Au Québec, environ trois quarts des personnes qui accouchent ont recours à la péridurale (ou épidurale). L'une des particularités d'accoucher à domicile ou à la maison de naissance, c'est qu'on ne peut pas soulager la douleur de façon pharmacologique.
Pourquoi certaines femmes décident-elles de ne pas avoir de péridurale, et de vivre la douleur de l'accouchement ?
Notre vidéojournaliste Ismaël Koné en a fait le reportage.
Pourquoi certaines femmes décident-elles de ne pas avoir de péridurale, et de vivre la douleur de l'accouchement ?
Notre vidéojournaliste Ismaël Koné en a fait le reportage.
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00:00 Au Québec, environ le trois-quarts des personnes qui accouchent ont recours à la péridurale.
00:04 Une des particularités d'accoucher à domicile ou à la maison de naissance, c'est qu'on
00:08 ne peut pas soulager la douleur de façon pharmacologique.
00:11 La douleur de l'accouchement amène de l'information nécessaire à la personne qui accouche pour
00:17 être pendant cet accouchement-là.
00:20 Je donne toujours l'exemple de la mobilité, les contractions.
00:24 L'intensité des contractions vont permettre à la personne qui accouche de prendre différents
00:28 types de positions.
00:30 Si on ne ressent pas ces contractions-là, comment on fait pour instinctivement prendre
00:34 certaines positions qui vont permettre au bassin de s'ouvrir de façon optimale, mais
00:40 aussi au bébé de descendre dans son grand chemin de façon optimale?
00:44 Donc, la douleur va permettre à la personne d'être mobile.
00:47 Quand on ne ressent pas la douleur, en général, on va plutôt être couché sur le dos ou
00:53 couché tout simplement.
00:54 Puis à ce moment-là, on a moins d'indices que le corps nous envoie sur comment on peut
00:59 bouger pendant l'accouchement.
01:00 Durant l'accouchement, les hormones travaillent beaucoup et chacune d'entre elles joue un
01:03 rôle bien précis.
01:05 Celle dont j'ai le plus entendu parler dans les derniers mois, c'est l'ocytocine, qui
01:09 est aussi appelée « hormone de l'amour » puisqu'elle est notamment sécrétée lors
01:12 d'une relation sexuelle consentie.
01:14 Pendant l'accouchement, elle est sécrétée en très grande quantité par la personne
01:18 qui accouche.
01:19 Elle est responsable de déclencher les contractions de l'utérus, qui travaillent très fort
01:22 à faire sortir le bébé.
01:23 Elle a aussi un effet analgésique, donc elle réduit la douleur et augmente le sentiment
01:28 de calme.
01:29 Le corps mammifère fonctionne de la même chose chez tous les mammifères.
01:32 Donc, l'idée d'être dans un environnement confortable, on peut faire le parallèle avec
01:37 un chat qui ne va jamais aller accoucher dans le milieu de la rue, dans un endroit inconnu
01:42 où la sécurité est douteuse.
01:44 La chatte va aller se cacher dans un petit coin qu'elle connaît, dans le milieu de son
01:46 garde-robe, dans le noir, peut-être avec des personnes auto, peut-être pas.
01:51 Mais l'idée, c'est que le corps a besoin de cette intimité-là pour fonctionner de
01:55 façon optimale.
01:57 Donc, on oppose certains hormones, notamment l'adrénaline et l'ocytocine.
02:02 L'ocytocine, qui est l'hormone qui va permettre au corps de fonctionner de façon optimale,
02:05 est vraiment sécrétée en plus grande quantité quand on est dans un contexte calme, tamisé,
02:11 avec des personnes qu'on connaît, qui nous ont accompagnées jusqu'ici dans le processus
02:16 et qui nous font confiance aussi.
02:18 S'il y a des événements stresseurs, par exemple des bruits forts, de la lumière forte,
02:24 présence d'inconnus ou d'événements pendant l'accouchement qui sont inattendus, là, on
02:30 va voir l'adrénaline qui va remonter un petit peu.
02:33 C'est certain que la gestion de la douleur en contexte d'adrénaline est beaucoup plus
02:38 difficile.
02:39 On tolère mieux les sensations difficiles quand on est en confiance, puis la maison
02:43 de naissance est vraiment conçue pour ça.
02:45 De la même façon qu'une personne qui va accoucher à domicile aussi, on se rapproche
02:49 vraiment beaucoup de la zone d'intimité quand on est dans son propre lit, peut-être
02:54 dans le même lit que l'enfant a été conçu.
