Scènes de Presse du 28 Mai 2023

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00:00:00 [Musique]
00:00:29 Mesdames, Messieurs, bonsoir.
00:00:31 L'université remplit un rôle spécifique dans la société
00:00:35 comme institution indépendante dans laquelle il y a donc un enseignement
00:00:40 et une recherche sans contente utilitaire.
00:00:43 C'est cette recherche bienvenue.
00:00:45 Elle contribue à l'autoréflexion de la société permettant ainsi une confrontation d'idées.
00:00:51 Les universitaires ont organisé tout récemment un colloque de trois jours à Yaoundé
00:00:55 sur le thème "Discours de haine et violence au Cameroun, genèse sociale,
00:01:00 forme émergente et réponses possibles".
00:01:03 Cette presse suit l'itinéraire tracé par les universitaires pour inscrire au débat de ce dimanche 28 mai
00:01:09 la question des discours de haine, sujet abondamment traité cette semaine dans la presse.
00:01:15 Comment enfermer le mal dans des limites acceptables ?
00:01:19 Comment circonstruire l'explosion des propos haineux sur le net ?
00:01:23 Comment prévenir efficacement ce phénomène nocif pourtant sanctionné par l'article 241 du Code pénal ?
00:01:30 Les invités sur le plateau de scène de presse vont discuter de vive voix des idées autour de cette thématique.
00:01:37 Et comme invité nous avons Dr Lydie Christiane Azab Aboto. Bonsoir.
00:01:42 Bonsoir M. Alegambélé. Merci de m'avoir invité sur votre plateau.
00:01:46 Bonsoir à mes copanulistes et à vos nombreux téléspectateurs.
00:01:50 Vous êtes venu, vous êtes philosophe, politiste, chargé de cours à l'université de Yaoundé 1.
00:01:55 Tout en face, le professeur Cyril Tholo Batou. Bonsoir.
00:01:59 Bonsoir, bonsoir M. Séverin Alegambélé. Bonsoir également aux copanulistes avec qui nous allons échanger ce jour.
00:02:10 Et bonsoir également à vos nombreux téléspectateurs qui nous regardent à partir de chez eux.
00:02:16 Le professeur Cyril Tholo Batou est ethno-archéologue. Il est enseignant à l'université de Yaoundé 1.
00:02:24 Et à côté de vous il y a Serge Aimé Bicolle. Bonsoir.
00:02:28 Bonsoir Séverin. Salut à tous les co-discutants.
00:02:31 Un habitueux de l'émission. Bien sûr.
00:02:34 Serge Aimé est journaliste en service à Radio-Ténémissie en tout. C'est ici même à Yaoundé.
00:02:39 Enfin Christiane gars, Christiane, bonsoir.
00:02:41 Bonsoir. C'est un plaisir de vous voir.
00:02:43 Journaliste, vice-président, c'est toujours ça, vice-président de la Fédération des éditeurs de journaux du Cameroun, Feuille de presse.
00:02:50 Et vous êtes directeur de publication de Guardian Post. Bienvenue.
00:02:54 Merci.
00:02:55 Merci à vous qui prenez la peine de nous regarder chaque dimanche soir à la maison.
00:03:01 Dans le langage courant, le discours de haine désigne un discours injurieux visant un groupe ou un individu
00:03:09 sur la base de caractéristiques intrinsèques telles que la race, la religion, l'ethnie ou le genre.
00:03:15 Un discours pouvant menacer la paix sociale.
00:03:18 L'impact du discours de haine, l'une des méthodes les plus fréquentes pour propager une rhétorique et des idéologies qui divisent,
00:03:24 est aujourd'hui amplifiée par les nouvelles technologies de communication.
00:03:28 Docteur Azab, je vous tourne vers vous.
00:03:30 C'est un sujet qui interpelle les sciences humaines, comme la philosophie.
00:03:35 Vous êtes spécialiste de la philosophie. Quelles sont selon vous les causes sociales du discours de haine ?
00:03:42 Merci, monsieur Aligam Belé. Permettez-moi de saisir la question du discours de haine à partir de l'histoire de la philosophie.
00:03:52 Vous dites que la philosophie promeut un discours axiologique et normatif essentiellement.
00:03:59 C'est-à-dire ?
00:04:00 C'est-à-dire un discours porteur de valeurs.
00:04:03 Bien. Dans l'histoire de la philosophie, le discours que prône Socrate à l'origine est ce discours normatif.
00:04:14 C'est d'ailleurs ce qui explique la mise en temps qu'il a avec le discours rhétorique entretenu par les sophistes.
00:04:21 Ce discours développé par la philosophie est un discours créateur de valeurs.
00:04:26 Contrairement à ce que nous pouvons appeler le discours transgressif, à l'intérieur duquel on peut donc situer les discours de haine.
00:04:35 Cette transgression qui déconstruit l'harmonie, qui déconstruit le pacte social, le contrat social,
00:04:42 est donc un discours qui contient des éléments destructeurs de cohésion en ceci que c'est un discours qui nuit aux individus
00:04:54 leur qualité d'être parfois et leur qualité de citoyen.
00:05:01 Et socialement, est-ce qu'il y a une explication ?
00:05:04 Nous observons qu'avec les réseaux sociaux, dans la rue, parce que ce n'est pas seulement dans les réseaux sociaux,
00:05:09 dans les médias aussi, nous observons qu'il y a quand même cette tendance à tenir des discours de haine.
00:05:16 Socialement, vous savez, les individus au départ sont constitués par des antagonismes.
00:05:23 Des antagonismes personnels.
00:05:25 C'est-à-dire qu'en face, les individus ne se voient pas comme étant des personnes qui doivent aller ensemble de manière naturelle.
00:05:34 Et en conflit naturel.
00:05:35 Et en conflit naturel.
00:05:36 Ils sont ensemble parce qu'ils sont obligés par le contrat social qui les lie.
00:05:41 Et donc à ce niveau, l'État devient celui qui organise la vie sociale.
00:05:46 Et donc quand le problème de violence à travers le discours se pose dans la société,
00:05:52 il faut bien comprendre que nous sommes en ce moment dans la fragilisation même du pacte social qui lie les différents protagonistes.
00:06:01 Eh bien, les événements qui se sont produits cette semaine, sans mériement, viennent confirmer vos analyses.
00:06:11 Pour vous, professeur Tholau et professeur Abouna, je rappelle qu'il y a eu quand même ces dimanches des affrontements intercommunautaires à Saint-Méliman.
00:06:19 Un incident qui est donc survenu là-bas suffisamment clair et précis dans l'énoncé des affrontements
00:06:25 qui nous amènent à prendre la pleine mesure de la menace qui pèse sur l'unité nationale.
00:06:30 Alors, partant de ces événements, on se souvient que lors du colloque des 10 et 12 mai derniers à l'Université de Yahoudi 1,
00:06:38 vous avez évalué au Cameroun le niveau de haine sur une échelle de 1 à 5
00:06:43 et ce dernier stade étant celui des massacres, ce qu'on appelle les génocides.
00:06:48 Vous parlez du dernier stade de la haine ethnique avant le génocide.
00:06:51 Ce n'est pas excessif ? Ce n'est pas une façon d'être alarmiste ?
00:06:56 Merci de me passer la parole, monsieur Séverin Allégambélé.
00:06:59 Effectivement, lors de ce colloque, j'ai présenté une communication avec le professeur Abouna
00:07:06 qui était intitulé "matérialisme ethnique".
00:07:09 D'ailleurs, je me réjouis d'avoir sur ce plateau une collègue philosophe
00:07:16 qui était intitulée "le matérialisme ethnique", qui est un néologisme, un concept, une théorie
00:07:22 sur laquelle nous avons travaillé avec le professeur Abouna
00:07:26 qui pose le problème du changement social dans les sociétés africaines.
00:07:34 Je vais répondre à votre question, mais j'aimerais quand même rappeler
00:07:39 ce que c'est que le matérialisme historique, puisque c'est de là que nous partons,
00:07:45 qui a été élaboré par les philosophes allemands Karl Marx et Engels,
00:07:52 et bien pour qui ce sont les luttes sociales qui font le changement,
00:07:59 qui sont à l'origine du changement historique.
00:08:03 Alors, il faut remettre cela dans le contexte du 19e siècle,
00:08:10 où en Europe, à cette époque-là, vous avez une opposition,
00:08:14 vous avez une bipolarisation entre la bourgeoisie et les prolétaires.
00:08:19 Alors, lorsqu'on ramène ceci...
00:08:20 - Le fait qu'elle est tellement chargée, c'est pour aller pas loin de là aujourd'hui.
00:08:23 - Oui, mais sauf que c'est un modèle qui, dans notre contexte, est inopérant.
00:08:27 C'est pour ça que nous avons plutôt parlé du matérialisme ethnique.
00:08:31 On se rend compte qu'on peut avoir des individus qui partagent la même condition sociale,
00:08:37 mais qui ne mènent pas les mêmes luttes pour améliorer leurs conditions sociales,
00:08:43 mais qui font beaucoup plus confiance à la communauté.
00:08:46 Et les batailles ethniques semblent être les éléments
00:08:53 qui structurent le changement social dans certains contextes africains.
00:08:57 Donc c'est cela que nous allons appeler le matérialisme ethnique.
00:09:00 Pour venir sur le problème de la gradation...
00:09:04 - Est-ce que vous n'êtes pas assez alarmiste pour rien, peut-être ?
00:09:08 - La réalité est là. Nous venons de voir ce qui vient de se passer avant Saint-Mélimar.
00:09:14 Nous avons eu des conflits interethniques au nord de Cameroun également,
00:09:18 entre Arab-Choua et Cotocos.
00:09:20 C'est d'ailleurs des conflits qui sont récurrents à l'extrême nord.
00:09:24 Donc, non, nous ne sommes pas alarmistes.
00:09:26 Et puis, les universitaires travaillent généralement sur la base des évidences, sur la base des faits.
00:09:32 - Le cas de Saint-Mélimar, selon ce que nous avons vu, peut-être que je me trompe,
00:09:39 c'est un différent, un problème entre deux individus,
00:09:42 mais qu'on a semblé transposer en parlant cette fois d'affrontements intercommunautaires.
00:09:48 - Oui, alors...
00:09:50 - Cela n'est pas suffisant pour nous dire qu'on est près du génocide, est-ce que je veux dire ?
00:09:53 - Non. En réalité, il faut toujours avoir un élément déclencheur.
00:09:58 Vous avez deux types d'éléments déclencheurs.
00:10:00 Vous pouvez avoir des éléments déclencheurs qui sont plutôt conjoncturels,
00:10:04 et c'est ce qui s'est passé à Saint-Mélimar,
00:10:07 puisqu'on est parti d'un problème de décès d'un individu à des affrontements quasi-ethniques.
00:10:16 J'aimerais quand même revenir... Alors, le deuxième facteur déclencheur peut être structurel.
00:10:23 Nous avons un problème de pauvreté endémique dans notre société,
00:10:28 et je pense que cela peut également entraîner des massacres de masse.
00:10:33 Mais pour revenir sur le problème de la gradation,
00:10:36 le professeur Abouna et moi-même avons identifié cinq niveaux de violence.
00:10:41 Le premier niveau, c'est la phase conceptuelle ou initiatique,
00:10:46 où la haine s'installe dans la pensée.
00:10:48 C'est la phase pendant laquelle vous avez des éléments de langage sur les questions de supériorité ethnique.
00:10:57 La deuxième phase, c'est la phase discursive.
00:11:01 Cette fois-ci, on s'est approprié les éléments de langage,
00:11:04 et on expose la haine dans le discours sur la place publique.
00:11:09 La troisième phase, c'est la phase organisationnelle.
00:11:12 Dans cette phase, les différentes communautés mettent en place des organisations
00:11:17 pour se défendre l'une contre l'autre.
00:11:21 Je pense qu'une organisation comme la BAS,
00:11:24 qui a été élaborée, je ne dis pas que c'est une organisation ethnique ou communautaire,
00:11:28 mais sa mise en place n'a pas été anodine.
