• il y a 10 mois
Spéciale recommandation : regardez ou écoutez cet épisode de préférence le soir, seul dans votre lit, juste avant de vous endormir. Je vous jure, vous me remercierez à la fin. Ou pas du tout, puisqu’aujourd’hui on traite une question simple : un individu reste-t-il conscient après avoir été décapité, et si oui combien de temps ? Évidemment, je ne vais pas me transformer en docteur, même le temps d’un épisode ! Mais en Histoire, surtout française, c’est une question qui a du sens ! Après tout, lors de la Révolution française, la guillotine était présentée comme une forme d’exécution plus humaine et moins douloureuse que les autres. Mais est-ce que c’était vrai ?

Écriture : Benjamin Brillaud, Jean de Boisséson et Samuel Brémont

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Montage : Dead Will / Wilfried Kaiser https://www.youtube.com/c/DEADWILL
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Transcription
00:00 Mes chers camarades, bien le bonjour ! Spéciale recommandation, je préviens tout de suite,
00:05 regardez ou écoutez cet épisode de préférence le soir, seul dans votre lit, juste avant
00:09 de vous endormir. Je vous jure, vous me remercierez à la fin. Ou pas du tout, puisqu'aujourd'hui
00:14 on va traiter une question simple, un individu reste-t-il conscient après avoir été décapité
00:20 ? Et si oui, combien de temps ?
00:22 Évidemment, je ne vais pas me transformer en docteur même le temps d'un épisode,
00:26 mais en histoire, surtout française, c'est une question qui a du sens, parce qu'après
00:30 tout, lors de la révolution française, la guillotine était présentée comme une forme
00:34 d'exécution plus humaine et moins douloureuse que les autres. Mais est-ce que c'est vrai
00:38 ?
00:39 Par le passé, il y avait plusieurs façons d'exécuter un condamné. En effet, la mise
00:43 à mort peut être une forme de torture qui s'achève par le décès. Car il ne faut
00:47 pas seulement que le condamné meurt, ça serait trop facile que la société se débarrasse
00:51 simplement de lui. Il faut aussi qu'il expie son crime par la douleur. Ça fonctionne avec
00:57 le bûcher, mais aussi l'écartèlement et la roue. La personne étouffe dans la fumée,
01:02 ou bien ses membres sont déchirés, ou encore ils sont brisés à coup de barres de fer,
01:07 puis seulement on le laisse mourir.
01:09 Et ce type de mort par torture est encore pratiqué de nos jours. Après tout, la peine
01:13 de mort est encore en vigueur dans 53 pays. Aux Etats-Unis, on gaze et on électrocute,
01:19 ce qui n'est pas un douleur. Avec l'exécution par balle, la pendaison reste aussi une méthode
01:24 largement acceptée, par exemple en Inde, au Botswana, au Cameroun, Gambie, les Autos,
01:31 Congo, etc. Le Soudan a recours à l'étranglement et la Somalie, l'Afghanistan, l'Arabie
01:37 Saoudite et les Émirats Arabes Unis à la lapidation. Etc. Vous avez compris l'idée,
01:43 il n'y a pas une seule géographie, ni une seule époque qui pratique la peine de mort.
01:48 Et d'ailleurs, même quand on remonte à notre Moyen-Âge, il y avait bien des pratiques
01:51 de torture, mais aussi des morts propres, où on cherchait seulement à tuer, sans faire
01:56 souffrir. C'est le cas par exemple avec la décapitation, où on tranche la tête instantanément
02:02 ou encore avec la pendaison. Oui, elle peut se faire par étranglement, à des fins de
02:07 torture, mais si on ne se rate pas, avec une longueur de corde et une hauteur de chute
02:11 suffisante, la personne est pendue haut et court.
02:14 Sa nuque se brise sur le coup. Mais bon, même avec la décapitation et la pendaison perçues
02:20 comme des moyens propres de mourir, il y a des limites.
02:23 Pour commencer, la pendaison est une mise à mort dégradante. Le cadavre est exposé
02:27 parfois longtemps afin de servir de leçon. Il peut se décomposer à la vue de tous,
02:33 pendant des jours, des semaines, voire des mois. En plus, on peut très bien se rater,
02:38 avec un mourant qui se balance au bout d'une corde, parfois animé de spasme réflexe.
02:43 Et c'est pareil pour la décapitation, c'est plus noble, le corps n'est pas présenté
02:48 de façon humiliante, mais là encore, des ratés sont possibles.
