MS21 UA 2023 2.1 Vers un monde multipolaire (1) D.Kuzmanovic, M Lamboley, J-P Escaffre

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00:00 Le monde multipolaire, polaire, on y est. On est dans un changement radical de l'ordre du monde, qui est en cours en ce moment, avec des conséquences qui ne sont pas encore totalement claires.
00:26 C'est intéressant comme discussion. Le fait est qu'avec l'effondrement de l'URSS en 1991, et comme disait Vladimir Poutine, a été un des moments géopolitiques les plus fondamentaux du XXe siècle,
00:39 en ce sens-là, que tout à coup, ça a permis aux États-Unis d'être, comme ils le disent eux-mêmes, la nation utile. D'avoir un monde unipolaire, en tout cas dominé très largement par les États-Unis, tant militairement qu'économiquement que culturellement.
01:03 Économiquement, dans les années 90, c'est entre 85 et 90% des échanges internationaux se font en dollars. Là, on est en train de retomber à 70, et en changement accéléré.
01:22 Et toute cette période qui a été au début pensée par Francis Fukuyama comme étant la fin de l'histoire, le dernier homme, c'est-à-dire le triomphe final de l'économie de marché dans le cadre des démocraties représentatives,
01:44 est en train de tourner court, puisque l'histoire n'est pas terminée, et que les puissances qui étaient... soient effacées, comme l'URSS, devenaient Russie, et dans un chaos économique, social,
02:02 et mettant beaucoup, beaucoup de temps à se sortir de ce chaos économique, a été mis, en tout cas, a été coté internationalement pendant longtemps. La Chine, qui n'est pas encore émergée,
02:12 qui a commencé sous Deng Xiaoping à avoir des velléités de puissance internationale, et surtout depuis les 20 dernières années, et surtout sous la présidence de Russie, Jinping,
02:25 et qui maintenant le met en œuvre, et bien sûr d'autres pôles que sont l'Inde, pour l'Afrique, où il y a fort peu d'États fonctionnels. Je parle de l'Afrique subsaharienne en dehors du Rwanda et de l'Afrique du Sud, l'Afrique du Sud.
02:43 Le Brésil, qui bien tout le temps, tous sont réunis dans les BRICS, et ça s'est fait un peu en... sans que l'Occident se rende compte, c'est qu'il y a une sorte d'hubris occidental de...
02:55 « Ah, c'est nous la Renaissance, c'est nous la perspective, c'est nous les universités, c'est nous les mathématiques, c'est nous les sciences du XIXe siècle, c'est nous la puissance, c'est nous le capitalisme. »
03:05 Tout ça, là, c'est des ex-colonisés, des papous et des bolcheviques. Bon, tout ça compte de manière secondaire. De toute façon, on a triomphé. Bon, je caricature un petit peu, mais il y avait de cela,
03:18 et qui s'est manifesté par une politique internationale des États-Unis d'une violence extrême, sans beaucoup de succès. On a... Ces derniers temps, on parle beaucoup de l'armée russe,
03:30 qui n'est pas efficace, que tout le monde pensait qu'elle était extrêmement puissante. En fait, comme c'est le sujet que je suis, c'est pas du tout ce qu'on dit de l'armée russe,
03:39 parce que tout le monde sait qu'elle a eu plein de problèmes. Mais... Non, parce qu'on parle de l'armée russe, on dit qu'elles ne sont pas efficaces.
03:47 Mais l'armée américaine, qui est la première en termes de... - De budget. - De budget, c'est pas la première. C'est des fois la première.
03:56 Du technologique quasiment dans tous les domaines, à part les missiles hypersoniques et les armes électromagnétiques, où les Russes les ont supplantées.
04:04 Ils n'ont pas fait attention. Les Russes sont passées devant. En termes de... Quasiment d'effectifs, de bases dans le monde, de flottes militaires,
04:14 ils sont très très très loin devant tout le monde. Ils n'ont gagné aucune guerre depuis la Deuxième Guerre mondiale. Et encore la Deuxième Guerre mondiale,
04:20 ils ont peut-être gagné avec un peu plus d'autres. Il y a eu la guerre de Corée, c'est match nul, en gros. Mais depuis, ils n'ont rien gagné.
04:28 Alors ils n'ont pas réussi à gagner pendant 20 ans contre des Afghans qui sont à un stade social médiéval soutenus par aucune puissance.
04:41 Néanmoins, ils ont déclenché toute une série de guerres, qu'elles soient préventives ou pour maximiser leur puissance. La première étant celle de 1991 contre l'Irak.
04:57 Je rappelle qu'une des causes de la guerre en Irak était le fait que Saddam Hussein était le premier à avoir l'idée de loufoque de faire des transactions,
05:07 de vendre son pétrole tant en dollars. C'était vraiment la mauvaise idée, beaucoup plus que d'envers le Kuwait, qui est un excellent prétexte,
05:16 mais qui était un peu secondaire, en fait, par rapport à ça. Et qui avait cru que sa relation pendant 10 ans très forte avec les États-Unis,
05:25 puisqu'il a été le pays combattant contre l'Iran pendant 10 ans, lui donnait un statut... L'aurait protégé, mais ça n'a pas été le cas.
05:37 Et bien malgré des victoires de facto... Parce que 1991, c'est une victoire militaire. Ils sont écrabouillés par un truc gigantesque.
05:45 2003, en Irak. Mais in fine, ça s'éternise jusqu'en 2011. C'est sans victoire réelle, puisque la guerre, c'est la continuation de la politique par d'autres moyens.
05:54 Et c'est le réussir à s'imposer politiquement. Si on n'arrive pas à ça, on n'a rien. Ça sert à rien, la guerre.
