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L'activiste pour le climat Camille Etienne est l'invitée du Grand Entretien de 8h20 pour son livre "Pour un soulèvement écologique" (Seuil). Figure pour beaucoup de la "génération climat", elle refuse cette appellation qui selon elle crée un conflit de générations sur une préoccupation universelle. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-18-mai-2023-4111633

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00:00 Bonjour Camille Etienne, merci d'être avec nous ce matin pour nous parler de ce livre
00:05 que vous publiez aux éditions du Seuil pour un soulèvement écologique dépassé, notre
00:10 impuissance collective.
00:12 Camille Etienne, le public vous connaît pour votre engagement en faveur de la cause climatique.
00:17 On vous compare régulièrement à la militante suédoise Greta Thunberg, je sais pas si c'est
00:20 une comparaison que vous accueillez avec sourire, même si vous êtes un petit peu plus âgée
00:24 qu'elle.
00:25 Vous fêterez vous dans quelques jours vos 25 ans et depuis plusieurs années vous participez
00:29 à des mobilisations à travers le monde contre des projets jugés néfastes pour l'environnement.
00:33 Vous faites aussi du lobbying pour pousser les décideurs à agir et vous tentez aussi
00:38 de convaincre de la justesse de votre cause au travers de films documentaires, de conférences
00:43 et donc désormais avec ce livre, les auditeurs et les auditrices de France Inter pourront
00:48 dans quelques minutes dialoguer directement avec vous et vous interroger au 01 45 24 7000
00:54 ou via l'application France Inter.
00:56 Camille Etienne, vous parlez dans cet essai d'impuissance collective face au réchauffement
01:02 climatique.
01:03 Est-ce que c'est une impuissance à regarder la réalité en face, à l'accepter, la Terre
01:07 se réchauffe et c'est sous notre action ou bien c'est une impuissance à agir, à changer
01:13 notre mode de vie ?
01:14 En réalité, je crois que partout où on pose le regard, on voit bien ce qu'il se
01:22 passe.
01:23 Donc c'est en rien une urgence de la prise de conscience.
01:25 On n'en est plus là, on n'en est plus enfermé dans ce déclic.
01:28 Je crois que l'impuissance, c'est une impuissance orchestrée qui est choisie.
01:32 Pourquoi je parle d'impuissance ? C'est parce qu'on est nombreux et nombreuses à
01:34 imaginer être passager d'une voiture et regarder comme ça le paysage défiler comme
01:39 si on n'épouvait rien, comme si on était condamné à ce que la chose publique nous
01:42 échappe.
01:43 Je crois qu'il est urgent de réaliser que notre apathie, elle arrange l'ordre établi
01:47 parce qu'alors on ne bouscule pas et donc il le maintient.
01:49 C'est l'impuissance de l'action.
01:50 Vous dites que la prise de conscience, elle a lieu.
01:53 Les citoyens savent mais ils n'agissent pas, ils sont impuissants à agir.
01:57 Ils sont impuissants à agir parce que leur impuissance, précisément, on empêche un
02:00 soulèvement, on étouche un soulèvement, on écrase un soulèvement.
02:03 C'est-à-dire que ceux qui sont en position de puissance aujourd'hui, qui ont les mains
02:06 sur le gouverneur et qui gouvernent, ils font ce choix de l'impuissance.
02:09 Ils se cachent toujours derrière l'impuissance et ils s'assurent que nous ne dépassions
02:13 pas la nôtre.
02:14 Vous évacuez la responsabilité individuelle, c'est l'une des lignes de cet essai.
02:20 C'est les puissants, les puissants, les puissants, le mot revient extrêmement souvent.
02:23 Fréquemment.
02:24 En fait, on vit en société.
02:26 Donc à partir de ce moment-là, l'intime est politique.
02:29 Il n'y a pas quelque chose comme un geste individuel, je souscris en rien à ça.
02:32 Si je ne fume pas là devant vous, ce n'est pas uniquement pour protéger mes poumons
02:35 parce que moi je déciderais de me remettre au sport.
02:37 Mais c'est aussi pour vous, c'est-à-dire que notre liberté n'existe que parce qu'elle
02:41 est collective et donc nos obligations, nos droits qui les permettent n'existent que
02:45 parce qu'ils sont collectifs.
02:46 Donc en société, il n'y a rien comme un geste individuel.
02:49 En revanche, il est très important de le rappeler qu'aujourd'hui, il est impossible,
02:54 difficile d'être écolo en société parce que les structures qui sous-tendent cette
02:57 société ne le permettent pas.
02:59 Quand on habite en banlieue, consommer en circuit court avec des agriculteurs, ce n'est
03:02 pas facile.
03:03 Quand on habite en montagne, ne pas utiliser sa voiture, ce n'est pas facile.
03:06 Donc le temps compte.
03:07 C'est pour ça qu'il faut être radical, c'est-à-dire aller s'attaquer à la racine
03:10 du problème et on se brappe pas le monde avec des totbags, précisément.