02:52 A l'arme blanche, comme une hache ou une épée, la décapitation peut être très
02:56 sale, longue et atrocement douloureuse. On parle quand même de tailler dans un corps
03:01 de chair crue, tout en os, muscles et tendons, à l'aide d'une arme lourde, parfois pas
03:07 très maniable, et dont le fil s'use avec les utilisations. Sans compter que la cible
03:11 peut bouger, se débattre, hurler, essayer pour voir, c'est pas facile !
03:17 Sur les conseils de mon avocat, je vous précise que je retire la phrase "essayer pour voir".
03:22 N'empêche, si la plupart du temps, le bourreau est un pro et que tout se passe bien, on a
03:28 quand même des ratés assez célèbres. Pour Marie Stewart, reine d'Ecosse mise à
03:32 mort en 1587, le bourreau était manifestement ivre. Il a fallu trois coups de hache pour
03:38 décoller la tête, et quand il a voulu la présenter à la foule, il l'a prise par
03:43 la perruque. La tête a donc roulé au sol. C'est direct dans le bêtisier !
03:48 En 1685, c'est au tour de James Scott, duc de Monmouth, de perdre la tête. Le premier
03:54 coup le blesse, et le duc, furieux, qui pisse le sang, se redresse et jette un regard noir,
04:00 droit dans les yeux du bourreau. Ce dernier frappe encore deux fois, est dégoûté, et
04:05 le shérif doit l'engueuler pour qu'il accepte finalement de redonner un, puis deux
04:09 coups pour finalement finir par détacher la tête au couteau.
04:13 Idem en 1766, en France cette fois, avec Thomas de Lally-Tolandal, qui a la tête tranchée
04:19 à l'épée sur la place de la grève, à Paris. Cette fois, le jeune bourreau se loupe
04:24 tellement qu'il passe à côté du coup, cassant la mâchoire et plusieurs dents de
04:28 la victime. Il le retente, mais c'est un tel désastre que son père, bourreau lui-même,
04:34 doit finir le boulot au couteau.
04:35 Et faut pas croire que la foule adore ce genre de spectacle. D'ailleurs, toutes ces erreurs
04:40 font assez scandale. On attend du bourreau que ce soit un exécuteur d'excellence.
04:44 Les plus riches condamnés le payent pour qu'il affûte bien sa lame, parce qu'ils
04:49 veulent partir avec dignité. Certains petits malins ont même l'idée de concevoir des
04:53 machines à tuer.
04:54 Ces tranches-têtes sont en usage dès le Moyen-Âge, donc bien avant la guillotine.
04:59 Il y a par exemple la dielle allemande. Le condamné pose sa tête sur le billot et en
05:04 positionne une grosse lame plate, tenue des deux côtés par des montants rémunérés.
05:08 Le tranchant est tout contre sa nuque, le bourreau ne peut donc pas se rater, il n'y
05:13 a plus qu'à frapper la lame avec une grosse masse.
05:16 En Angleterre, le gibet d'Halifax, construit par le seigneur local, a fonctionné de 1541
05:22 à 1685 pour une cinquantaine d'exécutions. C'est le même principe qu'une grande
05:28 lame dans deux montants, sauf qu'ils font 4m50 de haut et on compte sur la gravité
05:33 pour faire le travail.
05:34 En Ecosse, Mary Stewart institue en 1564 l'usage de machines qu'on appelle les "maidens",
05:41 les pucelles ou les "demoiselles". La pucelle d'Edimbourg, par exemple, a coupé
05:45 quelques 150 têtes.
05:47 Et là, on se rapproche franchement de la guillotine. Tout le quadrillet, le bourreau
05:51 n'a qu'à tirer sur une corde pour que la lame, lestée de 35 kg, tombe lourdement
05:57 en portant la tête au passage. Petite astuce, si le condamné est un voleur de chevaux,
06:01 ça n'est pas le bourreau qui tire la corde, mais un cheval !
06:04 Et enfin, l'Italie du XVIe siècle a sa célèbre manaia, qui a exactement le même
06:10 principe, sauf que la lame a la forme d'un douloir, qui est une gigantesque hache recourbée.
06:15 Cet usage s'est répandu un peu partout, puisqu'on retrouve l'équivalent d'une
06:19 manaia à Toulouse en 1632.
06:22 Au XVIIIe siècle, l'abbé Jean-Baptiste Labat, voyageant en Italie, trouve que c'est
06:28 un progrès, car ainsi le condamné n'a pas à attendre ni souffrir et l'erreur
06:32 humaine du bourreau est évacuée. On a rationalisé la mise à mort.
