MS21 UA 2023 1.1 Comment s'affranchir de l'UE ? J Nikonoff, A Bernier, D Cayla, G Kuzmanovic

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00:00 [Musique]
00:18 Il y a un aspect structurel, il y a un aspect conjoncturel
00:22 dans la destruction du modèle social européen par le système de l'Union Européenne.
00:29 De chaque modèle social dans tous les pays membres du système de l'Union Européenne.
00:36 C'est pour ça que j'utilise le terme d'abord de démarche structurelle.
00:42 En quoi il y a une structure du système de l'Union Européenne
00:50 pour détruire les systèmes sociaux dans chacun des pays membres,
00:54 là où il y a des systèmes sociaux.
00:57 C'est à dire essentiellement les pays de l'Ouest qui à la fin de la Seconde Guerre mondiale
01:05 ont mis en place des politiques favorables à l'intérêt des populations.
01:12 L'aspect structurel c'est pour réduire le champ
01:20 des politiques qui sont développées dans les pays membres,
01:28 notamment le traité de Lisbonne,
01:31 et qui crée des obligations pour les pays membres,
01:36 et notamment les compétences exclusives.
01:39 Je crois qu'on peut considérer que la notion de compétence exclusive
01:45 qui est développée dans le traité de Lisbonne
01:49 a pour objectif entre autres d'éliminer les systèmes sociaux favorables aux populations.
01:57 En quoi les compétences exclusives ou certaines banques raides contribuent à cet objectif ?
02:03 D'abord il y a l'objectif monétaire,
02:07 c'est à dire la suppression de la souveraineté monétaire
02:11 pour les pays membres de l'Union Européenne,
02:14 particulièrement pour les pays membres de la zone euro.
02:17 Parce que dans une politique économique,
02:20 ne pas utiliser l'instrument monétaire provoque une situation
02:28 qui ne permet pas d'avancer sur le plan social.
02:31 Ça empêche un certain nombre de politiques
02:35 et l'utilisation de la monnaie pour le développement économique et social.
02:41 Ça c'est un premier point.
02:43 Il y a ensuite dans les compétences exclusives
02:46 le fait que les questions de commerce international et de commerce interne
02:52 relèvent de l'Union Européenne, du système de l'Union Européenne
02:56 et non pas des pays membres.
02:59 Dès lors on ne peut pas intervenir de façon efficace sur le développement économique
03:06 puisque par principe toute politique économique est contradictoire
03:11 avec la concurrence soi-disant libre et parfaite.
03:16 Et donc on ne peut pas agir pour réindustrialiser efficacement,
03:23 on ne peut pas et on ne veut pas agir pour empêcher les délocalisations,
03:29 on ne peut pas et on ne veut pas agir pour la souveraineté alimentaire,
03:35 industrielle, numérique, tout ça est du bavardage
03:39 puisque dans les traités la souveraineté en la matière appartient à l'Union Européenne.
03:46 Et puis on pourrait également continuer sur le plan agricole, c'est un peu la même chose.
03:53 Donc je dirais qu'il y a sur un plan structurel
03:58 une orientation visant à démolir les systèmes sociaux des pays européens.
04:08 Je peux terminer sur la question des retraites parce qu'elle est assez emblématique,
04:13 elle est à l'ordre du jour.
04:15 La question des retraites fait l'objet de travaux anciens
04:22 dès le début des années 90 au sein de la Banque mondiale,
04:28 du Fonds monétaire international, de l'OCDE,
04:31 travaux qui ont été repris par l'Union Européenne.
04:35 Le schéma est le même depuis cette période.
04:40 On peut le résumer à une philosophie politique
04:44 qui consiste à organiser l'insécurité.
04:48 C'est écrit noir sur blanc.
04:50 L'objectif de créer l'insécurité pour la classe dominante
04:55 en affaiblissant les régimes sociaux
04:58 vise à ce que les populations soient mises dans une situation précaire permanente.
05:05 C'est-à-dire être à l'affût de ressources,
05:11 être sans perspective
05:15 et donc démobiliser, démoraliser les populations.
05:19 Tout ceci se fait par exemple dans les politiques des assurances chômage,
05:26 dans les politiques de santé,
05:29 dans les politiques des retraites et d'allocations familiales.
05:33 C'est un ensemble systémique dont l'objectif est d'organiser l'insécurité.
05:39 Comment organisons-nous l'insécurité ?
05:42 On organise l'insécurité en affaiblissant les ressources
05:47 qui sont accordées aux populations, les allocations,
05:51 et en matière de retraite plus spécifiquement,
05:54 en avançant progressivement vers la capitalisation.
05:59 Parce que la capitalisation présente pour la classe dominante un certain nombre d'avantages.
06:05 On n'en parle pas en France, on en parle, on en parle un peu plus,
06:09 là dans les dernières semaines,
06:12 mais c'est vrai que les tentatives lancées par Rocart et Strauss-Kahn par exemple
06:19 n'ont pas fonctionné.
06:22 La tentative de mettre en place des fonds de pension en France a été brisée
06:27 et on n'en a plus parlé pendant un certain temps.
06:30 D'ailleurs on ne parle plus de fonds de pension, on parle de capitalisation,
06:34 parce que la capitalisation est l'objectif de tous ces travaux
06:39 des instances internationales reprises par l'Union Européenne
06:42 et reprises par la France au travers des grandes orientations politiques et globales.
06:47 Et donc la capitalisation permet à la fois d'alimenter les entreprises en capital
06:54 par les cotisations retraites gérées en capitalisation
07:00 et font transférer le risque des entreprises vers les populations.
