QLF - Diaryatou Bah, le mariage forcé

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Dans le monde, 12 millions de jeunes filles de moins de 18 ans sont mariées chaque année, une violation des droits de l'Homme qui reste très répandue.
Après avoir été excisée, Diaryatou Bah a été mariée de force à l'âge de 14 ans à un homme de 45 ans : elle nous raconte cet enfer entre violences et combat pour s'en sortir.

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00:00 Comme je disais, tes seins vont commencer bientôt à sortir.
00:02 Donc la seule chose qui te reste, c'est le mariage.
00:05 Je viens de la Guinée.
00:07 J'ai été élevée par ma grand-mère de l'âge de 10 ans à 10 ans.
00:10 En fait, ma mère, elle est la quatrième épouse de mon père.
00:13 Du coup, elle a eu ma soeur, après elle m'a eue.
00:16 Ma grand-mère peut-être lui a demandé,
00:18 et c'est comme ça que j'ai été élevée par ma grand-mère
00:19 dans un village très, très perdu de Konakry, de la capitale.
00:23 Déjà, je me posais la question,
00:25 quand est-ce qu'il allait être mon tour ?
00:26 Toutes les filles de mon village étaient excisés.
00:29 Donc à l'âge de 8 ans, mon mari d'accompagner cette dame
00:31 qui était venue dire bonjour à ma grand-mère.
00:33 Donc je me suis retrouvée avec 4 femmes,
00:36 dont 2 qui m'ont tenu les pieds, d'autres qui m'ont tenu les mains.
00:39 Et on m'a coupée avec un couteau.
00:41 Les cris que j'ai poussés ce jour-là,
00:42 c'est un cri que je ne peux jamais oublier.
00:44 Et par la suite, ma grand-mère m'a soignée avec de l'eau chaude
00:47 et des herbes de la nature,
00:48 parce qu'il n'y avait pas de médecins, il n'y avait pas de médicaments.
00:50 Pour moi, c'était normal.
00:51 Je ne me posais même pas de questions à l'époque.
00:53 Parce que de toute façon, toutes mes copines ont passé par là.
00:56 Par la suite, j'ai perdu ma grand-mère quand j'avais 10 ans.
00:58 Donc il a fallu que je retourne dans cette grande famille à Conakry,
01:02 où je n'avais pas forcément de place,
01:04 parce que déjà tout était assez défini.
01:06 Donc quand je retourne là-bas, déjà c'était difficile.
01:08 À l'âge de 11 ans, on me fait rentrer à l'école.
01:10 Et tout de suite, en fait, je comprends que l'éducation,
01:13 ça allait être difficile parce que je n'avais personne
01:16 qui m'encouragait pour aller apprendre à lire et à écrire.
01:18 On se moquait de moi, on me disait que j'étais plus âgée
01:20 que les enfants en classe.
01:21 On me disait que de toute façon, ça n'a rien de plus.
01:23 Tes seins vont commencer bientôt à sortir.
01:25 Donc la seule chose qui te reste, c'est le mariage.
01:28 À l'âge de 13 ans et demi, un homme est venu voir mes parents.
01:31 Il habitait en Hollande.
01:33 Il m'a dit "je vais te marier".
01:34 Ce que je pense vraiment, c'était du sérieux.
01:36 Il a expliqué à ma mère qui il était,
01:38 ce qu'il faisait en Hollande,
01:40 que c'était une bonne personne,
01:42 qu'il était croyant, pratiquant,
01:43 en même temps qu'il avait une bonne situation,
01:45 qu'il disait qu'il travaillait à l'Union Européenne.
01:47 Et donc ma mère, elle a vécu du bien
01:49 parce qu'elle s'est dit qu'elle était la quatrième épouse.
01:51 Elle a eu plus d'adultes filles que des garçons.
01:54 Donc elle avait beaucoup de pression par rapport à l'éducation,
01:56 même si toutes les femmes vivaient dans le même toit.
01:59 Mais aussi c'est ça,
02:00 tout ce qui est la polygamie,
02:02 cette pression familiale,
02:04 l'honneur, qu'est-ce qu'il dirait les autres.
02:06 C'est tout ça aussi qui n'était pas facile pour elle.
02:08 Donc elle m'a dit "écoute, si on te demande,
02:11 si tu veux le mariage, il faut que tu acceptes".
02:12 Au début, mon père, il ne voulait pas.
02:14 Il a vu la différence d'âge qu'il y avait avec cet homme.
02:16 Il a pris par CD,
02:19 par rapport à la famille, ils ont parlé.
