Après la prise de Cuba par Fidel Castro, la peur de voir le communisme se répandre en Amérique du Sud mène la CIA à soutenir la mise en place de régimes militaires dans de nombreux pays du Cône sud. Une coopération se met en place entre différents pays afin d’arrêter et d’éliminer les opposants politiques. Ce plan secret, nommée « Opération Condor » va mener à des actions en dehors du continent américain…
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Tipeee : http://bit.ly/2vd6Om1
Instagram : https://www.instagram.com/questionsdhistoire
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Twitter : https://twitter.com/questiondhisto1
Youtube : http://bit.ly/1WsHn5a
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Risques et périls, 50 catastrophes qui ont bouleversé l’humanité – First Edition, 224p. : https://amzn.to/2QqL8vB
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Sources bibliographiques :
- John Dinges, Les années Condor : Comment Pinochet et ses alliés ont propagé le terrorisme sur trois continents, La Découverte, 2005, 298p.
- Pablo Daniel Magee, Opération Condor - Un homme face à la terreur en Amérique latine, Saint-Simon, 2020, 375p.
- Michel Faure, Augusto Pinochet, Perrin, 2020, 384p.
- Thomas Huchon, Salvador Allende : C'est une idée qu'on assassine, Eyrolles, 2013, 224p.
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Liens Internet :
- L’ombre du Condor : https://journals.openedition.org/amnis/473?lang=es
- L’opération Condor, cauchemar de l’Amérique latine : https://www.monde-diplomatique.fr/2001/05/ABRAMOVICI/1729
- Sur les traces de l’opération Condor : https://www.justiceinfo.net/fr/39811-sur-les-traces-de-l-operation-condor.html
- Les services de sécurité paraguayens dans le système Condor : https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-l-institut-pierre-renouvin1-2008-1-page-129.htm
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Crédit musiques :
- Alberto Iglesias – Che OST
- Up, Bustle and Out – Kennedy’s secret tape
- John Williams – JFK OST
- Bruitages : Freesound.org
Crédit vidéo :
- La bataille du Chili – Patricio Guzman (1979) : https://www.imdb.com/title/tt0078831
- État de siège – Costa-Gavras (1972) : https://www.imdb.com/title/tt0070959
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Merci d’avoir visionné !
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Sources bibliographiques :
- John Dinges, Les années Condor : Comment Pinochet et ses alliés ont propagé le terrorisme sur trois continents, La Découverte, 2005, 298p.
- Pablo Daniel Magee, Opération Condor - Un homme face à la terreur en Amérique latine, Saint-Simon, 2020, 375p.
- Michel Faure, Augusto Pinochet, Perrin, 2020, 384p.
- Thomas Huchon, Salvador Allende : C'est une idée qu'on assassine, Eyrolles, 2013, 224p.
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Liens Internet :
- L’ombre du Condor : https://journals.openedition.org/amnis/473?lang=es
- L’opération Condor, cauchemar de l’Amérique latine : https://www.monde-diplomatique.fr/2001/05/ABRAMOVICI/1729
- Sur les traces de l’opération Condor : https://www.justiceinfo.net/fr/39811-sur-les-traces-de-l-operation-condor.html
- Les services de sécurité paraguayens dans le système Condor : https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-l-institut-pierre-renouvin1-2008-1-page-129.htm
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ÉducationTranscription
00:00 22 décembre 1992, Asuncion, Paraguay.
00:06 Martin Almada, avocat et militant des droits de l'homme, effectue des recherches dans
00:10 un poste de police désaffectée, qui a servi durant le régime militaire des années 50
00:15 à 80.
00:16 Lui-même emprisonné pendant trois ans, il cherche des preuves.
00:19 Il fait une découverte édifiante.
00:22 5 tonnes d'archives de la police secrète, qui décrivent les opérations menées par
00:27 plusieurs pays d'Amérique du Sud, afin d'éliminer les opposants politiques.
00:31 Ces archives prouvent l'existence d'une coopération entre ces différents régimes,
00:37 l'opération Condor.