07:11 Quand vous avez un système de retraite qui est fondé sur des prestations définies,
07:18 vous savez, vous connaissez votre montant de retraite,
07:21 quelle que soit la situation économique,
07:23 et bien c'est un facteur qui n'est pas favorable,
07:26 il y a trop de sécurité dans cette affaire-là.
07:28 Et donc comment crée-t-on de l'insécurité ?
07:30 On crée de l'insécurité en transformant les pensions à prestations définies
07:38 en prestations à cotisations définies.
07:41 C'est-à-dire qu'on connaît le montant de la cotisation,
07:44 mais on ne connaît plus le montant de la prestation
07:47 parce que la cotisation est allée sur les marchés financiers.
07:51 Donc en fonction de l'évolution des marchés financiers,
07:54 vous aurez plus ou moins de prestations.
07:57 C'est ce qui est en train de se passer en France,
08:00 non pas sous la forme de fonds de pension collectifs,
08:04 pour l'instant ça a été cassé,
08:06 on a empêché par la nuit cette évolution,
08:09 mais par des systèmes, par capitalisation individuelle.
08:13 Les PER, ce genre de produits d'État assurantiel
08:19 qui correspondent exactement à ça.
08:21 D'ailleurs quand vous interrogez les jeunes,
08:23 beaucoup vont vous dire "ben oui,
08:26 avec la situation j'aurai pas de retraite,
08:28 donc j'épargne dans des systèmes par capitalisation".
08:35 On est, et quand on regarde les statistiques, ça monte.
08:39 Le montant des actifs dans ces systèmes par capitalisation
08:43 monte tranquillement.
08:45 La question c'est que dans les analyses
08:49 qui sont faites sur la question des retraites,
08:51 ces questions ne sont pas abordées de front, insuffisamment.
08:55 Il faut poser le problème en termes d'organisation de la sécurité,
08:59 en termes de capitalisation, avec les schémas,
09:03 je ne rentre pas dans le détail,
09:05 il y a trois étages dans le schéma du FMI, du CDE,
09:09 appliqués par l'Union Européenne et les différents pays.
09:12 Il n'y a rien de nouveau.
09:13 Donc ce que fait la France,
09:15 elle le fait sous l'influxion de l'Union Européenne.
09:17 Donc ça c'est la question structurelle.
09:19 La question conjoncturelle,
09:21 c'est le fait que l'occasion fait le larme,
09:24 et dès que l'Union Européenne peut affaiblir
09:29 les systèmes de protection sociale,
09:32 elle le fait,
09:33 et elle a pensé qu'il y avait une opportunité
09:36 dans la période actuelle,
09:39 pour mettre un coin dans la situation française.
09:43 Macron lui-même le dit d'ailleurs,
09:45 il dit que la question des retraites,
09:47 c'est parce qu'on a besoin de respecter
09:51 les normes européennes en matière de déficit budgétaire.
09:55 Ce n'est pas un déficit public,
09:58 c'est un déficit budgétaire.
10:00 Donc je pense que le lien avec les politiques européennes
10:05 d'un point de vue structurel et d'un point de vue conjoncturel
10:08 sont tout à fait détails.
10:10 Merci.
10:11 Journaliste et auteur d'un certain nombre de livres
10:21 sur différents sujets,
10:24 et il y a douze ans, quasiment jour pour jour,
10:28 à une époque où on était un certain nombre
10:30 à faire partie du MPEP,
10:33 Mouvement politique d'éducation populaire,
10:36 on avait sorti un bouquin
10:38 qui s'appelle "Désobéissons à l'Union européenne".
10:41 Donc vraiment, c'était au mois de mars,
10:44 il y a douze ans.
10:46 Qu'est-ce que j'écrivais dans ce livre ?
10:52 Que, bon effectivement, il y avait un problème structurel
10:56 au niveau de l'Union européenne,
10:58 mais ça, c'est pas tout à fait nouveau.
11:00 Mais qu'il y avait un outil particulier
11:04 qui était utilisé par l'Union européenne
11:07 et qui posait un certain nombre de questions politiques
11:10 à laquelle personne n'essayait de répondre.
11:14 Et cet outil, c'est le droit.
11:17 C'est-à-dire que la construction européenne
11:20 produit un droit
11:23 qui est véritablement un droit supranational
11:26 qui s'impose aux États.
11:28 Alors, c'était pas quelque chose d'évident.
11:33 Et quand on remonte un petit peu
11:36 dans l'histoire de la construction européenne,
11:39 sur le volet juridique,
11:42 on a eu, pendant plusieurs années,
11:45 au moment de l'élaboration de la CK
11:48 et puis l'entrée en vigueur de la CK en particulier,
11:51 et même dans l'élaboration du traité de Rome,
11:54 un débat politico-juridique
11:57 pour savoir si la construction européenne
12:01 et donc les traités de l'époque
12:04 relevaient du droit international classique
12:07 ou relevaient d'un droit particulier.
12:11 Et on a eu un affrontement entre...
12:15 et dans la littérature de l'époque,
12:18 on le nommait comme ça, c'est pas moi qui utilise ces termes,
12:21 entre les internationalistes
12:24 qui considéraient que le droit européen
12:27 relevait du droit international classique
12:30 et donc relevait d'un article de la Constitution française,
12:34 l'article 55,
12:37 qui définit les modalités d'application du droit international,
12:40 ou si au contraire, le droit européen
12:43 relevait d'une nouvelle forme,
12:46 d'un nouvel ordre juridique,
12:49 supranational.
12:52 Et donc, je passe très vite, mais pendant des années,
12:55 il y a eu cette bataille, pendant des années,
12:58 évidemment, la Commission européenne
13:01 et un certain nombre de personnalités politiques et juridiques
13:04 de hauts fonctionnaires en France
13:07 ont plaidé pour la supranationalité.