06:01 C'est trois sièges de Famouja. C'est in fine la création de Daesh par l'alliance entre les forces politiques et militaires sunnites d'Irak
06:14 qui ont été exclus du pouvoir et les islamistes du coin. C'est les échecs en Libye et une politique dans laquelle nous, on a été entraînés.
06:25 On a été entraînés en Afghanistan. On a été entraînés dans la même logique avec la guerre en Libye et avec la guerre dans le Sahel,
06:31 où on demande aux militaires de faire une opération militaire qui a réussi en soi au début, mais qui après...
06:38 Il n'y a pas d'objectif politique. Il n'y a pas de... Réel, en fait, à part un objectif improbable, ce qui est d'amener la paix, la sécurité
06:46 et de réduire et résoudre des problèmes économiques et d'irrédentisme locaux, dont c'est pas le travail des militaires de le faire,
06:55 dans des zones où c'est tellement compliqué que l'intervention française de l'opération... C'est Sarval ?
07:05 C'est Sarval. Elle correspond jour pour jour quasiment à un siècle avant l'intervention des troupes coloniales pour régler le même problème
07:13 d'irrédentisme entre les Touaregs et les peuples noirs subsahariens qui étaient déjà en conflit pour les questions...
07:21 On est à peu près à la même question, d'ailleurs. Donc aucune logique derrière et en même temps en imposant un néolibéralisme aggravé à tous les pays.
07:34 Ça sera l'école de Chicago qui va s'exprimer au Chili après les coups d'État divers et variés, entre autres celui de 1973 contre...
07:47 Al-Gandhi. Al-Gandhi. Ce sera les politiques néolibérales implantées, extrêmes implantées dans les pays de l'Est après l'effondrement de l'URSS.
08:00 Ce seront les accords de partenariat économique avec les pays ACP, Afrique, Caraïbes, Pacifique, où tous ces pays ont été très largement...
08:13 Se sont sentis perdre de leur puissance, se sont sentis écrasés et exploités considérablement et avec une impression qu'il n'y a aucune stabilité,
08:24 aucune confiance à avoir avec l'Occident. Je prendrai juste quelques exemples. Il y avait l'Irak, Saddam Hussein.
08:32 Dali se transforme en ennemi. D'ailleurs, je vais le prendre sous l'angle de la France parce qu'en fait, on a copié nos ennemis américains.
08:44 Il y a quelques temps, Abbas el-Assad était assis à la droite du président sur les Champs-Elysées et ses troupes d'élite défilaient avec l'armée française le 14 juillet.
08:56 Puis avant, il avait été décoré de la Légion d'honneur où Gaddafi pose sa tente dans le jardin de l'Élysée.
09:05 Et quelques années après, ils sont attaqués militairement, là où la diplomatie extrêmement efficace des Russes et des Chinois, en particulier des Russes, se fait dans la continuité.
09:21 Alors on aime, on n'aime pas. C'est pas le problème. En tant que géopoliticien, je suis un géopoliticien absolument cynique, birealiste.
09:29 Donc le bien, le mal, c'est une considération qui demande à être discutée mais qui ne rentre pas dans ce que je dis là.
09:37 Donc ce sont des gens efficaces parce que par leur diplomatie, ils maximisent la position de la Russie dans le monde. C'est dans ce sens-là qu'ils sont efficaces.
09:43 Pas efficaces parce qu'ils seraient gentils avec les petits oiseaux, ce qui n'est pas toujours le cas.
09:50 Et là, on voit, les gens commencent à s'en rendre compte pour la zone Afrique où on est balayé. Alors pas que par la Russie, qui montre combien nous, on est nuls.
10:00 Beaucoup plus silencieusement, le Gabon et le Togo, sur des expressions très puissantes du néocolonialisme français de la France-Afrique, en 2022, ont basculé du côté du Commonwealth.
10:13 Il n'y a pas de bagarrière. Ils les ont poussés au Commonwealth. C'est plutôt... Chacun prend ce qui s'effondre.
10:23 Donc oui, on a été supplanté par les Russes beaucoup dans notre zone d'influence, comme on dit, en Afrique de l'Ouest, mais avant dans le monde arabe,
10:36 qui était une politique arabe de la France initiée par de Gaulle, qui était très puissante, qui était encore très forte sous Chirac et renforcée par le refus de participer à la guerre de 2003 en Irak,
10:45 qui fut le champ du signe de la diplomatie et de l'indépendance de la France au niveau géostratégique. Et on a été supplanté littéralement au point où, je le répète,
10:59 la Turquie, l'Egypte et l'Arabie saoudite demandent de rentrer dans l'Ibrique. Alors la Turquie est dans l'OTAN. Là-bas...
11:09 — L'Algérie. — Et l'Algérie, aussi. Mais l'Algérie est en plus dans la zone française. Les autres sont dans une zone anglo-saxonne.
11:16 La Turquie, c'est là où il y a les missiles nucléaires américains qui sont très positionnés. Bon, l'Arabie saoudite, n'en parlons pas.
11:27 On l'a vu récemment avec le refus de suivre les États-Unis quand ils leur ont demandé d'augmenter la production de pétrole pour réduire le coût,
11:35 pour que la Russie gagne moins d'argent. Mais alors on dit « Merde ! ». Alors la première fois, ils ont réduit de 100 000 barils par jour.
11:39 Puis après, ils ont réduit de 2 millions. Puis non seulement ils ont réduit de 2 millions, mais là, ils sont en train de rentrer dans l'Ibrique.
