Thierry Cotillard, président du groupement “Les Mousquetaires” était l’invité de BFMTV pour évoquer l’inflation alimentaire, qui a progressé de 15,9% en un an selon l’INSEE. Alors que les acteurs de l’agroalimentaire et de la grande distribution ont rouvert leurs négociations de manière anticipée, sous la pression du gouvernement, les prix en magasin demeurent élevés.
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00:00 Allez-vous voir les prix baisser et comment se passent les renégociations qui avaient été annoncées en grande pompe il y a 15 jours ?
00:05 Bonsoir Thierry Cotillard.
00:06 Bonsoir.
00:06 Merci beaucoup d'être avec nous, président du groupement Les Mousquetaires.
00:10 Ça veut dire que vous êtes donc le patron d'Intermarché, Netto, Bricomarché, Bricorama, Rodi.
00:14 J'arrête là, j'ai oublié qui.
00:16 Bricocash, en bricolage, et Rapide Parbrise.
00:19 Rapide Parbrise, je ne savais pas.
00:21 Je ne fais pas tout tout seul, j'ai des patrons de chacune des divisions.
00:25 Ça veut dire qu'on a un magasin en France.
00:26 J'aime bien poser les choses.
00:27 3100.
00:28 3100 magasins en France.
00:30 Et 1500 chefs d'entreprise indépendants.
00:31 Donc quand on parle d'inflation, vous savez à peu près de quoi on parle ?
00:33 On devrait pouvoir répondre aux questions.
00:34 On devrait pouvoir répondre.
00:35 Je lisais le gouvernement annoncer il y a deux semaines que les industriels avaient accepté de vous reparler d'une certaine manière,
00:40 de se remettre autour de la table et de renégocier.
00:42 Ça a démarré ?
00:43 Ça va redémarrer puisqu'en fait on avait envoyé un premier courrier sans avoir de retour des industriels.
00:49 Ils refusaient de venir à la table des négociations.
00:50 Le ministre est intervenu.
00:52 Là, deux critères ont été définis.
00:54 Sur les 75 multinationales qui étaient évoquées, moins d'une vingtaine vont finalement être retenues par rapport à ces deux critères.
01:02 Donc c'est un peu décevant.
01:03 Mais la bonne nouvelle, depuis ce matin, des fournisseurs, notamment de pâtes,
01:08 sur lesquels on savait qu'il y avait un effort possible, devraient revenir dans les prochains jours.
01:13 Et donc quand ils reviennent à la négociation, ça nécessite quelques rendez-vous.
01:18 J'espère que les tarifs, on va pouvoir obtenir une baisse pendant l'été et les appliquer pour les consommateurs.
01:23 La bonne nouvelle sur les pâtes, donc ce soir, on va en parler dans une seconde, mais je m'arrête sur ce que vous avez dit quand même.
01:28 Au départ, effectivement, le gouvernement cible le top 75, les 75 plus grands groupes industriels présents en France, dans l'agroalimentaire.
01:35 Vous nous dites qu'en réalité, sur ces 75, il n'y en a que 20 qui vont se remettre autour de la table.
01:40 C'est ça.
01:40 Je pense que c'est ça chez Intermarché Netto.
01:43 Je pense que ça va être les mêmes conditions chez mes concurrents.
01:47 Mais pourquoi ?
01:48 Parce qu'en fait, le critère est assez sélectif.
01:53 On a même des vendeurs de pâtes qui nous ont passé une hausse de 9,80.
01:57 Et qui donc, comme ils sont en dessous de 10, ils ne reviennent pas à la table de négociation.
02:00 Parce que l'un des critères, c'est effectivement que le prix a augmenté d'au moins 10 % et que le coût des matières premières est baissé, lui, depuis un certain nombre de semaines.
02:10 Donc ça veut dire que ça ne concerne pas toutes les grandes marques.
02:13 On a bien compris.
02:14 Ça veut dire que même parmi les marques qui vont venir vous voir, ça ne concerne pas non plus tous les produits.
02:20 Ça ne concerne pas tous les produits.
02:22 Exactement. Et en fait, là, je crois que les industriels ont fait une belle négociation, pour le coup, avec le gouvernement.
02:28 C'est-à-dire que si on avait pris un critère qui prenait l'inflation au 1er janvier 2022, c'est-à-dire en cumul sur 18 mois, tout le monde y passait.
02:35 Et on renégociait avec tout le monde.
02:36 Thierry Cotillard, vous nous dites en fait que c'est un énorme enfumage, là.
02:39 Non, je ne suis pas en train de dire ça.
02:41 Je ne sais pas, moi, là, vous dites ça.
02:42 Je sais, mais on se fait enfumer.
02:44 J'ai un profond respect pour Bercy et nos deux ministres.
02:47 Avec tout le respect que vous portez à Bercy, c'est quand même un énorme enfumage.
02:51 Non, ce n'est pas un enfumage.
02:53 Il y a une volonté politique qui a été affichée, qui est réelle.
02:56 Et il y a maintenant des critères qui sont effectivement, qui écartent certains industriels.
03:01 Alors, ce serait compliqué que j'aille les défendre.
03:03 Mais si on prend le prix de l'électricité, la lecture qu'on a aujourd'hui, c'est de dire ça baisse de 50 %.
03:08 Et nous, on a des usines comme nos magasins.
03:11 On sait que ce sera pour la facture de 2024 parce que l'industriel, il a signé son contrat il y a huit mois.
03:16 Donc, cette année, en 2023, il va payer plein pot l'électricité.
03:19 Donc, il y a un juste milieu.
03:21 En tout cas, ça n'est pas de l'enfumage.
03:23 Tout ce qu'on va pouvoir négocier, on va le négocier.
03:25 Et la bonne nouvelle, c'est la rentrée des classes qui devrait être peu onéreuse.
03:29 Enfin, vous inquiétez pas, on a prévu de vous parler des vacances.
03:32 J'annonce pour ceux qui nous regardent, des vacances, évidemment, qui arrivent et de la rentrée des classes.
03:35 Mais d'abord, je pose la question symétrique à celle de Nora.
03:37 Est-ce qu'à l'inverse, ça veut dire que la pression du gouvernement, le côté, si vous ne bougez pas,
03:43 soit on augmente les impôts, soit on fait du "nime and shame",
03:45 c'est-à-dire on dit précisément quels industriels ne veulent pas revenir autour de la table ?