00:38 Ce plan secret découle du principal objectif de ces différents régimes autoritaires,
00:44 qui ont pris le pouvoir avec l'aide des Etats-Unis dans un seul but, empêcher le
00:48 communisme de se répandre en Amérique du Sud.
00:50 Mais l'opération Condor va plus loin, et va rapidement agir en dehors du continent.
00:55 Revenons sur cette période trouble de l'histoire américaine, et observons comment les pays
01:00 du cône sud ont basculé dans la terreur.
01:02 Nous sommes au lendemain de la seconde guerre mondiale.
01:21 Parmi les vainqueurs, deux grands blocs se forment, celui de l'Ouest, avec les Etats-Unis
01:28 à l'idéologie capitaliste, celui de l'Est, avec l'Union soviétique communiste.
01:33 La guerre froide, opposition politique, économique, scientifique et culturelle entre ces deux
01:40 puissances que tout oppose, débute.
01:42 Le conflit n'est pas frontal, mais se traduit par des affrontements périphériques.
01:47 Chaque bloc souhaite faire entrer dans sa sphère d'influence d'autres nations.
01:52 L'Asie du Sud-Est, avec la guerre de Corée puis du Vietnam, est le lieu le plus disputé
01:57 et le plus meurtrier.
01:58 Les Caraïbes, l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud sont la chasse gardée
02:05 des Etats-Unis, et cela depuis le début de l'impérialisme américain, débuté à
02:10 la fin du XIXe siècle.
02:12 Certains endroits sont devenus des quasi-protectorats, comme Cuba, avec l'installation de la
02:17 base navale de Guantanamo, ou le Panama, où des forces militaires sont déployées dans
02:22 la zone du canal.
02:23 La diplomatie du dollar permet également d'investir afin d'exploiter de nombreuses
02:29 ressources, créant un lien de dépendance financier avec les Etats-Unis pour de nombreux
02:34 petits Etats.
02:35 En 1901, le président Theodore Roosevelt énonce la doctrine du « Big Stick ». Il
02:40 s'agit de protéger les intérêts économiques des Etats-Unis sur le continent, et s'il
02:44 le faut, d'employer la force militaire pour y parvenir.
02:47 Malgré une volonté dans les années 30 de ne plus intervenir dans les affaires internes
02:53 des pays d'Amérique latine, concept nommé « politique de bon voisinage », l'anticommunisme
02:58 lié à la guerre froide relance le processus d'ingérence.
03:01 Afin d'empêcher ses pays voisins de basculer dans le communisme, les Etats-Unis entament
03:09 dès 1945 des négociations pour établir une défense commune sur le continent.
03:14 Le pacte de Rio de 1947, traité inter-américain d'assistance réciproque, établit qu'une
03:21 attaque sur un Etat américain est considérée comme une attaque sur tous les pays américains.
03:25 Évidemment, c'est ici l'URSS qui est visée.
03:28 Cette peur rouge mène à la doctrine de la sécurité nationale, qui justifie un coup
03:34 d'état militaire sur un gouvernement jugé trop socialiste, voire communiste, afin de
03:39 garantir la défense et la sécurité du pays.
03:42 C'est également par cet acte qu'est créée l'Agence Centrale de Renseignement
03:47 Américaine, plus connue sous le nom de CIA.
03:49 Cette doctrine intègre également l'idée d'une économie capitaliste, sécurité
03:54 et développement sont les maîtres mots.
03:56 A partir de 1951, des accords bilatéraux sont conclus entre les Etats-Unis et plusieurs
04:02 pays latino-américains.
04:03 Les USA forment des officiers militaires, fournissent armes et équipements, partagent
04:08 des informations confidentielles et envoient des conseillers sur place.
04:12 A Cuba, le renversement du régime de Batista, marionnette des américains, par les troupes
04:19 révolutionnaires de Fidel Castro, est un choc.
