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Questions Economiques du 15 Aout 2024

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00:00:00♪ Générique de fin ♪
00:00:14Madame, Monsieur, bonsoir et bienvenue à cette édition des questions économiques aucun nuage
00:00:20sur la crédibilité de la signature du Cameroun dans les marchés financiers nationaux et même internationaux.
00:00:27La preuve, le Cameroun vient de clôturer un emprunt obligataire de 336 milliards de francs CFA à Londres.
00:00:34L'opération conduite avec succès par le ministre des Finances, lui, Paul Moutazé, est un bol d'air pour les PME camerounaises
00:00:42mais augure-t-elle des perspectives heureuses pour la croissance du Cameroun ?
00:00:47Question à Hubert Otele et Somba, notre invité du soir, expert financier.
00:00:52Il va également nous éclairer sur la divergence d'opinion entre la COBAC et la CEDEC
00:00:58à propos du transfert des avoirs en déshérence dans les banques, micro-finances
00:01:03et établissement de paiement dans les livres de la Caisse des dépôts et consignations.
00:01:09Bonsoir et bienvenue.
00:01:10Merci, bonsoir Madame.
00:01:12Alors, le Cameroun a émis avec succès et à des conditions favorables un emprunt obligataire d'un montant de 335 milliards de francs CFA.
00:01:21À Londres, quel est le regard que l'expert financier jette sur ce succès, sur cette victoire du gouvernement camerounais menée par le ministre des Finances, Paul Moutazé ?
00:01:35Alors, le montant précis est de 332 milliards compte tenu de la valeur du dollar au moment de l'émission de l'emprunt obligataire, c'est-à-dire le 24 juillet, je pense bien.
00:01:47Alors, c'est un placement privé, c'est-à-dire qu'il y a eu une banque, la Citibank, pour ne pas la citer, qui a donc été mandatée par le gouvernement camerounais
00:01:57de faire un placement privé au prétexte d'un certain nombre d'institutionnels, d'investisseurs institutionnels choisis par elle avec une autre entreprise
00:02:06qui l'a aidée dans l'arrangement de ce montage-là.
00:02:10Donc, le Cameroun sollicitait 550 millions de dollars suite à l'ordonnance du président de la République de modifier la loi des finances 2024
00:02:22parce qu'on avait besoin de ressources supplémentaires, de ressources additives pour financer un certain nombre de dépenses et notamment les dépenses intérieures.
00:02:30Donc, pour cette situation de demande de liquidité, c'était une très bonne chose, ça ne me pose pas de problème d'ailleurs, je vous l'ai toujours dit,
00:02:38moi je suis pour l'emprunt pour financer, mais le bon emprunt pour financer les infrastructures de développement et pour booster la croissance.
00:02:45Et dans le cas d'Espèces, cet emprunt, ces 550 millions de dollars, 332 milliards plus précisément qui vont entrer dans les caisses de l'État,
00:02:54vont donc financer tout ce qui concerne la dette intérieure, principalement, à près de 90% du montant levé.
00:03:02Et en finançant la dette intérieure, ça donne un bol d'air au PME.
00:03:07On va y arriver, je voudrais que vous arrêtiez, si vous le permettez, que vous arrêtiez une minute sur le contexte et les conditions de taux
00:03:16et même de monnaie de cet emprunt obligataire par rapport à ce qui se fait sur le marché financier par cet an 2017.
00:03:26Écoutez, le marché monétaire local n'a pas suffisamment de profondeur, c'est pour ça que le Cayman a allé à l'international.
00:03:34Quand vous dites qu'il n'a pas suffisamment de profondeur, c'est-à-dire quoi ?
00:03:37Il n'y a pas suffisamment de liquidité pour pouvoir accompagner les emprunteurs que sont les États, par exemple, au niveau de la zone du CEMAC.
00:03:47L'ABAC fait déjà des injections, a recommencé à faire des injections pour les banques, mais il n'y a pas suffisamment de liquidité.
00:03:55Par conséquent, il faut aller sur le marché international.
00:03:57Et sur le marché international, le taux est fixé, le taux d'intérêt et des obligations à long terme, dont les taux à long terme,
00:04:05qui sont les taux qui sont appliqués pour les obligations d'État généralement à maturité de 10 ans à moyenne,
00:04:11est tel qu'aujourd'hui, par anticipation inflationniste, les taux sont élevés.
00:04:17Première chose, première raison.
00:04:19Deuxième raison, c'est que, vous vous souvenez, le Cayman a eu sa note qui a été dégradée, sa note souveraine,
00:04:25qui a été dégradée en début d'année.
00:04:27On a retrouvé...
00:04:28Par les agences de notation.
00:04:30Par les agences de notation, Maudit, Standard & Poor's, ça a été remonté, ça a été remonté,
00:04:34et nous avons retrouvé un certain niveau de bonnes signatures sur le marché, un certain niveau de bonnes signatures, je m'entends.
00:04:42Alors, à partir de cet instant, quand nous allons sur le marché, nous faisons face à des taux, qui sont les taux actuels.
00:04:49Nous avons emprunté à 10,75%.
00:04:52C'est le montant du taux.
00:04:54Pour une durée de 7 ans.
00:04:55Pour une durée de 7 ans. 10,75%, c'est élevé.
00:04:58Je veux dire que si vous faites un calcul mécanique, 10,75%, c'est presque 11%,
00:05:03sur 7 ans, vous allez rembourser à peu près le principal, plus 75 à 77% du principal au bout de cette année.
