Yannick Noah parle tennis et évoque Arthur Fils qui vient de gagner son premier tournoi ATP à Lyon à 18 ans.
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00:00 Arthur Fyss vient de remporter le tournoi de Lyon.
00:03 18 ans.
00:05 Quel conseil tu pourrais lui donner à partir de maintenant, après sa première victoire au tournoi ?
00:14 Quand je parle d'Arthur Fyss, je parle aussi des autres futurs espoirs.
00:20 Si j'ai un conseil à lui donner, c'est "si tu veux, appelle-moi".
00:28 Si j'ai un conseil à lui donner, d'autant plus que je l'ai vu, j'ai vu un set, il a pas mal joué à Marseille il y a quelques mois.
00:38 Et là j'ai vu quelques points, pas plus.
00:45 Et tant bien même que j'aurais un conseil, je ne dirais pas là.
00:53 Tu te rappelles quand Henri a été blessé, tu te souviens ?
01:00 Et on lui dit "mais pour combien de temps vous en avez ? Quand est-ce que vous allez reprendre ?"
01:05 Et Henri avait répondu en conférence de presse "vous le lirez dans la presse".
01:09 Je ne le connais pas assez.
01:16 En général, les joueurs que j'ai vus, j'en ai vu quelques-uns.
01:21 Pour ces jeunes-là qui arrivent, qui gagnent, qui remportent son premier titre, qu'est-ce que tu peux leur dire à ces jeunes-là ?
01:30 Il y a peut-être des choses à éviter, il y a peut-être des choses à faire.
01:34 Comment on fait, peut-être pas pour les protéger, mais pour les aider ?
01:39 C'est dur de parler en général. J'aimerais te répondre.
01:44 C'est dur de généraliser, c'est dur.
01:47 Ce qui m'a le plus surpris, négativement, après 20 ans sans être capitaine, quand je suis revenu,
01:58 ce qui m'a surpris, c'est les téléphones et les réseaux sociaux.
02:04 Ça, ça m'a surpris.
02:06 Ça m'a surpris qu'ils soient autant tous intoxiqués par ça.
02:12 Ça, ça m'a surpris.
02:14 D'autant plus que moi, je n'étais pas du tout préparé à ça.
02:17 J'avais un coaching, je ne tenais pas du tout compte du fait qu'après chaque réunion, entraînement,
02:23 parfois même pendant les réunions et pendant les entraînements,
02:26 ils étaient toujours à l'extérieur, toujours en dehors de ce qui se passait.
02:31 Donc très difficile de recentrer quelqu'un, très difficile de se centrer,
02:34 parce qu'il y a toujours le regard de l'autre.
02:36 J'ai un problème avec un journaliste, moi, quand je suis joueur,
02:45 à la prochaine conférence de presse, on se voit, mais je sais à qui je m'adresse au moins.
02:49 Et du coup, il y a un lien qui est presque humain, normal, sain.
02:55 Alors que quand tu réagis par rapport à des commentaires de gens que tu ne connais pas,
02:59 je trouve que c'est toxique.
03:02 C'est quelque chose qui m'a dépassé.
03:04 Sur les trois années que j'ai fait de coaching quand je suis revenu,
03:11 j'ai le sentiment d'avoir pas pu donner ce que j'avais envie de donner.
03:17 J'étais complètement déstabilisé par cet aspect-là et pas du tout préparé à ça.
03:23 À l'époque, on faisait des mises au vert.
03:27 On faisait tous des mises au vert.
03:30 La mise au vert, c'est pour être dans un environnement calme,
03:36 mais c'est surtout de sortir de tout ce qui pourrait être toxique.
03:39 Mais lorsque tu es dans une mise au vert et que tu es sans arrêt sur ton terrain,
03:43 en fait, ça ne sert à rien du tout.
03:46 Donc ça, ça m'a complètement... J'étais dépassé par ça.
03:49 Je ne connais pas... Là, tu vois, je te dis un truc complètement général.
03:52 Je ne sais pas, je ne connais pas le môme.
03:59 C'est possible d'aller loin en étant français,
04:06 mais c'est plus difficile quand tu es français d'être champion.
04:11 C'est plus difficile.
04:13 Donc il faut aller un peu te nourrir ailleurs.
04:18 Parce que nous, on est habitué à perdre.
04:22 Mais à tous les niveaux, on est habitué à perdre.
04:26 Tous les entraîneurs ont tous perdu. Il n'y en a pas un qui a gagné.
04:29 Donc tu es entouré de gens qui ont tous perdu.
04:34 Et quand tu gagnes, tu te dis "merde, qu'est-ce qui se passe ?
04:37 Je ne sais pas quoi faire. Moi, c'est ce qui m'arrive.
04:39 Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Je ne sais pas."
04:41 Mais bon, c'est déjà ça. On a gagné.
04:44 Mais après, c'est dur.
04:54 J'ai un job d'accompagnement mental.
05:03 Si les joueurs m'appellent, je suis là.
05:07 Mais le temps passe.
05:11 À un moment, je vais t'avouer que ça avance,
05:16 et moi, je suis de moins en moins.