11:44 En tout cas, ils ont demandé leur adhésion. Et en plus, ils ont décidé de traiter en Irlande le commerce du pétrole quand ils vendent le pétrole à la Chine,
12:01 qui est pour le moment leur premier acheteur. Et donc on voit ce qui se passe en ce moment. C'est que les Brix...
12:09 (Encore 2 minutes, puis j'arrête.) Les Brix, depuis plusieurs années et de manière accélérée depuis 2014...
12:16 Et le grand levier, ça a été la Russie. Parce que la Russie, jusqu'en 2004, voulait l'entrée, sa place dans le monde occidental.
12:24 Sorte d'être numéro 2 dans l'OTAN. Il y a même une demande d'entrée dans l'OTAN de la Russie. Jusqu'en 2004.
12:31 Puis c'est le coup d'État face à la révolution orange de 2004 en Ukraine, où là, il y a une surcassation de la géopolitique russe,
12:42 qui sera manifestée par le célèbre discours à Munich de Poutine en 2007, où il dit « Non, ça, c'est notre limite »,
12:52 qui sera répétée systématiquement. Et la limite, c'est l'expansion de l'OTAN, mais avec une Russie qui n'était pas encore capable d'agir
12:58 et qui, elle, va reconquérir sa souveraineté. Pas dans quasiment tous les domaines. Tout ça s'accélère en 2014, avec la révolution,
13:09 puis coup d'État, la révolution de Maïdan, puis coup d'État après l'accord qui a été passé avec Yanukovitch.
13:16 On a les Russes et les Chinois qui se disent « Bon, on ne peut pas avoir d'accord avec nos partenaires occidentaux.
13:26 On peut y aller que avec la force ». Et d'ailleurs, les géostratèges géopoliticiens américains réalistes...
13:35 En ce moment, on parle beaucoup de Merk Schreiber. Avant, il y avait Georges Tillan, qui était celui qui organisait le containment de l'URSS.
13:42 Il y a même Kissinger. Et même Zbigniew Włodziminski, qui avait écrit « Les Grands Échiquiers », dont le dernier chapitre, sur l'Ukraine,
13:50 est exactement ce qui se passe actuellement en Ukraine. Écrit en 1996. Mais même lui, qui était très très très antirusse et qui préconisait cette politique,
13:57 avait dit il y a quelques années que ça serait une mauvaise idée parce que les Russes avaient réacquis des capacités et qu'ils n'accepteraient pas de plier...
14:09 Puis d'ailleurs, 2008 avait été... C'était un peu la même intervention en Georgie. C'était une sorte de petite opération Ukraine qu'on a actuellement.
14:19 Dans le même temps, les Chinois, avec les Russes, mais aussi les autres pays BRICS, qui peuvent être adversaires. Souvent, on dit mais les Indiens, ils ont adversaire des Chinois.
14:29 Les Russes, ils ont plein de problèmes avec les Chinois. Tout le monde n'est pas d'accord. C'est vrai. Ils sont pas d'accord sur tout. Mais ils sont d'accord sur une chose.
14:38 Ils ne veulent plus d'une mondialisation dirigée par l'Occident. Ça veut pas dire qu'ils veulent la disparition de l'Occident. En plus, ils veulent...
14:44 Ils ne souhaitent que les États-Unis disparaissent dans un gouffre ou veulent faire la guerre aux États-Unis. Ils veulent qu'il y ait un rééquilibrage des forces et qu'on ait ce qu'on appelle un monde multipolaire,
14:53 c'est-à-dire où des États plus ou moins ou des groupes d'États plus ou moins équivalents en force négocient et aient leur mot d'un dire et aient des systèmes parallèles,
15:10 en particulier économiques, pour organiser les échanges mondiaux. On a parlé au moment de l'intervention de la Russie en Ukraine des sanctions.
15:24 La sanction, ici, s'est fait présenter... On va mettre l'économie russe à plat. On va les sortir du système SWIFT. Bon. D'abord, SWIFT, on peut échanger sans passer par SWIFT, ce qui est très compliqué.
15:34 On peut dire pas entrevoir un détail. Mais de toute façon, les Chinois et les Russes, depuis 8 ans, testent et essaient opérationnel depuis 2 ans le système qui s'appelle NCIP,
15:42 qui est un système SWIFT, mais chinois, et qui est basé à Shanghai, alors que l'autre est basé à New York. Que les Chinois et les Russes achètent des stocks d'or depuis 10 ans,
15:53 et c'est eux qui font les achats... 90% des achats d'or, c'est la Russie et les Chinois. On peut supposer, à grand milier, que les gens qui font des stocks d'or,
16:01 si le système international explose et qu'il ne repose plus sur le dollar, va falloir qu'il repose sur quelque chose de réel. Avant, c'était l'or. Or, en mai.
16:10 Et ça, on l'aborde tellement peu ici... Enfin, c'est pas moi, je suis frappé par les choses qu'on aborde pas. On va regarder s'ils ont pris Bakhmout, si les autres ont avancé de 10 km,
16:19 s'ils ont pris Kerson ou si les Russes vont prendre 20 000 km. Tout ça est un peu secondaire, en fait. Ce qui se passe surtout, c'est qu'en mai dernier,
16:26 la Russie est sortie du système international tel qu'il existait financier. Et sa monnaie, l'euro, est devenue monnaie de la zéro avec obligation d'ouvrir un compte en banque.
16:37 Parce que quand on achète quelque chose, quand on négocie en dollar, si on achète n'importe quoi en dollar, mais hors des États-Unis, je sais pas...
16:48 Je suis indien et je veux acheter des noix de coucou au Togo. Si je paye en dollar, ça passe par des comptes en banque du Togo et de l'Inde qui sont à la banque centrale aux États-Unis.