00:11:31 Lorsqu'on passe cette phase organisationnelle,
00:11:34 on a la phase de pré-massacre, pendant laquelle il y a les simulations de massacre de masse.
00:11:41 Nous estimons que c'est à cette phase-là que se retrouve notre société aujourd'hui.
00:11:48 Après cette phase de pré-massacre, on a la phase de massacre de masse,
00:11:54 qui peut déboucher soit sur une insurrection, soit sur le génocide, comme vous avez dit.
00:12:01 - Serge, ça fait peur tout ce que dit le professeur.
00:12:06 Quand on entend parler de génocide, on sait ce que c'est ailleurs.
00:12:10 On arrive déjà là, vous avez le prémice, vous avez le sentiment que nous allons vers là ?
00:12:15 - Nous n'en sommes pas encore là.
00:12:18 C'est la phase maximaliste, c'est-à-dire la phase radicaliste,
00:12:21 qui peut véritablement arriver lorsqu'il y a un ensemble de positions essentiellement tranchées,
00:12:28 des positions extrémistes, des positions radicales.
00:12:33 Nous sommes encore au niveau, parce que le professeur Toule a rélevé quatre phases qui sont fort intéressantes,
00:12:40 à savoir la phase de la pensée, qui est la phase conceptuelle, au niveau de la perception des uns et des autres,
00:12:46 parce qu'on est là au niveau de la représentation sociale,
00:12:49 où l'on peut étiqueter socialement tel ou tel, en fonction que l'on appartienne à telle communauté ou telle,
00:12:54 parce que vous savez bien que la focalisation sur les discours de gêne vise davantage à cristalliser l'identité sociale.
00:13:02 C'est pour cela que dans toutes les régions cameroonaises,
00:13:05 tous les gens cameroonais sont socialement et culturellement étiquetés.
00:13:09 Lorsque vous voyez un ensemble de plaisanteries...
00:13:12 - Mais est-ce que ça, ça devait faire un problème ?
00:13:15 - En fait, normalement c'est devenu banal, mais vous savez que nous sommes des individus
00:13:20 dont les comportements sont variables en fonction des caractères.
00:13:25 Ils sont impulsifs, colériques, catégoriques, phlegmatiques, entre autres.
00:13:30 Mais il y a dans la société des formes de plaisanteries locales qui ont été normalisées, qui ont été légitimées.
00:13:36 C'est-à-dire que quand on perçoit tel, avec des étiquettes...
00:13:39 Vous voyez, il y a des étiquettes que nous connaissons.
00:13:42 Lorsqu'on considère par exemple nous les bassas comme des individus qui sont violents,
00:13:45 qui marchent avec du thème de l'influence,
00:13:47 quand on considère les anglophones comme des anglophos,
00:13:50 on considère par exemple les étons, c'est le milieu de son folie.
00:13:53 Je prends seulement quelques exemples de plaisanteries locales qui existent depuis des décennies,
00:13:59 mais qui ont été normalisées.
00:14:01 Mais il y a certains qui n'appréhendent pas ça de façon normale,
00:14:05 parce qu'ils estiment que ce sont des formes d'étiquettes qui visent à blesser, à choquer tel ou tel autre.
00:14:11 Donc tout dépend de la perception que nous avons dans la société de ces formes d'étiquettes-là.
00:14:15 Donc on n'est pas encore au niveau de la face des massacres matérialisés,
00:14:20 notamment par des génocides, des conflits essentiellement explosifs qui entraînent des morts d'hommes.
00:14:27 Mais on est encore au niveau de l'étiquette sociale entre les individus, entre les communautés,
00:14:32 entre les sociétés, entre les différents acteurs.
00:14:35 On va relever tout à l'heure le champ politique à Monnet lors des périodes électorales
00:14:38 où il y a justement cette phase de la conflictualisation des rapports entre les acteurs politiques,
00:14:42 où l'on constate que ces étiquettes-là, ces étiquettes négatives,
00:14:47 qui règnent des sardinards, des tontinards, des cabris, des cabots sardinards, entre d'autres.
00:14:52 On va en parler tout à l'heure.
00:14:54 Alors, Christian, est-ce que dans cette démarche-là, le contexte social et politique actuel,
00:15:00 est-ce qu'il est favorable à ce qu'on voit, c'est-à-dire l'explosion du discours de haine sur Internet?
00:15:09 Alors, je vais d'abord dire qu'on doit faire attention de ne pas tomber dans la pièce du gouvernement.
00:15:18 Parce qu'il faut qu'on soit à l'oeuvre.
00:15:21 Le discours de haine, beaucoup plus vient des politiciens, surtout des cadres de RDPC.
00:15:28 Et pour moi, c'est la pièce du gouvernement.
00:15:30 Non, mais parce qu'on parle juste de réseaux sociaux et médias, médias traditionnels.
00:15:36 On est au courant de ce qui s'est passé.
00:15:40 Même dans l'année 1990, on avait entendu des propos dans les réunions de RDPC.
00:15:47 Un ennemi dans la maison? C'était dans un réunion RDPC.
00:15:51 Et l'ennemi, c'était qui?
00:15:53 Quand tu dis qu'un ennemi dans la maison, ça veut dire que c'est un discours de haine
00:15:58 qui s'est passé dans un meeting de RDPC.
00:16:01 Personne n'a parlé.
00:16:02 On a entendu des mots comme les anglophones, les bamis.
00:16:06 Ce sont des mots qui ne sont pas venus des gens de la rue.
00:16:10 On a laissé passer.
00:16:11 Les gens ont tenu un meeting à Iqo'a Abouya, ça fait il y a deux semaines.
00:16:16 On a entendu tout ce qui s'est passé là-bas.
00:16:18 C'était des cadres de RDPC.
00:16:20 Il y avait même des sénateurs qui parlaient des gens qui ne veulent pas.
00:16:26 Jusqu'à aujourd'hui, quand on fait une conférence de presse, on parle de réseaux sociaux, des médias.
00:16:33 Mais il faut que l'on prononce les choses par les mêmes.
00:16:36 Pour moi, c'est comme ça qu'on doit éviter la discussion de haine dans ces pays.
00:16:42 Alors, je pose la question à tout le monde.
00:16:44 Le contexte social politique se prête à l'explosion des discours de haine.
00:16:49 C'est peut-être parce qu'on a faim, parce que les acteurs politiques ne s'entendent pas,
00:16:53 mais c'est peut-être parce que... comment vous justifiez ça ?
00:16:57 Je pense que, comme je le disais au départ, les antagonismes sont créés naturellement par la rareté.
00:17:06 Et quand je parle de la rareté, je parle de la rareté des biens.
00:17:10 Quand les biens deviennent rares, le regard qu'on pose autour de lui est un regard qui connaît une mutation.
00:17:17 C'est-à-dire qu'on regarde celui qu'on pense être l'auteur de sa propre pénurie,
00:17:26 on le considère à partir de cette grille de lecture, non plus comme un ami, mais on cultive la défiance.
00:17:35 Et à partir de cette défiance, les rapports sociaux vont absolument changer.
00:17:40 Pourquoi ? Parce que les individus qui se livrent à cette violence ou à ce discours de haine
00:17:45 n'ont pas toujours les moyens de s'attaquer à l'État qui est l'organe régulateur.
00:17:50 Et à partir de ce moment, les frustrations qui sont exprimées à travers les discours, à travers les actes de violence,
00:17:57 sont des actes qui expriment un mal-être.
00:18:01 Et pour parler de notre pays, je crois que nous vivons des situations de conflit,
00:18:06 et que si rien n'est fait, on pourrait arriver à ce que le professeur appelle le massacre de masse.
00:18:17 C'est un appel qu'il faut lancer maintenant pour pouvoir trouver des solutions avant que le pire n'arrive.
00:18:25 Je vais peut-être aller également dans le sens du docteur.
00:18:30 Nous sommes une société communautarisée, et les communautés sont en compétition.
00:18:37 Les communautés sont en compétition pour l'accès aux ressources.
00:18:41 Et vous avez plusieurs types de ressources. Vous avez la terre qui est une ressource, vous avez également les ressources de l'État.
00:18:46 Et vous vous souvenez que dans notre société, nous avons la notion du gâteau national.
00:18:52 Alors ce fameux gâteau, certains en ont une conception très alimentaire d'ailleurs,
00:18:57 alors que comme le disait le docteur, c'est le rôle de l'État de réguler, de gérer les ressources pour le bénéfice de toutes les communautés.
00:19:07 Mais il y a certaines communautés, ça peut être une perception, qui se sentent exclues de la gestion des ressources,
00:19:16 qui estiment qu'elles sont lésées, et à cause de cette perception liée à l'injustice,
00:19:21 effectivement, on a des discours de haine qui peuvent apparaître.
00:19:25 Parce qu'on estime qu'il y a des communautés qui sont mieux représentées, n'est-ce pas, dans le système gouvernant par rapport à d'autres.
00:19:33 Donc c'est des perceptions réelles qui peuvent justement être à l'origine de ce discours de haine que nous avons aujourd'hui.
00:19:40 Je voulais ajouter à ce que le prof venait de nous parler.
00:19:47 Je pense que si vous regardez très bien dans notre pays, il y a certaines communautés, je ne vais pas citer le nom,
00:20:00 qui pensent que les étrangers qui sont installés chez eux sont en train de prendre les biens.
00:20:09 Parce que pour moi, c'est ça qui pousse les gens à commencer à lancer des discours de haine.
00:20:17 Parce que vous regardez, par exemple, je vais parler de l'occas de l'assemblement.
00:20:21 On connaît comment les Bamboulikés sont trop actifs quand ça revient dans le business.
00:20:27 Et puis, peut-être certaines pensent qu'ils sont en train de prendre les richesses.
00:20:34 On peut aller dans le sud-ouest, vous voyez les gens qui sont trop, trop...
00:20:39 Qui connaissent battre pour la vie, ils n'attendent pas un Godfather, comme on parle en anglais.
00:20:45 Les gens qui sont dans la communauté des indigènes, ça veut dire les...
00:20:51 Les autochtones.
00:20:54 Peut-être, ils attendent juste que mon grand frère, quelqu'un qui est ministre va me donner.
00:21:00 Quand ça ne vient pas, et tout voir, celui qui est installé chez vous est en train de progresser.
00:21:05 Pour moi, c'est des choses comme ça qui créent beaucoup de conflits entre les autochtones et les gens qui sont installés chez eux.
00:21:14 Mais Christian, on pourrait vous poser la question.
00:21:17 Ça ne date pas d'aujourd'hui.
00:21:19 Les mouvements de population, ces gens que vous évoquez, ils sont là depuis des années.
00:21:25 Pourquoi précisément à ce moment, le problème se pose ?
00:21:29 Non, mais il faut que je dise ceci.
00:21:32 Si vous prenez le cas de l'Afrique du Sud, parce qu'il y a toujours ces problèmes là-bas,
00:21:38 et ils s'attaquaient toujours aux Nigériens, les Nigériens qui sont là-bas, parce que c'est les gens qui sont...
00:21:44 Ils travaillent.
00:21:46 Et les Sud-Africains, normalement, ils les voient comme les gens qui sont venus pour prendre les bêtes.
00:21:51 C'est la même chose qu'on voit dans les communautés, là où il y a des discours de haine.
00:21:56 Il faut que je prenne le cas de Saint-Malima, et peut-être que je vais parler du Sud-Ouest.
00:22:03 Parce qu'il y a beaucoup d'étrangers là-bas.
00:22:05 Oui, ils ont des richesses.
00:22:07 Mais est-ce que les gens qui sont dans les communautés, soit à Saint-Malima, soit à Sud-Ouest,
00:22:11 est-ce que les gens là peuvent travailler vraiment comme les gens qui ne sont pas là-bas, mais qui sont installés là-bas ?
00:22:18 Donc parfois, ils voient que le problème, c'est les gens qui sont venus installer chez eux.