02:21 Et donc le mariage juridique a eu lieu.
02:23 L'homme était retourné en Hollande.
02:25 C'était ses parents qui l'ont présenté
02:27 pendant le mariage juridique.
02:29 C'est son frère qui l'avait remplacé.
02:30 Moins de huit mois après, je le rejoins en Hollande
02:33 avec un visa touriste,
02:34 où ma décence était falsifiée,
02:38 où mon identité n'était pas forcément la même.
02:41 Lui, il avait 45 ans
02:42 et moi j'allais avoir 14 ans quand je suis arrivée en Hollande.
02:46 Je le vis à l'aéroport, je ne l'avais même pas reconnu
02:49 parce que tellement j'idéalais qui il était,
02:52 tellement quand je le vis,
02:53 j'ai pensé à quelqu'un et j'ai retrouvé quelqu'un d'autre.
02:56 C'était ensuite être livrée à moi-même
02:59 et retrouver un homme sans forcément
03:00 comment me préparer,
03:02 c'est quoi être mariée,
03:03 comment être avec un homme, etc.
03:05 Même le mot mariage,
03:06 je savais qu'il y avait le mariage,
03:08 mais qu'est-ce qui se passe dans le mariage ?
03:09 Rien, je savais.
03:11 Donc tout est fait dans la pudeur, dans la réserve.
03:13 Tu découvres les choses vraiment quand tu les pratiques.
03:16 Les choix n'existent pas,
03:17 on vit vraiment pour les autres.
03:18 Qu'est-ce qui pensera les autres ?
03:19 L'honneur, les tentes.
03:21 Et aussi reproduire ce que les autres ont déjà vécu.
03:23 C'est comme une chaîne qui est là depuis longtemps,
03:26 qui s'enchaîne de génération en génération.
03:28 De le début, cette nuit, voilà, la virginité.
03:32 Donc on ne m'a rien expliqué.
03:34 Au début, cet homme me dit qu'il est vierge,
03:35 il me refera un colis.
03:36 En étant content, en disant qu'il va appeler mes parents,
03:39 ils vont être contents, etc.
03:41 Ils m'ont bien élevée.
03:42 Quelques minutes plus tard, il me dit
03:43 "tu n'es pas vierge, par contre, ça reste autour de nous.
03:46 Il faut que tu fasses tout ce que je te demande.
03:47 Si tu ne fais pas ce que je te demande,
03:49 je te renvoie dans ton pays.
03:51 Ta mère va être dégénérée,
03:53 ton père va recruter ta mère."
03:54 Je devenais en pression pour moi.
03:56 Et tout de suite, je devenais soumise
03:57 parce que je disais "il ne faut pas que rien n'arrive à ma mère,
04:00 il ne faut pas que ce soit ma faute."
04:01 Même si je savais que je n'avais jamais
04:03 eu de rapport intime avec quelqu'un.
04:05 Du coup, ça a été des viols parce que tout est allé très vite.
04:08 Oui, c'est très douloureux, surtout quand quelqu'un te touche,
04:10 qui a l'âge de 45 ans en fait,
04:13 un homme, un monsieur qui n'a pas cette délicatesse
04:16 de ne rien t'expliquer, de ne rien verbaliser,
04:18 de ne rien prendre son temps.
04:20 Ben oui, ça a été un viol
04:23 et c'est quelque chose que je ne pourrai jamais oublier.
04:25 Voilà, c'est l'isolation,
04:28 de ne pas connaître la langue,
04:29 de ne pas connaître personne dans ce pays-là.
04:31 Il partait pendant deux jours
04:32 parce qu'il avait une autre femme en Hollande,
04:34 il ne l'avait pas dit à mes parents.
04:36 Il avait d'autres femmes en Guinée, trois femmes.
04:39 Donc j'étais souvent livrée à moi-même.
04:42 Et donc au début, du coup, les violences ont commencé très vite.
04:45 Tous les prétextes étaient normaux pour qu'ils me battent.
04:49 De le début, j'ai tombé en plus enceinte vite.
04:51 Je ne savais même pas de toutes ces contraceptions, rien du tout.
04:55 Donc je suis tombée enceinte jusqu'à quatre mois de grossesse.
04:58 Je savais à peine que j'étais enceinte,
05:00 j'ai découvert à la fin.
05:01 Ce qui a fait que le premier grossage, je l'ai perdue toute seule.
05:03 Je ne savais même pas que je perdais un bébé,
05:05 je me suis mis dans une bouteille.