17:02 Donc non seulement ils voient ce qui se passe, mais en plus l'argent est là-bas. Quand on achète quelque chose, l'argent n'est pas déplacé. Il est toujours à cet endroit.
17:08 Ce qui fait que les biens russes ont pu être saisis. Les 320 000, 324, 325 milliards au début de la guerre ont pu être saisis. Eh ben les Russes ont modifié le truc.
17:17 Maintenant, si vous achetez n'importe quoi à la Russie, les armes... Je rappelle que la Russie ne vend pas que des hydrocarbures, elle vend des armes.
17:26 Et aussi c'est le premier exportateur de centrales nucléaires dans le monde avec grosse atomes. Eh ben il faut ouvrir un compte en banque en rouble.
17:32 Ce qui fait que c'est ça qui soutient le rouble. Et c'est ça qui est l'enjeu général avec surtout le yuan qui sera la monnaie sûrement la plus forte à l'avenir chez les BRICS.
17:44 Et il y a une sorte de rééquilibrage qui va coûter cher pour nous. Alors les États-Unis, eux, ils sont entre deux océans. Ils sont 330 millions sur un territoire gigantesque.
17:54 De toute façon, ils ont le Canada au-dessus. Il y a à peine 30 millions d'habitants. De facto, ça fait partie quasiment des États-Unis.
18:01 Les Canadiens seraient tout à fait incontents d'entendre ça. Mais bon, en vrai, c'est ça. Avec l'ALENA... De toute façon, c'est vraiment de l'esprit américain, en fait, dans la zone anglo-saxonne.
18:13 Donc c'est gigantesque. C'est plein d'eau. Il y a plein de ressources diverses et variées qui n'ont aucun problème.
18:17 Et s'il y avait une rétraction de leur zone d'influence, ils ont quand même... Ils sont bien. Les Européens, non. Les Européens, ils ont 1 000 $.
18:26 L'euro repose sur rien. Le rouble, ils le font reposer sur l'or, sur le pétrole et sur d'autres matières premières. C'est pour ça que c'est normal, solide.
18:36 Et on a perdu beaucoup de nos industries, de toutes les industries que j'ai parlé tout à l'heure, des industrialisations.
18:43 Et les États-Unis s'en servent, comme je le disais maintenant, en nous vendant du gaz plus cher, en faisant sortir les entreprises, en particulier allemandes,
18:50 en les... en l'influençant, parce qu'elles s'installent aux États-Unis. Donc le grand perdant, à mon avis, dans un monde multipolaire, ça va être l'Europe.
19:01 Et juste dans la idéologie. On a déjà eu une tentative de monde multipolaire, ce qui veut pas dire que nécessairement c'est fait avec le peuple, au sens démocratiquement.
19:09 On peut pas trop dire que la Chine ni la Russie, même si c'est très différent, ce soit des parents de démocratie.
19:17 Il y a eu, à un moment donné, une tentative d'une troisième voie, c'était le mouvement des non-alignés, avec Tito, Nérou, Nasser et d'autres.
19:32 Il y a un peu de ça dans l'idée de multilatéralisme.
19:40 Oui, je vais compléter, disons. Alors il faut quand même penser que ce sont des rapports de puissance.
19:50 Et il faut s'interroger quelles sont les bases de la puissance, de l'État. Vous savez, c'est une puissance culturelle, premier point.
20:00 Pas de culture, pas de puissance. Puissance matérielle, c'est-à-dire à la fois industrie et agriculture, le seul secteur qui crée de la valeur.
20:12 Et puis une cohésion sociale importante. Ce sont les trois conditions qui permettent effectivement à tout État de survivre dans ce monde de fou.
20:25 Alors je vais pas partir de l'antéchrist, mais après l'écroulement de l'Union soviétique, seuls restent les États-Unis comme superpuissance, comme hyperpuissance, comme l'une ou l'autre.
20:41 Et il faut bien voir que les conditions de l'éjeu de cette hégémonie, de cette hyperpuissance, un repos sur la production, la finance,
20:49 des connaissances qui sont vraiment manipulées dans le monde entier, et puis bien entendu leur mouvement.
20:58 Alors ce n'est pas tout parce que ce qui fait aussi la puissance des États-Unis, c'est leur colonie et en particulier un voyou qu'est l'Europe,
21:11 enfin plus exactement l'Union européenne. Ils ont été capables effectivement d'influencer les élections de leurs affidés en Europe.
21:24 Ils ont pris le contrôle de beaucoup de secteurs économiques, du système bancaire puisque c'est le dollar qui joue.
21:31 Quant à l'euro, quand on regarde un peu la masse des monnaies européennes, en euro, c'est à peu près l'équivalent de ce qu'il y avait avant lorsqu'on ajoute toutes les monnaies.
21:47 Donc ça se tape. Et puis bien entendu, un formatage des institutions de l'Union européenne, on en a parlé largement ce matin.
21:58 L'envers du décor de cette affaire-là, c'est que c'est un appauvrissement en particulier dans l'Union européenne des couches moyennes.
22:08 On en a parlé ce matin. Car quand vous regardez la carte de l'augmentation des couches moyennes en Europe, c'est tout le long du rineau de fer.
22:24 On peut se demander pourquoi la Finlande, qui est un pays où il n'y a que des arbres et des lacs, avait des couches moyennes dont les revenus par tête d'habitants étaient supérieurs à ceux de la France, par exemple.
22:38 Donc tout le long, vous avez effectivement des couches moyennes qui ont été fortement aidées, en général d'ailleurs sous la forme salariée et sous la forme salariée étatique.
22:49 Et au fur et à mesure qu'on s'éloigne de ce rineau, jusqu'au Portugal, c'était quasiment des pays sous l'Union européenne.