00:22:24 Et tout ce qu'ils peuvent faire, c'est pour lancer le discours de haine,
00:22:28 parce qu'ils pensent que nos problèmes viennent de nous.
00:22:30 Oh, ce n'est pas le cas, de mon point de vue.
00:22:33 En fait, Christian pose un problème là, en rapport avec la question foncière dans les différentes communautés culturelles.
00:22:40 Avec un droit de fond, un ensemble de représentations collectives qui sont attribuées à des individus.
00:22:46 Parce que lorsqu'il parle notamment d'une certaine bipolarisation qui réunit les communautés,
00:22:51 vous savez, moi j'ai eu à étudier ce phénomène en 2015, lorsque je parlais de l'accaparement des terres dans les périphéries du Yaoundé.
00:22:59 Au Bas-Lam, Bancombe, Onfou, Etetac, entre autres.
00:23:04 Je mettais notamment l'accent sur le jeu des stéréotypes sur ceux qui sont attribués aux uns aux autres.
00:23:10 On considérait notamment les populations originaires de la région de l'Ouest comme des envahisseurs.
00:23:16 Alors que c'est un dynamisme qui est justement attribué à cette communauté,
00:23:20 et on le voit à travers des actions de développement qui sont implémentées dans les différentes localités.
00:23:25 Par contre, on considérait notamment nos frères Béatrice du sein du Sud-Est comme des jugeurs.
00:23:32 Il y a donc là une confrontation des stéréotypes culturels attribués aux uns aux autres.
00:23:38 Lorsqu'on considère les populations originaires de la région de l'Ouest comme des envahisseurs, par opposition...
00:23:42 Pourquoi ça a ressurgi aujourd'hui, pourquoi précisément aujourd'hui ?
00:23:45 Parce qu'il y a un discours qui est alimenté par un ensemble de catégories, universitaires, intellectuels, qui y vivent davantage.
00:23:55 Vous savez, je ne vais pas citer le nom, lorsque un des nôtres, qui est un aîné en sociologie,
00:24:00 qui a parlé justement de la réforme foncière, en parlant du discours focalisé sur le "rentrer chez soi", "rentrer chez vous".
00:24:07 Vous voyez comment ça a choqué la conscience collective au point où il y a eu justement un ensemble de cristallisations,
00:24:12 des points de vue aussi bien convergents que divergents.
00:24:15 Parce qu'en réalité, on ne peut pas comprendre que dans une société, dans la société communiste contemporaine où on pense "nation",
00:24:22 qu'un individu nous mette davantage en vitrine le discours du "rentrer chez soi".
00:24:28 Comme si véritablement on appartenait à une société où il y a un ensemble de normes, de règles, de valeurs.
00:24:34 C'est vrai que nous sommes enterrés chez nous lorsque nous mourons,
00:24:38 mais lorsque l'on cristallise ce type de discours-là, on a l'impression qu'on n'appartient plus à toute la société,
00:24:44 mais fort au contraire à une catégorie déterminée.
00:24:48 C'est ça qui pose le problème de fond.
00:24:50 Aujourd'hui, il faut analyser cela de façon globalisante, en questionnant de manière épistemologique un ensemble de jeux de discours,
00:24:57 un ensemble de représentations, un ensemble de perceptions que les individus cataloguent aux uns aux autres,
00:25:02 et comprendre pourquoi cela règne, notamment dans la société, en fonction d'un ensemble...
00:25:07 Il n'y aurait donc pas de responsabilité des acteurs politiques,
00:25:10 parce que le Dr Aza parlait de l'Etat qui doit jouer le rôle de régulateur.
00:25:15 Les acteurs politiques font partie de cet Etat-là, et c'est eux qui orientent les politiques publiques, etc.
00:25:21 Oui, mais malheureusement, comme il a cité, c'est les gens qui...
00:25:26 Ce n'est d'autant plus beaucoup pas les politiciens, c'est eux qui lancent ces mots d'ÉDM.
00:25:34 Pour quel intérêt ?
00:25:35 Non, non, non. Parfois...
00:25:38 Parce que si ça se passe mal demain, ils ne seront pas épargnés ?
00:25:41 Oui, mais parfois il y a des gens qui veulent faire comprendre à la population qu'ils défendent votre intérêt en disant ça.
00:25:47 On a entendu comment les gens disent "pourquoi nos chefs traditionnels vont dans le terrain aux étrangers ?"
00:25:54 Mais, à Yaoundé, j'ai posé la question,
00:25:59 qui dans le sud-ouest, ou bien le nord-ouest, ou bien l'est de Yaoundé, qui n'est pas sur le terrain de Yaoundé ?
00:26:05 Mais si les chefs traditionnels de Yaoundé, comment ils disent qu'ils ne vendent plus leur terrain aux gens de l'autre côté ?
00:26:11 Vous voyez, les gens qui parlent, c'est ce qui me fait mal, c'est les gens qui sont le cadre de RDPC.
00:26:20 C'est ce qui me fait très mal.
00:26:22 Jusqu'à là, le gouvernement est en train de manger le monde.
00:26:29 Hier, il y avait un confrère de presse, ministre des communications, ministre des Luminaires, avec le président de la commission.
00:26:38 Ils n'ont pas cité le nom. Ils ont plutôt parlé, focalisé sur la presse.
00:26:48 Et les gens ont publiquement fait le discours de règne. Ils n'ont pas cité le nom. Jusqu'à là, on n'a pas pris d'action.
00:26:55 Est-ce que je peux intervenir ?
00:26:57 Oui, allez-y.
00:26:58 Par rapport au droit accusateur qui est adressé au RDPC, je pense que...
00:27:03 Vous ne défendez pas les positions de RDPC ?
00:27:04 Non, non, non. De toute façon, je n'ai pas été mandaté par le RDPC pour le défendre. Le RDPC, c'est le parti au pouvoir.
00:27:16 Mais à ce que je sache, au Cameroun, nous n'avons pas un discours officiel de haine.
00:27:23 Vous n'avez pas parlé de cadre ?
00:27:29 Oui, cadre.
00:27:31 Vous n'avez pas parlé de RDPC ?
00:27:33 Oui, j'ai bien compris.
00:27:35 C'est toujours dans la réunion là-haut, peut-être les réunions de RDPC.
00:27:38 Je cite un exemple. En 1990, là où on avait attubé un mont aux étrangers, il y avait des ennemis dans la maison. C'était un grand meeting de RDPC.
00:27:48 Effectivement, les hommes politiques font partir des acteurs.
00:27:53 Des acteurs parmi tant d'autres qui, justement, peuvent instrumentaliser les conflits ethniques à des fins politiques.
00:28:02 Ça, c'est connu.
00:28:04 Mais ce que j'étais en train de dire, c'est qu'effectivement, en privé ou dans certaines réunions, les hommes politiques peuvent avoir un discours discourtois, un discours de haine.
00:28:19 Mais nous n'avons pas une politique officielle qui promeut la haine.
00:28:26 Et par rapport à ce que Christian est en train de dire, ce n'est pas un cadre du RDPC qui a proposé de passer un concours pour devenir membre d'une autre communauté.
00:28:37 J'avais cette précision à faire à Christian.
00:28:40 Vous vous souvenez que pendant le contentieux électoral au palais des congrès, la vive discussion qu'il y a eu entre le professeur Maurice Camteau, candidat à l'élection de 2018, et le ministre Leboire Wonaki, qui était le chef de file de la défense du candidat Paul Biya.
00:28:58 Et il vous se souvient que devant les juges constitutionnels, on a entendu quand même ces mots-là qui viennent d'être prononcés.
00:29:05 Vous qui parlez du RDPC, c'est ce que vous voulez dire? Vous voulez dire que ça vient de partout?
00:29:10 Non, j'avais dit qu'il y a des gens qui sont... Parce que les responsables... J'avais bien entendu le professeur Maurice Camteau.
00:29:20 Mais il a dit que dans le RDPC, ça devenait comme une chanson.
00:29:27 D'accord. Ecoutez, docteur Azad.
00:29:30 Oui, je voudrais renchérir. Vous dites que dans la catégorie que j'ai nommée discours transgressifs, il y a ce qu'on appelle le discours de propagande.
00:29:41 Et le discours de propagande est essentiellement utilisé par les acteurs politiques.
00:29:46 Et donc si les acteurs politiques l'utilisent à des fins égoïstes, ils sont dans le jeu politique.
00:29:54 Et dans le jeu politique, on sait que tous les coups sont permis. C'est-à-dire qu'on ne devrait pas, à mon sens, connaissant le jeu politique, s'émouvoir d'un discours qui, effectivement, est un discours de propagande, est un discours de manipulation.
00:30:08 Je crois que c'est à ce niveau-là qu'il faut saisir, justement, ce jeu des acteurs politiques.
00:30:13 Et justement, je partage un peu vos points de vue. C'est-à-dire que si nous suivons les acteurs politiques dans leurs déclarations, il va se poser un autre problème.
00:30:21 Celui de la liberté d'expression. Les acteurs politiques vont vous dire "nous sommes libres de dire ce que nous disons".
00:30:27 Et si vous nous empêchez de parler, ça veut dire que vous piétinez la liberté d'expression.
00:30:32 Est-ce qu'on ne voit pas les choses dans ce sens-là ? Est-ce que le mal n'est pas dans nos gènes, à nous, pas seulement les acteurs politiques ? C'est ma question.
00:30:39 Alors, ok. Je vais répondre. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que les acteurs politiques sont des leaders d'opinion.
00:30:49 Lorsque vous dites que vous voulez passer un concours pour devenir Boulou, ce concept a été récupéré par d'autres Camerounais.
00:30:57 Je me souviens que nous avons un compatriote qui est installé aux Etats-Unis, qui a dit qu'il y aura une guerre entre sa communauté et la communauté Boulou.
00:31:08 Il a même dit que cette guerre sera nucléaire s'il le faut. Donc les acteurs politiques sont des leaders...
00:31:14 Donc il n'est pas politicien ?
00:31:16 Non, il n'est pas politicien, il est même enseignant.
00:31:20 Et aujourd'hui, on passe du discours, parfois, dans de l'arène symbolique à l'arène physique.
00:31:29 Et ce que nous avons vécu à Saint-Mélimar, c'est la réaction de cette menace qui pèse sur une communauté qui est systématiquement attaquée.
00:31:40 Je ne suis pas Boulou, mais lorsqu'on vous dit qu'on va tuer les Boulous, on appelle même au maître d'une communauté.
00:31:49 Les acteurs politiques doivent faire attention parce que leur discours a un impact.
00:31:54 Et nous avons des opinions sensibles.
00:31:56 Si nous prenons le cas de la crise anglophone, pour ceux qui suivent cette crise, la crise anglophone, c'est dans les réseaux sociaux que ça a commencé.
00:32:04 Tous les leaders de ce qu'ils appellent l'état virtuel de l'ambasonie ont manipulé les esprits, ont manipulé les consciences à travers les réseaux sociaux.
00:32:14 Et vous avez tout un vocabulaire qui s'est développé, qui a été récupéré, le concept de "grand zero", et ainsi de suite.
00:32:21 Et vous voyez qu'après cette phase d'arène symbolique, on est passé à une véritable... enfin quasiment à une situation de guerre.
00:32:32 Je ne pense pas que "grand zero", comme ils l'appellent, soit une discours d'haine.
00:32:39 Non, ce que je veux dire, c'est qu'avant la crise anglophone, le terme de "grand zero" n'existait pas.
00:32:46 Le terme de "Black Lex" n'existait pas.
00:32:49 Ce sont des concepts qui ont été créés par des acteurs politiques et qui ont été récupérés par la masse.
00:32:56 Aujourd'hui, moins que hier, quand on vous disait, quand on disait de vous au nord-ouest ou au sud-ouest que vous étiez "Black Lex", c'était un arrêt de mort.
00:33:07 Mais "Black Lex", ce n'est pas un mot qui s'est lancé entre des communautés. C'est entre les anglophones.
