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00:00 Pat, comment ça va ?
00:02 Dac, plaisir de te voir déjà.
00:04 Ton éviction à Crystal Palace est digérée ?
00:07 Digérée, oui.
00:08 Mais bon, ça reste toujours dans un coin de ta tête
00:10 parce que tu essaies de comprendre pourquoi.
00:13 Et après, tu fais un peu de films
00:17 pour essayer de comprendre ce qui s'est passé,
00:19 essayer d'analyser la situation
00:21 pour justement être encore meilleur sur le prochain challenge.
00:27 Et tu as envie de continuer dans cette direction ?
00:29 J'ai envie de continuer dans cette direction parce que j'aime ça.
00:33 Malgré tout, à Palace, avec mon staff, on a fait du très bon boulot.
00:37 Sincèrement, je m'attendais à continuer.
00:40 C'est vrai qu'on était dans une période assez compliquée
00:44 où on n'avait pas gagné de match.
00:45 Et malheureusement, l'histoire s'est terminée et c'est dommage.
00:50 Tu as eu des propositions déjà ?
00:52 Oui, tu reçois des coups de fil.
00:57 Tu rencontres des présidents, tu essaies de comprendre le projet,
01:00 tu essaies de trouver le bon projet.
01:03 Le projet, c'est bien beau,
01:07 mais ce qui est important, c'est d'avoir des gens solides
01:12 sur qui on peut s'appuyer.
01:14 Emmener un projet à bout est compliqué.
01:17 Ça veut dire qu'il y aura toujours des moments difficiles.
01:19 En général, quand il y a des moments difficiles,
01:21 c'est là qu'on a besoin de soutien.
01:24 Tu penses que tu n'en as pas eu ?
01:27 Que ce soit à Nice ou à Crystal Palace ?
01:29 Oui, dans les moments difficiles, on se retrouve seul.
01:33 Mais c'est le métier d'entraîneur.
01:35 - Tu le savais, non ? - Oui, je le savais.
01:37 C'est pour ça que je l'accepte.
01:38 Et je ne mets jamais de critique sur les dirigeants
01:42 parce qu'ils ont une décision à prendre, ils l'ont prise.
01:44 C'est vrai que des fois, c'est difficile à comprendre,
01:46 mais c'est à moi d'apprendre aussi de ces expériences
01:50 pour justement trouver ce projet
01:54 qui va me permettre de m'exprimer comme entraîneur.
01:56 Un retour en France est-il possible ?
01:58 Pourquoi pas ?
02:00 Il y a des projets très intéressants en France.
02:02 J'adore ce métier d'entraîneur.
02:05 Je pense avoir pris pas mal d'expérience sur les dernières années.
02:09 Je n'ai pas de préférence.
02:11 Ce que je recherche vraiment, c'est un challenge
02:15 où je pourrais avoir une certaine liberté
02:17 pour pouvoir m'exprimer en tant qu'entraîneur.
02:26 Ton regard d'ancien Gunner sur la saison d'Arsenal ?
02:29 Je trouve qu'on leur demande peut-être un peu trop cette année,
02:34 vu la saison qu'ils ont eu l'année dernière.
02:37 L'année dernière, ça a été une saison assez compliquée.
02:39 Ils ont fait une saison qui est excellente.
02:42 C'est vrai qu'on peut leur demander de gagner le titre cette année
02:47 parce que la plupart de la saison, ils étaient quand même premiers.
02:51 Et dans ce moment qui est très important de la saison,
02:54 ils ont perdu pas mal de points en menant au score.
02:58 Ils ont eu ce match très compliqué contre Manchester City,
03:01 mais ils reviennent de loin.
03:03 Je trouve que Mikel a redonné beaucoup d'énergie à Arsenal.
03:10 Le public commence à croire qu'ils sont capables de gagner un titre.
03:14 Et déjà, ils vont se qualifier pour la Champions League,
03:17 et je pense que ça, c'est quelque chose de grand.
03:21 Arsenal a l'habitude de jouer toujours ses premiers rôles.
03:24 2004, c'est ton meilleur souvenir avec les Gunners, les Invincibles ?
03:34 Oui, parce que quand tu joues la saison et que tu n'as envie que d'une chose,
03:40 c'est de gagner le titre.
03:41 Après, tu perds un, deux, trois, quatre, cinq ou six matchs.
03:43 Peu importe, ce que tu veux, c'est être au top à la fin de la saison.
03:47 Et nous, on a réussi à le faire sans perdre de matchs.
03:50 Et ça, ça reste un beau souvenir.
03:53 Après, on avait quand même deux joueurs qui étaient exceptionnels,
03:56 Dennis Bergkamp et Thierry Henry.
03:58 Thiethi, à l'époque,
04:01 cette année-là, on savait qu'il était capable de marquer à tout moment.
04:04 Même quand on perdait un 0, on savait qu'il allait créer quelque chose,
04:07 qu'il allait faire la différence pour marquer ce but.
04:09 Cette année-là, Thierry était vraiment exceptionnel.
04:19 Tu as fini ta carrière à Manchester City.