06:37 Donc vous pouvez un peu oublier le cliché des lumières qui sont à l'origine de
06:41 la guillotine. En fait, ça faisait déjà bien longtemps qu'on cherchait à appliquer
06:45 les peines de mort, mais sans faire souffrir.
06:47 N'empêche que la Révolution française reste une période assez clé pour la guillotine.
06:51 Le 1er décembre 1789, le député du Tiers-Etat Joseph-Ignace Guillotin demande à ce que
06:57 l'on change le code pénal. Les privilèges doivent être abolis dans la vie comme dans
07:02 la mort. Fini les pendaisons, les décapitations, les haches ou les épées. Tout condamné
07:08 aura le droit à un mode d'exécution identique.
07:11 Le 23 mai 1791, le député de la noblesse Louis-Michel Le Pelletier de Saint-Fargeau
07:16 abonde. Fini les tortures, désormais la peine de mort doit être une simple privation de
07:21 vie, ni plus ni moins. En fait, il propose même d'abolir complètement la peine de
07:26 mort, avec le soutien de Robespierre, mais ça, ça ne passe pas du tout.
07:31 Finalement, le nouveau code pénal reste assez sobre. Tout condamné à mort aura la tête
07:36 tranchée. Point.
07:37 Oui mais comment ? On a bien vu tous les risques de ratage. Tête tranchée, ça peut être
07:42 rapide ou atroce. Pour que les citoyens restent égaux, il faut une exécution à la fois
07:48 immanquable et immédiate.
07:49 Guillotin suggère une décapitation par une machine simple, en s'inspirant des pucelles
07:54 écossaises. Avec le docteur Antoine Louis, ils optent pour un mécanisme qui remplacerait
07:59 toute intervention humaine. C'est pourquoi les premières guillotines sont appelées des
08:04 Louisettes.
08:05 Le fabricant de clavecin allemand Tobias Schmitt se charge de construire un prototype avec
08:09 l'aide du bourreau Charles-Henri Samson. Plutôt que la courbe d'une hache, ils choisissent
08:14 une lame taillée en biseau. Au final, on ne coupe pas vraiment la tête par le haut,
08:18 on la tranche plutôt par le côté, mais de façon très rapide. C'est bien plus efficace
08:23 et la légende raconte que Louis XVI a salué l'ingéniosité de ce prototype.
08:27 Modèle de rapidité, de facilité et surtout d'égalité des citoyens face à la mort,
08:33 la machine est adoptée en 1792. Elle a alors plusieurs surnoms, la Louisette, mais aussi
08:39 la Veuve, le rasoir national et une fois le roi capétien décapité, on l'appelle parfois
08:45 la cravate à capet.
08:46 Mais finalement, à cause des chansonniers, c'est le terme guillotine qui va rester.
08:50 Allez savoir pourquoi. En tout cas, elle est utilisée pour la première fois le 25 avril
08:54 1792. Sa première victime s'appelle Nicolas-Jacques Pelletier, c'est un truand récidiviste
09:01 qui lors d'un vol à l'arraché a poignardé un innocent dans la rue en plein jour.
09:05 On organise minutieusement son exécution et sur la place de grève, une foule considérable
09:10 s'amasse, curieuse. On va enfin voir marcher la petite Louisette.
09:16 Et là, c'est une catastrophe, car l'impensable a lieu.
09:21 L'impensable, c'est que tout se passe comme prévu. Tout a eu lieu en un instant,
09:25 sans un bruit, la tête tombe. Enorme déception dans la foule. En fait, les mises à mort
09:30 c'est devenu hyper ringard, circuler, rien à voir.
09:33 La foule râle et chante son mécontentement. Et elle ne sait pas encore qu'elle va arriver
09:37 à saturation très bientôt. En effet, du printemps 1793 à l'été 1794, éclate
09:45 la terreur. On en parle dans le double épisode sur la Révolution française que vous pouvez
09:49 aller voir sur la chaîne.
09:50 Il suffit de savoir que durant ces quelques mois, des milliers de guillotinées vont se
09:55 succéder. Le chiffre dépasse sans doute les 10 000 victimes, mais nombre d'historiens
10:00 pensent que le chiffre exact est pour ainsi dire impossible à déterminer.