00:33:15 Cela ne stigmatise pas, ça ne gêne pas?
00:33:19 Pour moi, ce n'est pas une discours d'haine. Parce que "Black Lex", cela veut dire que tout devait être avec nous, mais tout est de l'autre côté.
00:33:27 Et en t'es-tu?
00:33:29 Là, je ne sais pas.
00:33:30 Ah si? Comment ça, vous ne le savez pas?
00:33:32 Vous êtes un journaliste, vous ne pouvez pas dire que vous ne le savez pas et vous êtes anglophone.
00:33:38 Je ne dis pas que je ne le savais pas, je vous ai dit ceci.
00:33:40 Quand on dit "Black Lex", c'est un mot qui s'est lancé entre les anglophones.
00:33:46 Ce n'est pas qu'un anglophone appelle un petit "Black Lex".
00:33:49 Cela ne fait pas partie de ce que nous appelons "discours de haine"?
00:33:51 Non, non.
00:33:52 Comment ça, ça ne vous parle pas?
00:33:53 "Black Lex", cela veut dire "tu m'as trahi".
00:33:55 Non, cela veut dire "traître".
00:33:56 Traître!
00:33:57 Et la conséquence, c'est quoi?
00:33:58 Non, on ne parle pas de conséquences maintenant.
00:34:00 Je vous ai dit, si vous parlez de discours de haine, cela veut dire entre les communautés.
00:34:04 Mais "Black Lex", c'est entre les frères qui pensent que tu m'as trahi, tu es traître.
00:34:10 Alors, ce qu'on voit, le discours de haine tel que c'est développé, ce n'est pas un phénomène naturel.
00:34:18 Je me demande, j'interroge la presse, Serge et Christian,
00:34:22 est-ce que vous pensez que vous voulez le vrai vocabulaire discriminatoire qu'il y a dans les médias?
00:34:27 Cela ne participe pas à construire ce discours de haine.
00:34:31 Nous avons une responsabilité individuelle, mais collective, en tant qu'auteurs de reportages,
00:34:42 en tant que présentateurs de débats publics,
00:34:45 Relais de messages discriminatoires aussi.
00:34:47 Et en tant qu'acteurs, nous devons veiller sur les différents messages véhiculés par les leaders et acteurs politiques dans les différentes émissions.
00:34:59 Parce que nous avons un devoir de veille.
00:35:02 Lorsque vous faites une émission, par exemple, de deux étapes comme celle-ci,
00:35:07 ou bien d'autres émissions que vous connaissez dans l'espace public,
00:35:11 il y a des individus qui viennent avec un message visant davantage à criminaliser, à stigmatiser, à étiqueter tel ou tel.
00:35:21 Vous savez bien que nous avons un ensemble d'idées, un ensemble d'objectifs diamétralement opposés.
00:35:30 Vous avez les acteurs politiques qui viennent passer des messages qui parfois ne sont pas marqués du sort d'une certaine responsabilité sociale.
00:35:37 Et là, ça pose un problème de fond.
00:35:39 Vous avez ceux-là qui viennent vitalement dans une dynamique guerrière pour justement attaquer tel ou bien tel autre.
00:35:45 C'est pour cela qu'il y a cette confrontation entre les différents acteurs politiques.
00:35:48 La bipolarisation qui est née notamment depuis 2018 entre les MFC et les RDPC,
00:35:53 vous voyez comment ça a basculé même dans le champ des réseaux sociaux.
00:35:57 À travers ces étiquettes politiques qui sont attribuées aux uns aux autres.
00:36:01 Lorsque l'on considère tel ou tel comme Sartina parce qu'il appartient aux RDPC,
00:36:04 ou alors comme Tontina parce qu'il appartient aux MFC,
00:36:07 c'est vrai, on peut estimer que ce sont des étiquettes simples, symboliques,
00:36:12 mais dans l'imaginaire collectif, lorsque vous voyez la façon dont le débat est essentiellement critérisé par un conflit systématique,
00:36:20 ça pose un problème de fond.
00:36:22 Et c'est pour cela que nous autres hommes de médias, nous avons une responsabilité sociale
00:36:26 dans nos différents papiers de reportage, nos papiers d'analyse, de commentaire,
00:36:30 ou bien dans nos différents débats que nous animons dans l'espace public,
00:36:34 de manière à pouvoir contrôler systématiquement les différents discours qui sont véhiculés.
00:36:38 Parce que lorsque tel est écrit négativement, tel autre, vous avez le devoir de le stopper,
00:36:42 de manière à ne pas continuer dans ce registre.
00:36:46 Sinon, ça risque d'attiser l'attention.
00:36:49 Même ces messages qui sont envoyés par rapport au thème du débat que nous avons au quotidien,
00:36:54 ou par rapport aux messages des internautes,
00:36:57 s'il n'y a pas un filtre à la base, vous risquez d'être interpellé par le conseiller d'affaires de la communication
00:37:02 qui va vous essayer une lettre de 2022,
00:37:07 ou bien des sensations négatives que vous connaissez d'ailleurs.
00:37:12 Et Christian, la presse s'est épargnée ?
00:37:16 J'aurais dit oui et non.
00:37:19 Oui, quand une presse relie une information,
00:37:24 et discute de l'une, ça veut dire la manière d'applaudissements.
00:37:29 Mais si la presse condamne la sortie de l'aîné,
00:37:35 pour moi, la presse aide à arrêter ce phénomène.
00:37:43 Est-ce que c'est le cas aujourd'hui ?
00:37:45 Est-ce que la presse est là pour dire non au discours ?
00:37:49 Je vais parler du cas de The Guardian Post.
00:37:51 On parait sept fois par semaine.
00:37:54 On a pris toute une semaine pour condamner ce qui est passé à Booyah.
00:37:57 Parce que c'était vraiment choquant d'entendre un sénateur
00:38:01 parler de les gens qu'on n'aime pas au Cameroun.
00:38:04 Là, c'est peut-être une fixation sur un individu.
00:38:08 C'était un mot qui a été lancé...
00:38:13 Peut-être que vous n'êtes pas d'accord avec le sénateur en question ?
00:38:16 Non, mais pourquoi ? C'est un mot qui a été lancé à une communauté.
00:38:20 Les gens qui n'ont pas, du sud-ouest, mais qui résident au sud-ouest,
00:38:25 quand on parle de gens qu'on n'aime pas en tant qu'indéputé,
00:38:30 c'est très grave.
00:38:32 Mais on a condamné ça.
00:38:35 On a fait un éditorial, on a fait des papiers,
00:38:38 on a fait des interviews pour condamner.
00:38:41 Et je pense que si la presse peut aller ce chemin-là,
00:38:46 on peut jouer un rôle pour améliorer la discussion de haine dans ce pays.
00:38:51 Docteur Azza, vous voulez dire quelque chose avant qu'on ne passe au prochain sujet ?
00:38:55 Oui, je voudrais dire que quand vous parlez de la presse,
00:38:59 on a l'impression que c'est une notion abstraite, détachée de la réalité.
00:39:04 Et pourtant, les acteurs de la presse qui sont parmi nous sont bien réels
00:39:09 et sont également porteurs de leur propre sensibilité.
00:39:14 Quand je parle de sensibilité, je parle de sensibilité politique.
00:39:17 Et du coup, le relais de l'information peut être effectivement coloré
00:39:22 par l'appartenance à cette subjectivité politique qu'on peut identifier.
00:39:27 Et donc, à partir de ce moment, il serait difficile de parler de neutralité.
00:39:33 Et on verra donc les prises de position en rapport avec ces sensibilités-là.
00:39:38 C'est ce que je voulais apporter.
00:39:40 En fait, ce qu'il faut dire, c'est vrai.
00:39:42 Nous sommes des citoyens.
00:39:44 On peut s'être appartenus à un chapitre politique déterminé.
00:39:47 Mais lorsque vous êtes un journaliste, vous avez le devoir de respecter scrupuleusement
00:39:50 les canons de la déontologie de l'éthique professionnelle.
00:39:53 Vous n'avez pas à prendre position en fonction de tel parti ou bien en fonction de tel autre parti.
00:39:57 Sinon, vous serez étiqueté comme journaliste partisan.
00:40:00 Ou alors comme journaliste militant.
00:40:03 Donc nous avons le devoir, en tant que président de partie,
00:40:05 lorsque vous venez présenter ce débat,
00:40:07 vous ne saurez jamais si la partie OMRC ou PCRN ou RDPC ou bien l'UIDC.
00:40:12 Non. Il a un devoir d'effort de rupture épistémologique
00:40:17 entre le sujet qui fait l'objet d'un tiret et les acteurs que nous sommes.
00:40:21 Sinon, si il est journaliste militant, on saura que non.
00:40:25 Et ça c'est dans le presse aussi.
00:40:27 Non.
00:40:28 Ah oui ?
00:40:30 Ah mais de nul.
00:40:32 J'aimerais juste ajouter un petit mot, je serai bref.
00:40:35 C'est que nous avons encore une presse au Cameroun qui est responsable.
00:40:44 Parce qu'elle ne promet pas l'idéologie de la haine.
00:40:48 Vous savez le rôle que la radio de Mille Collines a joué au Rwanda,
00:40:54 dans le cadre du génocide rwandais.
00:40:56 Mais lorsque je regarde notre presse, la presse légale,
00:41:02 on ne parle pas de ce qui se passe dans les réseaux sociaux.
00:41:06 Nous avons encore des journalistes qui ont une certaine responsabilité.
00:41:09 Ce que je voulais ajouter.
00:41:11 En mai 2021, la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme
00:41:15 et du multiculturalisme avait organisé un colloque
00:41:18 puis une campagne de communication sur les discours de haine et de xénophobie.
00:41:23 Experts représentants de partis politiques, hommes des médias
00:41:27 et autres membres de la société civile se sont à cette occasion
00:41:30 pour discuter sur les obstacles que représentent ces flux dans la construction
00:41:34 de la nation et la cohésion sociale.
00:41:37 Je vous invite à réécouter le président de la Commission,
00:41:40 Peter Mafani. Nous sommes prêts.
00:41:43 Depuis notre création, nous n'avons pas hésité d'aller écouter nos présenteurs
00:41:54 dans ces deux régions.
00:41:57 Je crois que c'était en 2018, moins d'un an après notre création,
00:42:03 nous avons été sur place pour écouter les doléances de nos concitoyens.
00:42:14 Et suite à ces missions que nous avons effectuées dans ces deux régions,
00:42:21 nous avons fait un compte-rendu, un rapport, à M. le président de la République.
00:42:29 Et je peux vous dire qu'un certain nombre de ces recommandations
00:42:37 ont été suivies de fait.
00:42:40 Et la recherche de la paix continue.
00:42:45 Nous avons continué à travailler, surtout dans le domaine du discours de la haine,
00:42:57 qui connaît un essor remarquable dans notre pays.
00:43:06 Nous avons mené une campagne contre les discours haineux
00:43:13 et dans les prochains jours, nous allons recommencer.
00:43:18 Parce qu'il faut tuer cette affaire-là, le discours de la haine.
00:43:25 Et nous sommes tous caméramans.
00:43:28 Il n'est pas question de stigmatiser nos présenteurs.
00:43:37 Le discours de la haine incite à la violence et sape la cohésion sociale et la tolérance.
00:43:43 Pour venir à bout du discours de la haine, ne faudrait-il pas,
00:43:46 c'est un avis que je vais procurer,
00:43:48 ne faudrait-il pas passer par l'analyse en profondeur
00:43:51 de la formation des opinions qui prévalent dans le grand public
00:43:54 et les facteurs qui influencent véritablement les mentalités.
00:43:58 Nous parlons des politiciens, nous parlons de la presse,
00:44:01 nous parlons du contexte sociopolitique,
00:44:04 mais il faut avouer qu'il y a quand même d'autres éléments
00:44:07 qui entrent en ligne de compte dans la formation des opinions au Cameroun.
00:44:10 Et il ne faut pas s'attaquer à ces éléments.
