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Mozambique: Le mirage africain
Entre richesses naturelles et conflit armé

Rubis, gaz, plages de rêve et djihad: entre richesses naturelles et conflit armé, enquête au Mozambique, un pays au rêve brisé.

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00:00 C'est un spectacle qui s'offre presque à l'infini.
00:05 A perte de vue, sur des centaines de kilomètres, des plages de sable blanc.
00:12 Une côte paradisiaque, le long de laquelle a choisi de s'installer il y a 10 ans un couple
00:19 de Français.
00:20 A Villancoulos, Denis et Sabrina tiennent un hôtel et un club de plongée.
00:26 Ce matin, ils attendent un groupe de touristes pour une sortie en mer.
00:31 - Ca se passe bien.
00:33 On va aller plonger sur les îles là-bas.
00:39 Donc il y a une petite heure de bateau, il y a deux plongées, il y a une pause déjeuner
00:44 sur le lit de Pazarroto, vous allez voir, c'est absolument extraordinaire.
00:48 Et on va essayer de rendre des gens contents comme d'habitude, c'est notre boulot.
00:55 Aujourd'hui, les clients de Denis, des Français qui vivent en Afrique du Sud.
01:00 Quelques marches à descendre et à marée haute, accès direct au bateau et au grand
01:06 large.
01:07 Le terrain de jeu de Denis, c'est l'archipel de Pazarroto, juste en face de l'hôtel.
01:20 Au large, des fonds sous-marins exceptionnels.
01:24 - On a un trou dans le récif ici, dans un jacuzzi à requins.
01:29 Ici, si on a de la chance, on les aura.
01:38 Sous l'eau, une incroyable richesse.
01:45 Les trois quarts des espèces de l'océan Indien sont présents dans la zone.
01:49 On vient du monde entier pour explorer ces récifs, pour vivre aussi le grand frisson.
01:56 Ce matin, comme espéré par Denis, les requins sont bien au rendez-vous.
02:03 Classés parcs naturels, les îles de Pazarroto échappent au tourisme de masse.
02:10 - Bienvenue sur Pazarroto.
02:15 Atelier snorkeling pour les uns dans des eaux cristallines, Denis, lui, nous emmène là
02:21 où son aventure a commencé.
02:23 C'est ici qu'il est tombé amoureux du Mozambique, de sa beauté et de sa nature sauvage.
02:30 Au sommet de la dune, une vue a coupé le souffle.
02:41 - Voilà, c'est ça, le délire de la dernière seconde.
02:47 Regarde, c'est pas magnifique ?
02:50 C'est le vertige, c'est le moment où t'as envie de sauter.
02:54 Et c'est ici que j'ai pris mon téléphone et que j'ai appelé ma douce et que je lui
02:59 ai dit "écoute, on va s'installer au Mozambique".
03:02 Quand tu vois un truc pareil, je sais pas si t'as vu ça souvent dans ta vie, moi non.
03:09 Un coup de foudre pour un pays qui ne se résume malheureusement pas à ce décor.
03:14 Le Mozambique a toujours eu une histoire mouvementée.
03:18 Jamais épargné par les drames, il vient d'être rattrapé par ses vieux démons.
03:23 Au sud-est de l'Afrique, le Mozambique.
03:30 Un pays long de 2500 km, il compte 30 millions d'habitants.
03:34 Signe particulier et chose unique au monde, sur le drapeau national, une kalachnikov, le
03:41 symbole de l'histoire tragique du pays.
03:43 D'abord, une interminable guerre de libération nationale contre la puissance coloniale, le
03:50 Portugal, qui débouche sur l'indépendance en 1975.
03:54 La guérilla communiste arrive au pouvoir, s'en suit une terrible guerre civile de 17
04:02 longues années, sur fond de guerres froides, près d'un million de morts, jusqu'aux accords
04:07 de paix de 1992.
04:09 Le Mozambique pensait oublier la guerre, mais ces dernières années, l'apparition d'insurgés
04:16 a mis le feu au nord du pays.
04:18 Dans cette région à majorité musulmane, des groupes djihadistes ont prêté allégeance
04:24 à l'Etat islamique.
04:25 Renforcés par des éléments étrangers, quelques milliers de combattants ont semé la terreur.
04:33 - La prochaine fois qu'on reviendra, on n'épargnera personne, pas même un enfant, on brûlera
04:39 tout.
04:40 Bilan, plus de 3 000 morts et 800 000 déplacés.
04:44 Les réfugiés vivent depuis maintenant plus d'un an dans des camps où on manque de tout.
04:53 Appelés à l'aide, les militaires rwandais, parmi les plus aguerris du continent africain,
05:00 ont réussi en quelques semaines à reprendre les fiefs des soldats du califat.
05:03 Mais la paix reste fragile, l'ennemi est toujours là.
05:07 - L'ennemi s'est concentré par là, plus au nord.
05:11 Notre but, c'est de couvrir la zone d'où proviennent la plupart de leurs attaques.
05:18 Un conflit alimenté par la misère, les injustices et la corruption.
05:23 Le Mozambique est l'un des pays les plus pauvres au monde.
05:27 Il regorge pourtant de nombreuses richesses.
05:29 Il y a d'abord cet extraordinaire patrimoine hérité de l'époque portugaise.
05:34 Des pépites coloniales, classées au patrimoine mondial de l'humanité.
05:39 Autre atout du pays, le gaz.
05:43 Un immense gisement a été découvert dans le nord, mais sous la menace des djihadistes,
05:48 tous les projets sont aujourd'hui à l'arrêt, comme ici celui du groupe français Total Energy.
05:54 Le Mozambique, c'est aussi le paradis du rubis.
05:57 Nous avons eu un accès exclusif à la plus grande mine au monde.