03:48 Est-ce que ça veut dire que ça, ça a plutôt marché ?
03:51 Ça a plutôt marché parce que je pense que les industriels,
03:54 pour certains, savaient qu'il y avait eu une certaine forme d'abus.
03:58 Ça a été une aubaine pour restaurer de la marge
04:00 et qu'il valait mieux trouver un compromis comme on est en train de faire là.
04:03 Ils ont eu peur plutôt de quoi ? Plutôt de la hausse d'impôts ou plutôt du "nime and shame" ?
04:06 Non, je pense qu'ils ont eu peur aussi d'un texte législatif qui impose
04:11 de revenir à la négociation tout de suite et surtout de modifier parce que c'était notre demande.
04:15 Nous, ce qu'on demandait avec Michel-Edouard Leclerc, avec Alexandre Lompard,
04:19 c'était de dire "faisons comme dans les autres pays européens",
04:22 c'est-à-dire plusieurs négociations et n'ayons pas une date au 1er mars.
04:26 Et donc, je pense que c'était une tactique pour les industriels
04:29 de ne pas revenir sur ce sujet et d'accorder ces quelques hausses.
04:31 Je vais essayer de traduire comme l'a fait tout à l'heure Nora Amadi.
04:34 Vous dites que certains ont abusé ces derniers mois quand même, clairement.
04:38 Oui, nous on a des usines, donc on est capable de vous dire
04:41 les salaires ont augmenté de temps, l'électricité a augmenté de temps
04:44 et donc sur l'eau, on sait que 15% c'était acceptable.
04:47 Quand certains industriels venaient avec 25%, on a refusé,
04:51 on savait que c'était de la restauration de marge.
04:53 Genre la paix de food ?
04:55 Le paix de food a eu une inflation sur les boîtes de...
04:57 Pour les animaux de compagnie.
04:59 Ceux qui ont un animal de compagnie, ils savent très bien de quoi on parle, mais les autres...
05:02 Les boîtes de conserve ont vraiment explosé.
05:05 J'avais la semaine dernière un fournisseur breton qui me disait
05:08 "quand j'achetais pour 5 millions de boîtes vides, ça me coûte 10 millions".
05:11 Donc il y a eu une inflation.
05:12 Mais il y a vraiment... Et ça n'a pas été notre cible les PME.
05:14 C'étaient vraiment les grands groupes.
05:16 On sait que ça a été affiché dans la presse.
05:18 On est là aussi pour sortir des profits, des bénéfices,
05:21 mais on trouvait que ce n'était pas raisonnable par rapport à l'attente des Français.
05:23 Les distributeurs aussi, d'une certaine façon,
05:26 les grands distributeurs ont aussi bénéficié de cette crise inflationniste
05:30 en ayant de nouveaux clients et en accroissant les volumes de vente d'une certaine façon.
05:35 Alors, ce qui est vrai, ce qu'il faut dire, c'est que les marges chez nous n'ont pas augmenté.
05:40 Nous, on a demandé à nos adhérents de faire des...
05:42 Par contre, on est rentré dans une vraie compétitivité,
05:45 puisque là, on a eu finalement Bercer qui a fait
05:48 une sorte de campagne commerciale pour les distributeurs.
05:50 Il faut dire ce qui est.
05:52 Mais après, ça a été la compétitivité.
05:53 Nous, on a fait le choix, par exemple, de dire "on veut un panier très large, 500 produits,
05:57 on baisse vraiment les prix 8%" et on a raflé la mise.
06:00 C'est-à-dire qu'on a pris 0,5 pointe par marché,
06:01 on a fait 300 000 clients en plus et ça a été gagnant pour Intermarché.
06:04 - Mais tout simplement, pour donner un ordre de grandeur,
06:07 0,5 pointe en plus, 300 000 clients, c'est beaucoup.
06:10 Parce que pour faire bouger des masses aussi grandes de clients
06:15 qui ont leurs habitudes, etc.,
06:17 faire leurs courses tous les week-ends dans les magasins, etc.,
06:18 pour les faire bouger, ça demande un effort chez vous aussi.
06:21 - Et vous allez racheter ?
06:22 - L'effort, on l'a fait sur les prix.
06:23 On a fait de la viande et du poisson à prix imbattable
06:25 parce qu'on produit nous-mêmes ces produits-là.
06:27 Et puis, on a fait des efforts en communication.
06:29 - Il y a des recompositions, du coup, parce que le groupe Casino,
06:31 qui s'effondre complètement,
06:33 je crois que vous, vous faites partie des gens qui vont racheter
06:36 certaines enseignes qui sont des anciens concurrents, d'une certaine façon,
06:39 et qui vont, et que vous allez les bouffer.
06:41 Donc vous, vous allez sortir de cette crise d'une certaine façon,
06:44 encore plus fort que...
06:45 - Comme toutes les crises, vous savez, crises...
06:47 - Jamais gâchées.
06:48 - Quand on l'écrit en chinois, il y a menace, opportunité,
06:51 et c'est toujours pareil.
06:52 Donc certains, les plus agiles, vont certainement sortir grandis,
06:55 plus forts de cette crise, et d'autres affaiblis.
06:57 C'est ce qui se joue en ce moment en France sur la distribution.
07:00 - Pauline, il faut qu'on parle des pâtes.
07:01 - Mais pour revenir aux renégociations, justement,
07:03 ceux qui ont joué le jeu, ceux qui n'ont pas joué le jeu,
07:05 est-ce que vous pouvez nous dire une série de produits qui vont,
07:08 normalement, qui devraient en tous les cas baisser ?
07:10 Est-ce qu'il y a des bonnes nouvelles du côté de certains produits ?
07:12 Ou au contraire, des produits qui, eux, ne baisseront pas dans l'immédiat ?
07:15 - Alors, on va être très concrets.
07:16 La pâte, quand vous faites de la pâte à la marque de distributeurs,
07:19 50% du prix, c'est le blé.
07:21 Et le blé vient de baisser de 20%.
07:23 Donc, le brief est très clair, allez chercher.
07:25 20% de 50%, c'est 10%.
07:27 On a un espoir de baisse sur les prix des pâtes de 10%.
07:30 Ça, c'est le brief qu'on donne aux équipes.
