre pourquoi le cinéma
04:28 s'intéresse prioritairement toujours aux rencontres, aux ruptures.
04:31 Il y a des choses entre les deux.
04:33 J'ai pas vu le film de Sophie Le Tourneur,
04:35 mais je me suis dit, tiens, c'est marrant,
04:36 parce qu'à mon avis, elle regarde un endroit
04:38 qu'on regarde pas beaucoup,
04:39 qui est cet endroit aussi où, bon, ben...
04:41 ben, on en sent quoi.
04:43 Alors, une réplique qui vous réveille la nuit.
04:47 Ben, c'est-à-dire que j'habite entre Bastille et République,
04:51 et que, vu les conditions que je vis en ce moment,
04:54 je m'endors assez tôt.
04:55 Et donc, je me réveille avec des...
04:58 des macrons, des missions,
05:00 enfin, donc c'est ces répliques-là qui me font, voilà,
05:02 par des feux de poubelle et tout ça,
05:04 parce que je suis au cœur de l'action,
05:05 puisque mes nuits commencent à 18h30.
05:07 Comment frayer avec la timidité ?
05:12 Boire un maximum.
05:14 Donc, c'est...
05:15 C'est toujours difficile d'aller vers quelqu'un
05:20 en lui disant "j'aimerais quelque chose avec vous",
05:24 si t'es pas sûr que l'autre, il aurait cette envie-là.
05:27 C'est quand même un peu...
05:29 Ou alors, il faudrait partir du principe
05:30 que vraiment, tout le monde a très envie de toi.
05:32 C'est un peu présomptueux, quand même, aussi.
05:34 Donc, bon, c'est pas vraiment de la timidité à cet endroit-là,
05:37 c'est un truc...
05:38 Ben, du coup, je comble ça en proposant non pas seulement...
05:43 Enfin, si j'ai une idée, si j'ai une envie,
05:44 si un livre qui m'a plu ou si j'ai une idée de personnage,
05:47 je me dis qu'au moins, je n'arrive pas juste avec ma personne
05:49 en disant "voilà".
05:50 Mais j'ai beaucoup plus confiance en moi, quand même,
05:53 sur un truc de...
05:54 qui resterait dans le domaine du professionnel,
05:57 de l'acteur, etc.
05:58 Ma timidité, elle s'est beaucoup plus...
06:00 développée, elle a été beaucoup plus anéillante
06:05 sur le privé, quoi.
06:07 Je sais pas comment font les gens pour rencontrer d'autres personnes
06:10 sans...
06:11 sans, effectivement, avoir un taux d'alcoolémie assez fort, quoi.
06:14 C'est difficile.
06:15 Ou alors... Mais après, il faut assumer sa vulnérabilité,
06:18 ce qui est assez chouette à faire dans le jeu.
06:20 Parce que là, on peut jouer avec ça.
06:22 Et puis, par moments, dans la vie, on en a honte,
06:24 et du coup, on l'assomme.
06:25 Sous-titrage ST' 501
06:27 [Musique]

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