13:10 Le pouvoir politique national,
13:13 évidemment à l'époque de De Gaulle, encore à l'époque de Pompidou,
13:17 plaidait pour l'internationalisme
13:21 et le fait que le droit national
13:24 puisse primer sur le droit communautaire
13:27 et puis, avec le tournant libéral,
13:30 et on pourra revenir peut-être dans le détail
13:33 sur la façon dont ça s'est passé
13:36 et ce que ça provoque aujourd'hui,
13:39 eh bien, la supranationalité juridique s'est imposée.
13:43 Ce qui veut dire que,
13:46 évidemment, l'aboutissement de cette logique,
13:50 c'est l'adoption du traité de Maastricht
13:53 avec l'inscription dans la Constitution française
13:56 de l'appartenance à l'Union européenne
13:59 qui a été interprétée par les juges administratifs
14:03 et judiciaires comme
14:06 le fait que le droit de l'Union européenne
14:09 s'imposait aux droits nationaux, aux États.
14:13 Donc, pour prendre un exemple concret,
14:18 comme le demandait Patrice,
14:21 un certain nombre d'États, on en parlera cet après-midi,
14:24 peut-être avaient mis en place un service public,
14:27 des services publics de l'énergie,
14:30 des monopoles publics,
14:33 en considérant qu'à l'époque où l'énergie
14:36 était gérée par des entreprises privées,
14:39 ce qui a été le cas quand même tout le début,
14:42 toute la fin du 19e et tout le début du 20e siècle,
14:45 eh bien, on a eu un tas d'abus,
14:48 on a eu une rente dans le domaine de l'électricité ou du gaz
14:52 que les entreprises privées se sont accaparées.
14:56 On n'était absolument pas dans une logique de service public
15:00 et les États ne parvenaient pas à obliger ces entreprises
15:05 à réellement appliquer des principes
15:09 qui obéissent à l'intérêt collectif.
15:12 Et donc, on a eu des nationalisations
15:15 avec constitution de monopoles publics.
15:18 Eh bien, l'Union européenne,
15:21 en s'appuyant évidemment sur le traité,
15:25 les traités européens,
15:28 a adopté des directives et des règlements,
15:33 donc du droit dérivé, pour dire
15:36 qu'il faut introduire la concurrence
15:39 dans le domaine de l'électricité et dans le domaine du gaz.
15:43 Alors, ça s'est fait sur un certain nombre d'années,
15:47 mais ce traité, ces directives,
15:51 ces règlements primants sur le droit national,
15:56 eh bien, les États ont été dans l'obligation
16:00 de les mettre en œuvre.
16:02 Alors, vous me direz, en France,
16:04 les différents gouvernements étaient,
16:07 globalement, plutôt favorables à la concurrence,
16:10 même si ça posait un certain nombre de questions
16:13 de sécurité et d'indépendance,
16:16 évidemment, à travers la question du nucléaire, mais bref.
16:19 Les États ont dû se plier
16:22 et on a ouvert le secteur de l'énergie à la concurrence,
16:26 ce qui fait qu'aujourd'hui,
16:28 et EDF existe toujours,
16:30 GDF n'existe plus,
16:32 elle a été totalement privatisée,
16:34 mais dans l'électricité,
16:36 même si EDF existe encore,
16:38 on a une concurrence qui fait que,
16:41 eh bien, les prix aujourd'hui s'envolent,
16:44 qu'un certain nombre de moyens de production
16:46 sont détenus par le privé,
16:48 qu'on arrive dans une situation
16:50 totalement délirante,
16:52 dont on reparlera sans doute cet après-midi.
16:55 Et donc,
16:57 la question fondamentale qui se pose,
17:00 alors évidemment, il y a une question globale,
17:02 une question politique
17:04 du rapport à l'Union européenne d'une manière globale,
17:06 mais de façon très concrète,
17:09 se pose une question juridique, aujourd'hui.
17:13 Cette question, c'est comment est-ce qu'on peut sortir
17:17 du piège juridique européen ?
17:21 Et donc, voilà, ce livre, qui a 12 ans,
17:25 posait cette question,
17:27 et quand j'utilisais le terme de désobéissance européenne,
17:31 d'ailleurs qui avait été inventé par Jacques
17:35 quelques mois plus tôt,
17:38 quand j'utilisais ce terme de désobéissance européenne,
17:41 c'était pour dire, et c'était le contenu du livre,
17:45 qu'on ne peut désobéir qu'à condition
17:49 de changer cette hiérarchie des normes,
17:54 et donc de créer un acte juridique
17:58 qui change,
18:00 qui permette de changer la loi de secrétariat.
18:04 Et la primauté du droit européen
18:07 étant inscrite dans la Constitution,
18:09 eh bien, il faut changer la Constitution.
18:12 Bon, alors la mauvaise nouvelle, c'est que ça fait 12 ans
18:15 et que absolument rien n'a bougé
18:18 dans quasiment aucun mouvement politique.
18:22 C'est-à-dire que cette question est tellement cruciale,
18:25 est tellement gênante,
18:28 que quasiment aucun mouvement politique,
18:31 hormis des très petits mouvements,
18:35 qui n'ont malheureusement pas l'audience des grands partis,
18:40 mais rien n'a bougé,
18:43 parce que, bien sûr, ça pose une question fondamentale.
18:48 Toutes les mesures qui peuvent être portées
18:51 par un effet de transformation écologique et sociale,
18:56 quasiment toutes ces mesures sont contraires au droit européen.
18:59 Donc, il faut avoir le courage d'affirmer
19:02 qu'on a besoin de cette rupture juridique,
19:05 et il faut la penser.
