FACE AUX TERRITOIRES ROSELYNE BACHELOT

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00:00 *Musique*
00:12 Bonjour à tous, bienvenue sur le plateau de TV5MONDE.
00:15 Vous le savez, cette émission est diffusée en ce jeudi de l'Ascension dans 200 pays et en 22 langues.
00:20 A commencer par la France, ici bien sûr, et mon invité aujourd'hui politique, c'est Roselyne Bachelot.
00:24 Bonjour à vous.
00:25 Roselyne Bachelot, merci d'être avec nous.
00:27 Vous êtes ancienne ministre, chacun le sait, multiple portefeuille ministériel,
00:31 on en parlera tout au long de Face au Territoire.
00:33 Et puis vous êtes également et surtout maintenant éditorialiste, vous y tenez.
00:37 Et c'est pour cette raison que vous êtes notre invité ce matin, pour commenter l'actualité.
00:40 Et puis il y a un livre sur vous, qui a été écrit, enfin un entretien, un livre d'entretien avec Arnaud Wachdick,
00:47 un entretien avec Roselyne Bachelot, "Entretien", ça s'appelle, et c'est aux éditions Ouest France,
00:51 dans lequel, eh bien vous parlez de beaucoup de choses, on en parlera aussi pendant cette émission,
00:55 notamment de vos départements ministériels, qui ont bien sûr constitué un pan très important de votre vie politique et personnelle.
01:04 Une question générale, vous qui avez été ancienne ministre de la communication aussi, on l'oublie pas,
01:09 sur la présence médiatique constante du président de la République.
01:13 Emmanuel Macron était aux 13h des deux chaînes, aux 20h, il est sur les réseaux sociaux, il communique.
01:19 Dans "L'Opinion", cette semaine, Emmanuel Macron a dit "l'accélération de l'information m'a obligé à être plus présent".
01:26 C'est une nécessité ou c'est une erreur ?
01:29 – C'est une nécessité et d'autant plus qu'on lui a reproché ce silence, rappelez-vous.
01:35 Et je l'ai moi-même écrit dans le livre, non pas celui-là, mais dans le livre que j'ai sorti il y a quelques mois,
01:41 je me suis étonnée, en particulier pendant la campagne présidentielle, d'une expression retenue
01:49 et pratiquement inexistante pendant la campagne des législatives.
01:53 Et si aujourd'hui le pouvoir actuel ne bénéficie, si j'ose dire, que d'une majorité relative,
01:59 je pense que le silence du président de la République pendant cette campagne y est pour beaucoup.
02:04 – C'est un grand silence et aujourd'hui une pure exposition.
02:08 – Et ensuite, à juste titre, il a laissé la main à la Première Ministre pendant le débat
02:14 et au gouvernement, aux ministres en responsabilité, en particulier le ministre du Travail,
02:20 pendant le débat sur le dossier des retraites et maintenant il reprend la parole.
02:26 Je trouve qu'il a raison parce que les débats sont importants, il s'exprime sur tous ces débats.
02:32 Est-ce que c'est du trop qui compense du trop peu ? Mais il était un peu…
02:38 Autant d'avoir retenu sa parole pendant le débat sur les retraites pouvait se justifier,
02:43 autant pendant la campagne des législatives, j'ai mis plutôt des restrictions là-dessus.
02:50 – Vous l'avez revue depuis que vous avez quitté le ministère de la Culture ?
02:53 – Oui, bien sûr, oui, tout à fait.
02:54 – Et les relations sont comment ?
02:55 – Oh, excellente, excellente.
02:57 – C'est Roselyne Bachelot, notre invitée politique ce matin dans "Face au territoire".
03:00 Cette émission, vous le savez, est également visible sur les sites internet de nos partenaires
03:04 Ouest-France, Nice-Matin, France Antilles, 20 minutes,
03:08 Centre France, La Montagne et le magazine "Le Point"
03:11 qui est également notre partenaire depuis cette année.
03:13 Voilà, dans un instant Stéphane Vernet de Ouest-France sur ce plateau.
03:16 [Générique]
03:20 Bonjour Stéphane Vernet, vous êtes l'acteur en chef délégué et directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris
03:25 et on va parler avec Roselyne Bachelot de politique.
03:29 – Oui, alors moi je voulais commencer par une question toute simple.
03:32 Vous évoquez dans le livre d'entretien avec Arnaud Vachdic,
03:35 paru aux éditions Ouest-France, que le poste de ministre de la Culture,
03:39 c'est un rêve de gosse, c'est une expression que vous utilisez.
03:41 C'est un rêve de gosse qui a fini par advenir,
03:45 mais qui s'est déroulé en fait, vous avez exercé dans un contexte très particulier,
03:49 la pandémie, vous-même, vous avez eu un Covid carabiné pendant cette période,
03:53 il y a un certain nombre de choses qui ont finalement été empêchées.
03:56 Est-ce que vous n'aviez pas la tentation ou l'envie de prolonger,
04:01 c'est-à-dire de continuer dans ce poste dans le deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron ?
04:06 – Non, est-ce que vous avez eu le choix aussi ?
04:07 – Ça vous a été proposé ou pas ?
04:08 – Non, non, mais je ne souhaitais pas continuer.
04:11 D'abord j'ai un âge qui fait que 76 ans, il y a des personnes qui cachent leur âge,
04:17 ce n'est pas mon cas, d'ailleurs il suffit d'aller sur Wikipédia pour le constater.
04:22 Ensuite, évidemment j'aurais pu regretter de ne pas avoir un ministériat normal, classique,
04:29 mais j'ai eu une chance extraordinaire d'être ministre de la Culture
04:33 dans des circonstances exceptionnelles.
04:35 – Très particulières.
04:36 – Très particulières.
04:37 – 682 jours.
04:38 – 682 jours, je crois avoir mené une action maintenant reconnue
04:43 de sauvetage du monde culturel, du milieu culturel,
04:46 d'ailleurs je ne peux pas sortir dans un théâtre ou dans une salle de concert
04:51 sans que des artistes ou des responsables de salles me remercient, m'embrassent
04:57 et c'est vraiment une grande satisfaction.
04:59 Et puis je pense aussi, je suis contente d'être dans votre émission
05:03 qui s'appelle "Face au territoire" parce que quand je suis arrivée en responsabilité,
05:08 quelle a été ma phrase, mon sorte de guide, j'ai dit
05:12 "je serai la ministre des artistes et des territoires".