03:13 Il s'agit d'arrêter de mettre des pansements sur une hemorragie interne et d'oser un
03:17 peu aller à la racine de l'urgence.
03:19 Camille Etienne, c'est très fort ce que vous dites.
03:20 Vous parlez d'une impuissance organisée, choisie des puissants qui nous empêcheraient
03:25 finalement de lutter contre le réchauffement climatique.
03:28 Qui sont ces puissants ? Et si elle est choisie cette impuissance, au nom de quoi ? Dans
03:33 quel but ? Dans le but de maintenir un ordre établi,
03:37 qui profite à une extrême minorité aujourd'hui.
03:39 C'est-à-dire que, je vais être très concrète, Total Energy, qui est donc le géant de l'industrie
03:44 fossile, était au courant depuis les années 70, tout ça est très augmenté, de l'urgence
03:48 climatique.
03:49 Ils savaient que ce qu'ils étaient en train de faire, c'était de condamner la vie sur
03:52 Terre.
03:53 Leur choix n'a pas été d'arrêter leur business, mais au contraire de payer des climatosceptiques
03:57 pour semer le doute.
03:58 Ensuite, la fameuse empreinte carbone dont on parle souvent, qui individualise la lutte,
04:03 voyez ce qui se passe, et la responsabilité.
04:04 Vous savez qui l'a démocratisé à coup de 260 millions d'euros en 2006 ? C'est
04:09 BP, encore un géant de l'industrie fossile.
04:11 Pourquoi ? Parce qu'alors on fatigue.
04:13 Parce qu'alors, puisqu'on nous demande d'être écolo dans un monde qui ne l'est
04:16 pas, alors on fatigue une population et on empêche qu'elle s'organise collectivement.
04:19 Une dernière chose, les camps anxiété, qui me semblent aussi être une route très
04:23 dangereuse.
04:24 C'est-à-dire qu'on s'assure qu'on ne fasse pas peur, et on individualise, on pathologise
04:28 un sentiment qui n'est en rien de maladie, c'est simplement le symptôme d'un monde
04:32 malade.
04:33 Et en faisant ça, on s'assure de créer une société d'angoissés qui, encore une
04:37 fois, ne s'organisent pas collectivement pour se soulever.
04:39 Alors, vous parlez des entreprises pétrolières qui ont organisé leur business, qui ont
04:45 défendu leur business jusqu'au bout parce que, évidemment, c'est leur raison de vivre
04:49 par essence.
04:50 Mais quand vous dites "on" sur l'éco-anxiété, en réalité, là, vous pointez du doigt les
04:54 dirigeants.
04:55 Est-ce qu'aujourd'hui, quand même, on a le plan, le Green Deal au niveau européen ?
05:02 On a le plan eau ? On a, là, on avait encore un plan industrie verte ? On a une ministre
05:08 de la transition écologique ? On a un secrétariat général à la planification ? Est-ce que
05:13 cette impuissance, cette inaction, vous n'y allez pas un peu fort ? Est-ce qu'il n'y
05:18 a pas quand même un mouvement ? Et c'est peut-être la vitesse que vous incriminez
05:22 ou est-ce que pour vous, non, il ne se passe rien et le "on" qui serait une main invisible
05:26 est toujours en action ?
05:27 C'est une main qui n'étant rien visible, elle s'incarne aujourd'hui dans des corps,
05:30 dans des corps qui sont au pouvoir et qui seront remplacés par d'autres corps au pouvoir.
05:34 J'irais même plus loin encore.
05:36 C'est-à-dire que pour moi, on ne peut plus parler d'inaction climatique mais d'action
05:39 délibérée de destruction du vivant, de la biosphère et donc aussi de nos corps et
05:44 même de notre corps social.
05:45 On a Emmanuel Macron qui est allé à l'Europe et qui allait demander une pause environnementale
05:50 pour laisser tranquille l'industrie.
05:51 Donc allez dire que j'y vais trop fort aux quatre villages, là, des Pyrénées en mai
05:56 en 2023 en France qui n'ont pas d'eau.
05:59 C'est-à-dire que je rappelle quand même qu'il y a des maires, à l'heure où je
06:01 vous parle, qui sont en train de commander des packs d'eau pour donner à boire aux
06:04 gens et à une population en mai en 2023 en France.
06:06 Allez leur dire que ça ne va pas assez vite et que moi je vais trop fort à ces populations
06:11 qui vivent la canicule totale au Vietnam.
06:14 Allez dire que j'y vais trop fort à l'Espagne qui est en train de devenir un désert.
06:18 Alors je vous parle, c'est d'ailleurs sur France Inter que j'ai lu cet article.
06:21 Allez dire qu'on va trop fort à ceux qui meurent aujourd'hui de dérèglement climatique.
06:24 Mais donc toutes ces politiques, ces plans dont je vous parle, enfin ces plans qu'on
06:28 nous annonce…
06:29 Qu'on t'envase et qu'on te fume manifestement.