10:03 C'est un peu le paradoxe de la guillotine. Avec un moyen soi-disant plus humain de tuer,
10:08 on finit en fait par basculer dans la monstruosité. Puisque la mort semble indolore, puisqu'elle
10:14 passe si rapidement, les gens n'impriment pas vraiment ce qui se passe. Avec le progrès
10:19 de la guillotine, le juge ne craint pas de condamner à mort. Si on en était resté
10:22 à des machines plus anciennes et défaillantes, peut-être que la foule aurait fini par se
10:27 rebeller contre tant de sang et d'horreur. Et les magistrats se seraient montrés peut-être
10:33 plus modérés.
10:34 Et on en arrive enfin à notre question, la guillotine, c'est rapide, mais est-ce
10:38 que pour autant c'est sans douleur ? Est-ce que la mort est immédiate ou est-ce qu'il
10:42 est possible de rester conscient quelques instants après avoir perdu la tête ?
10:45 En fait, ce débat débute dès 1795. Dans le journal Le Monitor, le médecin allemand
10:51 Samuel Sommering dénonce l'atrocité de la guillotine. Selon lui, le supplicier reste
10:57 sans doute conscient après le passage de la lame. En effet, le cerveau n'est-il pas
11:01 le siège de la perception et de la conscience ? Il doit survivre sans doute quelques instants
11:05 après la coupure.
11:06 Le guillotiné ressent donc la douleur, mais en plus, il a conscience que sa tête est
11:11 détachée et qu'il est en train de mourir. Imaginez qu'ensuite on vous prenne par les
11:15 cheveux et que votre dernière vision soit celle de la foule qui vous regarde, vous,
11:20 sans votre corps… ça fait un peu peur.
11:22 Sommering cite des exemples de têtes qui auraient réagi à leur environnement. Sur
11:27 un échantillon de plusieurs milliers de cas, on a en effet pu en voir certaines cligner
11:31 des yeux, changer d'expression, voire remuer les lèvres comme pour parler. L'exemple
11:36 le plus célèbre reste celui de Charlotte Corday, condamnée en 1793 pour avoir tué
11:41 Marat. Après son exécution, un fanatique se précipite, saisit la tête et la gifle.
11:47 Plusieurs témoins constatent alors que ses joues rougissent. De honte peut-être ? En
11:52 tout cas, les gens de l'époque en sont convaincus.
11:54 Il y a même un homme qui décide de faire l'expérience. Ouais, carrément. Il s'agit
12:00 d'Antoine Lavoisier, le célèbre chimiste exécuté en 1794. Sachant qu'il est condamné,
12:06 il reste scientifique jusqu'au bout. Pourquoi ne pas profiter de sa mort pour faire progresser
12:11 la connaissance humaine ? Il promet donc de cligner des yeux quand on lui aura coupé
12:15 la tête. Son assistant observe et prend note scrupuleusement. Pendant 15 secondes après
12:21 son décollement, la tête de Lavoisier n'a pas cessé de battre des paupières.
12:26 Évidemment, tous ces exemples renforcent la théorie de la décapitation lucide. A
12:30 gauche comme à droite, on commence à se demander si la guillotine est si humaine que
12:34 ça en fin de compte.
12:35 Sommering craque un peu, n'hésitant pas à affirmer que la tête pourrait rester en
12:38 vie jusqu'à 15 minutes après le coup de lame. Il condamne alors la France, qu'ils
12:43 somment de revenir à des pratiques moins barbares et qui ont fait leur preuve, comme
12:47 la pendaison.
12:48 L'écriteur Jean-Joseph Su le soutient dans ses conclusions. Pour ça, il réalise
12:53 de nombreuses expériences sur des animaux et constate des mouvements sur leur tête
12:57 tranchée. Il en conclut que la tête souffre atrocement, peu importe la durée. Mais d'autres
13:02 médecins répondent, comme George Watkin.
13:05 La décapitation entraîne à la fois la compression du cerveau et une grande hémorragie. Or,
13:11 ces deux facteurs font automatiquement perdre connaissance. Donc les convulsions du visage
13:16 ne prouveraient rien. Ce sont des réactions mécaniques que les témoins ont exagérées
13:21 et interprétées comme des grimaces.
13:22 Le docteur Le Pelletier, un médecin qui a justement son bureau sur la place de grève,
13:27 ajoute que la décapitation coupe d'un coup l'alimentation sanguine, la respiration
13:32 et la circulation nerveuse, et ne peut donc que provoquer une mort instantanée.