04:22 Castro se rapproche de l'URSS, autorisant même l'installation de missiles soviétiques
04:29 sur son territoire, provoquant la crise des missiles de 1962.
04:34 La peur de voir le communisme se répandre, d'autant que Che Guevara souhaite propager
04:39 la révolution dans toute l'Amérique latine, va justifier la mise en place d'états autoritaires,
04:44 avec la complicité bienveillante de Washington.
04:47 Chaque pays d'Amérique du Sud connaît des situations particulières, mais de 1964 à
04:54 1976, une lame de fond balaye le continent.
04:57 Des dictatures, justifiées par la lutte contre le communisme, s'installent dans de nombreux
05:02 pays.
05:03 Cela débute au Paraguay en 1954.
05:06 Dans une situation politique constamment en crise, neuf putschs entre 1935 et 1954, le
05:13 général Stroessner réussit à définitivement s'emparer du pouvoir.
05:16 Candidat unique à l'élection présidentielle, il se fait ensuite élire, grâce à des fraudes
05:21 électorales constantes, jusqu'en 1989.
05:24 L'état de siège devient permanent, et toute opposition est réprimée.
05:28 Au Brésil en 1964, le président Jaou Goulart, qui tente des réformes sociales dans un climat
05:35 inflationniste, est renversé par un putsch militaire, soutenu financièrement par la
05:40 CIA.
05:41 Le congrès est dissous, la constitution suspendue, un centre d'instruction important afin de
05:46 lutter contre les révolutionnaires dans la jungle est créé.
05:48 Des escadrons de la mort sillonnent le pays, et écrasent toute opposition.
05:53 En Bolivie, plusieurs dictatures militaires s'enchaînent depuis 1952.
05:59 Après avoir écrasé la guerrilla révolutionnaire menée par Che Guevara et assassiné le symbole
06:04 de la révolution cubaine, un président socialiste est élu en octobre 1970, Juan José Torres.
06:12 Général Hugo Bonser, soutenu par le régime militaire brésilien et les Etats-Unis, dirige
06:17 un coup d'état en août 1971.
06:20 Opposition muselée, répression féroce, recevant même les conseils spéciaux de l'ancien
06:25 nazi Klaus Barbie, réfugié en Bolivie, le pays devient un haut lieu du trafic de drogue.
06:30 L'Uruguay connaît une instabilité économique et politique chronique depuis les années
06:37 50.
06:38 Inflation et crise bancaire déstabilisent des gouvernements qui se succèdent sans résoudre
06:43 les difficultés.
06:44 En juin 1968, des mesures d'exception, qui vont devenir permanentes, sont promulguées.
06:50 Censure, détention sans inculpation, internement des syndicalistes.
06:55 La situation est très tendue entre groupes d'extrême droite, soutenus par la CIA, et
07:00 d'extrême gauche, dont le mouvement le plus connu est celui de Tupamaros, qui vont
07:04 enlever et exécuter un conseiller militaire américain venu dispenser l'art de la torture
07:10 aux forces armées uruguayennes.
07:12 En 1970, le Parlement vote l'état de guerre interne.
07:18 Un conflit entre le gouvernement et l'armée quant à la nomination du ministre de la défense
07:23 nationale conduit au putsch militaire de juin 1973.
07:27 La constitution est suspendue.
07:29 L'armée poursuit, torture et exécute toute opposition.
07:33 L'Argentine est en crise depuis 1955.
07:39 Les coups d'état militaires se succèdent, et même au sein des forces armées, les tensions
07:44 sont constantes entre généraux.
07:46 Cette longue période voit l'apparition de nombreux groupes armés d'extrême gauche
07:50 et d'extrême droite, qui s'entretuent.
07:52 Un climat de violence perpétuelle imprègne la société.
07:55 Des élections démocratiques ont lieu en 1973, qui voient le retour de Juan Perón,
08:02 premier président élu au suffrage universel en 1946, mais qui fut destitué par un coup
08:07 d'état en 1955.