19:07 Et c'est là que c'est le plus difficile,
19:10 parce que, ce que j'avais sans doute pas suffisamment développé
19:14 il y a 12 ans,
19:17 mais qu'on a développé dans ce livre
19:20 "La gauche, l'épreuve de l'Union européenne"
19:23 avec quelques camarades, dont Clément, ici présent,
19:27 c'est que, si on imagine un gouvernement de transformation
19:32 qui arrive au pouvoir,
19:35 il faut être particulièrement optimiste.
19:38 Ça veut dire qu'on doit avoir un parti politique
19:42 qui porte une grande transformation écologique et sociale,
19:46 qui ait une base populaire qui lui permet de se faire élire,
19:49 de se faire élire de façon suffisamment confortable
19:52 pour disposer d'une majorité fiable.
19:56 Mais bref, imaginons que ça arrive.
20:00 Eh bien, si ce gouvernement prenait des lois,
20:05 voulait prendre des lois contraires aux droits européens,
20:09 par exemple, une loi qui recréerait un monopole public
20:14 dans le secteur de l'électricité.
20:17 Pour prendre un autre exemple, une loi qui réinstaure
20:21 le contrôle des capitaux,
20:24 qui est quelque chose d'absolument crucial
20:27 si on veut mener une politique de transformation écologique et sociale.
20:32 Eh bien, que se passerait-il ?
20:36 On n'irait pas vers un contentieux à l'échelle européenne
20:40 qui prendrait des mois ou des années devant la Cour de justice,
20:44 la Cour de justice européenne.
20:48 Pourquoi ? Parce que ça, ça existait à une époque,
20:52 à l'époque où la jurisprudence n'était pas encore faite,
20:56 et où on se tournait vers l'Union européenne,
21:00 et même vers les communautés européennes à l'époque,
21:04 pour demander une interprétation en droit des traités,
21:08 ou des directives, ou des règlements.
21:11 Enfin, pas des règlements, puisque ça se fait directement,
21:14 mais des traités et des directives.
21:16 Aujourd'hui, ce n'est plus du tout le cas.
21:18 La jurisprudence est faite, et ce sont les tribunaux français
21:22 qui sont chargés de faire respecter le droit européen,
21:26 et notamment dans les conflits entre les particuliers,
21:31 les entreprises et l'administration, les tribunaux administratifs.
21:36 Donc, notre gouvernement, qui prendrait une loi de contrôle des capitaux,
21:41 et en imaginant que cette loi soit votée,
21:45 eh bien, se verrait immédiatement attaqué
21:49 par quelqu'un qui s'estimerait lésé,
21:52 une entreprise, un détenteur de capitaux
21:56 qui estime qu'il y perd,
22:01 et qui attaquerait cette loi devant le tribunal administratif.
22:05 Et la jurisprudence est absolument claire.
22:08 Le tribunal administratif ferait primer le droit européen,
22:12 et donc les articles du traité qui interdisent le contrôle des mouvements de capitaux.
22:17 Ce qui, le Conseil constitutionnel, ne validerait de toute façon pas le droit de l'État.
22:21 Et le Conseil constitutionnel, si jamais, ce serait sans doute pas validé.
22:27 Ce qui veut dire qu'un gouvernement serait complètement paralysé par le droit européen.
22:35 Alors, la question qui se pose à nous, c'est comment arriver à faire sauter ce verrou,
22:41 et sans réforme de la Constitution,
22:45 c'est tout simplement pas possible.
22:48 Et donc ensuite, ça suppose un processus encore plus complexe
22:54 pour défaire le droit européen qui s'est construit ces 40 ou 50 dernières années.
23:01 Mais en tout cas, on a besoin d'une rupture juridique
23:06 pour pouvoir inverser les choses et pour pouvoir agir politiquement.
23:11 Et voilà, ce qui est extrêmement malheureux, c'est que ce sujet est un sujet complètement tabou.
23:23 C'est-à-dire que déjà, on parle assez peu d'Europe, de manière générale,
23:27 mais en plus, quand on parle d'Europe, on ne parle jamais de la question juridique et de la façon d'adépasser.
23:38 Je suis économiste à l'université de Régie et j'ai co-écrit avec Coralie de Laume,
23:42 qui elle aussi est venue, je crois, je ne sais pas, oui.
23:46 J'ai deux livres, deux ouvrages sur l'Union européenne,
23:50 la fin de l'Union européenne en 2017 et discussion de questions sur l'Union européenne en 2019.
23:56 Je travaille aussi beaucoup en ce moment sur le néolibéralisme,
24:00 cette doctrine, ces théories économiques qui nourrissent cette représentation,
24:07 cette vision du monde et ce que le néolibéralisme fait.
24:11 Et il est clair que l'Union européenne est un outil, un instrument du néolibéralisme,
24:16 de mise en œuvre du néolibéralisme.
24:18 Et ça aussi, on l'a montré avec Coralie de Laume et j'en ai aussi beaucoup parlé dans mes livres.
24:22 Alors, d'autres choses ont déjà été dites et je vais essayer de ne pas répéter.
24:26 Mais je tiens quand même à souligner, parce que c'est vrai qu'avec Coralie, on se connaît depuis longtemps aussi,
24:32 et cette question juridique, nous en avons parlé.
24:35 Et il est clair que l'Union européenne est avant tout un système, comment dire, un ordre juridique.
24:43 Et c'est ça qu'il faut aussi comprendre.
24:45 L'Union européenne n'a pas d'armée, elle n'a pas de police,
24:49 elle n'a en réalité même pas vraiment d'exécutif.
24:52 Elle a évidemment la Commission européenne qui fait office d'exécutif.