00:44:13 Je voudrais dire qu'on se focalise sur la question des discours de la haine
00:44:19 et ça donne l'impression qu'on saisit le problème par le milieu.
00:44:25 Parce que, comme je disais, le discours de la haine est une expression de malaise,
00:44:30 de malaise qui s'appelle la cohésion sociale.
00:44:33 Mais avant d'arriver au discours de la haine, il y a quoi ?
00:44:36 Qu'est-ce qui amène les individus à penser cette liberté qu'ils octroient dans les discours ?
00:44:45 Je crois que pour revenir à cette question de formation,
00:44:50 il est important qu'on repense au problème de l'éducation.
00:44:55 C'est très important.
00:44:56 Parce qu'on parle des discours, on cherche des solutions,
00:44:59 mais il faudrait qu'on apprenne à vivre ensemble.
00:45:02 Parce que la déconstruction du vivre ensemble est engagée véritablement depuis un moment,
00:45:08 mais ce problème ne peut être résolu que si on réapprend à vivre ensemble.
00:45:13 Et réapprendre à vivre ensemble implique que, dans l'éducation qu'on reçoit,
00:45:19 on soit strict dans ce que je peux appeler l'ascension.
00:45:25 L'ascension qui pourrait servir à recadrer toutes ces distorsions ou les déviances qu'on peut observer dans les discours.
00:45:35 Donc au niveau de la formation, il ne s'agit pas seulement de parler des acteurs politiques,
00:45:40 il s'agit de parler de monsieur tout le monde.
00:45:42 Parce que quand on se retrouve sur les réseaux sociaux,
00:45:46 on n'a pas que les acteurs politiques, d'accord ?
00:45:49 Ils ne s'expriment pas toujours sur les réseaux sociaux.
00:45:53 Ils s'expriment à travers la presse.
00:45:56 Mais aussi sur les réseaux sociaux, ceux qui s'expriment sont plus nombreux.
00:45:59 Et c'est monsieur tout le monde.
00:46:01 Donc cette formation devait être pensée et saisie à partir de la totalité, de la globalité.
00:46:08 Effectivement, je vais dans le sens du docteur Azab pour parler de la formation.
00:46:14 Notre société souffre d'un véritable problème aujourd'hui.
00:46:18 C'est celui du repère identitaire.
00:46:22 Et ce problème est sérieux parce que la question que nous devons nous poser,
00:46:26 c'est quoi être camerounais aujourd'hui ?
00:46:29 Qu'est-ce qui fait que je dois beaucoup plus être fier d'être camerounais
00:46:34 que de mettre en avant ma communauté ?
00:46:38 Donc on a deux types de passions qui semblent s'affronter aujourd'hui.
00:46:43 Vous avez d'un côté les passions ethniques,
00:46:45 qui sont en train de devenir plus fortes que les passions patriotiques,
00:46:49 dont ça pose un problème de l'identité.
00:46:51 Le problème de l'identité se pose parce que nous sommes dans une situation,
00:46:55 j'ai écrit un article là-dessus, de chaos identitaire, d'errance identitaire.
00:47:01 Parce que le récit national, et là je vais revenir sur le problème du conflit anglophone,
00:47:07 nous n'avons plus un récit national consensuel.
00:47:11 L'identité repose sur des valeurs, repose sur une histoire commune.
00:47:16 Mais est-ce qu'aujourd'hui nous partageons les mêmes valeurs ?
00:47:21 Est-ce que nous partageons notre histoire ?
00:47:24 Et du coup, est-ce que nous pouvons nous projeter tous ensemble vers le destin que nous voulons atteindre ?
00:47:30 Donc il y a un véritable problème d'éducation, comme le Dr Azab vient de parler.
00:47:35 Mais pour cela, il faut que les politiques jouent véritablement leur rôle.
00:47:39 Moi j'ai travaillé en Angola...
00:47:41 C'est l'élu archéologue qui parle.
00:47:43 Vous avez une position qui parfois m'intéresse, c'est-à-dire que le problème que nous vivons aujourd'hui,
00:47:48 c'est peut-être parce qu'on se trompe sur nos origines.
00:47:51 Vous entendez, je ne sais pas, un exemple comme ça, Amboulou, puisqu'on en parle.
00:47:56 Amboulou qui vous dit qu'il vient du monde, il vient d'Egypte, etc.
00:48:02 Et que l'autre ne vient pas de là.
00:48:04 Est-ce que dans vos recherches, est-ce qu'il est démontré que les Camerounais ont une même souche ?
00:48:09 Parce qu'il faut qu'on parte de là.
00:48:11 Premièrement, personne ne vient d'Egypte.
00:48:14 Personne.
00:48:15 Mais c'est vous les historiens, c'est vous les chercheurs qui dites que nous tous nous venons de là-bas.
00:48:19 Non, nous ne venons pas d'Egypte.
00:48:21 Si vous parlez du Cameroun, pour parler de nos origines, nous avons trois grandes communautés au Cameroun.
00:48:28 Nous avons les Bantous.
00:48:30 Leurs ancêtres, les proto-Bantous, sont présents au Cameroun depuis 7000 ans.
00:48:36 C'est-à-dire 5000 ans avant Jésus-Christ.
00:48:39 Nous avons les traces de leur présence.
00:48:41 Si vous prenez les Bantous, ils sont présents au Cameroun depuis le premier millénaire avant Jésus-Christ.
00:48:49 Mais lorsque les proto-Bantous, dont les ancêtres des Bantous, sont arrivés au Cameroun,
00:48:54 ils ont trouvé des peuples qui étaient des peuples chasseurs-cueilleurs,
00:48:59 dont les descendants sont les peuples autochtones tels que les Nations Unies les entendent aujourd'hui, c'est-à-dire les pygmées.
00:49:06 Nous avons les Bantous d'un côté, nous avons les pygmées de l'autre, et nous avons les Soudano-Saéliens.
00:49:12 Toute la partie septentrionale du Cameroun est occupée par les Soudano-Saéliens depuis les Saos.
00:49:19 Nous avons des traces archéologiques de leur présence.
00:49:23 Lorsqu'on prend le cas des Bantous, quand j'entends un Bamileke qui dit qu'il est différent du Boulou, qui est différent du Bassa,
00:49:34 en réalité, ils sont tous des Bantous.
00:49:38 Et d'ailleurs, vous allez voir que lorsque vous prenez le cas des Bamilekes,
00:49:44 enfin de la communauté, sur le plan anthropologique,
00:49:49 les Bamilekes n'existent pas, vous aurez le Baham, vous aurez le Bangdounaire, l'Otang, et ainsi de suite.
00:49:55 C'est la zone au monde où on a la plus grande fragmentation des langues.
00:50:00 C'est-à-dire que 10-15 kilomètres, les langues changent.
00:50:04 C'est-à-dire que ce sont des populations qui n'ont pas bougé de la zone nucléaire des migrations Bantous,
00:50:10 puisque la zone de départ de ce qu'on a appelé l'expansion des migrations Bantous,
00:50:17 c'est situé dans les Grassfields.
00:50:20 Et nous avons fait des fouilles dans un site archéologique extrêmement important qui s'appelle Chumlaka,
00:50:26 qui est situé entre Bamenda et Santa, et c'est là que nous avons trouvé les traces de nos ancêtres, les proto-Bantous.
00:50:35 Et je regrette le fait que le gouvernement, je parlais de problèmes d'identité, ne réfléchisse pas sur ces questions.
00:50:42 Les Bantous, c'est 450 millions de personnes aujourd'hui, reparties entre le Cameroun, le Kenya et l'Afrique du Sud.
00:50:49 Toutes ces populations sont parties du Cameroun, mais est-ce que nous avons un musée des civilisations Bantous au Cameroun?
00:50:56 Nous avons un problème d'identité qui se pose véritablement.
00:51:00 Alors, Christian, la multiplication des contenus en ligne s'est accompagnée, on est d'accord avec la désinformation.
00:51:11 C'est-à-dire que, puisque nous avons emprunté ce chemin-là, l'information que nous donnons en tant que membres de la presse,
00:51:19 n'est pas toujours la bonne information. Il y a une part de subjectivité là-dedans.
00:51:23 Mais pour que nous arrivions à une solution, le gouvernement propose la répression.
00:51:29 Et nous avons écouté tous la communication gouvernementale, le ministre de la communication,
00:51:34 qui est par ailleurs président du conseil d'administration de la Science TV,
00:51:37 et le ministre de l'administration territoriale. Il faudrait, selon le gouvernement, faire respecter la loi.
00:51:46 Est-ce que c'est la solution?
00:51:48 Je pense que le gouvernement aura dû commencer avec une vaste sensibilisation.
00:51:58 Oui, parce qu'on ne peut pas commencer au milieu ou bien avant.
00:52:03 Mais la commission nous en avait déjà fait ça en 2009.
00:52:05 Non, mais ils ont tenu une réunion. Je devais venir là-bas.
00:52:09 Parce qu'actuellement, on connaît la fonction de la commission.
00:52:14 Les principales actions sont pour mieux la cohésion du régime national.
00:52:21 Mais selon ma observation, on ne les voit pas en terrain.
00:52:27 Ça, c'est ma observation.
00:52:29 Mais il faut quand même descendre sur le terrain, Serge.
00:52:32 Je pense que le président de la République avait déjà senti que la unité nationale était en train d'être fallue.
00:52:43 Il a créé la commission Monsonger. Il les a donné tous les moyens.
00:52:49 Pourquoi on se trouve aujourd'hui qu'on voit beaucoup plus la discrétion dans ce pays?
00:52:55 Ça veut dire qu'ils ont essuyé dans les rues.
00:52:58 Donc, pour commencer, ce n'est pas un quota.
00:53:02 Il faut envoyer les gens dans les régions pour expliquer l'importance de vivre ensemble,
00:53:15 de vivre ensemble, avant de passer aux sanctions.
00:53:19 Le véritable problème, c'est que la commission pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme
00:53:24 est une organisation consultative qui ne dispose pas d'un pouvoir répressif ou bien coercitif.
00:53:29 Mais là, le gouvernement propose la répression.
00:53:32 Je pense qu'on peut créer une collégialité ou bien une corrélation entre cette commission-là
00:53:38 et par exemple, des autres services de l'enseignement, tel que la chandellerie,
00:53:42 qui a été interpellée le 11 mai dernier, Sébastien Iballa, pour ne pas le nommer,
00:53:48 pour avoir outragé une communauté culturelle.
00:53:52 Il n'a pas défrayé la convocation et il a été interpellé.
00:53:55 Vous le connaissez bien. Il a outragé, il a tenu des propos visant à châtier les femmes ressortissantes
00:54:02 de la communauté du nord-ouest, du sud-ouest.
00:54:04 Et ça a posé un problème, il a été convoqué le 11 mai dernier.
00:54:07 Il n'a pas défrayé la convocation. Le 16 mai, il a été interpellé.
00:54:09 Donc, on veut des actions d'une telle trame.
00:54:11 C'est-à-dire qu'il faut qu'il y ait une veille des services de l'enseignement,
00:54:15 la chandellerie, la police, de même que des magistrats de la République,
00:54:18 qui peuvent s'autoservir d'un ensemble de capatains d'outrage à telle et telle ou bien telle autre tribu.
00:54:25 C'est pour cela que la commission qui devrait travailler de manière à répertorier l'ensemble des discours de haine
00:54:31 doit servir ses propos haineux à la gendarmerie, à la police,
00:54:37 de même qu'aux magistrats qui peuvent s'autoservir directement de manière à interpeller ces différents cas.
00:54:42 L'individu a tenu ce discours dans une vidéo qui est devenue virale sur les réseaux sociaux le 6 mai.
00:54:48 Si je vous rappelle, dans le 11 mai, il a obtenu sa convocation.
00:54:52 Il n'a pas défrayé la convocation.
00:54:54 Si je vous rappelle, il a été interpellé chez lui le 16 mai.
00:54:57 Donc, on veut des actions d'une telle trame, de manière à les multiplier.
