Audition à l'Assemblée nationale - Ingérences étrangères : audition de Marine Le Pen

  • l’année dernière
Marine Le Pen est entendue par la commission d'enquête qui vise à établir d'éventuelles ingérences politiques, économiques ou financières dans la vie politique française. Cette audition devrait notamment porter sur les liens réels ou supposés du Front national, puis du Rassemblement national avec la Russie de Vladimir Poutine, ainsi que sur des prêts contractés auprès d'une banque tchéco-russe et d'une banque hongroise, les responsables du parti ayant toujours expliqué ces prêts par la difficulté de trouver des financements, notamment auprès des banques françaises. Lors de la création de la commission d'enquête, son président, Jean-Philippe Tanguy (RN), avait indiqué que celle-ci serait l'occasion pour le Rassemblement national de « laver [son] honneur », les autres groupes y voyant une tentative de « diversion » du parti de Marine Le Pen. Retrouvez l'audition en intégralité sur LCP-Assemblée nationale.

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Transcript
00:00:00 Nous recevons Mme Marine Le Pen,
00:00:01 présidente du groupe Rassemblement national
00:00:02 à l'Assemblée nationale, notre assemblée,
00:00:05 et ancienne présidente du Front national
00:00:07 et du Rassemblement national maintenant.
00:00:10 Comme il l'a fait pour toutes les auditions
00:00:11 des personnalités appartenant à sa famille politique,
00:00:14 le président Jean-Philippe Tanguy a souhaité se déporter.
00:00:17 Il me revient donc l'honneur de présider cette séance.
00:00:20 Mme la présidente, chers collègues,
00:00:23 je vous remercie de vous être rendus disponibles
00:00:24 dans un délai aussi bref
00:00:26 et d'être présentes pour répondre à nos questions.
00:00:29 Le président Tanguy nous avait indiqué
00:00:30 dès le début de nos travaux
00:00:31 que vous étiez à la disposition de la commission d'enquête.
00:00:34 Il nous est apparu utile de vous entendre
00:00:36 en conclusion de nos travaux
00:00:37 après que nous ayons entendu plusieurs personnalités
00:00:40 ayant ou ayant eu un rôle au sein de votre formation politique.
00:00:44 Personne ignore ici la polémique qui a précédé la création
00:00:48 à l'initiative du groupe Rassemblement national
00:00:50 de cette commission d'enquête.
00:00:52 Nous espérons cependant que cette audition
00:00:54 nous permettra de clarifier certaines questions
00:00:55 relatives aux prêts étrangers
00:00:57 souscrits par votre formation politique ou par vous-même,
00:01:00 ainsi qu'aux relations entre le Front national
00:01:02 puis le Rassemblement national avec le régime russe.
00:01:05 Compte tenu du caractère particulier de cette audition
00:01:09 et afin de ne pas la faire dériver dans son objet,
00:01:12 le bureau de la commission d'enquête a décidé
00:01:14 à l'unanimité que seuls les membres de la commission
00:01:18 pourront intervenir au cours de cette séance.
00:01:20 Une exception sera faite, le cas échéant,
00:01:23 pour les membres des groupes gauche GDR,
00:01:25 donc gauche, démocrate et républicaine,
00:01:27 et liberté indépendante, outre-mer et territoire,
00:01:29 liottes, qui n'ont pas nommé de représentants
00:01:31 lors de la création de la dite commission,
00:01:34 à raison d'un intervenant par groupe.
00:01:36 Je n'ignore d'ailleurs si certains d'entre eux sont présents.
00:01:39 Non, il ne me semble pas.
00:01:41 Cette audition, je le précise, est retransmise en direct
00:01:44 sur le site de l'Assemblée nationale
00:01:46 et l'enregistrement vidéo sera ensuite disponible à la demande.
00:01:49 Je vous laisserai la parole pour une intervention luminaire
00:01:51 d'une quinzaine de minutes,
00:01:53 puis nous poursuivrons nos échanges
00:01:54 sur la forme de questions et de réponses.
00:01:57 Auparavant, je vous rappelle que l'article 6
00:01:58 de l'ordonnance du 17 novembre 1958,
00:02:01 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires,
00:02:03 impose aux personnes auditionnées par une commission d'enquête
00:02:06 de prêter serment de dire la vérité,
00:02:08 toute la vérité, rien que la vérité.
00:02:10 Je vous invite donc à lever la main droite
00:02:12 et à dire "je le jure".
00:02:14 -Je le jure.
00:02:15 -Je vous remercie. Vous avez la parole.
00:02:18 -Merci, M. le président, Mme la rapporteure,
00:02:21 mes chers collègues, bons membres de la commission.
00:02:24 Merci de m'avoir invitée précisément à m'expliquer,
00:02:27 car j'avais vu la commission terminer ses travaux
00:02:29 sans que j'aie eu la possibilité de m'exprimer,
00:02:32 et j'en étais, il faut bien le dire, fort marie.
00:02:35 Vous avez raison de rappeler qu'il existe,
00:02:39 depuis un certain nombre d'années,
00:02:40 une politimie que je considère parfaitement sans fondement
00:02:45 sur un prêt, notamment, que le mouvement,
00:02:48 que j'ai eu l'honneur de présider, a effectué en 2014.
00:02:54 Donc je vais revenir un peu sur le contexte
00:02:56 et la situation du mouvement à cette époque-là.
00:02:59 Le FN est, à ce moment-là,
00:03:01 confronté à des graves difficultés de trésorerie
00:03:05 liées historiquement d'abord à la défaite électorale de 2007,
00:03:10 qui avait vu 350 députés passer en dessous de la barre des 5 %.
00:03:16 Or, vous le savez ou non, d'ailleurs,
00:03:18 mais le FN s'est toujours fait un honneur
00:03:22 de ne jamais mettre un candidat en difficulté financière
00:03:25 et donc a toujours pris l'engagement de prendre à sa charge
00:03:28 l'intégralité des dépenses qui sont effectuées par les candidats
00:03:31 et qui pourraient ne pas être remboursées par l'Etat,
00:03:36 soit en raison, encore une fois, d'une erreur d'aiguillage,
00:03:40 soit en raison de résultats qui ne permettent pas ce remboursement.
00:03:44 C'est donc en 2007, 7 millions d'euros
00:03:48 qui se retrouvent à la charge du mouvement,
00:03:51 qui, en 2014, n'a pas réussi à combler,
00:03:55 si je puis me permettre, ce trou de trésorerie,
00:03:58 malgré la vente de son siège,
00:04:00 qui s'est fait dans des conditions très mauvaises,
00:04:02 puisque celui-ci avait été évalué à 15-16 millions
00:04:05 et n'a été pour finir vendu que 8 millions
00:04:07 dans le cadre d'une période vraiment peu faste,
00:04:10 il faut bien le dire, pour les transactions immobilières.
00:04:14 Ce déficit était aussi lié à cet accident électoral
00:04:18 et à des pertes financières électorales.
00:04:21 Sachez que chaque élection entraînait, en réalité,
00:04:25 une aggravation de la situation financière du mouvement
00:04:28 pour une raison simple,
00:04:30 c'est que les banques refusent de nous prêter.
00:04:34 Nous n'avons, depuis des années, jamais réussi à obtenir
00:04:38 le moindre prêt de la moindre banque française,
00:04:41 et j'y dirais même mieux, de la moindre banque européenne.
00:04:46 Or, pour vous donner une anecdote qui n'en est pas une pour moi,
00:04:51 lorsque vous empruntez à une banque,
00:04:52 par exemple pour une présidentielle,
00:04:54 l'intégralité des intérêts que vous payez à la banque
00:04:56 sont pris en charge par l'Etat.
00:04:58 Lorsque vous empruntez aux prêts, par exemple, de particuliers
00:05:02 pour d'autres élections,
00:05:04 l'ensemble des intérêts que vous versez à ces particuliers
00:05:06 ne sont pas pris en charge et remboursés par l'Etat.
00:05:10 Donc ceci entraîne des conséquences très lourdes financières
00:05:13 pour un mouvement tel que le nôtre.
00:05:15 Et par exemple, pour une présidentielle,
00:05:16 c'est 800 000 euros, à peu près,
00:05:19 entre 800 000 et 1 million d'euros
00:05:21 qui restent à la charge du mouvement.
00:05:23 Nous avons donc cherché un prêt bancaire
00:05:24 pour pouvoir faire face à cette situation financière difficile
00:05:28 et face aussi à la crise de croissance
00:05:29 qui était celle du mouvement à cette époque-là.
00:05:33 Nous avons envoyé 200 lettres, je crois,
00:05:36 saisi près de 200 établissements bancaires.
00:05:40 Aucun de ces établissements n'a accepté de nous faire un prêt.
00:05:45 C'est incroyable, d'ailleurs, de penser que le gouvernement français
00:05:48 est incapable de permettre à une candidate d'un grand parti
00:05:53 de trouver un financement,
00:05:54 incapable d'assurer à des candidats législatifs
00:05:57 la possibilité d'accéder à des prêts.
00:05:59 C'est incroyable, parce qu'en réalité,
00:06:01 ça va à l'encontre de l'article 4 de la Constitution.
00:06:05 Et cette problématique que j'ai évoquée mille fois
00:06:08 dans les médias n'a échappé, bien entendu,
00:06:10 à aucun, je pense, d'entre vous.
00:06:14 C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs,
00:06:16 M. Bayrou avait fait de son soutien à Emmanuel Macron
00:06:21 la condition de mettre en place une banque de la démocratie,
00:06:24 car il était bien conscient
00:06:26 qu'il y avait là un problème démocratique fondamental
00:06:30 dans l'incapacité de certains partis à obtenir des prêts.
00:06:33 Cette banque de la démocratie, en 2017,
00:06:35 elle a été votée et puis elle est partie à la poubelle.
00:06:38 Il n'y a donc pas eu de banque de la démocratie.
00:06:40 Mais tous les à-côtés,
00:06:42 entre autres, au passage, qui ont été votés en même temps,
00:06:45 c'est-à-dire l'interdiction de prêts hors Union européenne,
00:06:48 ont été maintenus.
00:06:52 Cette situation a été d'ailleurs confirmée,
00:06:56 constatée par un rapport
00:06:59 qui a été à l'époque rédigé
00:07:01 par notre présidente actuelle, Mme Braun-Pivet,
00:07:04 et M. Gosselin,
00:07:06 qui attestait qu'en effet, malgré 200 lettres fournies,
00:07:10 aucune banque ne voulait prêter ni aux partis
00:07:14 ni à moi-même, à titre personnel,
00:07:16 pour une élection présidentielle.
00:07:18 Cette situation a d'ailleurs été confirmée
00:07:20 par le médiateur du crédit,
00:07:21 qui lui aussi a tenté d'intervenir
00:07:23 auprès d'un certain nombre d'organismes bancaires
00:07:25 sans aucun succès.
00:07:27 C'est dans ces conditions que nous avons été contraints,
00:07:31 contraints et forcés,
00:07:32 de chercher en 2014
00:07:35 un prêt en dehors des frontières de l'Union européenne.
00:07:39 Il se trouve qu'à ce moment-là,
00:07:40 j'ai fait la connaissance de M. Schaffhauser,
00:07:45 dont c'était en partie le métier
00:07:48 et qui m'a indiqué qu'il entendait
00:07:51 chercher pour nous, précisément,
00:07:53 le prêt que nous souhaitions.
00:07:56 Il a démarré un certain nombre de pistes
00:08:00 et il est venu me les présenter.
00:08:03 Dans ces pistes, il y avait un certain nombre de pays
00:08:06 dont des banques acceptaient de nous faire un prêt.
00:08:10 J'ai fait un choix et j'ai choisi
00:08:13 la First Czech-Russian Bank.
00:08:17 Et cette négociation entamée en janvier 2013
00:08:23 a abouti à la signature d'un prêt en septembre 2014.
00:08:29 Alors, je rappelle quand même à la Commission
00:08:33 qu'il est évidemment assez facile
00:08:36 de juger a posteriori
00:08:39 d'une situation géopolitique,
00:08:41 mais qu'à l'époque,
00:08:43 j'essaie de remettre la Commission dans le contexte,
00:08:46 à l'époque, il était évident
00:08:48 que les relations que la France devait
00:08:51 ou ne devait pas avoir avec la Russie
00:08:54 étaient beaucoup moins tranchées qu'aujourd'hui, bien entendu.
00:08:58 Et notamment, je crois pouvoir vous dire,
00:09:02 preuve à l'appui d'ailleurs,
00:09:03 qu'à peu près l'intégralité de la classe politique
00:09:08 du Parti socialiste,
00:09:10 en passant par la France insoumise,
00:09:13 en passant par les LR, bien entendu,
00:09:17 jusqu'à d'ailleurs Emmanuel Macron,
00:09:20 cherchait, comme la France historiquement
00:09:23 a cherché à le faire d'ailleurs,
00:09:25 à améliorer les relations avec la Russie,
00:09:29 notamment ces relations économiques avec la Russie.
00:09:34 En ce qui me concerne, je n'ai jamais changé d'avis.
00:09:37 Mon mouvement, d'ailleurs, n'a jamais changé d'avis.
00:09:40 Nous avons toujours eu les mêmes positions.
00:09:43 Et ceci pour vous dire que l'arrivée
00:09:46 ou la non-arrivée d'un prêt
00:09:49 jamais, jamais n'a changé un iota
00:09:53 de la position et des idées
00:09:55 qui étaient les nôtres en matière géopolitique.
00:09:59 Je vous le dis, je vous l'affirme,
00:10:01 et je vous le dis avec d'autant plus de fermeté
00:10:04 que j'ai souffert
00:10:07 d'une campagne de diffamation
00:10:10 absolument inadmissible
00:10:13 depuis un certain nombre d'années,
00:10:15 basée sur des soupçons qui n'ont jamais reposé
00:10:18 sur le moindre élément factuel
00:10:22 et qui visait à laisser penser
00:10:24 que les idées que nous pourrions défendre
00:10:28 auraient pu être influencées par l'émergence de ce prêt.
00:10:32 Bon, ceux qui connaissent un peu l'histoire politique
00:10:34 savent que Jean-Marie Le Pen avait peu,
00:10:36 il faut bien le dire, de points d'accord
00:10:38 avec le général De Gaulle, mais il en avait au moins un,
00:10:40 c'était l'Europe de Brest-Avladivostok,
00:10:43 ce qu'il a répété à de nombreuses reprises
00:10:45 et qui est resté, il faut bien le dire,
00:10:47 l'idée partagée, je crois, par Emmanuel Macron, d'ailleurs,
00:10:52 qui, lui, parlait de l'Europe de Lisbonne-Avladivostok.
00:10:56 Donc je pense que l'idée était à peu près la même.
00:11:00 Ce prêt, il a été vérifié, survérifié
00:11:05 par absolument tout le monde.
00:11:08 C'est-à-dire que l'origine des fonds,
00:11:11 comme la régularité de ce prêt,
00:11:13 comme la régularité des remboursements
00:11:15 que nous avons effectués en vertu de cette empreinte
00:11:20 ont été vérifiés par, d'abord, notre banque,
00:11:23 car c'est une obligation,
00:11:25 notre banque, qui reçoit les fonds,
00:11:27 doit vérifier l'origine des fonds.
00:11:29 Elle en est, d'ailleurs, responsable.
00:11:31 Mais également les 2 commissaires aux comptes
00:11:34 de notre mouvement.
00:11:35 Mais également Tracfins, car vous imaginez
00:11:38 que lorsqu'il y a 9 millions qui transitent,
00:11:42 ça n'échappe pas, enfin, je le souhaite, je l'espère,
00:11:45 à la vigilance de Tracfins.
00:11:47 Mais aussi la CNCCFP.
00:11:51 La CNCCFP, qui a d'autant plus, évidemment,
00:11:55 d'intérêt à vérifier de manière extrêmement précise
00:11:59 non seulement les conditions de ce prêt,
00:12:00 mais les conditions de remboursement de ce prêt,
00:12:02 que si le prêt n'était pas remboursé,
00:12:05 il s'agirait alors d'une transformation en dons
00:12:09 qui serait évidemment interdite par la loi
00:12:11 avec toutes les conséquences que ça pourrait avoir
00:12:14 sur la suppression des subventions,
00:12:17 et j'en passe, et des meilleurs.
00:12:19 Alors ça ne s'est pas passé très simplement, ce prêt,
00:12:24 puisque ce prêt de 9 millions a un taux,
00:12:28 dans le moins qu'on puisse dire que ce n'est pas un taux d'amis,
00:12:30 puisque c'était 6 %, donc c'était un taux extrêmement lourd,
00:12:34 eh bien, a prévoyé, en fait, un remboursement
00:12:39 en une fois, en septembre 2019,
00:12:42 et le paiement des intérêts trimestriellement.
00:12:43 Nous avons payé les intérêts trimestriellement
00:12:46 sans jamais rater une seule échéance,
00:12:48 et la banque a fait faillite.
00:12:50 Bon, c'est un peu une pierre dans le jardin
00:12:52 de ceux qui expliquaient que cette banque
00:12:54 était, en quelque sorte, par un biais ou par un autre,
00:12:56 détenue par l'Etat russe,
00:12:59 parce que quand une banque est détenue par l'Etat russe,
00:13:01 elle est rarement en faillite, il faut être honnête.
00:13:03 Bon, alors elle est tombée en faillite,
00:13:05 et les paiements, donc nous ne savions plus
00:13:08 à qui payer trimestriellement nos intérêts.
00:13:12 Nous nous sommes donc tournés vers la Banque centrale de Russie,
00:13:15 nous avons pris un avocat français et un avocat russe,
00:13:20 et il nous a été demandé de verser ces fonds en consignation,
00:13:25 en quelque sorte, en consignation entre les mains d'un notaire,
00:13:28 ce que nous avons fait jusqu'à la liquidation de la banque,
00:13:32 qui est intervenue en octobre 2018,
00:13:34 et le rachat des créances, en fait,
00:13:39 de cette banque par une société,
00:13:43 Avia Zadast.
00:13:47 En 2017,
00:13:50 les résultats électoraux du Rassemblement national
00:13:54 ont été décevants aux législatives,
00:13:57 décevants pour le mouvement,
00:13:59 et la capacité que nous pensions avoir
00:14:01 de pouvoir rembourser notre prêt en une fois,
00:14:06 s'est un peu envolée, puisque 118 candidats
00:14:08 du Rassemblement national ont fait moins de 5 %,
00:14:10 et en vertu de la jurisprudence que je vous ai rappelée tout à l'heure,
00:14:13 comme nous prenions en charge l'ensemble de ces dépenses
00:14:16 pour que la candidature aux législatives
00:14:18 ne soit pas réservée aux gens qui ont les moyens
00:14:21 de subir une éventuelle perte,
00:14:23 mais puis s'est ouverte aussi aux Français modestes,
00:14:26 parce que c'est aussi une des idées que nous défendons.
00:14:31 Eh bien, nous, nous sommes rapprochés de cette société
00:14:35 en sollicitant la renégociation du prêt.