04:21 Tu as commencé ta carrière d'entraîneur avec les jeunes de Manchester City.
04:27 Qu'en penses-tu ?
04:28 C'est un des meilleurs clubs d'Europe, si ce n'est le meilleur.
04:31 Après, tout le monde va dire, oui, mais ils ont les moyens.
04:33 Ils ont dépensé énormément d'argent.
04:36 Mais c'est un club qui fait très peu d'erreurs dans ses choix de joueurs.
04:40 Et il y a une structure autour de l'équipe
04:44 qui fait que tout est solide.
04:48 Ils ont des meilleurs entraîneurs, des joueurs,
04:51 ils ont une philosophie de jeu qui est vraiment très claire.
04:54 Et les infrastructures qu'il y a justement autour de l'équipe
04:59 leur permettent d'être très ambitieux.
05:01 Tu penses que c'est leur année ? Ils peuvent tout gagner ?
05:04 Il ne leur manquait pas grand-chose l'année dernière.
05:06 Je pense que le triplé, ce sera pour cette année.
05:09 En champion de le Steak, c'est vraiment l'équipe à battre.
05:11 Au niveau du championnat, ils ont réussi à revenir.
05:14 Ils ont leur destin entre les mains.
05:17 Et là, ils sont au final de la CUP contre United,
05:19 ce sera vraiment compliqué.
05:20 Mais ils sont dans une période importante de la saison.
05:26 Et tous les joueurs sont à leur top.
05:30 À Londres, c'est un phénomène ?
05:41 C'est un phénomène, c'est que le mec, c'est un buteur.
05:44 Le mec ne se pose pas de questions de la manière dont il marque les buts.
05:47 Lui, ce qu'il veut, c'est être dans la surface
05:48 et c'est mettre le ballon dans les buts.
05:51 C'est ce qui leur manquait l'année dernière.
05:53 Cette agressivité de vouloir marquer.
05:59 C'est ce profil-là qui leur manquait.
06:02 C'est un joueur de surface.
06:03 Et il est exceptionnel cette année.
06:06 Benzema à Madrid ?
06:08 Exceptionnel.
06:10 Benzema, c'est la classe.
06:14 C'est l'élégance.
06:15 C'est tout ce que j'aime dans le football quand je le regarde sur un terrain.
06:18 Et quand tu ne le vois pas en équipe de France ?
06:20 Je dis que c'est dommage.
06:21 C'est un gâchis, non ?
06:22 C'est un gâchis, c'est dommage.
06:23 C'est dommage pour lui, c'est dommage pour l'équipe de France.
06:25 Parce que tu as envie que les meilleurs joueurs
06:28 portent ce maillot de l'équipe de France.
06:30 Et malheureusement, avec tout ce qui s'est passé,
06:32 il n'a pas eu ce qu'il méritait.
06:36 Parce que ce qu'il est en train de faire avec le Real de Madrid...
06:39 - C'est incroyable. - C'est incroyable.
06:41 La demi-finale de Ligue des Champions.
06:43 Inter-Milan.
06:46 L'Inter, justement, tu as gagné la Ligue des Champions ?
06:50 Non.
06:50 C'est pour ça que tu me fais la question.
06:53 Tu m'attendais à ce que je te dise oui, c'est ça ?
06:56 Non.
06:57 Si tu avais eu le culot de me dire que tu l'avais gagnée,
07:00 je t'aurais dit "un sacré menteur".
07:01 Je suis parti de l'Inter, je suis allé à Manchester City
07:05 parce que je voulais faire la Coupe du Monde 2010.
07:09 Tu as bien fait de partir.
07:11 Non, Raymond a bien fait de ne pas me sélectionner.
07:13 Et...
07:17 Et à l'arrivée, l'Inter fait...
07:21 Gagne la Champions League, quoi.
07:22 Morineau, il a fait le bon choix.
07:24 - De rester à l'Inter ? - Je sais pas, et toi ?
07:26 - Il s'est dit "Patrick..." - Non, mais tu sais quoi ?
07:30 Tu sais qu'à l'arrivée, sur le dernier match que je fais avec l'Inter,
07:34 je me blesse et...
07:37 J'ai réussi à finir le match,
07:41 et je pars à City.
07:42 Et après le match, Morineau vient me voir et me dit
07:45 "Écoute, je veux pas que tu pars, je veux que tu restes.
07:48 Tu peux nous apporter quelque chose ?"
07:51 Je lui ai dit "Écoute, si c'est pour jouer, une fois tous les 4-5 matchs,
07:55 moi, ce que je veux, c'est aller à la Coupe du Monde,
07:57 et pour aller à la Coupe du Monde,
07:58 - Il faut jouer. - le vieux Raymond m'avait dit
07:59 que j'avais besoin de jouer, quoi, tu vois ?
08:00 Et à l'arrivée, je suis parti à Manchester City.
08:07 Mais ça reste quand même un bon souvenir.
08:08 - L'Inter ? - 4 fois champion d'Italie.
08:10 L'Inter, c'était extraordinaire.
08:12 Extraordinaire, il y avait...
08:14 Il y avait des fracassés de la tête.