06:30 Je suis désolée mais ça ne marche pas, ou en tout cas ça ne marche pas assez.
06:33 Ça ne marche pas assez et même j'irais plus loin c'est dire que…
06:37 Regarde on parle d'un plan eau.
06:38 En effet il est urgent vraiment et heureusement qu'on s'adresse à cette question de l'eau
06:43 parce qu'on est en train de vivre une guerre de l'eau et puis en ce temps on manque radicalement
06:46 d'eau.
06:47 Beaucoup plus tôt que ce qu'on pouvait même l'espérer.
06:48 Mais face à une population qui décide de s'organiser face à une défaillance de
06:52 l'Etat pour lutter contre l'accaparement de l'eau, les soulèvements de la terre
06:55 qui vont se battre contre les méga-bassines, non seulement c'est pas qu'ils ne s'en
06:59 occupent pas, c'est qu'ils vont criminaliser ces personnes qui vont décider de se soulever
07:02 pour pallier à ce manquement.
07:04 Mais ça veut dire que… Je reviens à votre réflexion sur la responsabilité individuelle.
07:09 Si vous rencontrez quelqu'un ou vous discutez avec quelqu'un qui vous dit "moi je continue
07:12 de prendre l'avion pour mon loisir plusieurs fois par an ou je vais dans des fast-foods
07:16 etc." vous lui dites "je comprends c'est parce que tu es abreuvé par la publicité
07:20 et donc tu n'es pas libre de tes choix en fait et donc ne change rien mais attendons
07:27 que peut-être ces grands industriels changent dans leur manière de faire les choses ou
07:31 de nous proposer des modèles ou disparaissent."
07:33 N'attendons pas qu'ils le fassent, contraignons-les à le faire et on est libre à partir du moment
07:38 où on réalise qu'on est aliéné.
07:40 Et donc par exemple sur les cigarettes, pourquoi est-ce qu'on fume ? Je vous rappelle quand
07:44 même que Edouard Barneis, c'est dans ce livre "Propaganda" que je vous invite à
07:47 lire qui est immense, il rappelle en fait comment dans les années 70 aux Etats-Unis
07:51 il n'y avait que la moitié de la population qui fumait, les hommes.
07:54 Et donc il y a Malbaureau qui est arrivé en disant "regardez les psychanalystes pour
07:57 dire comment est-ce que je fais pour multiplier par deux mon marché".
08:00 C'est très simple, ils ont réussi à identifier qu'en fait la cigarette était le symbole
08:06 du pénis masculin et que donc ça pouvait devenir le symbole de l'émancipation de
08:09 la femme.
08:10 Ils ont payé des mannequins pour défiler dans une marche féministe et brandir comme
08:15 ça des cigarettes, la "Torch of Freedom".
08:16 Le lendemain c'était partout dans les journaux, c'était devenu le symbole de la libération
08:20 de la femme.
08:21 On a multiplié par deux le marché et on s'est assuré qu'une population entière
08:24 devienne dépendante de la nicotine.
08:26 Donc vous ne tenez pas de discours individuel quand vous rencontrez des gens ? Vous n'essayez
08:31 pas de convaincre ?
08:32 Bien sûr, toute ma vie n'est qu'un des résumés qu'a essayé de convaincre et
08:36 de combattre.
08:37 Donc d'abord j'essaie de poser la question.
08:40 Ce qui m'intéresse c'est pas tant de donner des réponses que de poser les questions.
08:43 Et donc de dire pourquoi est-ce que vous êtes en train de faire ça ? Pourquoi est-ce qu'on
08:46 a besoin de prendre l'avion aujourd'hui ?
08:47 Une phrase, regardez les pubs qu'on a quand on est dans le métro, les pubs de Air France
08:53 qui disaient "évadez-vous" parce qu'on s'évade de prison, on ne s'évade pas
08:56 de notre quotidien.
08:57 Donc je pense que ça va beaucoup plus loin que simplement l'envie d'avoir envie de
09:01 partir à Amsterdam pour un week-end.
09:02 On n'est pas obligé de la prendre au premier degré cette pub, on peut même se dire "je
09:05 ne la regarde pas".
09:06 Notre inconscient est très puissant, il ne faut pas le sous-estimer.
09:09 Alors vous dites "je passe mon temps à essayer de convaincre", manifestement il
09:14 y a du travail et notamment du côté de la jeune génération, vous fustigez l'expression
09:19 "génération climat" dans cet essai.
09:22 C'est une expression qui a vu le jour notamment au début des années 2010 avec les grandes
09:26 marches pour le climat.
09:27 Vous écrivez "la fameuse génération climat ne correspond à aucune sorte de réalité
09:31 sociologique, il n'y a pas de génération climat".
09:33 Mille fois on a tenté de nous ramener à ce conflit de génération.
09:36 Non seulement je n'y souscris à aucun moment, mais je crois même qu'il faut le combattre.