00:14:40 Entre-temps, puisque nous faisions l'objet
00:14:43 de critiques médiatiques sur ce prêt,
00:14:46 j'ai demandé mille fois, je pense, à peu près,
00:14:48 sur tous les plateaux de France et de Navarre,
00:14:51 que si quelqu'un avait une banque à nous suggérer
00:14:54 qui souhaiterait reprendre ce prêt à sa charge,
00:14:57 que j'accepterais l'intégralité des propositions
00:15:00 qui me seraient faites,
00:15:01 quelle que soit la banque et quel que soit le pays.
00:15:03 Ca n'a pas été le cas, vous l'imaginez bien.
00:15:07 Donc cette transaction,
00:15:10 cette renégociation du prêt a lieu en juin 2020
00:15:13 avec un échéancier
00:15:15 qui est aujourd'hui scrupuleusement respecté
00:15:17 par le Rassemblement national,
00:15:19 qui rembourse trimestriellement
00:15:21 et en même temps une partie du capital
00:15:24 et en même temps une partie des intérêts,
00:15:26 ce prêt ayant vocation à s'éteindre en 2028.
00:15:31 Alors, comme je vous le disais,
00:15:34 si vous regardez les positions qui ont été les miennes politiques,
00:15:38 vous vous apercevrez qu'elles n'ont absolument jamais varié,
00:15:43 ni avant ni après le prêt,
00:15:46 ni avant ni après l'annexion de la Crimée.
00:15:51 J'ai fait l'objet, je vous le disais,
00:15:54 d'une campagne de diffamation qui a été cruelle.
00:15:58 Cruelle parce que je pense qu'il n'y a rien de plus infamant
00:16:01 pour une patriote,
00:16:04 pour quelqu'un aussi attaché à l'indépendance de mon pays
00:16:07 que je le suis,
00:16:09 de se voir suspecté
00:16:12 de manière plus ou moins grossière, il faut bien le dire,
00:16:16 d'être influencé
00:16:19 par quelques nations étrangères que ce soit.
00:16:22 J'ai toujours fait extrêmement attention,
00:16:26 d'ailleurs, y compris par des effets secondaires,
00:16:31 à ne jamais avoir
00:16:35 de relations qui puissent être problématiques
00:16:38 avec quelques sociétés étrangères que ce soit.
00:16:41 Je vous le dis parce que le débat a existé en 2017
00:16:45 avec NationBuilder.
00:16:46 A l'époque, toute la classe politique française
00:16:48 se passionne pour NationBuilder.
00:16:50 C'est vrai que c'est un moyen de pouvoir récupérer des données
00:16:53 très utiles sur le plan électoral.
00:16:54 L'intégralité des candidats LR à la primaire
00:16:57 utilise NationBuilder.
00:16:58 Et même M. Mélenchon,
00:17:00 dont je pensais qu'il était plus intéressé par l'indépendance
00:17:03 à l'égard des Etats-Unis que cela,
00:17:05 il décide d'utiliser NationBuilder.
00:17:08 Emmanuel Macron utilise NationBuilder.
00:17:10 Et je refuse, moi, d'utiliser NationBuilder,
00:17:12 malgré le bénéfice électoral,
00:17:14 parce que NationBuilder, ça voulait dire transmettre
00:17:16 les données des gens qui pouvaient être intéressés
00:17:19 par ma candidature à un pays étranger.
00:17:24 Et ça me posait un problème de conscience.
00:17:26 Et nous n'avons donc pas utilisé NationBuilder
00:17:28 parce que, comme d'ailleurs notre projet,
00:17:31 notre programme politique le demande,
00:17:35 nous souhaitons que l'intégralité des données
00:17:37 de nos compatriotes puisse être conservée
00:17:39 sur le territoire national
00:17:40 et ne soit pas transférée à une nation étrangère.
00:17:44 Alors, comme je vous le disais, ces accusations,
00:17:47 qui sont peut-être les plus graves pour une patriote,
00:17:48 ont de surcroît été proférées
00:17:53 par quelqu'un qui, à mon sens,
00:17:55 n'avait pas la possibilité de le faire éthiquement,
00:17:58 moralement, à savoir le président de la République.
00:18:01 Parce que j'ai la faiblesse de penser,
00:18:03 et je vous le dis très clairement,
00:18:05 qu'un candidat à la présidentielle
00:18:09 doit toujours éviter de tomber dans la diffamation
00:18:12 et dans la calomnie de ses adversaires politiques,
00:18:15 et particulièrement lorsque ce candidat
00:18:18 est déjà président de la République.
00:18:20 Or, s'il y a bien une personne qui était parfaitement au courant
00:18:25 que je n'étais soumise ou victime d'aucune ingérence,
00:18:29 c'est bien le président de la République
00:18:31 qui a, évidemment, en sa possession,
00:18:33 l'ensemble des notes,
00:18:37 des services de renseignement français.
00:18:40 Alors, ces accusations ne sont d'ailleurs arrivées
00:18:43 réellement, véritablement, de manière très forte
00:18:45 qu'en 2022.
00:18:48 Et ce sont des accusations opportunistes et électoralistes,
00:18:52 je crois que c'est aujourd'hui extrêmement clair,
00:18:55 qui ne sont corroborées, encore une fois,
00:18:56 par aucun début de commencement d'éléments factuels,
00:19:00 et portées par le président de la République et ses troupes,
00:19:03 ce que je trouve, encore une fois, très grave.
00:19:06 Elles ont 2 buts.
00:19:07 Le but d'essayer de discréditer son opposition,
00:19:10 ses adversaires politiques,
00:19:12 car je n'ai pas été la seule à être victime de ces soupçons.
00:19:17 Je pense que M. Mélenchon en a eu également sa part.
00:19:21 Et puis, peut-être faire oublier,
00:19:23 c'est la 2e raison, à mon sens, c'est une analyse,
00:19:25 faire oublier que tous les mouvements politiques,
00:19:28 comme je vous le disais, de LR à LFI,
00:19:31 en passant par Emmanuel Macron,
00:19:33 développaient, en réalité, à l'égard de la Russie,
00:19:35 exactement la même vision politique que la mienne.
00:19:39 La différence, c'est que moi,
00:19:41 je n'avais aucune responsabilité
00:19:43 dans le fait d'avoir aggravé la dépendance économique
00:19:45 et énergétique de nos pays à la Russie.
00:19:49 D'autres ont sûrement des choses à se reprocher dans ce domaine.
00:19:52 Je pense, bien entendu, à la présence d'ENGIE
00:19:56 dans la construction d'Orstream,
00:19:59 de l'inauguration du 1er tronçon,
00:20:01 qui a vu M. Medvedev, Mme Merkel et M. Fillon,
00:20:05 les uns à côté des autres.
00:20:07 J'ai été amenée à me rendre en Russie,
00:20:10 vous le savez, jamais secrètement,
00:20:14 jamais confidentiellement, pour une raison très simple,
00:20:17 c'est que jamais rien de ce que je fais
00:20:21 n'est ni secret ni confidentiel.
00:20:22 Vous voyez, je prends l'avion, je donne mon passeport,
00:20:27 et, en règle générale,
00:20:28 je rencontre des personnalités politiques
00:20:31 où que j'aille dans le monde,
00:20:33 ce qui fait l'objet, évidemment, de multiples articles de presse
00:20:37 qui suivent, bien entendu, toujours mes déplacements.
00:20:42 J'ai fait 2 voyages de mémoire avant l'annexion de la Crimée,
00:20:45 dont un en Crimée, d'ailleurs,
00:20:47 à l'époque où la Crimée était encore ukrainienne.
00:20:51 J'ai fait 2 voyages après l'annexion de la Crimée.
00:20:54 Donc, si vous voulez,
00:20:56 tout ceci n'avait évidemment rien à voir avec ces éléments.
00:21:01 Je rappelle, et je terminerai par là, sur le contexte, quand même,
00:21:05 que nous sommes en plein milieu de ces événements,
00:21:08 se déroule l'attentat du Bataclan.
00:21:12 Pourquoi je rappelle cela ?
00:21:14 Parce que je pense que l'ensemble de la classe politique
00:21:17 a été convaincu à partir de ce moment-là
00:21:19 qu'il était absolument nécessaire
00:21:21 de créer les conditions d'un rapprochement avec la Russie
00:21:24 dans le cadre de la lutte
00:21:25 contre le fondamentalisme islamiste.
00:21:27 Et j'en étais convaincue moi-même,
00:21:30 et je pense que M. Fillon, M. Mélenchon, M. Sarkozy
00:21:34 et toute une série d'autres responsables
00:21:36 en étaient eux-mêmes tout à fait convaincus.
00:21:40 Et c'est d'ailleurs...
00:21:43 Ca a d'ailleurs été un des éléments essentiels
00:21:45 de la conversation que j'ai pu avoir avec Vladimir Poutine
00:21:50 lorsque je l'ai rencontré en 2017,
00:21:52 dans le cadre de la campagne présidentielle.
00:21:54 De mémoire, je vais d'abord au Tchad,
00:21:58 et puis je vais dans la foulée en Russie
00:22:03 pour rencontrer des chefs d'Etat et évoquer ce sujet
00:22:06 qui m'apparaissait, évidemment,
00:22:09 un sujet absolument central, fondamental
00:22:13 pour la sécurité de notre pays et de notre continent.
00:22:16 Voilà, M. le Président, mesdames, messieurs de la Commission,
00:22:19 un peu rapidement brosser cette listoire,
00:22:23 somme toute très simple et très transparente
00:22:26 de ce prêt opéré en 2014.
00:22:29 Je suis, bien entendu, à votre disposition
00:22:31 pour répondre à vos questions.
00:22:34 -Merci, madame la présidente.
00:22:37 Alors moi, j'ai une 1re série de questions.
00:22:39 Je céderai ensuite la parole à la rapporteure et au commissaire.
00:22:44 Vous nous avez affirmé que vous n'aviez jamais varié
00:22:47 de position concernant la Russie et M. Vladimir Poutine.
00:22:52 Que pouvez-vous nous dire aujourd'hui sur votre position
00:22:55 sur l'annexion de la Crimée ?
00:22:56 Vous l'avez à l'époque reconnue, vous vous êtes déplacée
00:22:58 avant, vous l'avez dit, et après l'annexion.
00:23:03 Donc on peut toujours se poser la question pourquoi.
00:23:06 Et est-ce qu'aujourd'hui, vous considérez
00:23:07 que c'était une erreur de reconnaître
00:23:09 l'annexion de la Crimée, l'annexion qui a été dénoncée
00:23:12 par toutes les organisations internationales
00:23:15 et qui va à l'encontre du droit international ?
00:23:18 -Je me suis exprimée 1 000 fois sur ce sujet.
00:23:21 Dès l'annexion de la Russie, vous imaginez bien
00:23:23 que dans la position dans laquelle je suis,
00:23:26 comme responsable d'un très grand puits
00:23:28 du 1er parti politique de France et candidate à la présidentielle,
00:23:32 j'ai été amenée à de multiples reprises
00:23:35 à exprimer ma position sur le rattachement de la Crimée.
00:23:40 J'ai toujours dit la même chose,
00:23:43 à savoir que la Crimée a été russe pendant 2 siècles.
00:23:50 Elle a été ukrainienne 60 ans,
00:23:53 donnée par un dictateur, d'ailleurs,
00:23:56 sur un coup de tête, un caprice, somme toute.
00:24:01 Et que défenseur absolu du référendum,
00:24:06 je considérais que, librement,
00:24:09 les habitants de Crimée s'étaient exprimés par le vote
00:24:13 pour être rattachés à la Russie.
00:24:17 Je l'ai dit au moment du référendum sur la Crimée.
00:24:22 Je le dis encore aujourd'hui.
00:24:24 Je n'ai aucune difficulté à le dire.
00:24:26 Et je considère qu'il est parfaitement légitime
00:24:29 que d'autres personnes aient une autre opinion sur ce sujet.
00:24:33 D'autant que j'étais allée en Crimée.
00:24:36 Voilà, vous voyez ? Donc, en plus, j'avais une expérience personnelle.
00:24:39 J'ai vu beaucoup de gens.
00:24:41 Et je n'avais pu que constater qu'effectivement,
00:24:44 ils se sentaient beaucoup plus profondément
00:24:47 rattachés à la Russie qu'à l'Ukraine.
00:24:49 -Et vous pensez, dans ce cadre-là,
00:24:51 que ces élections ont été librement exécutées
00:24:53 et sans aucune contrainte ?
00:24:55 -J'étais pas présente pour le voir.
00:24:57 Je note qu'il n'y a eu aucun réfugié de Crimée.
00:25:01 C'est donc que les gens n'ont pas quitté la Crimée
00:25:03 après le référendum.
00:25:05 Je note aussi qu'il était parfaitement loisible
00:25:08 aux instances internationales de réorganiser,
00:25:11 si elles le souhaitaient, l'ONU, notamment,
00:25:13 ce contrôle de l'ONU, à nouveau au référendum,
00:25:16 pour vérifier que les gens avaient librement voté.
00:25:20 Mais selon les informations que je pouvais avoir,
00:25:25 ce référendum exprimait la volonté
00:25:30 des habitants de la Crimée.
00:25:33 -Très bien. Sur un autre sujet.
00:25:35 Donc vous nous avez expliqué tout à l'heure
00:25:37 que, de la plupart des banques,
00:25:38 vous avez refusé ce fameux prêt en 2014.
00:25:43 La raison, évoquée notamment par M. Schaffhauser,
00:25:46 était qu'il y a un complot américain
00:25:48 qui vous empêche d'avoir des prêts.
00:25:49 On peut trouver ça un peu risible.
00:25:52 Mais est-ce que vous ne pensez pas plutôt
00:25:54 que le refus des banques occidentales est lié ?
00:25:56 D'ailleurs, vous l'avez fort bien expliqué au départ.
00:25:59 Un manque de vision claire de votre patrimoine,
00:26:02 puisqu'il y avait une enquête du Parquet national financier
00:26:05 à l'époque sur votre patrimoine et celui de votre père,
00:26:09 Jean-Marie Le Pen, et également sur le fait
00:26:11 que votre parti avait de lourdes dettes, était en déficit.
00:26:14 Comment vous expliquez qu'à la fin,
00:26:17 la banque russe ait accepté de vous financer
00:26:19 alors que toutes les autres banques, peut-être,
00:26:20 ne vous finançaient pas à cause de ces éléments-là ?
00:26:22 -Non, monsieur, c'est exactement l'inverse.
00:26:25 Vous vous trompez entre la cause et les conséquences,
00:26:27 monsieur le président.
00:26:28 La réalité, c'est que nous étions en difficulté financière
00:26:31 parce que nous n'obtenions jamais, en réalité,
00:26:33 de prêts par les banques.
00:26:34 Je vous l'ai expliqué au début de mon intervention.
00:26:37 A savoir que le fait qu'aucune banque ne nous prête
00:26:40 ni à la présidentielle ni aux législatives
00:26:43 créait une charge financière indue
00:26:46 qui pesait sur notre mouvement,
00:26:48 alors même qu'elle ne pesait pas sur des mouvements
00:26:51 qui arrivaient à avoir accès à des prêts.
00:26:55 Et votre suggestion, votre hypothèse,
00:26:57 ne tient pas non plus pour les élections présidentielles,
00:27:00 pour une raison très simple.
00:27:02 C'est que que regardent les banques
00:27:04 lorsqu'elles prêtent à un candidat à la présidentielle ?
00:27:06 Un, allez-vous faire plus de 5 %,
00:27:08 je pense que depuis déjà un certain nombre d'années,
00:27:11 nous faisons au-dessus de 5 % aux présidentielles.
00:27:14 Deux, allez-vous avoir les parrainages de maires ?
00:27:16 C'est la raison pour laquelle, bien souvent, d'ailleurs,
00:27:18 les prêts ne se déclenchent,
00:27:19 ce qui pose un problème institutionnel,
00:27:21 mais ce n'est pas le lieu pour en discuter.
00:27:23 C'est peut-être le lieu pour en discuter avec la présidente
00:27:26 Yael Broun-Pivet qui fait actuellement
00:27:27 des auditions sur ce sujet,
00:27:29 mais interviennent après les parrainages de maires,
00:27:32 c'est-à-dire en réalité en fin de campagne
00:27:34 quand déjà la plupart des dépenses sont d'ores et déjà effectuées.
00:27:37 Mais surtout, que demandent ceux qui prêtent ?
00:27:41 Et qu'est-ce qu'on leur accorde, évidemment, automatiquement ?
00:27:44 C'est le remboursement direct de l'Etat vers la banque.
00:27:49 Donc il y a en fait une subrogation
00:27:51 qui permet à la banque de recevoir directement
00:27:54 le remboursement de la part de l'Etat français.
00:27:57 Donc rien, absolument rien,
00:27:59 ne justifie la mise à l'écart du système bancaire
00:28:04 tel que nous l'avons vécu.
00:28:05 Quant à vos déclarations sur mon patrimoine,
00:28:08 je suis désolée de vous dire, monsieur,
00:28:09 qu'il n'y a eu aucune affaire judiciaire,
00:28:13 aucune procédure judiciaire engagée
00:28:20 sur ma déclaration de patrimoine.
00:28:23 -Très bien.
00:28:26 Pour revenir sur la Crimée,
00:28:29 nous avons appris que votre conseiller
00:28:30 aux Affaires internationales, monsieur Émeric Choufrade,
00:28:34 s'était rendu sur le territoire russe
00:28:35 comme observateur du référendum.
00:28:37 Donc vous aviez, à l'époque,
00:28:39 et comme vous l'avez confirmé,
00:28:40 que le résultat du référendum
00:28:42 était sans contestation possible.
00:28:45 Et 6 mois plus tard, vous obtenez
00:28:47 ce fameux prêt de 9 millions d'euros.
00:28:48 Est-ce que vous ne pensez pas que nous puissions trouver
00:28:51 qu'il y a un lien entre ces 2 événements ?
00:28:53 -Non. Je pense que c'est un abus
00:28:57 et que c'est une manoeuvre politique
00:28:59 qui a été utilisée contre moi
00:29:01 que de faire un lien entre ces 2 événements.
00:29:05 D'autant qu'encore une fois,
00:29:07 personne n'ignorait que nous n'avions
00:29:10 aucune possibilité d'obtenir un prêt
00:29:13 ni en France ni dans l'ensemble de l'Union européenne.
00:29:17 Je veux dire, le choix qui a été porté
00:29:20 à ma connaissance par Jean-Luc Schaffauser,
00:29:24 c'était la Chine,
00:29:27 de mémoire, l'Iran,
00:29:32 et donc cette banque tchéco-russe.
00:29:38 Il m'est apparu que la République tchèque
00:29:40 étant dans l'Union européenne
00:29:41 et que la Russie étant dans le Conseil de l'Europe,
00:29:45 ça m'a paraissu plus cohérent d'accepter
00:29:48 la proposition de cette banque tchéco-russe
00:29:50 plutôt que d'accepter la proposition
00:29:52 d'une banque iranienne ou d'une banque chinoise.
00:29:55 Je ne vois pas ce qui peut m'être reproché,
00:29:57 d'autant qu'encore une fois, je le rappelle,
00:30:00 aucun changement de position n'est intervenu
00:30:02 dans la vision géopolitique que nous avons
00:30:05 à l'égard de la Russie avant ou après ce prêt.
00:30:10 Aucune.