06:02 - Au milieu de tout ça, il y a plein de rubis.
06:05 Chaque jour, des centaines de tonnes de terre sont passées au crible fin.
06:10 Et en bout de chaîne, le trésor.
06:12 C'est grâce à ce tri qu'on trouve les pièces les plus précieuses.
06:16 Rubis, gaz, plage de rêve et djihad.
06:19 Entre richesse naturelle et conflit armé.
06:22 Enquête au Mozambique.
06:25 À l'extrême nord du pays, le Cabo Delgado, la zone ravagée pendant des années par Daesh.
06:34 À l'aéroport de Pemba, la capitale de la région.
06:42 Ce jour-ci, un vol exceptionnel.
06:45 Florian Morier travaille au PNUD, le programme des Nations Unies pour le développement.
06:51 Il s'apprête à décoller pour Moshimboa da Praia, l'ancien fief de Daesh.
06:56 La ville est à moins de 200 km, mais pas question d'y aller en voiture.
07:01 Les routes sont encore trop dangereuses.
07:03 - Pourquoi ?
07:10 - On devrait aller vérifier.
07:12 Florian est accompagné d'ingénieurs qui vont devoir évaluer l'ampleur des dégâts.
07:17 L'ONU a affrété un avion privé.
07:20 C'est la première fois qu'une agence des Nations Unies se rend dans la région.
07:24 - C'est la première visite d'évaluation qu'on fait dans cette zone.
07:35 Ça nous intéresse particulièrement parce que c'est une zone dans laquelle on n'avait pas accès.
07:39 Il y a encore 3 semaines.
07:41 Et maintenant, on vient d'obtenir l'accès, donc on y va tout de suite.
07:46 - C'est une zone qui a été très touchée.
07:48 - Complètement... Comme vous allez voir, ça a été complètement détruit,
07:51 ce qu'on a vu à travers les images et les témoignages, ouais.
07:54 A 42 ans, Florian, franco-suisse, est un habitué des terrains de guerre.
08:00 Après la Somalie ou le Tchad, il est aujourd'hui responsable de tout le nord du Mozambique,
08:04 la zone rouge ravagée par le conflit.
08:07 ...
08:26 - Ça ne sera pas le directeur, mais des techniciens.
08:30 - OK.
08:31 Dernier briefing avant une mission sensible.
08:35 Malgré le danger, Florian est impatient de se rendre sur place.
08:40 ...
08:44 - Je suis vraiment content d'aller voir en fin ce qui se passe sur la zone,
08:48 parce que ça fait maintenant 2 mois qu'on essaye d'aller sur le terrain et on n'a pas eu l'accès.
08:53 Donc ouais, je suis assez excité d'enfin pouvoir y aller et de commencer les activités.
08:57 ...
09:04 - The C-40 traffic is finished now.
09:07 35 minutes de vol seulement avant d'arriver à destination.
09:11 La piste vient tout juste d'être remise en état.
09:15 La visite ne durera que quelques heures.
09:21 Et pour assurer la sécurité, une escorte de l'armée mozambicaine.
09:26 - Is it you? Are you going to... - Oui, oui, c'est bien nous.
09:29 - Ah, OK, OK. OK, great.
09:32 Let's go. You come with me?
09:35 In car, in car. In the car.
09:39 À peine sorti de l'aéroport, comme attendu par Florian,
09:46 les premières images donnent une idée de l'ampleur des destructions.
09:50 Cible de la furie des djihadistes, Moshimboa d'Apraia est aujourd'hui une ville fantôme.
09:57 ...
10:04 - On s'attendait à ce niveau de délabrement.
10:09 Maintenant, c'est intéressant, on constate qu'il y a personne dans les rues.
10:13 Au moment où les militaires ont nettoyé la zone
10:16 et ont mis une certaine sécurité dans cette zone,
10:20 c'est à ce moment précis que nous, on doit intervenir
10:23 et accompagner les autorités civiles aussi à se redéployer.
10:27 La tâche qui attend Florian est immense.
10:32 Tout est à reconstruire.
10:35 - Nous sommes au chef-lieu de district de Moshimboa d'Apraia.
10:48 Donc c'est le bureau de l'administrateur.
10:52 La personne qui dirige le district, donc.
10:56 Pendant une année, la seule loi qui régnait ici était celle de Daesh.
11:01 Les autorités locales se sont toutes enfouies au moment des combats.
11:05 Elles accueillent aujourd'hui Florian et son équipe.
11:08 - Where was your own office ?
11:21 - OK.
11:22 Dans les décombres, les ingénieurs du PNUD sont déjà à pied d'oeuvre.
11:26 Objectif, reconstruire au plus vite les bâtiments dévastés par les djihadistes.
11:31 Ceux que l'on appelle ici les shébabs, les jeunes en langue arabe.
11:37 En août 2020, après 5 jours de combat,
11:43 ces shébabs, un millier de combattants, s'emparent de la ville.
11:48 Affiliés à Daesh, ils prennent le contrôle de tous les bâtiments officiels
11:51 et mettent la main sur une partie de l'arsenal de l'armée mozambicaine en déroute.
11:57 Pendant un an, les fous de Dieu feront régner la terreur dans une ville désertée par les habitants.
12:08 Près de 120 000 civils se sont enfuis.
12:12 La ville est reprise en août 2021 grâce à l'aide des soldats rwandais.
12:16 Chassés de leur fief, les djihadistes se dispersent dans la brousse.
12:22 Cinq mois plus tard, à Moshimbohad, à Praha, le temps semble s'être arrêté.
12:32 Et la ville porte toujours les stigmates de la présence des shébabs.
12:38 Malgré un important dispositif militaire, la ville est un désert.
12:42 Aucun habitant n'est revenu.