05:15 Et dans ce ministère très centralisé, où 80% des crédits sont dédiés
05:20 à l'île de France, j'ai aussi voulu rééquilibrer ce ministère de la culture
05:25 en direction des territoires et j'y ai vu comme un clin d'œil
05:29 d'être en face de vous ce matin.
05:32 – Aucun regret donc, il n'y a pas de chose que…
05:34 – Oh non, je vais vous citer la phrase de ma jeune sœur Françoise
05:37 qui dit de moi "la vie est pour toi comme une coupe de fruits,
05:41 tu les croques les uns après les autres et l'important c'est
05:44 que le sucre du fruit coule le long de ta bouche".
05:47 Vous dites aussi qu'à une époque vous croisiez des gens dans la rue
05:50 qui criaient "Roselyne Présidente"
05:52 – Oui, ça m'arrive encore, on ne dit pas "Roselyne Premier Ministre"
05:56 – Non, non, non, les gens ne veulent pas du mal.
06:00 – Vous dites à cette occasion aussi que votre autre rêve de gosse
06:04 ce ne serait pas tellement "chef de l'État", "premier ministre",
06:07 ça ne vous intéresse pas du tout, mais "chanteuse de la Tosca
06:10 sur la scène de la Bastille"
06:12 – Oui, on a des fantasmes comme ça, on a des rêves.
06:15 – Vous récitiez bien, vous chantez bien aussi.
06:17 – Oui, ah non ne me faites pas chanter, pas ce matin,
06:20 même si c'est le jeudi de l'Ascension.
06:22 Non, non, non c'est vrai, ma mère qui était d'origine très modeste
06:28 voulait me donner toutes les chances par la culture
06:31 et le fait de faire de la musique, de faire du piano, de faire du chant,
06:35 ça a habité mon enfance et ma jeunesse.
06:38 – Et votre regard sur l'évolution de la politique,
06:42 l'accélération, le contexte actuel,
06:45 hier la première ministre recevrait à Matignon
06:48 le maire de Saint-Brévent-les-Pins qui a démissionné suite à des violences,
06:55 on a appris l'agression du petit neveu, Brice Macron, à Amiens,
07:00 ce climat-là, qu'est-ce qui vous inspire ?
07:04 – Ce climat, le climat de violence dans la politique a toujours existé,
07:08 une vieille bête comme moi qui a 40 ans de vie politique au compteur,
07:11 – Mais vous le voyez, vous le sentez monté, c'était moi qui l'ai vu.
07:14 – Oui, alors justement, je veux aller dans ce sens,
07:17 moi j'ai vécu au moment de l'OAS avec deux policiers à la porte de ma chambre
07:22 après qu'il y ait eu un attentat sur le portail de la maison,
07:27 on a oublié un certain nombre de choses,
07:30 il y a eu des tentatives d'assassinats sur le président de la République,
07:33 le général de Gaulle, enfin… – Sur Jacques Chirac.
07:36 – Sur Jacques Chirac aussi, donc la violence dans la politique,
07:39 elle existe, elle a toujours existé, et finalement,
07:42 elle est peut-être moins importante maintenant qu'à certains moments.
07:45 Ce qu'il y a, c'est qu'il y a une résonance, un dévoilement,
07:48 si il y a 30 ans, ce qui s'est passé à Saint-Brévin,
07:52 peut-être n'aurait pas émergé dans l'actualité,
07:55 mais avec l'info en continu, avec les réseaux sociaux,
07:58 – Il y a un effet loupe.
07:59 – Il y a un effet loupe, il y a un effet dévoilement,
08:02 il y a un effet caisse de résonance dans ces violences.
08:04 Par contre, et là, je suis plus inquiète,
08:08 c'est sur l'acceptation de la violence par l'opinion publique.
08:13 Quand on lit une enquête d'opinion de l'IFOP,
08:17 qui dit, parue en mars dernier, que 35% des Français
08:22 justifient la violence dans la politique,
08:25 alors ça, je trouve ça très inquiétant.
08:27 – C'est Roselyne Blachelot qui est ancienne ministre,
08:29 et éditorialiste maintenant, qui est notre invité politique
08:32 dans Face territoire ce matin.
08:34 Roselyne Blachelot, chônu, qui est dessinateur, collaborateur,
08:37 bien connu de Ouest France, a une question à vous poser.
08:40 On va l'écouter, c'est une tradition dans cette émission, chônu.
08:43 – Roselyne Blachelot, Madame la Ministre, bonjour.
08:47 On dit que la culture française serait née sur les bords de Loire.
08:52 La Loire n'a-t-elle pas donné deux grands ministres de la culture ?
08:55 On l'a personne de Jack Lang, ancien maire de Blois,
08:58 et vous-même, qui étiez député du Maine-et-Loire.
09:02 Mais quelle tristesse, il y a un an, de ne pas vous voir
09:05 dans le gouvernement borne, constitué en grande partie
09:08 de têtes inconnues.
09:10 Heureusement, vous avez rejoint le gouvernement des grosses têtes,
09:14 présidé par Laurent Ruquier.
09:16 Vous êtes aussi populaire qu'Elisabeth, feu la reine d'Angleterre,
09:20 pas l'autre, qui ne décolle pas dans les sondages.
09:23 Mais moi, si j'avais été Emmanuel Macron,
09:26 je vous aurais nommé au quai d'Orsay,
09:28 comme ministre des Affaires étrangères.
09:31 N'avez-vous pas dit, au moment du couronnement de Charles III
09:35 et de sa femme Camilia, je cite, qu'ils étaient
09:40 "deux glands cocus".
09:42 Bon, en même temps, on a bien été content de les trouver en 1940,
09:46 quand l'armée française s'est fait retourner
09:48 comme une quiche par la Wehrmacht.
09:51 La question que je vais vous poser, elle s'appelle
09:55 "A vos compétences en matière de politique internationale
09:59 et de vie conjugale, dans le couple franco-allemand,
10:04 qui, d'Emmanuel Macron ou d'Olaf Scholz, est le cocu ?"
10:10 [Rires]
10:13 Je pense que ni l'un ni l'autre ne sont cocus
10:16 et que l'axe franco-allemand est évidemment tout à fait indispensable.