00:30:11 Donc il n'y a aucun élément qui permettait,
00:30:15 de bonne foi, bien entendu,
00:30:17 je sais qu'en matière politique,
00:30:19 quand vous avez des adversaires politiques,
00:30:21 ils ne sont pas toujours de bonne foi, j'entends bien,
00:30:23 mais aucun élément ne permettait
00:30:26 d'accuser une candidate à l'élection présidentielle,
00:30:32 encore une fois, chef du Premier parti de France,
00:30:36 de subir quelque influence que ce soit à raison de ce prêt.
00:30:40 D'autant que je vous rappelle, M. le Président,
00:30:41 que quand on fait un prêt, la seule obligation qu'on a,
00:30:43 c'est de le rembourser.
00:30:45 C'est tout.
00:30:46 Voilà. Ces remboursés sont prêts.
00:30:48 Et c'est une obligation que nous avons d'ailleurs
00:30:50 pas tant à l'égard de la banque,
00:30:51 même si, quand même, nous sommes des gens honnêtes,
00:30:54 mais à l'égard de l'ACN, CCFP,
00:30:56 car si nous ne remboursons pas la dette,
00:30:58 alors ce prêt est considéré comme un don,
00:31:01 et alors nous violons les règles du financement
00:31:04 des partis politiques français.
00:31:05 Donc la seule obligation que nous avons,
00:31:08 c'est de rembourser le prêt.
00:31:10 Je n'en ai aucune autre.
00:31:13 Je veux dire, la banque va pas venir me rechercher l'argent,
00:31:17 vous voyez ce que je veux dire,
00:31:18 ou annuler le prêt, ça n'existe pas.
00:31:20 Donc je vous le dis très clairement,
00:31:23 il s'agit là d'un argument électoraliste malfaisant,
00:31:27 voilà, je le dis, malfaisant,
00:31:29 qui a été très bien utilisé
00:31:31 par le camp du président de la République,
00:31:33 il faut être honnête,
00:31:34 mais qui n'en est pas moins absolument faux.
00:31:37 -Très bien. Comment vous expliquer alors
00:31:41 que, juste après l'obtention du prêt en 2014,
00:31:43 Jean-Luc Schaffhauser et Nicolas Lessage
00:31:45 sont tous deux rendus dans le Donbass, en Ukraine,
00:31:47 pour soutenir les séparatistes prorusses ?
00:31:50 Émeric Choprade aurait affirmé à Mediapart
00:31:52 que ce voyage était, je cite, "une contrepartie au prêt",
00:31:55 car aller dans le Donbass marquait un soutien fort à la Russie.
00:31:58 Avez-vous connaissance de ce voyage
00:32:00 et de cette conversation ?
00:32:02 -D'abord, je tiens à vous dire que je prends avec des pincettes
00:32:05 les déclarations d'Émeric Choprade à ce moment-là,
00:32:07 puisque nous sommes en rupture assez politiquement,
00:32:10 assez violente,
00:32:11 et il a multiplié des déclarations éminemment désagréables.
00:32:14 Une partie d'entre elles, d'ailleurs,
00:32:16 il est revenu dessus.
00:32:18 Bon. Ca, c'est la 1re des choses.
00:32:20 Deuxièmement, je n'ai pas à autoriser ou à ne pas autoriser,
00:32:25 pour une raison très simple, c'est que M. Schaffhauser,
00:32:27 il est tout à fait libre de ses mouvements.
00:32:30 Je veux dire, il est député européen,
00:32:32 il n'est pas adhérent à mon mouvement.
00:32:35 Je n'ai sur lui aucune autorité.
00:32:39 Et par conséquent, lorsqu'il va dans le Donbass,
00:32:42 et je considère que chaque député a le droit d'aller où il veut,
00:32:45 ça fait partie de ma philosophie,
00:32:48 je pense qu'un député doit être totalement libre
00:32:50 de ses mouvements,
00:32:51 totalement libre d'aller où il le souhaite,
00:32:53 mais en l'occurrence, M. Schaffhauser
00:32:55 ne me dit pas qu'il y va,
00:32:57 il ne me demande pas l'autorisation,
00:32:59 et même s'il me l'avait demandé,
00:33:01 je n'avais pas à lui donner. Voilà.
00:33:03 -M. Émeric Choprade, j'imagine,
00:33:05 se conforter à vos décisions et à ce moment-là,
00:33:08 encore, à votre rôle par les relations que vous avez.
00:33:13 -Mais c'est quand même drôle de voir qu'il y a...
00:33:17 M. Choprade n'était pas d'ailleurs membre non plus
00:33:19 de mémoire du mouvement.
00:33:20 -Il était votre conseiller.
00:33:21 -Je pense qu'il n'était pas membre du mouvement non plus,
00:33:24 au passage.
00:33:26 Donc ils font ce qu'ils veulent.
00:33:29 Ils font ce qu'ils veulent.
00:33:30 Mais après tout, enfin, je veux dire,
00:33:33 nous sommes quand même à l'époque.
00:33:35 C'est en 2015, me semble-t-il ?
00:33:37 Vous me parlez d'un voyage en...
00:33:39 2014. -2014.
00:33:40 -2014.
00:33:41 Il y a les accords de Minsk aussi.
00:33:45 Si vous voulez, qui ou une réflexion a été menée
00:33:48 par François Hollande et par d'autres
00:33:50 sur qu'est-ce qui est le plus susceptible
00:33:53 d'assurer la sécurité des frontières de l'Ukraine ?
00:33:58 Qu'est-ce qui est le plus susceptible d'assurer la sécurité
00:34:01 et la certitude de la souveraineté de l'Ukraine ?
00:34:04 Mais je me prononce à ce moment-là.
00:34:06 Je défends les accords de Minsk.
00:34:08 Je suis pour la fédéralisation de l'Ukraine.
00:34:10 Et je dis le meilleur moyen, précisément,
00:34:13 d'assurer à l'Ukraine ses frontières et sa sécurité
00:34:15 et son indépendance, c'est la fédéralisation.
00:34:18 C'est-à-dire exactement ce que les accords de Minsk
00:34:20 vont mettre en place, c'est-à-dire l'objectif de l'autonomie,
00:34:23 enfin, d'une région autonome, ukrainienne, mais autonome.
00:34:27 Donc qu'ils puissent, si vous voulez, aller sur le terrain
00:34:31 pour savoir ce qu'il en est, pour savoir ce qui s'y passe,
00:34:35 honnêtement, je veux dire, on peut être en désaccord politiquement,
00:34:38 mais on ne peut pas leur en faire grief en vertu du mandat
00:34:40 qui est de leur.
00:34:42 -Très bien.
00:34:45 Avez-vous connaissance de ces SMS révélés par les hackers d'Anonymous
00:34:49 qui font état qu'un blogueur proche de Poutine a déclaré
00:34:55 que vous seriez remercié en échange de votre soutien au référendum ?
00:34:58 Que savez-vous de cet échange et de cette personne ?
00:35:01 -De qui ? Quelle personne ?
00:35:02 -Alors, je vais vous trouver son nom.
00:35:05 M. Timur Propalenko,
00:35:08 ainsi que M. Constantin Rykov.
00:35:10 -Je n'ai absolument aucune connaissance de ces SMS.
00:35:13 Je n'ai aucune connaissance de cette personne,
00:35:16 ni de l'une, d'ailleurs, ni de l'autre.
00:35:19 Et je conteste encore une fois, formellement,
00:35:22 avoir pris quelques décisions que ce soit
00:35:25 pour faire plaisir à quiconque.
00:35:27 Voilà.
00:35:28 À quiconque.
00:35:29 J'ai une belle rectitude, vous savez, politiquement.
00:35:36 Et je crois, d'ailleurs, une grande cohérence
00:35:39 dans les différentes positions que j'ai pu prendre
00:35:43 au cours de ma carrière politique.
00:35:48 Mais t'as arrivé d'évoluer sur certaines positions,
00:35:50 j'ai expliqué pourquoi.
00:35:52 Mais dans l'ensemble, les règles qui régissent
00:35:55 la manière dont j'envisage la politique
00:35:57 restent, elles, tout à fait les mêmes.
00:36:02 Et pour revenir à votre question peut-être précédente,
00:36:06 il est évident que la relation, l'espérance de voir
00:36:11 la France et la Russie approfondir les relations,
00:36:15 y compris après la Crimée, parce que...
00:36:17 Enfin, pardon, mais est-ce qu'il est nécessaire
00:36:21 que je rafraîchisse la mémoire de la Commission ?
00:36:24 Parce que quand je vous dis que l'ensemble de la classe politique
00:36:26 était pour un rapprochement entre la France et la Russie,
00:36:29 c'était avant et après la Crimée.
00:36:32 C'est Nicolas Sarkozy qui dit, peu ou prou,
00:36:35 exactement la même chose que ce que vous avez semblé
00:36:38 me reprocher tout à l'heure.
00:36:40 "Les habitants de Crimée choisissent la Russie,
00:36:42 "on ne peut pas leur reprocher", dit-il.
00:36:44 Si le Kosovo a eu le droit d'être indépendant de la Serbie,
00:36:47 je ne vois pas comment on pourrait dire,
00:36:49 avec le même raisonnement, que la Crimée n'a pas le droit
00:36:51 de quitter l'Ukraine pour rejoindre la Russie.
00:36:54 Voilà ce que disait Nicolas Sarkozy.
00:36:57 Je ne crois pas qu'on lui ait fait le reproche
00:37:01 ou qu'on ait nourri à son égard des soupçons
00:37:05 sur la liberté de parole qui était la sienne
00:37:08 et la liberté d'analyse qui était la sienne.
00:37:11 Et encore une fois, après l'annexion de la Crimée,
00:37:17 on voit beaucoup de choses.
00:37:19 On voit Jean-Pierre Chevènement, qui reçoit l'ordre de l'amitié
00:37:21 des mains de Vladimir Poutine en 2017,
00:37:23 avec l'accord et même l'encouragement du Quai d'Orsay,
00:37:26 dit-il lui-même.
00:37:28 On voit des propositions de résolution des députés LR
00:37:32 pour lever les sanctions,
00:37:34 ce que je défendais d'ailleurs également à l'époque.
00:37:39 En 2016, en mars 2016,
00:37:42 il y a eu une proposition de résolution signée par l'ensemble
00:37:47 des députés LR.
00:37:49 On retrouve d'ailleurs des noms qui sont des noms célèbres.
00:37:54 M. Abad, M. Gosselin, M. Marlex, M. Thierry Solaire.
00:37:58 Certains ont d'ailleurs changé de camp politique entre-temps.
00:38:03 Et Mme la rapporteure, à l'époque, était députée européenne LR.
00:38:07 Et il ne me semble pas avoir lu qu'elle contestait
00:38:10 de manière virulente cette résolution
00:38:12 demandant la levée des sanctions à l'égard de la Russie.
00:38:17 M. Mélenchon, bien après l'annexion de la Russie,
00:38:21 et notamment au moment des attentats terroristes,
00:38:25 dit ce que fait la Russie est très bien.
00:38:29 Et s'ils peuvent arriver à tuer Daesh, c'est tant mieux,
00:38:32 parce que c'est notre ennemi commun.
00:38:34 Et j'en passe des meilleurs.
00:38:36 J'ai des dizaines de déclarations de ce type.
00:38:40 -Très bien.
00:38:43 Sur l'histoire du voyage en Ukraine,
00:38:46 M. Schaffhauser est de votre ancien conseiller.
00:38:51 Vous nous dites que vous n'aviez pas donné de désautorisation ou pas.
00:38:55 Vous étiez forcément au courant,
00:38:57 puisque dans un mail du 16 octobre 2014,
00:38:59 M. Le Sage expliquait par ailleurs
00:39:01 à n'avoir parlé à Louis Alliot,
00:39:02 qui était votre vice-président et conjoint à l'époque.
00:39:04 Et êtes-vous sûre que vous n'étiez pas au courant
00:39:06 et que vous n'avez pas donné d'avis sur ce voyage ?
00:39:07 -Non, mais je m'en souviens pas.
00:39:09 -M. Schaffhauser nous a dit qu'il vous en avait parlé.
00:39:12 -Ecoutez, je n'en ai aucun souvenir.
00:39:14 Mais de toute façon, je ne m'autorise pas
00:39:16 à interdire à un député européen
00:39:17 d'aller où il le souhaite, M. le président.
00:39:21 Voilà, je ne me l'autorise pas.
00:39:22 Peut-être que j'ai la vision des députés européens
00:39:25 ou des députés nationaux, d'ailleurs,
00:39:27 une vision plus haute que l'en a la Commission,
00:39:30 mais je considère que l'on est libre de son mandat.
00:39:33 Et d'ailleurs, j'ai été, je vous le dis,
00:39:35 assez scandalisé de voir le Parlement européen
00:39:38 sanctionner des députés européens
00:39:41 au motif qu'ils étaient allés dans tel ou tel coin du monde.
00:39:44 Voilà. Je pense que le Parlement européen
00:39:47 n'a pas à sanctionner un élu du peuple
00:39:49 lorsque celui-ci décide d'aller ou de ne pas aller
00:39:52 dans telle ou telle région du monde
00:39:55 pour aller vérifier,
00:39:58 je sais pas, la tenue d'une élection
00:40:01 ou la tenue d'un référendum.
00:40:03 -Très bien. Pour terminer sur ce point,
00:40:06 ne pensez-vous quand même pas
00:40:07 que le déplacement de ces 2 personnalités
00:40:09 qui sont quand même liées au FN et au RN,
00:40:11 même si M. Schaffer-Nausser n'était pas adhérent
00:40:15 pour proprement parler de votre parti,
00:40:16 n'était pas quand même un signal,
00:40:19 quand on va soutenir des séparatistes russes en Ukraine,
00:40:21 un signal interprété comme un gage donné à la Russie
00:40:23 en contrepartie de quelque chose ?
00:40:25 -Non, non, M. Schaffer.
00:40:27 Il faut quand même avoir... Pardon, mais il faut déjà avoir
00:40:30 cela dans la tête pour le voir.
00:40:34 Il faut rechercher, en réalité,
00:40:36 des choses qui n'existent pas.
00:40:39 Ca voudrait dire qu'à compter du jour où on a,
00:40:41 encore une fois, je passe, moi,
00:40:43 je signe un prêt avec une banque.
00:40:46 Je ne signe pas un prêt avec Vladimir Poutine.
00:40:49 Voilà. Sinon, tous, vous avez signé des prêts avec Macron.
00:40:53 Oui, d'accord, mais ça voudrait dire
00:40:55 que quand on signe un prêt avec une banque française,
00:40:58 on ne signe pas avec l'accord d'Emmanuel Macron,
00:41:00 mais quand on signe avec une banque qui est moitié tchèque,
00:41:03 moitié russe, obligatoirement,
00:41:05 c'est en fait une signature que l'on a avec Vladimir Poutine.
00:41:08 Non, je signe avec une banque.
00:41:10 Ca ne m'engage absolument à rien.
00:41:12 Et si ça m'avait engagé à quelque chose, M. le Président,
00:41:15 je n'aurais pas signé ce prêt.
00:41:16 C'est clair ? Je ne l'aurais pas signé.
00:41:18 Car jamais personne, M. le Président,
00:41:20 ne m'a jamais rien demandé
00:41:22 en contrepartie de quoi que ce soit.
00:41:24 Alors j'ai peut-être de la chance, j'ai jamais été victime,
00:41:27 ne serait-ce qu'une tentative d'ingérence.
00:41:30 Peut-être que les gens connaissent mon caractère.
00:41:32 Peut-être que ma réputation me précède.
00:41:34 C'est possible.
00:41:36 Mais jamais de ma vie,
00:41:38 quelqu'un étranger est venu me voir en me disant
00:41:40 "Voilà, je vais vous accorder ça ou je vais vous inviter là."
00:41:43 Et en contrepartie, vous allez prendre telle ou telle position.
00:41:45 Jamais.
00:41:46 -D'accord.
00:41:47 Mais vous avez quand même conscience que cette banque
00:41:50 était dirigée par un proche du pouvoir russe
00:41:52 et que M. Schoffelhauser lui-même nous a dit
00:41:54 lors de la dernière audition
00:41:56 que jamais cette banque n'aurait fait ce prêt
00:41:58 sans l'accord de M. Poutine.
00:41:59 -Mais d'abord, 1, ça n'est pas exactement la même chose,
00:42:02 et 2, je n'en savais absolument rien.
00:42:04 Mais rien. Pourquoi voulez-vous que je le sache ?
00:42:06 -M. Schoffelhauser qui vous a...
00:42:08 -M. Schoffelhauser, je l'envoie, je lui dis
00:42:10 "Il me trouve un prêt, il me ramène un prêt, je le signe."
00:42:13 Je suis très contente, je peux vous dire.
00:42:15 Parce que c'était ça où la mort de mon mouvement...
00:42:17 Mais pourquoi je me poserais une question, M. le Président ?
00:42:20 Dites-moi. Pourquoi me poserais-je une question ?
00:42:23 Voilà des fonds dont la provenance
00:42:25 sont vérifiés par la Société générale,
00:42:31 qui doit être elle, qui doit demander l'autorisation,
00:42:33 je suppose, à M. Macron avant de faire la moindre opération.
00:42:35 Bon, si j'en crois ce que vous dites,
00:42:38 de la liberté des banques à agir dans les différents pays.
00:42:42 Surveillés... Non, mais attendez, pardon.
00:42:44 Surveillés par nos commissaires aux comptes,
00:42:46 surveillés par Tracfins,
00:42:47 surveillés par la CNCCFP.
00:42:50 Si un seul de ces organismes était venu me voir en me disant
00:42:54 "Il y a un problème sur l'origine des fonds marines,
00:42:58 "je pense qu'il est dangereux de signer ce prêt."
00:43:00 Je ne l'aurais pas signé.
00:43:02 Mais tout cela s'est fait, encore une fois,
00:43:04 dans des conditions absolument totales de transparence.
00:43:07 Et non, M. le Président,
00:43:09 je ne me suis pas posé la question de savoir
00:43:12 si le président de la banque
00:43:14 était ou connaissait ou était un proche de Vladimir Poutine.
00:43:18 Et objectivement, je ne sais ce que j'aurais fait
00:43:21 de cette information dont je me moquais éperdument,
00:43:25 dont je me moquais éperdument,
00:43:27 compte tenu de l'importance, encore une fois,
00:43:29 et de la joie que nous avions d'avoir réussi à trouver un prêt
00:43:35 au moment où notre mouvement en avait si besoin.
00:43:39 -Merci, Mme la présidente.
00:43:42 Je clôt cette 1re partie de questions à mon avantage.
00:43:46 Je vais céder la parole à Mme la rapporteure.
00:43:59 -Merci, Mme la présidente.
00:44:00 -Merci, M. le Président.