12:45 Plus aucun service ne fonctionne, il n'y a plus d'eau, plus d'électricité.
12:52 Tous les symboles ont été visés, comme ici, l'église.
12:57 - What is it ? It is a bomb ?
12:59 Oui, une bombe ou des lances-roquettes.
13:01 - They use RPG ? A valuable and costly RPG just to destroy like this ?
13:09 Là, ça donne une bonne indication du degré de persévérance et du niveau d'envie de détruire.
13:16 En fait, c'est toute la ville. Je n'ai pas vu un bâtiment qui a été épargné, finalement.
13:21 Là, il y a un acharnement en plus sur celui-là, mais les autres ont tous été...
13:24 Je veux dire, il n'y a pas un bâtiment qui n'a pas été touché.
13:29 Un acharnement qui n'a épargné personne.
13:34 - La mairie.
13:41 On va discuter avec le maire, voir un peu.
13:45 Il m'a dit qu'il vivait ici, déjà. Donc lui, il est encore basé ici.
13:49 Premier à revenir et aujourd'hui seul habitant ou presque de la ville, le maire de Moshimboa est un miraculé.
13:57 Pendant l'attaque, 6 de ses collaborateurs ont été tués par les djihadistes.
14:02 Lui a réussi à s'échapper à temps, mais il a tout perdu.
14:12 - Tout ça est vraiment très triste. La population est partie. Il n'y a plus de vie ici.
14:18 C'est vraiment désolant de voir ça. Autrefois, notre vie, notre rôle, c'était de nous occuper des habitants de la ville.
14:25 Et tout s'est arrêté d'un coup. La vie s'est arrêtée.
14:30 Pour qu'un minimum de services publics reprennent en ville, la mairie est l'une des priorités de Florian.
14:38 - Elles aident vraiment à se réimplanter rapidement et pas perdre de temps.
14:42 Elle n'est pas laissée trop longtemps les militaires s'installer dans la zone et les populations éloignées.
14:47 Ils ont envie de rentrer. Les militaires ont déjà sécurisé. Donc maintenant, c'est à nous d'agir.
14:51 - Ils ont pas de course. - Bah oui. Le temps est compté, là.
14:57 Une visite express. Florian n'a pas une minute à perdre, car le programme est chargé.
15:03 Et parfois, on ne lui facilite pas vraiment la tâche.
15:08 - Malheureusement, nous n'avons pas l'autorisation de vous donner cette information.
15:22 - C'est un peu frustrant, aussi. On est des partenaires censés aider...
15:42 Et puis à chaque fois, il faut aller chercher les autorisations plus haut, plus haut,
15:44 parce que personne ne prend la responsabilité de donner une information sensible.
15:48 En quelques heures, Florian a pris la mesure de ce qu'il attend.
15:52 Des millions d'euros vont devoir être injectés pour redonner vie à Moshimbo Adapraya.
15:57 Il lui faudra trouver les financements nécessaires et les entreprises acceptant de travailler en zone de guerre.
16:04 Dans le meilleur des cas, Florian prévoit de longs mois de travaux avant de rendre possible le retour des habitants.
16:14 A plus de 2500 kilomètres de là, à l'extrême sud du Mozambique, la capitale, Maputo.
16:22 Ici, un tout autre pays et une ville dynamique d'un million d'habitants.
16:27 Le pays est aujourd'hui une démocratie, mais un peu partout, les vestiges d'un long passé communiste.
16:34 Des avenues aux noms évocateurs, de l'ancien leader nord-coréen au père de la doctrine.
16:41 Fondé par les Portugais, Maputo n'en a pas moins conservé les traces de son passé colonial, comme la mairie ou ici la gare en plein centre-ville.
16:52 Aujourd'hui vitrine du pays, Maputo est le poumon économique du Mozambique.
16:58 Très loin des zones de combat, la ville attire les talents de tout le pays, comme Rikki, une jeune créatrice de mode.
17:10 Fais attention aux détails, parce que c'est fragile.
17:16 Maputo est une ville très créative, il faut simplement qu'on soit plus unis.
17:25 Avant de venir à Maputo, j'ai voyagé dans tout le pays à la recherche de nouvelles opportunités pour pouvoir lancer ma marque.
17:33 Et puis au final, j'ai fini par m'installer ici. Nous sommes tous à la recherche d'opportunités.
17:39 Finalement, tous les esprits créatifs sont concentrés à Maputo.
17:44 Comme Rikki, à Maputo, toute une classe moyenne profite d'un certain mode de vie.
17:50 Jeune, urbain, moderne, à l'opposé du modèle que cherchent à imposer les Chebabs dans le nord.
17:58 Le pays peut aujourd'hui souffler, les djihadistes ont été repoussés par l'intervention de l'armée rwandaise.
18:07 Habitué des missions de maintien de la paix en Afrique, le Rwanda a proposé son aide à un gouvernement impuissant face à la menace.
18:16 2000 soldats, surentraînés et bien équipés, ont été déployés au Cabo Delgado.
18:21 Pour le Rwanda, l'espoir de gagner en influence politique et d'obtenir à terme des retombées économiques.
18:31 Sur le tarmac de Pemba, un hélicoptère Mi-17 de conception russe est prêt à décoller.
18:37 Direction la zone ravagée par le conflit.
18:42 Exceptionnellement, nous avons pu embarquer à bord pour rejoindre les troupes rwandaises engagées sur le terrain.
18:50 Cap Planor, moins d'une heure de vol avant d'atterrir à Total City, comme on l'appelle ici.
19:00 L'immense camp, construit par le groupe français, est évacué au moment de l'offensive de Daesh.
19:07 La piste de 2000 mètres est flambant neuve et ultra sécurisée.
19:14 Restés intacts, les installations du géant pétrolier servent aujourd'hui de camp de base à l'armée rwandaise.
