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Avec Dov Alfon, directeur de la publication et de la rédaction du journal Libération.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 toute subjectivité ce matin avec le directeur de la publication et de la rédaction du quotidien
00:05 Libération, Dov Alfon, bonjour.
00:07 Bonjour Nicolas.
00:08 Dov, la réalisatrice Justine Trier a dénoncé la réforme des retraites après avoir reçu
00:14 la Palme d'or samedi soir à Cannes et certaines réactions à son discours vous ont surpris.
00:20 Oui Nicolas, à commencer par la ministre de la Culture, Rima Abdulmalak, qui s'est
00:25 dit estomaqué par ce discours si injuste.
00:28 Comme 82% des français étaient contre la réforme des retraites, on voit mal ce que
00:33 le discours de Justine Trier avait de si injuste.
00:36 En fait on aurait été estomaqué si elle s'était prononcée pour la réforme des
00:47 retraites.
00:48 Des Oscars d'Hollywood jusqu'au Festival de Berlin, les discours des lauréats sont
00:52 souvent politiques.
00:53 On notera que nos ministres de la Culture applaudissent quand un cinéaste critique un
00:57 président américain, du droit à l'avortement, à la guerre en Irak.
01:01 Mais une phrase critique d'Emmanuel Macron, oula, ça va trop loin.
01:04 D'autres reprochent à Justine Trier de critiquer le système alors que son film a
01:09 reçu des subventions d'aide publique.
01:11 Ainsi, un député de la majorité, Guillaume Kasbarian, propose d'arrêter de distribuer
01:17 autant d'aide à ceux qui n'ont aucune conscience de ce qu'il coûte aux contribuables.
01:21 Fin de citation.
01:23 Or ce film ne coûte rien, il rapporte sur investissement.
01:26 Tourné dans l'Isère et en Savoie, il va assurer de grosses retombées financières
01:31 à ses producteurs.
01:32 Parmi eux, il y a Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, une structure qui investit dans une quinzaine
01:37 de films par an et qui a donc misé là sur le jackpot.
01:39 Les 14 autres films ne rapporteront peut-être rien, mais ils sont couverts par les recettes
01:44 de celui-ci.
01:45 Guillaume Kasbarian, qui est apparemment président de la Commission des Affaires Économiques
01:50 à l'Assemblée, aurait préféré qu'on investisse dans un film dont le réalisateur
01:54 est moins talentueux, mais plus respectueux d'Emmanuel Macron.
01:57 Le nom du parti présidentiel est Renaissance, mais on est très loin de François 1er, généreux
02:02 envers des artistes qui pourtant se montraient quelquefois critiques du pouvoir, dont Rabelais.
02:07 Et puis Dove, la ministre de la Culture est revenue hier sur ses propos en qualifiant
02:13 le discours de Justine Trier d'un « gras et d'un juste ».
02:17 Oui Nicolas, au lieu de clarifier ses positions, la ministre en a remis une couche estimant
02:21 que Justine Trier était une ingrate.
02:23 Mot qui revient souvent en Macronie.
02:25 C'est d'ailleurs l'accusation la plus courante dans les « lettres de cachet » des
02:28 souverains de l'ancien régime pour envoyer à la Bastille poètes, philosophes ou artistes.
02:33 La solution est donc tout trouvée.
02:35 Le président ayant demandé à reconstruire Notre-Dame à l'identique, il peut maintenant
02:40 reconstruire à l'identique la prison de la Bastille et y envoyer tous les ingrats.
02:44 - Doval Font, merci.

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