Bertrand Mandico : "Je n'ai pas encore montré mon Conann à Schwarzenegger"

  • l’année dernière
Bertrand Mandico nous invite en enfer et s'attaque au mythe de Conan le Barbare rebaptisé : "Conann". Il en propose une vision très personnelle, queer et décadente présentée à la Quinzaine des cinéastes.

Interview et vidéo : Mathias Averty
Transcript
00:00 Ce Conan pour moi conclut une trilogie que j'ai commencé avec Les Garçons Sauvages.
00:04 Les Garçons Sauvages c'était le paradis, Afterblue le purgatoire et Conan l'enfer.
00:08 C'est une image iconique que j'ai voulu prendre complètement en rebrousse poil.
00:19 Me débarrasser de la virilité du film originel,
00:23 aller chercher à la source dans les bouquins d'Award
00:27 et aussi dans la figure mythologique celte, le Conan avec deux N.
00:32 Franchir de ce personnage pour aller dans mes propres obsessions
00:36 et définir la barbarie à travers les époques et le temps.
00:39 Le principe de Conan c'est que tous les dix ans,
00:42 il y a une nouvelle Conan qui arrive, forcément plus âgée, qui va tuer la précédente.
00:46 Pour moi c'était ça le camp de la barbarie, la vieillesse qui tue la jeunesse.
00:51 C'était aussi le prétexte pour avoir six interprètes assez différentes
00:55 qui correspondent à des figures fortes des décennies,
00:59 des figures fortes aussi des contradictions de Conan.
01:01 Le principe c'était que la caméra traverse le temps et les murs.
01:04 Donc il y a cette idée de fluidité du temps,
01:08 fluidité des genres aussi puisqu'on passe d'un genre à l'autre.
01:12 Pouvoir emmener le spectateur comme ça l'air de rien à travers toutes ces époques.
01:18 Salut Conan, tu sais qui je suis ?
01:22 Non.
01:26 Je suis toi.
01:29 Toi à 25 ans.
01:31 Je tournais autour de ce sujet depuis un moment,
01:34 le désir de parler de Succube, d'un démon,
01:37 de parler frontalement du monde dégueulasse dans lequel on est,
01:40 de la montée du totalitarisme, etc.
01:42 Mais je voulais pouvoir le faire avec un certain souffle.
01:45 J'ai profité d'une invitation du Théâtre des Amandiers.
01:48 Philippe Ken m'a proposé de réfléchir à un spectacle autour de mon cinéma.
01:52 Donc j'ai pris cette invitation comme une préparation de Conan.
01:56 Le spectacle n'a pas eu lieu, mais moi j'ai répété
01:59 et j'ai tout de même filmé des choses à ce moment-là
02:02 pour nourrir et construire le vrai film de cinéma que j'ai tourné après
02:07 au Luxembourg en cinq semaines.
02:09 Et après j'ai terminé sur un film en réalité virtuelle
02:12 sur l'adamnation des actrices.
02:14 Conan, le long métrage, est un film à part entière,
02:17 mais il a des satellites autour.
02:19 Il y en a trois qui vont apparaître une fois que Conan sera sorti.
02:24 Le corps raconte autant que le visage une histoire.
02:36 Donc forcément ce corps dans le décor est mis en scène, chorégraphié.
02:43 Il y a un érotisme qui naît de cette alchimie-là.
02:47 Mais alors là c'est un érotisme qui naît malgré moi.
02:50 J'essaye de magnifier les personnages
02:53 et émane une érotisation qui me dépasse.
02:57 Moi je n'utilise pas de post-production.
03:08 Je tourne en pellicule en 35 et tous les effets sont faits au tournage.
03:12 Donc tout ce que vous voyez est vrai puisque ça a été tourné tel quel.
03:15 J'utilise beaucoup la rétroprojection, les transparences comme on dit.
03:18 J'avais une scène de bataille, j'avais pas assez de figurants.
03:21 Et donc ce que j'ai décidé de faire, c'est avec une caméra vidéo,
03:25 parallèlement à ma caméra, filmer la bataille en direct,
03:29 la projeter en direct sur l'écran.
03:31 Et donc ça crée une image écho comme ça.
03:33 Et ça crée une espèce de démesure de bataille,
03:36 alors qu'en réalité c'est toujours les mêmes figurants
03:38 qui se démultiplient en direct.
03:40 Donc la vidéo bouge parallèlement à moi,
03:42 donc crée une espèce de chaos de bataille.
03:44 Et moi je filme le tout en essayant de ne pas sortir de l'écran.
03:47 Et c'est comme ça que je crée ma scène de bataille.
03:49 Ah bah s'il veut le voir, il est à Cannes, non ?
03:54 Je sais pas, j'ai lu ça, je sais pas.
03:56 Bah oui oui, moi je le montre, qui veut bien le voir ?
03:58 Non non, je pense que ça serait intéressant d'avoir son avis.
04:00 Crâââââââââââââââââââh !
04:02 [Musique]

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