00:55:01 Parce que si on arrête une, deux, trois, quatre, cinq personnes,
00:55:04 beaucoup de personnes vont prendre peur et vont éviter de promouvoir ces discours de haine.
00:55:09 Il faut donc que l'on passe à l'action pratique.
00:55:12 C'est pour cela que cette semaine, lorsque nous avons suivi,
00:55:15 le secrétaire d'État à la défense, Charlie, la gendarmerie,
00:55:19 qui est à travers un message porté, a dit que tous les acteurs qui vont tenir dans les jours qui suivent les discours de haine seront interpellés.
00:55:28 Il faut donc que l'on passe de la théorie à l'action.
00:55:32 Est-ce qu'on tient compte des limites technologiques de nos systèmes de surveillance?
00:55:35 Est-ce qu'on sera toujours à même d'interpeller ces gens-là?
00:55:38 Il y a la chaîne de géologie, de l'information et de la communication qui travaillent à cet effet.
00:55:44 Il faut seulement que l'on mette chacun en bras, de manière à pouvoir travailler.
00:55:48 Ce n'est pas un travail qui incombe à une seule personne,
00:55:50 mais il faut rencontrer l'ensemble des gens qui travaillent à cet effet.
00:55:54 C'est une responsabilité collective.
00:55:56 Voilà. C'est exactement où je voulais commencer.
00:56:02 Je voulais dire que la fragilisation du vivre ensemble est une responsabilité collective.
00:56:07 On a tout fait de tirer à boulets rouges sur l'État en oubliant que la responsabilité qui émane des populations, des citoyens, est également observable.
00:56:20 En tant que membres de la cité, membres de l'État, nous avons des responsabilités dans le respect que nous devons à nos institutions.
00:56:30 L'État, dans sa fonction de régulateur, a les moyens absolument, à partir du renseignement.
00:56:41 Aujourd'hui, on voit bien que dans la ville de Yaoundé, il y a des caméras partout.
00:56:48 Je crois qu'au niveau de l'information, il y a quand même des progrès dans ce sens.
00:56:52 L'État a tous les moyens, comme disait Max Weber, monopole de la violence légitime.
00:56:59 Donc, je pense que oui, l'État peut. Mais jusqu'à quel point ? C'est ça la question.
00:57:04 Vous pouvez répondre aussi à jusqu'à quel point, comme l'État peut.
00:57:07 Jusqu'à quel point ? Ça dépend également. Vous savez, le professeur Mangabina de Regretté-Mémoire disait que la science à l'âge de ses instruments.
00:57:16 Pour dire que l'État également à l'âge de sa technologie. Plus la technologie sera développée, certainement l'État aura en plus les moyens de continuer à sévir.
00:57:27 Je pense que voilà.
00:57:29 Effectivement, je pense que l'État doit sévir. Et cette action, j'ai comme l'impression qu'elle est déjà mise en branle.
00:57:36 On a vu la sortie du ministre Atanganji. On a vu la sortie du secrétaire d'État à la Gendarmerie nationale.
00:57:44 Ça veut dire que l'État a décidé de mettre terme à la tolérance administrative qui a toujours prévalu.
00:57:50 Où chacun avait l'impression qu'il pouvait faire n'importe quoi, dire n'importe quoi.
00:57:55 Alors, le problème de la déconstruction du vivre-ensemble, comme le docteur Azap parlait, est un problème sérieux.
00:58:02 C'est un problème sérieux parce que notre vivre-ensemble remonte à une époque extrêmement lointaine.
00:58:09 J'aimerais juste vous faire une petite confidence.
00:58:13 Une équipe d'archéologues cameroonais et allemands a trouvé dans le sud, notamment à Kampo et Ambam, des graines de mille.
00:58:27 Vous connaissez le mille? Voilà.
00:58:30 Qui date du 5e siècle avant Jésus-Christ.
00:58:34 Oui, ça veut dire que 500 ans avant Jésus-Christ, vous avez des populations qui sont parties du nord,
00:58:41 puisque le mille n'est pas une plante endogène à la région forestière.
00:58:47 Donc, ils sont partis du nord et se sont installés dans la région du sud.
00:58:52 Ça veut dire que nous avons un vivre-ensemble qui est ancien.
00:58:56 Mais pour que ce vivre-ensemble tienne, il faudrait que la justice sociale soit ressentie par tout le monde.
00:59:04 Il faudrait effectivement combattre les discours de haine et surtout faire renaître en nous beaucoup plus les passions patriotiques plutôt que les passions communautaires.
00:59:21 Et lorsque vous entendez dans le discours certaines personnes, parfois des artistes, dire que nous sommes la locomotive et que les autres sont des wagons,
00:59:32 ce n'est pas avec ce genre de discours que nous allons faire avancer la cause de l'unité nationale.
00:59:37 Si vous en avez convenance, parlons de ce fait d'actualité dans la Damawa.
00:59:42 Il s'agit bien de la tournée de prise de contact d'ambassadeurs de France au Cameroun.
00:59:47 Thierry Marchand a pu se rendre compte de l'utilisation qui est faite des fonds alloués par l'Agence française de développement au bénéfice de certains projets.
00:59:58 Le chef de la mission diplomatique de France au Cameroun a par exemple touché du doigt
01:00:03 la réalisation du volet agro-pastoral du PNDP, le programme national de développement participatif, financé par l'Union européenne.
01:00:10 Nous regardons tour à tour l'ambassadeur de France et Madame le coordonnateur du PNDP.
01:00:19 Le PNDP est un outil opérationnel que le gouvernement a eu l'avantage remarquable de mettre en place dans ses différentes stratégies,
01:00:31 placées dans l'axe des centralisations de bancs locaux.
01:00:34 Le 11 fète, nous avons eu ce financement qui adresse la question agro-pastoral.
01:00:43 La plus-value que nous avons au travers de ce financement, c'est que nous sortons de la commune en tant qu'entité isolée.
01:00:53 Et nous entrons dans une dimension supérieure, c'est-à-dire un ensemble de communes dans un même département, dans un même bassin de production.
01:01:05 On est là dans l'intercommunalité, on est là dans la mutualisation des ressources, des moyens, et là, les communes ensemble peuvent aller un peu plus loin.
01:01:20 Comme on dit, si vous voulez aller vite, allez seul, mais si vous voulez aller plus loin, allez ensemble.
01:01:26 Donc, véritablement, le fête nous a permis de passer du plan communal au plan territorial du développement, sur un même bassin de production, sur un même département.
01:01:37 Et ce n'est plus le maire à lui seul qui porte l'investissement, ou le plan communal, j'allais dire, mais cette fois-ci c'est le syndicat des communes
01:01:49 Nous avons cheminé avec l'AFD de la première phase à la troisième phase, avec des prolongations.
01:02:01 C'est-à-dire que le PNDP3 est censé s'achever en 2019.
01:02:06 Et puis, l'Agence française de développement décide de donner encore une subvention pour la troisième séquence IMO à l'extrême nord.
01:02:19 Du coup, on a une prolongation de fête.
01:02:22 La Banque mondiale, nous sommes censés clôturer en 2019, et la Banque mondiale décide de nous faire une prolongation,
01:02:31 avec le financement EDA18, le guichet réfugiés, et qui vient effectivement apporter une réponse complémentaire, supplémentaire, assez commune, qui regorge des réfugiés.
01:02:48 Il faut bien mesurer ce travail immense qui a été fait depuis presque 20 ans, à travers le PNDP et à travers, là, en l'espèce, les fonds de l'Union européenne.
01:02:59 Vous avez raison de souligner que c'est la France qui est ici pour l'inauguration.
01:03:04 En réalité, c'est l'Union européenne qui a en grande partie financé ces nouvelles installations.
01:03:09 Je suis très fier d'être présent ici aujourd'hui pour inaugurer, avec le PNDP, avec l'AFD, ces nouvelles intégrations.
01:03:18 Il y en aura d'autres. C'est ça qu'il faut garder en tête.
01:03:21 On est en train de clôturer une phase, un chapitre, et il y en aura d'autres après.
01:03:26 Il faut que l'on continue à mettre en place cet investissement, ces petits projets, partout.
01:03:33 La lutte contre la haine, la discrimination, le racisme et les inégalités est au corps des principes du travail du gouvernement.
01:03:44 On le plaise à Christian qui estime que le gouvernement ne fait pas assez.
01:03:48 Le gouvernement s'efforce de lutter contre le discours de haine à chaque instant. Il est ce discours qui est sanctionné par la loi.
01:03:55 Nous savons que dans le Court pénal, il y a un article, l'article 241, qui prévoit des sanctions contre ceux qui utilisent ce type de discours.
01:04:05 Seulement dans notre pays, de nombreux dirigeants politiques articulent des discours négatifs, les accompagnant d'autres critiques visant notamment l'establishment.
01:04:15 Nous disons que nous sommes égaux devant la loi, mais vous savez qu'à l'épreuve des faits, l'interpellation d'un leader politique au Cameroun,
01:04:24 un leader politique présumé coupable d'avoir tenu des discours de haine, ça peut nous amener ailleurs.
01:04:32 On peut nous brandir au fait qu'on piétine un peu les libertés de presse.
01:04:36 Est-ce que ce n'est pas un élément bloquant, un élément qui ne va pas nous permettre d'avoir les résultats escomptés à partir de la répression ?
01:04:44 On se situe naturellement dans ce que j'ai appelé le discours de propagande, discours de propagande, discours de masse.
01:04:52 Et comment va-t-on faire la différence entre les deux, Dr Azab ?
01:04:55 La différence...
01:04:57 Comment sera que ce que Serge dit là relève de la propagande et ça, ça relève du discours de haine ?
01:05:04 On a parlé des acteurs politiques. On a parlé de l'arrestation, vous avez pris l'exemple de l'arrestation d'un acteur politique
01:05:12 et qui pourrait susciter justement un tollé, une émulation dans le sens d'un trav à la justice.
01:05:19 Il n'est pas difficile de reconnaître le discours de propagande. Il est essentiellement manipulateur. C'est ça la différence.
01:05:29 Le discours de propagande véhicule des messages qui ont pour vocation à plaire, non pas forcément des messages qui portent...
01:05:39 Qui le divisent.
01:05:40 Non, je voudrais dire que ce n'est pas un discours qui porte un message de vérité de manière téléologique.
01:05:49 Je dis que ce sera un message de division, comme c'est le cas avec les discours de haine. Ce sera un message de manipulation pour des intérêts partisans.
01:05:59 C'est ça la différence. Parce que ce sont des discours qui ne tiennent pas compte de la totalité, mais qui tiennent compte des particularismes.
01:06:08 A partir de ce moment, il est facile de les identifier.
01:06:11 Je pense qu'on peut facilement avoir une ligne rouge que les politiciens ne doivent pas traverser.
01:06:21 Soit le discours de manipulation, soit le discours de propagande.
01:06:28 Un politicien qui s'est engagé à faire un discours de haine ne peut pas indiquer qu'il fait de la propagande.
01:06:38 Le problème c'est que c'est vous qui allez encore crier à la repression de la liberté d'expression.
01:06:46 C'était justement ça le sens de la question.
01:06:48 Oui, c'est ça la difficulté qui existe dans un État qui se veut démocratique et qui pense que la liberté d'expression est un droit.
01:06:56 Or, dans la cohésion, tu vives ensemble. Il y a des limites à ne pas franchir. Il y a un respect, que ce soit au niveau de la collégialité, au niveau de la convivialité.
01:07:11 Il y a un respect de l'autre qu'il faut développer.
01:07:15 Et donc, si on pense qu'on doit tout se dire, ou alors on doit tout dire parce qu'on a la liberté d'expression, il y a un problème.
01:07:23 Parce que dans l'exercice de l'utilisation de la parole, il faut quand même que la parole utilisée dans l'espace public soit une parole mesurée,
01:07:34 une parole canalisée, une parole qui construit, non pas celle qui divise.
01:07:39 Et c'est ça le grand défi que nous avons en ce moment.