07:32 - Mais attendez, le brief, ça veut dire que c'est votre point de départ.
07:33 C'est ce que vous avez en tête.
07:34 - Ça va être entre 0 et 10, ce ne sera jamais 0,
07:37 parce qu'on va prévenir quelque chose.
07:38 Est-ce qu'on a bien négocié, ce sera entre 5 et 10.
07:41 Et si on n'est pas bon, ce sera entre 0 et 5.
07:43 C'est aussi simple que ça.
07:44 - Donc, les pâtes, c'est ce que l'on peut espérer ?
07:46 - On peut espérer, pour répondre à votre question, le beurre.
07:49 Le beurre fait -50%.
07:50 Donc, on attend des baisses de beurre.
07:52 Sauf que, ça va être une exception qu'on a assumée.
07:55 On a dit, le secteur laitier peut être en difficulté.
07:57 Donc, on ne touche pas à ce secteur-là.
07:58 En revanche, l'huile de colza fait -54%.
08:02 Donc, là, on est en attente, dès le sieur,
08:03 et qu'on sort de nous proposer des tarifs à la baisse.
08:06 - Et les oeufs ? Les protéines ?
08:08 Non, mais qui ont vraiment explosé ?
08:10 - Les oeufs, on les a sortis de la négociation.
08:12 Réellement, aujourd'hui, les tarifs qui nous sont proposés
08:15 tiennent compte d'un coût de production
08:17 qui est vraiment plus cher pour un éleveur de poules pondeuses.
08:21 Et donc, on en tient compte,
08:22 et on épargne, je dirais, les négociations
08:24 sur les matières premières à l'école,
08:26 de manière à ce qu'on soit en sécurité.
08:26 - Ça fait partie de la loi aussi, justement,
08:28 de garantir la loi EGalim, prévoyez ça.
08:30 - C'est dans cette obligation, c'est dans cette loi.
08:32 - Et à l'inverse, est-ce qu'il y a des produits
08:34 dont vous vous dites "ils devraient baisser"
08:36 et qui ne vont pas baisser ?
08:38 - Ils devraient baisser...
08:42 - Précisément parce que les autres,
08:43 s'ils ne joueraient pas le jeu,
08:45 qu'ils seraient à cause des effets de seuil juste en dessous.
08:47 - Mais Madame les a cités, Coca-Cola, Nutella.
08:51 - Ils ne veulent pas revenir à l'attente des négociations ?
08:53 - Ils passent à travers les critères,
08:55 c'est-à-dire sur le deuxième critère,
08:57 le sucre n'a vraiment pas baissé de 20%,
08:59 donc ça ne rentre pas dans les critères
09:01 qui permettraient de les revoir.
09:03 Nutella, ce sera pareil, on ne les reverra pas.
09:05 Donc le rendez-vous, la bonne nouvelle,
09:06 si on se projette maintenant, le prochain épisode,
09:08 à la rentrée, ça va baisser un peu
09:10 et les fournitures scolaires vont aussi être moins coûteuses
09:12 que ce qu'on pouvait imaginer.
09:14 Donc le rendez-vous, c'est mars 2024.
09:15 Et là, je peux vous assurer qu'il y aura une négociation
09:18 où ça va en découdre fort
09:19 parce qu'on aura des éléments tangibles
09:22 où là, les baisses seront effectives.
09:24 - On ne trouvera pas les prix d'avant.
09:27 - On ne trouvera jamais les prix d'avant.
09:28 Ne serait-ce que parce que les salaires ont augmenté
09:31 et on ne fera pas marche arrière.
09:32 Donc vous avez un coût de production qui est supérieur.
09:33 Il faut l'accepter, il faut être honnête, le dire aux Français
09:36 et assumer le fait qu'on ne reviendra jamais au point de départ.
09:39 - Thierry Cotillard, vous avez d'une certaine manière,
09:42 vous aussi ce soir, succombé,
09:44 on en parlait à l'instant avec Benjamin,
09:45 à la mode du "diamond shame".
09:46 C'est-à-dire que vous aussi, vous vous mettez à balancer,
09:49 ce qui n'était pas forcément la tradition
09:51 ces dernières années en France.
09:52 L'inflation a tout changé,
09:53 mais vous vous mettez aussi à balancer un certain nombre de marques
09:56 qui vous disent aujourd'hui,
09:57 moi je ne reviens pas à la tête des légaux.
09:58 Nutella, Coca-Cola, etc.
09:59 Ça ne vous gêne plus en gros ?
10:01 - Alors on les cite, moi je les ai cités aujourd'hui,
10:04 je les ai cités à une autre époque quand on avait des sujets.
10:07 Ce qu'il faut retenir, c'est que ce qui compte surtout,
10:11 ça va être l'échange et le débat qu'on va avoir.
10:13 C'est-à-dire que c'est un scoop pour personne
10:15 que les fournisseurs de pâtes aujourd'hui
10:16 peuvent baisser le prix après ce qu'on vient de décrire.
10:18 Donc on assume le fait de les revoir,
10:21 on assume surtout un dialogue et un sujet de transparence.
10:24 C'est-à-dire si on veut avancer,
10:26 là aujourd'hui l'industriel s'il ne veut pas bouger,
10:28 il ne bougera pas puisqu'en fait la loi,
10:30 effectivement la loi est à venir,
10:31 mais il n'y a pas de loi qui l'oblige à renégocier.
10:33 Donc il faut un dialogue,
10:35 il faut une construction intelligente
10:38 parce que l'intérêt pour l'industriel
10:39 de baisser aujourd'hui son tarif, il faut le dire,
10:41 ce sera de retrouver du volume.
10:43 Pourquoi ? Parce que la marque nationale
10:44 est en compétition avec la marque que nous fabriquons
10:47 qui aujourd'hui attire beaucoup de clients
10:49 et donc il a aussi ses volumes qui baissent
10:51 et donc à moyen-long terme,
10:52 il a intérêt aussi à revoir ses tarifs.
10:53 - Dans les renégociations qui vont s'ouvrir là,
10:56 est-ce que vous pouvez aller d'emblée
10:59 vers la menace du déréférencement ?
11:00 Si vous ne baissez pas, on retire.
11:02 - Impossible, parce qu'en fait on est dans un cadre législatif.
11:05 Lorsque nos équipes chez Intermarché Néto
11:07 ont négocié au 1er mars,
11:09 on a mis en face des plans d'affaires.