19:26 - On peut passer ? - Oui, c'est bon, allez-y.
19:34 - Les voitures sont déjà arrivées ? - Il y a une ambulance et un 4x4 qui sont déjà là.
19:40 - C'est un très grand projet ? - Oui, un très grand projet. On est là pour sécuriser le site.
19:50 Ici, Total voyait les choses en grand, en très grand. Montant de l'investissement, 16 milliards d'euros pour exploiter un gisement de gaz considéré comme le plus prometteur d'Afrique.
20:03 Mais alors que la demande mondiale n'a jamais été aussi forte depuis la guerre en Ukraine, tout est aujourd'hui à l'arrêt.
20:09 Pourtant, 5000 milliards de mètres cubes de gaz ne demandent qu'à être extraits dans ce camp aux infrastructures ultramodernes.
20:20 Depuis quelques mois, les officiers rwandais prennent leur repas au réfectoire du géant pétrolier.
20:26 Des 3000 personnes qui travaillaient pour Total Energy ici ne restent plus qu'une poignée d'employés. Ils assurent la maintenance du site.
20:35 - C'est du bœuf à la sauce tomate. - Et ils l'ont échappé bel.
20:41 - On venait tout juste d'ouvrir le site. Et tout de suite, on a eu des problèmes avec ces gens, les shébabs.
20:48 - On devait parfois se cacher et fuir avec nos enfants. Mais maintenant, ça va.
20:57 Un retour au calme rendu possible par la présence de l'armée rwandaise. Mais pas très loin d'ici, le péril djihadiste est toujours là.
21:10 - On les a battus dans leur bastion, mais les insurgés ont reconstitué leur force.
21:15 - Les terroristes ont changé de tactique. Ils sont plus mobiles qu'avant. Vous savez, on ne peut pas éliminer la menace en une seule nuit.
21:30 Le lieutenant-colonel Ntazina va nous accompagner toute la journée. Avec ses hommes, il a la responsabilité du secteur de Palma, à quelques 20 km du camp.
21:41 Il ne se déplace qu'en convoi. La zone a été durement touchée par les combats. Ici, des centaines de civils ont été tués par les djihadistes.
21:52 L'intervention des rwandais a chassé Daesh. L'armée assure avoir tué plus d'une centaine d'insurgés et avoir perdu quatre hommes.
22:00 Depuis quelques semaines, la région renaît peu à peu.
22:04 - Comme vous le voyez, la police contrôle la situation ici. La population est rentrée chez elle. Elle a repris une activité professionnelle. La vie est revenue à la normale.
22:21 Rassurés par les patrouilles, les habitants reprennent confiance. Quelques 7000 personnes seraient revenues dans la ville de Palma.
22:29 Comme tant d'autres, Atuman a fui les djihadistes. Après plusieurs journées cachées dans la forêt, il s'était réfugié à Pemba.
22:38 - Je suis revenu le mois dernier. La situation semble être revenue à peu près à la normale.
22:50 On peut sortir le soir jusqu'à 19h, 20h, mais pas jusqu'à 22h. Les militaires rwandais nous interdisent de sortir de chez nous en pleine nuit.
23:02 Pas encore tout à fait un retour à la normale, car l'ennemi n'est pas simple à combattre.
23:12 - C'est très difficile de combattre des terroristes. Les terroristes restent des terroristes. Ils n'ont pas peur de la mort. C'est ça qui rend la guerre compliquée. C'est vraiment très dur.
23:39 Dès la sortie de la ville, le danger se fait plus grand.
23:42 - Tu vas nous ouvrir la route pour aller jusque là-bas.
23:46 Replié dans la brousse, les djihadistes sont toujours menaçants.
23:52 - L'ennemi s'est concentré par là, plus au nord. Notre but, c'est de couvrir la zone d'où proviennent la plupart de leurs attaques.
24:06 Les combattants de l'Etat islamique sont à moins de 20 km. Pour éviter toute embuscade, les rwandaises sont en alerte permanente.
24:15 - L'ennemi est toujours en mouvement. On essaie constamment de réunir un maximum d'informations.
24:27 - C'est important d'occuper le terrain ?
24:29 - On veut montrer qu'on est présent. On est là pour assurer la sécurité des habitants.
24:35 Et pour rassurer la population, les rwandais sont sur tous les fronts. Au Cabo Delgado, ils mènent aussi des opérations de police.
24:44 - Ce sont les voleurs qui volent les fils électriques.
24:49 - Et alors, ils vont dans des maisons et sur les fils électriques, ils coupent. Ils enlèvent la couverture et ils vont vendre les cartes.
24:59 - C'est pourquoi on les arrête souvent. Ça fait partie de notre mission pour renforcer la police locale.
25:06 - Quand ils nous voient, ils s'enfuient. C'est pourquoi ils laissent même leur moto.
25:12 A pied, le voleur de cuivre n'est pas allé loin. Les hommes du commandant Julius viennent de l'arrêter. L'officier rwandais est le premier à l'interroger.
25:22 - Tu viens d'où ?
25:25 - Je viens de là-bas, de Manguna.
25:29 - Qu'est-ce que tu transportes ?
25:31 - Du cuivre.
25:33 - C'est du cuivre ? Et tu l'as pris où ?
25:35 - C'est pas à moi. Le propriétaire est là-bas.
25:39 - C'est lui ?
25:40 - Non, il est à Kyonga.
25:43 - Mais non, tu m'as dit que c'était un de ceux-là. Allez, amenez-les-moi tous ici.
25:48 - Assis, assis.
25:54 Ces hommes vont être remis à la police locale. Le commandant Julius peut reprendre sa patrouille.