08:08 Sa mort, en 1974, replonge le pays dans la crise.
08:13 Afin de mettre un terme au chaos, le 24 mars 1976, un putsch militaire mené par le général
08:19 Videla instaure une dictature.
08:21 Enfin, le Pérou bascule dans le même type de régime autoritaire en 1975.
08:31 Sans s'attarder sur les particularismes et les situations de chaque pays, toutes ces
08:38 dictatures ont des traits communs.
08:39 Arrivé au pouvoir avec le soutien discret mais bien réel des Etats-Unis, notamment
08:44 par une ingérence économique et politique visant à déstabiliser le système, ou bien
08:49 par le financement des armes et la formation de militaires à la répression, ces régimes
08:53 s'inscrivent tous dans la volonté d'éliminer toute subversion communiste, en employant
08:58 des techniques de guérilla, de torture et d'exécution.
09:01 Les libertés civiles et politiques sont abrogées, la censure instaurée, et un climat de guerre
09:08 permanent contre un ennemi intérieur relayé par la propagande.
09:11 Etudiants, syndicalistes et intellectuels sont les cibles de ces régimes.
09:16 Le cas du Chili, qui structure l'opération Condor, en est l'exemple type.
09:21 La situation économique du Chili n'est pas la plus catastrophique d'Amérique latine,
09:27 notamment grâce aux réformes du président Edouard Daufrey de 1964 à 1970.
09:32 Nationalisation des mines de cuivre, réformes agraires, création d'aides sociales en
09:38 cas d'accident du travail et construction de 130 000 logements permettent une croissance
09:43 de 4% malgré une inflation de 26%.
09:45 Sa politique modérée, mais qui tend vers la gauche, lui vaut le retrait du soutien
09:51 initial de Washington.
09:52 En 1968, les mouvements européens de Mai atteignent le Chili.
09:58 L'armée, qui se considère sous-payée et délaissée par le gouvernement devant
10:02 ce mouvement, tente un premier coup de force qui échoue en 1969.
10:06 Aux élections de septembre 1970, c'est un candidat charismatique qui est élu, Salvador
10:13 Allende.
10:14 Il vise la mise en place d'un état socialiste par le processus démocratique, le « chemin
10:18 chilien vers le socialisme » comme il le nomme.
10:21 Il est soutenu par le KGB financièrement, ce que les Etats-Unis ne peuvent ignorer.
10:25 A Washington, Richard Nixon ne décolère pas.
10:30 Il ne veut pas de ce fils de p*** d'Allende au Chili et souhaite lui botter le c**.
10:36 Avant même la nomination d'Allende en tant que président par le congrès chilien, les
10:41 Etats-Unis manœuvrent afin de convaincre l'armée de renverser Allende.
10:45 Mais le commandant en chef de l'armée, Rene Schneider, est profondément légaliste.
10:50 Un enlèvement est organisé afin de placer un militaire plus en phase avec la politique
10:55 de Washington.
10:56 Mais l'opération tourne mal.
10:58 Schneider reçoit trois balles et meurt de ses blessures.
11:01 Allende prend ses fonctions une semaine plus tard.
11:05 Il poursuit la politique de Frey et nationalise les secteurs clés.
11:09 Banques, cuivres, agroalimentaires ou télécommunications.
11:13 Augmente les salaires de 40 à 60%, rend les cantines scolaires gratuites, construit des
11:19 logements et bloque le prix de certains produits.
11:22 La première année est un succès.
11:24 L'inflation baisse, la croissance augmente.
11:27 L'euphorie est de courte durée.
11:29 Toutes ces mesures d'Aubaine provoquent une crise économique en 1972.
11:33 L'augmentation des dépenses publiques et la baisse des recettes fiscales font entrer
11:38 le pays dans la récession.
11:39 L'impression de billets provoque une inflation galopante.
11:42 La pénurie s'installe.
11:44 Aucun prêt n'est accordé par le FMI et la Banque Centrale.
11:48 Des mouvements sociaux apparaissent.