11:11 Je vous explique peut-être comment ça se passe.
11:13 On a tous le même tarif qu'on s'appelle Carrefour-Leclerc,
11:16 Intermarché, et après la négociation,
11:18 c'est de proposer des contreparties commerciales,
11:21 je te mets en prospectus,
11:22 je te propose des têtes de gondole, etc.
11:23 qui viennent baisser le prix d'achat vers cet industriel.
11:27 Aujourd'hui, le prix qu'on a négocié au 1er mars
11:29 nécessite l'application notamment d'une gamme
11:32 jusqu'au prochain 1er mars 2024.
11:35 Ça veut dire qu'on ne touchera pas aux assortiments.
11:37 En revanche, je pense que beaucoup d'enseignes,
11:39 avec le succès qu'on connaît sur l'AMDD,
11:41 se préparent à rationaliser l'assortiment des marques nationales
11:47 sur la prochaine négociation, en disant finalement
11:50 aujourd'hui le client veut plutôt l'AMDD
11:52 au meilleur rapport qualité-prix,
11:53 donc je vais réduire tes assortiments.
11:54 C'est-à-dire que les gens ont pris aussi des habitudes
11:56 qui, même malgré les renégociations,
11:58 l'inflation qui va décélérer,
12:00 qu'ils vont garder et qui, pour le coup,
12:02 poussent plutôt les marques à s'ajuster.
12:05 Finalement, ce que vous avez mis en place
12:07 avec le trimestre anti-inflation,
12:09 qui était une opération qui a permis pour certains
12:11 de bricoler, de chercher la bonne affaire,
12:15 vous n'allez jamais pouvoir sortir de ça.
12:17 Et deuxième question subsidiaire,
12:19 c'est-à-dire qu'est-ce qu'il faut continuer aussi
12:21 à dire aux Français qu'on va pouvoir ensuite
12:23 continuer à tirer les prix vers le bas,
12:25 comme on l'a souvent fait dans la grande distribution ?
12:28 Alors, sur la première question,
12:30 quand on a en plus chez nous eu le succès commercial
12:33 que je viens de vous décrire,
12:34 on a tout intérêt à prolonger jusqu'au 31 décembre.
12:37 Néanmoins, ça coûte.
12:38 Donc ce qu'on a déjà décidé, c'est la viande,
12:40 le poisson, comme on les fabrique ou on les produit,
12:43 on va prolonger ces opérations tous les week-ends
12:45 jusqu'au 31 décembre.
12:46 Les équipes que j'ai vues ce matin
12:48 travaillent sur le plan du deuxième semestre
12:51 en disant "cet été, on maintient notre panier anti-inflation,
12:54 mais en septembre, on voit si on réduit ou pas la voilure",
12:56 parce que ce sont des dizaines de millions d'euros
12:58 qui ont été investis en marge.
13:01 Ensuite, sur le sujet, est-ce qu'on peut revenir à...
13:04 Oui, par exemple, vous produisez du poisson et de la viande.
13:08 On est aujourd'hui dans un moment où on nous dit
13:09 "ça ne va pas être tenable,
13:10 il va falloir qu'on baisse notre consommation de protéines".
13:13 Est-ce que vous, vous êtes prêts aussi à changer de modèle
13:15 en disant "bon, en fait, à un moment,
13:17 il faut assumer que cette consommation-là, ça, ça a un coût
13:20 et donc il va falloir moins en produire
13:22 ou alors elle va coûter très cher".
13:24 Alors nous, on a une autre lecture, c'est comme on produit,
13:27 c'est de se dire comment notre mission peut-elle permettre
13:32 de rendre accessibles ces produits qui deviennent inaccessibles.
13:34 Donc la viande, le poisson, puisqu'on a nos abattoirs, nos bateaux,
13:38 c'est pas d'imposer aux Français d'en manger moins,
13:40 c'est leur permettre d'en manger et mieux.
13:43 Et donc en fait, le sujet, ça va être un sujet de négociation
13:45 avec les industriels, mais pas que,
13:48 ça va être, et c'est le chantier de tous les distributeurs,
13:49 comment on baisse notre coût logistique
13:52 en livrant moins souvent nos points de vente,
13:54 en ayant des parcours qui consomment moins de carburant, etc.
13:57 pour baisser la chaîne de coûts
13:58 et donc baisser les étiquettes pour nos consommateurs.
14:01 - Est-ce que les consommateurs reviennent à ces produits
14:03 qu'ils ont délaissés, abandonnés
14:04 parce qu'ils n'ont plus le moyen d'acheter du poisson ?
14:06 Est-ce qu'ils sont capables de finalement refaire le chemin inverse ?
14:08 Si les prix sont là.
14:10 - Alors là, j'ai la réponse,
14:11 puisqu'en fait, on a fait la côte de bœuf à 14,90,
14:13 la lotte à 14 euros,
14:15 c'est des prix qui n'existent plus
14:17 puisqu'on est à plus de 25 euros les kilos de protéines animales
14:20 aussi bien en poisson qu'en viande.
14:21 C'est un succès phénoménal,
14:22 c'est-à-dire que de -10, on est repassé à +30.
14:26 Donc il y a vraiment une élasticité
14:28 entre le prix proposé et le produit.
14:30 Et aujourd'hui, si les gens se privent de viande et de poisson,
14:33 ce n'est pas qu'ils n'en veulent pas,
14:34 c'est que ça n'est qu'une raison financière.
14:36 - Thierry Cotillard, les baisses de prix dont vous parliez tout à l'heure,
14:38 notamment par exemple sur les pâtes, vous le dites.
14:40 Il y a d'ailleurs une certaine langue de négociation avec Barilla,
14:43 je crois les grands noms des pâtes,
14:45 où précisément ça devrait baisser.
14:47 - Vous m'avez dit qu'on ne devait plus faire de name and share.
14:48 - Ah non, au contraire, allez-y.
14:51 - On les connaît, les Panzani, les Barilla.
14:52 - Ce sont eux qui vont revenir négocier avec vous.
14:55 - En tout cas, ils ont accepté et je salue cette démarche.
14:57 Ça veut dire qu'elle est constructive.
14:59 - Les prix vont baisser, vous le dites, sur ce produit-là.
15:01 Quand ?
15:02 - Septembre.