10:20 Évidemment que je ne peux jamais attaquer les Anglais.
10:23 J'ai trouvé que le couronnement du roi Charles III
10:27 me paraissait horriblement ringard...
10:29 - Deux glands.
10:30 - Et très peu respectueux...
10:31 - Vous avez fait fort, quand même.
10:32 - Et très peu respectueux de la...
10:34 - Mais vous, vous avez été très peu respectueux.
10:36 - Eh bien, c'est l'esprit français.
10:39 Heureusement qu'on n'est pas respectueux et gaulois.
10:42 Et je le revendique.
10:43 Et ceux qui pensent que je vais altérer mon propos et mes avis...
10:47 - Regardez-les, là. Vous trouvez qu'ils ont l'air de deux glands ?
10:52 - Oh là, mon Dieu !
10:53 [Rires]
10:54 - Stéphane Bernay.
10:55 - Je pense à tout autre sujet, la filigréité en politique
10:59 et aux nombreux et anciens amis dans les gouvernements successifs.
11:05 On a eu hier matin la confirmation en appel
11:09 de la condamnation de Nicolas Sarkozy dans l'affaire des écoutes.
11:12 Trois ans de prison, dont un ferme.
11:15 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
11:18 - Je vais faire la réponse classique.
11:20 Je ne me reviens pas de commenter une décision de justice,
11:24 d'autant que le cursus judiciaire n'est pas encore terminé.
11:30 En tout cas, moi, je garde ma fidélité entière à Nicolas Sarkozy.
11:34 Il fut un grand président de la République.
11:37 Et je l'ai toujours trouvé à mes côtés en particulier.
11:40 - Vous partitez un peu vachard dans votre...
11:41 - Ah mais moi, j'ai...
11:42 - C'est pas celui-là, celui d'avant.
11:43 - Non, mais j'ai fait un...
11:44 - Vous étiez sévère.
11:45 - Et il m'a absolument soutenue dans la gestion de la crise de la grippe.
11:50 En tout cas, non, mais j'ai des amitiés.
11:53 La fidélité est tout à fait compatible avec la sincérité et un esprit équilibré.
12:01 - Vous en êtes où avec François Fillon ?
12:02 Parce que dans le "Les Arnauds à J'y" vous dites, c'est plus qu'un ami,
12:06 c'était un frère.
12:07 - Vous le voyez toujours ?
12:08 - Non, je ne le vois plus, mais lui-même est très retiré dans sa vie.
12:13 - Il a dit qu'il était prêt à aller vendre des rillettes sur la place rouge, vous l'accompagneriez ?
12:18 - Oui, mais justement, j'ai trouvé que c'était bien un terme, la façon dont on voit la politique.
12:24 J'ai réécouté l'audition de François Fillon devant cette commission d'enquête.
12:29 - Il change d'ordre.
12:30 - On le voit derrière vous d'ailleurs.
12:31 - C'est une audition tout à fait remarquable, avec un sens géostratégique,
12:36 un sens de l'État tout à fait remarquable.
12:39 Et évidemment, sur quoi s'est-on focalisé ?
12:42 - Sur les rillettes.
12:43 - Sur les rillettes, sur la place rouge.
12:45 - C'est un peu de sa faute.
12:46 - C'est un peu dommage.
12:47 - C'est lui qui prononce sa phrase.
12:48 - Oui, mais c'est un peu dommage, on pourrait élargir le propos.
12:51 - Merci.
12:52 Stéphane Vernet, qui dirige la rédaction parisienne de Ouest-France.
12:55 Dans un instant, Armelle Le Goff du Point sur ce plateau.
12:58 - Bonjour Armelle Le Goff, vous êtes la directrice adjointe de la rédaction du Point,
13:04 partenaire de cette émission, Le Monde de la Culture.
13:07 - Oui, Le Monde de la Culture, mais aussi de la politique,
13:09 puisque vous parliez de fidélité en politique avec Stéphane Vernet.
13:12 Laurent Wauquiez a pris la parole dans Le Point la semaine passée
13:15 pour se dire prêt pour 2027.
13:17 Qu'est-ce que cela vous inspire ?
13:19 - J'ai du mal avec Laurent Wauquiez après ce qui s'est passé
13:23 sur la suppression ou la diminution des subventions sans raison,
13:27 sauf que la raison contenue, qu'on aurait critiqué sa politique culturelle,
13:32 c'est la raison d'ailleurs pour laquelle j'ai signé,
13:34 aux côtés d'un certain nombre d'anciens ministres de la Culture
13:38 et de personnalité du monde culturel, une tribune pour exprimer ma désolation
13:43 sur le fait qu'on supprime brutalement et en cours d'année
13:47 des subventions à des institutions culturelles.
13:52 Et je trouve cela extrêmement, extrêmement dommageable.
13:55 Maintenant, les Républicains choisiront leur candidat
13:59 à l'issue d'une procédure que je ne connaisse pas.
14:02 - Vous avez de la sympathie pour les Républicains d'ailleurs,
14:04 vous avez appartenu longtemps.
14:05 - Alors je n'ai jamais été adhérente aux Républicains.
14:07 - Vous avez appartenu à cette mouvance, on va dire.
14:09 - Voilà, mais je suis dans les membres fondateurs de l'UMP.
14:12 Je ne peux que constater avec désolation que les Républicains sont en grande difficulté,
14:21 non seulement des difficultés électorales, mais des difficultés idéologiques,
14:26 des difficultés de leadership et je ne me reconnais pas dans ce qui se passe actuellement
14:33 ou avec beaucoup de difficultés.
14:35 - On va tout de suite écouter Floréal Hernández,
14:38 qui est le rédacteur en chef de 20 Minutes, Roselyne Bachelot,
14:40 qui est notre partenaire dans cette émission,
14:42 qui pose la question d'Alain, qui est un lecteur de 20 Minutes.
14:44 Une question à Roselyne Bachelot, on l'écoute.
14:47 - Roselyne Bachelot, Alain, lecteur de 20 Minutes, vous demande
14:50 que pensez-vous du geste de Lazara lors de la finale de l'Eurovision ce samedi soir
14:55 et plus généralement, que pensez-vous de ce concours européen de la chanson ?
15:01 - C'est le geste d'une gamine mal élevée et c'est tout à fait regrettable
15:05 qu'à ce niveau de compétition, l'image de la France ait été ainsi altérée.
