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Ségolène Royal, ancienne ministre, candidate socialiste à la présidentielle et membre honoraire du Parlement, répond aux questions de Sonia Mabrouk. Elle publie "Regardez la cruauté du monde ! Le temps d’aimer est venu" aux Éditions du Rocher.

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Transcription
00:00 - 8h13 sur Europe 1, votre invité ce matin Sonia Mabrouk est ancienne ministre, ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle.
00:06 - Bienvenue sur Europe 1 et bonjour Ségolène Royal. - Bonjour. - On va évoquer votre ouvrage avec un titre plein de promesses,
00:13 "Refuser la cruauté du monde, le temps d'aimer est venu", c'est le titre mais avant le temps d'aimer,
00:19 c'est encore le temps de se déchirer, toujours et encore sur la réforme des retraites, la palme d'or, Akan, Justine Trillat a parlé
00:26 de répression et de politique néolibérale provoquant un déluge de réactions, ici même il y a quelques jours,
00:33 à votre place, c'est le député Charles de Courson qui a dénoncé une dérive
00:36 autoritaire qui parle désormais d'un gouvernement qui finira par être renversé. Ça vous choque ?
00:42 - Non ça ne me choque pas, ce qui m'a choqué c'est la violence verbale qui s'est déchaînée contre elle,
00:49 alors que nous sommes dans le pays de Voltaire, vous connaissez cette phrase magnifique attribuée à Voltaire,
00:55 je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous puissiez le dire,
00:59 on se demande aussi où est passé l'esprit Charlie finalement, et la vraie question c'est de savoir pourquoi cette réalisatrice talentueuse
01:07 qui est maintenant connue dans le monde entier puisqu'elle a reçu la palme d'or,
01:10 éprouve le besoin de dire ce qu'elle a dit, de dénoncer la situation sociale en France alors que ce n'est pas son intérêt.
01:18 Donc qu'est-ce qui la pousse à s'impliquer comme ça ? Ça veut dire que la situation est suffisamment grave
01:24 et ce qu'elle entend autour d'elle est suffisamment inquiétant pour qu'elle puisse prendre sur son temps, sur sa réputation,
01:32 sur son bonheur de recevoir cette palme pour prendre en considération la souffrance des autres.
01:38 Et pourtant la majorité dit l'inverse, la ministre de la culture s'est dite
01:41 estomaquée, beaucoup y ont vu une réaction d'ingratitude par rapport à un cinéma français subventionné,
01:47 vous connaissez bien le sujet, vous n'avez pas vu ce côté-là également dans cette prise de parole ?
01:53 Je pense qu'ils auraient dû prendre un peu de temps pour réfléchir et avant de réagir
01:57 parce que comme je le disais à l'instant c'est un signal
02:01 social fort que dans ce contexte une telle prise de parole ait eu lieu non seulement pour dénoncer
02:08 effectivement la répression sur le mouvement social.
02:11 Vous reprenez le mot "répression" ?
02:12 Il y a une répression.
02:13 Avec toute la signification que cela peut avoir, Ségolène Royal ?
02:16 On ne peut pas contester la réalité des faits telles qu'ils sont.
02:21 C'est quand même la première fois dans l'histoire de France où l'on voit une telle répression sur un mouvement social
02:26 au lieu de prendre en considération
02:29 la portée de ce mouvement social et de chercher à y répondre plutôt qu'à l'ignorer en le réprimant.
02:37 Ce que j'écris dans mon livre, dans ce livre de philosophie politique,
02:40 c'est que la politique doit prendre patience, elle ne doit pas gouverner par la peur,
02:46 elle doit chercher d'abord à faire du bien avant de faire du mal et surtout elle doit entendre.
02:52 Or lorsqu'un pouvoir réprime au lieu d'écouter, il va dans la même direction.