11:50 Les femmes chiliennes protestent contre les pénuries, lors des marches des casseroles
11:55 vides.
11:56 Surtout, un grand mouvement financé par la CIA, la grève d'octobre, débute avec un
12:01 arrêt de travail des camionneurs, vite rejoint par tous les mécontents.
12:04 Syndicats patronaux, professions indépendantes et partis d'opposition.
12:08 A cela s'ajoute le soutien des USA aux actions terroristes de groupes d'extrême droite,
12:13 mais également à l'opposition parlementaire pour faire chuter Allende de manière légale.
12:17 Le président fait entrer des militaires dans son gouvernement pour calmer la droite, et
12:22 forme un gouvernement de défense nationale en août 1973.
12:26 Les députés adoptent une résolution condamnant Allende, et en appellent à l'armée pour
12:31 le destituer.
12:32 Une grande manifestation de soutien au président réunit 800 000 personnes.
12:35 Allende souhaite alors organiser un plébiscite pour légitimer sa présidence.
12:41 Après la démission de Carlos Prats, ministre de la Défense et commandant en chef de l'armée
12:47 de la Chine, Allende le remplace au ministère par un autre légaliste, Orlando Letelier.
12:51 A la tête des forces armées, il nomme un général loyal, modéré, taiseux, et qui
12:57 a su dissimuler son anticommunisme, Augusto Pinochet.
13:01 Dans l'objectif de ramener la paix civile, un coup d'état est organisé par les dirigeants
13:06 militaires.
13:07 Prudent, Pinochet se rallie tardivement au putsch.
13:11 Le 11 septembre 1973 au matin, la marine prend le contrôle de Valparaiso.
13:16 Les lignes de communication sont coupées, les stations de radio et les chaînes de télévision
13:21 tombent aux mains des militaires.
13:22 Les antennes relais bombardées par l'aviation.
13:25 Allende est au palais présidentiel de la Moneda à Santiago.
13:30 La jeune formule ses demandes par communiqué.
13:32 Le président doit transférer ses pouvoirs aux militaires.
13:36 S'il ne le fait pas, la Moneda sera bombardée.
13:39 Grâce à la réparation express de l'antenne relais du palais, Allende réussit à communiquer
13:44 un dernier message d'adieu à ses concitoyens.
13:47 Son discours est coupé par les bombardements sur cette dernière phrase.
14:10 L'armée attaque le palais après le bombardement.
14:29 La Moneda est en flammes.
14:31 Salvatore Allende se tire deux balles dans la tête avec son fusil d'assaut AK-47.
14:36 A la découverte du corps, un message laconique est envoyé aux organisateurs du putsch.
14:41 Mission accomplie, Moneda prise, président mort.
14:45 Augusto Pinochet parvient à convaincre les putschistes qu'il est le plus à même
14:51 de diriger le pays, et réussit à écarter l'idée d'une présidence tournante.
14:54 A peine une semaine après le putsch, une immense campagne de désinformation est lancée
14:59 dans tout le pays.
15:00 Les putschistes auraient découvert l'existence d'un plan ourdi par Allende, visant à assassiner
15:05 les militaires, l'opposition et les journalistes du pays.
15:09 Monté de toutes pièces, ce faux complot, nommé Plan Z, va justifier la persécution
15:15 des marxistes.
15:16 Toutes les mesures dictatoriales que l'on retrouve dans les autres pays d'Amérique
15:19 du Sud sont décrétées, avec un peu plus de zèle.
15:22 Abolition de la constitution, fermeture du parlement, censure de la presse et de la télévision,
15:28 interdiction des partis politiques, couvre-feu et surtout loi martiale, qui permet des exécutions
15:34 sans procès.
15:35 Des lieux comme le stade national deviennent de véritables camps d'enfermement et de
15:40 torture.
15:41 Une caravane de la mort remonte le pays du sud au nord, et de ville en ville, élimine
15:47 dirigeants politiques et détenus de droits communs.