15:10 Alors, nous n'avons pas à connaître des mécanismes qui amènent le choix de cette personne
15:17 qui n'est pas dépourvue de talent.
15:20 J'ai trouvé que sa chanson était bien meilleure.
15:23 - Vous avez regardé l'Eurovision ?
15:25 - J'ai en tout cas regardé Lazara.
15:28 - C'est de la culture l'Eurovision pour vous ?
15:31 - La chanson, c'est de la culture, absolument.
15:34 Alors là, moi je revendique la chanson française comme un élément de culture majeur,
15:41 les grands de la chanson française, la vraie, la racinte.
15:44 - Benjamin Biolay, c'est quelqu'un que vous aimez bien.
15:46 - Benjamin Biolay fait d'excellentes chansons et vraiment, il est tout à fait à sa place.
15:52 - Mais c'est une personnalité du monde de la culture qui peut être un petit peu difficile quand même.
15:56 - Oui, mais vous savez tout ça, c'est de l'écume l'essentiel.
16:00 Il vend très bien ses chansons et ses mérités.
16:03 Il est un très bon acteur également.
16:06 Il a eu des propos, je pense, injustes à mon égard
16:10 et il s'est offensé du fait que je lui réponde comme s'il était intouchable.
16:14 Mais voilà, tout cela vraiment, c'est rien.
16:19 - On parle aussi beaucoup d'une actrice ces derniers temps, c'est Adèle Haenel
16:23 qui a annoncé qu'elle quittait le cinéma.
16:25 Qu'est-ce que vous en pensez ?
16:26 Qu'est-ce que vous avez pensé de sa lettre où elle dénonce le milieu du cinéma
16:30 et sa complaisance mortifère, écocide, raciste,
16:35 sa complaisance aussi vis-à-vis des agresseurs sexuels ?
16:38 - Alors, je dois dire que je partage un certain nombre des constats d'Adèle Haenel.
16:42 - D'accord.
16:43 - Et qu'en particulier la violence sexuelle et sexiste qui existe dans le milieu de la culture,
16:49 c'est un fait avéré.
16:51 J'ai d'ailleurs mené un certain nombre d'actions de combat contre ces violences.
16:55 Et je dirais ce qui est d'autant plus grave dans certains milieux culturels,
16:59 c'est que cette violence, elle existe partout, mais elle est en général cachée, criminalisée.
17:05 - À quoi pensez-vous ? Vous pensez à quelque chose de particulier ?
17:08 - Elle est souvent revendiquée.
17:10 Je me souviens d'une discussion que j'avais eue avec un professeur de conservatoire.
17:14 J'assistais à une de ses masterclass.
17:17 Et la façon dont il s'exprimait vis-à-vis des élèves...
17:21 - De façon corrogière ?
17:23 - Oui, et à la limite d'un discours très sexualisé et violent.
17:29 Et je lui avais dit "mais c'est pas possible de s'exprimer de cette façon".
17:33 Il m'avait dit "c'est comme ça que j'ai appris mon métier et c'est comme ça qu'on l'apprend".
17:37 C'est-à-dire qu'il y a une violence souvent revendiquée et c'est cela qu'il faut combattre.
17:42 Maintenant, je pense qu'Adèle Haenel, en disant qu'elle s'extrait de ce milieu,
17:49 alors qu'elle devrait y rester pour combattre cela...
17:52 - Pour le combat de l'intérieur.
17:54 C'est le sens par exemple d'une tribune qui a été publiée dans Libération,
17:57 qui appelle au boycott du Festival de Cannes et qui demande du coup une réflexion
18:02 sur les œuvres qui sont diffusées dans le cadre de ces festivals par exemple.
18:06 - Ecoutez franchement, le Festival de Cannes,
18:09 qui est la plus grande manifestation de promotion du cinéma,
18:13 c'est une manifestation qui a lieu dans notre pays.
18:17 On est sans arrêt en train de dénoncer, peut-être à juste titre,
18:21 les croupières que nous taillent à la fois la Mostra de Venise et la Biennale de Berlin.
18:26 Si vraiment on se tire une balle dans le pied en boycottant le Festival de Cannes,
18:31 je pense qu'on ne va pas le faire de loin.
18:33 - On va d'ailleurs rejoindre Nicaragua Nice en direct dans un instant.
18:35 - Mais par exemple, la polémique autour du fait que Jody Depp soit dans le film de Maïwenn.
18:38 Qu'est-ce que vous en pensez ?
18:40 Est-ce qu'il faut mettre de côté certains acteurs alors que, en l'occurrence,
18:44 la justice est passée et le concernant est...
18:47 - Bon, jusqu'aux dernières nouvelles, Jody Depp a gagné son procès, enfin, contre Amberhead.
18:53 Alors on ne va pas refaire un tribunal populaire à ce propos.
18:57 - Quand vous aviez des discussions, en tant que ministre de la Culture, avec ce monde-là,
19:02 vous sentiez une résistance ou vous sentiez une prise de conscience très importante ?
19:06 Ou les deux ?
19:08 - Les deux, oui, effectivement, vous résumez bien cela.
19:10 C'est-à-dire qu'il y a des résistants...
19:12 - C'est une question de génération, encore, Marina.
19:14 - Il y a des résistants, c'est une question de génération, c'est une question de prise de conscience.
19:19 Mais cette prise de conscience, beaucoup de gens le font, l'ont fait.
19:23 Et il y a des choses qui ne peuvent plus se produire maintenant, et c'est fort heureux.
19:27 - Dernière question, la ministre de la Culture actuelle, Rima Abdoulmalak,
19:32 a pris la parole au Molière, elle a été mise en cause.
19:34 La politique culturelle a été mise en cause, son soutien à la culture a été mis en cause.
19:38 Elle s'est levée, elle a pris la parole. Qu'est-ce que vous avez pensé de ce geste ?
19:41 - Oh, ben écoutez, j'avais moi-même... J'ai pas eu l'occasion d'être au Molière,
19:45 puisque les Molières de 20, c'était avant que j'arrive, de 22, après,
19:49 et ils ont été supprimés en 21.
19:51 Mais j'avais moi-même imaginé cela, et j'avais dit à mes collaborateurs,
19:56 si on assiste à ce genre de manifestation,
19:59 j'exige d'avoir un technicien derrière moi, avec le micro,
20:03 qui puisse m'être tendu immédiatement,
20:06 et comme elle a un excellent chef de cabinet, puisque c'était le...