05:06 Et ensuite, au bout d'un mois, j'ai tombé de nouveau enceinte.
05:10 Et là, j'étais contente jusqu'à neuf mois de grossesse,
05:12 malgré que plus le temps passait,
05:14 plus il y avait le climat de la violence.
05:16 Parce que je ne prépareais, je ne savais pas utiliser les gaz, tout ça.
05:20 Du coup, j'ai brûlé le riz.
05:22 Et dès que je brûlais, ils me battaient.
05:24 Tous les prétextes étaient bons pour que moi, je subisse la violence.
05:27 J'ai perdu un bébé à neuf mois de grossesse.
05:29 Ils m'avaient amenée à l'hôpital, j'étais un peu sévie.
05:32 Et on m'a renvoyée à la maison, ils me disaient
05:33 "Non, ce n'était pas le moment que vous allez accoucher,
05:35 la date de votre naissance de votre enfant, ce n'est pas maintenant."
05:38 Donc on m'a renvoyée à la maison,
05:39 et en fait, les cordons médicaux avaient étouffé le bébé.
05:42 Il était par terre, ça n'allait pas.
05:43 Ils me disaient "Mais on le désappartient à l'hôpital,
05:45 on ne t'enliste pas le moment."
05:46 Moi, je désavais des femmes enceintes, quand il y a eu des enfants.
05:49 Il a négligé, il a minimisé par rapport à cette grossesse.
05:53 Du coup, il m'a ramenée à l'hôpital, il était une heure du matin passée.
05:58 Et on m'a dit "On est désolée, ça fait 20 minutes que vous avez perdu votre bébé."
06:02 Perdre un enfant, c'est surtout dans ces conditions-là en fait.
06:05 Au début, on ne comprend pas parce qu'à l'âge de 15 ans,
06:07 encore le premier grossesse, je dis "Dior, c'est comme ça, c'est la vie."
06:11 Par contre, le deuxième, ça a été très douloureux
06:13 parce que tout était préparé, on avait acheté les lits,
06:16 les habits, tout ce qu'il fallait pour un bébé.
06:18 Et surtout, j'avais beaucoup d'espoir que ça change ma vie
06:21 et que cet homme soit plus gentil.
06:23 Et donc, au bout d'un an, après, il m'a dit qu'on vienne en France.
06:27 Il a souloué un appartement, un studio au Lilac,
06:29 dans un endroit complètement insalible où il y avait à peine de l'eau chaude,
06:32 des fois, il n'y en avait pas.
06:33 Je pouvais rester une semaine sans sortir.
06:35 Quand les gens allaient travailler ou faire deux repas dans la journée,
06:39 moi, je dormais.
06:40 Et quand les gens dormaient,
06:42 moi, je faisais à manger vers 2h-3h du matin dans ce studio-là.
06:45 Là encore, il m'a forcé en plus pour tomber la troisième fois enceinte
06:49 parce qu'il s'est dit que c'est comme ça que je pourrais avoir le papier.
06:52 Troisième fois, il m'a laissé seule.
06:54 Il part en Guinée au bout de cinq jours pour fêter le baptême de sa femme
06:58 qu'il a mis enceinte huit mois, enfin neuf mois en arrière.
07:00 Et il dit "Toi, tu ne peux pas avoir des enfants de toutes les façons.
07:04 Ce n'est pas moi qui ai le problème, c'est toi.
07:06 Donc moi, je pars."
07:07 Là, ça a été à la fois un claque douloureux,
07:10 mais aussi un déclic qui m'a dit qu'il fallait que je reprenne ma vie en main.
07:14 Maintenant, je m'en fous de ce que diront les tantes, les cousins, mes sœurs
07:19 ou ce qu'ils pensent à les autres.
07:21 C'est soit je sors de cette histoire, je me reconstruis, j'ai rebondi.
07:25 Soit je vais sombrer ou peut-être je serai morte.
07:28 Et j'ai choisi de me rélever.
07:30 Un soir, au mois de novembre, comme ça,
07:32 j'ai vu des femmes qui témoignaient à la télé
07:35 d'une jeune femme d'origine marocaine
07:38 qui parlait des violences qu'elle a subies et du mariage forcé.
07:41 Tout ce qu'elle racontait, c'est un peu comme si elle racontait mon histoire.
07:45 Elle a parlé des associations.
07:47 Et comme je savais lire et écrire, j'avais une voisine qui était juste en bas.
07:50 On habitait pareil, qui était dans l'appartement complètement insalible,
07:53 mais qui montait quand mon mari me battait pour le calmer.