02:56 On a donc décidé d'accoucher à la maison pour essayer de créer cette zone d'intimité
03:01 qui favoriserait un accouchement optimal pour ma blonde, sans intervention qui risque de
03:05 venir perturber le travail naturel de son corps.
03:08 Durant ma visite à l'hôpital du Sacré-Cœur, là où on va aller si jamais il y a des complications,
03:13 je me suis renseigné sur le type d'intervention qu'on pouvait demander et sur comment les
03:16 pratiques médicales avaient évolué dans les dernières années.
03:19 Les demandes des patientes, qui est plus côté médical, généralement ça va être en lien
03:23 avec le soulagement de la douleur.
03:25 Beaucoup l'épidural qui est demandé.
03:28 Ça arrive parfois, les patientes en début de travail, qu'on peut donner une injection
03:34 de narcotiques pour aider la gestion de la douleur en phase de latence.
03:38 Certaines patientes vont demander, pas un déclenchement nécessairement, mais une petite
03:43 accélération quand la phase de latence se prolonge.
03:46 C'est sûr que toutes les interventions médicales peuvent avoir du positif et des effets négatifs
03:51 aussi.
03:52 Chaque patiente va discuter avec le médecin pour avoir le risque versus bénéfice, pour
03:57 faire des choix qui sont éclairés sur la poursuite du travail et la sécurité pour
04:02 la maman et le bébé.
04:04 Moi, depuis 15 ans, c'est sûr que j'ai vu une évolution.
04:08 Ce que je trouve qui est le plus marqué, c'est la volonté des médecins d'écouter
04:13 les patientes, de développer tout ce qui est soulagement non pharmacologique.
04:18 Réduction des inductions, réduction des césariennes.
04:21 On a vraiment une équipe de médecins qui encourage la mobilisation des patients, qui
04:25 encourage les patientes à aller dans le bain, qui encourage à faire du ballon, qui encourage
04:30 à reporter les inductions qui sont non nécessaires.
04:32 Si on recule plusieurs années en arrière, c'était normal de planifier une induction
04:37 même s'il n'y avait pas tant de raisons que ça.
04:39 Quand moi j'ai commencé, la question ne se posait pas.
04:42 Quand tu poussais, c'était sur le dos, les pieds dans les étriers.
04:45 C'était comme ça, personne ne se posait la question.
04:47 Maintenant, les étriers, on les voit moins.
04:49 On les voit, mais on les voit moins.
04:51 Les patientes qui manifestent clairement qu'ils veulent accoucher dans une position
04:54 différente, c'est respecté.
04:56 Les médecins font attention à ça.
04:58 La douleur de l'accouchement est différente de celle qu'on ressent quand on subit une
05:02 blessure ou un traumatisme.
05:03 Elle ne nous indique pas qu'il y a quelque chose qui cloche, mais plutôt que le processus
05:07 naturel du travail est en cours.
05:09 Au début, j'avais vraiment peur d'avoir mal pendant mon accouchement.
05:12 Puis je pense que c'est en grande partie à cause des représentations de l'accouchement
05:16 qu'on voit dans les médias.
05:17 Dans les films, par exemple, ça a toujours l'air très souffrant.
05:20 Donc je me suis fait un genre de lavage de cerveau où j'ai consommé plein de témoignages
05:26 d'accouchement positif.
05:27 J'ai fait beaucoup de lectures.
05:29 Je me suis aussi entourée de professionnels de la santé qui ont pu me préparer à l'accouchement.
05:33 J'ai fait du yoga pré-natal.
05:36 Toute cette préparation-là m'a permis de faire la distinction entre la souffrance
05:41 et la douleur.
05:42 La souffrance, c'est une réaction psychologique négative à la douleur, alors que la douleur,
05:49 c'est quelque chose d'utile pendant l'accouchement.
05:52 Ça peut être productif, puis ça peut côtoyer des émotions positives.
05:57 Ce ne sont vraiment pas toutes les femmes qui ont l'occasion ou tout simplement l'envie
06:01 de se préparer à faire un accouchement physiologique.
06:04 Mais d'après certains sondages, ce sont environ 25 % d'entre elles qui voudraient accoucher
06:08 à l'extérieur de l'hôpital.
06:09 Avec environ 5 % des suivis de grossesse qui sont faits en maison de naissance, notre système
06:14 de santé est encore bien loin de pouvoir répondre à la demande pour ce type de suivi.
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