22:59 Donc il s'agit d'une stratégie de façon à dire « Vous voyez, à l'Occident, il y a effectivement une richesse pour tout le monde ».
23:07 D'autre côté, il n'y avait pas ces couches moyennes-là, ou d'une manière disons pas aussi importante. On pourra revenir là-dessus si vous voulez.
23:17 Ensuite, l'approbissement donc des couches moyennes, qui créent les problèmes sociaux qu'on a aujourd'hui, les revendications, etc.
23:26 Un approbissement des États. On vient de parler effectivement de la baisse d'influence de la France en Afrique. On n'a plus les moyens d'avoir une influence en Afrique. Terminé.
23:43 Évidemment, les autres puissances en profitent en particulier, effectivement la Chine, la Russie et les États-Unis.
23:56 Une guerre tout à zimut – on en a parlé tout à l'heure – mais ces guerres-là ont entraîné quand même une baisse très importante de l'image des États-Unis dans le monde, en particulier au Moyen-Orient.
24:18 Quand vous allez au Moyen-Orient, on discute avec les collègues du Moyen-Orient. Les États-Unis, ils veulent plus en entendre parler. Ça devient, je dirais, presque un bouton profond.
24:36 Mais aussi, y compris dans l'UE, toutes les enquêtes actuellement montrent qu'effectivement une grande partie des Européens ne supportent plus la pression américaine en Europe.
24:52 Ça veut dire qu'il y a une baisse de la puissance sociale qui permettrait effectivement de continuer à soutenir toute cette politique.
25:03 D'autant plus que cet effet d'empire américain est fondé sur la monnaie et bien entendu ce qui va avec toujours la monnaie, l'armée.
25:18 Mais cette monnaie, d'abord n'est plus fondée sur l'or – depuis pas mal de temps – en plus était plutôt fondée en termes d'échanges sur le pétrole essentiellement, sur les matières premières.
25:39 Sauf qu'aujourd'hui, le pétrole en particulier et le gaz n'ont plus le monopole des conditions de l'industrialisation.
25:57 Il y a d'autres sources qui permettent effectivement de se détacher du pétrole et d'autant plus qu'il y a d'autres pays qui produisent beaucoup de pétrole et qui sont indépendants des États-Unis.
26:12 Ce qui fait que le dollar est en train de vaciller sérieusement. Entre parenthèses, je ne suis pas économiste, mais je suis gestionnaire.
26:28 Le PIB national, ce qu'on appelle le PIB dans les pays occidentaux, ça ne veut plus rien dire, parce que c'est fondé sur rien.
26:42 Ce qui fait que l'on dit par exemple que oui, le PIB par habitant est de tant aux États-Unis et de tant en Russie ou je ne sais où, ça ne veut plus rien dire.
26:52 Ce qu'il faut bien regarder, c'est la production. Or, la production dans ces pays-là, du fait des centralités, des filiales qui ont été mises un peu partout,
27:05 des marchés qui se sont écroulés parfois aussi, n'a plus la puissance qu'il y avait auparavant. Mais en même temps, ce sera fermé, bien entendu, les BRICS.
27:19 Tu viens d'en parler. Bon. De ton part, les puissances militaires s'équilibrent. C'est quand même beau.
27:32 Il y aurait une guerre aujourd'hui, les États-Unis seraient touchés de tous les côtés. Mais pire que ça, c'est que les cohésions nationales dans les pays de l'Ouest,
27:46 comme on dit, se délitent partout. C'est la crise sociale. Sauf peut-être en Allemagne, mais j'aimerais bien qu'on revienne tout à l'heure sur le rôle de l'Allemagne,
27:58 en particulier en Europe, et sur ce qui vient de se passer. Ce n'est pas anodin. Comme on dit, le sentiment national n'est pas aussi fort qu'avant.
28:09 En revanche, ce sentiment national, c'est refermé, par exemple en Russie, en Chine ou ailleurs. Et en plus, la guerre en Ukraine, ça a été un révélateur.
28:24 Quand je dis la guerre en Ukraine, la guerre américano-russe en Ukraine, ça a été un révélateur pour le monde entier.
28:33 C'est-à-dire que Poutine, lorsqu'il a déclaré, quand il a envahi une partie de l'Ukraine, tout le monde a vu que c'était un coup de pied dans la première.
28:47 En Amérique du Sud, en Afrique, etc., c'est possible de se mettre en opposition aux États-Unis d'Amérique. Et ça, c'est un signal mondial du multidérivé.
29:08 Je terminerai sur le coup de maître qui a eu lieu il y a très peu de temps, concernant en particulier le rôle de la Chine qui a réussi à redéboucher d'Iran et de l'Arabie saoudite.
29:28 Ça, c'est vraiment extraordinaire. Ça, ça va renverser vraiment la géopolitique au Maïn-Orient. Et ce qui veut dire pareil, sans doute,
29:41 là, je pars sous le contrôle de notre militaire, que la guerre en Ukraine va certainement se... y compris au niveau de la Corse et de l'Afrique.
29:59 Je pense que là, il va y avoir forcément, sans doute, des adoucissements, disons. Voilà ce que je voulais dire dans un premier temps.
30:09 Juste un dernier point. C'est le terme « Occident ». Je crois qu'on aurait tort, en tant que militant, de parler « Nous sommes des Occidentaux ».
30:22 On peut pas dire que ce soit... On peut dire « Nous sommes... Il y a les États-Unis. Il y a les affinés européens. » C'est pas la même chose.
30:35 Je ne me sens pas du tout américain. Je connais bien... Je sais bien les États-Unis. Je ne me sens pas du tout américain. On se met pas dans la même chose.
