Mohamed Bazoum : l’entretien exclusif du président nigérien à Jeune Afrique

  • l’année dernière
Stratégie de lutte antijihadiste au Niger, présence de l'État islamique au Grand Sahara (EIGS) au Mali, recrutement des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) au Burkina Faso, montée du sentiment anti-Français dans le Sahel… Dans un entretien exclusif à paraître sur Jeune Afrique, Mohamed Bazoum, le chef de l’État nigérien, livre sa part de vérité. François Soudan, directeur de la Rédaction de Jeune Afrique, revient au micro de RFI sur la teneur de cette interview, à découvrir en intégralité dans le numéro de ce mois de juin 2023 de Jeune Afrique, et sur notre site, dès ce vendredi 26 mai.
Transcript
00:00 Comme tous les dimanches, on retrouve nos confrères de Jeanne Afrique.
00:03 Avec nous ce matin, François Soudan.
00:04 Bonjour, vous êtes directeur de la rédaction du magazine.
00:07 A la une cette semaine, cet entretien que vous avez mené avec le président du Niger,
00:12 Mohamed Bazoum.
00:13 Sécurité, sentiments anti-français, matière première, lutte contre la corruption.
00:17 Autant de sujets abordés par cet homme lucide, dites-vous, loin de sous-estimer la menace
00:23 terroriste.
00:24 Justement, cette menace est très présente au Burkina Faso, où pour lutter, le pouvoir
00:29 a mis l'accent sur le recrutement de supplétifs civils, les volontaires pour la défense de
00:32 la patrie.
00:33 Mohamed Bazoum se montre très critique à l'égard de cette initiative.
00:37 Quels sont ses arguments ?
00:38 Si c'était la solution, nous dit Mohamed Bazoum, nous l'aurions choisi, mais ce n'est
00:42 pas le cas.
00:43 Peu après son arrivée au pouvoir à Ouagadougou, le capitaine Traoré a dépêché auprès
00:47 de moi son chef d'état-major particulier.
00:49 Et je lui dis ceci, même si je crains que vous ne puissiez changer tant vous avez radicalisé
00:53 cette option, je tiens à vous dire que toutes nos constatations indiquent clairement que
00:57 les VDP ne sont pas la solution.
00:59 Distribuer des armes à des civils, c'est une erreur tragique, dit Mohamed Bazoum, qui
01:03 expose à deux types de risques.
01:04 Celui d'en faire des proies faciles pour les terroristes, de la chair à canon en quelque
01:07 sorte, et celui de voir se multiplier les abus et les exactions, car nul ne contrôle
01:12 la moralité, le comportement de ces gens recrutés à la hâte et lâchés dans la nature.
01:16 Et il ajoute, Mohamed Bazoum, c'est hélas exactement ce qui se passe.
01:20 Alors toujours au sujet sécuritaire, le président nigérien est aussi très inquiet de la présence
01:25 au Mali du groupe Etat islamique au Grand Sahara, le IGS.
01:28 Il y a d'abord cette inquiétude qui est effectivement très forte.
01:31 Ce qu'il nous dit, c'est qu'au Mali, dans la région de Ménaka, le IGS opère en toute
01:36 liberté, dans un espace vide de toute autorité.
01:38 Il exerce aussi une menace directe sur la région de Kidal.
01:41 Et sur ce point, oui, ajoute-t-il, le départ des Français de Barkhane, c'est un facteur
01:45 d'explication.
01:46 C'est un déni redoutable pour lui, qui en agissant à partir de ses bases maliennes,
01:50 est capable de monter des embuscades au Niger relativement complexes et de nous faire mal.
01:54 Et il reconnaît par ailleurs que le IGS compte dans ses rangs de nombreux jeunes peuls nigériens.
02:00 Mais en même temps, il y a une main tendue au colonel Goïta.
02:02 Nous savons qu'un jour ou l'autre, c'est ensemble que nous allons combattre nos adversaires
02:07 communs.
02:08 Nous avons défendu bec et ongle, dit-il, le principe de l'unité nationale malienne,
02:12 parfois avec plus de détermination que les Maliens eux-mêmes.
02:15 Et nous sommes tout à fait prêts à aider nos frères à surmonter les difficultés
02:18 auxquelles ils sont confrontés.
02:20 Et enfin, Léa, le président Mazoun donne un conseil qui sera très commenté à Babako
02:24 et à son jeune frère.
02:25 Le colonel Goïta a celui de ne pas se présenter à l'élection présidentielle prévue pour
02:29 l'an prochain.
02:30 Et l'engagement qu'il a pris, dit-il, je suis sûr qu'il sait où se trouve son honneur
02:34 d'officier.
02:35 Alors Burkina Faso, Mali, ce sont deux pays où s'est manifesté ces derniers mois un
02:39 fort sentiment anti-français.
02:41 Mais au Niger, ce n'est pas un problème sérieux, selon Mohamed Bazoum.
02:45 Pourquoi semble-t-il minimiser ce phénomène ?
02:47 Parce que, dit-il, c'est un phénomène urbain de réseaux sociaux qui affecte une couche
02:52 très minoritaire de la population, de notre population, dit-il, que représente-t-elle
02:55 par rapport à notre électorat, par rapport aux gens des campagnes et des villages que
02:59 nous avons le devoir de protéger, quels sont les niveaux de pénétration d'Internet
03:02 au Niger ?
03:03 Et quand je dis que pour les populistes des réseaux sociaux, qui craquent du panafricanisme,
03:06 il est l'homme des Occidentaux au Sahel, il est la cible de leurs vindictes, sa réponse
03:10 est claire, il dit que cette opinion n'a aucune valeur.
03:13 Je me contrefiche de ce que ces gens-là peuvent penser.
03:16 C'est du Bazoum dans le texte, Léa, à la fois structuré et tranchant.
03:20 Du Bazoum dans le texte à retrouver sur le site de Jeune Afrique et dans Le Magazine.
03:26 Merci François Soudan.

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