15:04 Septembre, puisqu'il y a besoin d'avoir plusieurs rendez-vous
15:07 pour se mettre d'accord.
15:08 Et en septembre, ce sera appliqué chez nous et je pense à la construction.
15:11 - Ce qui veut dire que le septembre vert dont certains parlent,
15:15 et je pense notamment à Olivier Devers,
15:16 grand spécialiste de la grande distribution, qui lui dit
15:18 qu'on aura après le mars rouge, l'avril orange, etc.,
15:21 un septembre vert.
15:23 Vous dites ça aussi, septembre vert ?
15:24 - Non, moi je dis un printemps vert en 2024.
15:27 - Ça repousse à chaque fois.
15:29 - Non, je dis qu'on aura cassé le pic d'inflation.
15:31 C'est quand même l'objectif de la renégociation
15:34 pour qu'en septembre, on soit à 15 %
15:36 quand on va finir là dans un mois à 17 %.
15:38 Et il y aura dans ce 15 %, les renégociations,
15:42 et dans le panier de la ménagère,
15:43 vous aurez des fournitures scolaires
15:45 qui n'auront une inflation que de 2 à 3 %
15:48 quand l'alimentaire est à 12 ou 15 %.
15:50 - Mais l'alimentaire, c'est toutes les semaines,
15:51 là où la rentrée, c'est une fois par an.
15:53 - Oui, c'est-à-dire qu'il reste quand même
15:54 de maintenir un certain nombre de Français
15:55 dans une forme de paupérisation sur le long terme.
15:57 - On va parler des vacances, de la rentrée, du carburant aussi,
16:00 mais une chose, on parlait du panier anti-inflation à l'instant,
16:04 Pauline Simonnet, il y a une autre arme,
16:06 arme massive celle-là, qui est dégainée
16:08 ou en tout cas qui rentre, je dirais, dans le débat au Royaume-Uni,
16:12 c'est le blocage des prix.
16:13 - Oui, effectivement, la Grande-Bretagne, vous savez,
16:15 elle subit l'inflation de plein fouet,
16:17 c'est des chiffres encore plus énormes
16:19 que ce qu'on connaît en France.
16:20 En avril, il y a eu 19 %, plus de 19 % d'inflation,
16:24 donc augmentation sur un an, c'est au plus haut depuis 45 ans.
16:28 Alors, je vais vous donner quelques exemples de prix.
16:30 Le cheddar, le fromage préféré des Anglais,
16:32 a flambé de 49 %, le prix du lait,
16:35 il a augmenté de 40 %, le prix du pain complet de 33 %,
16:39 à quoi s'ajoutent à cela des augmentations vertigineuses
16:42 du prix de l'énergie.
16:44 Et donc, face au désarroi des Britanniques,
16:46 il y a eu plusieurs millions de Britanniques
16:48 qui sont tombés dans la paupérisation,
16:50 eh bien, le Premier ministre, pourtant très conservateur,
16:52 Richie Senac, très libéral,
16:54 eh bien, il envisage le plafonnement des prix
16:56 pour une série de produits de base, de première nécessité,
17:00 justement ceux qu'on a cités,
17:01 où le lait, le pain, le beurre, le sucre.
17:03 Et il a entamé des discussions avec les distributeurs,
17:06 mais ça a été une levée de bouclier,
17:08 c'est extrêmement tendu en ce moment,
17:10 les distributeurs ne veulent pas,
17:12 ils demandent plutôt une réduction des charges,
17:14 ils disent qu'eux aussi, ils sont victimes de l'inflation,
17:16 donc à ce stade, ils refusent.
17:17 Donc pour l'instant,
17:18 Richie Senac renonce à avoir ce plafonnement des prix obligatoire,
17:22 il tente en tout cas de faire en sorte
17:24 que les distributeurs se mettent d'accord,
17:25 mais en tous les cas, il y a vraiment les Britanniques
17:27 qui ont la gorge serrée
17:29 et le Premier ministre qui n'a pas encore trouvé de solution.
17:31 Thierry Cotillard, bloquer les prix ?
17:33 Bloquer les prix, en fait, on est dans un système en France,
17:36 en tout cas, où tout le monde s'observe,
17:38 donc les relevés de prix se font chaque semaine,
17:40 on relève les prix de Carrefour, les prix de Leclerc,
17:43 et dès qu'il y en a un qui baisse, l'autre baisse aussi.
17:45 Donc c'est effectivement une bonne démarche
17:48 quand ça va à la hausse, on les bloque,
17:50 mais il faut aussi imaginer qu'il y ait certains produits,
17:53 surtout là, sur quelques produits, par exemple les pâtes,
17:55 quand ça va commencer à baisser,
17:56 tout le monde va se regarder et passer les baisses.
17:58 Donc ça fait partie des politiques commerciales de chaque enseigne
18:01 de définir ce qui doit être bloqué,
18:03 de ce qui doit bouger pour que les consommateurs s'y retrouvent.
18:05 Les vacances, dans un mois et demi,
18:08 quelque chose comme ça, début des grandes vacances,
18:11 vacances chères, forcément, cette année,
18:13 qu'est-ce qui va coûter beaucoup plus cher que l'année dernière ?
18:18 Vous voulez parler des courses ?
18:19 Oui, des courses, mais puisque vous êtes aussi patron de Rodi,
18:24 notamment de Rapide, Parbriz,
18:28 non mais des choses qui peuvent aussi compter pendant les vacances,
18:30 qu'est-ce qui va coûter beaucoup plus cher à ceux qui nous regardent ?
18:32 Ce qu'on fait, les collègues de la division automobile,
18:35 c'est qu'ils se sont dit, suivons l'exemple d'intermarché Netto,
18:39 qu'est-ce qu'on peut faire sur le plan anti-inflation ?
18:41 Donc ils ont fait deux choses,
18:42 ils font des opérations de pneus à prix coûtant,
18:44 donc ça, ça va aider aussi les consommateurs
18:46 avant de partir en vacances pour s'équiper.
18:49 Les collègues du bricolage ont fait aussi des opérations de cartes d'affilité,
18:52 notamment sur le plein air,
18:53 parce qu'on sent que là, c'est des dépenses qui sont onéreuses.
18:57 Donc chaque enseigne, comme tout ça, c'est sous la bannière mousquetaire,
19:00 avance et puis il y a le sujet, quand on part en vacances, de l'essence.