00:05:12Mais sauf que vous étalez la dette sur une période plus ou moins longue,
00:05:16et que la liquidité que vous avez, l'entrée de cette liquidité, va vous permettre de résoudre un problème ponctuel
00:05:21pour lequel le FMI nous a dit, pour assurer un nouveau décaissement pour le budget du Cameroun,
00:05:28il fallait absolument que nous réglions, nous assignions les dépenses intérieures, la dette intérieure, et les restes à payer.
00:05:36Les restes à payer qui sont des montants sur une année, qui souvent ne sont pas soldés,
00:05:41et qui sont reportés sur l'année suivante, et souvent même sur plusieurs années.
00:05:47Ce qui crée donc une dette, une longue dette, qui pénalise souvent l'État.
00:05:55Donc par conséquent, vous allez voir que la dette du Cameroun,
00:05:59telle que la conjoncture, la caisse autonome d'amortissement le donne, augmente chaque fois.
00:06:06Mais quand elle augmente, vous verrez qu'il y a deux types de dettes.
00:06:09La dette intérieure et la dette extérieure.
00:06:11La dette intérieure représente à peu près 70%, la dette extérieure 70%, la dette intérieure 30%.
00:06:19Mais ces 30%, ce sont les PME.
00:06:21Vous allez voir qu'un pays comme le Japon, qui a la dette mondiale la plus élevée, plus de 220% de son PIB,
00:06:29est détenue par les nationaux, par les entreprises nationales.
00:06:32Donc par conséquent, lorsque la dette est détenue par les entreprises nationales,
00:06:35et que vous la payez, vous donnez de la trésorerie supplémentaire à ces entreprises-là,
00:06:40qui vont participer, elles aussi, à enclencher la consommation et donc relancer la croissance.
00:06:46Et chaque fois, il faut le dire, nous avons besoin, nous, pour que nous puissions financer nos infrastructures
00:06:52et arriver à un certain niveau de développement,
00:06:55il nous faut avoir une croissance en Afrique beaucoup plus rapide que le reste du monde,
00:06:59c'est-à-dire de 7 à 10%.
00:07:01Aujourd'hui, nous sommes à peu près 3-4%, donc il faut des financements, il faut de la liquidité.
00:07:05Alors, est-ce que vous pensez que c'est une bonne affaire ?
00:07:08Vous avez parlé des conditions de cette dette, 10,75% pour une durée de 7 ans.
00:07:14Est-ce que c'est une bonne affaire pour notre pays par rapport aux pays qui y sont passés avant nous,
00:07:19notamment le Sénégal et je crois également la Côte d'Ivoire ? Est-ce que c'est une bonne affaire ?
00:07:23Alors, pour des pays d'économies comparables à notre, semblables, on va dire ça comme cela,
00:07:28la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Bénin sont passés.
00:07:31La Côte d'Ivoire a élevé, je pense, 2,9 milliards, beaucoup plus que nous,
00:07:352,9 milliards avec deux maturités, une maturité en avant et une maturité à 13 ans,
00:07:40avec un taux inférieur à celui qui a été pratiqué chez nous.
00:07:45Le Sénégal, même chose, prend un taux aussi autour de 7%, entre 6 et 7%.
00:07:50Le seul qui a eu un taux aussi élevé que nous, c'est le Kenya pour cette année.
00:07:55C'est le Kenya, mais le Kenya a une situation politique qui l'expose à une dégradation de sa note financière
00:08:03qui fait en sorte que ces taux, par cet effet-là, vont être soignés des taux élevés.
00:08:09Mais chez nous, j'ai vu qu'ils sont à 15%, nous étions en pression.
00:08:15Il fallait les prendre, il fallait prendre ces liquidités-là immédiatement et les conditions…
00:08:19Mais on n'a pas été servi également par les notes des agences de notation, même si après, il y a eu un ajustement.
00:08:26Oui, il y a eu un ajustement. Les notes actuelles ne sont pas si mauvaises que ça, elles sont des notes de stabilité.
00:08:33Mais les 10,75% posent quand même un problème, parce que sur 7 ans, ça veut dire que nous allons envoyer un service de la dette élevée.
00:08:40De l'envoyer en service de la dette élevée, premièrement, et deuxièmement, il y a un autre effet,
00:08:44c'est que cette dette est libérée en dollars, donc vous avez un risque de change.
00:08:48Et d'ailleurs, ce risque de change, vous le constatez dès la souscription même,
00:08:52parce que nous voulions 550 millions de dollars qui correspondaient, au moment où le président signe la relance, à 336 milliards.
00:09:02Le moment effectif de la souscription, ce n'est plus que 332 milliards,
00:09:05dont il y a eu une perte de change de 4 milliards de francs CFA.
00:09:09Une perte de change de 4 milliards qui pourrait encore continuer si le dollar venait à augmenter.
00:09:15Si le dollar augmente, qu'est-ce qui va se passer ?
00:09:17Si le dollar augmente, nous allons payer plus, nous allons rembourser plus fort.
00:09:21Si le dollar baisse, c'est une bonne chose, c'est une bonne chose pour nous.
00:09:25Donc il faut, derrière cela, qu'il y ait des fonds de couverture, des produits de couverture.
00:09:29Je prends l'exemple des swaps, des swaps de monnaies.
00:09:34Pouvoir passer du dollar, par exemple, à l'euro.
00:09:37L'euro qui est une monnaie stable par rapport à nous, avec toutes les conventions que nous avons dans la zone euro.
00:09:45Mais de toutes les façons, c'est un bol d'air pour les PME cammonnaises, vous l'avez déjà dit.
00:09:50Ah oui, bien sûr, c'est un bol d'air pour les PME cammonnaises qui vont avoir de la trésorerie, qui vont pouvoir se relancer.
00:09:56Et en même temps, ça permet à l'État... Alors il y a un effet de levier, comme on dit en finance.
