Inflation : «C'est la préoccupation numéro un des Français en ce moment», constate Alexandre Guerin

  • l’année dernière
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Alexandre Guerin, directeur général d’Ipsos, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent à la perception de l'inflation par les consommateurs dans 29 pays dont la France.
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Transcription
00:00 - Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le directeur général d'Ipsos France.
00:03 - Oui, l'Institut de sondage. Bonjour Alexandre Guérin.
00:05 - Bonjour Dimitri, bienvenue.
00:07 - Je vous en prie, vous publiez ce matin, Alexandre Guérin,
00:09 les résultats d'une enquête internationale menée par Ipsos
00:12 sur la perception de l'inflation par les consommateurs dans 29 pays, dont la France.
00:17 Alors il se trouve que l'INSEE va livrer son estimation provisoire tout à l'heure,
00:20 avant 9h, pour le mois de mai en France.
00:22 On prend peu de risques, quand même, après dire que l'inflation n'aura pas disparu, Alexandre Guérin.
00:27 Mais justement, où se situe l'inflation dans la hiérarchie des préoccupations des Français aujourd'hui ?
00:34 - Eh bien écoutez, c'est la préoccupation numéro 1 des Français,
00:37 c'est la préoccupation numéro 1 d'ailleurs de tous les citoyens dans toutes les démocraties dans le monde,
00:41 parce que c'est une étude sur une trentaine de pays.
00:44 On a noté la montée de cette perception depuis un an et demi, maintenant.
00:48 Pendant quelques mois après les incendies de la Dune du Pila,
00:52 la transition écologique et énergétique était dans le top des préoccupations,
00:57 mais là, ça fait maintenant quasiment un an que l'inflation est de retour.
01:00 - Alors je donnais ce chiffre assez inquiétant, quand même, en tout cas en termes de perception.
01:04 Vous avez 30% des Français, près d'un sur trois, qui déclarent vivre avec une situation financière difficile, ou très difficile.
01:11 - Exactement. C'est donc quasiment un tiers de la population,
01:14 et c'est en hausse d'à peu près 10 points par rapport à l'année dernière.
01:16 Donc on voit bien que notamment pour les plus précaires,
01:18 les problématiques de l'inflation, notamment l'inflation alimentaire, pèsent sur les foyers.
01:22 - Alors, ce qui est assez frappant, quand on parle de l'inflation,
01:25 c'est qu'il y a souvent un écart très important entre la réalité statistique et la perception.
01:31 Qui a tort, qui a raison, c'est un vaste débat.
01:33 En tout cas, c'est assez flagrant de voir que l'inflation nourrit un sentiment de crise économique,
01:39 alors qu'on voit qu'il y a d'autres paramètres qui infirment ce diagnostic.
01:42 Je prends par exemple l'emploi en France, qui se porte très bien.
01:45 - Exactement. Et c'est même intéressant de noter que 44% de nos compatriotes
01:49 pensent que notre pays est en récession.
01:51 Ce qui, techniquement, est faux.
01:52 La croissance a été de plus de 2 points l'année dernière, 0,4% au premier trimestre.
01:56 C'est un sentiment qu'on retrouve d'ailleurs partout dans le monde.
01:58 Quasiment la moitié des citoyens dans le monde pensent que leur pays est en récession.
02:02 Le vrai chiffre, c'est qu'il y a un tiers des économies en récession.
02:04 - Alors, ça c'est très important comme paramètre,
02:06 parce que vous avez aussi interrogé les populations sur leurs anticipations.
02:10 Comment voient-ils les choses dans les mois, dans les années à venir ?
02:14 Et en même temps, à quoi s'attendent les pays,
02:17 la globalité des pays que vous avez interrogés,
02:19 et plus particulièrement la France, à propos de l'inflation ?
02:22 - C'est une question importante, parce qu'on sait bien que la confiance des ménages,
02:24 c'est une partie importante de l'économie.
02:26 La capacité des gens à dépenser, à investir, à se projeter dans l'avenir.
02:30 - On n'achète pas une voiture si on pense qu'on ne va pas gagner plus dans quelques temps.
02:33 - Exactement. Et notamment, tous les achats d'investissement,
02:36 tous les achats un petit peu superflus,
02:38 on voit bien qu'il y a des arbitrages depuis un an.
02:40 Alors, où en sont les Français ?
02:42 Il y a une forme de pessimisme qui est encore latent.
02:44 75% pensent que l'inflation alimentaire va continuer,
02:47 et que ça va s'accélérer.
02:49 C'est un peu moins qu'avant, mais ça reste quand même trois quarts des compatriotes.
02:52 57% nous disent que ça va dure prendre au moins un an pour établir la situation,
02:56 qu'on retrouve une forme de normalité,
02:58 donc 1-2% qui était l'inflation historique qu'on a pu constater.
03:01 17% n'y croient pas, et ça on voit ça partout dans le monde.
03:05 Ce qui est intéressant, c'est qu'on commence à voir que ces indicateurs
03:07 commencent à s'infléchir, à baisser un petit peu.
03:09 - Il y a un début de bosse, comme on le dit.