00:44:03 Mme Le Pen, avant que de poser les quelques questions
00:44:08 que je souhaite vous poser dans un 1er rang de questions,
00:44:13 je voulais simplement,
00:44:15 comme vous avez fait une mise en cause personnelle
00:44:18 me concernant, liée à la période
00:44:20 pendant laquelle j'ai exercé le mandat de député européen,
00:44:22 dire que j'ai siégé effectivement
00:44:24 comme membre du Parlement européen
00:44:26 au sein du groupe PPE,
00:44:28 dont la position vis-à-vis du régime de Vladimir Poutine
00:44:32 et de très nombreuses exactions diverses et variées,
00:44:36 à commencer par la chasse aux opposants, etc.,
00:44:40 menée par le régime de Poutine,
00:44:42 est tout à fait connue, et tous les votes
00:44:44 de la quasi-totalité des membres du groupe PPE et du mien
00:44:48 sont là pour attester du fait qu'il n'y a eu
00:44:51 ni sur le régime des sanctions depuis 2014
00:44:54 et par la suite, ni sur aucun autre sujet,
00:44:57 de ma part ou de la part des principaux membres du groupe PPE,
00:45:00 de complaisance, de connivence ou d'allégeance.
00:45:04 Voilà. Mais je clôla cette petite parenthèse
00:45:07 que je n'avais pas cru devoir faire,
00:45:08 mais je voulais quand même mettre les choses au point.
00:45:10 Et quand on parlera des votes au Parlement européen,
00:45:13 on verra qu'il y a de vraies différences
00:45:14 selon les familles politiques, bien évidemment.
00:45:18 Alors, je donne acte de ce que vous nous avez dit,
00:45:21 à savoir qu'effectivement, il y a un fort tropisme prorusse
00:45:26 dans la famille politique que vous incarnez.
00:45:29 Le Front national, à l'époque,
00:45:31 dirigé par Jean-Marie Le Pen, votre père,
00:45:34 et puis ensuite, le Front national dirigé par vous-même,
00:45:36 et puis le Rassemblement national,
00:45:39 c'est tout à fait avéré.
00:45:41 Et d'ailleurs, dès votre arrivée à la tête du Front national,
00:45:45 en 2011, si ma mémoire est bonne,
00:45:49 vous poursuivez et vous renforcez même, si je puis dire,
00:45:53 cette volonté de vous rapprocher,
00:45:57 de rapprocher votre formation politique
00:46:01 des cercles russes,
00:46:02 et particulièrement des cercles du pouvoir.
00:46:05 Vous avez, à plusieurs reprises,
00:46:07 ainsi que de nombreux membres du Rassemblement national,
00:46:10 enfin, Front national encore à l'époque,
00:46:12 l'occasion de vous déplacer en Russie,
00:46:16 et vous faites assez rapidement, très précisément,
00:46:19 dès octobre 2011,
00:46:22 dans des interviews accordées à tel ou tel titre
00:46:25 de la presse russe,
00:46:27 des déclarations d'admiration et de soutien.
00:46:31 On est au-delà de la géopolitique,
00:46:33 dont je conçois très bien
00:46:35 qu'elle puisse donner lieu à des développements,
00:46:38 et puis surtout à des positionnements
00:46:40 qui sont légitimes dans une société démocratique
00:46:45 et pluraliste comme la nôtre.
00:46:46 Et il est bon d'avoir un débat sur les enjeux géopolitiques,
00:46:49 mais vous avez d'emblée, encore une fois,
00:46:52 dans, par exemple, une 1re interview
00:46:53 donnée aux quotidiens russes commerçantes
00:46:57 le 13 octobre 2011, dit, je vous cite,
00:47:01 "Je ne cache pas que, dans une certaine mesure,
00:47:03 "j'admire Vladimir Poutine.
00:47:06 "La France a plus d'intérêt commun
00:47:08 "sur le plan culturel et stratégique
00:47:10 "avec la Russie qu'avec les Etats-Unis.
00:47:14 "Plus loin, vous poursuivez, toujours en 2011,
00:47:16 "rien ne permet d'affirmer, du point de vue constitutionnel,
00:47:18 "que la Russie n'est pas une démocratie.
00:47:21 "Le ton de la presse d'opposition est bien plus libre
00:47:24 "et plus virulent à l'égard de Poutine
00:47:26 "qu'elle ne l'est en France à l'égard de Sarkozy."
00:47:28 Bon. Donc ça, c'est octobre 2011.
00:47:31 Voilà, c'est au-delà, encore une fois,
00:47:33 de la considération géopolitique
00:47:35 sur la nécessité pour un grand pays comme le nôtre,
00:47:37 membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies,
00:47:39 que d'avoir des relations d'Etat à Etat
00:47:42 avec un grand pays comme la Russie.
00:47:44 On est vraiment dans quelque chose qui est une admiration
00:47:46 et un soutien apporté à Vladimir Poutine.
00:47:49 On est en 2011, c'est-à-dire après quelques années
00:47:52 d'exercice du pouvoir poutinien,
00:47:55 après l'assassinat de la journaliste
00:47:58 Anna Politkovskaya, qui, effectivement, critiqua
00:48:01 le journal qu'il employait virulemment,
00:48:05 Vladimir Poutine, et qui a été assassiné,
00:48:07 encore une fois, en octobre 2006.
00:48:09 On est dans un moment où il est assez difficile d'imaginer
00:48:15 en Europe ou en Occident,
00:48:17 d'autres dirigeants de familles politiques installés
00:48:23 professer de manière aussi évidente leur admiration
00:48:27 et leur soutien envers Vladimir Poutine.
00:48:30 Et vous avez eu l'occasion de réitérer cela à d'autres moments
00:48:34 en étant, sur certains sujets, pardon de le dire,
00:48:38 assez alignés sur certains narratifs russes.
00:48:42 Par exemple, après le crash de l'avion
00:48:46 de la Malaysian Airlines,
00:48:47 qui a été vraiment une tragédie en Europe,
00:48:50 et notamment, par exemple, dans un petit pays européen,
00:48:54 les Pays-Bas, dont de très nombreux ressortissants
00:48:56 ont été tués dans cette opération,
00:49:01 dont on sait maintenant très bien,
00:49:02 parce que le procès judiciaire est allé jusqu'à son terme,
00:49:04 qui l'a orchestré, et que ce sont les séparatistes
00:49:08 du Donbass qui ont descendu cet avion.
00:49:11 Vous avez, en juillet 2014, très peu de temps
00:49:14 après la terrible tragédie de l'avion
00:49:18 de la Malaysian Airlines,
00:49:20 publié un communiqué dans lequel vous vous refusiez
00:49:23 à accuser les séparatistes du Donbass et même la Russie,
00:49:27 et vous refusiez également à exonérer les forces ukrainiennes.
00:49:30 Il n'était peut-être pas nécessaire de sortir
00:49:33 ce communiqué-là qui, en réalité, sur ce sujet précis-là,
00:49:36 je suis obligée de le dire,
00:49:38 est aligné, est en ligne avec la position du...
00:49:42 Pardon ?
00:49:44 -N'interrompez pas la...
00:49:46 -Pardon ?
00:49:47 -Il ne s'agit pas d'un échange.
00:49:49 Finissez de poser votre question,
00:49:50 et madame la présidente pourrait répondre ensuite.
00:49:51 -Je peux ouvrir, si vous voulez, les guillemets
00:49:53 dans le communiqué de presse que vous avez sorti,
00:49:56 dans lequel vous écrivez que vous vous refusiez
00:49:58 à accuser les séparatistes du Donbass et même la Russie,
00:50:01 et vous refusiez également à exonérer les forces ukrainiennes
00:50:04 de cette catastrophe.
00:50:05 Encore une fois, c'est exactement la ligne défendue
00:50:11 à l'époque par le régime de Poutine.
00:50:13 J'arrête là, nous aurons peut-être l'occasion d'y revenir.
00:50:18 Mais tout cela est en ligne également
00:50:21 avec des votes répétés.
00:50:25 La liste serait trop longue, mais accomplie par vous-même
00:50:29 et de nombreux autres députés européens
00:50:31 du Front national, puis des Rassemblances nationales
00:50:34 au Parlement européen,
00:50:37 et qui sont souvent des votes très, très différents
00:50:41 en soutien aux positions russes avant l'annexion illégale,
00:50:45 après l'annexion illégale,
00:50:47 et qui, encore une fois, sont toujours en relais
00:50:51 et alignés sur les positions du régime de Vladimir Poutine.
00:50:57 Et de même, sur la Crimée, nous avons écouté
00:51:00 avec beaucoup d'attention ce que vous avez dit sur la Crimée,
00:51:03 l'analyse historique et politique que vous faites
00:51:06 de la place dans l'histoire de la presse de Crimée.
00:51:10 Et c'est vrai que vous avez, à de très, très nombreuses reprises,
00:51:14 et souvent dans des moments très rapprochés,
00:51:18 après l'annexion illégale de la Crimée,
00:51:21 affirmé et réaffirmé, encore une fois,
00:51:23 avec beaucoup d'obstination, que si vous étiez présidente,
00:51:27 vous reconnaîtriez immédiatement l'annexion de la Crimée
00:51:32 à la Russie.
00:51:33 Et tout cela ne peut pas, quand même,
00:51:35 ne pas surprendre, compte tenu d'un sujet
00:51:38 qui n'est pas forcément, je dirais, toujours au coeur
00:51:41 des préoccupations de nos compatriotes,
00:51:44 comme si on pouvait s'interroger, quand même,
00:51:46 sur la répétition de ces éléments qui sont liés au narratif.
00:51:53 Je voulais revenir sur le prêt.
00:51:55 Vous avez beaucoup parlé des conditions du prêt
00:52:01 et de l'histoire du prêt.
00:52:04 On ne va pas revenir sur les tribulations
00:52:07 assez compliquées, effectivement,
00:52:09 et la créance qui passe après la faillite
00:52:12 de cette petite banque russe,
00:52:14 la First Czech Russian Bank.
00:52:15 Elle a le nom de Tchèque,
00:52:17 parce qu'elle a été créée en Tchécoslovaquie en 1996,
00:52:20 mais en fait, elle est en Russie.
00:52:22 Elle est totalement détenue par des capitaux russes,
00:52:25 et puis ensuite, effectivement, un très proche de Vladimir Poutine
00:52:28 qui en devient le président depuis le début des années 2000.
00:52:32 Donc c'est une banque russe installée à Moscou
00:52:35 et qui n'a plus grand-chose à voir avec la Tchèque,
00:52:38 sauf son appellation.
00:52:39 Et effectivement, cette banque,
00:52:41 qui, au fond, n'était pas très florissante,
00:52:44 fait faillite, la créance passe de manière assez mystérieuse
00:52:47 dans une petite société qui s'avère être une coquille vide
00:52:50 qu'il garde quelque temps,
00:52:51 qui est une société installée à la périphérie de Moscou
00:52:55 qui fait de la location de voitures,
00:52:56 comptie, et puis très rapidement,
00:52:58 après ce passage, je dirais, éclair,
00:53:00 la créance se retrouve achetée par, effectivement,
00:53:03 la société dont vous avez fait état,
00:53:08 la société Avia Zapchast, qui n'est pas une banque,
00:53:12 qui n'est pas une banque, qui est une société d'aéronautique
00:53:16 qui fait de la réparation d'hélicoptères,
00:53:19 notamment de la fourniture de matériel aéronautique,
00:53:24 qui est une société dite "dual",
00:53:25 qui travaille tant pour le civil que pour le militaire
00:53:27 et qui est, elle, pour le coup, contrairement à d'autres,
00:53:31 assez florissante, assez prospère.
00:53:33 Elle a de beaux contrats, notamment avec la Syrie
00:53:37 et notamment avec l'armée syrienne.
00:53:40 Et elle est dirigée, c'est vraiment de l'autorité publique,
00:53:42 tout ce qu'on dit, là, est consultable
00:53:44 et vérifiable en open source.
00:53:46 Elle est dirigée par d'anciens militaires russes
00:53:49 restés certainement proches des services secrets.
00:53:53 Ce qui veut dire qu'à l'heure où nous parlons,
00:53:56 les remboursements de prêts se font...
00:54:01 Il faut le savoir, auprès d'une société d'aéronautique russe
00:54:05 qui est, par ailleurs, sur la liste des sanctions américaines,
00:54:09 qui l'a été dès 2014, puis qui a été retirée
00:54:11 et puis qui est revenue sur la liste des sanctions américaines,
00:54:16 ce qui peut s'avérer, pour le moins, embarrassant.
00:54:20 Je pense que c'est un fait qui peut être intéressant
00:54:23 de porter à la connaissance de celles et ceux qui nous entendent.
00:54:27 Alors, est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a là, quand même,
00:54:30 malgré ce que vous avez dit sur le refus systématique,
00:54:33 réitéré, etc., des banques françaises,
00:54:37 qu'il y a quelque chose d'embarrassant,
00:54:39 cette créance qui court jusqu'en 2028,
00:54:42 que donc la société Aviasat-Pschast
00:54:45 a renégociée avec vous
00:54:48 dans des conditions beaucoup plus favorables,
00:54:50 qu'il y a là quelque chose d'embarrassant
00:54:52 qui fait quand même peser sur le sujet
00:54:58 du financement de votre parti politique
00:55:02 un sujet, voilà,
00:55:04 celui d'être, encore une fois, lié à une société russe ?
00:55:10 -Vous avez la parole, madame Le Pen.
00:55:11 -Merci, madame la rapporteure.
00:55:12 Je vais reprendre chacun de vos propos,
00:55:16 puisqu'il y avait une question à la fin,
00:55:17 mais beaucoup d'affirmations au début de votre intervention.
00:55:22 Vous indiquez que "mon mouvement politique, de tout temps,
00:55:25 "aurait un fort tropisme prorusse."
00:55:27 Alors, permettez-moi de vous rappeler
00:55:29 que le général de Gaulle lui-même indiquait
00:55:32 qu'il croyait en une Europe qui allait de Brest à Vladivostok.
00:55:36 Il ne me semble pas que reproches lui en aient été faits
00:55:40 et qu'un certain nombre d'autres, encore une fois,
00:55:42 dans la classe politique, défendent cela.
00:55:44 Et vous considérez que ce fort tropisme
00:55:46 de "mon mouvement politique" serait démontré
00:55:49 par la multiplicité des déclarations sur la Crimée ?
00:55:55 C'est comme si je m'invitais sur les plateaux de télévision
00:55:57 en disant "est-ce que vous pourriez me parler de la Crimée,
00:55:59 "s'il vous plaît ?"
00:56:00 Non, madame, je suis une responsable politique de 1er plan.
00:56:04 Par conséquent, quand il y a un référendum en Crimée,
00:56:06 je suis interviewée à peu près 22 fois par semaine
00:56:09 sur ce sujet,
00:56:11 tout le temps que cette information dure
00:56:13 et tout le temps que les journalistes
00:56:15 s'intéressent à cette question.
00:56:17 Alors, je comprends que vous ne puissiez pas l'entendre,
00:56:19 nous ne sommes pas exactement dans la même situation,
00:56:22 mais quand on est un dirigeant politique de 1er plan,
00:56:25 eh bien, on répond aux questions qu'on vous pose
00:56:27 et on vous pose des questions de très nombreuses fois par semaine.
00:56:30 Par conséquent, j'ai répondu aux questions
00:56:31 qu'on me posait sur la Crimée, encore une fois,
00:56:34 de la manière la plus simple et claire qui soit.
00:56:37 Vous parlez de tropisme prorusse, de ma famille politique,
00:56:41 mais j'en ai autant à votre service, madame le rapporteur.
00:56:43 Pardon.
00:56:45 Mais vous étiez à l'époque, je suis désolée,
00:56:46 ça n'est pas une mise en cause personnelle,
00:56:47 vous étiez à l'époque LR.
00:56:50 Alors moi, je vais lire, après, encore une fois,
00:56:53 l'annexion de la Crimée.
00:56:55 "M. Sébastien Hugues, lors des QAG, en juin 2016,
00:56:59 "pour faire face au grand défi auquel nous sommes confrontés,
00:57:01 "nous avons besoin de la Russie.
00:57:03 "Nous avons besoin d'elle pour régler le conflit en Syrie
00:57:05 "et pour lutter contre le terrorisme djihadiste
00:57:08 "qui est notre ennemi commun.
00:57:10 "Nicolas Sarkozy, à la même époque,
00:57:11 "demande à ce que Poutine soit réintégré
00:57:13 "dans la grande coalition qui combat l'organisation islamique.
00:57:17 "Sur les sanctions auxquelles je me suis opposée,
00:57:19 "vous avez raison de le rappeler,
00:57:20 "et je l'assume absolument totalement,
00:57:22 "pas celle dont on parle là,
00:57:24 "celle d'avant à la suite du référendum de Crimée,
00:57:29 "que j'avais considéré comme étant d'une stupidité totale."
00:57:33 Vous voyez, donc j'assume très bien mes propos,
00:57:34 d'une stupidité totale.
00:57:36 "Elles n'ont rien réglé, disais-je,
00:57:38 "elles n'ont fait que créer des problèmes économiques
00:57:40 "à l'Union européenne, elles n'ont pas de sens."
00:57:42 Mais j'étais pas toute seule, pardon.
00:57:44 Vos propres amis politiques, Mme le rapporteur,
00:57:46 le 25 avril 2015,
00:57:48 Axel Pognatowski, dans les QAG,
00:57:51 "Le moment est venu d'engager le processus
00:57:53 "de lever des sanctions économiques européennes
00:57:55 "à l'égard de la Russie."
00:57:57 Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe Les Républicains
00:58:00 nous dit l'ordre de...
00:58:06 Bref.
00:58:07 Le 2 décembre 2015, Gérard Manuel, lors des QAG,
00:58:10 "Cela fait des mois que nous vous demandions
00:58:12 "d'apaiser les relations avec la Russie."
00:58:13 Le 14 janvier 2016, Guillaume Chevrolien,
00:58:16 sur la crise de l'agriculture,
00:58:18 "Les éleveurs français paient très cher la désorganisation,
00:58:21 "l'excès de normes et de contraintes,
00:58:22 "la concurrence et les effets de l'embargo russe."
00:58:24 Le 27 janvier 2016, Marc Le Fur, lors des QAG,
00:58:28 "Il faut rétablir nos relations commerciales avec la Russie."
00:58:31 Applaudissements sur de nombreux bancs du groupe Les Républicains
00:58:34 et du groupe de l'Union des Démocrates et Indépendants.
00:58:36 "Depuis un an, continue-t-il, nous perdons un grand client
00:58:39 "en raison d'une décision politique dont les éleveurs sont les victimes."
00:58:42 Le 17 mars 2016, Jean-Claude Mignon, lors des QAG,
00:58:46 "A-t-il été aussi question de la levée des sanctions
00:58:48 "contre la Russie réclamée depuis longtemps
00:58:50 "par le groupe Les Républicains ?"
00:58:52 Alors, je ne vais pas avoir la cruauté d'aller au bout
00:58:54 de l'ensemble de ces déclarations,
00:58:56 mais le moins qu'on puisse dire, c'est que si vous considérez
00:58:59 que le fait d'être opposé aux sanctions à l'époque,
00:59:01 y compris après l'annexion de la Crimée,
00:59:03 c'est avoir un tropisme prorusse,
00:59:06 alors je pense que le tropisme prorusse des LR
00:59:09 est beaucoup plus marqué qu'il ne l'était à l'époque
00:59:13 au Rassemblement national, voyez-vous.
00:59:16 Non, madame, je n'ai pas de tropisme prorusse.
00:59:19 J'ai un tropisme pro-France.
00:59:21 Et à chaque fois, je ne pense qu'à une chose,
00:59:24 l'intérêt de la France et des Français.