00:10:01L'effet de levier, c'est quoi ? C'est qu'en empruntant, on règle la dette intérieure.
00:10:06En réglant la dette, nous faisons la gestion de la trésorerie, là.
00:10:09En réglant la dette intérieure, nous l'étalons, donc.
00:10:13Le montant reste pareil, c'est que nous avons emprunté pour régler une dette.
00:10:17Donc le nouveau montant nous permet d'étaler ce que nous devions payer immédiatement sur une période plus longue.
00:10:24Et en même temps, ça permet aux FMI, qui voient que nous avons donc apuré cette dette intérieure, une partie de cette dette intérieure,
00:10:31ça permet aux FMI de nous redébloquer, de nous décaisser 240 milliards derrière.
00:10:37Donc c'est une bonne chose, mais le seul élément qui peut être interprété de manière diverse, c'est le taux.
00:10:46Très élevé. Il est très élevé.
00:10:48Et la période est une période normale, 7 ans, c'est normal.
00:10:53Les autres pays ont été sur des périodes beaucoup plus longues, 9, 13 ans, Côte d'Ivoire, Sénégal, Bénin également, le Kenya également.
00:11:03Leurs périodes sont beaucoup plus longues que celles du Canada.
00:11:05Mais est-ce que ce taux-là n'est pas également dû aux conditions du marché actuellement ?
00:11:10Est-ce que la température des marchés financiers actuels ne favorise pas cet état de chose ?
00:11:17Bien sûr. La conjoncture actuelle est telle que les taux sont élevés.
00:11:21Et quand les taux sont élevés, c'est l'Afrique qui en pâtit le plus.
00:11:24C'est l'Afrique qui en pâtit le plus.
00:11:26Donc nous en prenons encore beaucoup plus cher que les pays développés, que les pays de l'OCDE, etc.
00:11:31Je vous ai dit tout à l'heure, les anticipations inflationnistes font en sorte qu'on puisse se retrouver avec des taux.
00:11:40C'est-à-dire que les épargnants, qu'est-ce qui donne l'argent ?
00:11:43Ce sont des épargnants, ce sont des investisseurs institutionnels qui donnent l'argent.
00:11:46Et ils anticipent sur le fait que s'il y a une grande circulation monétaire, il va y avoir une baisse.
00:11:57C'est le fait que l'eau fait la demande. Il va y avoir une baisse des taux.
00:12:00Mais s'il y a moins de circulation monétaire, les taux vont être élevés.
00:12:06Donc pour eux, ils regardent quel va être leur rendement.
00:12:10Quel va être leur rendement à l'année et sur les sept prochaines années pour pouvoir fixer le taux.
00:12:17Mais en même temps, ils se négocient par rapport à la qualité des signatures du pays,
00:12:22par rapport à la qualité de la gestion des finances publiques du pays
00:12:27qui permet de faire en sorte que tel pays plutôt que tel autre puisse négocier des emprunts qui soient à des taux élevés ou moins élevés.
00:12:36En tout cas, le communiqué du ministre précise que la crédibilité de la signature du Cameroun ne souffre de rien.
00:12:44Et c'est peut-être pour cela que nous avons pu mener cette opération avec succès.
00:12:48Je vous propose d'écouter le ministre des Finances, lui, Paul Motazé, au sortir de ce succès justement.
00:13:06Je suis très heureux de travailler avec vous, de continuer à voir quelles sont toutes les solutions que nous pouvons apporter au pays,
00:13:14qui est en train de s'adresser à beaucoup de problèmes.
00:13:17Et je peux dire que ce que nous avons fait, la transaction d'aujourd'hui,
00:13:22ce que nous avons fait est un bon chemin sur la voie de résoudre les problèmes que nous faisons.
00:13:29Donc, je suis très heureux et vous m'avez donné la confirmation qu'en sortant de cette porte, j'aurai l'argent dans mon poche.
00:13:39Quand je dis mon poche, ce n'est pas mon poche individuelle. Je ne sais pas si vous comprenez ça.
00:13:45Mais cela signifie que le gouvernement aura ce qu'il est venu chercher ici.
00:13:50Et je voudrais vous remercier une fois de plus. Je voudrais remercier le groupe de la ville, je voudrais remercier les investisseurs,
00:13:55je voudrais vous remercier et je voudrais féliciter mes collaborateurs qui ont fait un très bon travail. Merci.
00:14:02Retour sur ce plateau. Nous venons d'écouter le ministre des Finances qui remercie tous les opérateurs économiques,
00:14:10tous ceux qui ont contribué au succès de cette opération, notamment les arrangeurs, ses collaborateurs, etc.
00:14:18Alors, vous avez commencé à parler de la croissance dans la première partie de l'émission.
00:14:25Quel peut être l'impact d'une opération comme celle-ci sur la croissance du Cameroun,
00:14:31sachant, comme vous l'avez dit, que c'est un bol d'air pour les PME camerounaises qui peuvent donc mieux se redéployer ?
00:14:42L'impact est réel. Même si, pour l'instant, on ne peut pas le chiffrer. Il faudrait qu'on travaille beaucoup plus dessus.
00:14:49Mais l'impact est réel parce que, regardez, les PME représentent la majorité des emplois de notre pays, les PME.
00:14:59Deuxièmement, les PME représentent un chiffre assez important dans le PIB, dans la condition du PIB de notre pays.
00:15:07Donc, lorsque vous leur donnez une plus grande capacité d'agir, de régler la facture également, de régler les emprunts,
00:15:13d'avoir une solvabilité financière, cela va leur permettre d'investir parce qu'ils auront de la trésorerie.
00:15:19Ça va leur permettre d'investir. Et s'ils investissent, ils vont créer de l'emploi. S'ils créent de l'emploi, ils vont créer de la croissance.
