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Création d'un Sénat et d'une Cour des comptes, renforcement des pouvoirs du président et du rôle de l'armée… Le projet de nouvelle Constitution soumis à référendum au Mali ouvre également la voie à un candidature d’Assimi Goïta. L'analyse de François Soudan, dans « La Semaine de JA » sur RFI, à réécouter ici.
Pour en savoir plus : https://www.jeuneafrique.com/1440407/politique/projet-de-constitution-au-mali-cinq-questions-pour-comprendre-les-enjeux-du-referendum/

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00:00 François Soudan, bonjour. Cette semaine dans Jeune Afrique, le Mali et son projet de nouvelle constitution qui sera soumis à référendum le 18 juin prochain.
00:10 Que contient-il ? Étant rappelé que l'actuelle constitution date de plus de 30 ans et est jugée dépassée par la plupart des acteurs politiques.
00:18 C'est un projet de constitution qu'on peut lire de deux façons Norbert, pour Assimi Goïta qu'il a lui-même présenté.
00:24 C'est l'aboutissement d'un processus de renouveau démocratique et c'est vrai que l'actuelle constitution, vous l'avez dit, rédigée il y a plus de 30 ans, en 1992, avait besoin d'être modernisée.
00:32 Le nouveau texte prévoit notamment la création d'un Sénat, une cour des comptes, des collectivités locales décentralisées.
00:38 Il réaffirme le caractère laïc de l'État malien. Il fait des 13 langues nationales, autant de langues officielles, le français devenant une simple langue de travail.
00:45 Et il renforce considérablement les pouvoirs du président. Le problème, c'est qu'il renforce tout aussi considérablement le rôle de l'armée dans la nation,
00:52 un petit peu à rebours du principe de séparation de pouvoirs militaires et civils, sanctuarisés dans la constitution précédente.
00:58 Et ceux qui plaident pour une dépolitisation rapide de l'armée malienne en seront sans doute pour leurs frais, puisque le texte prévoit, je cite,
01:05 "que les forces de défense et de sécurité participent aux actions de développement économique, social, culturel, environnemental".
01:11 Enfin, chacun aura noté, Norbert, que ce projet ouvre au colonel Goïta la possibilité de se présenter à l'élection présidentielle prévue pour février 2024.
01:19 Et cela même si la charte de la transition contient l'engagement contraire, puisque ce texte, qui s'il est promulgué, aura force de loi suprême.
01:25 C'est une nouvelle constitution, stipule que tout Malien, sauf les binationaux, peut se porter candidat.
01:30 Alors, les voix qui s'élèvent contre cette possible candidature ne se font guère entendre.
01:36 Abba Makko, au fait, existe-t-il encore une opposition politique au Mali ?
01:41 La question se pose au vu de l'atonie de l'opposition malienne, à laquelle, personnellement, je vois trois raisons.
01:45 D'abord, le fait que c'est une réalité que les voix discordantes ont de plus en plus de mal à s'exprimer,
01:50 tant l'espace accordé à la critique par les autorités est de plus en plus restreint, encadré, pénalisé.
01:55 Le second point, c'est que tous les grands partis traditionnels maliens, l'ADEMA, le RPM, l'URD, sont traversés par des crises internes,
02:01 des guerres de clans, des querelles d'héritage et de succession.
02:04 Enfin, troisième facteur, non des moindres, qu'on le veuille ou non, à l'extérieur du Mali, force est de constater que,
02:09 à Simi Goïta, le carteron de colonel qui l'entoure demeure globalement populaire, tout au moins dans les grandes villes,
02:14 si l'on en juge par les résultats du dernier sondage de la fondation allemande Friedrichswerth,
02:19 alors dès lors, s'opposer frontalement au régime et au projet de constitution,
02:22 c'est prendre le risque d'apparaître comme des nostalgiques d'une classe politique discréditée,
02:26 en rupture avec les attentes de la population.
02:29 C'est ce qui explique que très rares sont abamakos, ceux qui disent se déclarer comme opposants.
02:34 Au terme d'opposition, ils préfèrent celui d'accompagnement de la transition
02:37 ou de soutien critique à un homme, à Simi Goïta, de plus en plus donné comme candidat en 2024, d'envers.
02:43 François Soudan, merci.

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