09:40 Pourquoi est-ce qu'il faudrait combattre cette idée au fond ? Ce serait, si c'était
09:44 le cas, plutôt une bonne nouvelle.
09:46 Qu'une génération entière se lève avec d'autres pratiques, non ?
09:50 Je serais triste d'être condamnée à n'être qu'avec des jeunes de mon âge.
09:53 On a terriblement besoin de nos aînés.
09:55 Et puis surtout, même, c'est pas leur injustice.
09:56 Mais ça ne voulait pas dire ça "génération climat", ça voulait dire "des jeunes, maintenant,
09:59 en masse, ont d'autres pratiques".
10:01 Ont d'autres pratiques et en réalité, ceux qui ont fait la queue devant Shane de l'ultra
10:06 fast fashion quand ils ont fait un pop-up à Paris, c'est aussi une génération, un
10:10 TikTok, qui a un déficit de l'attention total.
10:13 Donc on est au monde, on vit dans un monde dont il s'agit de changer les règles parce
10:16 que précisément ceux qui gagnent sont ceux qui décident des règles.
10:19 Donc c'est ça qui m'intéresse.
10:20 Pourquoi je parle du fait qu'il n'y a pas de génération climat ? C'est parce que
10:23 le débat public est organisé de manière assez binaire et bipolar.
10:26 On ne peut pas avoir beaucoup de fractures qui existent en réalité.
10:29 Donc si, en fait, on résume l'urgence écologique à quelque chose qui se passe dans l'intime,
10:34 dans les familles.
10:35 C'est moi, quand mon grand-père à Noël, parce qu'il mange du foie gras ou qu'il
10:37 fait de la chiasse.
10:38 Eh bien ce n'est plus moi contre Patrick Pouyanné, le président de Total Energy.
10:42 Ce n'est plus moi contre le ministre de la Finance.
10:44 Pas dans les mêmes proportions.
10:48 Pas dans les mêmes proportions, c'est-à-dire que quand on a ce niveau de responsabilité
10:53 là, on n'est pas responsable que de soi-même.
10:56 Quand on est dans une position de pouvoir, on n'est pas responsable que de soi-même
10:59 parce que les décisions qu'on prend, elles embarquent avec nous des corps et des vies.
11:03 Et donc ça nous y oblige.
11:04 Est-ce que vous comprenez pourquoi il n'y a pas une prise de conscience plus large dans
11:08 votre génération ? Vous citez notamment un sondage mars 2019 réalisé par Opinion
11:14 Nouée pour Prime Energie.
11:15 23% de la population ne pense pas que le dérèglement climatique soit d'origine humaine.
11:20 C'est encore plus fort, c'est 36% chez les 18-24 ans.
11:23 Et même c'est pire, on a repris là, depuis cette enquête-là, j'en ai trouvé une autre
11:27 après le livre, on a repris 8 points en France de climato-scepticisme, là récemment.
11:31 Alors qu'on sait les choses.
11:32 On dit par exemple, le rapport de l'ONU hier sur la période 2023-2027 qui sera sans doute
11:37 la plus chaude jamais enregistrée.
11:39 On en parle sur France Inter depuis hier après-midi.
11:41 On consacre des reportages, des éditos, etc.
11:43 Ça veut dire que le camp d'en face s'organise aussi et qu'il s'agit de sortir un peu de
11:47 nos bulles et de se rendre compte que précisément, partout autour de nous, en réalité, on est
11:52 confronté à des informations qui vont nous amener le complotisme.
11:57 Quand on voit, on peut faire le parallèle avec ce qui s'est passé pendant la pandémie
12:00 aussi.
12:01 En fait, les camps contraires s'organisent aussi, c'est les backlash.
12:03 Une idée au début, elle va être d'abord ignorée, puis moquée, puis ensuite combattue.
12:08 Et je crois qu'on arrive au moment où on est assez menaçant pour que le camp d'en
12:10 face mette les bouchées doubles.
12:11 Donc c'est là où nous aussi, il faut qu'on reste droit.
12:13 Mais quel est ce camp d'en face lorsque, en effet, dans les médias, partout, ça fait
12:17 les unes des journaux, maintenant on en est…
12:19 Alors, il y a sans doute encore du greenwashing, mais on n'en est plus en effet à de l'information
12:22 climato-sceptique.
12:23 Ça y est, c'est…
12:24 Donc, quel est ce camp d'en face qui menacerait la prise de conscience individuelle ?
12:29 Eh bien, peut-être parce que c'est pas là que ça se joue.
12:31 C'est-à-dire qu'on peut avoir une prise de conscience individuelle et pourtant, en
12:35 fait, se trouver coincée dans une société où on ne peut pas agir.
12:37 Donc c'est peut-être pour ça aussi qu'il faut faire le deuil de l'illusion d'un
12:40 consensus.
12:41 Je parle d'une étude qui a été menée par deux américaines depuis les années 1900.