00:15:25Ils vont créer de la consommation. S'il y a de la consommation, ça va relancer la croissance.
00:15:31Et lorsque la croissance va être relancée, il va y avoir donc cette baisse actuelle de l'inflation, parce que nous avons une inflation qui est relativement élevée.
00:15:42Alors, il faut absolument que la dette intérieure... Moi, je suis pour que la dette intérieure soit réglée.
00:15:50Mais je suis également pour qu'on prenne encore plus de dettes, mais la bonne dette, et qu'elle soit dirigée vers les PME cambronnaises,
00:15:58vers celles-là qui créent de l'emploi, vers celles-là qui créent de la richesse, pour pouvoir impulser véritablement la croissance d'un autre pays.
00:16:05Il y a des études. Les dernières études, que ce soit celles de la BAD ou celles de la Banque mondiale, révèlent qu'à cause des changements climatiques,
00:16:13vous avez vu il y a 24 heures ou 48 heures, nous avons eu un éboulement de terrain sur la route Yabassi-Bonipopa.
00:16:22Donc les changements climatiques ont un impact réel sur l'économie. Il faut pouvoir anticiper ça. Il faut investir au niveau des changements climatiques.
00:16:29La Banque mondiale dit qu'il faut à peu près, pour lutter contre les changements climatiques sur une période de 3-4 ans,
00:16:35il nous faut à peu près mobiliser chaque année en Afrique un peu plus de 400 milliards. Un peu plus de 400 milliards.
00:16:42La BAD dit qu'il faut mobiliser plus de 250 milliards de dollars pour atteindre les objectifs de développement définitif.
00:16:52Donc les PME, au sein de ce besoin de liquidité, au sein de ce besoin d'investissement infrastructurel,
00:17:04sont également là pour pouvoir accompagner les politiques publiques en investissant dans le secteur privé,
00:17:10mais aussi en investissant sur les marchés publics qui peuvent leur être confiés.
00:17:15Il y a cet impact sur la croissance, mais il y a également un impact sur la dette qui va augmenter, comme vous l'avez dit.
00:17:22Oui, naturellement. La dette va augmenter. En tout cas, le service de la dette va augmenter.
00:17:29Pourquoi ? Parce que nous avons changé, il y a un effet mécanique.
00:17:33C'est-à-dire qu'on devait l'argent aux entreprises locales, et il les reste à payer au niveau du budget de l'État.
00:17:39Et cet argent-là, bref, nous avons pris de la dette pour payer la dette.
00:17:45Mais sauf que la dette que nous avons prise cette fois-là est une dette qui est à taux de 10,15%.
00:17:51Ce qui veut dire que le service de la dette va mécaniquement, je dirais même fatalement, augmenter.
00:17:59Et d'autant plus que nous avons encore besoin de trésorerie.
00:18:03Heureusement que nous avons les partenaires multilatéraux qui sont là, Banque mondiale, FMI,
00:18:11qui vont apporter dans le cadre du programme d'ajustement avec eux, de la trésorerie auquel nous avons accès.
00:18:20C'est pour ça qu'il est important que la croissance se suive pour pouvoir gérer le service de la dette.
00:18:26Oui, naturellement, la croissance doit suivre pour gérer le service de la dette.
00:18:30Pourquoi ? Parce que cette dette à 10,15%, nous devons avoir le return on investment.
00:18:36C'est-à-dire que pour pouvoir rembourser, nous devons avoir non seulement le capital, mais également les intérêts.
00:18:44Donc, cette dette doit produire un effet de croissance qui permette à l'État d'avoir des revenus supérieurs à un rendement de 10,15%.
00:18:56Donc, les entreprises qui vont avoir de la liquidité dans la trésorerie vont pouvoir encore mieux prester et mieux travailler avec l'État du Cameroun.
00:19:05Mais justement en parlant, je voudrais qu'on s'arrête sur cette croissance-là dont on parle.
00:19:11Et il est clair, vous l'avez dit il y a quelques instants, il est clair qu'on doit aller vers une croissance à deux chiffres,
00:19:16ou tout au moins tutoyer une croissance à deux chiffres.
00:19:19Comment on fait ? Au-delà, on va marquer une petite pause, au-delà de ce qui est attendu des PME qui vont pouvoir rentrer dans l'offre à travers cet emprunt obligataire,
00:19:31qu'est-ce qu'il faut faire au niveau du Cameroun pour accélérer cette croissance ?
00:19:36Il y a la SND30, c'est vrai, mais de manière concrète.
00:19:39Quels sont les leviers sur lesquels on peut s'appuyer ?
00:19:42Quels sont les leviers qu'on doit actionner pour que cette croissance-là, j'ai envie de dire, aille plus vite et qu'on le ressente à travers le développement, par exemple ?
00:19:52Madame Lucrez Mebanga, l'investissement, l'investissement public, l'investissement privé.
00:19:59Il faut investir, il faut investir dans les infrastructures pour rattraper le retard que l'Afrique a.
00:20:06C'est ce que la BAD dit tous les jours, c'est ce que la Banque mondiale dit tous les jours.
00:20:10Il faut investir dans les infrastructures, les infrastructures énergétiques, les infrastructures de transport, mais également la formation.
00:20:19La formation dans des métiers techniques, la formation dans les métiers d'ingénierie, la formation dans les métiers de technologie,
00:20:25la formation dans les métiers scientifiques, où nous pouvons avoir du personnel, du capital humain qui peut faire de la recherche.
00:20:33Je vous donne un exemple.
00:20:36Les plus grandes capitalisations boursières au monde sont les entreprises qui consacrent,
00:20:42ce n'est pas un secret, sont les entreprises qui consacrent le plus de fonds à la recherche, développement dans les entreprises.