07:56 C'était une d'origine pakistanaise.
07:58 Et je lui en ai parlé.
07:59 J'ai dit "J'ai vu une émission, des gens qui parlaient leurs histoires
08:02 avec mon prof français à l'époque."
08:04 Et elle m'a dit "Tu sais, tu passes tous les jours devant la mairie,
08:07 et la mairie là-bas, ils connaissent les associations
08:09 qui pourront t'aider peut-être, va les voir."
08:11 Du coup, je suis partie les voir.
08:13 On a beaucoup regardé un répertoire très long
08:16 qui avait plein de numéros de téléphone, des associations, des choses comme ça.
08:19 Et du coup, on a fini par appeler l'assistante sociale
08:22 qui ne pouvait pas me recevoir parce qu'il fallait prendre un rendez-vous,
08:25 mais on a insisté, elle a vu tellement que j'étais désespérée.
08:28 Du coup, elle m'a reçu.
08:30 Et là, ils ont fini par m'accepter, ils m'ont reçu en entretien.
08:34 Et j'ai raconté mon histoire un peu comme ce que j'ai résumé jusqu'à présent.
08:38 Ils m'ont dit "Waouh, on ne sait pas par où commencer,
08:40 mais ce qui est sûr, on va essayer de faire ce qu'on peut pour vous aider."
08:44 Avant qu'ils viennent, j'avais vu des associations.
08:46 Une association, Wada Rebel, qui est à Sendeli.
08:49 Et j'avais vu aussi beaucoup de services sociaux,
08:51 tout ce qui est gynécologue, psychologue,
08:54 les découpes d'élit là, où il y avait des jeunes qui fréquentaient là-bas.
08:57 Il fallait répéter mon histoire à chaque endroit où j'allais.
09:00 C'était très douloureux.
09:02 J'avais beaucoup moins de recul qu'aujourd'hui.
09:04 Quand cet homme est revenu,
09:06 cinquième jour plus tard, je l'annonçais, j'allais partir.
09:09 Il a commencé à me battre comme il avait l'habitude.
09:11 Ma voisine est montée, elle m'a aidée, elle a appelé mon oncle.
09:14 Et je lui ai dit "Si tu ne me laisses pas partir,
09:16 tu restes 20 ans de prison."
09:17 J'ai vu des associations.
09:18 Il a rigolé, il a dit "Ils ne vont pas t'aider."
09:20 Il pensait vraiment que tellement j'étais liée à lui,
09:22 que de toute façon, même si je partais, comme je suis déjà partie chez mon oncle,
09:25 je suis revenu et je suis allée encore revenir.
09:27 Mon oncle, j'ai vu pareil, il était dépassé par l'événement.
09:31 Et surtout, je voyais qu'il avait aussi peur que tout le monde lui retombe dessus
09:34 parce que la femme va dire "Elle a fait guêle, elle est partie de son oncle,
09:37 c'est son mari qui l'a fait venir."
09:39 Enfin voilà, toujours encore le poids des coutumes, des traditions familiales.
09:43 Comme tout le monde me disait, il fallait partir avant qu'il ne soit là.
09:46 Et moi, je lui ai dit "Non, je préfère le affronter."
09:49 Parce que si je pars, là encore, il va dire que je suis partie derrière lui.
09:52 Je préfère qu'il soit là et je parte devant lui
09:54 au lieu que je fuge comme ça, sans qu'il sache où je suis partie.
09:58 Pendant six mois, j'étais dans la rue,
10:00 où je mangeais, où je dormais, où je me lavais,
10:03 c'était des endroits complètement différents.
10:05 Quand on sort de ça, on se dit "Mais comment je vais faire pour revivre ?
10:09 Comment je vais me reconstruire pour élever la tête ?
10:12 Et après, comment je vais être apaisée ?"
10:14 L'apaisement, il est venu beaucoup plus tard.
10:16 L'apaisement, il est venu avec l'engagement.
10:18 J'ai pris une association qui s'appelle "Espoir des combats des femmes"
10:21 et je résonne des associations comme "Ni pute ni soumise"
10:23 où j'étais vraiment formée pour le militantisme,
10:26 pour être féministe, défendre le droit des femmes.
10:29 Et ensuite, je me suis dit qu'il fallait porter la voix
10:31 au nom de toutes celles qui ne le portent pas.
10:33 Parce que j'ai compris que j'étais victime.
10:35 C'est quelque chose qui est restauré depuis des générations.