19:04 C'était à l'ordre du jour ce matin de la direction du groupe
19:07 et on a décidé d'en refaire, c'est-à-dire de se mettre à prix coûtant.
19:11 Quand bien même ça a vraiment baissé,
19:12 on se dit que ce sera une attente des Français,
19:15 début juillet et au retour des vacances d'août.
19:17 - Prix coûtant, pour être concret,
19:19 ça veut dire à combien le litre d'essence et de gasoil,
19:21 vous avez l'info ou pas ?
19:23 - Non, je ne l'ai pas.
19:23 Ce serait vous dire une bêtise,
19:24 parce qu'entre le moment où on va l'annoncer là
19:26 et les débuts de vacances dans un mois et demi,
19:28 il y a tellement de fluctuations encore que...
19:30 Mais déjà, se dire à prix coûtant...
19:31 - Ça veut dire zéro marche, ça veut dire aussi essayer d'attirer des clients
19:34 dans vos magasins.
19:35 - Bien sûr, c'est un produit d'appel.
19:36 - C'est pas de la philanthropie, c'est du commerce.
19:38 - C'est du commerce.
19:40 - Nous sommes commerçants.
19:41 - Évidemment, la rentrée, Thierry Cotillard,
19:44 beaucoup plus chère que l'an dernier ?
19:45 - L'année dernière, c'était 6 % sur les fournitures scolaires,
19:48 c'est quand même le gros de la dépense.
19:49 Cette année, la bonne nouvelle, ça va être la moitié, ce sera 3 %.
19:53 - Qui s'ajoute au 6 % de l'année.
19:56 - Bien sûr, c'est 9 %, mais c'est la moitié moins
19:58 que l'alimentaire qui va finir à 16-17 % au même moment.
20:03 Ce qu'il faut retenir, c'est que nous, en tout cas,
20:06 on a fait le choix d'ajouter dans le panier anti-inflation,
20:08 là, en cours de route, quelques produits de rentrée des classes,
20:11 en se disant qu'on se mettra à zéro parce qu'il y a des produits,
20:14 des unités de besoin qu'il faut couvrir.
20:16 - Mais concrètement, ça veut dire quoi, se mettre à zéro
20:18 et rajouter ce produit-là dans votre panier ?
20:19 - Pas d'inflation, c'est-à-dire la paire de ciseaux,
20:21 le rouleau de scotch, le BASIC et des cahiers très simples
20:25 seront vendus au même prix que l'année dernière
20:26 sans augmentation de tarif.
20:27 - Donc, vous n'appliquerez pas ces 3 % en soutien alimentaire ?
20:29 - Exactement, nous prenons sur les marges en faisant le pari,
20:32 monsieur, du commerce, plus de volume, plus de clients.
20:35 - Est-ce que vous voyez d'ores et déjà,
20:37 là, je ne parle pas simplement des fournitures scolaires,
20:39 mais globalement dans vos magasins,
20:40 déjà des baisses de prix importantes,
20:43 notamment du côté de certaines marques ?
20:44 Est-ce que ça a commencé ?
20:46 - Non.
20:47 - Non ?
20:47 - Non.
20:48 Non, on serait venu vous l'annoncer, non, non, pas encore.
20:53 - Je vous pose la question parce que certains le voient
20:55 et disent qu'ils commencent à voir effectivement
20:58 des prix à la baisse, qu'il y a des petits signes positifs.
21:01 - Au moins, une stabilisation de l'inflation.
21:03 - La stabilisation, on l'a, on y est, là, on est au plus haut
21:06 et ça va, je pense, commencer à baisser août et septembre
21:10 et se stabiliser pour vraiment attendre une embellie sur mars 2024.
21:15 - Oui, mais alors mars 2024, ça paraît très loin
21:18 pour ceux qui comptent à quelques centimes.
21:21 Mais il faut voir les gens qui arrivaient au passage en caisse,
21:25 qui enlèvent des éléments parce qu'ils font leurs calculs.
21:27 On a vu aussi une augmentation des prix des fruits et légumes.
21:32 Ça, c'est lié à quoi ?
21:33 C'est la sécheresse ?
21:35 Comment expliquer aussi que ces prix aient littéralement explosé
21:39 alors qu'on est sur quelque chose de pas transformé ?
21:42 - Crise climatique, on va manquer d'agrumes à cause de la sécheresse en Espagne.
21:47 Vous avez ça, vous avez aussi l'esprit de la loi EGalim,
21:50 où on est aussi plus responsable, je pense.
21:53 C'est-à-dire l'alimentation.
21:53 - On doit bien rémunérer les producteurs.
21:55 - Bien sûr.
21:55 Et en fait, on ne retournera pas au point de départ.
21:58 Mais c'est une bonne chose.
22:00 Parce qu'en fait, on était aussi rentré dans certainement un système
22:03 de déflation depuis 15 ans, où la valeur de la nourriture
22:06 faisait qu'à un moment, il y avait un acteur qui ne s'en sortait pas,
22:09 ou l'agriculteur, ou certaines PME.
22:11 Donc, entre ce qu'on a connu 0 et 18, il y aura peut-être un ajuste misque.
22:16 - On compense cet effet qu'on a mis dans la tête des gens,
22:18 qui était qu'on n'avait plus la valeur des choses,
22:21 en fait, la valeur réelle des choses.
22:22 Et d'une certaine façon, ça renivelle aussi un petit peu
22:26 la valeur des produits qu'on consomme.
22:28 - Mais il y a les produits transformés, où on voit que la facture d'électricité,
22:31 les matières premières, les salaires entrent en ligne de compte.
22:34 Et il y a le produit de base, celui que vous transformez,
22:37 la tomate, la courgette, enfin voilà.
22:39 Là aussi, il y a largement explosé.
22:42 - Il y a des productions qui utilisent beaucoup, je pense aux endives,
22:46 qui utilisent beaucoup d'électricité.
22:48 Et donc, la facture a doublé.
22:50 Donc l'agriculteur, si vous l'invitez sur le plateau,
22:52 il va vous dire "mais moi, mon coût de production,
22:54 ce n'est plus du tout le même, ne serait-ce que mon salarié agricole,
22:57 j'ai augmenté de 8% son salaire en deux ans, l'électricité a augmenté".