15:50 La violence institutionnalise à travers la DINA, la Direction Nationale du Renseignement,
15:56 une police secrète en réalité, qui se permet toutes les brutalités, sous couvert de la
16:01 recherche d'ennemis intérieurs.
16:02 La paranoïa s'installe dans le pays.
16:06 Comme dans les autres dictatures, l'exil devient la seule solution des opposants pour
16:10 échapper à l'appareil d'état.
16:12 Environ 4 millions de personnes fient leur pays.
16:15 Sauf que pour ces dictatures, la poursuite des opposants ne s'arrête pas aux frontières.
16:19 C'est une véritable croisade anticommuniste qu'entendent mener ces régimes, et sous
16:24 ce prétexte, en profiter pour éliminer les opposants politiques réfugiés hors d'Amérique
16:30 latine.
16:31 Les premières coopérations entre les services de renseignement des dictatures s'effectuent
16:36 de manière informelle au début des années 70, notamment par le partage d'informations
16:41 et l'échange de prisonniers.
16:42 Le champ opératoire de la DINA s'étend rapidement en dehors des frontières chiliennes.
16:48 Le 30 novembre 1974, l'ancien ministre de la Défense d'Allende, Carlos Prats, et
16:55 son épouse, sont tués dans l'explosion de leur voiture à Buenos Aires, où ils
16:59 s'étaient réfugiés.
17:00 En octobre 1975, l'ancien vice-président du Chili, Bernardo Leighton, reçoit plusieurs
17:09 balles tirées par des néo-fascistes italiens à Rome.
17:12 Il survit.
17:13 Derrière ces deux opérations, un américain, agent de la DINA, Michael Tonley.
17:20 Cette coopération préexistante des dictatures va être institutionnalisée sous l'impulsion
17:26 de Pinochet.
17:27 En novembre 1975, une réunion secrète se tient à Santiago.
17:32 Les chefs des différentes polices secrètes de la Bolivie, du Paraguay, du Brésil, de
17:37 l'Uruguay, du Chili et de l'Argentine s'entendent.
17:40 Les propositions sont formulées par Manuel Contreras, directeur de la DINA chilienne.
17:46 Un centre de coordination, inspiré d'Interpol, est créé.
17:50 Les opérations sont divisées en trois phases.
17:53 Première phase, centralisation des informations, échange de services entre les polices politiques,
17:59 possibilité d'effectuer les interrogatoires sur le lieu de l'arrestation, transfert de
18:03 prisonniers et formation des agents tortionnaires.
18:06 Deuxième phase, opération visant à attaquer, empêcher ou paralyser toute capacité d'action
18:14 de l'ennemi.
18:15 Il s'agit évidemment de l'enlèvement, de la séquestration ou de l'exécution
18:18 d'opposants.
18:19 A cela s'ajoutent les campagnes de désinformation ou de localisation des cibles.
18:23 Cette deuxième phase ne s'effectue que dans les pays participant à l'opération Condor.
18:29 Troisième phase, la plus secrète, opération de surveillance et d'assassinat hors de
18:34 l'Amérique latine.
18:35 Le nom de Condor est proposé par un colonel Uruguayen, en hommage aux pays qui accueillent
18:44 le siège de l'opération.
18:45 Le Condor étant un symbole national du Chili.
18:49 Les mouvements révolutionnaires anticapitalistes, socialistes ou marxistes qui existent sur
18:54 ces territoires, et qui ont même tenté de se fédérer au niveau continental, sont rapidement
18:59 annihilés.
19:00 Le RP argentin, ainsi que le mouvement de la gauche révolutionnaire, le Mir chilien
19:05 et les Tupamaros uruguayens sont les plus touchés.
19:08 119 cadavres du Mir sont retrouvés au Brésil et en Argentine.
19:12 Les dictatures lancent une grande campagne de désinformation, pour faire croire qu'il
19:16 s'agit d'un massacre lié à des oppositions internes au mouvement.
19:19 Les Montoneros argentins sont en pleine débâcle dès 1976.