20:09 - C'était le vôtre ? - C'était le mien !
20:12 Cette stratégie a parfaitement marché, et je trouve qu'elle a eu mes complètement raisons,
20:17 et j'avais moi-même préparé une stratégie du même calibre.
20:21 Mais encore faut-il avoir, non pas un complice, mais quelqu'un qui soit derrière vous,
20:25 parce que si vous allez chercher le micro à 2 km, il est trop tard !
20:29 - Merci. - Là, une du point, le point cette semaine.
20:32 - Oui, c'est la révolution de l'intelligence artificielle.
20:35 - Et ça, ça impacte la culture d'une façon extraordinaire.
20:39 - La culture, les médias, ça pose beaucoup de questions,
20:42 et donc on se penche là-dessus cette semaine.
20:44 - Le basculement du monde, c'est vraiment ça ?
20:46 - Ah oui, c'est le basculement du monde, avec le réchauffement climatique,
20:51 l'intelligence artificielle, et justement ce mouvement où on réinterroge le décolonialisme,
21:00 la racialisation, l'égalité hommes-femmes,
21:03 tout ça, ce sont des choses qui sont au cœur des transformations culturelles,
21:06 ce sont des révolutions.
21:07 - Armel Le Goff, directrice adjointe de la rédaction du Point, sur ce plateau.
21:12 Merci, Armel. Nous partons dans un instant.
21:15 On rejoint Denis Caro, hors du Plex de Nice.
21:19 - Bonjour, Denis Caro.
21:22 - Ah, mais le voilà. Bonjour à tous.
21:26 - Bonjour, Denis.
21:27 - Denis Caro, on est en plein Festival de Cannes, n'est-ce pas ?
21:30 - Bonjour, Régine Bachelot.
21:32 - Oui, vous l'avez évoqué tout à l'heure avec Armel Le Goff,
21:38 la Côte d'Azur vit depuis mardi au rythme du Festival de Cannes.
21:42 Lors de la cérémonie d'ouverture, Michael Doublas, à qui on a rendu hommage,
21:46 a expliqué qu'il y avait des centaines de festivals de cinéma dans le monde,
21:50 mais un seul, Cannes.
21:52 Alors, Régine Bachelot, qu'est-ce qui fait la magie de Cannes ?
21:56 Et est-ce que ce festival, qui, vous l'avez dit,
21:58 est le premier événement culturel mondial, fait toujours rêver ?
22:02 - Oui, évidemment, on évoque la mémoire de ceux qui l'ont imaginé
22:08 avant la guerre de 39-45.
22:11 On pense à Jean Zey, bien sûr, ou au ministre de l'Intérieur, Sarro.
22:15 Et puis, la reprise du festival en 1946.
22:19 On a installé ce festival en tête de gondole de tous les événements cinématographiques.
22:25 J'évoquais tout à l'heure Berlin et, bien sûr, Venise.
22:30 Mais des festivals se sont multipliés, petits ou grands,
22:34 et qui essaient de tailler des croupières à notre festival.
22:37 Il faut en garder la magie, le côté un peu bling-bling, bien sûr.
22:42 On n'est dupes de rien, mais la montée des marches,
22:45 les jolies toilettes, les stars, tout ça, c'est la magie de Cannes.
22:50 - On est au centre du festival de Cannes quand on est ministre de la Culture ?
22:54 On se sent au milieu des choses ?
22:56 - Ah oui, on est au milieu des choses.
22:58 - Sollicité.
22:59 - Je n'ai monté qu'une seule fois les marches,
23:01 parce qu'évidemment, le Covid a amené la suppression du festival.
23:07 Mais à un moment, oui, on se dit...
23:10 - On vous voit à Cannes, là.
23:11 - Quand Sharon Stone est montée vers moi, je me suis dit "Waouh !"
23:17 Finalement, j'ai une âme de Midi-Net et je le revendique.
23:20 - Vous lui avez demandé un autographe ?
23:21 - Non, quand même pas.
23:23 - Denis Caro, qui est depuis le studio de Nice Matin,
23:26 au sein même de la rédaction de Nice Matin.
23:31 - Alors, la critique qu'on entend souvent concernant le festival de Cannes,
23:34 c'est que ce n'est pas un festival grand public.
23:36 Et effectivement, depuis Pulp Fiction en 1994,
23:39 qui avait réuni près de 3 millions d'entrées,
23:43 les palmes d'or font en général un beat commercial.
23:46 Est-ce que c'est un problème ?
23:48 - Alors, oui, effectivement.
23:51 Il y a eu d'ailleurs un palmarès qui a été dressé.
23:55 Je ne sais plus quel acteur avait dit "les films au festival de Cannes,
24:01 c'est des films où on s'emmerde pendant deux heures,
24:03 mais qu'on n'oublie pas par la suite".
24:05 C'est un mot, bien entendu.
24:07 Mais ce sont des films qui doivent exister.
24:11 Il y a des blockbusters, pardon pour ce mot carrément anglais,
24:17 il y a des blockbusters qui, évidemment,
24:21 attirent des millions et des millions de spectateurs.
24:23 Mais qu'un film comme "Titane" de Julia Ducournau existe,
24:27 moi, à mon avis, c'est important.
24:29 Et puis, il y a des films qui sont des films plus compliqués.
24:32 Je pense à "Parasite", par exemple.
24:36 - Vous allez voir les deux vous-même ?
24:38 - Blockbusters et films cinématiques.
24:40 - Et moi, je veux qu'il y ait tout ça dans le cinéma.
24:42 Et c'est le rôle aussi de la Palme d'or du festival de Cannes
24:45 de récompenser un film peut-être plus difficile.
24:48 - Vous allez y aller à Cannes cette année ?
24:49 - Non, je ne vais pas y aller.
24:51 - Ils ne vous invitent plus depuis que vous n'êtes plus ministre de la Culture ?
24:53 - Si, bien sûr, je suis un invité permanent,
24:56 mais il se trouve que j'ai des obligations professionnelles
24:59 qui ne me permettent pas d'y aller.
25:00 - Donny Caro.
25:04 Est-ce que vous estimez, Roselyne Bachelot,
25:06 avoir été une ministre qui a suffisamment soutenu et aimé le cinéma ?