23:01 Et quand il y a des intrants, nous, on voit souvent les éleveurs
23:05 de volailles ou de porcs, ils vous disent que l'aliment,
23:08 à l'époque où le blé, alors ça commence à baisser,
23:10 mais quand le blé a augmenté de 100%, on avait beau acheter
23:13 30 ou 40% plus cher leurs matières premières,
23:16 ils vous disaient "mais on ne gagne pas plus d'argent
23:18 parce que ça nous coûte plus cher de produire".
23:19 - Mais ça veut dire que cet été, je reviens à mon été,
23:21 cet été, les fruits et légumes, ils sont plus chers
23:24 de combien par rapport à l'année dernière ?
23:26 - Ça va, il y a tellement de variabilité d'un produit à l'autre.
23:29 Ce que chaque enseigne essaye de faire,
23:31 c'est de faire des opérations prix-coûtant,
23:33 dans un esprit de commerçant, en disant "nous, ce week-end,
23:36 par exemple, on avait deux énormes melons à 2,50€,
23:39 on attaque la saison, bien évidemment sur ces produits-là,
23:42 on est en produit d'appel, on ne fait pas la marge,
23:45 mais ça attire du client et puis c'est un système de péréquation,
23:48 c'est ça la grande distribution".
23:49 - Bon, j'ai une question encore pour vous,
23:51 est-ce que vous avez des difficultés à recruter ?
23:53 Ne répondez pas tout de suite, je voudrais que vous entendiez
23:55 Olivia, commerçante parisienne dans le prêt-à-porter,
23:59 elle a poussé un coup de gueule sur les réseaux sociaux,
24:01 ça lui a été reproché aussi, mais elle a poussé un coup de gueule.
24:04 Vous allez nous dire si vous vivez la même chose,
24:06 elle est venue ce matin chez Bruce Toussaint l'expliquer,
24:08 elle explique qu'elle a de plus en plus de mal à recruter
24:11 et que même en proposant des CDI, parfois, ça coince.
24:15 Regardez, on a été la voir aussi dans son magasin.
24:19 - Je me suis retrouvée face à un mur, vraiment,
24:22 au moment où j'ai voulu recruter de jeunes personnes
24:26 pour travailler au sein de mon magasin.
24:29 Et c'est vrai que je me suis retrouvée en fait face à des jeunes,
24:34 je dis jeunes, je ne suis pas très vieille,
24:36 mais disons plus jeunes que moi,
24:38 qui soit n'avaient pas conscience du travail que c'était,
24:44 soit effectivement étaient complètement déconnectés
24:49 de ce que pouvait être le travail de conseillère de vente.
24:54 - Est-ce que c'est difficile de recruter aujourd'hui en France ?
24:59 - On a vraiment été aidé grâce au contrat d'apprentissage
25:02 qu'a mis en place le gouvernement.
25:03 Ça, ça a vraiment débloqué la situation.
25:05 On a des milliers de jeunes qui sont venus,
25:06 qu'on a accueillis en formation et qui sont restés.
25:09 La vraie difficulté, ce sont sur les métiers de bouche,
25:12 boucher, poissonnier, alors que c'est pourtant des bons salaires,
25:15 mais il faut qu'on recrée des écoles de formation
25:18 pour travailler ces sujets-là.
25:20 - C'est les conditions de travail qui sont en France ?
25:22 - Oui, et puis ça demande un moment d'avoir choisi à 16 ans ou 17 ans.
25:25 - Cette filière-là.
25:26 - Cette filière-là.
25:27 La réalité, je pense qu'on souffre moins que certaines autres professions
25:31 parce qu'on a aussi un principe de 13e mois qui aide,
25:36 bien évidemment, en termes de rémunération
25:39 pour que les gens viennent travailler chez nous.
25:42 - Et puis pour le recrutement, il y a des choses toutes bêtes
25:44 qui ont été mises en place par certains adhérents, c'est-à-dire
25:46 un salarié, si tu connais quelqu'un dans ton entourage,
25:49 te donne une prime pour nous faire venir à une candidature.
25:53 Donc c'est de l'émulation qui a été créée par le dossier d'entreprise.
25:55 - Parce que là, ce qui est dit, c'est que d'une certaine manière,
25:58 comment dire, c'est ce qui était dit,
25:59 mais il y a une forme de déconnexion d'une part de la jeunesse
26:03 qui n'accepte plus tellement un certain nombre de contraintes.
26:06 C'est ce qui était dit encore une fois par Olivia,
26:08 qui donnait ces exemples-là.
26:09 Mais quand on explique que dans un magasin,
26:11 il faut passer parfois un petit coup de balai, etc.
26:13 Ça, c'est compliqué, qu'il faut bosser le samedi.
26:14 C'est compliqué et que même en offrant un CDI,
26:18 parfois, ça ne marche pas.
26:20 Est-ce que c'est ce que vous vivez ou pas du tout ?
26:22 - Alors, je serai moins dur.
26:25 Je serai moins dur qu'Olivia.
26:27 Ce qu'on observe, c'est probablement un niveau d'exigence.
26:31 Là, je quitte le point de vente pour parler des salariés
26:33 qu'on a au niveau de notre siège.
26:35 Un niveau d'exigence de cette nouvelle génération
26:38 qui va peut-être même refuser un CDI en disant
26:40 "Je prends un CDD et je vais voir si ça me plaît
26:43 parce que c'est un peu loin de chez moi
26:45 et je veux être sûr que l'ambiance soit bonne".
26:46 - Non, mais ce qu'on constate, c'est qu'il y a véritablement
26:49 chez les moins de 35 ans, il y a eu des études,
26:51 c'est qu'il y a une inversion.
26:53 Avant, on se réalisait beaucoup dans le travail
26:55 et on voit qu'il y a une inversion réelle
26:58 chez les plus jeunes qui considèrent qu'aujourd'hui,
27:00 c'est plus dans le temps libre
27:01 et qui, véritablement, vont faire un équilibrage.
27:04 - Des glandeurs.
27:06 - Ça, je vous laisse la paternité de cette phrase.
27:08 - Il l'insulte, dans ce cas-là, la paternité.
27:11 - Le boomer absolu, c'est quand même quelque chose.
27:13 - Vous le connaissez.
27:14 - Vous êtes un boomer, Antoine.
27:16 - J'assume.