02:57 Un pouvoir réprime, ce sont des mots, on pourrait se croire dans un autre pays,
03:02 ceux qui nous écoutent ce matin, un pouvoir qui réprime, nous sommes en France.
03:05 Mais regardez la presse internationale qui est la première très étonnée
03:09 de la violence, de la répression contre le mouvement social
03:13 et de la lenteur de la réponse politique à ce mouvement social.
03:17 - Mais qu'est-ce qui va se passer sinon ?
03:19 - C'est un remake si on se considère.
03:21 - S'il n'y a pas de vote, parce que là Charles de Courson dont j'ai parlé
03:24 avec son groupe Lyott à l'Assemblée nationale va donc porter la proposition
03:27 pour abroger la réforme des retraites, la majorité parle d'un texte irresponsable
03:31 et inconstitutionnel à l'image de Stéphane Séjourné ce matin dans le Figaro.
03:35 S'il n'y a pas vote, qu'est-ce qui peut se passer ?
03:37 Vers quoi on peut basculer selon vous ?
03:39 - Vous voyez que la répression continue, maintenant c'est une répression juridique
03:42 - Avec des outils constitutionnels ?
03:45 - Non, c'est pas tout à fait constitutionnel, parce qu'il y a la lettre de la Constitution
03:48 mais il y a l'esprit de la Constitution.
03:51 L'esprit de la Constitution, c'est la séparation des pouvoirs
03:54 entre le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire.
03:57 Donc le pouvoir législatif doit pouvoir s'exprimer et co-construire la loi.
04:04 - Sinon, quel risque ? Quelles conséquences ?
04:07 - Sinon c'est une colère sourde qui va continuer dans le pays
04:11 et c'est une incompréhension sur le fonctionnement de ces institutions.
04:15 C'est une forme de crise de régime, finalement, à laquelle nous assistons.
04:19 Et Charles de Courson, il n'est pas à gauche,
04:22 donc ça ne sert à rien non plus de caricaturer la situation
04:27 en caricaturant et en renvoyant vers les extrêmes,
04:32 ou l'extrême-gauchisme, comme on l'entend dire,
04:35 la réalité de cette exigence démocratique.
04:38 Je connais bien Charles de Courson, on a été élu ensemble à l'Assemblée nationale.
04:41 - Vous voulez dire que vous faites de la politique depuis longtemps, à l'ancienne ?
04:44 - À l'ancienne, oui, c'est ça.
04:45 - Vous y voyez, j'allais dire, des vertus par rapport à la politique actuelle ?
04:49 - C'est un responsable politique expérimenté, structuré.
04:52 Et donc le fait qu'il prenne la parole,
04:55 et là aussi, malgré la violence des critiques qui sont dirigées contre lui,
05:01 c'est quand même un signe qu'il y aurait,
05:03 si le gouvernement était davantage à l'écoute,
05:06 des solutions de compromis, de négociations,
05:09 qui pourraient ramener le calme et la sérénité dans notre pays,
05:12 il y a déjà tant à faire.
05:13 - À l'écoute du Parlement, à l'écoute des Français,
05:16 est-ce qu'il aurait fallu un référendum sur cette réforme des retraites ?
05:19 - Mais vous savez, il faut, pourquoi pas un référendum ?
05:22 On connaît la réponse du référendum.
05:24 Donc il y a une forme d'hypocrisie à dire qu'on refuse un référendum,
05:28 alors qu'il est là le référendum.
05:30 - C'est le sondage pour vous.
05:31 - 80% des Français refusent cette réforme.
05:33 - Dans ce cas-là, c'est Golane Royale sur l'immigration aussi.
05:35 70% des Français sont pour qu'il y ait plus de fermeté,
05:38 dans ce cas-là, gouvernement aussi.
05:39 - Là, on n'est pas dans le...
05:40 On attend de voir quel est le contenu de ce texte,
05:43 alors que sur la question des retraites,
05:45 ça va bien au-delà des retraites.