24:55 Mais en fait, l'essentiel de son pouvoir passe par le droit.
25:00 Et nous sommes dans un pays qui se rend grave avec l'état de droit,
25:05 où le droit des gouvernements par définition est limité.
25:08 C'est d'ailleurs ce qui fait qu'on est une démocratie.
25:10 Un gouvernement ne peut pas tout faire, il est limité dans son pouvoir d'action
25:14 par justement la Constitution et tout un temps de règles de droit.
25:18 Et c'est par cette limitation des gouvernements que l'Union européenne en fait agit.
25:22 Alors, je voudrais revenir, puisque la question c'est la question sociale,
25:29 mais avant d'aborder cette question, je voudrais distinguer trois choses.
25:34 Parce qu'il faut aussi qu'on essaye de démêler, quand on regarde ce qui se passe aujourd'hui,
25:40 par exemple évidemment la réforme des retraites,
25:42 il est clair qu'elle fait partie des demandes, en tout cas acceptées par Emmanuel Macron,
25:48 de réformes dans le cadre d'une plan de relance.
25:51 Parce que, comme vous le savez, on a fait un plan de relance européen
25:54 dans lequel la France garantit 60 milliards d'euros, elle touche 40 milliards,
25:58 mais derrière ce plan il y a des conditions.
26:01 Et d'ailleurs c'est aussi une raison pour laquelle la Hongrie n'a rien touché de ce plan de relance pour l'instant,
26:05 parce qu'elle ne satisfait pas les conditions.
26:07 Et ces conditions sont négociées.
26:09 Donc c'est des choses un peu compliquées de savoir qui est responsable de ça.
26:12 Est-ce que c'est l'Union européenne ou est-ce que c'est Emmanuel Macron ?
26:14 Et plus largement, je pense qu'il faut distinguer trois formes de responsabilité.
26:18 Tout d'abord la responsabilité doctrinale, idéologique, qui est celle du néolibéralisme.
26:25 Parce que, ne nous aveuglons pas,
26:28 beaucoup de pays pratiquent des politiques telles que les pratiquent en Europe,
26:34 tant qu'ils sont aux Etats-Unis et dans les pays en bon développement,
26:37 sans qu'ils appartiennent à l'Union européenne.
26:39 Il y a aussi, bien sûr, une responsabilité des dénoms politiques.
26:45 Parce qu'on le voit dans la négociation sur les retraites et sur les contreparties au plan de relance européen.
26:54 On voit bien que c'est Emmanuel Macron,
26:56 et d'ailleurs les GOPÉ, dont on parle aussi beaucoup,
26:59 sont co-construites avec les gouvernements nationaux.
27:01 Ce ne sont pas uniquement des exigences de l'Union européenne.
27:04 Et puis ensuite, il y a ce qui est la part de l'Union européenne en tant qu'institution,
27:09 ce qui est la part des traités et ce qui est la part en propre.
27:12 Et ce que je ne voudrais pas, c'est qu'on finisse par arriver à un discours qui serait de dire
27:17 « L'Union européenne, c'est elle qui décide de tout, nos gouvernements sont des pantins »,
27:22 ce qui, en fait, aurait pour moi l'effet de démoraliser un peu tout le monde.
27:28 Du coup, le vote ne sert à rien.
27:30 Il faudrait changer la Constitution, et sans cela, on ne peut rien faire.
27:35 Et puis, par ailleurs, on abandonnerait aussi la bataille idéologique,
27:38 parce qu'on ne distinguerait pas ce qui est de l'ordre idéologique de ce qui est de l'ordre institutionnel.
27:42 Je rappelle quand même, par exemple, que l'Assureur au chômage a été créé dans les années 70,
27:48 alors que la France faisait partie de l'Union européenne, par l'époque de la CE.
27:52 Que la retraite à 60 ans a été gagnée en 1981, et que la France faisait partie de l'Union européenne.
27:57 Donc l'Union européenne n'a pas toujours eu cette forme-là, déjà.
28:01 Et je pense qu'il ne faut pas oublier la bascule qu'a été l'Acte unique en 1986,
28:06 et le traité de Maastricht en 1992.
28:09 Et puis, d'autre part, l'ordre européen n'empêche pas des marges en œuvre,
28:20 même si les marges en œuvre sont très contraintes.
28:23 Alors, pour moi, la vraie question sociale doit être abordée à partir de la désindustrialisation
28:34 et des politiques économiques.
28:36 Jacques Niconneuf en a un peu parlé tout à l'heure.
28:39 Une politique économique a des conséquences sur les politiques sociales.
28:45 L'un des reproches que je fais le plus aux économistes, c'est de penser l'économie
28:54 comme quelque chose qui serait d'un ordre naturel, détaché des institutions, du social, du politique.
29:02 Alors qu'en réalité, on sait que, par exemple, les politiques sociales sont la conséquence
29:07 de la croissance économique, y compris même de l'industrialisation.
29:11 C'est avec l'industrialisation de l'Europe que, et pas immédiatement, mais plus tard,
29:17 on a pensé d'avoir l'extension du salariat, la protection du salariat,
29:22 les régimes de retraite, l'assurance chômage.
29:25 C'est-à-dire que c'est parce qu'il y a eu une transformation économique
29:29 qu'il y a eu une transformation sociale.
29:31 Et donc, quand on veut protéger le social, il faut penser l'économique.
29:36 Et le problème de l'Union européenne, c'est qu'elle organise l'économie
29:41 de manière totalement abstraite, détachée du social.
29:44 Et parfois, d'ailleurs, c'est qu'elle avance à dire, et d'ailleurs, je me souviens
29:50 que Mario Monti, le commissaire européen à la Conférence de la fin des années 90,
29:55 expliquait qu'il n'était pas grave si...