30:45 La réalité, ce terme d'Occident, c'est fait pour cacher, tout moins grossièrement, le rôle des États-Unis en nous mettant systématiquement dans le cas étatsunien,
30:59 en particulier dans le cas de la guerre en Ukraine. Donc là aussi, il faut que dans nos documents, je pense, c'est mon avis, il faut plus parler d'Occident.
31:10 Les États-Unis, leurs affinés... Non, non, on va pas lire les affinés. C'est le mot utilisé à l'instant. Je crois que ce sont les termes à modifier dans nos documents. Voilà.
31:30 On va d'abord définir les notions. Qu'est-ce que c'est qu'un monde multipolaire ? Est-ce que c'est un concept ou une représentation ? Point d'interrogation.
31:44 Vous savez la différence entre le concept et la représentation. Donc je vais pas faire le vocabulaire. Ça s'oppose à quoi ? Ça s'oppose au monde unipolaire ou bipolaire.
31:56 Mais comme vous le savez, de tout temps, il y a eu des puissances régionales. Donc redécouvrir le monde multipolaire, c'est redécouvrir le monde multipolaire.
32:06 Le monde a toujours été multipolaire. Toujours. Puisqu'il y a toujours eu des puissances régionales qui se sont ajustées sur les deux superpuissances sorties de la Deuxième Guerre mondiale,
32:19 l'URSS et les USA. Mais cette représentation vient d'une histoire qui s'appelle l'histoire occidentale. Certes, l'Occident a précipité, en particulier la France et l'Allemagne,
32:34 le monde en Deux Guerres mondiales. Mais il y a toujours eu des puissances régionales. Le Japon, la Chine, qui était une puissance régionale avant au XIXe siècle,
32:46 un peu bouffée par les Occidentaux, la Turquie, qui était une puissance régionale et qui le reste d'ailleurs. Donc effectivement, le monde multipolaire tel qu'on le voit aujourd'hui,
32:56 en fait, il a toujours plus ou moins existé. Donc déjà, redécouvrir que le monde a toujours été le monde, c'est déjà pas mal. Ça, c'est la notion.
33:07 Après, il y a le point de vue. À quel point de vue je parle ? Etant franchouillard de base, furieusement attaché au peuple français, je raisonne d'abord par rapport aux intérêts du peuple français.
33:21 Je ne raisonne pas donc par rapport à l'OTAN, je ne raisonne non pas par rapport à la Russie, je raisonne par rapport aux intérêts du peuple français.
33:31 Et ensuite, quel est le cadre d'analyse que je prends ? Parce que j'essaye d'avoir un cadre d'analyse. Alors, je reprends une bonne vieille notion qui s'appelle l'impérialisme.
33:41 Et on regarde à partir de cet impérialisme, quels sont les avantages comparatifs de tel ou tel impérialisme. L'impérialisme des USA, il est connu.
33:54 C'est le dollar et l'armée. Le dollar, opposant sur les institutions internationales qui sortent de la Deuxième Guerre mondiale, et l'armée en tant que superpuissance.
34:04 L'impérialisme de la Russie, et en particulier construit par Poutine après l'effondrement de la Russie, c'est l'énergie et l'armée.
34:15 Je recommence. L'impérialisme de côté reconstruit de Poutine à partir de l'effondrement de l'URSS, c'est l'énergie et l'armée.
34:30 Ça, c'est un deuxième type de grille d'analyse. À partir des avantages comparatifs que la Russie peut déployer en termes d'énergie, c'est sa cohorte avec l'OPEC,
34:43 sa politique d'influence au Moyen-Orient, puisque son intervention en Syrie est aussi une manière d'affirmer sa présence, outre l'Iran, qui a des réserves pétrolières considérables,
34:57 la Syrie, qui est un facteur potentiel de distribution du gaz. Bref, vous avez une toile d'araignée de Poutine qui se déploie sur le secteur de l'énergie.
35:10 Et ce n'est pas un hasard si les Allemands, au début de l'envahissement des Russes vers l'Ukraine, ont commencé à dire « Ah oui, mais non, je ne veux pas mettre Michel Lopard,
35:22 parce que sinon on va avoir des petits problèmes avec mon gaz ». Quand vous êtes à 30 % dépendant d'un fournisseur, vous réfléchissez à deux fois avant de fournir des armes à une nation,
35:38 quand vous avez quelqu'un qui est capable de vous foutre votre économie en l'air. Parce que c'est quand même un peu ça, Poutine, il est capable de vous foutre cette économie en l'air.
35:47 Même s'il ne l'a pas voulu au début, il a été quand même assez soft quand vous regardez un petit peu le déroulé de la séquence.
35:56 Et que devient notre ami chinois ? Puisque les chinois sont là aussi. Leur impérialisme repose d'abord sur leur capacité industrielle et l'armée.
36:10 L'armée chinoise, c'est quand même pas rien, même si on n'en parle pas beaucoup et si elle se modernise à la vitesse grand-vraie.
36:19 Donc effectivement, la Chine a cet impérialisme aussi. La mise en place de la route de la soie, de l'appropriation des ports grecs, par exemple,
36:30 devrait nous interroger sur la capacité chinoise à s'étendre, y compris en Europe.
36:38 Alors nous, français, comment faire ? Bah oui, parce qu'effectivement, moi je ne suis pas chinois, je ne suis pas russe et je ne suis pas américain. Je suis français.
36:53 Je suis français. Quel est l'intérêt du peuple français dans cette affaire ?
37:02 Quelles sont les évolutions majeures qu'a reçues la France récemment ? Eh bien, ça a été souligné tout à l'heure, l'arrêt de la France-Afrique.