26:01 En 6 mois de présence, militaires et policiers rwandais ont hérité d'un surnom. On les appelle désormais Majeshi Makali, les hommes très forts en langue swahili.
26:20 Grâce à eux, l'espoir renaît en ville, mais la paix reste fragile. Le retrait du contingent rwandais n'est pas à l'ordre du jour.
26:29 Au Mozambique, les réfugiés secondent encore en centaines de milliers de personnes.
26:41 A l'été 2020, au plus fort de l'offensive djihadiste, 800 000 personnes en tout fuient l'enfer du nord. Beaucoup prennent la mer et débarquent sur les plages de Pemba.
26:53 Après la panique des premières semaines, des camps de réfugiés voient le jour, comme celui de Metuteje, l'un des plus grands du Mozambique.
27:10 Il abrite aujourd'hui 16 000 personnes. Elles sont là depuis maintenant plus d'un an.
27:16 Althilsia et Aisha travaillent pour Adel, une ONG locale. Leur constat est simple, ici on manque de tout.
27:38 "Ça ne marche pas, il n'y a pas d'eau. Ils sont obligés de marcher plusieurs kilomètres pour chercher de l'eau."
27:45 "Le plus grand problème ici c'est l'eau et la nourriture ?"
27:48 "De la nourriture, de l'eau et des médicaments. Oui, surtout des médicaments."
27:54 "Je suis mozambicaine et c'est vraiment très compliqué pour nous. Je viens de Maputo mais j'ai quitté ma famille pour venir ici pour aider mon peuple."
28:05 "Le peuple mozambicain souffre énormément."
28:09 "Ces gens peuvent rester deux ou trois jours sans rien manger. C'est une situation vraiment très compliquée."
28:20 "La dernière livraison de nourriture sur le camp date du 9 novembre. Aujourd'hui nous sommes le 11 janvier, ça fait deux mois. C'est vraiment très long."
28:35 "Bonjour, comment ça va ?"
28:38 "Parmi les réfugiés, Althilsia nous fait rencontrer Angelina. Elle a 45 ans, elle a 7 enfants."
28:46 "Je viens de Mochimboa, c'est ma région. Je suis arrivée ici à cause des attaques, des attaques de Al-Shabaab."
29:03 "Ils sont entrés dans notre village et ont commencé à nous attaquer."
29:09 "Moi, je me suis enfuie sans mon mari. Il a disparu jusqu'à aujourd'hui. Je ne sais pas où il se trouve. Je me suis échappée toute seule, je souffre toute seule."
29:21 "Sinon, j'ai retrouvé toute ma famille, mais j'ai perdu ma maison et j'ai tout perdu."
29:30 "S'ils stoppent les attaques, je reviendrai, mais je ne pense pas que ce soit terminé."
29:37 "Si tu croises un lion et que tu ne veux pas le recroiser à nouveau parce qu'il est dangereux, après avoir vu le lion, là tu commences à courir."
29:54 Tant que la menace d'Yadis persistera, Angelina restera ici, dans cette maison en terre construite en un mois par son frère.
30:04 "C'est ici que mes enfants dorment et de ce côté-là, j'ai d'autres enfants qui dorment."
30:12 "Moi, je dors par terre, il n'y a pas de lit. Et oui, je n'ai pas de matelas, donc je dors à même le sol."
30:21 Comment se reconstruire quand on a tout perdu ? Dans les camps, chaque famille a vu son destin brisé.
30:28 Et certaines histoires sont encore plus atroces que les autres.
30:33 Dans le Cabo Delgado, des centaines de femmes ont été enlevées par les djihadistes et réduites à l'état d'esclaves sexuels.
30:42 C'est le cas d'Adia, elle a 26 ans.
30:49 "C'était un matin, ça s'est passé le 24 mars."
30:55 "Je ne savais pas ce qui se passait, mais tout à coup, on a entendu des tirs."
31:03 "Un groupe armé m'a prise avec eux."
31:08 "De là, ils m'ont emmenée dans la forêt."
31:14 "Là-bas, on m'a livrée un chèque."
31:18 Très vite, Adia se rend compte que parmi ses ravisseurs, tous ne sont pas mozambicains.
31:25 "Ce chèque était congolais."
31:28 "D'autres venaient du Mali ou de la région de Nakala."
31:33 "Dans le groupe, ils étaient nombreux."
31:37 "Peut-être plus d'une centaine."
31:42 "Il y avait des jeunes, des hommes plus âgés."
31:45 "Ce que je sais, c'est qu'ils nous traitaient mal."
31:50 "Moi, j'avais été donnée à ce chèque, mais à chaque fois qu'ils partaient, les autres me violaient."
31:57 "Je suis restée là-bas près de six mois."
32:01 "Dès qu'ils nous ont envoyée en dehors du camp pour aller chercher à manger, on a réussi à se sauver."
32:11 Une fuite de quatre jours dans la forêt avant d'être secourue par des villageois.
32:15 Séparée de ses deux enfants au moment de son enlèvement, elle a réussi à les retrouver et ils vivent aujourd'hui ensemble.
32:22 Mais ses cauchemars vont la poursuivre toute sa vie.
32:25 Adia est aujourd'hui enceinte de l'un de ses violeurs.
32:36 Loin de la zone rouge et de la menace djihadiste, un autre Mozambique vit en paix.
32:42 Relié au continent par un pont de trois kilomètres à une seule voie, île de Mozambique, l'ancienne capitale, aujourd'hui classée au patrimoine mondial de l'humanité.
32:57 Épargnée par les guerres, la vieille ville est un trésor architectural.
33:01 Avec ses anciennes maisons coloniales et ses palais hérités de l'époque portugaise.
33:08 Découverte par Vasco de Gama à la toute fin du 15e siècle, l'île est un ancien comptoir sur la route des Indes.
