Chocolaterie Trogneux : «Le tweet révolutionnaire de Mélenchon»

  • l’année dernière

Chaque lundi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Philippe Val livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Philippe Val - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/philippe-val-les-signatures-deurope-1

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00:00 - Et d'abord, Philippe Val comme chaque lundi. Bonjour Philippe !
00:02 - Bonjour Dimitri, bonjour tout le monde.
00:04 - Vous vous arrêtez ce matin Philippe sur un tweet qui date de la semaine dernière du patron des Insoumis.
00:08 - Eh oui, parce qu'il est intéressant ce tweet.
00:10 Jean-Luc Mélenchon ne recule jamais devant le plaisir de nous donner une leçon d'histoire de la Révolution française
00:17 pour justifier sa légitimité révolutionnaire.
00:20 Il omet un détail qui relève d'une ignorance historique, réelle ou simulée.
00:25 Ignorance dont témoigne son tweet précisément à la suite de l'agression de Jean-Baptiste Tronieux
00:31 passé à tabac pour avoir commis le crime d'être le petit-neveu de Brigitte Macron.
00:35 - Alors pouvez-vous nous rappeler le contenu de ce fameux tweet Philippe ?
00:38 - Volontiers ! Alors il commence par une accusation purement gratuite qui fleurbont la rhétorique du comité de salut public.
00:43 Je cite "Des commentateurs indifférents aux tentatives de meurtre et agression raciste contre les Insoumis
00:50 me somme de me prononcer sur l'agression à Amiens contre le chocolatier Tronieux".
00:55 Ça sonne un peu si devant Tronieux...
00:58 "Je joins ma protestation à la sienne, je demande à Macron et Madame d'en faire autant pour nos amis agressés ou menacés
01:05 sans réserver leur sollicitude aux seuls émours quand ils furent molestés".
01:10 - Alors selon vous c'est là que s'impose un petit rappel historique.
01:13 - Eh oui, parce que le 26 août 1789, l'Assemblée Constituante vote la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen
01:20 lesquelles naissent libres et égaux, c'est-à-dire innocentes de tout ce qui pourrait les priver du droit de vivre librement.
01:27 Ce vote décisif met juridiquement fin à l'absurdité criminelle qui consiste à rendre un individu coupable de son ascendance.
01:37 L'universalisme, concept qu'il est à la mode de pinailler chez les insoumis, n'est pourtant que le bon sens
01:44 qui considère que tout enfant naît innocent de ses origines familiales ou ethniques.
01:49 Seuls les totalitarismes fascistes, communistes, les théocraties et les sociétés claniques perpétuent ce crime
01:56 qui, lorsqu'il se passe aux États-Unis, s'appelle un lynchage, dans la France des années 60 une ratonnade,
02:02 dans l'Europe d'avant-guerre un pogrom et pour sa version industrielle dans l'Allemagne nazie la solution finale.
02:08 Plus encore que la nuit du 4 août qui vit l'abolition des privilèges, la Déclaration des droits de l'homme du 26 août
02:17 est le premier acte fondateur de la Révolution française.
02:20 Parce qu'il fait plus que réparer une injustice, il abolit une barbarie.
02:25 M. Mélenchon semble l'ignorer superbement, sans doute parce que pour lui la vraie révolution ne commence qu'au deuxième acte.
02:34 - Et quel est le deuxième acte justement ?
02:37 - Eh bien il s'ouvre en septembre 92 avec les massacres de septembre et dure jusqu'en juillet 94, c'est-à-dire le 9 Termidor,
02:45 période désignée sous le nom de "Grande Terreur".
02:48 Robespierre et ses amis, au mépris de la Déclaration des droits de l'homme, vont condamner à la guillotine des milliers d'individus
02:55 dont beaucoup, comme la fille du Grand Malzerbe, sa petite-fille et leur mari, seront jugés coupables de leurs liens familiaux.
03:03 Il est clair que pour M. Mélenchon, l'épisode sacré de la Révolution, c'est la terreur.
03:09 C'est le divin chaos à la faveur duquel une minorité prend le pouvoir pour bafouer les droits de la majorité.
03:14 Laissons de côté le niveau de conscience politique des abrutis qui ont agressé Jean-Baptiste Rognieu.
03:20 Ce qui est en cause ici, c'est le niveau de conscience politique de M. Mélenchon.
03:24 - Mais ce n'est pas la première fois que Jean-Luc Mélenchon justifie la violence des manifestants par les violences policières.
03:29 - Oui, mais ici il s'agit de tout autre chose.
03:31 Il ne s'agit pas ici de juger de la proportionnalité de la violence des uns et des autres dans les manifestations,
03:37 il s'agit de juger de la molle protestation d'un chef de parti politique, qui plus est de gauche,
03:44 qui renvoie dos à dos le maintien de l'ordre dans les manifestations et le lynchage d'une personne
03:49 en raison de ses liens de parenté avec un adversaire politique.
03:53 Son tweet signifie "cette agression est regrettable, mais...".
03:57 Or, il n'y a pas de "mais".
04:00 "Tout mais" n'est qu'une invitation désignée à déguiser à la terreur, laquelle est souvent un boomerang.
04:08 Robespierre l'a appris à ses dépens, ce qui devrait inciter Mélenchon à tourner cette fois la langue dans ses tweets.
04:15 - Signature européenne, Philippe Vall. Merci beaucoup Philippe, à lundi prochain.
04:19 A la suite.

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