François Diot : «Ce n’est pas parce qu’on a accès à du matériel stérile que l’on change ses pratiques de consommation et surtout que l’on se soigne»

  • l’année dernière
François Diot, spécialiste des conduites addictives estime que la politique française de lutte contre la toxicomanie n'est pas complète.
Transcript
00:00 – Écoutez, moi je trouve ça désolant en fait,
00:02 voir quelqu'un évidemment consommer des drogues dans la rue,
00:07 c'est désolant.
00:09 La réalité en fait, c'est qu'il y a une salle de consommation à moindre risque,
00:13 une salle de shoot, moi je n'en ai jamais dirigé,
00:15 je dirigeais un K-Ru, c'est un centre d'accueil pour tous les femmes,
00:19 dans lequel on n'a pas le droit de consommer.
00:21 En fait, la réalité c'est qu'il y a une politique qui a été mise en place,
00:24 il y a des amis pour prévenir les conséquences de l'usage de drogue,
00:29 et éviter que les toxicomanes se contaminent par le sida et les hépatites.
00:34 C'est pour ça qu'on distribue des seringues,
00:35 pour éviter ces contaminations,
00:38 et c'est une politique qui est efficace à ce niveau-là.
00:40 En revanche, ce qui est dramatique en fait,
00:44 c'est de voir que les gens continuent à consommer dans la rue,
00:48 c'est pas parce qu'on a accès à du matériel stérile
00:51 qu'on change ses pratiques de consommation,
00:55 et surtout qu'on se soigne.
00:57 Si vous voulez, le fond du problème en fait,
00:59 c'est qu'en confondant la réduction des risques et le soin,
01:02 le dispositif tel qu'il est organisé en France,
01:05 ne permet pas suffisamment aux toxicomanes de se soigner et de se désintoxiquer.
01:12 Accompagner l'usage, ce n'est pas soigner malheureusement,
01:15 c'est prévenir ses conséquences.
01:17 Et c'est là où en fait c'est dramatique de voir ce genre de situation.
01:21 À proximité de la salle de consommation,
01:24 qui est gérée par l'association Gaillard, près de la gare du Nord,
01:27 ce type de scène est quotidienne.
01:29 Il y a une zone d'immunité pénale,
01:32 dans laquelle les toxicomanes peuvent venir avec leurs drogues
01:36 pour la consommer à l'intérieur de cette salle de consommation.
01:39 Et évidemment, les dealers sont présents à proximité,
01:44 vous pensez bien,
01:45 et la réalité de ce quartier, c'est justement le chaos,
01:49 si vous voulez, de la consommation de rue,
01:51 alors que cette salle était censée la régler,
01:54 et elle ne règle rien à ce niveau-là, malheureusement.
01:57 Et donc, cette réalité surtout,
02:00 où les gens sont de plus en plus intoxiqués,
02:03 de plus en plus mal, et de moins en moins bien soignés,
02:06 ce qu'il faudrait, c'est une politique ambitieuse,
02:09 avec beaucoup plus de places de désintoxication à l'hôpital,
02:13 des communautés thérapeutiques qui permettent aux gens
02:15 de sortir de l'usage de drogue et de se soigner sur le long cours.
02:20 (Générique)
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