05:47 Pourquoi est-ce que 80% des Français sont contre cette réforme ?
05:50 Parce qu'ils savent, ils sentent,
05:52 qu'il y a le basculement d'un système à la française,
05:55 qui a été construit depuis la fin de la guerre,
05:58 et qu'on nous dit aujourd'hui
06:00 qu'il n'y aurait pas les moyens suffisants
06:02 pour sauvegarder ce système et l'améliorer,
06:04 alors que, lorsqu'il a été créé,
06:06 la France était beaucoup moins riche.
06:08 Donc, les Français sentent bien
06:10 qu'il y a un basculement,
06:12 il y a une forme de déclin qu'ils refusent,
06:14 et il y a une fragilisation des services publics
06:16 au nom d'un néolibéralisme
06:18 qui a montré son incapacité à résoudre les problèmes.
06:21 - Néolibéralisme ?
06:22 Nous avons un gouvernement néolibéral ?
06:24 - Bien sûr.
06:25 - Néolibéral ?
06:26 - Mais bien sûr, personne ne le conteste.
06:27 - Malgré les protections qu'il y a eues après la crise Covid,
06:29 et tout cela, vous estimez que nous sommes dans un régime néolibéral ?
06:32 - Il y a eu une gestion de crise que tout le monde a gérée
06:35 de la même façon au niveau européen,
06:37 en particulier il y a eu de la création monétaire
06:39 pour pouvoir, effectivement, amortir la crise.
06:42 Mais le système néolibéral continue.
06:44 Regardez, on est en train de privatiser le fret ferroviaire.
06:47 C'est quand même extravagant.
06:49 Il y a eu une réforme de la SNCF
06:51 qui a démantelé la SNCF.
06:52 Aujourd'hui, il y a une pénurie de trains.
06:54 C'est extravagant, au moment où on nous dit que,
06:56 pour les raisons de protection de la planète
06:58 et de lutte contre le réchauffement climatique,
07:00 il faut prendre les transports en commun.
07:02 Vous avez vu le prix des billets de train ?
07:04 Il y a des carences aussi chez les conducteurs de métro.
07:07 Voilà à quoi mènent des réformes ultralibérales,
07:10 de démantèlement, et heureusement, regardez,
07:12 l'Assemblée nationale a résisté
07:14 contre le démantèlement de l'EDF.
07:16 Donc, vous voyez que c'est logique,
07:18 y compris imposé par certaines réglementations européennes
07:21 qui n'ont aujourd'hui aucun sens,
07:23 alors même que les États-Unis d'Amérique
07:25 reviennent à des politiques de relance économique
07:29 par les pouvoirs publics,
07:31 l'Europe a un temps de retard,
07:34 et la France est vue...
07:36 - La réforme des retraites a été imposée par l'Europe ?
07:38 - Bien sûr, puisqu'il s'agit de lutter
07:40 contre les déficits de la défense publique.
07:42 - Nous n'avons pas de souveraineté,
07:44 d'indépendance sur ce sujet pour décider de notre côté.
07:46 Vous avez été au gouvernement, vous en avez vu passer des réformes.
07:49 - Oui, justement, c'était un signal.
07:51 - Vous aussi, vous vous êtes fait imposer par Bruxelles des réformes.
07:53 - Bien sûr, et parfois à tort, bien évidemment.
07:55 Mais comme aujourd'hui, il y a une cohérence
07:57 entre ces injonctions à diminuer la dépense publique
08:00 et les choix idéologiques du gouvernement néolibéral,
08:03 les choses s'accélèrent de façon extrêmement dangereuse,
08:07 alors même qu'il n'y a pas la même préoccupation
08:11 sur les dépenses publiques concernant les entreprises privées,
08:14 qui vont aussi dans le bon sens.
08:16 Et on voit bien, et ce que les gens voient bien,
08:18 c'est que tout ce qui n'est pas finalement profitable
08:21 est détruit.