00:59:27 C'est mon obsession, c'est ma boussole,
00:59:31 et c'est ma boussole également en géopolitique.
00:59:34 Et je considère que la France a un rôle particulier
00:59:38 à jouer dans l'histoire,
00:59:40 a un rôle particulier à jouer dans le monde,
00:59:43 et qu'il faut qu'elle puisse avoir des relations équilibrées
00:59:48 avec l'ensemble des grandes nations de ce monde,
00:59:50 équilibrées, tant qu'évidemment,
00:59:53 nous ne sommes pas dans la situation
00:59:55 de l'agression russe à l'égard de l'Ukraine,
00:59:57 que, et vous le savez très bien,
00:59:59 j'ai immédiatement et à de multiples reprises,
01:00:01 là encore, exprimé, à de multiples reprises,
01:00:04 puisque j'ai été à de multiples reprises, bien sûr,
01:00:07 interviewée sur ce sujet.
01:00:10 Vous me rappelez un propos que j'avais tenu
01:00:12 en disant que j'avais de l'admiration pour Vladimir Poutine.
01:00:14 J'en ai un autre, d'ailleurs, en 2015,
01:00:17 chez "Hémo-énologie", je n'ai pas de fascination.
01:00:19 Oui, je pense qu'il est assez admirable
01:00:22 d'avoir vu un pays qui a été 70 ans
01:00:26 sous le joug communiste, 70 ans,
01:00:30 plus 10 ans sous le joug des appareils chic
01:00:33 de M. Eltsine piller,
01:00:36 réussir à revenir, en quelque sorte,
01:00:39 dans le concert des nations.
01:00:41 Oui, je trouve que c'est assez admirable.
01:00:44 C'est un propos, objectivement,
01:00:47 que chacun, je crois, pourrait tenir,
01:00:49 compte tenu de l'histoire que l'on connaît
01:00:51 de l'ancienne URSS et de la pauvre Russie,
01:00:55 traumatisée, encore une fois,
01:00:58 par une dictature sans aucune compassion.
01:01:03 Vous dites, enfin, vous parlez du narratif russe.
01:01:08 Moi, je ne suis pas naïve, madame.
01:01:10 Je ne suis pas naïve.
01:01:11 Oui, il y a des narratifs de chaque nation, bien entendu.
01:01:14 Il y a un narratif russe, bien sûr.
01:01:16 Il y a un narratif américain, évidemment, bien sûr.
01:01:19 Et j'espère qu'il y a un narratif français, d'ailleurs.
01:01:21 Parfois, je me pose la question
01:01:23 et je regrette qu'il ne soit pas plus clair.
01:01:25 Oui, bien sûr que les grandes puissances
01:01:26 ont un narratif, bien entendu.
01:01:29 Et je ne suis pas dupe de cela.
01:01:31 Mais le fait, encore une fois, de dire ce que l'on pense
01:01:35 ne correspond pas, ne peut pas nous accuser
01:01:37 d'être soumis au narratif russe.
01:01:39 Ou alors, vos propres amis politiques, pendant des années,
01:01:41 ont été également soumis au narratif russe.
01:01:44 Et pas que, et pas que, pardon.
01:01:46 Le gouvernement socialiste,
01:01:48 M. Mathias Fels, secrétaire d'Etat à l'époque, en 2015,
01:01:53 qui dit "Nous savons par ailleurs parfaitement",
01:01:55 en parlant des sanctions,
01:01:56 "ont un impact très fort sur certains secteurs industriels".
01:01:59 C'est pourquoi je mène avec Stéphane Le Foll
01:02:01 une diplomatie des terroirs pour ouvrir des nouveaux marchés, etc.
01:02:05 Manuel Valls, Premier ministre, en la matière,
01:02:08 comment pouvez-vous dire que nous n'agissons pas
01:02:10 au niveau de la PAC et de l'Union européenne ?
01:02:11 Comment pouvons-nous dire que nous n'agissons pas
01:02:13 au niveau international,
01:02:14 alors que le ministre de l'Agriculture
01:02:17 s'efforce de lever tous les embargos,
01:02:19 notamment avec la Russie ?
01:02:22 Alors, si le fait d'avoir une opinion politique
01:02:24 vous soumet immédiatement à l'accusation
01:02:27 du narratif russe, on était assez nombreux,
01:02:29 objectivement, tous bords politiques confondus,
01:02:31 à avoir ce narratif russe.
01:02:33 Je conteste évidemment cette accusation.
01:02:36 Sur le crash de l'avion.
01:02:38 Alors ça, j'avoue que c'est quand même...
01:02:39 Pardon, mais je considère que...
01:02:42 Je suis un peu victime d'une forme de mauvaise foi, quand même,
01:02:46 sur ce communiqué.
01:02:48 Vous me dites, juste après le crash,
01:02:53 j'ai dit,
01:02:55 "Je ne peux pas accuser les forces séparatistes du Donbass
01:03:00 "ou les habitants de la Crimée.
01:03:02 "Je ne peux pas non plus
01:03:04 "accuser les forces ukrainiennes."
01:03:07 En fait, j'accuse personne, quoi. Pardon.
01:03:10 En fait, j'accuse personne.
01:03:11 Et qu'est-ce que je dis ? Très certainement
01:03:13 qu'il faut évidemment qu'il y ait une enquête internationale.
01:03:15 Et tant que l'enquête internationale n'a pas eu lieu,
01:03:18 je pense qu'il est probablement anticipé
01:03:21 d'utiliser un narratif
01:03:24 qui voudrait accuser les uns ou les autres
01:03:27 en fonction du prisme,
01:03:30 du tropisme, pardon,
01:03:32 que l'on peut avoir à titre personnel.
01:03:34 J'essaie toujours d'être extrêmement prudente
01:03:36 lorsqu'il y a ce type d'événements.
01:03:38 Et moi, je crois dans les enquêtes internationales.
01:03:41 C'est pour ça que je vous dis que vous n'avez pas lu la fin,
01:03:42 parce qu'en réalité, très certainement,
01:03:44 à la fin de ce communiqué, je réclamais
01:03:46 la mise en oeuvre d'une enquête internationale.
01:03:49 Vous dites qu'il y a des votes différents.
01:03:52 Nous avons des votes différents. Dieu merci.
01:03:53 Oui, ça s'appelle la démocratie. C'est incroyable.
01:03:56 On n'est pas dans les mêmes mouvements.
01:03:57 On vote un peu différemment sur un certain nombre de sujets.
01:04:00 J'assume assez bien cette divergence,
01:04:03 madame la rapporteure, et personne ne peut m'en faire grief.
01:04:06 Et le fait que nous ayons des votes différents
01:04:08 sur tel ou tel sujet
01:04:10 ne peut pas être un élément, enfin, je l'espère quand même,
01:04:13 de soupçon d'une quelconque ingérence que ce soit.
01:04:18 Bon.
01:04:20 Sur la Crimée, je vous ai rappelé les propos de Nicolas Sarkozy.
01:04:22 Donc, ça veut dire que je partageais avec lui, au moins,
01:04:25 cette vision sans qu'encore une fois,
01:04:27 on ne puisse l'accuser de quoi que ce soit.
01:04:30 Quant à votre question...
01:04:32 Est-ce que vous entendez,
01:04:37 est-ce que la Commission entend l'injustice de cette question ?
01:04:40 Car la réalité, c'est que je n'ai aucune responsabilité
01:04:46 dans la structure qui rachète les créances
01:04:50 de la banque qui est tombée en faillite.
01:04:54 Je n'ai aucun pouvoir, je n'ai aucune responsabilité.
01:04:58 Ceci a été fait sous l'égide de la justice russe,
01:05:03 comme ça se ferait d'ailleurs en France, pour le coup.
01:05:06 Il y a une structure qui tombe en faillite,
01:05:08 il y a des actifs ou un passif à reprendre,
01:05:11 et le tribunal décide d'accorder la reprise
01:05:16 à telle ou telle structure.
01:05:18 Je n'ai aucune responsabilité.
01:05:19 Et je vais même vous dire mieux, nous nous sommes inquiétés de cela,
01:05:22 et notamment inquiétés auprès de la CNCCFP,
01:05:25 parce que, comme vous le savez,
01:05:27 nous n'avons pas le droit de bénéficier,
01:05:28 nous autres partis politiques,
01:05:30 de soutien financier de quelque nature que ce soit,
01:05:33 de société.
01:05:34 Donc on est allés voir la CNCCFP, on a dit "mais écoutez,
01:05:37 "c'est complètement en dehors de notre volonté,
01:05:38 "mais il se trouve que c'est une société
01:05:40 "qui a racheté la banque."
01:05:41 Evidemment que la CNCCFP ne nous en a pas tenu rigueur.
01:05:45 Evidemment qu'elle a eu l'honnêteté de prendre conscience
01:05:48 que nous ne pouvions absolument pas faire autrement.
01:05:51 Et donc je serais condamnée en quelque sorte,
01:05:55 quelle que soit la situation.
01:05:57 Qu'est-ce qu'il fallut que je fasse, madame la rapporteure ?
01:05:59 Cesser de payer ?
01:06:02 Est-ce qu'il aurait fallu que je cesse de payer,
01:06:06 que je cesse de rembourser le prêt ?
01:06:08 Parce que, pardon, mais cet argent est le leur.
01:06:11 Ils n'ont fait que me le prêter.
01:06:13 Donc je dois leur rembourser.
01:06:15 Et si je ne le fais pas, je condamne mon mouvement à mort
01:06:19 pour avoir rompu très gravement
01:06:23 avec les règles de financement des partis politiques.
01:06:26 Donc j'entends bien que vous cherchiez à me mettre
01:06:29 dans une situation où j'ai toujours tort,
01:06:31 mais en l'espèce, je crois que je ne pouvais pas faire autrement
01:06:37 que de continuer à régler le remboursement
01:06:42 de l'argent qui nous avait été prêté.
01:06:44 Et il se trouve qu'effectivement, la structure a changé,
01:06:48 sans, encore une fois, que je n'ai mon mot à dire sur ce sujet.
01:06:52 -Je peux me permettre de rebondir ?
01:06:53 Il faut couper votre micro, s'il vous plaît, madame Le Pen.
01:06:57 Avez-vous été mise au courant, et quand,
01:06:59 effectivement, du transfert de cette créance de l'AFRCB,
01:07:03 une semaine avant le retrait de droits exercés de la banque,
01:07:06 donc c'est juste une semaine avant cette possibilité
01:07:09 qu'avait la banque à cette société, c'est un peu rocabolesque,
01:07:12 de location de voiture, et ensuite à Aviat,
01:07:15 je ne sais pas si c'est dur à dire,
01:07:17 l'entreprise aéronautique.
01:07:19 Et sur ce sujet, vous nous dites effectivement
01:07:21 que vous en avez parlé à la commission E-Douane,
01:07:23 vous vous êtes inquiétée.
01:07:24 Avez-vous des échanges aussi avec M. Poutine sur ce sujet
01:07:27 lors de votre visite en 2017 ?
01:07:30 -Alors, vous comprenez bien que nous étions totalement passifs
01:07:34 dans cette procédure.
01:07:36 Nous, la seule inquiétude que nous avions
01:07:38 et l'obligation que nous avions,
01:07:39 c'est rembourser les intérêts à l'époque, trimestriellement.
01:07:42 Donc nous, nous sommes, encore une fois,
01:07:44 rapprochés de la banque centrale russe en disant,
01:07:46 écoutez, voilà, nous sommes dans l'incapacité,
01:07:48 au moment où nous vous parlons,
01:07:50 de rembourser à une banque qui est liquidée
01:07:53 et manifestement à une structure
01:07:56 qui n'a même pas eu le temps d'arriver
01:07:58 et qui est repartie.
01:07:59 Qu'est-ce que nous faisons ?
01:08:01 Et la banque centrale russe nous a indiqué
01:08:04 qu'il fallait consigner les sommes,
01:08:06 ce que nous avons fait auprès d'un notaire
01:08:10 qui nous a été désigné,
01:08:11 le notaire ayant évidemment versé l'intégralité des sommes
01:08:16 que nous avions consignées au repreneur de la banque.
01:08:21 On n'avait pas d'autre choix que celui-là, enfin...
01:08:25 Et je n'ai jamais,
01:08:28 je n'ai jamais évoqué l'existence de ce prêt
01:08:32 dans la conversation que j'ai eue en 2017
01:08:35 avec Vladimir Poutine.
01:08:37 Jamais.
01:08:39 Jamais avec lui, jamais non plus avec aucun des dirigeants politiques
01:08:43 que j'ai pu rencontrer
01:08:46 au fur et à mesure de mes déplacements.
01:08:50 M. Naryshkin, le président de la Douma,
01:08:52 M. Rogozin, le vice-premier ministre,
01:08:56 M. Poushkov, le président de la commission
01:09:00 des affaires étrangères. Jamais.
01:09:03 -Très bien. Pour terminer là-dessus,
01:09:06 avant de peut-être redonner la parole à Constance
01:09:08 et aux commissaires,
01:09:09 que pouvez-vous nous dire ?
01:09:10 Comment s'est passé l'accord amiable
01:09:12 qui a permis de repousser, en fait, ce remboursement du prêt
01:09:15 à la fin de l'année 2028 devant la justice russe ?
01:09:19 Et une 2e question,
01:09:21 pourquoi avoir attendu ce conflit judiciaire, je vais dire,
01:09:24 pour commencer à rembourser le prêt 14 années après ?
01:09:28 -Alors... Pardon.
01:09:30 Je vais d'abord répondre à votre 2e question.
01:09:33 Non, on ne commence pas à rembourser le prêt 14 années après.
01:09:36 L'accord, le 1er prêt,
01:09:39 prévoyait un remboursement du capital en une fois,
01:09:43 à la fin de la période
01:09:44 où nous devions rembourser les intérêts tous les trimestres.
01:09:48 Voilà. Donc on n'a pas commencé à rembourser,
01:09:50 parce que sinon, la CNCCFP, évidemment,
01:09:53 nous aurait immédiatement, bien entendu, rappelé à l'ordre.
01:09:56 Nous avons respecté scrupuleusement les conditions.
01:09:59 Je ne sais pas. Je ne peux pas vous répondre,
01:10:01 M. le Président, sur votre 1re question,
01:10:02 car c'est mon trésorier
01:10:04 qui a été chargé de cette négociation.
01:10:08 Moi, je n'ai fait que constater avec lui
01:10:11 qu'il était nécessaire pour notre mouvement,
01:10:13 pour ne pas le mettre en péril,
01:10:15 d'opérer cette renégociation du prêt,
01:10:16 et c'est le trésorier du mouvement,
01:10:17 comme c'est de sa responsabilité d'ailleurs,
01:10:20 qui s'est chargé de la négociation
01:10:23 avec la structure,
01:10:25 qui a accepté, donc, de nouvelles conditions de négociation.
01:10:30 Donc je vous rappelle que nous les respectons,
01:10:32 elles aussi, scrupuleusement.
01:10:34 -Merci. Je vais fermer votre micro, s'il vous plaît.
01:10:36 Je vais repasser la parole à Mme la rapporteure
01:10:39 avant des questions des commissaires.
01:10:41 -Oui, je vais poser une question.
01:10:45 Je ne veux pas rebondir sur ce que vous avez dit,
01:10:48 s'agissant notamment des Républicains.
01:10:49 Il se trouve que je crois qu'il n'y a pas de commissaire
01:10:51 membre des Républicains en ce moment,
01:10:54 et donc c'est délicat de trop longuement parler
01:10:58 d'une famille politique qui n'est pas représentée.
01:11:01 Mais je voulais simplement, comme vous avez vous-même
01:11:05 fait référence au général de Gaulle,
01:11:07 dire que le général de Gaulle a toujours maintenu la France
01:11:10 dans une alliance, l'alliance de l'Atlantique Nord.
01:11:14 Et il n'y a jamais eu, de la part du général,
01:11:17 qui avait été le 1er à se montrer solidaire
01:11:21 des Américains pendant la crise des missiles de Cuba,
01:11:23 de volonté de changer d'alliance.
01:11:25 Alors que je pense qu'il y a quand même une différence
01:11:28 par rapport à des propositions qui figurent
01:11:30 dans vos projets présidentiels
01:11:35 quant aux alliances géopolitiques.
01:11:38 Je voulais venir sur un autre sujet,
01:11:40 qui est celui de certaines relations russes
01:11:46 que peuvent avoir des membres du Front national,
01:11:51 du Rassemblement national.
01:11:53 On ne va pas faire du "name dropping"
01:11:58 de manière trop abusive,
01:12:00 mais il y a par exemple un personnage
01:12:03 que je crois vous avez rencontré au moins une fois
01:12:06 et qui essaye de jouer un rôle
01:12:09 ou a essayé de jouer un rôle
01:12:11 sur la scène politique européenne et internationale,
01:12:14 qui s'appelle Constantin Malofiev,
01:12:17 et qui a essayé d'entretenir,
01:12:22 et je crois qu'il y est parvenu,
01:12:24 des relations assez suivies avec un certain nombre
01:12:26 d'interlocuteurs dans différents partis politiques européens
01:12:29 de la mouvance, je dirais, de droite extrême
01:12:32 et d'extrême droite, ou qu'on pourrait appeler
01:12:35 la mouvance de la droite identitaire.
01:12:37 Je crois que vous l'avez rencontré.
01:12:38 En tout cas, c'est ce que nous avons trouvé
01:12:41 comme information, au moins une reprise,
01:12:43 que Emeric Chopra, qui a quand même été votre conseiller
01:12:48 sur les sujets internationaux,
01:12:50 a entretenu des relations suivies avec lui,
01:12:53 et que, par exemple, Philippe Olivier,
01:12:56 lorsqu'il s'est rendu en Russie, je crois, en 2018,
01:13:00 à la faveur de la finale du match de foot France...
01:13:05 Enfin, de la Coupe du monde France-Croatie,
01:13:09 a eu l'occasion de le rencontrer,
01:13:10 et que Constantin Malofiev s'est entretenu
01:13:13 avec lui d'un projet de rassemblement,
01:13:15 de fédération des familles de la droite identitaire européenne
01:13:19 en vue de créer des convergences et d'avoir des projets communs.
01:13:24 Est-ce que...
01:13:25 Et Philippe Olivier, que nous avons eu l'occasion
01:13:27 d'auditionner, a reconnu, effectivement,
01:13:30 avoir rencontré Malofiev.
01:13:31 Il avait manifestement, comment dire,
01:13:35 un peu de distraction ou peut-être des trous de mémoire
01:13:38 quant au sujet de conversation qu'il a pu avoir
01:13:42 avec M. Malofiev lorsqu'il l'a rencontré
01:13:45 à l'occasion de ce voyage d'agrément footballistique
01:13:48 qu'il effectuait en compagnie de son épouse à Moscou
01:13:51 à l'invitation d'un autre proche, je dirais,
01:13:54 des milieux franco-russes qui s'appelle Fabrice Sorlin.