12:44 Et en fait, elles regardent beaucoup de mouvements sociaux qui ont obtenu des victoires.
12:47 Elles se rendent compte qu'on a besoin de 3,5% en moyenne de la population pour bousculer
12:52 un ordre établi.
12:53 Donc ça veut dire qu'il faut faire ce deuil de l'illusion d'un consensus.
12:56 Et que parfois, une minorité active organisée suffit à renverser un ordre établi.
13:00 Donc peut-être qu'on n'a pas besoin d'attendre que 50% de la population soit établie.
13:04 Y compris contre la volonté d'une majorité, Camille Etienne ?
13:07 Je vais dire une chose très simple.
13:08 On a absolument besoin d'un débat démocratique sur ces questions environnementales.
13:12 Fondamentalement.
13:13 Et c'est parce que je le défends précisément que je suis là aujourd'hui.
13:17 En revanche, il y a des choses qui sont des réalités établies, qui encadrent cette
13:20 démocratie.
13:21 Les limites de la biosphère, les limites planétaires.
13:23 On ne peut en rien négocier.
13:24 Ce sont les seules réalités qu'on doit prendre en compte.
13:26 Maintenant, comment est-ce qu'on habite le monde ?
13:27 Est-ce que non à ces réalités, on peut se passer de démocratie ? Est-ce qu'elles
13:31 sont plus fortes que la démocratie ?
13:32 Elles ne sont pas plus fortes que la démocratie.
13:34 Elles encadrent et elles la permettent.
13:36 Ces limites planétaires, ce sont le terrain de jeu avec lequel on doit jouer.
13:39 On habite le monde, on n'habite pas sur Mars.
13:41 Donc on n'a pas d'autre choix que de penser la démocratie à l'intérieur de ces limites.
13:46 Ces limites qui permettent la démocratie.
13:47 Même, je vais vous dire une chose, la démocratie c'est ce qui, à mon sens, c'est ce qui organise
13:51 la division.
13:52 C'est ce qui organise la dispute.
13:53 C'est ce qui permet la dissension.
13:55 Et donc, précisément, c'est parce que j'ai un sentiment profondément démocratique
13:59 que j'ai envie qu'on puisse débattre de la manière où comment est-ce qu'on habite
14:02 le monde.
14:03 Il va manquer d'eau.
14:04 Est-ce qu'on veut laisser les golfs ouverts ou est-ce qu'on veut que les agriculteurs
14:07 puissent donner à boire à leur cheptel ? C'est ça la vraie question démocratique.
14:10 C'est pas le fait qu'il manque de l'eau.
14:11 La science n'est pas une opinion.
14:13 L'urgence climatique n'est pas une opinion ni un hobby du dimanche.
14:16 Camille Etienne vous plaidez pour un « soulèvement écologique », c'est le titre de votre ouvrage.
14:19 Et vous dites que cette minorité doit « bousculer » quand même la démocratie.
14:23 On voudrait comprendre, qu'est-ce que c'est le soulèvement ? Ça passe par quoi ? Et
14:27 ça peut aller jusqu'où ?
14:29 C'est Roselyne Luxembourg qui dit « au commencement était l'action ». Et en rien, je voulais
14:36 faire un livre programmatique qui dit comment on doit soulever en 10 points.
14:39 Ça justement, ça se fait sur le terrain et ça appartient aussi à chacun et on doit
14:42 l'inventer collectivement.
14:43 En revanche, ils ne sont grands…
14:44 Camille Mais quand même c'est 3,5% de la population
14:47 que vous voulez réunir.
14:48 C'est 250 000 personnes en France.
14:50 Qu'est-ce que vous voulez leur faire faire ?
14:54 Roselyne Luxembourg Ils ne sont grands que parce que nous sommes
14:55 à genoux.
14:56 C'est ce que dit la Boétie et c'est ce que résume mon titre.
14:58 Alors on se soulève.
14:59 Je veux participer modestement à créer cet élan.
15:03 Et ensuite, il y a mille manières d'agir.
15:05 Il y a cesser de coopérer.
15:06 On voit tous les étudiants d'agro-parité qui bifurquent, qui disent « on arrête de
15:11 jouer, on se lève et on se casse pour rester dignes, on ne veut plus participer à ça ».
15:15 Il y a aussi la désobéissance civile qui est profondément démocratique, au contraire,
15:20 qui est de dire qu'il y a des choses qui sont injustes, des choses qui aujourd'hui
15:24 sont légales, qui pour autant sont injustes.
15:25 Et donc précisément, on décide de désobéir en honneur à cet impératif catégorique.
15:31 Il y a aussi tout un tas d'actions, si vous voulez être très concret, par exemple,
15:35 là, la semaine prochaine, il y a l'Assemblée Générale de Total Énergie.
15:37 On organise un blocage.
15:39 Vous êtes vraiment tous et toutes invités à nous rejoindre.
15:41 NICOLAS ROCHE Beaucoup de questions pour vous ce matin
15:43 au Standard de France Inter.
