"Héritier de Pétain": Élisabeth Borne déclenche la fureur du RN

  • l’année dernière
La Première ministre Elisabeth Borne a estimé ce dimanche sur Radio J que le Rassemblement national faisait encore figure d'"héritier de Pétain".

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00:00 Je vais revenir avec vous sur une petite phrase d'Elisabeth Borne qui fait beaucoup parler.
00:04 La première ministre était l'invité de Radio J hier et elle a été interrogée sur le Rassemblement National.
00:10 On l'écoute.
00:11 Et elle a répondu "Je ne crois pas du tout à la normalisation du Rassemblement National.
00:15 Je pense qu'il ne faut pas banaliser ses idées, ses idées sont toujours les mêmes.
00:18 Alors maintenant, le Rassemblement National y met les formes,
00:20 mais je continue à penser que c'est une idéologie dangereuse".
00:22 Ça, c'est ce que dit Elisabeth Borne.
00:24 Et quand l'intervieweur lui demande si le RN est l'héritier de Pétain,
00:27 la première ministre répond "Oui, absolument".
00:30 Elle a raison ?
00:32 On va essayer d'être factuel.
00:33 Est-ce que le RN a été fondé par d'anciens pétainistes en 1972 ?
00:38 Oui, notamment.
00:39 Il n'y avait pas que des pétainistes, mais il y en avait.
00:41 L'objectif à l'époque, c'était de fédérer toute l'extrême droite.
00:43 Et on comptait quand même dans l'entourage de Jean-Marie Le Pen
00:46 tout un nombre de pétainistes, d'anciens collabos,
00:48 même de gens qui avaient combattu sous l'uniforme SS.
00:51 Je vous donne un exemple.
00:52 François Brignot, par exemple, c'était le vice-président du RN en 1972.
00:56 Il est resté pendant deux ans aux côtés de Jean-Marie Le Pen.
00:58 Il était membre du RN populaire,
01:00 le parti fasciste et collaborationniste de Marcel Déat pendant l'occupation.
01:04 Et il était membre de la milice de Vichy.
01:05 Il s'était même engagé le jour du débarquement allié, c'est vous dire.
01:08 Et puis d'ailleurs, en 2015, sur notre antenne,
01:10 Jean-Marie Le Pen, qui a toujours pris la défense du RN, ne le niait pas.
01:15 Fervents gaullistes.
01:16 Oui, fervents gaullistes, mais il y a aussi des fervents pétainistes.
01:19 Il y a aussi des fervents patriotes.
01:21 Il y a des, je pense qu'il y a peut-être même...
01:24 Il y a des catholiques traditionnels.
01:25 Oui, c'est pour le RN de Jean-Marie Le Pen.
01:29 Il y avait des fervents pétainistes.
01:30 Mais pour le RN de Marine Le Pen,
01:32 la sortie d'Isabelle Borne a finalement fait bondir les dirigeants du RN.
01:36 Actuel, est-ce que le RN de 2023 est le même que le RN de 1972 ?
01:40 La réponse est non.
01:41 Le parti, comme ses cadres, comme les militants, ont changé.
01:44 Et Marine Le Pen, qui cherche depuis 15 ans à dédiaboliser l'image de son mouvement,
01:49 s'est démarquée à plusieurs reprises de son père sur cette question.
01:51 Elle l'a même exclue en 2015,
01:53 au lendemain d'une interview au journal d'extrême droite Riverhall,
01:55 dans laquelle Jean-Marie Le Pen avait déclaré
01:57 "Je n'ai jamais considéré le maréchal pétain comme un traître.
02:00 On a été très sévères avec lui à la libération".
02:02 Mais pour la Première ministre, tout ça n'est qu'un ravalement de façade.
02:05 "Je n'ai jamais entendu Marine Le Pen dénoncer
02:07 ce qu'ont pu être les positions historiques de son parti", dit-elle.
02:10 "Et je pense qu'un changement de nom ne change pas les idées, les racines".
02:13 Et pour le coup, on ne peut pas non plus complètement lui donner tort.
02:15 Parce que c'est vrai que si Marine Le Pen a tenté de tourner la page,
02:17 de revoir son programme,
02:18 elle n'a pas non plus fait le grand agiornamento à ciel ouvert,
02:21 ni de mea culpa, par exemple, l'an dernier,
02:23 à l'occasion du cinquantenaire de son parti.
02:25 Pour revenir à Elisabeth Borne, pourquoi elle fait cette sortie ?
02:28 Parce qu'on assiste à une montée en visibilité
02:30 d'une extrême droite très classique à la française.
02:32 On l'a vu, vous savez, la manifestation du GUD à Paris,
02:35 la manifestation à Annecy.
02:37 Or, le RN tente de s'en démarquer et de minimiser ses liens,
02:40 qui même a affirmé qu'il n'a rien à voir avec ces gens-là.
02:43 Ce qui n'est pas vrai.
02:43 Il y a des gens du GUD avec lesquels le RN a continué à travailler.
02:47 C'est ce que la première ministre tente de souligner.
02:49 Alors, est-ce que c'est efficace d'un point de vue politique ?
02:51 Ça, c'est une autre affaire.
02:52 On voit bien, on sait que ça fait des années
02:53 que les adversaires du Front National ou du RN
02:56 défilent en criant "F comme fasciste, N comme nazi".
02:59 Et cela n'a jamais empêché la formation le Péniste de progresser.

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