30:02 Il fallait organiser la restructuration industrielle européenne,
30:06 mais les États pouvaient toujours ensuite derrière protéger,
30:11 mener le politique sociale de compensation.
30:14 Et il y a eu cette idée qui était de dire, finalement, l'économie, c'est l'Europe,
30:19 le social, c'est l'État.
30:21 Et ça, évidemment, c'est problématique, parce que, en fait,
30:25 l'instrument pour agir sur le social, c'est d'abord les cotis.
30:28 Et donc, reprenons la question centrale qui, pour moi, est celle qui doit nous préoccuper aujourd'hui.
30:33 C'est le problème de la désindustrialisation et d'une concurrence à la fois intra-européenne
30:38 et extra-européenne qui est totalement déloyale.
30:41 Déloyale, pourquoi ? Parce que, bien sûr, les coûts salariaux ne sont pas les mêmes.
30:44 Rappelons qu'au sein même de l'Union européenne, on a des écarts salariaux,
30:48 les coûts du travail qui vont de 1 à 10.
30:51 C'est l'équivalent de la Chine.
30:53 C'est-à-dire que la Bulgarie, les salaires bulgares ne sont pas éloignés,
30:57 et même parfois dans certaines régions de la Chine, le salaire minimum est supérieur à ce qu'il est en Bulgarie.
31:01 Et puis, bien sûr, la question des normes écologiques.
31:05 Et puis aussi d'autres phénomènes que j'ai étudiés, moi, personnellement,
31:10 qui est la dynamique territoriale qui attire les entreprises dans certaines régions d'Europe
31:17 et qui les repousse d'autres régions.
31:20 C'est-à-dire qu'on a des effets de concentration industrielle près de la mer du Nord
31:24 et dans les canaux et les rivières et les fleuves qui conduisent à ces ports de la mer du Nord.
31:30 Et puis, par contre, quand on va plus loin, en périphérie de l'Union européenne,
31:33 là, on a des industrialisations massives,
31:35 et en fait, la conséquence de ne pas avoir sur ces territoires
31:40 les mêmes infrastructures industrielles, les mêmes populations d'ouvriers,
31:43 les mêmes centres de recherche, les mêmes systèmes logistiques de transport,
31:47 qui font qu'une usine dans le sud de l'Espagne ou dans l'ouest de la France
31:54 aura toujours un handicap par rapport à la même usine qui serait construite,
31:58 par exemple, en Pologne ou en Allemagne.
32:03 Et cet effet-là, il fait que la concurrence libre et non faussée, comme on dit,
32:10 n'a pas de sens dans un espace aussi hétérogène que l'Union européenne.
32:15 Et puis, évidemment, on peut élargir à l'échelle du monde,
32:18 où là aussi on a des pays dans lesquels les normes sociales, les normes écologiques,
32:23 la liberté syndicale n'est évidemment pas la même qu'en France.
32:27 Je trouve par exemple assez hallucinant qu'on commerce librement avec la Chine
32:31 en disant "mais pas tous nos problèmes",
32:33 alors qu'en Chine, il n'y a pas de liberté syndicale.
32:36 Et bien sûr qu'il n'y a pas de grève, il n'y a pas de revendications libres
32:42 de la part des travailleurs.
32:44 Donc évidemment, ce commerce-là, c'est comme si on admettait le fait
32:49 que le commerce avec des pays qui font travailler des enfants ou des esclaves
32:57 nous semblerait évidemment totalement immoral,
32:59 mais le commerce avec des pays dans lesquels les droits sociaux,
33:02 les droits de travail n'existent quasiment pas,
33:05 on trouve ça tout à fait normal.
33:07 Il est clair que ce n'est pas normal.
33:09 Et bien sûr, par ailleurs en Chine, il y a aussi du travail forcé,
33:11 comme vous le savez, et tout ça pose évidemment des problèmes.
33:15 Donc la question est, je vais aussi laisser la parole,
33:19 mais la question est, comment est-ce que l'Union européenne arrive à ça ?
33:23 Et bien simplement, l'Union européenne a dans ses traités un principe de libre-échange,
33:27 c'est-à-dire qu'elle vise, elle le dit elle-même,
33:31 à supprimer le droit de droits et supprimer toute régulation du commerce international,
33:37 qu'elle est très attachée à cela, à tel point que quand les États-Unis mettent en place l'IRA,
33:43 l'Inflation Reduction Act, qui vise à protéger l'industrie des batteries
33:49 et des voitures électriques aux États-Unis, et à subventionner les constructeurs,
33:53 et bien l'Union européenne est incapable de faire la même chose,
33:56 et elle est là en train de se plaindre qu'il y a une concurrence illoyale.
33:59 Pourquoi ? Parce que son système économique, son idéologie et ses institutions
34:04 sont là pour signer, négocier, signer les traités de libre-échange,
34:08 et pas du tout pour organiser une forme de protectionnisme.
34:12 Et la désindustrialisation que l'Union européenne connaît, et la France en particulier,
34:16 et bien finalement elle a des conséquences sociales extrêmement fortes.
34:20 Alors conséquences, désindustrialisation dans un certain nombre de territoires,
34:25 qui se paupérisait carrément, disparition de la classe ouvrière,
34:29 qui est la classe qui historiquement a fait monter le niveau de vie moyen des Français.
34:34 Les emplois dans le commerce et dans par exemple les grandes surfaces
34:40 n'ont rien à voir en termes de qualité d'emploi avec les emplois des ouvriers dans l'industrie.