33:15 Employée du musée local, Abdultoazir connaît l'histoire de son île sur le bout des doigts.
33:23 Né ici, il s'est donné une mission, préserver ce patrimoine unique au monde.
33:28 Comme ici, l'église fortifiée de Saint Antoine, construite au 16e siècle.
33:34 Ou encore le fleuron de l'île, le fort Saint Sébastien, qui au fil des siècles a résisté à toutes les attaques.
33:43 Grâce à ses murailles, aucune armée n'a réussi à envahir l'île de Mozambique, l'île qui a donné son nom au pays.
33:51 Ce monument est très important car il servait à défendre l'île.
34:04 Parce que le Mozambique est né ici.
34:11 L'histoire dit que le Mozambique est né sur cette île.
34:15 C'est pour cette raison que cette forteresse est la plus importante pour moi.
34:22 Il faut absolument protéger l'île pour les générations futures.
34:29 Encore plus au sud, retour à Vilancoulos où un couple de français quitte un hôtel au bord de ses plages paradisiaques.
34:40 Ici, rien ne vient perturber le quotidien d'Armando et Elidio.
34:50 Comme chaque jour de l'année, ils partent à la pêche aux coquillages.
34:54 Avec une technique traditionnelle qui n'est pas sans risque.
35:05 Ça c'est très dangereux pour les pieds comme pour les mains.
35:10 Ça par exemple c'est poser comme ça dans l'eau.
35:13 Imagine-toi tu avances dans l'eau en dansant comme ça.
35:17 Si tu poses le pied dessus, tu imagines ce qui peut arriver.
35:21 Alors qu'est-ce que je fais ? Je bouge mes pieds, je danse un peu pour sentir sur quoi je marche.
35:28 Quand j'en trouverai je vous le dirai, je me pencherai pour les attraper.
35:34 Très vite les efforts s'avèrent payants.
35:37 Armando et Elidio viennent de passer une heure dans l'eau et la pêche a été bonne.
35:45 Ils ont ramassé près de 40 kilos de coquillages.
35:49 Ils peuvent commencer à nettoyer et à trier des fruits de mer qui n'ont pas tous la même valeur marchande.
35:56 Ce sont les huîtres qui coûtent le plus cher.
36:03 Les moules et les palourdes coûtent beaucoup moins cher.
36:08 Nous on est toujours heureux de notre affaire, on est tous les jours heureux.
36:19 Pour Armando et Elidio, il faut maintenant aller vendre le produit de la pêche.
36:28 A Vilanculos, petite ville touristique de 25 000 habitants, leurs principaux clients ce sont les restaurants et les hôtels du bord de mer.
36:36 Aujourd'hui Sabrina et Denis, les propriétaires français de l'hôtel, leur ont passé commande pour le dîner.
36:45 Bonjour Madame Sabrina.
36:48 Car le dîner est toujours le même, il y a toujours des choses à faire.
36:53 - Qu'est-ce que tu veux ? - Pas beaucoup.
36:56 Nous sommes 13 pour le dîner, 14 pour le dîner, je veux 40.
37:11 - Tu as 40 ? - Oui, nous sommes 40.
37:14 - Nous travaillons ensemble. - 4 ou 5 ans.
37:22 - Je me rappelle. - Je pense que ça fait 10 ans que je travaille avec lui.
37:26 Quand j'ai besoin de quelque chose, je l'appelle et lui c'est mon fournisseur de coquillages.
37:32 Ça on vient de découvrir et c'est génial parce que le goût ressemble à des coquilles Saint-Jacques.
37:37 C'est un coquillage assez rigolo, il est planté comme ça dans le sable, je pense que vous avez vu.
37:43 C'est hyper dangereux pour les kite surfers parce que ça s'appelle des "razor clamps" je ne sais pas le nom en français.
37:49 Et en fait si les kite surfers mettent le pied dessus ça fait des entailles de fou, mais en revanche c'est très bon à manger.
37:54 - Vous pouvez enlever 40 de ces, 3 ou 4 kg de ces, vous les limpez ? - Oui, je les limpe.
38:02 - S'il vous plaît, s'il vous plaît. - Je les limpe.
38:05 Le coquillage rasoir, un produit frais parmi d'autres pour les clients d'un hôtel à l'ambiance familiale.
38:11 Beaucoup d'habitués, essentiellement des Sud-Africains et des Européens.
38:16 4 chambres seulement à la décoration locale, une vue sur mer imprenable et un restaurant ouvert midi et soir.
38:26 Aujourd'hui en cuisine, Sabrina s'active pour faire découvrir les nouveaux coquillages.
38:33 C'est sympa de travailler comme ça, on sait qu'ils n'ont pas passé des heures dans des camions réfrigérés.
38:40 Citron, gingembre et ail, on ne peut pas se planter.
38:47 A priori, pour moi c'est un peu ce qu'il y a de meilleur.
38:51 Prêt à servir.
38:53 Coquillage pêché le matin.
38:56 Le vrai luxe.
39:00 - Bah oui, c'est pas mal. - Ça ressemble.
39:03 - Allez, on va voir ce que ça donne. - En bouche !
39:06 18h15.
39:07 Instauré par Sabrina et Denis, l'apéro est le moment clé de la journée à l'hôtel.
39:13 Le rendez-vous convivial où se retrouvent les voyageurs comme Habib.
39:18 Un habitué qui ce jour-là a été la victime du coquillage rasoir.
39:22 - Tu me disais quand tu allais voir les poquambes, tu t'es coupé. - Ah tu t'es coupé ?
39:27 - Tu t'es coupé le pied.
39:28 - Est-ce que tu n'aurais pas marché là-dessus par hasard ?
39:31 - Ah, c'est ce qu'il m'a dit. Il m'a dit peut-être, c'est un truc...