08:16 Il n'y avait pas un joueur à l'entraînement où il n'y avait pas d'embrouille.
08:20 C'était vraiment un groupe fort de caractère.
08:25 Chacun se battait vraiment pour avoir sa place.
08:28 C'était extraordinaire, l'Inter, à cette période.
08:32 Une anecdote ?
08:33 Non, mais je te l'expliquerai après.
08:35 Les anecdotes, on en reparlera après.
08:37 (rires)
08:38 Le Milan.
08:45 Je quitte Cannes pour aller à Milan.
08:48 - Très jeune. - Très jeune, 19 ans.
08:50 19 ans, mais je suis arrivé à Milan.
08:53 Maldini, Costa Curta, Baresi, Jorge Wea, Marcel Desailly à l'époque,
08:58 Albertini, Paolo Futre, Savicevic.
09:02 C'était un rêve qui se réalisait, quoi.
09:06 Je rentre dans les vestiaires et c'est là que j'ai vraiment appris
09:08 le métier de footballeur.
09:10 Il y a Capello qui était entraîneur à l'époque.
09:12 C'est là que j'ai appris le métier.
09:16 Cinq matchs disputés, simplement.
09:18 Tu gagnes quand même le Scudetto.
09:20 Oui, mais ça m'a permis de vraiment comprendre
09:23 ce qu'était vraiment le football de haut niveau,
09:28 avec ce sacrifice qu'il fallait faire,
09:32 mais surtout cette discipline qu'il fallait avoir.
09:35 Je regardais les joueurs à l'entraînement tous les jours.
09:37 Capello me faisait vraiment participer sur le travail tactique
09:41 pour vraiment comprendre ce rôle de milieu défensif.
09:45 Je regardais Desailly, je regardais Albertini,
09:48 je regardais Donnadoni.
09:51 Ces joueurs-là m'ont vachement inspiré et m'ont fait progresser,
09:54 même si je n'ai pas beaucoup joué.
09:55 Mais m'entraîner tous les jours avec eux
09:57 m'a servi pour ma carrière.
10:00 En Italie, il y a quelques semaines,
10:04 Lukaku a reçu encore des insultes racistes.
10:08 Qu'en penses-tu ?
10:09 Une de plus, j'ai envie de te dire.
10:13 Et malheureusement,
10:16 il n'y a pas beaucoup de choses qui changent.
10:20 C'est un problème que l'UEFA doit beaucoup mieux gérer
10:23 parce que l'UEFA est au-dessus de toutes les fédérations.
10:29 Ça veut dire que c'est eux qui doivent mettre encore un peu plus de pression
10:34 sur les fédérations
10:36 pour que les fédérations prennent des décisions fortes
10:39 parce que ce qui s'est passé avec Lukaku,
10:41 malheureusement, il n'y a rien qui change.
10:45 L'histoire de Galtier, toi qui étais à l'OGC Nice,
10:49 qu'en penses-tu ?
10:52 Je trouve que ce sont des accusations qui sont très graves.
10:54 Des accusations qui sont très graves
10:56 parce qu'il y a des accusations portées à l'homme, à l'entraîneur.
11:00 Et il est important d'aller jusqu'au bout de cette histoire.
11:06 Est-ce que ce sont des propos qui ont été tenus par Galtier ?
11:11 Si c'est le cas, il doit y avoir des sanctions et des sanctions exemplaires.
11:15 Si Galtier n'a pas tenu ses propos,
11:20 ces accusations sont très graves.
11:21 Alors ces gens-là doivent être punis aussi gravement
11:25 que Galtier s'il avait tenu ses propos-là.
11:28 Parce que d'un côté ou de l'autre,
11:30 ce sont des choses graves qu'on ne peut pas laisser passer.
11:33 Toi, le Ramadan, tu en penses quoi ?
11:35 Moi, si demain je suis entraîneur d'une équipe et qu'il y a des joueurs…
11:39 Mais tu as été entraîneur, Pat.
11:40 - Tu étais entraîneur de l'OGC Nice. - Oui, mais non, parce que je veux dire…
11:42 - Oui, mais… - Tu as été confronté à ça ?
11:44 Non, pas du tout, non.
11:45 Moi, je n'ai même pas posé la question aux joueurs
11:47 de savoir s'ils faisaient le Ramadan ou pas le Ramadan.
11:49 Des joueurs à ce niveau-là sont responsables,
11:54 se connaissent et doivent être soutenus
11:56 s'ils le font ou ils ne le font pas.
11:58 Je veux dire, c'est quelque chose de personnel.
12:00 Il y a une structure à avoir, à mettre en place
12:02 si les joueurs ont besoin d'informations
12:04 sur l'impact que ça peut avoir ou pas avoir.
12:06 Mais je pense qu'il y a un débat là-dessus qui est inutile.
12:11 En tout cas, merci de nous avoir reçus à Londres.
12:15 Et un dernier mot positif pour les gens qui nous écoutent.
12:18 Un souhait, un message que tu as envie de faire passer.
12:23 Cherchons un club !
12:24 [Rires]
12:26 [Silence]
12:28 [SILENCE]