00:20:49Ce sont les mêmes. Ce sont les mêmes Google, Apple, Amazon, etc. Ce sont les mêmes.
00:20:56Les pays les plus forts économiquement au monde sont les pays qui consacrent le plus d'argent à la recherche scientifique.
00:21:04États-Unis, Chine, Allemagne, Inde, il n'y a pas de secret là-dessus.
00:21:09Par conséquent, nous devons vraiment travailler au niveau de la recherche, développement, la recherche scientifique.
00:21:17Et c'est pour ça que certaines politiques, notamment la politique d'impôt-substitution, sont de bonnes politiques.
00:21:22Il faut pouvoir produire localement. Il faut produire localement et baisser la balance commerciale de notre pays.
00:21:27La balance commerciale de notre pays, ipso facto, la balance des paiements également.
00:21:32Et que dit balance des paiements, dit besoin de devises.
00:21:36Les besoins de devises sont tels que nous avons aujourd'hui un déficit.
00:21:40Nous avons, je ne sais plus les bons chiffres, mais je pense que nous n'avons en réserve que peut-être 3 à 4 mois de devises au niveau des importations.
00:21:48Donc, vous voyez qu'il y a un certain nombre de mesures à prendre. Mais pour qu'il y ait ces mesures-là...
00:21:52Il est important de produire davantage, de transformer, de pouvoir exporter.
00:21:56Bien sûr, bien sûr. Il faut produire.
00:21:58Regardez les pays de la visite du sud-est. Qu'est-ce qui a fait la force des pays de la visite du sud-est,
00:22:02qui étaient au même niveau que nous certains, Malaisie, etc., au moment des indépendances en 1960.
00:22:07Ce sont des pays, vous avez remarqué que la structure économique de ces pays est basée sur deux choses.
00:22:12Deux choses fondamentales. Premièrement, un commerce extérieur florissant.
00:22:17Donc, ce sont des gens qui exportent beaucoup.
00:22:19D'ailleurs, le financement de la Chine, ce sont les excédents extérieurs qui permettent à la Chine de pouvoir se financer,
00:22:28financer, prendre les bons de trésor américains.
00:22:32Donc, les pays de l'Asie du sud-est, je vous le disais, ont eu, non seulement un commerce extérieur florissant,
00:22:38et deuxièmement, un marché financier efficient, un bon marché financier.
00:22:43Ce sont les deux conditions économiques qui ont permis le développement de l'Asie du sud-est.
00:22:48Et puis, bien entendu, avec des spécificités de développement suivant les pays, l'économie chinoise,
00:22:53l'économie confucayenne, etc., etc., etc.
00:22:57Chez nous, nous avons besoin de produire, d'investir, de transformer.
00:23:03Si vous prenez un exemple.
00:23:04Pour avoir une plus-value.
00:23:05Tout à fait. Prenons un exemple. Le Cameroun est un producteur de pétrole.
00:23:11Nous produisons le pétrole, mais notre pétrole n'est pas raffiné ici.
00:23:16Parce que nous n'avons pas une raffinerie qui permet de pouvoir raffiner notre pétrole, qui est un pétrole lourd.
00:23:22Au niveau de la balance commerciale, le principal poste chez nous qui pompe les devises, c'est le pétrole.
00:23:29Nous importons le pétrole.
00:23:32Pour que nous renversions cela, il va falloir prendre des décisions structurelles.
00:23:39La décision structurelle serait quoi ?
00:23:41La décision structurelle serait de pouvoir avoir une raffinerie sur le plan local qui va raffiner le pétrole Camerounais.
00:23:46Il faudrait peut-être accélérer le processus de réhabilitation de la SONARA qui est en cours.
00:23:53De deux choses d'une pour ce qui concerne la SONARA.
00:23:56De mon point de vue, la SONARA est une entreprise qui était en cours de réhabilitation déjà et qui devait augmenter ses capacités de raffinage.
00:24:06Lorsqu'il y a eu l'explosion, ça a endommagé tout le système de production.
00:24:11Aujourd'hui, la dette de la SONARA, plus les fonds nécessaires pour la remise en état de la SONARA,
00:24:19sont tels que ces deux montants cumulés peuvent constituer un montant qui peut construire une nouvelle raffinerie neuve
00:24:30et qui va raffiner le pétrole Camerounais.
00:24:33Donc, à ce moment-là, qu'est-ce qui va se passer ?
00:24:36La SONARA peut donc être son partenaire technique total, par exemple, c'est le fer.
00:24:42Elle a déjà eu à transformer un certain nombre de raffineries.
00:24:46En France, par exemple, la raffinerie du Med.
00:24:48Aujourd'hui, la SONARA est une entreprise prospère avec son nouveau modèle économique.
00:24:53Elle importe 80% des besoins.
00:24:56Elle a 80% du monopole d'importation.
00:24:58Elle est bénéficiaire.
00:24:59Ce qui veut dire que son modèle, peut-être serait celui-là d'importer, stocker et mettre à disposition du marché.
00:25:05Donc, il y a des changements structurels qu'il faut avoir dans notre façon de mener notre économie
00:25:11pour pouvoir arriver à une production réelle.
00:25:13Mais pour ça, j'insiste, il faut de la liquidité.
00:25:17Il faut de la liquidité, mais il faut de bons emprunts, pas de mauvais emprunts.
00:25:23Pas des emprunts qui vont financer un certain nombre d'activités
00:25:28ou alors des projets qui sont des projets déficitaires.
00:25:32Il faut peut-être emprunter pour pouvoir accroître notre production
00:25:36et financer également la transformation des produits que nous avons.
00:25:41Oui, naturellement.