10:38 C'est par rapport au parti arcal,
10:40 c'est le fait que les femmes ont toujours fait en sorte de faire plaisir aux hommes,
10:44 malgré elles.
10:44 Exciser une petite fille, c'est l'imposer un traumatisme toute une vie.
10:49 Il m'a fallu jusqu'à l'âge de 20 ans pour comprendre
10:51 que toutes les femmes n'étaient pas excisées.
10:53 Pour comprendre les séquelles de l'excision.
10:55 J'ai appelé ma mère, j'ai appelé mon père.
10:57 Mon père était au courant.
10:58 Il était plus solidaire, entourable de ma situation.
11:03 Ma mère, elle a mis du temps.
11:04 Elle me disait "Ah, il fallait rester peut-être.
11:06 Maintenant, qu'est-ce que tu vas devenir ?
11:08 L'homme, il est venu, t'as répudié."
11:11 Parce que toujours, l'homme, il a le dernier mot.
11:13 Un an plus tard, il est parti voir ma famille en disant qu'il a rendu sa fille.
11:17 Donc il a dit qu'il ne voulait plus de moi,
11:19 qu'on est séparés dans la région, etc.
11:21 J'ai dit que ma mère a répudié,
11:22 "T'es jeune, t'as pas eu d'enfants.
11:24 Qu'est-ce que tu vas devenir là-bas ? T'as pas de famille."
11:26 Donc elle avait pour toujours peur de ce qu'elle dirait à les autres.
11:29 Mais je l'envais pas parce qu'elle est dans ce monde-là.
11:32 Et l'évolution, c'est moi qui ai évolué par elle.
11:34 Donc j'ai essayé de l'expliquer.
11:35 Donc je dis à ma mère "Écoute-moi, maintenant,
11:37 je pense plus à ce qu'elle dira à les autres."
11:39 C'est en 2008, en fait, que j'ai décidé d'aller affronter ma famille.
11:43 Et aussi à faire des campagnes de sensibilisation en Guinée
11:45 avec mon association Ispare Combat de Femmes.
11:47 Parce que je me suis dit qu'il fallait briser un peu le tabou dans cette famille.
11:51 Fallait aussi briser cette scène qui était là,
11:53 qui produit depuis des générations.
11:55 Je pense que ça, mine de rien, inconsciemment, ça a changé.
11:58 Parce que mes sœurs sont beaucoup mariées plus tard.
12:00 J'ai payé les études de mes frères et sœurs, certains.
12:03 En tout cas, je les ai encouragées parce que je me suis dit
12:05 la seule chose qui peut arrêter tout ça, c'est l'éducation.
12:08 La seule chose que je n'ai pas pu réussir encore à arrêter dans cette famille,
12:12 en tout cas par rapport à ma mère, c'est par rapport à l'excision.
12:15 Pour elle, elle se convainc que c'est normal.
12:17 Ma petite sœur que j'essayais de sauver de l'excision a été excisée.
12:20 Par contre, son mari elle a choisi son mari.
12:23 Mes sœurs n'ont pas eu du tout,
12:24 mes dernières sœurs n'ont pas eu le même parcours que moi.
12:27 Donc je pense que oui, j'ai brisé quelque chose quand même.
12:30 J'ai une fille et un garçon, j'ai refait ma vie.
12:32 Aujourd'hui, tout va bien.
12:34 J'ai une vie comme tout le monde, de haut et de bas.
12:36 Mais en tout cas, c'est une vie que j'ai choisie,
12:38 qui est plus posée, qui est moins foustrant que ce que j'ai connu.
12:42 Et je me dis que je ne peux pas vivre plus que ce que j'ai vécu.
12:44 J'ai un garçon, enfin j'ai un bébé qui va avoir un an.
12:48 Je vais l'éduquer pour qu'il respecte la femme,
12:50 pour qu'il sache que la femme ce n'est pas un objet.
12:52 Je pense aussi que beaucoup de gens se sont reproduits chez nous
12:54 parce que depuis toujours, je vis mes frères,
12:57 ils ne faisaient jamais la vaisselle, ils ne faisaient jamais à manger.
13:00 C'était un peu comme des rois.
13:02 Donc je pense que c'est ça aussi qu'il faut changer.
13:04 Et ma fille, je vais l'armer.
13:06 Je ne dis pas qu'elle n'aura pas de difficultés parce que la vie, elle ne m'appartient pas.
13:09 Mais en tout cas, je vais l'armer le mieux que je peux
13:12 pour qu'elle puisse se confronter mieux aux difficultés qu'elle va rencontrer.
13:16 [SILENCE]

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