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Chroniqueuse : Julia Vignali 


Olivier Goy est un chef d'entreprise qui se bat contre la maladie de Charcot. Diagnostiqué il y a deux ans, sa vie est raconté dans le film « Invincible été » de Stéphane Pillonca dans lequel il interprète son propre rôle. Le film sera dès le mercredi 31 mai au cinéma. 

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Transcription
00:00 Bonjour Olivier Gouin, merci d'avoir accepté l'invitation de Télé Matins, nous sommes très honorés de vous recevoir.
00:05 Alors on va raconter un peu votre histoire. Vous avez 49 ans, vous êtes entrepreneur et chef d'entreprise
00:11 et il y a un peu plus de deux ans, votre vie a basculé. Vous avez été diagnostiqué souffrant de la sclérose latérale amyotrophique,
00:19 plus connue sous le nom de la maladie de Charcot. Et depuis quelques temps, vous ne pouvez plus parler normalement.
00:25 La raison, c'est la raison pour laquelle vous avez cette petite tablette sur vos genoux qui va nous aider à communiquer tous les deux.
00:33 D'abord, pour commencer, est-ce que vous pouvez nous rappeler ce qu'est la maladie de Charcot ?
00:38 Une maladie qui vous rend prisonnier de votre corps. Je me déplace en fauteuil. Je parle très difficilement.
00:46 À terme, ce sont mes poumons qui cesseront de fonctionner. L'espérance de vie moyenne est de 3 à 5 ans et il n'y a pas de traitement.
00:54 Mais il y a une bonne nouvelle. Mon cerveau fonctionnera toujours parfaitement. Réfléchir, imaginer, rêver, aimer, je pourrais toujours le faire.
01:06 Et c'est cela le plus important pour moi. Aujourd'hui, je suis dans la jouissance du moment présent. Et la vie est belle.
01:14 Je m'interdis totalement de déprimer, ce serait me punir de foi.
01:21 Quels ont été, Olivier, vos premiers symptômes ?
01:25 C'est une maladie très compliquée à diagnostiquer. Il n'existe pas d'examen de type prise de sang, scanné ou autre pour la détecter.
01:33 C'est un peu le dernier des diagnostics possibles. Cela prend généralement pour le poser.
01:39 Dans mon cas, cela a commencé comme une tendinite au bras droit, puis des douleurs à la jambe droite.
01:45 En disant cela, je sens que je vais paniquer tous vos téléspectateurs hypochondriens et amateurs de tennis.
01:51 Toutes les tendinites ne terminent pas en maladie de charcot.
01:55 Fort heureusement. Votre réaction la première fois que vous avez compris que vous souffriez de cette maladie ?
02:02 L'annonce de cette maladie a été un énorme choc. J'étais perdu. Incapable de voir du positif dans toutes les informations que je recevais.
02:11 Trois ou cinq ans en livre. Pas de traitement. Prisonnier de mon corps qui se dégrade. Bref, je déprimais.
02:20 Heureusement, une psychologue fantastique à l'hôpital me dit d'y mettre en la main.
02:24 Au bout de trois mois, grâce à elle, je comprends que si je déprime, je vais me punir deux fois.
02:30 Il faut que je vive intensément malgré l'annonce de ma mort prochaine. Après tout, nous allons tous mourir.
02:38 Et la réaction de vos proches ? On les voit dans le film. Votre femme et notamment vos deux enfants, Olivier.
02:44 C'est probablement plus dur pour eux que pour moi. Le rôle des dents est si complexe.
02:50 Autant moi, je n'ai plus peur de la mort, autant eux ont peur pour moi. Mais ils sont fantastiques. Je leur dois tout.
02:58 Vous imaginez ma femme qui, à 49 ans, se retrouve avec un bébé de 90 kilos.
03:03 Quant à nos enfants, il faut aller voir le film. Vous verrez l'amour et comprendrez ma fierté.
03:10 Deux fils absolument formidables qu'on découvre dans ce film, ce documentaire, "Indincibles l'été", qui sort demain au cinéma.
03:18 On suit votre quotidien et votre combat. Je vous propose qu'on regarde la bande-annonce.
03:23 Allô, allô, de l'où à l'où, le de l'air, l'auroral.
03:29 Très bien.
03:29 Merde, non mais quand même, je sais pas.
03:32 Oui, t'es très fort.
03:33 Bonsoir Olivier Coir.
03:34 Bonsoir Jean.
03:35 Combien ça rapporte de prêter de l'argent à des PME ?
03:37 C'est vous qui choisissez le risque que vous êtes prêt à prendre, puisque vous choisissez les entreprises auxquelles vous prêtez.
03:42 Parlez, je faisais un peu mieux que la moyenne. Et là, quand j'écoute ça, c'est...
03:48 Mais merde, j'ai quand même perdu.
03:55 1500 cas par an en France. On en connaît pas les causes.
04:00 L'espérance de vie moyenne, c'est trois ans.
04:03 On sait tous qu'on va mourir. Mais à partir du moment où les gens savent de quoi, à peu près quand,
04:11 et bien la vie n'est plus du tout la même.