15:44 Camille Etienne, nous allons accueillir Edouard qui nous appelle de Vendée.
15:48 Bonjour Edouard.
15:49 EDOUARD BOUCHER Bonjour, bonjour à tous.
15:50 En fait, moi je voulais réagir, c'était par rapport au tout début de l'interview,
15:55 quand vous avez parlé du, enfin quand madame a parlé du collectif, c'était un problème
15:59 d'État et de grosses institutions.
16:01 Moi, je trouve que c'est un peu facile de remettre tout ça sur l'État et les institutions,
16:04 même si franchement, bon, ils ne font pas toujours les choses dans le bon ordre, à
16:07 mon goût, ça c'est mon opinion.
16:09 Moi, je pense surtout que les gens sont hyper individualistes et totalement hypocrites,
16:14 parce qu'on vous fait des grands discours comme quoi il faut sauver la planète, mais
16:16 derrière, on prend l'avion, dès qu'on peut partir en week-end, comme ce week-end,
16:20 moi je bosse tout le week-end, mais il n'y a plus personne autour de moi.
16:23 Oui, non mais voilà, il y a des bouchons, on prend l'avion.
16:27 Quand il s'agit de, on parle du bio, je suis agriculteur, je ne fais pas de bio, mais on
16:32 parle du bio, il faut manger plus de bio, dès que la bouffe, le prix de la bouffe augmente,
16:35 eh ben on se détourne du bio, parce qu'on considère que la bouffe, ce n'est pas l'indispensable.
16:41 Moi, je pense surtout que c'est la nature humaine, et je dis ça sans être déprimé,
16:46 c'est un fait, les gens s'en foutent totalement, ils vont faire des grands discours, les gens
16:50 sont des crocodiles, des grandes bouches et des petites pattes.
16:52 Merci à vous, Edouard, pour cette question qui est surtout un témoignage.
16:58 Camille, Étienne, votre réaction à ce que dit Edouard ?
17:00 C'est drôle cette question des crocodiles.
17:02 Vous voyez, par exemple, pour le bio, aujourd'hui, on est dans un taux d'inflation où les plus
17:08 précaires, donc on prend ceux qui ont le SMIC ou moins, il y en a deux sur trois qui
17:11 ont sauté un repas.
17:12 Donc, je pense, je ne crois pas vraiment que c'est non volonté de consommer bio.
17:17 Quand on laisse le choix entre des bons produits qu'on peut cuisiner soi-même, etc., avec
17:22 du temps et une espèce de barquette industrielle de l'agroalimentaire, je ne suis pas certaine
17:27 qu'en réalité, si on soit libre, on puisse, on fasse nécessairement ce choix-là.
17:30 En revanche, on a besoin de moyens financiers et donc ça s'organise aussi, je suis désolée,
17:34 mais au niveau de l'État, c'est son rôle de faire en sorte que ce qui va polluer le
17:38 moins, ce qui va coûter moins finalement, ou bien comment, à la société, soit aussi
17:41 ce qui coûte le moins, et bien dans notre porte-monnaie.
17:43 Et donc, ça veut dire des subventions.
17:44 Camille, Étienne, on aimerait comprendre où mène quand même ce soulèvement auquel
17:48 vous appelez, qui va fixer les règles de la société future qui doit être désirable.
17:53 Est-ce que par exemple aujourd'hui, le chemin vers l'électrification, alors on a un plan
17:56 nucléaire, je reviens avec ce qui est en train de se faire, parce qu'il y a quand
17:59 même des choses, il y a un plan nucléaire, il y a des éoliennes en mer, est-ce que cette
18:03 électrification, elle vous paraît désirable ?
18:05 C'est une bonne question.
18:09 Qui fixe les règles ? Déjà, à mon sens, c'est la démocratie, donc c'est l'urgence
18:12 d'organiser par exemple, vous voyez, les conventions citoyennes pour le climat, où
18:15 il y a des gens de plein de milieux différents qui sont représentatifs de la société française,
18:20 qui débattent de comment est-ce qu'on veut organiser l'énergie, comment est-ce qu'on
18:23 veut organiser la fin de vie.
18:24 Là, ça, c'est des outils démocratiques qui me semblent intéressants et urgents de
18:27 remettre en place.
18:28 Sur la question de l'énergie, l'urgence, c'est d'abord à la sobriété, c'est-à-dire
18:31 à mieux organiser notre parc énergétique pour qu'on ait besoin de produire et de
18:35 consommer moins d'énergie, d'être aussi plus efficace.
18:37 C'est d'abord le rapport du GIC, il parle d'abord de sobriété et ensuite de diversifier
18:42 précisément notre parc énergétique.
18:45 Donc de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier, de ne pas mettre tous nos
18:47 œufs dans le nucléaire, de ne pas mettre tous nos œufs non plus dans la géothermie,
18:49 parce que ça nous rend moins dépendants, précisément même de conflits comme on voit
18:53 avec la crise.