01:13:58 Mais est-ce que, néanmoins, Philippe Olivier,
01:14:01 qui est, je crois, membre des instances dirigeantes,
01:14:04 qui dit qu'il est votre conseiller
01:14:07 sur des sujets stratégiques et politiques,
01:14:10 et qui est donc assez proche depuis longtemps,
01:14:12 vous a parlé des contacts qu'il avait eus avec Malofiev,
01:14:15 de la visée de rassemblement
01:14:17 d'un certain nombre de familles politiques européennes
01:14:21 à laquelle celui-ci voulait travailler.
01:14:24 Est-ce que vous avez eu connaissance de tout cela ?
01:14:26 Est-ce que ce genre de choses remonte jusqu'à vous
01:14:29 en votre qualité de présidente ?
01:14:31 -Vous avez la parole.
01:14:33 -Non, madame la rapporteure.
01:14:35 Je n'ai aucune connaissance d'un projet.
01:14:38 J'ai rencontré M. Malofiev, bien sûr.
01:14:40 Je n'ai aucune connaissance d'un projet
01:14:43 porté par M. Malofiev
01:14:44 qui consisterait à unir les mouvements
01:14:49 que vous appelez d'extrême droite,
01:14:51 que j'appellerais patriotes, je suppose.
01:14:56 Je n'ai aucune connaissance de cela. Aucune.
01:15:00 -Merci.
01:15:01 -Oui, juste parce qu'Emeric Choprade
01:15:02 a participé à une 1re de ces rencontres
01:15:05 qui avaient été menées à l'instigation
01:15:07 de Constantin Malofiev à Vienne en 2014.
01:15:09 Et puis ensuite, manifestement, l'idée a prospéré
01:15:13 dans un ensemble de SNAC.
01:15:14 Et Philippe Olivier a eu à en connaître aussi
01:15:17 et a d'ailleurs remercié,
01:15:21 après être revenu à Paris, après la rencontre,
01:15:26 M. Malofiev, des conversations.
01:15:28 Voilà, enfin, tous ces échanges de mails sont connus.
01:15:32 Et donc, ni M. Choprade ni M. Olivier
01:15:34 ne vous ont rendu compte,
01:15:35 n'ont fait remonter ces projets-là
01:15:38 ou l'intérêt qu'il pouvait y avoir,
01:15:40 ou pas, d'ailleurs, à réfléchir à de tels regroupements.
01:15:45 Encore une fois, il ne s'agissait pas d'unir,
01:15:47 mais de travailler à faire émerger des convergences,
01:15:50 tant au sein du Parlement européen,
01:15:51 peut-être que dans d'autres instances.
01:15:53 -Anne Le Pen.
01:15:54 -Mais Mme la rapporteure,
01:15:56 pourquoi est-ce que j'aurais...
01:16:01 Imaginons même que M. Malofiev
01:16:04 ait fait ce projet, dont je n'ai pas entendu parler.
01:16:07 Pourquoi est-ce que je parlerais de cela
01:16:08 avec M. Malofiev ? Enfin, pardon.
01:16:10 Moi, je veux dire,
01:16:12 je suis reçue par le président de la Douma.
01:16:14 Je veux dire, si j'avais voulu
01:16:16 que le Rassemblement national
01:16:18 entretienne des relations plus avant
01:16:20 qu'il n'en avait avec des mouvements politiques,
01:16:24 j'aurais passé un accord de coopération avec Russie-Uni.
01:16:28 Vous voyez ? J'ai pas besoin de passer
01:16:29 par M. Malofiev dont je ne sais pas, d'ailleurs,
01:16:31 s'il a la moindre responsabilité politique, en l'occurrence.
01:16:35 Or, un certain nombre de mouvements l'ont fait.
01:16:38 Contrairement à ce qui a été écrit, d'ailleurs,
01:16:40 dans un rapport du Parlement européen,
01:16:42 comme quoi il faut toujours faire attention, quand même,
01:16:43 à ce qui est marqué dans les rapports
01:16:45 du Parlement européen par, je crois, M. Glucksmann,
01:16:47 jamais le Rassemblement national ni le Front national
01:16:50 n'a signé un accord de coopération avec Russie-Uni.
01:16:52 Mais vous voyez, je veux dire que maintenant,
01:16:54 qu'il y ait quelqu'un, qu'on rende compte
01:16:55 que quelqu'un rencontre quelqu'un qui lui dit
01:16:57 "Ce qui serait bien, c'est que les mouvements patriotes
01:17:00 puissent se parler."
01:17:01 Non, ça ne vient pas jusqu'à moi, en effet.
01:17:04 C'est...
01:17:05 -Merci.
01:17:07 Je vais laisser, avant de reprendre, quelques questions.
01:17:11 Je vais laisser la parole au commissaire.
01:17:12 Pardon, je vais m'approcher du micro.
01:17:13 Et donc, Clara Chassagnol, s'il vous plaît.
01:17:16 -Merci, M. le Président.
01:17:19 Si je résume, donc, Mme Le Pen,
01:17:23 vous avez préféré endetter votre parti
01:17:26 auprès d'une puissance étrangère
01:17:28 en acceptant de lui être liée
01:17:30 plutôt que de mieux gérer le budget de votre parti
01:17:32 pour emprunter de préférence en France.
01:17:34 Et vous avez, au même moment,
01:17:36 soutenu l'annexion de la Crimée par la Russie.
01:17:38 Mais selon vous, il n'y a aucun rapport
01:17:40 entre ces deux informations
01:17:41 et vous n'êtes pas redevable auprès de la Russie.
01:17:44 Alors, donc, dans cette commission d'enquête,
01:17:47 on a eu un certain nombre d'auditions,
01:17:49 notamment au début, de chercheurs,
01:17:51 de spécialistes des ingérences étrangères
01:17:53 qui nous ont un peu expliqué
01:17:55 comment fonctionnait le sentiment de redevabilité, parfois,
01:17:59 dans la manière de fonctionner de certaines puissances,
01:18:02 comment ce sentiment pouvait être fabriqué
01:18:04 par les puissances qui accordent des faveurs
01:18:06 et l'influence qui est souvent insidieuse, en réalité,
01:18:10 pour essayer d'obtenir une contrepartie.
01:18:13 Très rarement, finalement,
01:18:15 il y a une demande qui est formulée expressément
01:18:18 pour demander une contrepartie
01:18:19 face à une faveur qui aurait été accordée.
01:18:22 Donc ne pensez-vous pas que le fait de lier
01:18:25 la survie financière de votre parti à la Russie
01:18:27 ait une influence sur votre perception,
01:18:30 sur vos paroles, sur vos choix politiques ?
01:18:33 Vous avez soutenu l'annexion de la Crimée,
01:18:35 donc, alors qu'on vous entend assez peu, finalement,
01:18:38 venir au secours de politiques étrangères,
01:18:40 de certaines puissances
01:18:43 qui plus est de puissances impérialistes.
01:18:45 Donc peut-être que vous ne vous êtes pas rendu compte
01:18:49 qu'il y avait ce risque
01:18:51 ou que vous preniez ce risque de, finalement,
01:18:53 être dans le cadre d'une ingérence en France
01:18:56 quand vous avez exprimé cette position politique-là.
01:19:00 Mais il y a une guerre aujourd'hui entre la Russie et l'Ukraine,
01:19:03 et l'impact d'une telle influence sur un parti politique français
01:19:07 n'a pas l'air de vous choquer.
01:19:09 -Mme Le Pen.
01:19:12 -Je vous remercie, ma chère collègue,
01:19:13 de cette question posée avec une très grande neutralité.
01:19:17 Pour vous rappeler que la négociation avec le Pré
01:19:19 a été engagée en janvier 2013,
01:19:22 c'est-à-dire bien avant le référendum,
01:19:25 car un prêt de ce montant aussi compliqué
01:19:28 en deux langues différentes avec des juristes qui interviennent
01:19:32 ne se fait pas en l'espace de 3 mois.
01:19:34 Voyez-vous, ce sont des longues négociations
01:19:37 qui ont eu lieu donc bien avant l'annexion de la Crimée.
01:19:40 Deuxièmement, je vous rappelle ce que j'ai dit
01:19:44 3 ou 4 fois depuis, mais merci de me permettre
01:19:46 de le rappeler à nouveau,
01:19:48 c'est que non, je n'ai pas fait le choix
01:19:50 d'aller emprunter à une banque tchécorusse
01:19:53 plutôt que d'emprunter à une banque française.
01:19:54 On ne m'a pas laissé le choix.
01:19:57 On ne m'a pas laissé le choix.
01:19:59 Et ceci est un scandale.
01:20:01 Et merci de me permettre de le rappeler à nouveau.
01:20:04 Il est scandaleux qu'un grand mouvement politique
01:20:08 ne puisse trouver dans son propre pays,
01:20:11 malgré l'article 4 de la Constitution,
01:20:14 aucune structure financière
01:20:16 pour lui accorder un crédit bancaire.
01:20:20 C'est si scandaleux que M. Bayrou
01:20:23 en a fait une des conditions de son soutien
01:20:26 à Emmanuel Macron en 2017,
01:20:28 la création de la Banque de la démocratie.
01:20:30 Et je veux même aller plus loin.
01:20:32 Voyez, quand je serai élu,
01:20:34 j'interdirai les prêts étrangers,
01:20:38 mais je créerai cette Banque de la démocratie.
01:20:41 Voilà, vous voyez ?
01:20:42 Je prends l'engagement devant la Commission.
01:20:45 Vous pourrez venir m'en demander compte le moment venu.
01:20:49 Donc vous avez bien compris
01:20:51 que personne ne souhaitait nous prêter,
01:20:53 que nous avons fait des banques étrangères
01:20:55 sur l'ensemble des continents.
01:20:57 Nous ne sommes pas, encore une fois,
01:20:59 concentrés uniquement sur l'Europe.
01:21:02 Nous avons fait des démarches aux Etats-Unis,
01:21:05 des démarches en Amérique du Sud,
01:21:07 des démarches en Asie,
01:21:09 des démarches partout dans le monde pour trouver une banque.
01:21:13 Nous avons eu que 3 pistes.
01:21:15 L'Iran.
01:21:17 Je n'ose imaginer que vous auriez préféré
01:21:19 que ce soit une banque iranienne,
01:21:21 la Chine et cette banque tchécorusse.
01:21:24 Je vous ai expliqué les raisons pour lesquelles mon choix
01:21:26 s'était porté sur cette banque tchécorusse.
01:21:30 Voilà. Donc je ne sais pas quoi vous répondre d'autre.
01:21:32 Vous me demandez de faire la preuve d'un fait négatif.
01:21:36 Je ne peux pas faire la preuve d'un fait négatif,
01:21:40 mais compte tenu des accusations ignobles,
01:21:44 calomnieuses, diffamatoires, gratuites,
01:21:48 qui ont été formulées à l'égard du Rassemblement national,
01:21:51 j'espérais, j'imaginais qu'au moins,
01:21:54 il y avait ne serait-ce que le début d'une base factuelle
01:21:58 pour pouvoir les proférer.
01:22:01 Et il n'y en a pas.
01:22:02 Pour une raison simple, c'est qu'il n'y en a pas.
01:22:05 Voilà.
01:22:06 -Merci, madame Le Pen. Fermez votre micro, s'il vous plaît.
01:22:10 Madame la chancelière, vous avez terminé.
01:22:13 La parole est à monsieur Julien Bayou.
01:22:17 -Merci, monsieur le Président.
01:22:19 Madame Le Pen, bonjour.
01:22:23 Merci pour votre intervention liminaire.
01:22:25 Votre président, Jordan Bardella, avait justement annoncé
01:22:28 dans la foulée de vos propos même,
01:22:30 vouloir faire condamner tous ceux qui insinuent
01:22:31 que le Rassemblement national a un lien avec la Russie.
01:22:34 Et vous venez de nous expliquer par le menu
01:22:37 les liens financiers du Rassemblement national
01:22:39 avec la France, avec la Russie.
01:22:41 Ces mêmes liens que l'ancien Premier ministre François Fillon
01:22:45 a qualifiés dans cette commission d'ingérence étrangère.
01:22:50 Alors, vous demandiez des éléments un peu plus factuels.
01:22:53 Quand on parle de la faillite de la First Czech-Russian Bank,
01:22:57 on lit d'après votre propre trésorier,
01:23:00 Valerian de Saint-Just.
01:23:01 Tout a été pris en main par la Banque centrale de Russie.
01:23:06 Et Jean-Luc Schaffhauser, qu'on a évoqué,
01:23:10 lui avait déclaré que les nouveaux propriétaires de la créance
01:23:13 s'étaient présentés au Front national
01:23:14 comme agissant sur ordre du pouvoir politique.
01:23:17 Je note d'ailleurs quand même, et je me dois de le dire,
01:23:20 que comparer la situation,
01:23:23 quoi qu'on pense de l'action économique d'Emmanuel Macron
01:23:25 à l'égard des banques,
01:23:26 et comparer la situation, la dépendance
01:23:29 des banques françaises et des banques russes
01:23:31 à l'égard des pouvoirs exécutifs respectifs,
01:23:33 je ne sais pas si vous êtes bien sérieuse.
01:23:36 D'ailleurs, Aviz Stapchat, qui est le créancier suivant,
01:23:41 lui a été fondé par d'anciens militaires russes.
01:23:44 La société est même habilitée par le pouvoir russe
01:23:46 à vendre des armes.
01:23:48 Je ne crois pas que le Kremlin donne cette habilitation
01:23:50 à n'importe quelle société.
01:23:52 Ils sont même habilités à effectuer des travaux
01:23:55 liés à l'utilisation d'informations
01:23:56 constituant un secret d'Etat.
01:23:58 Ce n'est pas n'importe quelle entreprise,
01:24:00 pas juste n'importe quel créancier.
01:24:02 Alors, ils ne vous ont pas réclamé d'argent
01:24:04 jusqu'en 2019, alors que vous aviez
01:24:07 des gros problèmes financiers.
01:24:09 Il y a eu un accord en justice
01:24:13 qui vous a permis d'échelonner la dette jusqu'en 2028.
01:24:16 Et ça vous a évité la cessation de paiement.
01:24:21 Toujours d'après votre trésorier,
01:24:23 l'Inen Arab Valoran le Saint-Just,
01:24:27 ils ont été contraints d'entamer cette procédure
01:24:28 uniquement pour remplir un certain nombre d'obligations,
01:24:30 mais ce n'était pas hostile.
01:24:34 Et effectivement, ce n'est pas hostile.
01:24:35 Parce que vous dites, quand j'emprunte,
01:24:37 ma seule obligation, c'est de rembourser.
01:24:39 Ce n'est pas vrai.
01:24:41 Grâce à cet accord, grâce à ce prêt financier,
01:24:44 vous n'avez pas encore remboursé.
01:24:45 C'est-à-dire que n'importe quel parti politique,
01:24:47 et j'en sais quelque chose,
01:24:49 doit rembourser dans des délais assez serrés,
01:24:51 assez contraints, sinon la CNCCFP,
01:24:53 évidemment, vous sanctionne.
01:24:56 Mais grâce à cet accord, en 2021,
01:24:59 dans les comptes que vous avez déposés
01:25:02 et qui ont été publiés par la CNCCFP en 2022,
01:25:04 il vous restait 7,3 millions à rembourser
01:25:07 sur 9,4 millions.
01:25:09 75 % n'ont remboursé, 5 ans après.
01:25:11 Ce n'est pas le cas d'Europe Écologie-Livre,
01:25:14 pour citer un parti que j'ai pu connaître.
01:25:17 Donc cet accord vous a permis
01:25:19 d'éviter les sanctions en France,
01:25:22 alors que n'importe quel autre parti
01:25:23 doit rembourser dans un temps beaucoup plus restreint.
01:25:26 C'est d'ailleurs ça, pour reprendre les propos
01:25:30 de madame Chassagnol, qui vous a permis
01:25:31 de mal gérer votre parti.
01:25:32 Parce que quand même, il faut le dire,
01:25:34 depuis 2012, votre parti est en déficit permanent,
01:25:37 alors que les recettes ont très nettement augmenté.
01:25:40 Mais par contre, le montant d'indépendance a explosé.
01:25:43 Vous êtes passé de presque 6 millions à 23 millions d'euros.
01:25:46 Et là encore, vous faites
01:25:48 du article dropping de la Constitution,
01:25:50 mais il n'y a rien dans l'article 4
01:25:52 de la Constitution française
01:25:53 qui dit que les partis politiques, par essence,
01:25:55 ont le droit de mal gérer leurs comptes.
01:25:57 Au contraire, si vous lisez jusqu'au bout,
01:25:59 vous lirez, ils doivent respecter
01:26:01 les principes de la souveraineté nationale
01:26:02 et de la démocratie.
01:26:04 Et qu'est-ce que vous avez fait, vous ?
01:26:06 Et moi, je ne crois pas que ça corresponde
01:26:07 aux principes de la souveraineté nationale.
01:26:08 Eh bien, vous avez eu recours à un financement étranger.
01:26:10 Et non seulement les intérêts sont pris en charge,
01:26:12 vous avez oublié de le dire,
01:26:15 pris en charge par le remboursement
01:26:17 des comptes de campagne,
01:26:18 mais en plus, vous pouvez ne pas rembourser
01:26:19 en attendant meilleure fortune.
01:26:20 Tout ça, c'est factuel, c'est public,
01:26:22 c'est la lecture des comptes et des règles de la CNCCFP.
01:26:26 J'en viens à ma question.
01:26:27 Pour avoir résumé ces éléments publics
01:26:28 dans un signalement, article 40, au procureur,
01:26:31 vous m'avez menacé publiquement de diffamation.
01:26:34 Ce France Inter, je crois.
01:26:36 Donc ma question, ma première question,
01:26:37 j'en ai deux, si M. le Président m'y autorise.
01:26:40 Et au risque de contredire votre président
01:26:43 et votre propre déclaration luminaire,
01:26:44 oui ou non, y a-t-il des liens, notamment financiers,
01:26:46 entre la Russie et le FN ?
01:26:49 -D'accord.
01:26:50 -M. Bayou, excusez-moi de vous rappeler
01:26:54 que je pense que vous connaissez très mal
01:26:57 le fonctionnement d'un mouvement politique.
01:27:00 Parce que les intérêts ne sont pris en charge par l'Etat
01:27:02 que pour les prêts à la présidentielle.
01:27:04 Or, ce prêt n'était pas un prêt à la présidentielle,
01:27:06 c'était un prêt au parti.
01:27:07 Mais c'est pas grave, vous êtes jeune à la tête du mouvement,
01:27:09 donc c'est normal que ça tâtonne encore un peu.
01:27:12 Vous me donnez des leçons de gestion.
01:27:16 J'ai envie de vous rappeler, justement,
01:27:18 l'article 4 de la Constitution.
01:27:19 Les partis politiques s'administrent librement.
01:27:22 Les partis politiques s'administrent librement.
01:27:24 Et je vais vous dire qui est juge.
01:27:26 Il y a 2 juges, M. Bayou.
01:27:27 Il y a 2 juges.
01:27:30 Il y a la CNCCFP, qui n'a jamais eu quoi que ce soit à dire
01:27:35 sur ce prêt, encore une fois, d'une transparence totale,
01:27:38 et où nous avons totalement respecté nos obligations.
01:27:41 Et puis, il y a un 2e juge.
01:27:43 C'est le peuple français. Voilà.
01:27:46 Lui, il a jugé en 2022.