34:45 Et les systèmes, quand on déstructure l'emploi,
34:50 on le fait aujourd'hui avec ce qu'on appelle l'ubérisation,
34:53 mais qui en fait sont uniquement la multiplication de petits boulots de service,
34:56 qui par ailleurs ne sont pas collectifs, c'est-à-dire qu'on travaille tout seul,
35:00 quand on est chauffeur de vélo par exemple.
35:03 Alors que quand on travaille dans une usine, on a un collectif de travail.
35:06 Et donc la solidarité qui se crée dans ces collectifs de travail est évidemment très différente
35:11 de celle qui se crée dans... il n'existe pas en fait, dans les emplois de service, etc.
35:17 Et donc cette désindustrialisation a des conséquences majeures sur le tissu social français et de d'autres pays.
35:25 Et à mon avis, c'est par l'intermédiaire à la fois des politiques du marché unique européen, intra-européenne
35:31 et des politiques de libre-échange extra-européenne,
35:34 qu'on a cette accélération de ce démantèlement industriel qui conduit au démantèlement social.
35:45 Je m'appelle Georges Kuzmanovic, je suis des analystes géopolitiques
35:49 et surtout maintenant président du mouvement République souveraine,
35:55 qui bien que petit a un gros C,
35:58 et évidemment souhaite prioritairement s'attaquer pour pouvoir agir à cette Union européenne.
36:05 Alors je crois que tout a été à peu près dit, en fait.
36:09 Et donc je vais aborder ce que tu demandes sous un angle un peu particulier,
36:15 qui ne se sent pas social à prima vente, mais qui est en fait conduit au social.
36:22 Parce qu'on a dit, l'Union européenne est structurellement organisée de cette manière,
36:26 qu'elle s'attaque aux protections sociales,
36:29 qu'elle s'attaque à toutes les formes de souveraineté monétaire, budgétaire, énergétique,
36:34 qu'elle pousse à la désindustrialisation.
36:37 Mais ce que fait fondamentalement et encore plus profondément l'Union européenne,
36:42 c'est organiser le dépérillissement de l'État.
36:44 Et en particulier, ça me fait plein d'œil mon camarade Énine,
36:48 qui dans tout le fait pensait que les soviétes allaient organiser le dépérillissement de l'État.
36:53 Et ce fait qu'une Soviétique a été un super État, plutôt qu'un État à dépérillé,
36:57 et que c'est dans l'ordre capitaliste, ultra-libéralisé,
37:01 qu'ils s'organisent le dépérillissement de l'État.
37:04 C'est à ça qu'on assiste, et en particulier dans un domaine
37:09 auquel on n'aurait pas pensé qu'elle s'attaquerait au début,
37:12 qui est celui de la défense et du régalien.
37:18 Qui est vraiment la cible actuelle, je crois, dernière et principale,
37:22 puisque c'est à peu près la seule chose qui restait encore à la France,
37:28 comme particularité, à savoir une capacité stratégique en propre,
37:34 qui est mise à mal, et je pense que la France est dans ce domaine
37:39 qui a été sur les 20 dernières années, la cible principale,
37:45 tant des États-Unis que de l'Union européenne.
37:48 Car ça va le faire, puisque les questions de défense,
37:51 et de souveraineté européenne, et de défense européenne,
37:53 sont dans tous les textes européens, passent par l'OTAN.
37:59 Et c'est au milieu, au début des 2005-2006, par là,
38:05 qu'est née une idée sublime à l'OTAN, qui s'appelle la Smart Defense,
38:10 la défense intelligente, au niveau européen,
38:13 qui vise à ce que, eh bien, c'est vraiment...
38:17 Enfin, c'est présenté sous un angle qui semble sympathique.
38:20 Pourquoi dépenser autant d'argent pour que chacun ait
38:23 toutes les caractéristiques d'une armée ?
38:25 Mutualisons les industries, mutualisons les systèmes de défense,
38:29 mutualisons la recherche militaire, mutualisons in fine les armées
38:32 au niveau européen, ça coûtera moins à tout le monde,
38:35 et in fine, on sera mieux défendus, car c'est bien l'objectif
38:40 que d'avoir une défense européenne.
38:43 C'est suffisamment répété à l'envie par le camarade Emmanuel Macron
38:48 depuis 2017.
38:51 Et...
38:54 Ils sont partiellement en parole, puisque, justement, les systèmes...
39:01 Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais prenons une entreprise
39:05 extrêmement importante qui s'appelait Jet Industries avant,
39:08 et qui avant, il y a très longtemps, c'était des arsenaux royaux
39:12 qui ont fait le canon Grimauval, qui assuraient à la Révolution française
39:17 ses premières victoires, en particulier à Valmy,
39:20 qui est devenue Nexter, et Nexter a été fusionné avec KMW, KW,
39:26 je ne sais plus, Krieg, Mayer, Wegmann, l'entreprise allemande,
39:31 qui fait, entre autres, celle qui fait les chars aéroports.
39:34 Et, bien évidemment, nous avons passé, par exemple,
39:39 à la fabrication de chars, qui est une spécialité française,
39:42 sous contrôle allemand, mais de toute façon, ça a fait une sorte
39:45 que le siège social est aux Pays-Bas, et comme ça,
39:48 c'est contrôlé par personne, par aucun des États,
39:51 et les impôts sont, bien évidemment, très faibles sur cette nouvelle entreprise,
39:58 qui n'a plus réellement d'objectif, nécessairement, d'État,
40:02 c'est-à-dire avoir un appareil de défense servant une logique géostratégique
40:06 pour son pays, mais une entreprise qui vise à vendre des trucs quelque part.
40:11 Et donc, c'est pour ça que nos militaires, par exemple, sont toujours désespérés,
40:15 parce qu'ils ont des cahiers des charges en fonction des missions
40:18 qui leur sont demandées, et les armements respectent assez peu
40:24 les cahiers des charges des militaires, parce qu'ils respectent
40:26 les cahiers des charges d'autres, visant à l'exportation d'abord.