18:54 Mais est-ce que vous êtes d'accord pour dire qu'il faut quand même développer le
18:57 nucléaire parce qu'on va devoir se passer de pétrole, de gaz, de charbon, pour notamment
19:01 pour le pétrole, faire rouler nos voitures ?
19:02 C'est un vrai choix de société, je pense qu'on devrait en débattre.
19:06 Pourquoi ? Parce que ça nous oblige sur des générations et des générations dans
19:09 un monde qui sera par essence incertain.
19:10 C'est-à-dire que quand il fait 4 degrés, quand on a un réchauffement de 4 degrés,
19:15 comment est-ce qu'on va refroidir nos centrales quand les cours d'eau sont à sec ? Comment
19:19 est-ce qu'on va transmettre l'information aux générations futures que potentiellement
19:21 il y a des déchets enfouis sous le sol ? Donc vous voyez, moi j'ai mon avis, mais ce n'est
19:26 pas forcément le plus intéressant.
19:27 Ce qui m'intéresse c'est savoir qu'est-ce qu'on a envie de faire parce que ça nous
19:29 oblige dans un futur dans lequel on n'appartiendra pas.
19:33 Donc ce n'est pas un petit choix, c'est un choix énergétique qui est particulièrement
19:35 vertigineux.
19:36 On a une question de Philippe qui nous appelle de Nice.
19:39 Bonjour Philippe.
19:40 Oui bonjour, oui.
19:41 Bonjour à vous et merci pour vos émissions.
19:44 Merci Philippe.
19:45 Je voulais poser une question à votre invité.
19:47 Pensez-vous pas que le discours sur le réchauffement climatique fasse aussi par un discours complètement
19:52 social ? Parce que si demain on arrête les avions, on arrête les moteurs thermiques
19:57 rapidement, il y aura pas mal de gens au chômage.
20:00 Un temps je me rappelle que Nicolas Hulot avait eu ce discours, mais bon il n'est plus
20:06 là mais ça risque de demander beaucoup de temps.
20:09 Donc est-ce que vous ne pensez pas que parallèlement il faudrait avoir ce discours social justement
20:13 pour pas que les gens se retrouvent sans travail ? Parce que ça peut arriver si on prend des
20:19 mesures extrêmement draconiennes.
20:21 Merci à vous Philippe pour cette question Camille Etienne.
20:24 Merci, merci.
20:25 Je souscris totalement à ce que vous êtes en train de dire.
20:27 Justement en fait il n'y aura pas d'emplois sur une planète brûlée donc peut-être qu'en
20:32 fait on pourrait poser la question aux ouvriers.
20:34 J'en ai parlé par exemple avec un ouvrier de Grande-Synthe, donc d'une raffinerie de
20:38 Total en disant, il me disait mais en fait si on nous posait la question de ce qu'on
20:41 est capable de faire, quelles sont nos capacités et qu'on réorientait l'industrie au contraire
20:47 précisément pour arrêter de détruire mais pour régénérer les sols, les cours d'eau,
20:51 les écosystèmes, et bien ça pourrait même créer de l'emploi.
20:54 Un exemple très concret, pendant la pandémie en Suisse, tous les employés qui travaillaient
20:59 dans l'aviation, ils se sont rendus compte, ils ont fait un bilan de compétences et puis
21:03 ils se sont rendus compte qu'en fait on avait vachement besoin de trains parce que vu que
21:06 les avions ne décollaient plus, il y avait beaucoup plus de trains et qu'en fait ils
21:09 pouvaient très vite être employés dans le ferroviaire.
21:11 Et donc en fait on a aussi énormément d'emplois à créer, il ne faut pas oublier qu'on a
21:15 énormément d'emplois à créer dans le basculement écologique, notamment même dans le secteur
21:20 agricole où on se rappelle quand même qu'on est en train de vivre une hécatombe où on
21:24 n'a plus aucun paysan dans les terres et donc là il y a une urgence aussi à réorienter
21:29 des emplois dans les secteurs de transition.
21:31 Mais vous voyez bien que c'est complexe si on augmente les taxes sur le transport aérien
21:36 par exemple, ce sont des millions de touristes qui ne viennent plus en France du jour au
21:40 lendemain et donc ce sont des millions d'emplois qu'on perd, le tourisme c'est un élément
21:43 extrêmement fort de l'économie française.
21:45 Et bien si nous par ailleurs on décide de plus aller aux Etats-Unis, on aura plus de
21:49 français qui partiront en Ardèche et donc on pourra continuer à avoir du tourisme aussi.
21:53 La balance n'équilibrera pas totalement les choses.
21:57 Mais enfin bon, Alexandra.
21:59 Une question d'un de nos clients qui vous demande, Camille Etienne, est-ce que la vraie
22:02 solution ça ne serait pas de faire moins d'enfants tout simplement ?
22:04 A partir du moment où l'on désire le faire, ça vous appartient bien et heureusement qu'on
22:10 laisse enfin le corps des femmes tranquilles.