25:11 Les professionnels du cinéma n'ont pas toujours été tendres avec vous.
25:15 - Oui, qui n'aient pas été tendres.
25:18 Il y a sans doute un mot qui est ignoré du monde du cinéma,
25:21 c'est peut-être "merci".
25:23 Parce que, franchement, nous avons soutenu le cinéma
25:27 dans cette crise Covidère,
25:29 comme il n'a été soutenu dans aucun autre pays du monde.
25:33 Et nous avons permis la continuation des tournages,
25:37 nous avons soutenu à travers le service du ministère de la Culture
25:42 qui s'appelle le Centre National du Cinéma.
25:44 Je le redis parce que, quelquefois, j'entends certains dire
25:47 "on n'a pas été aidé par le ministère de la Culture,
25:49 heureusement qu'il y avait le Centre National du Cinéma".
25:51 - C'est quoi, c'est le bal des hypocrites, comme le titre de votre livre qu'on voit à l'antenne ?
25:55 - Oui, c'est un peu le bal des hypocrites.
25:57 Donc on a un cinéma qui a continué à être créé.
26:02 On a gardé notre réseau de salles de cinéma.
26:05 C'est tellement important face au territoire.
26:08 C'est un des premiers éléments, équipements culturels que c'est, salles de cinéma.
26:12 Nous n'avons pas une salle de cinéma qui a été fermée,
26:14 alors que des milliers de salles fermaient, par exemple, aux Etats-Unis.
26:18 Donc, oui, j'ai soutenu le monde du cinéma.
26:21 Je l'ai aidé, et les organismes professionnels,
26:25 je me souviens d'avoir assisté à Deauville,
26:28 à un congrès des professionnels du cinéma,
26:32 et qui m'ont dit ensuite, en coulisses,
26:34 "On ne pensait pas que vous nous donneriez autant d'argent, Danny Caro".
26:37 - Alors justement, en France, on soutient énormément de films
26:43 qui ne marchent pas ou qui ne marchent pas du tout.
26:45 Est-ce qu'il faut mettre le haut là ?
26:47 - Il ne faut pas mettre le haut là.
26:49 À partir du moment où on soutient la création cinématographique,
26:54 il y a des films qui vont marcher, il y a des films qui ne vont pas marcher.
26:57 C'est la surprise.
26:59 On ne peut pas choisir a priori cela.
27:02 Et c'est aussi la richesse du cinéma français que ne pas faire de discrimination.
27:07 Oui, il y a des films qui ne marcheront pas.
27:09 Eh bien, c'est finalement la philosophie de l'aide au cinéma.
27:13 - Danny Caro, vous allez voir quel film au Festival de Cannes ?
27:16 - Alors, ce n'est pas encore prévu, mais on va s'y intéresser.
27:22 - Vous n'avez pas vu la Dubary ?
27:25 - Merci, Danny Caro.
27:27 - Non, mais on en a beaucoup parlé dans notre supplément quotidien consacré au Festival de Cannes.
27:33 - Voilà, supplément quotidien.
27:34 Donc, chaque jour, durant le Festival de Cannes,
27:37 Danny ce matin et de sa rédaction que vous dirigez, Danny Caro,
27:40 vous étiez en duplex de votre studio au sein de la rédaction, Danny, ce matin.
27:43 Merci.
27:44 On va écouter maintenant Antoine Compignes,
27:47 qui est un journaliste à Lyonne Républicaine.
27:49 Roselyne Bachetaud, qui est notre invitée ce matin à Lyonne Républicaine,
27:52 c'est notre partenaire de Centre France de la Montagne.
27:54 Vous connaissez bien cette région.
27:56 Il est depuis Auxerre. Il a une question à vous poser.
27:58 - Bonjour, Roselyne Bachetaud.
28:01 La question que je voulais vous poser fait suite aux déclarations du ministre de la Santé,
28:04 François Braun, le vendredi 12 mai.
28:06 Lors de la journée internationale des infirmiers,
28:09 il a déclaré qu'il fallait refonder ce métier.
28:12 Alors, selon vous, est-ce qu'il faut leur confier davantage de missions ?
28:16 Et ce, dès la formation initiale, puisqu'on constate chaque année
28:20 qu'environ 10% des élèves inscrits en école d'infirmiers abandonnent leur cursus ?
28:25 - Je rappelle que vous étiez ministre de la Santé.
28:28 - Ah bon ? Parce que vous pensez que je ne m'en souviens pas ?
28:30 - Non, aux téléspectateurs.
28:32 - Mais bien sûr qu'ils connaissent tout de mon cursus depuis mon enfance.
28:36 Non, je plaisante.
28:37 De conforter le rôle des infirmiers dans notre système de santé
28:43 est absolument indispensable.
28:45 J'avais d'ailleurs, dans la loi qui porte mon nom,
28:47 la loi du 30 juillet 2009,
28:50 voulu que la délégation de tâches
28:53 soit au cœur de ce projet pour la santé des Français.
29:00 Il y a d'ailleurs des pays où c'est assez systématique.
29:04 Par exemple, dans des maisons... Je pense à la Suède.
29:07 Il y a des maisons médicales dans lesquelles il y a des infirmiers, infirmières...
29:12 Je déteste le terme de "tri", mais je l'utilise par facilité.
29:16 Qui regardent et qui aiguillent vers du temps médical,
29:20 évidemment plus technique,
29:24 et qui aiguillent ainsi les malades.
29:26 Il y a aussi le rôle des pharmaciens,
29:28 permettez à la docteure en pharmacie que je suis,
29:31 de dire que les professionnels de santé doivent retrouver une place.
29:35 Il y a une sorte de zone grise dans le système de santé
29:38 entre les médecins et, disons, entre les BAC +10,
29:42 pour simplifier, et les BAC +3.
29:44 Il y a sans doute toute une zone intermédiaire
29:48 qui permettrait de prendre en charge la santé des Français,
29:51 d'effectuer par exemple des politiques de prévention,
29:54 mais aussi des politiques de soins.
29:56 - On voit que vous êtes toujours très intéressé par ces problématiques-là.
29:59 Roselyne Bachelot, notre invitée ce matin,
30:01 dans un attente d'Emmet Korkmaz de TV5 Monde.