03:11 - Il y a un début d'affaissement,
03:14 donc c'est pas le début de la fin, mais c'est peut-être la fin du début.
03:16 - Qu'est-ce qui, d'après les personnes que vous avez interrogées,
03:19 nourrit la hausse des prix ?
03:21 Ça c'est très intéressant comme item, comme question.
03:24 D'abord, on va voir que les réponses sont très variables d'un pays à l'autre.
03:29 Commençons par la France.
03:31 Les Français se disent que l'inflation vient d'où ?
03:33 Qu'est-ce qui la nourrit ?
03:35 - Les Français nous disent principalement trois choses.
03:37 L'inflation vient de la situation économique mondiale,
03:39 des politiques, du gouvernement et des profits des entreprises.
03:43 - Ah tiens !
03:44 - Ça ce sont les trois sujets qui reviennent en numéro un.
03:47 - Les profits des entreprises.
03:49 - Les profits des entreprises, les profits élevés des entreprises.
03:51 Et c'est vrai que les entreprises, généralement,
03:53 depuis la fin de la crise Covid,
03:55 ont des taux de profit qui sont supérieurs à ce qu'on pouvait constater avant.
03:58 Alors c'est quelque chose qui est extrêmement polarisant dans le monde.
04:01 Il y a des pays qui mettent ça dans leur top 3,
04:04 des préoccupations, et d'autres pas du tout.
04:07 Et on voit qu'il y a un couple entre les profits des entreprises et les salaires, par exemple.
04:10 Les Français nous disent que les hausses de salaire n'alimentent pas l'inflation,
04:14 ce qui économiquement pourrait le débattre, au même titre que le profit des entreprises.
04:18 - Alors on rappelle, l'inflation sur un an en France c'est 5,9%.
04:21 Et Geoffroy Arroud-Bézieux du Medef rappelait quand même hier dans les colonnes du Figaro
04:25 que les salaires c'est plus 5,8% sur un an.
04:28 - Voilà, exactement.
04:29 - Donc on peut dire, et quelque part, que les salaires ont accompagné l'inflation.
04:34 - Il y a une corrélation, il y a sans doute une forme de causalité aussi,
04:36 puisque les salaires on les retrouve dans les prix des biens de consommation et des services, bien évidemment.
04:42 Mais pour les Français, c'est pas ça vraiment le sujet numéro un.
04:45 Le sujet numéro un, c'est les profits des entreprises.
04:47 - Les entreprises profitent de la situation.
04:49 - Et ça c'est quelque chose qu'on ne retrouve pas dans d'autres pays,
04:51 notamment les pays anglo-saxons, où c'est un petit peu inversé.
04:53 - Alors vous avez dit aussi la politique économique du gouvernement,
04:56 qui pourtant s'efforce de communiquer sur le fait qu'il soutient le pouvoir d'achat des Français,
05:01 avec par exemple le bouclier tarifaire sur l'énergie, qui arrive bientôt à échéance.
05:05 Il y a un échec politique du gouvernement à faire comprendre cela aux Français,
05:11 ou en tout cas leur faire passer ce message ?
05:13 - Alors, sur la communication, il y a sans doute des choses à dire.
05:17 Ce qui est intéressant de voir, c'est que quand on prend toutes les préoccupations sur les dernières années,
05:21 que ce soit le Covid, l'inflation ou la transition énergétique,
05:25 les Français nous disent "on en fait déjà beaucoup, ce n'est pas à moi d'en faire plus".
05:29 Donc ce n'est pas que lié à la situation inflationniste,
05:32 c'est un sentiment général vis-à-vis de la capacité des États accompagnés à protéger leurs citoyens.
05:37 - Alors, on va finir là-dessus, c'est que globalement on sent que l'inflation nourrit la crainte du déclassement,
05:42 de la paupérisation, qui était déjà un thème important quand même dans le débat public français.
05:46 Mais alors, ça traduit aussi une crainte plus immédiate,
05:50 c'est le risque que l'inflation aboutisse à des augmentations d'impôts.
05:54 Les Français sont persuadés, plus de 2 sur 3, que les impôts vont augmenter.
05:58 - Que les impôts vont augmenter, exactement.
06:00 Quelque part, les États ont augmenté,
06:04 quand je dis les États, c'est au niveau mondial,
06:06 il y a une augmentation de la dette publique absolument faramineuse.
06:08 Donc la question maintenant, c'est comment est-ce que cela va se rembourser.
06:11 L'inflation, là encore, si on parle un petit peu d'économie, est un bon moyen de rembourser la dette,
06:15 puisque l'argent coûte moins cher.
06:17 Mais on voit bien que nos citoyens et nos concitoyens ont cette crainte.
06:22 Il y a un moment où il va falloir payer le prix de ces politiques.
06:26 - On rappelle la promesse d'Emmanuel Macron, au moins ne pas augmenter les impôts,
06:30 augmenter la pression fiscale.
06:31 Merci d'être venu nous voir ce matin sur Europe 1.
06:34 Alexandre Guérin, le directeur général d'Ipsos France, merci à vous.
06:36 - Merci beaucoup.

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