04:14 Il y a comme tout à coup un condensé de vie qui nous est donné, et c'est votre cas,
04:19 pour dire comment je fais pour que ma vie soit plus grande que la vie.
04:24 Depuis le tournage de ce film, vous avez perdu l'usage de la parole.
04:29 Le but de ce documentaire, c'est quoi ?
04:31 C'est faire avancer la recherche et sensibiliser le public à cette maladie ?
04:36 Oui, il faut le rappeler.
04:38 Dans le film, je parlais, on me comprend.
04:41 Ce n'est pas un Charlie Chaplin.
04:43 Ce film est un porte-voix pour ceux qui n'ont pas ou plus de voix.
04:47 Si nous avons réussi notre mission, peu importe que vous soyez malade, handicapé ou en bonne santé,
04:52 vous devriez voir la vie différemment en sortant de la salle de cinéma.
04:56 Au moins pour 48 heures.
04:58 Si ce n'est pas le cas, venez me voir à la fin.
05:01 Je vous rembourserai.
05:04 Moi, je peux vous assurer qu'effectivement, après le visionnage de ce film,
05:08 la vie change et on comprend mieux ce que vous traversez.
05:12 Vous vouliez justement lutter aussi contre ce que vous appelez l'inégalité totale, c'est bien ça ?
05:18 C'est-à-dire ?
05:20 Plus j'avançais dans mon parcours de malade, plus je me rendais compte de mon statut de privilégié.
05:26 Avec un meilleur accès à l'information et des moyens financiers.
05:29 Je suis un privilégié qui sait contourner les obstacles.
05:33 Je peux payer mon fauteuil, je sais aller chercher mes médicaments en Suisse ou ailleurs,
05:37 je me passe de ma place de parking prioritaire.
05:40 Mais il y a tellement de personnes en souffrance.
05:43 C'est le sens de mon combat.
05:45 C'est pour témoigner de cela, mais surtout pour partager mes idées,
05:48 que je souhaitais rencontrer le président de la République.
05:51 La rencontre a eu lieu le 28 février.
05:55 Une des premières victoires, partagées avec beaucoup d'autres combattants,
05:59 est le remboursement à 100% des fauteuils roulants.
06:02 Mais le chemin reste long.
06:04 Il y a tant à faire.
06:07 Alors le titre du documentaire, c'est "Invincible été".
06:10 C'est inspiré d'une phrase d'Albert Camus.
06:12 Au milieu de l'hiver, j'ai découvert en moi un invincible été.
06:16 Vous parlez d'ailleurs de votre maladie comme une chance.
06:18 Vous dites même que vous préférez la personne que vous êtes aujourd'hui
06:22 par rapport à celle que vous étiez avant.
06:24 Et là, il faut nous expliquer, Olivier.
06:26 En fait, l'idéal serait d'avoir ma force physique d'hier et ma force morale d'aujourd'hui.
06:32 Maintenant, je serais vraiment un mec bien.
06:35 Vous êtes un mec bien.
06:36 Maintenant, votre philosophie, c'est vivre l'instant présent, le fameux carpe diem.
06:41 Et pourtant, je crois que jusqu'à l'annonce de votre maladie,
06:43 vous n'étiez pas forcément fan de ce genre de philosophie-là.
06:47 Dans le documentaire, on l'a vu dans la bande annonce,
06:49 on vous voit avec Matthieu Ricard, moine bouddhiste,
06:51 également Delphine Horwiller, femme rabbin.
06:54 Qu'est-ce que vous ont apporté ces rencontres ?
06:58 J'ai été très gâté.
07:00 Grâce au film, j'ai fait des rencontres transpirantes.
07:04 Cela a été un enchantement et m'a fait grandir.
07:07 J'ai rencontré d'incroyables combattants et philosophes.
07:10 Forcément, après une telle annonce,
07:12 vous réfléchissez au sens de la vie, au sens de la mort.
07:16 J'ai lu.
07:17 J'ai rencontré ceux qui se frottent à ces sujets depuis des années.
07:21 Le moine Matthieu Ricard,
07:23 la rabbinée philosophe Delphine Horwiller.
07:26 Vous verrez ses entretiens dans le film.
07:29 Sans devenir religieux, je suis devenu spirituel.
07:34 Lorsqu'on est atteint de la maladie de Charcot,
07:36 l'espérance de vie moyenne est de trois ans.
07:38 Vous avez été diagnostiqué il y a un peu plus de deux ans.
07:40 Pour finir, qu'est-ce que vous avez à nous dire
07:42 par rapport à la mort, à la vôtre,
07:44 mais aussi celle qui sera la nôtre ?
07:47 J'ai définitivement compris que pour apprendre à vivre,
07:50 il faut apprendre à mourir.
07:52 Savoir profiter,
07:54 sans regretter hier,
07:56 sans avoir peur de demain,
07:58 être pleinement dans la vie.
08:00 Voilà ce que je m'applique à faire.
08:02 Mais cet enseignement est, je pense, universel.
08:06 Merci d'être venu ce matin.
08:08 Merci beaucoup Olivier Gouin d'avoir été avec nous.
08:10 Je rappelle la sortie du film "Invincible été"
08:13 demain au cinéma et des fonds récoltés
08:15 iront à l'Institut du cerveau de la pitié et de celle pétrière
08:18 pour la recherche justement contre la maladie de Charcot.
08:21 Merci énormément Olivier.

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