39:34 - Exactement.
39:35 - C'est intéressant dans la salle comme ça. Si tu veux te réconcilier, goûte ça.
39:39 - Quel est le rapport ?
39:41 - C'est la bête qui vit là-dedans.
39:42 - C'est vrai ?
39:43 - Vas-y, range-toi.
39:45 - D'accord, mais il n'y a pas de couscous ?
39:48 - Il n'y a pas de couscous, mais ça irait très bien.
39:50 - C'est super bon.
39:51 - En tout cas, tu as une bonne vengeance.
39:57 - Mesdames et messieurs, votre attention s'il vous plaît.
40:00 - Le dîner est prêt.
40:02 En haute saison, les mois de décembre et janvier, l'hôtel affiche complet.
40:18 Dans le sud, le tourisme est l'un des atouts du pays.
40:22 Mais au nord, le Mozambique possède une autre richesse.
40:27 Dans le Cabo Delgado, Montepuez.
40:30 Bienvenue dans la plus grande mine de rubis au monde.
40:34 De nationalité indienne, Parwakar est ingénieur en chef.
40:41 Il est là depuis les débuts de l'extraction sur le site il y a 10 ans.
40:45 Aujourd'hui, la mine fournit plus de la moitié du marché mondial.
40:50 Une cinquantaine de tonnes par an.
40:53 - Cet endroit est incroyable.
40:56 Tout a commencé quand on a ouvert en 2012.
40:59 On est parti de rien.
41:01 - On sera là dans 10 minutes.
41:06 - Vous allez au puits 3 ?
41:08 - On sera au puits 2 et puis après au 3.
41:12 - Bonjour, Rajesh.
41:18 - Bonjour.
41:21 - Bonjour, Rajesh.
41:23 - La sécurité est stricte ici.
41:29 Sans badge, pas de moyen de passer.
41:31 Les Chebabs ne sont jamais arrivés jusqu'ici.
41:36 Des dizaines de kilomètres de pistes sur une terre rouge.
41:40 Une immense mine à ciel ouvert.
41:43 Une concession de plus de 33 000 hectares.
41:46 Trois fois la superficie de Paris.
41:50 Depuis Rajesh, 1 600 employés s'activent pour extraire la richesse locale.
41:55 - Vous pouvez voir ici ces pierres.
42:01 Entre elles, il y a aussi des rubis qui ne sont pas incrustés dedans.
42:07 Mais qui se trouvent dans la terre.
42:09 Et là, vous voyez la couche de gravier.
42:14 Eh bien nous, on prend 50 cm au-dessus et pareil en dessous.
42:19 - Donc vous prenez tout ?
42:20 - Oui, tout, pour ne rien manquer.
42:22 Pour ne pas passer à côté d'une seule pierre précieuse, tout est passé au crible fin.
42:29 Chaque jour, des centaines de tonnes de terre sont prélevées et vont être soumises à un long process.
42:37 A chaque étape, nouveau contrôle de sécurité et Rajesh n'y échappe pas.
42:44 - Tout le monde doit en passer par là, même le grand patron.
42:49 - Oui.
42:50 - Nous sommes dans la zone de lavage. C'est ici que ça se passe.
42:59 A partir d'ici, les tonnes de terre sont lavées à grandes eaux.
43:05 Un premier tri pour récupérer la roche.
43:08 Et en bout de chaîne, au fil des calibrages, les rubis finissent par apparaître.
43:15 Pour les approcher, il faut encore montrer pas de blanche.
43:19 - Vous voyez, ma veste a des poches cousues.
43:26 C'est comme si elle n'en avait pas, spécialement faite pour ici.
43:31 - Et vous avez dû changer de chaussures aussi ?
43:35 - Oui, j'ai déjà enlevé mes chaussures et je porte maintenant des tongs.
43:39 Le trésor est à l'abri derrière cette porte blindée.
43:45 Un dernier sas pour entrer dans le sein des seins.
43:48 Des allures de laboratoire.
43:52 Ici finit les engins mécaniques.
43:55 Tout se passe désormais à l'œil et à la main.
43:58 Ces pépites écarlates sont sous la responsabilité d'Edouard.
44:06 Il est sud-africain.
44:09 Sa mission, superviser le classement des rubis en fonction de leur qualité,
44:14 la taille de la pierre, sa forme, sa clarté et sa couleur.
44:19 - Alors ici, Kong est occupé à classer les pierres.
44:26 C'est grâce à ce tri qu'on trouve les pièces les plus précieuses.
44:30 A ce stade-là, lorsqu'on a réuni le stock, c'est quasiment prêt à l'exportation.
44:39 Avant de le faire, on fait venir des officiels du gouvernement,
44:43 les douanes qui nous valident tout ça.
44:45 Et une fois qu'on a toutes les autorisations nécessaires, on est prêt à exporter.
44:50 - Sur cette table ?
44:55 - Je ne sais pas, je ne pourrais pas vous dire.
44:57 - Il y en aurait pour combien ?
44:58 - C'est difficile à dire, tout est mélangé.
45:01 - On parle de millions de dollars ?
45:04 - Non, non, non, quand même pas, quand même pas.
45:08 Edouard ne nous en dira pas davantage sur le prix, mais aujourd'hui, le cours du rubis flambe.
45:13 La pierre rouge est très prisée en Asie.
45:17 Pour Rajesh, l'ingénieur en chef, tous les efforts de la mine sont largement récompensés.
45:31 - Tout ce process depuis l'exploration minière, le lavage, le triage, jusqu'au produit final.
45:38 Tout ça, c'est très satisfaisant pour tous ceux qui travaillent ici.
45:43 C'est un travail d'équipe et je suis très heureux d'y participer, c'est très excitant.