30:04 Bonjour Emmet Korkmaz. - Bonjour.
30:09 - Merci d'être avec nous.
30:10 Nous allons tout de suite partir aux Antilles,
30:12 puisque notre partenaire France Antilles a une question à vous poser
30:16 par l'intermédiaire de son directeur éditorial, Cyril Boutier,
30:19 qui est à Fort-de-France. On l'écoute.
30:21 Il a une question pour Roselyne Bachelot.
30:23 - Bonjour Roselyne Bachelot.
30:25 Il y a quelques jours, l'Assemblée nationale a voté,
30:28 à l'initiative notamment de l'ULTRA MARIN,
30:30 la fin de l'obligation vaccinale pour les soignants.
30:32 J'aimerais savoir ce que vous inspire cette décision,
30:35 et également, avec le recul,
30:38 comment vous analysez les prises de position,
30:41 les mobilisations, parfois relativement violentes,
30:44 qui ont pu avoir lieu aux Antilles,
30:46 autour de cette question de l'obligation vaccinale ?
30:49 - Sur la thématique santé, qui intéresse beaucoup.
30:52 - Alors l'obligation vaccinale, ce n'est pas un acte administratif bête.
30:57 C'est un acte de santé publique qui a été pris,
31:02 pris, oui, un acte pris,
31:04 sur des considérations sanitaires.
31:07 Et certains l'ont mal vécu,
31:10 mais l'obligation vaccinale existe pour bien d'autres pathologies,
31:16 et cette obligation vaccinale me paraissait,
31:19 m'apparaît toujours justifiée.
31:21 Il était entendu que les autorités sanitaires jugeraient,
31:26 du moment où il conviendrait de lever cette obligation vaccinale,
31:30 ça a été le cas actuellement,
31:32 la décision a été prise sur l'avis de la Haute Autorité de Santé,
31:36 et non pas sur je ne sais quel avis technocratique.
31:41 Maintenant, je trouve que c'est assez drôle de voir le renversement de l'opinion,
31:46 c'est-à-dire qu'on a critiqué l'obligation vaccinale,
31:49 et maintenant il y a tout un mouvement qui dit,
31:51 mais moi je n'ai pas du tout envie d'être traité par quelqu'un
31:55 qui ne s'est pas protégé, qui a refusé de se protéger.
31:58 J'ai moi-même été l'objet ou la victime d'un Covid grave.
32:04 Très bien, très fort. Mais vous avez des effets secondaires ?
32:07 J'ai un Covid long, classique,
32:09 et mon état de santé n'a que peu d'intérêt sur ce plateau.
32:13 Non, non, non, bien sûr.
32:14 Mais enfin, voilà.
32:15 Et je dois dire, je n'aurais pas souhaité être soigné par un soignant non vacciné.
32:22 On va rester encore sur le thème de la santé.
32:24 On apprend aujourd'hui, en tout cas qu'en 2022,
32:27 ce sont les chiffres de la DREZ,
32:29 que la moitié des chirurgiens dentistes en France sont formés à l'étranger,
32:33 notamment au Portugal, en Roumanie et aussi en Espagne.
32:36 Comment expliquez-vous la situation,
32:37 alors qu'en France, on connaît une pénurie dans le même temps ?
32:40 Qu'est-ce qui explique ?
32:42 Je suis la fille de deux chirurgiens dentistes et la sœur de deux chirurgiens dentistes.
32:48 Et puis, il y a des ratés dans toutes les familles.
32:50 Je ne suis que pharmacienne.
32:52 D'abord, on est dans un cercle européen où le fait de médecins qui vont se former à l'étranger
33:00 n'est pas un phénomène nouveau.
33:03 Le système LMD fait qu'il y a une harmonisation dans les formations.
33:11 On va dans plusieurs pays se former.
33:15 Ce qui serait dommage, c'est que la formation se fasse dans des pays
33:20 qui eux-mêmes souffrent d'un déficit de professionnels
33:24 et qu'ainsi, les Français se trouvent en quelque sorte à piller la formation,
33:31 les professionnels de ces pays.
33:33 Le président du Conseil national de l'ordre des chirurgiens dentistes,
33:36 lui, pointe du doigt le numerus clausus, qui a été supprimé en 2021,
33:40 mais on n'en a pas encore les retombées.
33:42 Il dit que pour lui, le numerus clausus, c'était destiné à réduire les coûts,
33:46 à faire des économies, parce que réduire les coûts,
33:49 ça passait par réduire l'offre de soins.
33:53 C'est une très mauvaise décision qui a été prise il y a fort longtemps,
33:57 il y a plus de 30 ans.
33:59 C'était ça, c'était pour faire des économies,
34:02 et donc il faut réduire l'offre de soins, c'était ça l'objectif ?
34:05 C'était absurde, je n'y ai pas participé, portément le crédit,
34:10 et j'ai même, tout au long de mon exercice de ministre de la Santé,
34:13 desserré ce numerus clausus, en partenariat bien sûr avec les structures de formation,
34:19 parce qu'il ne suffit pas d'ôter le numerus clausus,
34:21 encore faut-il avoir les structures, la logistique, les amphies,
34:26 vous savez, on n'apprend pas la chirurgie dentaire,
34:29 ou la chirurgie tout court, avec des polycopiés,
34:33 on l'apprend au chevet des malades, avec des professionnels qui peuvent vous former.
34:39 Donc d'ailleurs, la capacité de formation est aussi à reconstituer,
34:42 il n'y a pas seulement le numerus clausus à faire,
34:45 mais le numerus clausus est maintenant, après avoir été très très desserré,
34:50 est maintenant supprimé, mais on voit bien que la capacité de formation
34:54 ne suivra pas tout de suite, et que de toute façon, pour un médecin,
34:57 mais aussi pour un chirurgien dentiste, il faudra attendre plusieurs années
35:01 afin de récupérer les bénéfices.
35:03 Passons à l'écologie, Jacques Chirac a eu sa célèbre…
35:06 Vous n'allez pas me demander ce que j'ai fait au piano quatre ans en jouant Mozart.
35:10 Notre maison brûle et nous regardons ailleurs, cette célèbre phrase,
35:14 c'est dans ce contexte-là que Jacques Chirac vous nomme ministre de l'écologie.
35:18 Est-ce qu'à l'époque, quand vous avez été nommé,
35:20 vous vous sentiez compétente pour ce ministère ?