13:36 Ah oui, petite précision, tout le débat scientifique de ces grands messieurs n'a
13:41 rien à voir avec leurs opinions personnelles. Certains docteurs soutiennent mordicus que
13:46 la guillotine est un dolor, tout en s'exprimant contre la peine de mort en général.
13:50 C'est le cas assez original du docteur Gastelier. Condamné à mort, il attend son exécution
13:56 et passe le temps en écrivant des articles pour réfuter Summering et réaffirmer que
14:01 la guillotine, c'est drôlement bien pensé quand même. Coup de bol pour lui, la chute
14:05 de Robespierre annule son exécution et il s'en sort indemne.
14:08 Quant au physiologiste Pierre-Jean-Georges Cabanis, il rappelle que le coup du lapin
14:13 entraîne déjà une perte de conscience immédiate, alors une décapitation, pensez-vous, mais
14:18 ça ne l'empêche pas de réclamer l'abolition de la peine de mort et de la guillotine avec
14:22 elle.
14:23 Et ce débat va se prolonger tout au long du 19e siècle. En fait, la plupart des scientifiques
14:28 se rangent à l'idée d'une mort immédiate. Mais régulièrement, tel ou tel nouveau témoignage
14:33 vient semer le doute.
14:34 Le pire témoignage est sans doute celui du docteur Bourrieux. Le 28 juin 1905, à Orléans,
14:40 il assiste à l'exécution d'Henri Languille. Vite, il prend sa tête et pendant 5 à 6
14:46 secondes, il observe des mouvements de lèvres et de paupières. Puis, il prononce le nom
14:51 du supplicié et aussitôt, ce dernier ouvre les paupières d'un mouvement bien régulier
14:56 et symétrique qui n'a rien d'un spasme. Mieux, ses yeux se tournent vers lui et le
15:02 fixent d'une façon lucide et intelligente. Les pupilles se focalisent même, c'est-à-dire
15:08 qu'elles se rétrécissent pour mieux le dévisager. Tout ce petit manège dure près
15:12 de 30 secondes jusqu'à ce qu'enfin Languille prenne un oeil de poisson mort.
15:16 Mais retournement de situation en 1939, quand le Journal of American Medical Association
15:23 cite d'autres témoins présents ce jour-là. Ils indiquent plutôt des mouvements moins
15:27 significatifs et qui ne dépassent pas les 10 secondes. Bourrieux s'est peut-être
15:32 un peu fait mousser.
15:33 Et aujourd'hui alors ? Entre le choc, l'hémorragie et la perte d'oxygénation, on estime que
15:39 la mort est très rapide, voire instantanée. Pour le corps, il faut compter jusqu'à
15:44 une minute avant l'arrêt complet du cœur, et il y a également des mouvements mécaniques.
15:48 Pour la tête, elle peut disposer de suffisamment d'oxygène pour rester en vie jusqu'à
15:53 7 secondes, grand maximum. Alors en vie oui, mais consciente, c'est plus dur à dire.
16:00 Privé d'oxygène, le cortex moteur et sensoriel s'éteint en premier. On aurait alors une
16:05 sensation d'incorporalité, de flotter hors de son corps. Les gens qui disent avoir vécu
16:11 une EMI, une expérience de mort éminente, rapportent souvent ce phénomène. Puis le
16:16 cerveau s'éteint, un compartiment après l'autre. Le tout dernier à survivre est
16:21 sans doute le cortex mémoriel, ce qui pourrait donner l'impression de revoir sa vie défiler.
16:25 Encore une fois, ça colle avec les récits d'EMI.
16:28 Sauf qu'on n'est pas dans une EMI tranquille à l'hôpital. Avec le traumatisme insupportable
16:33 de la décapitation, logiquement, toute forme de conscience disparaît quasi immédiatement.
16:38 La nuque sectionnée, si le cerveau fonctionne quelques secondes, c'est dans un état qui
16:44 s'apparente à un coma sans inconscience. Alors bien sûr, on manque de témoins décapités
16:48 revenus pour nous en parler. Toute science à ses limites, et forcément l'histoire
16:53 aussi.
16:54 Bonsoir à tous les fans de zombies, j'espère que cet épisode vous a quand même plu. Pour
16:59 ça on peut remercier Samuel Bremond qui écrit sur plein de sujets aussi bizarres que géniaux,
17:04 avec le reste de l'équipe de En Marge. Je vous mets le lien en description de ce blog,
17:09 franchement allez faire un petit tour, c'est génial ! On se retrouve très bientôt pour
17:12 de nouvelles histoires, grandes ou petites, rigolotes ou macabres. A plus !

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