01:07:42 La gendarmerie tombe sur un leader politique qui organise un meeting et qui tient des discours haineux.
01:07:48 Serge, vous pensez que ce sera bien vu ? On ne va pas dire que les droits de l'homme on fait ci, on fait ça, on ne donne pas la parole aux politiciens, les artères sociales sont menacées au Cameroun.
01:08:00 À ce niveau, il faut...
01:08:03 Parce que c'est un peu le sens du propos du gouvernement. Quand le ministre de l'administration territoriale insiste sur la répression, c'est dans ce sens-là.
01:08:12 Personne ne doit être au-dessus de la loi.
01:08:14 Absolument. C'est pour cela qu'il faut aujourd'hui analyser systématiquement les discours des uns et des autres.
01:08:22 Il y a une voie interpellative, c'est-à-dire qu'on vous interpelle pour vous questionner sur le discours qui vient d'être tenu lors d'un meeting ou bien lors d'une manifestation publique.
01:08:31 Et dans ce sens, vous pouvez vous expliquer. Vous savez, il y a un débat idéologiquement marqué qui peut être mis en vitrine.
01:08:39 Ce qui peut être considéré comme discours manipulateur peut être expliqué par quelqu'un d'une autre façon.
01:08:48 Maintenant, on est là dans le jeu de perception. C'est pour cela qu'aujourd'hui, il y a ce qui peut davantage être châtié par l'article 241, l'INIA 1, que vous avez justement relevé,
01:08:59 à savoir qu'il est puni d'une peine d'emprisonnement d'un an à deux ans. Celui qui est coupable d'avoir tenu un discours outrageant à toute communauté culturelle, à toute ethnie, à toute tribu.
01:09:11 Maintenant, celui qui est chargé de faire appliquer la loi doit créer un ensemble d'indicateurs pour savoir ce qui est outrageant par rapport à une ethnie, par rapport à une communauté culturelle, par rapport à une tribu.
01:09:24 Et c'est sur la base de ce que le magistrat va faire appliquer en termes de loi que l'on va s'en sonner tel un jour ou tel autre.
01:09:30 Nous ne sommes que des acteurs. Mais maintenant, il y a un maître censeur qui est chargé de faire appliquer la loi.
01:09:37 Et c'est lui qui va justement cataloguer, soit négativement, soit positivement, le discours qui vient d'être tenu.
01:09:43 Mais maintenant, nous qui sommes justement des acteurs, socioportubés, des acteurs universitaires, nous avons le devoir de constater également que tel discours est stigmatisant.
01:09:54 Tel discours est réhabilisant et il faut interpeller tel individu à nous partenir de tel discours.
01:09:59 Maintenant, il faut que celui qui est chargé de faire appliquer la loi puisse trouver des sanctions adéquates à ce discours-là.
01:10:06 La justice doit avoir la main lourde sur les coupables de discours haineux.
01:10:11 Oui, effectivement, la justice doit avoir la main lourde.
01:10:17 Mais ce que j'aimerais dire, j'aimerais faire une typologie du discours de haine.
01:10:23 Généralement, il prend deux formes.
01:10:25 C'est Christian qui parlait de la ligne rouge.
01:10:28 Et cette ligne rouge, on la connaît.
01:10:31 Soit le discours élève du chauvinisme ethnique.
01:10:34 Nous sommes les meilleurs, nous sommes les plus grands travailleurs, nous sommes les plus beaux, et ainsi de suite.
01:10:40 Soit alors le discours devient outrageant.
01:10:43 Outrageant par rapport à une communauté.
01:10:45 C'est ce qui s'est passé avec M. Ebalé.
01:10:48 Lorsque vous allez dans les réseaux sociaux, vous lisez les commentaires des uns et des autres par rapport à son arrestation,
01:10:58 personne n'a dit que cet acte était mauvais.
01:11:01 Au contraire, les gens ont dit qu'il doit répondre, qu'il doit être puni.
01:11:06 Cela veut dire que de manière collective, de manière consciente ou inconsciente, nous connaissons la ligne rouge.
01:11:12 Nous connaissons la ligne rouge.
01:11:14 Donc l'État dispose des appareils de répression.
01:11:18 Il faudrait que ces appareils de répression fassent leur travail.
01:11:21 Si ces appareils de répression publique ne font pas leur travail,
01:11:25 alors on va voir émerger des appareils de répression privés.
01:11:29 Nous prenons le relevé de la presse et les faits d'actualité tel que traités cette semaine par les journaux.
01:11:35 C'est un travail mené par Laetitia Onana.
01:11:38 Discours haineux, tribalisme et xénophobie au Cameroun.
01:11:46 L'État brandit la carotte et le bâton face aux résistances observées, titre la nouvelle expression.
01:11:52 Cameroun Tribune, pour sa part, oppose une fin de non-recevoir à ces gangrènes,
01:11:57 véritables obstacles à la cohésion sociale et à l'unité nationale récemment célébrée.
01:12:03 Et pour que nul n'en ignore, le quotidien national bilingue est le jour,
01:12:08 expose les sanctions prévues par la loi et que le ministre de l'administration territoriale,
01:12:14 Paul Latang-Ngandji, compte bien appliquer.
01:12:17 On n'a pas fini d'appeler à la raison et au calme que des ententes au vivre-ensemble sont de nouveau relevées dans la presse.
01:12:24 Émergence est le jour, s'alarment des affrontements entre communautés Buluébamou Nassam et Lémandant-le-Sud,
01:12:31 tandis que mutations évoquent un film apocalyptique dans le Nord-Ouest,
01:12:35 suite à l'enlèvement d'une cinquantaine de femmes par des individus armés.
01:12:39 Si les victimes kidnappées ont été libérées et le calme de retour à Sankt-Mélima,
01:12:45 le gouvernement doit tout de même gérer une autre urgence signalée dans les hôpitaux publics.
01:12:51 Il s'agit bien de la grève du personnel soignant qui revendique selon mutations un statut et des mois d'aïrés de salaire.
01:12:59 Ce mouvement d'humeur tout le long de la semaine aurait compliqué à en croire le jour la prise en charge des malades.
01:13:06 En attendant les solutions d'une réunion de crise annoncée mardi prochain à la primature,
01:13:12 le service minimum se poursuit au centre des urgences de Yaoundé.
01:13:16 Une atmosphère maussade, voire crispée du corps sanitaire, qui rompt avec la joie de coton sport.
01:13:23 L'équipe est une fois encore championne des playoffs cette année, se réjouit l'œil du Sahel,
01:13:28 qui parle d'un 18ème sacre au moment où les forts camerounais continuent d'entonner l'hymne à l'unité nationale,
01:13:36 commémoré le 20 mai dernier. La revue de presse se referme, place au débat.
01:13:43 Il y en a dans les recherches documentaires, nous avons pu lire cela,
01:13:51 il y en a qui proposent des discours alternatifs comme solution au discours de haine.
01:13:56 Alors pour eux il faut des contre discours qui viseraient de manière directe à déconstruire et à délégitimer le discours de haine.
01:14:04 Il faut, comme on l'a dit tout à l'heure, passer par l'éducation, il faut peut-être sévir, il faut passer par la répression.
01:14:12 Mais est-ce que ces discours alternatifs peuvent avoir un impact dans le cas précis du Cameroun ?
01:14:19 Parce que nous avons encore du chemin.
01:14:21 Alors je vais répondre. Le problème de ces discours alternatifs, c'est leur légitimité, qui est porteur de ce discours.
01:14:35 Ceux qui portent les discours alternatifs doivent être eux-mêmes considérés comme des modèles et vus comme tels.
01:14:43 C'est dans ce sens-là que ce genre de discours peut justement avoir un impact.
01:14:48 Les acteurs, ça peut être effectivement des hommes politiques, ça peut être des artistes, ça peut être des grands sportifs.
01:14:56 Les médias également, qui sont dans d'autres pays généralement animés par des stars, vous savez, des grands journalistes.
01:15:04 Donc ce sont des gens qui ont une voix qu'ils portent, qui peuvent effectivement être considérés comme des modèles dans la société
01:15:12 et avoir un discours alternatif qui a un véritable impact sur les discours de haine.
01:15:17 Dans le champ médiatique au Cameroun, on peut avoir ce type d'acteurs qui portent un discours qui va contre le discours de haine.
01:15:25 Le Guardian Post, par exemple, vous pouvez essayer ?
01:15:28 C'est-à-dire que vous décidez pendant une semaine de publier des messages, par exemple, des messages qui luttent contre le discours de haine
01:15:36 et vous faites soutenir par des artistes, par d'autres personnalités. C'est possible ?
01:15:42 Of course, why not ? It's possible.
01:15:45 La réponse de Christian est assez rapide. Serge ?
01:15:51 Oui, c'est possible, c'est même faisable. C'est pour cela que nous avons le devoir de faire une certaine introspection
01:15:59 dans le jeu du travail médiatique que nous faisons au quotidien.
01:16:04 A savoir qu'on peut faire un travail d'évaluation. Après une semaine, on dit de lundi à dimanche,
01:16:10 qu'est-ce qui a été tenu comme propos choquants, soit par les journalistes, soit même par les différents acteurs que nous invitons régulièrement dans nos médias.
01:16:19 C'est pour cela que les responsables de la rédaction, les patrons de la rédaction, les patrons des médias,
01:16:27 devraient travailler de manière à rester en éveil systématique, vigilant, prudents et méfiants,
01:16:33 de manière à pouvoir répertorier tout ce qui a été tenu comme propos choquants, comme propos fiscaux, à l'endroit de tel ou bien de tel autre.
01:16:41 Et maintenant, on fait un catalogue que l'on peut publier à le début de la semaine pour dire que tel a fauté,
01:16:49 parce qu'il a tenu tel discours. On donne le nom, on dit le discours qu'il a tenu à telle émission ou bien à telle autre.
01:16:55 Cela va interpeller la conscience de tel ou tel, pour savoir que je ne dois plus tenir tel discours.
01:17:01 La prochaine fois que je serai invité à une émission, on a là une voix de conscience critique, de conscience de vérité critique,
01:17:07 de manière à ce que chacun puisse savoir que si j'ai failli aujourd'hui, demain je ne dois plus trébucher,
01:17:12 parce qu'en réalité je risque d'être sanctionné, ou alors je risque d'être mis de côté,
01:17:18 parce qu'aujourd'hui on a certains qu'on arrive pas à inviter dans les médias, parce qu'on sait que tel risque d'être,
01:17:24 de manière régulière, porté d'un discours de haine. Il faut donc inviter les autres et ne plus l'inviter.
01:17:29 Donc c'est cette sanction quotidienne que l'on doit faire, cette veille quotidienne que nous devons faire,
01:17:34 de manière à pouvoir réduire systématiquement ce discours de haine.
01:17:38 Je peux ajouter quelque chose à votre question. Je parle maintenant comme le président des directeurs de publications de journaux en langue anglaise au Cameroun.
01:17:49 J'ai toujours dit que la guerre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, ça s'est calmé un peu, parce que la presse écrite anglophone a joué un très grand rôle,
01:18:03 comme le secrétaire général vous dit, parce que si on avait pris le côté de l'autre côté pour passer le message,
01:18:13 ça devait être très très grave dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Mais on a réuni, on a fait des séminaires, on a parlé dans le rôle d'être responsable.
01:18:28 Le professeur avait cité Radio Mycoline à Rwanda. On a donné le cas. Si vous voulez que le Nord-Ouest et le Sud-Ouest soient comme Rwanda, ça dépend de vous.
01:18:39 C'est notre patrimoine, c'est notre région. Bon, je suis en train de vous dire, c'est comme ça qu'on a fait. Ce n'était pas parce qu'on aimait trop le gouvernement.
01:18:51 Parce que le problème que les anglophones posent dans ces pays, c'est réel. Mais nous, les médias, les journalistes anglophones,
01:18:59 on n'est pas d'accord avec la méthode que les séparatistes utilisent pour avoir la solution. Et c'est ce message-là qu'on a passé partout.
