• l’année dernière
Lindsay, une collégienne de 13 ans, scolarisée à Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais, s'est suicidée le 12 mai dernier après avoir été victime de harcèlement au collège et sur les réseaux sociaux. Quatre mineurs ont été mis en examen ce jeudi du chef de "harcèlement scolaire ayant conduit au suicide" et un majeur pour “menaces de mort” a annoncé le procureur de Béthune dans un communiqué

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Transcription
00:00 c'est toujours un aveu d'échec personnel.
00:04 Alors que rien ne m'oblige à mener cette mission de 10 ans.
00:07 Non, et vous n'êtes pas responsable de votre choix concernant cette jeune fille ?
00:10 Oui, mais cette jeune fille, c'est notre fille.
00:13 Quand je dis souvent "quand un enfant de la République meurt",
00:15 c'est toute la République qui se meurt.
00:17 C'est une onde de choc, il faut le savoir, auprès des familles et des enfants.
00:22 C'est aussi pour les familles qui nous ont contactées en disant
00:25 "bah alors on est démunis, on ne peut rien faire".
00:27 C'est aussi pour des enfants qui nous disent "alors la seule issue, c'est la mort".
00:31 Ça veut dire que peut-être nous, en tant qu'adultes,
00:33 on n'est pas à hauteur d'enfants et on ne prend pas en charge.
00:36 Et je voudrais dire, s'il y a des enfants qui nous voient et qui nous écoutent,
00:39 non, il y a des solutions.
00:41 Parce que je ne voudrais pas qu'on banalise la mort.
00:43 C'est ça mon sujet aujourd'hui, c'est que je ne voudrais pas,
00:47 malheureusement, faire comme on le fait pour les féminicides,
00:50 de devoir raconter nos morts et de se dire "bah c'est un enfant, voilà,
00:53 elle a perdu pied, c'était le désespoir".
00:56 À 13 ans, on a toute sa vie devant soi.
00:58 Et voilà, c'est une onde de choc pour la famille, les amis.
01:02 Et ce qui est révélateur, je trouve, pour l'INSEE, en tout cas là,
01:06 c'est que j'ai le sentiment qu'il y a un ras-le-bol.
01:08 Aujourd'hui, les réseaux sociaux, les jeunes se sont emparés de leur compte
01:12 pour faire quelque chose de beau, faire du commun, de la communauté,
01:15 en disant "ça suffit".
01:17 Parce que je crois que nous, notre parole d'adultes, elle ne passe pas.
01:20 Les institutions ne sont pas entendues et nos enfants ont besoin d'aide.
01:22 Mais ça veut dire que même les parents ne peuvent pas parler à leurs enfants,
01:25 ils ne sont pas entendus ?
01:26 Alors c'est l'inverse, c'est que les enfants ne parlent plus à leurs parents.
01:30 On le sait, puisque nous on a fait une recherche dans le Baromètre National,
01:33 52% des personnes victimes n'en parlent pas à leurs parents,
01:36 par honte, par culpabilité, par peur que ça s'aggrave, par peur des représailles.
01:40 Et on leur dit de trouver un adulte de confiance.
01:42 C'est dans le cadre du programme Phare qu'on avait développé.
01:44 Hors famille, un adulte de confiance, hors famille.
01:47 Mais vous aussi, souvent vous ne parlez pas à votre conjoint,
01:49 à votre proche famille, parce que vous avez peur de leur faire du mal.
01:52 Donc on leur dit "trouvez un adulte de confiance".
01:54 C'est pour ça qu'on avait demandé à développer les élèves ambassadeurs.
01:57 Et ce que nous disent les jeunes aujourd'hui sur les comptes TikTok,
01:59 Instagram, avec toutes ces vidéos, c'est en fait "on vous tend la main".
02:03 Et nous, adultes, on n'est pas auteurs d'enfants.
02:06 On n'est plus audibles.
02:07 Alors vous parliez du ministre, il fait un tweet, moi je peux faire un tweet,
02:10 vous faites un tweet, mais vous croyez qu'ils sont sur Twitter nos enfants ?
02:13 Ils n'y sont pas, ils sont sur TikTok.
02:15 Ils sont en train de voir cet enfant.
02:17 C'est-à-dire que pour parler à un enfant, il faut utiliser son langage,
02:20 il faut utiliser ses lieux.
02:22 Je n'ai pas posté sur LinkedIn pour ces enfants-là.
02:24 Et on a manqué quelque chose.
02:26 Et l'INSEE, il y en a beaucoup.
02:29 Et des enfants, c'est un million d'enfants chaque année.
02:31 Et malheureusement, on est à la fin de l'année,
02:33 et il y a encore des enfants qui se disent, ce que j'appelle le courage du désespoir,
02:36 "la seule issue pour moi, c'est de quitter les lieux, de partir, de mourir,
02:41 c'est juste insupportable.
02:43 Ça fait dix ans que je me bats".
02:44 Enfin, je me bats, on se bat, parce que ce que je vous dis là,
02:47 c'est que nos bénévoles, on en a 30, qui sont la plupart d'anciennes personnes victimes,
02:50 ils m'ont écrit dans le groupe WhatsApp, ils m'ont dit,
02:52 "mais qu'est-ce qu'on peut faire maintenant, Nora ?
02:54 On réagit en France parce qu'un enfant meurt ?
02:56 Il faut mourir pour que ça fasse le buzz et qu'on s'intéresse à nous ?
02:59 C'est terrible".

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