Sans-abris sommés de quitter Paris pour les J.O: "Avec ces propositions, il n'y a rien de pérenne, rien de sérieux" pour Ian Brossat (adjoint PCF à la maire de Paris)

  • l’année dernière
Le gouvernement souhaite que les sans-abris quittent Paris pour la province à l'arrivée des Jeux Olympiques. Selon la majorité, les hôtels seront tous pleins. L'exécutif demande donc aux préfectures de créer des SAS temporaires d'hébergement notamment à Besançon ou à Bruz en Bretagne.

Category

🗞
News
Transcript
00:00 Mais c'est n'importe quoi et je suis très surpris de cette initiative de l'État,
00:03 qui ne se fait d'ailleurs pas en lien avec la ville de Paris,
00:07 et absolument pas à la demande de la ville de Paris.
00:09 Tout ça est fait en dépit du bon sens.
00:12 Vous savez, quand Emmanuel Macron est devenu président de la République,
00:15 il a dit "avec moi, il n'y aura plus personne qui dormira dans la rue,
00:18 il n'y aura plus de campement".
00:20 La réalité, c'est que six ans après, la seule chose qu'il a à proposer,
00:24 ce n'est pas de loger ces personnes sans abri,
00:26 c'est de les promener, c'est de les balader à travers le territoire national.
00:30 Et donc, avec ces propositions, il n'y a en réalité rien de pérenne,
00:34 rien de sérieux, et personne ne peut imaginer qu'on installera
00:37 des centres d'hébergement en région, sans l'accord des maires,
00:41 et sans lien avec les maires.
00:42 Si on a envie que ça fonctionne, on a évidemment besoin de travailler
00:45 en collaboration avec eux, et certainement pas en faisant ça dans leur dos.
00:49 Alors vous dites "je suis très surpris", c'est-à-dire qu'à aucun moment,
00:52 le gouvernement n'est venu vers vous pour discuter de ce dispositif ?
00:56 Absolument pas, tout ça est une initiative purement gouvernementale,
01:02 une initiative qui relève de l'État, et mon expérience d'élu,
01:06 d'élu local aussi, d'élu de Paris, c'est que si on a envie
01:09 que l'hébergement fonctionne, on a besoin de le faire avec les élus locaux.
01:13 Et d'ailleurs, je suis quand même surpris par autre chose,
01:16 c'est que le gouvernement parle d'une meilleure répartition
01:18 des sans-abri à l'échelle de la France, mais qu'il commence par regarder
01:22 à l'échelle de la région parisienne. Vous avez un certain nombre de villes
01:25 de la région parisienne, je pense à Neuilly ou à des villes du 92,
01:29 dans lesquelles l'État ne fait rien pour installer des centres d'hébergement.
01:33 Donc il commence par regarder du côté de la région parisienne
01:36 et du côté d'un certain nombre de villes qui ne contribuent pas
01:39 à la solidarité à l'échelle de notre région.
01:41 Aujourd'hui, vous interpelez directement le gouvernement ?
01:44 Oui, parce que je pense que tout ça est voué à l'échec,
01:49 et je vois bien un certain nombre de réactions de maires,
01:52 je vois notamment en Bretagne, tout ça ne fonctionnera pas.
01:56 On a besoin de travailler avec les élus locaux en matière d'hébergement.
01:59 C'est bien sûr une compétence de l'État, mais quand on installe
02:02 un centre d'hébergement dans une ville, il faut le faire avec les maires,
02:05 il faut le faire avec les élus, et c'est la condition de la réussite de tout ça.
02:09 Alors le gouvernement met en avant comme argument la baisse du nombre
02:13 d'hôtels prêts à héberger les sans-abri à cause de la Coupe du monde de rugby
02:17 et des JO. Quelle est votre réaction ?
02:20 Oui, mais la vraie solution, c'est de créer des places d'hébergement
02:25 supplémentaires, et notamment dans un certain nombre de bâtiments,
02:29 y compris à Paris, y compris en région parisienne, qui aujourd'hui sont vides.
02:33 Vous avez aujourd'hui des bâtiments vides que l'État aurait la possibilité
02:37 de réquisitionner, puisque ça relève du préfet, pour y créer des places
02:41 d'hébergement, et aujourd'hui l'État ne le fait pas.
02:43 J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'interpeller l'État sur de nombreux bâtiments vides,
02:47 et pour l'instant il n'y a pas de réaction. Donc il commence par faire ça,
02:50 et puis pour le reste on verra après, mais en tout cas il y a des marges de manœuvre
02:53 qui existent et qu'aujourd'hui l'État n'utilise pas.

Recommandée