27:17 - Donc le boomer va nous dire que c'est des glandus
27:20 et qu'ils n'ont rien envie de faire.
27:21 Eux vont vous dire "Ils vous ont vus vous tuer à la tâche
27:23 et ils n'ont absolument pas envie d'être exploités
27:27 par le système comme vous ou vos parents".
27:29 - Le travail, c'est aussi émancipateur,
27:31 c'est aussi un lieu social, on crée du lien social,
27:34 on s'élève, on trouve des gens.
27:36 - C'est bien ce que je dis.
27:37 - C'est pas à l'initiative.
27:39 - C'est pas ce que j'ai dit.
27:41 Dans les études et quand vous discutez avec eux,
27:42 je vous invite vraiment à aller voir des jeunes,
27:44 ça fait longtemps que vous n'en avez pas vu.
27:45 - J'ai trois enfants, on n'aura pas envie de passer la...
27:47 - Discuter plus régulièrement avec eux.
27:48 - Non, non, mais...
27:49 - Il y a Benjamin en plus.
27:51 - Mais Benjamin, il est déjà vieux.
27:52 - Vous n'avez pas le monopole de la jeunesse.
27:55 - Non, non, moi je suis plus jeune depuis très longtemps.
27:56 Mais du coup, je discute avec eux et eux,
27:58 ce qu'ils me disent, c'est qu'ils s'accomplissent,
28:00 mais ils ont décidé de s'accomplir
28:01 quand le travail ne leur convient pas ou pas assez
28:04 de s'accomplir dans leur temps libre.
28:06 Donc, ils sont très engagés, ils sont dans des associations.
28:08 Le travail devient un moyen et pas une fin.
28:10 Il faut peut-être aussi dans ce cadre-là,
28:12 réfléchir à ce qu'offre le travail.
28:14 Donc, c'est pas qu'ils sont glandus du tout,
28:16 ils sont extrêmement engagés.
28:17 C'est juste se poser la question de ce rapport de force
28:20 qui s'est rééquilibré avec des jeunes qui disent
28:22 "Ok, moi je veux bien travailler,
28:23 mais en fait, à un moment,
28:24 ce ne sera pas à n'importe quelle condition
28:26 par rapport à ce qui a pu se faire auparavant."
28:28 - Je sens que vous adhérez Thierry Cotillard.
28:29 - Oui, j'adhère en fait à toutes les études qu'on a.
28:31 Le travail, c'est en trois ou quatre,
28:33 et c'est d'abord la famille, les amis, les loisirs.
28:35 Donc, c'est à nous les chefs d'entreprise de s'adapter.
28:37 C'est-à-dire qu'ils ne vont pas s'adapter à nous.
28:39 Il faut qu'on repense notre marque employeur,
28:41 il faut qu'on soit attractif et qu'on propose...
28:43 - Il y a la question des valeurs qui est aussi centrale.
28:44 - Évidemment. Et il faut donner un sens,
28:46 une vraie mission dans l'entreprise,
28:48 sinon on n'embarque pas.
28:49 - Et le gouvernement avait envisagé
28:52 la régularisation de sans-papiers
28:53 pour certains métiers en tension,
28:55 qui pour l'instant n'est plus d'actualité.
28:56 Est-ce que là, dans la grande distribution,
28:58 en tous les cas, c'est pas dans les médias,
29:03 est-ce que dans la grande distribution,
29:06 vous en auriez besoin ?
29:07 Est-ce que, en tout cas pour certains, de...
29:10 - Ce qui est sûr, et là, c'est le chef d'entreprise
29:12 qui s'exprime, c'est que ce qu'on peut appeler
29:16 l'immigration est utile pour l'économie.
29:20 C'est-à-dire qu'on a besoin aussi de ressources extérieures
29:22 pour faire tourner nos entreprises.
29:24 Et moi, je dis souvent, en fait,
29:26 dans mes trois intermarchés, j'ai cette mixité.
29:30 Alors, j'aime pas ce terme de français de souche,
29:31 mais j'ai des français de ce type.
29:34 J'ai des enfants d'immigrés, j'ai des étrangers,
29:36 et nous, notre rôle, en fait, c'est de le faire vivre ensemble.
29:39 Et le seul sujet, nous, c'est d'évaluer
29:41 dans la relation au travail, et c'est pas un sujet...
29:43 - Mais c'est pas dans "C'est impossible à dire",
29:45 pour répondre aussi à la question de Pauline,
29:47 que vous employez les sans-papiers.
29:49 - Ah mais non, on a évidemment l'obligation
29:51 d'être dans une légalité.
29:52 À mon avis, ça a concerné d'autres secteurs d'activité
29:55 que je vais pas citer.
29:56 - Oui, plutôt la restauration, l'hôtellerie...
29:57 - Mais nous, non, on est hyper contrôlés,
29:59 donc on n'est pas sur tellement ce sujet-là.
30:01 Mais je peux comprendre que certains acteurs d'activité...
30:03 - Mais je vous dis quand même, pour prolonger ce que dit Pauline,
30:05 cette main d'œuvre étrangère, on en a besoin parce qu'eux aussi,
30:08 et on rebondit sur la question des conditions de travail,
30:10 parfois, cette main d'œuvre accepte des métiers
30:13 que les Français ne veulent pas.
30:16 - Je vais vous dire, c'est sur toute la chaîne alimentaire.
30:18 Nous, on est le dernier maillon, c'est-à-dire qu'on met en rayon.
30:20 - On commence dans les champs.
30:21 - Mais aller dans les champs, c'est-à-dire les agriculteurs,
30:23 aujourd'hui, s'il n'y avait pas les gens qui viennent
30:26 des pays étrangers pour faire la récolte,
30:27 on n'aurait pas de tomates, on n'aurait pas de cerises, etc.
30:30 Donc c'est un vrai sujet sur toute la chaîne alimentaire.
30:32 - Merci Thierry Cotillard d'avoir été avec nous ce soir.
30:33 Je rappelle ce que vous nous avez dit.
30:35 Donc, il faudra attendre septembre pour une bonne partie des baisses
30:38 issues des négociations, même si on a bien compris
30:40 qu'il n'y avait qu'une vingtaine de grands groupes industriels
30:43 qui allaient effectivement renégocier pour l'instant
30:45 sur les 75 qui étaient donnés au départ.
30:49 Merci à vous d'avoir été avec nous.