45:57 Encore une autre étape de sécurité à respecter. Il ne doit rien avoir de caché dans mes mains.
46:02 En 10 ans, James Fields, le groupe britannique qui détient la mine, a vendu pour plus de 500 millions d'euros de joyaux rouges dans le monde.
46:11 Une fortune entachée de polémiques. Au Mozambique, on est allé jusqu'à évoquer le scandale des rubis de sang.
46:18 La mine de Montepuez se trouve dans l'une des régions les plus pauvres du pays.
46:26 A la découverte du filon de rubis, s'en est suivie une ruée vers l'or rouge.
46:30 Venu de tout le Mozambique et même des pays voisins, des milliers de personnes sont venues tenter leur chance.
46:37 James Fields a alors fait régner sa loi. 7000 mineurs illégaux ont été expulsés par des compagnies de sécurité privées ou la police locale.
46:48 Les méthodes contre les mineurs clandestins sont brutales, comme le montre cette vidéo relayée par des militants de défense des droits de l'homme.
46:56 Accusés d'exaction et même de meurtre, la compagnie a accepté en 2019 de payer près de 7 millions d'euros pour étouffer une plainte collective.
47:09 Aujourd'hui, la mine tente de redorer son image auprès des communautés locales. Lui aussi indien, Pralath Kumar Singh en est le directeur.
47:18 - Elles ont l'air bonnes ces tomates.
47:21 Il supervise les projets sociaux de sa compagnie, un bienfaiteur, salué par les paysans du village.
47:31 - Que la mine soit ici, nous trouvons ça très bien. Ce sont eux qui nous aident de plus en plus. Ils nous fournissent les engrais, les produits chimiques et aussi les tracteurs.
47:41 Tout provient de la mine de Rubi. Nous, on trouve ça vraiment très bien.
47:52 Cet village se trouve sur la concession de la mine. Avec ses différentes initiatives, la compagnie fait tout pour se concilier les bonnes grâces des habitants.
48:01 Mais malgré tout, la misère dans la région est encore là et le Rubi fait toujours rêver d'un avenir meilleur.
48:12 - Il y a beaucoup de mineurs illégaux. Vous en trouverez partout, même dans ce village. L'extraction minière illégale est un problème majeur pour nous.
48:22 - Une fois qu'on les trouve, on se doit de respecter la charte du respect des droits de l'homme des Nations Unies qu'on a signée.
48:30 - Quand nous arrêtons les mineurs illégaux, nous les remettons immédiatement à la police locale.
48:40 Derrière le discours, les temps ont-ils vraiment changé ? Quel est aujourd'hui le sort réservé aux mineurs illégaux ?
48:48 Le lendemain, il est 5 heures du matin. À quelques kilomètres de la mine, nous avons rendez-vous avec un groupe de mineurs clandestins.
49:00 Ils s'apprêtent à braver l'interdiction de creuser dans les terres appartenant à la compagnie.
49:09 - On va travailler, on va creuser. - Pourquoi vous partez si tôt ?
49:13 - Parce qu'on a peur des gardes de la mine. Il y a moins de risques tôt le matin.
49:18 Ils leur faut une dizaine de minutes de marche avant d'arriver sur un site repéré à l'avance.
49:25 Ici, autour de ce plan d'eau.
49:32 Arrivé sur place, pas de temps à perdre, ils opèrent le plus vite possible avec un équipement rudimentaire.
49:39 - Ça prend beaucoup trop de temps. Passe-moi le sac.
49:49 C'est très difficile. On peut creuser, ramener 20, 30, 40, voire 100 sacs et au final ne rien en retirer.
50:01 Toujours au pas de course, une fois les sacs chargés, le groupe de mineurs clandestins lave la terre à sa façon.
50:07 Un filtrage sommaire, un système D pour ne garder que des pierres.
50:14 Et enfin, un premier tri pour espérer tomber sur un rubis.
50:24 - Vite, vite, dépêchez-vous.
50:30 - Les acheteurs, ils nous volent. Nous, on ne connaît pas les prix. Combien c'est un gramme ? On n'en sait rien. Alors on leur vend au prix qu'ils nous fixent.
50:39 Et aujourd'hui encore, ils ont toujours très peur des gardes de la compagnie. Mieux vaut pour eux ne pas se faire prendre.
50:47 - Ils sont violents, ils nous battent. Ils nous arrachent notre matériel et ensuite, ils nous mettent en prison.
50:57 On a peur, mais comme on est très pauvres, même si on va voir la compagnie minière, ils ne nous donnent pas de travail. Alors on est obligés de venir voler ici.
51:06 15 minutes chrono, les mineurs illégaux repartent avec leur maigre butin. Ils affineront le tri des sacs dans leur village avec la faible chance de décrocher le gros lot.
51:24 A 2000 kilomètres de la misère du Cabo Delgado, Sabrina et Denis vivent leur quotidien rythmé par les marées.
51:33 Depuis 10 ans, pour le couple de français, la même sensation de liberté. Vu d'ici, difficile d'imaginer les drames vécus dans le nord du pays.
51:46 - Ca donne une image super négative et super violente du Mozambique alors que le pays ne l'est pas.
51:52 - Non.
51:53 - C'est un peu... C'est dommage.
51:56 - Le pays a été fatigué par des années de guerre civile et plus d'un million de morts et puis ils n'ont pas envie de se battre à nouveau. C'est une certitude.
52:06 - Malheureusement, quand il y a la pauvreté.
52:11 Une pauvreté qui perdure malgré toutes les richesses que compte le pays. Dans ces conditions, difficile pour le Mozambique de vivre enfin en paix.
52:24 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
52:27 La création de ces sous-titres a été faite par la communauté d'Amara.org
52:30 Merci à mes tipeurs et souscripteurs