35:23 Ah oui, parce que l'écologie…
35:25 Comment on passe de la pharmacie à l'écologie ?
35:27 Parce que, visiblement, vous ne connaissez pas tout de mon curriculum vitae.
35:33 Mais vous êtes là ce matin pour ça.
35:34 Voilà. Donc, j'ai pendant 20 ans au préalable,
35:39 présidé la commission de l'environnement du conseil régional des pays de la Loire,
35:44 l'environnement et l'aménagement du territoire.
35:48 J'ai moi-même, alors que j'étais ministre, que j'étais députée
35:52 et que ce n'était pas à la mode, déposé une proposition de loi
35:55 pour constitutionnaliser les principes de l'environnement.
35:58 J'ai créé le conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents.
36:03 Et j'ai mené la campagne pour inscrire la Loire au patrimoine mondial de l'humanité.
36:08 Vous n'êtes resté que deux ans, comme beaucoup d'autres, après vous.
36:11 Comment vous expliquez que, finalement, on ne retient si peu de temps les ministres de l'agriculture ?
36:16 C'est un véritable problème français que cette valse des ministres.
36:20 Wolfgang Schäuble, qui a été ministre de l'Intérieur et ministre des Finances de l'Allemagne,
36:24 disait qu'il avait, sur le même poste, vu défiler au moins 10 ministres, 10 partenaires.
36:29 Et, une petite anecdote, quand je suis arrivé ministre de l'écologie,
36:34 il y a la ministre belge qui m'a dit « je ne me donne pas la peine de retenir votre nom,
36:38 dans six mois, vous ne serez plus là ».
36:40 Oui. J'apprends également, parmi tout ce que vous avez fait, que vous avez également...
36:46 Alors, il y a une note des services de renseignement irakien, en date du 6 mai 2002,
36:53 qui révèle que vous avez rencontré les services de renseignement de Saddam Hussein dans ces années-là.
37:00 Qu'est-ce que vous avez été faire en Irak ?
37:03 Mais je n'ai absolument pas rencontré les services de renseignement iraki.
37:06 Vous avez rencontré, qui est considéré comme étant proche des services de renseignement...
37:10 Je raconte cette anecdote parce qu'elle est tout à fait amusante.
37:13 Très vite, parce que...
37:14 Oui, mais comme on ressort un vieux truc...
37:16 Vous avez bien raison.
37:17 Comme on ressort un vieux truc, je suis porte-parole de Jacques Chirac en 2002,
37:23 et il y a un Irakien qui vient demander un entretien.
37:28 Vous savez, au moment d'une campagne électorale, il y a toutes sortes d'entretiens qui se font.
37:33 Et il y a tout à fait un type, qui vient me dire, qui me tient des propos assez incohérents...
37:37 Vous n'y êtes jamais allé, vous ? Vous y êtes allé en Irak ?
37:39 Ah oui, je suis appelé en mission officielle.
37:42 Et donc, ce type, ensuite, a fait une note d'entretien.
37:48 Moi, je trouvais que ce n'était absolument pas intéressant.
37:50 Je n'ai même pas fait de note d'entretien là-dessus.
37:53 Il a fait une note d'entretien qui a été retrouvée par les Américains dans un...
37:56 Voilà, et donc on a dit ça.
37:58 C'était en plein scandale...
37:59 Je n'ai absolument eu aucun contact avec...
38:01 C'est un scandale pétrole contre nourriture. Il n'y a pas...
38:03 Non, absolument pas.
38:05 Vous n'avez pas été une forme de matahari.
38:06 Ah non, je suis désolé, vraiment. Je regrette.
38:09 Comme vous aimez, pour conclure cette émission, les romans de science-fiction, vous l'avez dit, beaucoup dit,
38:13 entre Bruno Le Maire, candidat à la présidentielle, et Laurent Wauquiez, dont on a parlé tout à l'heure,
38:18 avec Stéphane Vernet, candidat à la présidentielle, lequel choisiriez-vous ?
38:21 Ah ben, Bruno Le Maire, sans hésiter.
38:23 Ah voilà, voilà ce qui est dit.
38:24 C'est un homme de culture.
38:26 Enfin, Roselyne Bachelot, il ne nous reste que quelques secondes.
38:29 Est-ce que vous préférez qu'on vous juge comme une femme politique, sérieuse,
38:35 appliquée avec une expérience mystérieuse très forte,
38:39 ou est-ce que vous préférez qu'on vous juge, qu'on vous regarde comme une chroniqueuse,
38:43 une éditorialiste, quelqu'un de plus léger, qui a parfois une forme de provocation ?
38:48 Qu'est-ce qui vous plaît le plus ?
38:50 Écoutez, votre question est très intéressante, parce que c'est le mal français
38:54 de vouloir mettre les gens dans une cage.
38:56 Ça, c'est vrai, mais...
38:57 Alors, vous êtes dans une case, vous êtes la case ministre,
39:00 mais vous ne pouvez pas partir.
39:02 Alors, vous pourriez redevenir ministre, alors ?
39:03 Vous êtes dans une case, Roselyne, mais je veux être tout ça.
39:06 D'accord.
39:07 C'est ce qui fait ma personnalité.
39:09 C'est que je suis ministre, je suis musicienne, je suis écrivaine, je suis éditorialiste,
39:14 je veux être tout à la fois.
39:16 Et d'ailleurs, Ma Vie est un roman d'aventure, aux éditions West France,
39:20 vous nous fournissez la conclusion.
39:22 Vous redeviendriez avec plaisir ministre ?
39:24 Oui, non.
39:25 Ça voudrait dire que je suis comme le vieux soldat qui a mis son fusil dans l'armoire,
39:29 qui regarde s'il marche.
39:30 Mais si je revenais, c'est que vraiment ça n'irait pas bien, et je ne le souhaite pas.
39:33 Merci Roselyne Bachelot d'avoir été notre invitée ce matin.
39:36 Merci Demet Korkmaz.
39:38 Jeudi prochain, nous recevons Nicolas Meyère-Rossignol,
39:41 qui est le premier secrétaire délégué du Parti Socialiste sur ce plateau.
39:45 Merci, les programmes continuent en ce jeudi 2, l'Ascension, sur TV5Monde.
39:48 Au revoir à tous.
39:50 (Générique)

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