22:12 Mais je trouve que c'est une vision un petit peu triste parce que ça voudrait dire que
22:16 l'urgence serait seulement à passer nos existences au crible du bilan carbone.
22:20 Alors que ce que j'appelle avec d'autres c'est une révolution ontologique, c'est
22:26 un changement radical de notre manière d'être au monde.
22:28 Et même je vous dire, je crois que quand on a un enfant, quand on s'occupe d'enfants
22:33 d'autres, ça nous oblige intimement aux conséquences des décisions qu'on prend
22:37 aujourd'hui.
22:38 D'un coup 2050 prend une autre ampleur quand il y a une partie de nous qui y sera et on
22:41 ne sera pas là pour la protéger.
22:42 Et je le vois très concrètement le nombre de personnes qui ont eu des basculements dans
22:47 leur vie écologique parce qu'ils ont commencé à avoir des enfants ou à s'intéresser
22:51 à cette question.
22:52 Au contraire, je crois qu'on continue l'histoire et que c'est beau de le faire.
22:55 Donc il peut y avoir un déclic Camille Etienne, parce que vous pourfendez cette expression,
23:00 le déclic.
23:01 Mais si je vous suis bien, avoir des enfants, ça peut amener à une prise de conscience
23:05 écologique.
23:06 Non, j'essaye juste de comprendre le fil et la cohérence.
23:09 Non, mais en fait, je parle de cette question du déclic parce que sinon on se retrouve
23:14 dans une position où on a juste envie d'être touché par la grâce.
23:17 Et donc on imagine que…
23:18 La révélation.
23:19 Voilà.
23:20 On attend.
23:21 Alors bien sûr que, évidemment, j'ai grandi au milieu des glaciers avec un agriculteur
23:25 à côté de chez moi.
23:26 Vous êtes Savoyarde.
23:27 Profondément Savoyarde, dans une famille d'alpinistes.
23:29 Donc j'ai passé mon enfant sur des glaciers.
23:31 Évidemment que par essence, j'ai été bousculée parce que ce que j'aime le plus profondément
23:35 de mon corps et de mon être est menacé sous mes yeux directement.
23:38 Et je l'ai vu depuis mes dix ans.
23:39 Maintenant, on peut aussi être bousculé par de l'indignation.
23:43 En fait, partout où on pose le regard, il y a des raisons de se lever, de se lever pour
23:48 rester digne.
23:49 Et donc sortir de cette idée du déclic, c'est sortir de l'idée qu'il faut qu'on
23:52 attende, qu'il nous touche.
23:54 Au contraire, on a vraiment besoin de décider d'aller prendre cette force en nous et en
23:59 dehors.
24:00 Et cependant, vous voulez créer du déclic.
24:01 Quand vous dites que l'écologie, elle doit faire peur finalement, il faut réhabiliter
24:05 la peur.
24:06 C'est quelque chose que certains militants écologistes ont abandonné ces derniers temps
24:11 parce que la peur paralyserait.
24:13 Ça, vous n'y croyez pas du tout ?
24:14 Si une voiture me fonce dessus et que je n'ai pas peur, je me fais écraser.
24:17 Si j'ai peur, je fuis.
24:19 Il y a des fuites qui sauvent.
24:20 La peur, quand elle est juste, c'est une réponse de notre corps qui nous permet, précisément,
24:25 c'est un réflexe vital qui peut nous sauver.
24:27 Et je crois au contraire, en fait, ce qui est en train de se passer, c'est qu'on relègue
24:30 la peur dans l'intime.
24:31 Parce qu'on n'ose jamais parler là comme ça sur des plateaux et dire que oui c'est
24:35 terrifiant de se dire qu'on manque d'eau aujourd'hui en France et que dans le village
24:37 de ma grand-mère à Gérardmer, ils ont fait bouillir de l'eau d'un lac.
24:40 C'est terrifiant.
24:41 Mais si on n'est pas capable de le dire, alors on crée une société d'angoissés
24:44 qui s'occupent de sa santé mentale, qui pensent que c'est une maladie, que les canxiettes
24:48 sont une maladie, quand c'est simplement le symptôme d'un monde malade.
24:51 Gunther Anders, qui travaillait sur les catastrophes et notamment sur la bombe climatique, dit
24:56 qu'il faut qu'on ait une peur à la hauteur de l'outil qu'on crée.
24:59 On a créé une société qui est capable d'autodestruction.
25:02 Il faut qu'on ait une peur à la hauteur pour ne pas laisser ces outils dans la main
25:05 d'inconscients.
25:06 Et votre raisonnement et les propos que vous avez tenus ce matin se retrouvent et plus
25:11 largement développés dans ce livre.
25:12 Camille Etienne pour un soulèvement écologique, dépasser notre impuissance collective.
25:17 Ça sort demain aux éditions du Seuil.
25:19 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur France Inter.
25:21 Bonne journée.

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