37:12 Alors comment interpréter cette affaire ? Moi, je ne cherche pas à savoir. Je me dis, c'est quoi le danger dans cette affaire ?
37:22 Parce que Poutine, quand il envoie Wagner, il a un objectif. Il n'envoie pas Wagner au Mali ou il n'envoie pas Wagner au Burkina Faso pour se faire plaisir
37:33 ou simplement pour exploiter les mines de diamants. Il a forcément un objectif qui est en lien avec sa politique de long terme.
37:42 Poutine est un penseur. Poutine pense, il n'est pas fou. Quel est le domaine de privilège d'action de Poutine ? C'est l'énergie.
37:53 A côté du Burkina Faso, il y a le Niger. Et devinez quoi au Niger ? Il y a quoi ? Niger. Il y a l'uranium.
38:02 Et quand vous regardez la fourniture d'uranium des Français avec leur indépendance énergétique, vous avez le Niger, 30%, le Kazakhstan et l'Ouzbékistan, 3/3.
38:14 Alors on a un peu le Canada aussi, on a un peu tout ça. Et si jamais, je ne dis pas un seul instant que Poutine n'a aucune action sur l'Ouzbékistan et le Kazakhstan.
38:26 Il n'a aucune zone d'influence. Il ne peut rien faire. Absolument rien. C'est sûr. Mais ça représente quand même 2/3 de nos approvisionnements.
38:36 Mais le dernier tiers où il n'a vraiment aucune zone d'influence, c'est en Afrique. Et curieusement, il s'y intéresse.
38:43 Bah je ne sais pas. Mais moi ça me fait réfléchir. Ça me fait réfléchir et je me dis tiens, bah le Russe, il n'est pas forcément très gentil. D'accord ?
38:56 Et il est franchement pas con surtout. Alors après effectivement, on peut regarder avec un amour considéré la question des Brics.
39:04 Mais la question des Brics, quand vous regardez un petit peu dans la grille de lecture modeste, tout à fait insignifiante que je vous ai proposée,
39:14 qu'est-ce qu'ils cherchent les Brics sinon à remettre le pouvoir financier des USA ? Bah c'est ça. C'est-à-dire qu'effectivement,
39:24 le pouvoir des USA repose d'abord sur la monnaie et l'armée. Le pouvoir des autres Etats ne repose pas sur la monnaie et l'armée.
39:34 Qu'est-ce qu'on cherche à faire ? On met en place un système monétaire alternatif à celui des USA. Logique. Très logique.
39:47 Donc effectivement, à un moment donné, la question de l'impérialisme doit être posée en tant que telle. Et la question des hégémonies doit être posée en tant que telle.
39:58 On ne peut pas, à mon sens, raisonner pour la France sans questionner la question des hégémonies des autres.
40:08 Sachant que nous, nous ne sommes pas forcément très pacifistes non plus, mais quand même, personnellement, je m'intéresse à la France.
40:19 Ensuite, quand on regarde à un moment donné la question de l'Ukraine, alors effectivement, on peut se dire que c'est peut-être aussi une mesure de représailles.
40:27 Wagner en Afrique. On fait mûmuse avec les Ukrainiens. On commence à vendre nos pauvres canons César qui nous restent parce qu'on n'en a plus assez.
40:40 Et qu'en fait, on est en train de s'apercevoir que la plus puissante armée de Rome, la France, est en fait en lambeaux. Mais bon, ça, tout le monde le savait.
40:50 Mais c'est curieux quand même d'arriver, de voir arriver Goutine maintenant, alors que la France vient de déclarer sa flamme à l'Ukraine,
41:00 en suivant, et là-dessus je rejoins les deux interlocuteurs, aveuglément, le pan.
41:06 C'est vrai que ça devrait faire réfléchir. Sachant quand même, parenthèse, que, effectivement, Bolloréa récupérait tous les pauvres africains,
41:16 était de centraliser l'ensemble du commerce du cacao et des matières premières africaines, et qu'effectivement, la question de la corne africaine,
41:24 pas celle de la Somalie, mais celle où on était implanté avec l'Afrique équatoriale française, se repose tout le temps.
41:34 Donc effectivement, à un moment donné ou à un autre, il faut regarder ça. Quels sont nos intérêts ?
41:40 Et comment, à un moment donné, naviguer dans ces intérêts ? Est-ce qu'on doit suivre aveuglément la politique de l'OTAN ?
41:47 Est-ce qu'on a une monnaie d'échange à échanger avec la question russe ?
41:52 Parce que les russes-cauches viennent quand même sacrément nous emmerder, si nous virent du Niger, on va avoir un problème.
41:59 Donc effectivement, à un moment donné, peut-être qu'il faudrait commencer par se poser ce genre de questions.
42:05 Personnellement, j'irais voir qui dit "tu fous la paix au Niger, et je te fous la paix en Ukraine", mais ça c'est mon avis.
42:13 Voilà. Ça c'est mon avis. Bon, après, effectivement, j'engagerais une politique de réarmement.
42:18 Mais bon, bref, ça c'est mon deuxième avis, parce qu'il ne peut pas y avoir de politique d'influence sans l'armée.
42:25 La géopolitique, au début, c'est la force, et après c'est l'économie.
42:31 Donc, voilà où on en est. Alors, au sein de ces impérialismes, et au sein de l'Union Européenne,
42:41 est-ce que l'Union Européenne peut nous servir d'appui de vue géopolitique ?
42:45 On s'aperçoit que de toute façon, l'Union Européenne a toujours été un arme politique.
42:50 De plus, elle est tiraillée entre les différents intérêts.
42:55 Les Polacks sont anti-les Polonais.