08:23 Mais non, ça ne va pas dans le bon sens.
08:25 On voit bien ce qu'il y a eu dans les EHPAD avec les maltraitances.
08:28 Aujourd'hui, il y a des maltraitances dans les crèches.
08:30 C'est-à-dire que la privatisation, à tout crin,
08:32 conduit à une détérioration du service.
08:34 - C'est ça, la cruauté aussi politique que vous dénoncez.
08:36 On va y arriver, c'est important.
08:38 Et plus largement, Ségolène Royal, vous estimez
08:40 que le gouvernement a fait la courte échelle au Rassemblement national.
08:44 Pourtant, la Première ministre vient de déclarer
08:46 que le parti de Marine Le Pen était l'héritier de Pétain.
08:49 D'abord, elle a raison ?
08:51 - Écoutez, si c'est le cas, en tout cas,
08:54 comment explique-t-elle que la majorité présidentielle
08:58 ait apporté ses voix au Front national
09:01 pour faire élire deux vice-présidents de l'Assemblée nationale ?
09:05 Et je vous assure, moi qui ai vécu quatre mandats à l'Assemblée nationale,
09:08 quand j'ai vu un élu du Front national présider les débats,
09:13 franchement, je me suis dit "mais qu'est-ce que devient la France ?"
09:16 Ça a fait mal au cœur.
09:17 Et ça, c'est uniquement à cause du vote.
09:20 Ils ont apporté leur voix.
09:22 - Rassemblement n'a pas eu de progrès depuis des années,
09:24 ce fut le cas lorsque vous étiez aux responsabilités.
09:26 Aucun de vous, droite, gauche, n'a pu endiguer ce mouvement de progression ?
09:31 - Pas à ce niveau-là.
09:32 En tout cas, ils n'étaient pas systématiquement au second tour de la présidentielle.
09:36 Mais il y a une grande incohérence.
09:38 On ne peut pas d'un côté aider le Front national
09:40 à accéder à des responsabilités en votant,
09:42 c'est même pas en s'abstenant, c'est en votant pour eux,
09:45 en refusant d'appeler aux voix de barrage
09:47 au moment des élections législatives,
09:49 c'est-à-dire en faisant entrer à l'Assemblée nationale
09:51 des dizaines de députés Front national
09:54 et de dire en même temps qu'ils sont les héritiers de Pétain.
09:57 - Mais est-ce que c'est vrai pour vous ?
09:59 Est-ce que vous auriez dit la même chose qu'Elisabeth Borne ?
10:01 Si je vous pose la question,
10:02 est-ce que le Front national et le Rassemblement national
10:05 est l'héritier de Pétain, comme dites-vous ce matin ?
10:07 - Je pense qu'il n'est jamais bon de schématiser,
10:10 mais il y a quelque chose de vrai, bien évidemment.
10:12 Et puis c'est l'héritier surtout de l'OAS,
10:15 c'est-à-dire ils ont cautionné la torture en Algérie.
10:18 Je retiendrai moi plutôt cette référence-là.
10:21 - Mais est-ce que c'est le moment, selon vous,
10:22 de faire l'exégèse de tout cela ?
10:24 Parce que certains pourraient vous dire,
10:25 madame Auréal, vous faites partie évidemment du Parti socialiste,
10:28 que l'ombre du maréchal Pétain a toujours plané
10:30 sur François Mitterrand, qui a été décoré de la francisque,
10:34 et pour autant on n'est pas en train de ressortir cela aujourd'hui.
10:37 - Oui, enfin bon, ce n'est pas la meilleure partie non plus de cette histoire.
10:41 Il en a d'ailleurs convenu.
10:43 Mais ce que je crois, c'est qu'il faut regarder le temps tel qu'il est aujourd'hui
10:47 et éviter ce type de polémiques, et lutter au niveau des idées.
10:50 Et oui, quand le gouvernement remet au devant de la scène
10:54 la question de l'immigration, il ouvre un boulevard au Front National.