01:27:49 Et il me semble qu'il vous a jugé plus durement que moi.
01:27:52 Pour répondre à votre question,
01:27:53 qui n'est pas une question, en réalité,
01:27:55 qui est une accusation.
01:27:57 Donc oui, il y a un certain nombre d'élus qui ont proféré
01:28:01 des accusations extrêmement graves,
01:28:04 passibles, évidemment, d'une condamnation
01:28:06 devant le tribunal correctionnel.
01:28:07 Il y a quelqu'un, d'ailleurs, autour de cette table
01:28:09 qui l'a fait, mais il a eu quand même la prudence
01:28:11 de le faire en hémicycle.
01:28:13 Je lui conseille d'ailleurs vivement de le faire
01:28:15 devant les médias,
01:28:16 précisément pour que je puisse le poursuivre
01:28:18 et le faire condamner devant un tribunal correctionnel
01:28:20 en disant "le Rassemblement national a touché
01:28:22 des valises de billets".
01:28:24 Ben non.
01:28:25 Tout cela relève de votre fantasme
01:28:27 et de la facilité qui consiste à utiliser un soupçon
01:28:33 pour tenter de nuire à un adversaire
01:28:35 alors qu'encore une fois, nous n'avons rien à nous reprocher
01:28:39 dans cette affaire.
01:28:40 Rien.
01:28:41 Ce prêt est parfaitement légal, parfaitement vérifié,
01:28:45 et il a été effectué sans aucune contrepartie.
01:28:50 Et encore une fois, je pourrais, M. Bayou,
01:28:52 parce que vous faites partie de la NUPES,
01:28:54 sortir les déclarations de M. Mélenchon,
01:28:57 qui soutient la Russie
01:28:58 dans sa lutte contre le fondamentalisme islamiste.
01:29:02 Et on pourrait, sur la base de cette déclaration,
01:29:05 en tirer peut-être un soupçon
01:29:08 sur la liberté de M. Mélenchon à l'égard de la Russie.
01:29:12 Je crois pouvoir dire,
01:29:14 et pourtant, j'ai beaucoup de désaccord avec M. Mélenchon,
01:29:16 que lui, comme moi, sommes totalement libres
01:29:19 des opinions que nous défendons, et ce, depuis toujours.
01:29:23 Et c'est pour ça aussi que les miennes, en l'occurrence,
01:29:25 n'ont pas beaucoup changé,
01:29:26 ont parfois même rejoint celles du président de la République,
01:29:30 puisqu'il a fait beaucoup de déclarations,
01:29:32 le président de la République,
01:29:34 mais il a fait 2 tweets en 2019,
01:29:37 lorsqu'il a reçu Emmanuel Macron,
01:29:38 2019, bien après l'annexion de la Crimée,
01:29:41 bien après l'annexion de la Crimée,
01:29:43 où il dit...
01:29:45 Il dit, Emmanuel Macron, sur la Russie,
01:29:52 exactement la même chose, à peu près,
01:29:54 que ce que je dis...
01:29:56 On a 2 minutes.
01:29:58 -Pour vous rester sur la question...
01:29:59 -Je suis convaincue que l'avenir de la Russie
01:30:02 est pleinement européen.
01:30:04 Nous croyons dans cette Europe
01:30:05 qui va de Lisbonne à Vladivostok.
01:30:09 Nous avons également parlé de la Libye,
01:30:11 une trêve décidée que l'ensemble des parties prenantes
01:30:13 a été obtenue durant l'été.
01:30:15 Il nous faut maintenant construire de manière durable
01:30:19 la stabilité et rebâtir un ordre en Libye.
01:30:23 Nous y sommes tous 2 attachés.
01:30:26 -Merci, madame Le Pen.
01:30:27 Vous pouvez couper votre micro.
01:30:30 M. Bayou, vous avez...
01:30:32 -J'avais 2 questions, mais si vous me permettez,
01:30:34 là, vous m'avez quand même mis en cause,
01:30:36 mais l'article 4, c'est "se forment
01:30:38 "et exercent leur activité librement",
01:30:40 pas "s'administrent librement".
01:30:41 Je pense que vraiment, quand on prétend
01:30:42 à la magistrature suprême,
01:30:43 on révise un peu sa Constitution.
01:30:45 Deuxièmement, si vous avez des éléments
01:30:46 sur les financements de campagne de Jean-Luc Mélenchon,
01:30:50 sortez-les.
01:30:51 Je ne suis pas là pour protéger qui que ce soit.
01:30:54 Et donc, dans ce cas-là, vous avez juste lancé
01:30:57 les accusations pour faire embrouillard
01:30:58 ou je ne sais quoi.
01:31:00 Je ne sais pas, d'ailleurs, qui vous menaciez
01:31:01 dans cet hémicycle,
01:31:02 mais en tout cas, je vous avais posé une question
01:31:04 et je note que vous ne voulez pas répondre.
01:31:06 Oui ou non, y a-t-il des liens, notamment financiers,
01:31:08 entre la Russie et le Rassemblement national ?
01:31:11 Et après, si vous ne voulez pas répondre,
01:31:13 je passe à ma 2e question, mais dites-moi.
01:31:16 Vas-y.
01:31:17 -M. Bayou, alors, je dois mal m'exprimer
01:31:18 ou vous écoutez plus votre question
01:31:20 que vous n'écoutez ma réponse,
01:31:22 mais j'ai précisément dit exactement l'inverse
01:31:24 sur Jean-Luc Mélenchon.
01:31:25 Exactement l'inverse.
01:31:27 J'ai dit que les positions qu'il avait prises
01:31:29 sur le plan géopolitique,
01:31:31 je ne pensais pas du tout qu'elles étaient la conséquence
01:31:35 d'une moindre influence de quelque nation que ce soit.
01:31:39 Vous voyez, donc, je n'ai absolument pas dit ça.
01:31:43 Le seul lien financier qui existe,
01:31:45 existe avec une banque par l'intermédiaire d'un prêt
01:31:50 qui a été signé en 2014.
01:31:52 Cette banque ayant été rachetée dans ses ponts de son passif
01:31:56 et son actif par une société,
01:31:58 c'est le seul lien que nous avons.
01:32:00 Il est vérifié, il a été validé
01:32:04 par les commissaires aux comptes,
01:32:05 par la Commission nationale des comptes de campagne,
01:32:09 par, je pense, vérifié par Tracfins également,
01:32:13 et validé par la Société générale qui était notre banque à l'époque.
01:32:16 Tout ceci est parfaitement légal et parfaitement transparent.
01:32:21 -Merci, Mme Le Pen. M. Boyou, vous avez terminé ?
01:32:23 -Non, justement, j'avais ma 2e question,
01:32:25 mais je vous remercie parce qu'il y a bien un lien financier,
01:32:28 et il est public, vous venez de l'expliquer,
01:32:29 je ne comprends pas pourquoi votre président
01:32:31 voulait poursuivre tout le monde pour le dire.
01:32:32 2e question, et vous verrez que je vous écoute attentivement.
01:32:36 Vous avez déclaré, là,
01:32:38 "Jamais l'arrivée d'un prêt n'a changé d'un yotan
01:32:40 "aux positions en matière de géopolitique."
01:32:42 Alors, en 2014, il y a une piste de prêt
01:32:44 avec une banque des Emirats Arabes Unis,
01:32:46 qui avait été abandonnée au dernier moment, apparemment.
01:32:49 Et un de vos conseillers économiques disait en 2016,
01:32:51 "Moi, j'ai mis mon veto là-dessus, c'était mono."
01:32:54 On ne peut pas dénoncer Mme Merkel et le Qatar
01:32:56 qui possèdent 10 % de la deute chez Banque
01:32:57 et qui pourraient encore la renflouer
01:32:58 et de l'autre faire la même chose.
01:33:00 Finalement, il y a bien un prêt de 8 millions
01:33:03 venus des Emirats Arabes Unis
01:33:04 qui ont sauvé le Front national en 2017.
01:33:07 Ce prêt est négocié par Laurent Fouché, signé à Bangui, 6 %,
01:33:11 mais là, vous direz que c'est des intérêts, ça compte pas.
01:33:14 Et là encore, vous nous direz,
01:33:15 peu importe d'où vient l'argent,
01:33:17 ce qui est encore une fois assez particulier
01:33:18 pour la dirigeante d'un grand parti.
01:33:21 Dans le Figaro et dans Mediapart,
01:33:25 on lit que pour préparer cet accord,
01:33:28 il y avait eu une rencontre entre un agent de liaison
01:33:30 des services des Emirats Arabes Unis et vous
01:33:34 à Montretout le 20 juillet 2014.
01:33:36 L'enjeu ? Aider le Front national
01:33:39 contre le Qatar et les frères musulmans.
01:33:41 Alors effectivement, les attaques du Front national
01:33:45 contre le Qatar sont nombreuses,
01:33:47 notamment pour accuser le Qatar
01:33:48 de soutenir le financement du terrorisme.
01:33:52 Mais jamais le Front national a accusé les Emirats Arabes Unis
01:33:55 de faire pareil.
01:33:56 Au contraire, systématiquement,
01:33:57 vous présentiez les Emirats Arabes Unis
01:34:00 avec nombre d'éloges.
01:34:02 Alors que les accusations de financement de terrorisme
01:34:05 sont nombreuses également à l'égard des Emirats Arabes Unis.
01:34:07 Je pense au financement de Al-Qaïda
01:34:09 où Lashkar et Toyba qui avaient fait des attentats à Bombay.
01:34:12 Et il y a une plainte, évidemment,
01:34:14 pendante devant le tribunal de Paris
01:34:15 pour crime de guerre, torture et financement de terrorisme.
01:34:18 Quand on va sur le site du Rassemblement national,
01:34:20 on trouve seulement 10 articles mentionnant les Emirats
01:34:24 avec zéro critique sur ce supposé, à ce stade,
01:34:28 soutien au terrorisme.
01:34:31 On a même, par contre, un article
01:34:33 pour se réjouir de la présidence du député Chenu
01:34:36 du groupe d'amitié France-Emirats Arabes Unis.
01:34:37 On peut lire "Les Emirats forment un allié de premier ordre
01:34:40 "dans la lutte contre le terrorisme."
01:34:42 Alors qu'ils sont donc accusés de financement.
01:34:44 Et par contre, on compte 80 articles sur le Qatar,
01:34:46 aucun positif,
01:34:49 et souvent pour dénoncer les achats qu'Atari.
01:34:50 Mais donc zéro pour pointer ceux des achats
01:34:52 des Emirats Arabes Unis.
01:34:54 Est-ce que vous avez la critique sélective
01:34:56 selon l'origine des fonds ?
01:34:58 Est-ce que demain, pour la prochaine présidentielle,
01:34:59 si vous avez à nouveau des problèmes financiers
01:35:01 et que vous avez un financement chinois,
01:35:03 vous nous direz que c'est un merveilleux allié ?
01:35:05 Ou peut-être après-demain, la Corée du Nord ?
01:35:09 -Merci. Mme Le Pen, c'était vous.
01:35:11 -M. Bayou, je vais essayer de démêler un petit peu,
01:35:14 car tout ça n'est pas extrêmement clair.
01:35:18 Alors on va parler factuel.
01:35:21 L'emprunt dont vous parlez n'est pas un emprunt émirati.
01:35:25 C'est un emprunt effectué auprès d'un Français,
01:35:28 voilà, M. Fouché,
01:35:30 qui a son compte aux Emirats Arabes Unis,
01:35:33 où il travaille une partie du temps.
01:35:35 C'est un tout petit peu différent, voyez-vous.
01:35:37 Moi, je veux bien qu'on globalise tout
01:35:38 pour essayer de créer encore une fois une suspicion,
01:35:42 alors qu'il n'y a pas de raison d'en avoir.
01:35:44 C'est un Français qui a prêté de l'argent
01:35:47 à un parti français
01:35:49 dont il a été évidemment parfaitement remboursé.
01:35:53 Vous dites "peu importe d'où ça vient".
01:35:54 Ce n'est pas tout à fait vrai,
01:35:55 puisque je vous ai expliqué tout à l'heure
01:35:56 que j'avais le choix entre trois nations
01:35:57 et que j'ai fait un choix.
01:36:00 Voilà, de provenance de la banque,
01:36:01 parce que ça reste quand même une banque, je le rappelle.
01:36:04 Deuxièmement, vous parlez des Emirats Arabes Unis.
01:36:10 Oui, je pense, comme la France d'ailleurs,
01:36:12 que les Emirats Arabes Unis sont un allié de poids
01:36:15 dans la lutte contre le fondamentalisme islamiste.
01:36:17 Je ne suis pas convaincue qu'Emmanuel Macron
01:36:19 ne pense pas la même chose que moi.
01:36:21 Bon, ça peut arriver, monsieur Bayou.
01:36:26 Je ne suis pas sûre que vous puissiez lui en faire le reproche.
01:36:29 De la même manière, je pense que l'Egypte est un allié
01:36:32 pour lutter contre le fondamentalisme islamiste.
01:36:34 Il y a un certain nombre de pays arabes
01:36:36 sur lesquels on peut s'appuyer
01:36:38 pour lutter contre le fondamentalisme islamiste.
01:36:41 L'Egypte et les Emirats Arabes Unis en font partie.
01:36:45 Monsieur Bayou.
01:36:48 Oui, merci.
01:36:50 J'ai oublié de préciser que Laurent Fouché
01:36:52 apparemment était insolvable au moment de ce près,
01:36:53 mais la justice s'en est sortie.
01:36:55 Ça me permet d'ailleurs de rebondir,
01:36:57 parce qu'on a appris que Laurent Fouché,
01:37:00 qui vous fait un prêt personnel,
01:37:01 est mis en examen pour blanchiment d'argent à Genève.
01:37:03 Ces enquêtes nous apprennent aussi que Laurent Fouché
01:37:05 était insolvable au moment du prêt,
01:37:07 comme on fait-il pour prêter 8 millions d'euros
01:37:09 alors que lui-même est insolvable.
01:37:11 Dès lors, d'où proviennent ces 8 millions d'euros
01:37:13 prêtés au Rassemblement national ?
01:37:14 Étiez-vous au courant de ces informations au moment des faits ?
01:37:17 Et depuis, n'avez-vous pas souhaité en connaître davantage
01:37:19 sur l'origine de cet argent qui arrive d'un compte émiratiste
01:37:22 et de quelqu'un qui est insolvable ?
01:37:25 -Mais je n'ai absolument aucune connaissance
01:37:27 des faits dont vous me parlez, monsieur le président.
01:37:30 Et je ne doute pas une seule seconde
01:37:32 que s'il existait le moindre soupçon
01:37:35 à l'égard du Rassemblement national,
01:37:37 la justice serait saisie.
01:37:39 Trakfin aurait fait probablement une intervention sur ce sujet.
01:37:43 Moi, je n'ai eu aucune connaissance...
01:37:45 -Il semble que Trakfin soit saisi.
01:37:46 -Bah écoutez, Trakfin est peut-être saisi,
01:37:48 mais moi, en ce qui me concerne,
01:37:50 Trakfin ne s'est pas adressé à nous.
01:37:53 Il n'y a pas de demande de renseignement.
01:37:56 Nous avons obtenu ce prêt et nous l'avons remboursé.
01:37:59 Je ne connais pas du tout
01:38:01 la situation personnelle de monsieur Fouché.
01:38:03 Je fais tout à fait confiance à ma banque française
01:38:06 qui est soumise à des obligations légales
01:38:08 de vérification de la provenance des fonds.
01:38:11 Trakfin le fait, évidemment, dans l'intérêt de tous,
01:38:13 mais les banques sont personnellement responsables
01:38:17 de vérifier l'origine des fonds.
01:38:20 Je fais confiance à la CNCCFP,
01:38:23 mais bien sûr que si...
01:38:24 -La CNCCFP, elle n'a pas les moyens d'investigation
01:38:26 aux Émirats arabes unis ou en Russie, madame Le Pen.
01:38:28 -Non, mais enfin, pardon.
01:38:30 Encore une fois, la CNCCFP, si elle avait eu le moindre doute,
01:38:34 elle aurait été alertée par la banque.
01:38:37 Si la banque avait eu le moindre...
01:38:38 Elle aurait alerté la CNCCFP.
01:38:40 Si Trakfin avait eu le moindre doute,
01:38:42 ils auraient alerté la CNCCFP.
01:38:44 Donc ce que Trakfin ne connaissait pas,
01:38:47 moi, j'étais censée le connaître.
01:38:49 Donc je n'avais aucune information sur ce sujet.
01:38:52 Encore une fois, nous avons emprunté à M. Fouché.
01:38:55 Et je suppose...
01:38:57 Je crois que vous l'avez vu ou pas vu,
01:38:59 moi, j'en sais rien.
01:39:00 Il faudrait peut-être lui poser la question.
01:39:02 Vous pouvez rouvrir à nouveau la commission.
01:39:04 Moi, je n'ai aucune connaissance de cela.
01:39:06 Je n'ai fait que rembourser le prêt qui m'avait été accordé.
01:39:10 Voilà. A partir du moment où,
01:39:13 puisque c'était une présidentielle,
01:39:14 l'Etat nous avait remboursés.
01:39:16 -Comment avez-vous été mis en contact avec M. Fouché ?
01:39:18 Le connaissiez-vous auparavant ?
01:39:19 -Pas du tout. C'est M. Schaffozer qui...
01:39:21 -Toujours M. Schaffozer.
01:39:23 Il est toujours autour de ces prêts.
01:39:26 Donc je vais passer la parole maintenant.
01:39:28 Merci d'avoir raccroché votre micro.
01:39:29 Je vais passer la parole maintenant à M. Eric Bautorel.
01:39:33 C'est à vous, M. Bautorel.
01:39:34 -Merci, M. le président.
01:39:36 2 questions, mais avant,
01:39:37 vous avez, Mme Le Pen, évoqué le Bataclan tout à l'heure
01:39:41 pour resituer en 2015
01:39:43 la façon dont, d'après vous, spontanément,
01:39:46 il y avait quelque chose,
01:39:47 un élan naturel à vouloir se rapprocher de la Russie
01:39:49 comme étant le partenaire idéal
01:39:52 pour lutter contre les terrorismes islamismes.
01:39:55 Les Russes venaient de commencer à s'illustrer en Syrie
01:39:57 puisque leur intervention démarre le 30 septembre,
01:40:00 quelques semaines avant le Bataclan.
01:40:03 Et ils vont prêter main-forte à quelqu'un
01:40:06 dont vous refusez de qualifier qu'il soit un barbare,
01:40:09 mais les décomptes ne sont pas finis
01:40:10 des oppressions qu'il a fait vivre à son peuple.
01:40:13 Il est aujourd'hui à la tête d'un narco-Etat.
01:40:16 Et je veux dire ici, de manière assez forte,
01:40:18 qu'il n'y a pas de position unanime dans la classe politique
01:40:20 à penser que la Russie était le seul acteur possible,
01:40:23 encore moins aux côtés de la Syrie,
01:40:25 pour lutter contre l'islamisme radical.