42:59 S'il te plaît.
43:01 Tu comprends.
43:03 Je vais appuyer sur nos doigts.
43:06 Les Polonais sont farouchement anti-communistes.
43:09 Ça s'explique, quand même.
43:13 Antirusses.
43:15 Oui, mais bon, en fait, ils ont une très mauvaise mémoire de la période soviétique, je pense.
43:20 À un moment donné. Voilà. Et il n'y a pas que. Quand les pays de l'Est étaient anciennement sous influence russe,
43:29 ont rejoint l'Union Européenne, c'était pour se protéger du grand frère russe.
43:34 Qui n'était pas qu'un grand frère, hein. Qui était aussi un tortionnaire, quand même.
43:39 Donc, la véritable question qui se pose, c'est aujourd'hui, est-ce qu'on peut avoir une politique coordonnée ?
43:46 Parce que, en fait, les Polonais et les Hongrois, qu'est-ce qu'ils ont constaté, quand même ?
43:52 Que l'Europe, au moment de la guerre en Ukraine, elle a quand même vachement hésité.
43:59 Que si Biden n'avait pas piqué sa crise...
44:02 Ah, par contre, effectivement, j'ai été complètement surpris de la réaction de Biden.
44:06 Mais bon, bref, je ne m'attendais pas à ça.
44:09 L'Europe, aujourd'hui, n'aurait pas soutenu l'Ukraine.
44:12 Effectivement, si Biden n'avait pas dit "bon, maintenant, on soutient massivement",
44:18 l'Europe n'aurait rien décidé. Elle n'aurait rien décidé.
44:23 Et alors ?
44:24 Et alors, la véritable question, c'est qu'aujourd'hui, si, par exemple, l'Union Européenne n'est pas capable de décider quoi que ce soit,
44:34 toute seule, qu'elle est tiraillée entre différentes sphères d'influence.
44:39 Par exemple, vous avez des gens en Pologne qui vont dire "nous, on va soutenir l'OTAN".
44:44 Pourquoi ? Parce qu'ils voient le grand frère russe se rapprocher de leurs frontières et qu'ils ont de très mauvais souvenirs vis-à-vis du grand frère russe.
44:51 Il ne faut pas négliger ça non plus.
44:54 Eh bien, à un moment donné, ils vont dire "oui, mais nous, notre intérêt, c'est de soutenir l'OTAN".
44:59 Mais est-ce que nous, notre intérêt, c'est de soutenir l'OTAN ?
45:02 Voilà la vraie question.
45:04 Nous, en tant que Français, notre intérêt, c'est de soutenir l'OTAN.
45:07 Est-ce qu'on ne va pas subir les conséquences de notre soutien à l'OTAN ?
45:12 Par exemple, par un envahissement ou une tentative de déstabilisation des Russes en pays africain.
45:21 Par exemple. C'est une vraie question.
45:24 Et est-ce que c'est l'intérêt de la France de continuer à soutenir l'OTAN ?
45:28 C'est une vraie question.
45:30 Alors, pour finir, parce que là, je pose des questions, moi.
45:34 Mais effectivement, je n'ai pas les réponses.
45:36 Mais, bon si, j'ai des réponses, mais c'est prématuré.
45:41 La vraie question qui se pose aujourd'hui, c'est d'abord, d'une part, notre rapport au monde multipolaire.
45:50 Quel type d'alliance on peut faire, en fonction de quelles hégémonies ?
45:56 Ça, première question.
45:58 Dans l'intérêt du peuple français.
46:02 C'est-à-dire de faire passer notre intérêt, avant des intérêts géopolitiques, des considérations géopolitiques, etc.
46:14 Deuxième question.
46:16 Quel est l'intérêt des peuples dans ce petit jeu, où, grosso modo, nous ne sommes pas sur de la souveraineté populaire, mais du souverainisme, et donc de l'impérialisme ?
46:31 Où est l'intérêt des peuples, là-dedans ?
46:34 C'est quoi, l'intérêt des peuples ?
46:36 Moi, je ne sais pas.
46:38 Quand vous avez l'armée russe qui va en Ukraine, et qui, grosso modo, se fait buter,
46:45 et que l'armée ukrainienne va tuer des enfants russes, et réciproquement, on ne voit pas quel est l'intérêt des peuples russes à le tendre.
46:54 Mais bon, c'est peut-être l'intérêt des peuples russes, hein.
46:58 Troisième question, quand même.
47:01 Comment reconstruire une sphère d'influence autonome des hégémonies ?
47:07 Parce que vous avez des tonnes d'hégémonies qui se créent, quand même.
47:11 Vous avez l'hégémonie des USA, qui est connue.
47:17 Vous avez l'hégémonie russe.
47:20 Vous avez l'hégémonie chinoise.
47:24 Et ces hégémonies se construisent.
47:29 D'accord ? Vous avez l'ambition de l'Inde.
47:32 Vous avez l'ambition du Brésil.
47:36 Même si on a Lula, et puis Bolsonaro.
47:39 Comment, nous, on réagit là-dedans ? Est-ce qu'on peut réagir tout seul ou avec quelqu'un ?
47:45 Parce que c'est vrai qu'on peut remettre en cause l'Union européenne.
47:49 Mais à un moment donné, il faudra bien se poser la question.
47:53 Avec qui on peut travailler sur quelque chose de non-aligné en Europe ?
47:59 Déjà, ce serait déjà pas mal.
48:03 Parce qu'effectivement, à un moment donné ou un autre, il va falloir se poser la question de la politique.
48:08 Et de la politique de puissance.
48:11 C'est ça la question.
48:14 Et j'ai fini.
48:15 Merci.
48:16 Merci à tous.