19:23 A la fin de l'année, les dirigeants du parti communiste chilien, parti évidemment
19:28 clandestin, sont enlevés, torturés et assassinés.
19:31 Cette opération, "Col Conferencia", utilise une technique pratiquée par l'armée française
19:37 en Indochine et en Algérie pour faire disparaître les corps.
19:40 Les vols de la mort.
19:41 Les détenus, drogués, sont jetés depuis des avions ou hélicoptères dans l'océan.
19:46 Ces victimes disparues, nommées "Desaparecidos", sont très nombreuses en Argentine, estimées
19:53 entre 10 000 et 30 000.
19:55 Dans ce pays s'ajoute le vol d'enfants et de bébés, qui sont ensuite remis sous
19:59 de fausses identités à des sympathisants au régime.
20:02 La liste des arrestations, exécutions et disparitions est longue.
20:06 Il faut également rajouter une nouvelle cible, certains membres de l'église catholique,
20:12 jugés progressistes et subversifs.
20:14 Le plan "Banzer", du nom du président bolivien, vise à supprimer ses adeptes de
20:20 la libération des peuples opprimés.
20:21 Tous ces mouvements présents dans le cône sud sont rapidement éliminés lors de cette
20:25 phase 2.
20:26 L'opération "Condor" entre alors dans sa phase 3.
20:29 Les militaires se concentrent alors sur les personnalités politiques.
20:34 L'ex-président bolivien, Juan Roset Torres, disparaît en Argentine.
20:39 Le pouvoir évoque un auto-enlèvement.
20:41 Son corps criblé de balles est retrouvé quelques jours plus tard à 100 kilomètres
20:45 de Buenos Aires.
20:47 L'opération la plus spectaculaire a lieu dans la capitale des Etats-Unis.
20:51 Orlando Letelier, éphémère ministre de la Défense et de l'Intérieur sur Allende,
20:55 est l'un des principaux opposants politiques de Pinochet.
20:58 Il est assassiné dans un attentat à la voiture piégée, en plein cœur de Washington.
21:03 A la manœuvre, encore Michael Tonley.
21:06 Cette fois, les Etats-Unis ne peuvent tolérer une telle action sur leur sol.
21:10 Tonley est extradé en 1978, et voit sa peine réduite en échange d'informations.
21:16 Il accuse directement Pinochet d'être l'instigateur de l'attentat.
21:20 Les Etats-Unis demandent l'extradition de Manuel Contreras, chef de la DINA.
21:25 Sous pression, Pinochet l'écarte et remplace la DINA par le Centre National d'Information.
21:31 En 1978, le Pérou et l'Équateur se joignent à l'opération Condor.
21:37 Officiellement, la dernière opération a lieu au Pérou en 1980, avec l'enlèvement de
21:42 Montoneros Argentin par le terrifiant Bataillon 601, chargé des bases-œuvres au Brésil.
21:48 Le rôle joué par la CIA dans les dictatures sud-américaines et dans l'opération Condor
21:53 est assez ambigu et divise encore aujourd'hui les spécialistes.
21:56 Le soutien au régime passe tout d'abord par des aides financières à la mise en place
22:00 d'une économie capitaliste, comme au Chili, où les Chicago Boys, groupe d'économistes
22:05 chiliens favorables à l'économie libérale de Milton Friedman, mettent en application
22:09 les thèses du chantre du néolibéralisme.
22:12 A travers l'Agence des Etats-Unis pour le Développement International, et sous couvert
22:16 de développement économique, ce sont les services de police qui sont réellement accompagnés
22:21 et aidés financièrement dans leurs lâches besognes.
22:23 Henry Kissinger, l'influent conseiller à la Défense Nationale des Etats-Unis, est
22:29 bien au courant de l'opération Condor, condamne publiquement les violations des droits de
22:32 l'homme, mais fournit dans l'ombre des informations confidentielles aux dictatures.