10:59 - Ce n'est pas un sujet de préoccupation pour les Français ?
11:02 - Mais si, c'est un sujet de préoccupation,
11:03 mais je pense qu'il y a déjà beaucoup à faire,
11:05 sans forcément faire voter une loi.
11:07 Regardez, appliquer déjà les obligations de quitter le territoire national,
11:11 il n'y a pas besoin de... - Appliquer déjà la loi.
11:13 - Appliquer déjà la loi. - La loi qui pourrait venir
11:15 et déjà ralentir 29, 30 ans. - Combien de lois y a-t-il ?
11:18 - 29 lois. Donc, arriver avec une nouvelle loi, c'est contre-productif.
11:22 Pourquoi ? Parce que les gens se disent
11:24 "attendez, il y a 7 ans qu'ils sont au pouvoir,
11:26 ils dégainent aujourd'hui une loi, ça veut dire qu'avant, c'était pas efficace."
11:30 Donc, c'est contre-productif, ils se tirent une balle dans le pied, si j'ose dire.
11:34 Et deuxièmement, c'est le boulevard du Front National
11:37 puisque c'est le sujet de prédilection du Front National.
11:40 - Est-ce que ce n'est pas ça l'erreur, Mme Royal ?
11:42 - Est-ce que ce n'est pas ça l'erreur de ne pas faire de ce sujet ?
11:45 Vous voyez ce qu'a dit, par exemple, le ministre de l'Immigration au Danemark.
11:49 On lui a posé la question, il a dit "je suis de gauche,
11:52 mais je parle de l'immigration et j'agis sur l'immigration
11:54 parce que je réponds à l'inquiétude des classes populaires."
11:56 Est-ce que ce n'est pas aussi l'apanage de la gauche de le faire ?
11:59 - Mais la gauche a tout fait pour l'immigration.
12:01 La gauche a combattu l'immigration clandestine.
12:04 Donc, les principes fondamentaux, ils sont là.
12:07 Les outils de pouvoir, ils sont là.
12:10 Donc, agiter le Parlement et le pays une nouvelle fois...
12:13 - C'est de la communication, vous nous dites.
12:15 - En plus, c'est de la division.
12:17 C'est de la division et c'est de la diversion.
12:19 Alors que les préoccupations sociales sont considérables,
12:22 les préoccupations économiques aussi.
12:24 Il faut remettre le pays d'aplomb,
12:26 il faut supprimer ce chaos dans le pays en répondant.
12:28 - Quel défi pour l'exécutif Emmanuel Macron et Elisabeth Borne,
12:31 dont je rappelle, vous la connaissez, elle a été votre directrice de cabinet.
12:34 Alors, vos rapports ont particulièrement été, en tous les cas, assez abruptes,
12:38 comme le révèle le livre de Bérengère Bonte intitulé "La secrète".
12:41 C'est quand même une résiliente, Elisabeth Borne.
12:43 Est-ce que vous admirez ce genre de femme ?
12:45 Elle dure, elle endure, elle est là malgré tout.
12:47 - Vous savez, moi j'ai pris l'habitude de juger les personnes sur leurs actes,
12:51 pas sur leur personnalité.
12:53 Et ce que l'on constate au pays, aujourd'hui dans le pays,
12:56 c'est que les choses vont mal.
12:58 Il y a un déficit d'écoute, de bon sens, de bienveillance.
13:02 Il y a un chaos, il y a une souffrance.
13:05 Il y a des aspirations qui ne sont pas prises en considération.
13:08 Et ce que veulent dire aujourd'hui les Français, en résistant à cette réforme,
13:13 c'est qu'ils veulent maîtriser leur destin et être respectés.
13:16 - Mais c'est un projet de société, Emmanuel Macron ?
13:18 Parce que rien ne trouve grâce à vos yeux, semble-t-il, Ségolène Royal.