01:19:07 Et tous les directeurs de publication des journaux en langue anglaise, ils ont compris. Et c'est pour ça que les Amba Boys ou bien les séparatistes, ils sont chez eux, ils sont seuls.
01:19:19 C'est vrai que nous, après les Black Lives Matter, comme on disait ici, nous, on est contents parce que nous ne sommes pas coupables de tout ce qui est passé avant 2023 dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
01:19:30 Quel rôle, on va peut-être sortir par là, quel rôle doivent jouer, ce que Serge a appelé tout à l'heure, les organes consultatifs qui existent et qui travaillent justement pour cette question-là,
01:19:39 la Commission nationale de promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, le Conseil national de la communication, il y a d'autres entités qui existent et qui travaillent.
01:19:48 Quel rôle, Dr. Azzap, ces entités doivent jouer à ce moment précis où nous décrions tous la montée des discours de haine ?
01:19:56 Le rôle est essentiellement normatif puisque, comme Serge l'a relévé tout à l'heure, je ne suis pas sûre que ces organes aient des moyens de répression.
01:20:05 Ça veut dire qu'ils doivent contribuer au développement d'un discours, comme vous l'avez dit, alternatif.
01:20:15 Mais comme vous l'avez également relévé, le discours alternatif doit être porté par quelqu'un, par des personnes qu'on peut écouter.
01:20:24 Il ne s'agit pas seulement de parler, il s'agit d'avoir aussi la légitimité d'être écouté.
01:20:30 Vous vous souvenez bien que quand Gandhi, à travers sa non-violence, a effectivement exprimé ce discours alternatif, la légitimité qui était la sienne était celle de l'aura qu'il représentait.
01:20:45 Et donc, il a été suivi. Donc je crois que le discours, l'action est d'abord normative.
01:20:53 Et puis, avec la bonne volonté de chaque composant, on peut y arriver.
01:21:00 D'ailleurs, moi, dans mes travaux académiques, je postule pour ce que j'appelle le pacte d'avenir commun.
01:21:05 C'est-à-dire que nous devons arriver à un moment de notre histoire où nous acceptons volontairement.
01:21:14 Volontairement, à travers un pacte de progresser, de vivre ensemble, d'accepter l'union. Pas seulement l'unité, mais l'union véritable.
01:21:23 Il ne s'agit plus de penser un avenir où peut-être les communautés sont séparées. Il ne s'agit plus de penser des individualités, mais de penser véritablement une union du Cameroun de manière globale.
01:21:37 C'est ça le pacte d'avenir commun, en définissant des valeurs qui nous seront propres et qu'on accepterait dès le départ, pour ne plus avoir à faire à des distorsions, des déviances, des accidents ou des incidents comme ceux auxquels nous faisons face en ce moment.
01:21:53 Je veux juste ajouter, pour répondre à votre question, soit sur la commission mousongaise, soit sur le NCC, ou bien le CNC, comme on l'appelle en français, il doit mettre au travail.
01:22:10 Il doit au travail aussi.
01:22:12 Oui, il ne travaille pas. Surtout la commission mousongaise, parce que la fête des discours de haine, c'est un des rôles principaux. C'est la raison pour laquelle le président a créé cette commission.
01:22:25 Et quand vous dites qu'il doit se mettre au travail, vous attendez qu'il fasse quoi exactement ?
01:22:30 Il doit, il doit, il doit, il doit, oui, ça veut dire, parce que j'ai l'impression qu'il n'y a pas beaucoup de sensibilisation. Il doit être sur le terrain.
01:22:40 N'oubliez pas que la commission mousongaise créée en cause de la, c'était une solution que le gouvernement avait sorti pour résoudre le problème nord-ouest et sud-ouest.
01:22:49 En 2017.
01:22:50 En passant par là, pour résoudre le même problème dans d'autres régions qu'on n'a pas encore vus. Donc c'était pour arrêter ce genre de choses.
01:22:58 Mais si pendant cinq ans, vous êtes là, et on voit que la dispute de haine, c'est motif, ça veut dire qu'ils ne font pas le travail.
01:23:07 Mais est-ce que cette responsabilité, on peut uniquement l'attribuer à la commission ?
01:23:15 Madame, si vous êtes le gouvernement comme coach du Cameroun, quand on était battus pendant le début, la responsabilité c'était pour le coach.
01:23:23 Non, ce que je veux dire, vous ne me comprenez pas.
01:23:25 Vous ne pouvez pas dire qu'Aboubaka n'avait pas manqué, il parle de la commission mousongaise, parce que ça c'est l'héros principal.
01:23:30 Ce que je veux dire, hein, monsieur Christian, ce que je voudrais dire, c'est que quand on parle de discours, on parle de communication, et qu'on parle d'espace de communication.
01:23:43 Et dans ce sens, les médias, il faut maîtriser les médias. Quand je parle des médias, vous êtes un homme des médias, il faut maîtriser les réseaux sociaux.
01:23:51 Peut-être que c'est à ce niveau que l'État doit encore intervenir pour reprimer, pour contrôler, pour gérer l'espace public.
01:23:58 Parce que l'espace public est un espace de prise de parole, c'est vrai, mais c'est un espace qui doit également être encadré.
01:24:04 Et c'est dans les réseaux sociaux, aujourd'hui, qu'on vit de manière radicale cette distorsion du discours.
01:24:15 C'est ce que je veux dire.
01:24:18 Je vais vous dire en anglais, madame, si vous pouvez m'entendre. Je suis très clair sur ce point.
01:24:25 L'État a créé plusieurs institutions pour gérer des questions spécifiques dans ce pays.
01:24:30 Vous ne voulez pas que le gouvernement crée une institution pour gérer un journalisme responsable comme le NCC.
01:24:37 Et puis le ministre de la Communication est en train de fermer les stations de télévision.
01:24:41 Non, chaque institution a un rôle important à jouer dans ce pays.
01:24:45 Et la Commission de Bilingualisme a été créée pour soutenir la nationalité et la cohésion sociale.
01:24:52 Et si aujourd'hui, on observe que la xenophobie est en train de se développer,
01:25:00 cela signifie que cette institution a failli vivre à ses expectations.
01:25:04 Arrêtons de nous appeler le gouvernement, le président de l'État.
01:25:07 Non, ils ont assez de moyens pour combattre ces faibles.
01:25:10 C'est ce que je viens de dire.
01:25:12 Je vous comprends très bien.
01:25:15 Mais après, la Commission viendrait également dans nos chambres, dans nos maisons pour arrêter les discours de haine qui commencent dans nos maisons.
01:25:21 C'est ça ma question.
01:25:23 Moi, je pense qu'il faudrait qu'il y ait une coalition des rangs consultatifs dans la dynamique de lutte contre les discours de haine.
01:25:29 Vous avez la Commission pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme.
01:25:32 Vous avez le Conseil national de la communication.
01:25:34 Et vous avez également la Commission nationale des droits de l'homme du Cameroun.
01:25:37 Je pense qu'il faut que nous puissions, de manière collégiale, chaque fois répertorier ces discours de haine et de servir, comme on le disait tantôt, à ces services de renseignement qui sont chargés d'interpeller tel et de les auditionner,
01:25:49 quitte à faire appliquer la loi, travail qui est dévoué notamment par le magistrat.
01:25:53 On a vu tout récemment, lorsque le professeur Claude Abbé, pour ne pas le nommer, a tenu un discours choquant.
01:25:59 C'est le professeur James Mangekobula qui l'a interpellé à travers une lettre d'observation critique par rapport au discours qu'il a tenu.
01:26:05 C'est vrai que le professeur Abbé, lui également, a réagi en tant que scientifique.
01:26:09 Mais ça montre évidemment que chaque fois qu'on va constater tel discours de haine tribale, il va falloir que chaque commission, chaque organe travaille de manière à servir des lettres de mise en demeure,
01:26:20 des lettres d'observation critique et des sanctions qui devraient être appliquées par ces services de renseignement ou bien par les magistrats qui doivent se servir dans ce sens.
01:26:29 Et on ne peut pas oublier que d'autres réseaux de socialisation primaires et secondaires devraient également entrer en ligne de compte.
01:26:36 Oui, le docteur Azza parle de la famille.
01:26:38 La famille, la famille qui est une institution de formation de base des individus.
01:26:42 Nous avons également un devoir interpellatif à travers la progenitude qui est là, qui peut également...
01:26:47 Vous savez, aujourd'hui, nous sommes face à des masses et des termomédias.
01:26:51 Les enfants ne sont plus systématiquement contrôlés par des parents, puisqu'ils ont une capacité d'éveil critique de manière à ouvrir les réseaux sociaux.
01:26:59 Et tel discours peut être tenu par tel sans que l'enfant ne maîtrise même la portée négative d'un tel discours.
01:27:07 Nous avons également un devoir de contrôle d'éveil dans nos familles, dans les écoles, dans les universités, au niveau de l'État, de même que dans d'autres structures non de moindre.
01:27:16 Oui, c'est ce que je voulais dire, le professeur Abounaï et moi, dans la communication que nous avions faite justement lors du colloque dont vous avez parlé,
01:27:25 avons travaillé sur la construction du discours de haine et de la belligérance.
01:27:30 Nous nous sommes rendus compte que, par rapport à cette idéologie de la haine, il y a des appareils idéologiques qui existent,
01:27:40 qui font la promotion du discours de haine. Et si nous avons alternativement au discours de haine, c'est le docteur Azza qui parlait,
01:27:50 d'une norme au niveau discursif, donc nous avons plutôt une idéologie de l'unité nationale, une idéologie de la paix,
01:28:03 alors nous avons des instruments qui peuvent justement être utilisés pour promouvoir cette idéologie.
01:28:09 Vous avez les écoles, vous avez les églises, vous avez les masses médias.
01:28:14 Donc il faut d'abord trouver une norme dans le discours alternatif et trouver justement les appareils idéologiques qui vont diffuser ce discours normatif
01:28:27 sur lequel nous devons nous entendre. C'est pour ça que j'ai aimé son concept de pacte d'avenir commun,
01:28:33 parce que pour moi, ça pose une fois de plus le problème de l'identité. Qui sommes-nous ? Où voulons-nous aller ?
01:28:40 Et pour cela, ça veut dire que nous devons nous asseoir et trouver dans ce pacte pour nous projeter dans l'avenir.
01:28:47 Absolument, je suis d'accord avec le professeur. Pour revenir à la question de l'anthropologie politique, c'est-à-dire que quand on pense l'État,
01:28:55 et vous le verrez chez tous les concepteurs de l'État, notamment les contractualistes, vous verrez qu'avant d'élaborer,
01:29:04 de faire une proposition sur ce que l'État devrait être, ils ont commencé par un apprentissage de ce qu'est l'homme, la nature de l'homme,
01:29:15 parce qu'on ne construit pas un État pour que des animaux y habitent. Ce sont les hommes qui doivent habiter ces États.
01:29:22 Mais il faut connaître le type d'homme, la nature de l'homme des hommes qui habitent ces États.
01:29:27 Et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, à ce niveau, il faut également penser à promouvoir cette volonté avérée,
01:29:36 je dis avérée, dans la formation à l'union, à partir de l'éducation, comme je l'ai dit.
01:29:42 Parce que pour finir, je vous dirais toujours que le discours philosophique est un discours axiologique.
01:29:48 Nous arrivons au terme de cette édition de scène de presse. Merci à vous Dr Azap, merci d'être venu.
01:29:54 Merci à vous de m'avoir invité.
01:29:55 C'est moi qui vous remercie.
01:29:57 Serge et Christian, merci d'avoir meurt sur rendez-vous.
01:30:00 Merci pour m'inviter.
01:30:01 Merci pour vous qui prenez la peine de nous regarder à la maison.
01:30:04 Et s'il plaît à Dieu, nous nous retrouvons dimanche prochain. Bonne suite de programme sur la CRTV.
01:30:09 Merci.
01:30:10 [Musique]