01:40:27 Et si Daesh n'existe plus au sens du proto-Etat
01:40:30 et de son projet initial,
01:40:32 malgré des résurgences qui continuent d'exister
01:40:35 et qui sont des menaces,
01:40:37 on le doit probablement moins au baril
01:40:40 qu'aura jeté Bachar el-Assad sur son peuple,
01:40:44 à la main invisible ou parfois très visible de la Russie
01:40:47 à ses côtés, qu'à d'autres forces qui se sont battues
01:40:50 pour lutter contre ce fameux terrorisme islamisme.
01:40:54 J'ai maintenant 2 questions.
01:40:56 Comment expliquez-vous que votre eurodéputé
01:40:58 Jean-Luc Schiaffozer, intermédiaire du Pré russe
01:41:00 de 9 millions d'euros en 2014,
01:41:02 à peine élu au Parlement européen,
01:41:04 se voit dicter sa 1re intervention en sciences plénières
01:41:08 au sujet de l'Ukraine par ses contacts russes de près ?
01:41:12 Et je repose une question qui vous a déjà été posée,
01:41:14 mais peut-être que vous y répondrez différemment.
01:41:17 Comment expliquez-vous les troublants SMS
01:41:18 de la responsable du Kremlin,
01:41:20 révélés par les hackers russes d'Anonymous International,
01:41:22 en 2015, qui n'ont jamais été contestés par le Kremlin,
01:41:26 et qui indiquent que vous devriez être remercié financièrement
01:41:28 en échange d'une déclaration de soutien
01:41:30 sur l'élection de la Crimée ?
01:41:31 De quoi, Mme Le Pen, devriez-vous donc être remercié ?
01:41:36 -Alors, M. Botorel,
01:41:42 vous avez le droit de penser ce que vous voulez.
01:41:43 Moi, je suis juste en train de vous dire
01:41:44 qu'après le Bataclan, l'ensemble de la classe politique
01:41:46 pensait que la Russie était un allié important
01:41:49 pour lutter contre le fondamentalisme islamiste.
01:41:51 J'ai même des déclarations de M. Mélenchon
01:41:53 félicitant les Russes.
01:41:55 Non, mais je vous le dis.
01:41:56 Mais c'est un fait. Je vous le dis.
01:42:00 Félicitant les Russes,
01:42:01 félicitant les Russes pour le combat
01:42:06 qu'ils mènent pour éradiquer Daesh.
01:42:10 Et il y en a eu d'autres.
01:42:12 Il y en a eu d'autres.
01:42:13 Et vous le savez bien.
01:42:15 Donc, vous avez le droit de penser que c'est étonnant.
01:42:18 Moi, je vous dis que l'ensemble de la classe politique à l'époque
01:42:21 a fait des déclarations considérant que la Russie était un allié
01:42:24 dans la lutte contre le fondamentalisme islamiste.
01:42:25 Et le président de la République en chef,
01:42:29 le président de la République en chef,
01:42:30 je viens de vous lire, encore une fois,
01:42:33 la déclaration en question.
01:42:36 "Je ne suis absolument pas au courant de mails
01:42:39 "qui auraient été envoyés à M. Schiaffozer."
01:42:41 M. Schiaffozer, et je pense que vous avez pu vous en rendre compte
01:42:43 tout seul, d'ailleurs, est un homme très libre.
01:42:47 Très libre.
01:42:48 Il fait exactement ce qu'il veut.
01:42:51 Et lorsqu'on envisage de le contraindre
01:42:55 dans ce qu'il a envie de faire,
01:42:57 en général, il vous en fait le reproche de manière assez vif.
01:43:01 Et c'est la raison, d'ailleurs, pour laquelle il n'était pas membre
01:43:03 du Rassemblement national.
01:43:04 Parce qu'en réalité, il était député sur la liste
01:43:06 au titre du Rassemblement.
01:43:08 Donc il venait au titre du Rassemblement
01:43:10 sur la liste des Européennes, mais il est libre.
01:43:12 Il est libre.
01:43:13 Il est libre en parole, il est libre en action,
01:43:15 il est libre en analyse.
01:43:17 Et voilà, je ne me sens pas tenue, d'ailleurs,
01:43:20 par l'intégralité des analyses qui sont faites
01:43:22 par Jean-Luc Schiaffozer, avec lesquelles j'ai parfois,
01:43:24 et même souvent été en désaccord.
01:43:27 Ceci ne pose aucune difficulté.
01:43:31 Donc voilà que vous répondre de plus.
01:43:35 Quant à l'échange que vous évoquez,
01:43:39 je n'en avais pas connaissance.
01:43:41 Et en revanche, lorsque ces SMS,
01:43:48 d'ici depuis quelques jours, ont commencé à sortir,
01:43:51 j'ai regardé cela.
01:43:53 Vous voyez, je ne m'intéresse pas obligatoirement toujours
01:43:54 à tout ce qui est révélé sur ce sujet.
01:43:59 Vous dites, "Il a été remessi financièrement."
01:44:02 Il me semble, moi, que dans l'échange,
01:44:04 il a marqué "Financièrement, pour l'intégration", non.
01:44:07 Je ne sais pas, c'est ce que j'ai cru voir.
01:44:09 Donc je vous reconfirme pour la énième fois
01:44:12 que le seul lien qui existe entre le Rassemblement national
01:44:17 et moi-même d'ordre financier
01:44:20 est un prêt qui a été signé en 2014,
01:44:23 que nous remboursons chaque mois
01:44:26 et que nous rembourserons jusqu'à...
01:44:29 Sa date d'échéance, à savoir 2018.
01:44:33 Que je suis libre de toute...
01:44:35 2028, pardon.
01:44:36 Que je suis libre de toute influence
01:44:39 et c'est bien mal me connaître que de penser l'inverse.
01:44:43 -Merci, Mme Le Pen. M. Bottorel.
01:44:45 Votre micro, Mme Le Pen.
01:44:49 -Mme Le Pen, je ne vous demande pas de juger
01:44:53 s'il était bon ou pas
01:44:55 qu'on puisse faire dicter sa question au Parlement européen,
01:45:01 mais vous avez la liberté d'avoir aussi une opinion.
01:45:04 La question était ouverte, Mme Le Pen.
01:45:07 Elle n'était pas...
01:45:08 Est-ce que c'était le rôle d'un chef de parti,
01:45:11 d'un quelqu'un qui n'est pas membre de ce parti, par ailleurs ?
01:45:14 La question était très ouverte.
01:45:15 Je vous posais juste la question de savoir
01:45:17 que pensez-vous du fait que quelqu'un
01:45:19 qui a participé à la négociation d'un prêt
01:45:21 se voit dicter les termes d'une question
01:45:24 qu'il va adresser sur l'Ukraine au Parlement européen.
01:45:27 Vous trouvez ça normal ou pas normal ?
01:45:28 Je peux faire une question fermée.
01:45:29 -Au Parlement européen.
01:45:32 -Je trouve ça parfaitement anormal.
01:45:34 Et il existe des règles, d'ailleurs, au sein de cette Assemblée.
01:45:37 Lorsqu'un amendement vous est dicté par un lobby quelconque,
01:45:41 il faut l'indiquer.
01:45:43 Et ça me paraît tout à fait légitime.
01:45:45 Ca participe de la transparence et de la liberté
01:45:49 que doit conserver un député et qu'il peut conserver
01:45:52 à accepter ou à ne pas accepter de déposer d'ailleurs le dit amendement
01:45:55 ou de faire la dite déclaration.
01:45:58 Un lobby peut parfaitement demander à un député
01:46:01 de déposer un amendement.
01:46:02 Le député peut dire que l'amendement est très bon.
01:46:04 La seule obligation qu'il a, c'est de le faire savoir.
01:46:07 Donc je suis, encore une fois, contre toute forme d'influence
01:46:11 et particulièrement de ce type.
01:46:13 Se faire rédiger une intervention
01:46:15 ne m'apparaît pas être digne d'un élu de la nation.
01:46:19 -Merci, madame Le Pen.
01:46:20 M. Bouterel, vous êtes terminé.
01:46:22 Je vais passer la parole à Mireille Clapaud.
01:46:26 Vous avez la parole.
01:46:28 -Merci, M. le Président.
01:46:30 Alors, madame Le Pen, on vous reconnaît
01:46:34 très bonne oratrice.
01:46:35 Je vous reconnais.
01:46:36 Je sais aussi que vous êtes une bonne avocate
01:46:39 et donc vous plaidez votre cause avec beaucoup de talent.
01:46:44 Mais si je puis me permettre,
01:46:45 je pense qu'il faut être rigoureux.
01:46:48 Au-delà des commentaires, il faut rappeler les faits.
01:46:50 Et je vais ensuite rappeler une certaine chronologie.
01:46:56 Et puis il faut aussi, puisque c'est la dernière audition
01:46:58 de cette commission d'enquête,
01:47:01 rappeler ce qu'est l'ingérence.
01:47:04 L'ingérence, c'est assez subtil.
01:47:06 Ca nous a été bien expliqué par les experts
01:47:08 en tout début des travaux de cette commission d'enquête.
01:47:12 Il n'y a évidemment pas de contrat au sens où on dit
01:47:16 "Vous avez tant de millions
01:47:17 "et en échange, on vous demande tel service."
01:47:20 C'est beaucoup plus subtil.
01:47:21 C'est dans le renvoi d'ascenseurs
01:47:24 supposés des services rendus, etc.
01:47:28 Et donc c'est là-dessus que je vous interrogerai à la fin.
01:47:30 Alors je vais faire un petit rappel de chronologie.
01:47:34 On parle beaucoup, et vous avez beaucoup parlé
01:47:36 de la période 2014-2015, annexion de la Crimée,
01:47:41 accord de Minsk qui, effectivement, flottait un petit peu
01:47:45 de la faute des différentes parties.
01:47:49 J'explique à l'assistance et au public qui nous regarde
01:47:53 qu'il y a eu une progression dans le fait
01:47:56 que le président Poutine est devenu vraiment un autocrate
01:48:01 et avec tous les pouvoirs, et a commencé à violer
01:48:04 vraiment les droits humains avant de faire l'invasion de la Crimée.
01:48:08 J'ai quelques dates.
01:48:09 La révision constitutionnelle, c'était en juillet 2020,
01:48:13 révision constitutionnelle approuvée par référendum
01:48:16 et qui donnait tous les pouvoirs jusqu'en 2036 à Vladimir Poutine.
01:48:21 2020, c'était aussi l'empoisonnement de Navalny.
01:48:25 Navalny est rentré en Russie en janvier 2021
01:48:29 et il a été emprisonné.
01:48:31 Rappelez-vous aussi l'affaire Delpal,
01:48:34 donc un citoyen français qui a été, à son corps défendant,
01:48:38 inculpé, mis en prison, puis assigné à la résidence
01:48:42 et ensuite condamné, et c'était une justice
01:48:45 aux ordres instrumentalisés qui a utilisé
01:48:49 ce différent civil pour faire pression.
01:48:54 Septembre 2021, les élections.
01:48:56 Alors les élections, c'est intéressant,
01:48:58 17 au 19 septembre 2021,
01:49:00 la Russie a toujours une façon un peu particulière
01:49:03 de mener des élections, et donc elle cherche
01:49:06 des experts pour se légitimer.
01:49:09 Et donc la légitimation a fait grandement appel
01:49:13 à des personnalités d'extrême droite,
01:49:15 parmi lesquelles un certain nombre de députés européens
01:49:19 de votre parti.
01:49:21 Alors j'en cite quelques-uns,
01:49:23 Thierry Mariani, Jean-Len La Cappelle,
01:49:25 Nicolas Bay, Hervé Jubin, Frédéric Boccaletti,
01:49:28 Stéphane Ravier.
01:49:30 Ces observateurs n'étaient pas envoyés par l'OSCE,
01:49:35 mais étaient accrédités par la Russie,
01:49:38 qui s'auto-légitime, s'auto-accrédite,
01:49:41 en faisant venir des observateurs
01:49:44 ou des experts de différents pays.
01:49:45 Thierry Mariani, que nous avons audité,
01:49:47 était, par exemple, un observateur.
01:49:49 Et puis il y a eu 2 députés français
01:49:51 rentrés illégalement en Crimée,
01:49:52 mais je vous accorde qu'ils n'étaient pas
01:49:53 du Rassemblement national.
01:49:56 Ensuite, on saute quelques mois,
01:49:58 l'invasion russe en Ukraine,
01:50:01 et à ce moment-là, l'Union européenne,
01:50:03 qui était très courageuse,
01:50:04 a fait voter un certain nombre
01:50:07 de prises de position, de résolutions,
01:50:10 et c'est là qu'on voit que les députés
01:50:12 du Rassemblement national,
01:50:13 eh bien, ils sont loin d'être toujours unanimes
01:50:18 et dans la position française.
01:50:20 Donc de temps en temps, ils condamnent.
01:50:22 Ils ont quand même condamné l'agression.
01:50:25 Ils ont quand même voté pour la collègue de preuve
01:50:28 sur les crimes de guerre,
01:50:30 mais ils se sont abstenus sur un certain nombre
01:50:33 de résolutions, abstentions sur le soutien financier,
01:50:37 abstentions pour condamner un certain nombre de pratiques,
01:50:40 etc. Je renvoie ceux qui nous écoutent à la liste.
01:50:43 Je veux pas être trop fastidieuse.
01:50:45 Donc... Et puis je renvoie aussi
01:50:49 aux explications de vote de M. Mariani,
01:50:51 dont on sait les convictions.
01:50:53 Donc, en fait, si je rappelle cette chronologie,
01:50:56 c'est parce qu'il y a, je pense, à partir de 2020,
01:51:00 où vraiment on sent que la Russie est en train de basculer
01:51:03 et où les positions des politiques français
01:51:05 prennent du recul vis-à-vis de la Russie.
01:51:08 On sent qu'au contraire, votre parti,
01:51:11 par cette légitimation des élections,
01:51:13 par des prises de position,
01:51:15 par toujours une timidité,
01:51:17 même après l'invasion sur la condamnation,
01:51:20 votre parti, on peut se demander
01:51:23 s'il n'a pas été en situation de s'auto-censurer,
01:51:27 soit d'effectuer une sorte de renvoi d'ascenseur
01:51:30 par rapport à des facilités réelles,
01:51:34 sonnantes et trébuchantes,
01:51:35 ou peut-être à d'autres qu'on ne connaît pas.
01:51:38 En tout cas, voilà, moi, je voulais qu'on rappelle bien
01:51:41 cette chronologie qui fait qu'on peut avoir
01:51:43 quand même quelques soupçons
01:51:46 sur le fait que votre parti
01:51:48 se soit senti redevable vis-à-vis de la Russie
01:51:51 et ait apporté son soutien à Poutine
01:51:54 et à ce régime qui, on le sait maintenant,
01:51:56 est un régime qui a envahi son voisin
01:51:59 et qui condamne toute voie discordante
01:52:03 au sein de l'Etat.
01:52:05 -Votre question ?
01:52:06 -Au sujet de votre absence de question,
01:52:08 il s'agit là d'un procès en sorcellerie, en quelque sorte.
01:52:11 Il n'y a aucun élément.
01:52:13 Ce qui vous déplaît, c'est que nous ayons des positions
01:52:16 qui peuvent être différentes des vôtres
01:52:18 et peut-être différentes de celles de l'Union européenne.
01:52:20 Là encore, ça s'appelle la démocratie.
01:52:23 Nous sommes élus.
01:52:25 Nous n'avons, encore une fois,
01:52:27 jamais caché nos positions divergentes
01:52:32 de l'Union européenne sur les sanctions.
01:52:34 Nous partageons ce désaccord avec LR.
01:52:37 Et nous sommes tous allés devant les électeurs
01:52:40 qui nous ont élus.
01:52:42 Voilà, qui nous ont élus.
01:52:43 Ils ont pris connaissance de ces déclarations,
01:52:46 en disant qu'on est opposé aux sanctions,
01:52:48 on considère que c'est inutile, on demande la levée.
01:52:51 Et puis il y a eu des élections et on a été élus.
01:52:54 Sauf parce que vous considérez
01:52:56 que les Français sont stupides, peut-être.
01:52:58 Ca n'est absolument pas mon cas, vous l'imaginez bien.
01:53:01 Bon. Je pense que nous sommes un peuple majeur.
01:53:05 Donc j'ai l'impression de subir, si vous voulez,
01:53:07 une espèce, une sorte de procès de désaccord politique.
01:53:11 Oui, on a des désaccords politiques,
01:53:13 mais moi, je considère que vous avez parfaitement le droit
01:53:16 de penser différemment.
01:53:18 Je note juste qu'il y a tout de même
01:53:21 une sacrée hypocrisie à venir me reprocher
01:53:25 mes positions géopolitiques,
01:53:28 alors que l'ensemble de la classe politique avait les mêmes.
01:53:31 C'est tout ce que je note.
01:53:32 Il y a une sacrée hypocrisie.
01:53:34 Il y a une sacrée hypocrisie sur la levée des sanctions
01:53:37 que nous avons toujours à plein de nos voeux,
01:53:38 et le moins qu'on puisse dire, c'est que nous n'étions pas le seul.
01:53:41 M. Feckel, encore une fois, qui était secrétaire d'Etat,
01:53:45 réclamait la même chose.
01:53:46 Les LR réclamaient la même chose.
01:53:48 Il y a une sacrée hypocrisie à me reprocher
01:53:51 que de considérer que la Russie, après 2015,
01:53:55 pouvait être un soutien important
01:53:59 dans la lutte contre le fondamentalisme islamiste,
01:54:02 alors que le président Hollande ne disait pas l'inverse,
01:54:06 alors que Jean-Luc Mélenchon ne disait pas l'inverse,
01:54:10 alors que toute une série, encore une fois,
01:54:12 de responsables de haut niveau de notre pays
01:54:15 disaient exactement la même chose.
01:54:17 Il y a une sacrée hypocrisie à me reprocher
01:54:20 la position que j'ai eu le courage de prendre sur la Crimée,
01:54:25 alors qu'il ne serait venu à l'esprit de personne
01:54:28 de reprocher la même position
01:54:30 lorsqu'elle sort de la bouche
01:54:31 de l'antien président de la République, Nicolas Sarkozy,
01:54:35 alors que ça ne viendrait à personne de reprocher
01:54:38 à M. Hollande de faire la promotion de M. Schroder
01:54:44 bien après l'annexion de la Russie,
01:54:47 alors que celui-ci est déjà salarié d'une entreprise russe.
01:54:52 Vous voyez ? Voilà.
01:54:53 C'est un peu l'indignation à géométrie variable,
01:54:57 c'est un peu l'hypocrisie que je trouve assez désagréable.
01:55:02 Alors, vous me dites, on peut avoir des soupçons.
01:55:05 Non, madame, vous ne pouvez pas avoir de soupçons.
01:55:08 Voilà. Parce qu'un soupçon,
01:55:10 quand on est dans une commission d'enquête,
01:55:13 il peut être dicté par le désaccord politique.
01:55:18 Ca veut dire que ce qui est important,
01:55:20 c'est "Avez-vous le moindre élément
01:55:23 qui laisse penser que nos positions
01:55:26 ont pu être influencées de quelque manière que ce soit
01:55:30 par l'obtention d'un prêt auprès d'une banque tchécorusse ?"
01:55:34 La réponse est non.
01:55:36 Et je vous le confirme ici, c'est non.
01:55:39 Merci.

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