13:22 Est-ce que, selon vous, il a une direction, un cap, un vrai projet de société ?
13:25 Alors, bienveillance, c'est compliqué en politique.
13:28 - Non, c'est pas compliqué.
13:29 - Vraiment ?
13:30 - C'est pas compliqué, c'est d'évaluer les conséquences de ses actes
13:33 et de rectifier ses actes lorsque l'objectif n'est pas atteint.
13:38 Aujourd'hui, l'objectif n'est pas atteint.
13:40 À quoi cela sert-il ? De dégrader les services publics
13:43 ou de faire souffrir les gens ou de les faire descendre dans la rue ?
13:45 Vous savez, c'est difficile de descendre dans la rue, de perdre du salaire.
13:49 - De faire souffrir les gens ?
13:51 Un président de la République aurait comme projet de faire souffrir les gens ?
13:54 - Non, mais la réalité est là. Je dis pas que c'est son projet.
13:56 Mais il considère que ce qu'il décide, à lui tout seul ou à quelques-uns,
14:01 est bon pour le pays.
14:03 Mais non, la preuve c'est que ce n'est pas bon,
14:05 puisqu'il y a sacré du désordre injuste.
14:08 Et donc la question, lorsque l'on gouverne,
14:10 c'est soit on gouverne parce qu'on aime le pouvoir pour le pouvoir,
14:13 soit on gouverne, comme je l'explique dans ce livre,
14:15 parce qu'on aime les gens qui vous ont, momentanément, confié le pouvoir.
14:19 - Est-ce que vous proposez de retrouver le temps d'aimer ?
14:21 Vous parlez d'un effondrement des tendresses.
14:23 La politique est cruelle, vous ne le découvrez pas.
14:25 C'est Golan Ariel.
14:26 Vous vous décrivez comme une femme libre, à la parole libre,
14:28 parfois avec des polémiques, mais vous y répondez.
14:31 Lorsqu'il a eu cet avalange de critiques sur vos propos sur les crimes de guerre en Ukraine,
14:34 c'est de la liberté ou de la provocation ?
14:37 - C'est de la réalité, c'est l'observation de la réalité.
14:41 Et c'est une façon de donner la voix aux sans voix, qui disent cela.
14:45 Qui disent, nous, on veut qu'on nous fasse du bien,
14:47 on veut être écoutés, on veut progresser,
14:49 on veut préserver les services publics qui ont été créés patiemment
14:54 sur un chemin de plusieurs dizaines d'années dans notre pays.
14:58 On a un modèle social français à préserver,
15:00 qui est en vie dans le monde entier.
15:02 Il n'y a aucune raison de céder aux sirènes du néolibéralisme,
15:06 parce que le profit ne règle pas tout, bien au contraire.
15:09 - Être libre, c'est donc faire preuve de bravitude ?
15:12 Merci, c'est Golan.
15:13 Ça fait des souvenirs à ceux qui disaient que c'était un joli mot.
15:16 - Bien sûr.
15:17 Et c'est surtout ne pas gouverner par la peur.
15:19 Ne pas gouverner par la peur et ne pas imposer aux Français
15:22 une sorte de frénésie et d'intranquillité,
15:24 pour qu'ils puissent donner le meilleur d'eux-mêmes.
15:26 Vous savez, un pays, c'est comme une famille.
15:28 Si vous l'aimez, si vous faites confiance,
15:31 si vous l'encouragez, si vous l'écoutez,
15:33 si vous rectifiez les décisions en fonction de ce qui se passe,
15:36 eh bien vous réussissez à l'émanciper.
15:38 Le pays a besoin aujourd'hui d'être émancipé et d'être protégé.
15:42 - Avec un père ou une mère de famille.
15:44 Pour refuser la cruauté du monde, le temps d'aimer
15:46 est venu aux éditions du Rocher.
15:48 Merci, c'est Golan Royale.

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