00:25:42Alors, nous allons marquer un autre arrêt dans cette édition des questions économiques
00:25:47et revenir sur notre sujet principal, notamment la destination de l'emprunt obligataire.
00:25:53Qu'est-ce qui a fait la particularité de ce succès du Cameroun ?
00:25:56À quoi va servir l'argent qui a été levé sur les marchés financiers internationaux ?
00:26:04Réponse de Sylvester Moe, directeur général du Trésor.
00:26:09Le ministre des Finances vient de clôturer après quelques discussions avec les investisseurs
00:26:15et aussi des agences de notation.
00:26:25Il vient de faire le clôturing de l'opération de 336 milliards de placements privés.
00:26:32Je crois que c'est l'une des premières opérations de Citibank, de faire cette opération de placements privés,
00:26:40parce qu'on est un peu habitués aux rebonds.
00:26:43En fait, cette opération de 336 milliards est actuellement destinée à l'appurement de la dette intérieure,
00:26:53parce que depuis un certain temps, on avait constaté que, de plus en plus,
00:26:57on était concentré sur la dette extérieure, au détriment des petites maisons d'entreprise
00:27:04qui ont fait des prestations au pays et qui n'étaient pas payées depuis 3 mois, 4 mois, parfois même plus.
00:27:12Donc c'est une volonté du chef de l'Etat de soutenir, de renforcer l'économie,
00:27:21de stimuler l'économie en réglant la dette intérieure.
00:27:25Le succès de cette opération, qui s'est déroulée en deux semaines,
00:27:30qui s'est réalisée en deux semaines avec succès,
00:27:33est une indication de la crédibilité de la signature de la République du Congo.
00:27:38Et de plus en plus, sur le marché financier, on constate des mouvements
00:27:44dans le sens des demandes des titres souverains de la République du Cameroun.
00:27:49Retour sur ce plateau.
00:27:51Nous venons d'écouter le directeur général du Trésor, M. Eber-Otele Osomba.
00:27:57La délégation du MIFI a également profité de ce séjour à Londres
00:28:02pour échanger avec les investisseurs et les agences de notation
00:28:05sur les perspectives économiques du Cameroun.
00:28:08Selon vous, et également sur l'attractivité du Cameroun,
00:28:12ce type d'opération, ce type d'échange augure de quoi?
00:28:20Notamment les échanges avec les agences de notation financière.
00:28:24Les agences de notation financière sont froides.
00:28:27Elles ne regardent que les chiffres.
00:28:30Et contrairement à ce qu'on pense ici chez nous,
00:28:34les agences de notation ne sont pas contre nous.
00:28:36Quelle que soit la configuration de l'actionnariat,
00:28:40dont j'ai entendu parler ici et là,
00:28:43qu'il y a telle entreprise française-américaine qui est là-dedans,
00:28:46dont ils n'ont pas intérêt, non, non, ce n'est pas ça le problème.
00:28:49Lorsqu'on se retrouve dans ce type d'opération qui est un placement privé,
00:28:54c'est-à-dire que vous vous retrouvez en privé,
00:28:56vous avez vu la salle dans laquelle il se trouve,
00:28:59c'est une salle, ce n'est pas une salle de la bourse,
00:29:01ce n'est pas dans un marché financier.
00:29:04C'est une salle où on a choisi un certain nombre d'investisseurs
00:29:07à qui on va parler, à qui on va présenter les perspectives de notre pays,
00:29:13les perspectives à court terme et les perspectives à long terme.
00:29:16Qu'est-ce qu'on attend de ce genre de rencontres?
00:29:18On attend de ce genre de rencontres qu'elles puissent déclencher
00:29:22derrière cela des processus de financement
00:29:24parce que les investissements directs étrangers ces dernières années ont baissé.
00:29:28Il y a eu l'effet du Covid, les investisseurs se sont orientés vers d'autres marchés
00:29:34et il y a eu également le fait que la relance n'a pas été aussi rapide qu'on le souhaitait.
00:29:39Donc les investisseurs, eux, ils regardent la rentabilité de l'argent
00:29:44lorsqu'ils vont le prêter.
00:29:46Quand nous arrivons à ce genre de discussions, de négociations,
00:29:50le ministre des Finances et tous ses collaborateurs doivent,
00:29:53et je sais qu'ils savent le faire, je pense qu'ils savent le faire,
00:29:56doivent pouvoir présenter la situation et les perspectives.
00:30:00Mais derrière cela, les agences se basent sur un nombre de critères.
00:30:04Il y a un certain nombre de critères et même les investisseurs.
00:30:07Que fait un investisseur lorsque la banque qui a arrangé, organisé le placement obligataire
00:30:16va consulter cet investisseur-là?
00:30:19L'investisseur va regarder par exemple notre classement d'une business,
00:30:23le climat des affaires.
00:30:25Nous sommes très loin derrière au niveau du climat des affaires.
00:30:29Il peut y avoir une volonté politique sur l'État,
00:30:33mais derrière cela, le climat des affaires n'est pas propice.
00:30:36Donc il faut pouvoir nettoyer, faire en sorte que le climat des affaires
00:30:42permette à un investisseur qui veut parler de se dire
00:30:45si je viens au Cameroun, si je veux investir mon argent au Cameroun,
00:30:49d'abord, le système judiciaire permet en sorte que si je suis en conflit,
00:30:53je puisse rapatrier mes fonds, non seulement rapatrier,
00:30:57mais surtout pouvoir avoir un procès juste, rapide, équitable.
00:31:02Deuxièmement, que je puisse accéder à mes capitaux.
00:31:06Que je puisse accéder à mes capitaux, mais avant de pouvoir accéder à mes capitaux,
00:31:10que je puisse avoir une activité économique sans aucune entrave.