22:36 Les Etats-Unis coopèrent concernant la phase 1 du plan, condamnent Mélèsphère sur la
22:42 phase 2, et n'acceptent pas la phase 3.
22:45 La France a également joué un rôle dans cette vague de répression, par l'intermédiaire
22:49 d'anciens agents de l'OAS, réfugiés en Argentine, qui ont apporté leur conseil
22:53 aux militaires.
22:54 Comme le dira Manuel Contreras, l'ancien chef de l'ADINA, c'est la direction de
22:58 la surveillance du territoire qui a le plus coopéré.
23:01 Après l'attentat sur le Tellier et l'élection de Jimmy Carter, les Etats-Unis retirent
23:06 leur soutien à l'opération.
23:08 Les membres de Condor se divisent.
23:10 Le Brésil se retire de la phase 3 en 1978, tandis que des tensions territoriales apparaissent
23:16 entre le Chili et l'Argentine.
23:19 Les années 80 marquent la fin progressive des régimes autoritaires.
23:23 Les militaires organisent des plébiscites afin de légitimer leur pouvoir.
23:27 Ces consultations, souvent perdues, les obligent à entamer une transition démocratique.
23:32 Tous les gouvernants responsables ont voté préalablement des lois d'amnistie afin
23:37 de se protéger d'éventuelles poursuites.
23:39 Les nouveaux gouvernements lancent des commissions sur ces années de terreur.
23:43 La découverte des archives de la police secrète paraguayenne en 1992 permet l'ouverture
23:48 d'enquêtes afin de condamner certains dirigeants ayant ordonné les assassinats.
23:52 En Argentine, une soixantaine de personnes sont condamnées, à des peines allant jusqu'à
23:57 25 ans de prison.
23:58 Manuel Contreras est jugé par Contumas en Italie pour la tentative d'assassinat sur
24:04 Bernardo Leighton, ainsi qu'en France pour la disparition de franco-chiliens.
24:08 Il est condamné au Chili pour sa participation à l'assassinat de Lutelier, ainsi que pour
24:13 de nombreuses disparitions d'opposants, notamment des membres du MIR.
24:16 Il accuse Pinochet, ainsi que la CIA, d'être derrière toutes ces opérations.
24:20 Pinochet est arrêté en 1998 à Londres, à la suite d'un mandat d'arrêt international
24:27 émis par deux juges espagnols pour génocide, torture, terrorisme international et enlèvement.
24:32 Il sera finalement mis en examen pour fraude fiscale, mais sa mort en 2006 clôt les procédures.
24:38 Au final, peu de personnes sont condamnées pour l'opération Condor.
24:42 Michael Tonley, le principal exécutant, condamné à 10 ans de prison pour l'assassinat d'Orlando
24:48 Lutelier, vit en liberté aux Etats-Unis, sous le programme fédéral de protection
24:52 des témoins, pour toutes les informations qu'il a transmises sur l'opération Condor.
24:57 Cette coopération internationale inédite entre différents régimes militaires d'un
25:01 même continent n'a pas d'équivalent.
25:03 La peur rouge, celle de voir le communisme s'imposer en Amérique du Sud, est à la
25:08 base de ce système, qui a vu les Etats-Unis placer des dictatures au pouvoir et soutenir
25:13 une organisation terroriste inter-étatique, qui en a profité pour éliminer tous les
25:17 opposants, même légalistes et non-communistes.
25:20 Dans son jargon, la CIA utilise le terme de « blow-back » pour désigner les conséquences
25:27 imprévues de manœuvres secrètes.
25:28 L'opération Condor en est l'exemple parfait.
25:32 Voilà, j'espère que cette vidéo vous a plu.
25:39 Évidemment, n'hésitez pas à partager et à mettre un pouce vers le haut si c'est
25:43 le cas.
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25:48 par l'artiste Manon Potier du studio DTDA en vous rendant sur la page Tipeee de la chaîne.
25:53 Un grand merci pour votre soutien, et à bientôt pour un nouvel épisode !
25:58 Ciao !