40:31 L'autre volet qui a été attaqué, qui est lui, qui, lui, est lié,
40:35 et spécifiquement en France, c'est la diplomatie.
40:38 Ça a été fait sous cette commissaire européenne que Jean-Luc Mélenchon
40:44 appelait la baronne à Achtung, qui, de manière très intelligente,
40:50 comme avec les officiers supérieurs français, a commencé à mettre des coins
40:56 dans la diplomatie française pour la détruire, en particulier en offrant
41:01 des postes dorés, une sorte de placard au niveau européen,
41:05 pour construire une diplomatie européenne.
41:07 Alors les militaires reçoivent des postes, depuis 2009,
41:11 à un monstre extrêmement bien payé, et petit à petit,
41:14 trouvent que l'OTAN est tout à fait extraordinaire.
41:17 Et bien de la même manière, doucement mais certainement,
41:22 on a tué la diplomatie française, au point qu'un grand diplomate français
41:28 comme M. Haro, qui a été conseiller, je pense qu'il s'en bat les doigts,
41:32 de Nicolas, d'Emmanuel Macron en 2017 sur les questions géopolitiques,
41:37 n'en peut plus de la destruction définitive que fait Emmanuel Macron
41:46 du corps diplomatique français qu'il a définitivement enterré,
41:49 et dont on voit les conséquences catastrophiques en Afrique,
41:55 en tout cas de la position de la France en Afrique.
41:58 On voit aussi que ça permet un continuel coup d'État de l'Union européenne,
42:03 je pense en particulier en ce moment à Fonda Layen,
42:05 qui s'arrange un rôle géopolitique, littéralement à la crise en Ukraine,
42:12 lui permet d'avoir un rôle de président de l'Union européenne qu'elle n'abat,
42:16 et de donner une orientation géopolitique qui s'impose à l'ensemble des États.
42:21 Et d'ailleurs, le cas d'Ukraine avec Minsk-2 illustre bien cette situation.
42:26 Parce qu'on a deux anciens dirigeants, un qui déteste la Russie,
42:32 qui ne cesse de répéter dès qu'il peut,
42:35 et qui a fortement enfinimé la relation avec la Russie,
42:38 qui s'appelle François Hollande, qui a dit la même chose qu'Angela Merkel,
42:42 qui elle plutôt aimait bien la Russie,
42:44 elle a passé beaucoup d'accords avec la Russie pour son pays,
42:47 à savoir qu'elle n'a pas fait respecter le rôle qu'il devait avoir
42:53 dans le cadre de Minsk-2, pour la raison simple qu'en fait,
42:58 tout a été abandonné à l'OTAN.
43:00 Et dans ce domaine, il n'y a plus en Occident qu'un seul État,
43:03 qu'une seule nation qui puisse revendiquer le titre d'État,
43:07 c'est-à-dire décider en propre de son destin, à savoir les États-Unis.
43:14 Mais on pourrait se poser la question, je vais finir là-dessus,
43:16 pourquoi diable est-ce qu'ils font tout ça ?
43:18 Quel sens a-t-il ? Pourquoi tout s'aborder jusqu'à la défense et à la diplomatie,
43:25 en passant par la sécurité sociale, l'énergie, l'industrie ?
43:31 Pourquoi ? Ça sera un peu bizarre.
43:35 Eh bien c'est Denis Kessler qui l'a dit, et j'aime beaucoup Denis Kessler,
43:39 et j'aime bien monsieur Alain Madelin.
43:42 Il faut avoir des adversaires honnêtes qui disent les choses franchement.
43:46 Et Alain Madelin avait dit que l'Union européenne était la garantie contre le socialisme.
43:51 Pour être plus clair, meilleur résumé de ce qu'est l'Union européenne.
43:56 Et Denis Kessler, en 2007, avait fait cette interview tout à fait honnête dans Challenge,
44:04 en octobre 2007, où il avait dit que notre programme, notre objectif,
44:09 sachant que le « notre » était une vague qui a englobé Sarkozy,
44:13 puis tout un tas de gens néolibéraux de l'Union européenne,
44:16 notre programme est de récupérer ce qu'ils nous ont, le « nous » est fondamental,
44:23 nous ont pris avec le Conseil national de la résistance.
44:27 Et il faut détricoter absolument le Conseil national de la résistance,
44:32 et ça correspond à tout ce que j'ai dit Jacques sur le rapport aux retraites,
44:35 exactement au détricotage de l'acquis du Conseil national de la résistance.
44:39 Eh bien je pense que c'est tout simplement parce que les êtres humains ont des intérêts,
44:44 et les êtres humains se mettent en vie pour des coûts d'intérêt,
44:47 et que le capitalisme a changé de nature et de forme au cours des années 80.
44:53 L'URSS en même temps a disparu, et ce nouveau capitalisme qui n'est plus national,
44:58 ni industriel, ni qui est financier, eh bien, doit voir disparaître les États
45:07 et toutes les formes de régulation qui ne sont imposées en fait que par les États.
45:12 Il s'agit tout simplement de la constitution d'un nouveau feudalisme financiarisé,
45:19 et on a un étonnant retour, et c'est pour ça que je parle de dépayassement d'États,
45:24 un étonnant retour à l'objectif visé, c'est hanter la monarchie absolue,
45:29 c'est-à-dire qu'il faut que le monde soit géré par des multinationales qui, elles, ont le pouvoir réel,
45:39 et je crois que malheureusement pour le moment, dans l'urbaine, eh bien ils sont très bien arrivés.
45:45 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]