00:31:15Et pour qu'elle ne soit sans entrave, Madame Lucrèce, il y a d'autres préalables.
00:31:20Ces préalables, c'est par avoir une énergie continue.
00:31:23Avoir une énergie continue pour que les unes puissent tourner.
00:31:26Et vous savez qu'aujourd'hui, c'est l'un des problèmes du Cameroun.
00:31:31C'est que nous n'avons pas suffisamment d'énergie, malgré la volonté du gouvernement.
00:31:35Il faut pouvoir encore aller beaucoup plus loin que ça.
00:31:38C'est de pouvoir également avoir des routes, pouvoir finir les autoroutes.
00:31:43Pour finir les autoroutes, pour que les marchandises puissent être transportées d'un lieu à un autre.
00:31:49Transport des marchandises, transport des biens, mais également transport des hommes.
00:31:54Ces éléments-là sont nécessaires pour que nous puissions être dans une situation
00:32:02qui permette de lever des fonds, mais lever des fonds sur la base
00:32:08sur la base de que les entreprises de notation internationale,
00:32:13Fitch Ratings, Moody's, Standard & Poor's,
00:32:16puissent effectivement donner une notation normale au Cameroun.
00:32:21Parce que, ne vous détrompez pas Madame,
00:32:24tous les investisseurs vont regarder quelle est la notation souveraine du pays
00:32:28qui nécessite, qui demande leur argent.
00:32:32On ne peut pas y échapper.
00:32:34Dans la finance aujourd'hui, dans la finance internationale aujourd'hui,
00:32:37nous ne pouvons pas y échapper.
00:32:39Donc, ce n'est pas une mauvaise chose que les agences de notation soient là dans ce genre de discussion.
00:32:43Ce n'est pas une mauvaise chose.
00:32:45Bien au contraire, ça permet de leur donner des informations.
00:32:49De manière plus directe ?
00:32:51Beaucoup plus directe.
00:32:53Et même, éventuellement, de les inviter au Cameroun pour venir voir.
00:32:56Par exemple, pour venir voir que le barrage de Natigal est en phase déjà de production
00:33:02et que les premiers mégawatons commencent à être injectés dans les différents circuits.
00:33:07Mais de voir également que le barrage de Kikot lui également est en cours de préparation.
00:33:12Alors, nous allons marquer un autre arrêt dans cette édition des questions économiques.
00:33:16Vous pouvez écouter un co-arrangeur, vous en parliez tout à l'heure,
00:33:19c'est-à-dire de Monsieur Ndiaye, qui est donc parmi les co-arrangeurs
00:33:22de cette opération à succès de Londres.
00:33:24Alors déjà, c'est le lieu de dire félicitations à la délégation de la République du Cameroun
00:33:30pour cette transaction qui s'est passée dans des conditions un peu particulières en général,
00:33:35conditions de marché général qui ont été volatiles.
00:33:38Mais la possibilité pour le Cameroun de lever ce financement dans ces conditions-là
00:33:42montre encore une fois la confiance que les investisseurs internationaux ont
00:33:46sur le plan de développement 2020-2030 du pays,
00:33:50aussi sur la stratégie de réforme structurelle qui est en train d'être menée.
00:33:54C'est le premier point.
00:33:55Le deuxième point, c'est la discussion générale sur le positionnement de cette transaction.
00:34:01Il est à dire que cette transaction a été faite selon les termes les plus optimaux dans le marché,
00:34:08en droite ligne avec les niveaux auxquels traitent les instruments du Cameroun
00:34:13qui existent aujourd'hui, encore une fois.
00:34:15Et aussi, il faut prendre en compte le fait que ces niveaux de marché
00:34:20dépendent entièrement des taux d'intérêt en dollars qui sont en cours aujourd'hui.
00:34:26Et encore une fois, quand on compare le Cameroun à d'autres grandes nations
00:34:31qui ont émis dans le marché, rares sont les nations qui ont pu émettre dans ces marchés-ci
00:34:36à des niveaux et à une taille qui est comparable.
00:34:40Je pense qu'en Afrique, cette année, nous avons vu le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Bénin,
00:34:45le Cameroun et peut-être le Kenya qui sont les seuls émetteurs, bien que d'autres ont voulu.
00:34:51Et encore une fois, c'est le lieu de féliciter l'équipe pour le travail qui a été fait
00:34:55auprès des investisseurs et auprès du marché.
00:34:57Et en tant que Signum et avec nos partenaires co-arrangeurs Citibank,
00:35:01nous pensons que c'est le lieu de dire que cette transaction place le Cameroun
00:35:06sur le bon chemin pour pouvoir faire d'autres transactions dans le futur,
00:35:11proches sur les marchés financiers en tant que seul.
00:35:13J'ai été au Cameroun pendant les 7 dernières années.
00:35:16Citibank a été au Cameroun depuis 1993, 27 ans.
00:35:21Retour sur ce plateau. On vient donc d'écouter un investisseur,
00:35:26plutôt un co-arrangeur de l'opération de Londres.
00:35:30Et je voudrais, pour terminer, on va dire comme ça, avec ce sujet,
00:35:36je voudrais qu'on s'arrête sur la question de l'attractivité de l'économie camerounaise.
00:35:41On parlait tout à l'heure du climat des affaires.
00:35:44Et la question de l'attractivité a également été évoquée
00:35:47dans le communiqué du ministre des Finances.
00:35:50Comment rendre le Cameroun ou comment rendre l'économie camerounaise
00:35:54beaucoup plus attractive, autant pour les investisseurs
00:35:57comme on vient d'en voir les investisseurs étrangers,
00:36:00mais également pour les investisseurs nationaux,
00:36:02parce qu'il y en a quand même au pays.
00:36:05C'est une question qui mérite un vaste débat,
00:36:09parce que les réponses sont multiples.
00:36:11Je vous dirais la première chose, lutte acharnée contre la corruption.
00:36:15Il faut lutter contre la corruption.
00:36:18Lutte acharnée contre le détournement du déni public.
00:36:22C'est une bataille que le président de la République a lancée
00:36:26depuis plusieurs années, mais il continue encore à avoir
00:36:32des situations qui sont incompréhensibles,
00:36:37qui sont inacceptables, qui sont inadmissibles.
00:36:41Une fois que vous avez pu régler ce type de problème,
00:36:45vous avez une panoplie d'éléments au niveau des investissements.
00:36:49Le Cameroun a créé l'agence de promotion des investissements.
00:36:52L'agence de promotion des investissements
00:36:54doit être un outil beaucoup plus avant-gardiste,
00:36:57qui doit pouvoir être sûr, peut-être au niveau de nos ambassades à l'étranger,
00:37:03pour pouvoir vendre la destination Cameroun.
00:37:06Aujourd'hui, il y a des panoplies de méthodes.
00:37:09Regardez un pays comme le Rwanda.
00:37:11Un pays comme le Rwanda a mis en place un marketing très agressif,
00:37:16et ce marketing se retrouve même dans le milieu sportif.
00:37:19Il y a un célèbre club en France qui porte le maillot
00:37:24avec l'inscription Visite Rwanda.
00:37:26Il faut visiter le Rwanda.
00:37:28Et il y a une visibilité extraordinaire sur ce maillot,
00:37:32parce qu'au niveau de ce club, il y a des footballeurs des pays de l'Asie
00:37:36qui jouent dans ces clubs,
00:37:38et qui permettent également en Asie d'avoir une grande visibilité.
00:37:42Donc, il y a le marketing, il y a le marketing politique.
00:37:46Il y a également les réformes même structurelles dans le pays,
00:37:51la volonté du pays de pouvoir avancer,
00:37:54avec notamment des infrastructures,
00:37:56des infrastructures de développement.
00:37:58Donc, tous ces éléments-là sont à prendre en compte
00:38:01pour ce qui concerne l'attractivité.
00:38:03Et chaque fois qu'un investisseur, c'est la finance comportementale,
00:38:06va prendre la décision,
00:38:08« Madame Ruggles, si vous devez prêter de l'argent,
00:38:11si nous sommes 3-4 pour prêter de l'argent,
00:38:13devant vous, 3-4 personnes,
00:38:15vous allez avoir des critères
00:38:18qui peuvent être des critères subjectifs,
00:38:20mais également des critères objectifs.
00:38:22Les critères subjectifs, ça va être
00:38:24« Est-ce que je suis bien mis ?
00:38:26Est-ce que je suis propre ?
00:38:28Est-ce que je parle bien ?
00:38:30Est-ce que je sais défendre mon projet dans ma demande ?
00:38:32Est-ce que je sais la défendre ?
00:38:34Est-ce que c'est une demande suffisamment mûre ? »
00:38:36Maintenant, les critères objectifs, ça va être
00:38:39« Nous allons regarder quels sont vos chiffres. »
00:38:42C'est-à-dire, vous allez regarder quels sont les chiffres,
00:38:44quelle est l'antériorité,
00:38:46est-ce que j'ai souvent pris des dettes,
00:38:48est-ce que je les ai souvent remboursées,
00:38:50est-ce que je les ai remboursées à temps ?
00:38:52Est-ce que les dettes que j'ai prises
00:38:54ont permis de financer
00:38:56un certain nombre d'infrastructures
00:38:58qui ont permis que je puisse
00:39:00encore avoir une capacité
00:39:02de me présenter devant vous ?
00:39:04Donc, tout cela est à prendre en compte
00:39:06pour qu'un investisseur puisse
00:39:08décider de réinvestir.
00:39:10Donc, l'attractivité, elle se mesure
00:39:12de plusieurs façons. Il y a des indicateurs.
00:39:14Il y a un indicateur, par exemple,
00:39:16Mo Ibrahim. Mo Ibrahim, c'est un Africain,
00:39:18qui est un indicateur aujourd'hui
00:39:20reconnu, réputé,
00:39:22qui répertorie un certain nombre de critères,
00:39:24je crois une trentaine de critères,
00:39:26sur lesquels les investisseurs
00:39:28vont aller regarder pour voir.
00:39:30Ils vont regarder, est-ce qu'il y a l'électricité au Cameroun ?
00:39:32Ils vont regarder, est-ce que,
00:39:34par exemple, au Cameroun,
00:39:36il y a... Si vous tombez malade,
00:39:38vous allez pouvoir être pris en charge normalement.
00:39:40Si j'arrive au Cameroun
00:39:42et que je suis malade, est-ce que les hôpitaux,
00:39:44le plateau technique des hôpitaux est suffisant ?
00:39:46Est-ce que, si je suis au Cameroun,
00:39:48je vais avoir accès à de l'eau potable
00:39:50de manière suffisante,
00:39:52énergique,
00:39:54pas seulement pour moi, mais pour toute la population ?
00:39:56On va lui répondre que le Paypis
00:39:58est en voie d'être lancé.
00:40:00Ce sera certainement dans les prochains jours.
00:40:02Et vous voyez, donc,
00:40:04il va se baser sur ces critères-là.
00:40:06Il va regarder si le Paypis,
00:40:08c'est le Paypis qu'on appelle le Paypis,
00:40:10pour l'alimentation de Yaoundé,
00:40:12ses environs potables,
00:40:14va pouvoir être implémenté, etc., etc.
00:40:16Donc, l'attractivité
00:40:18se mesure suivant un certain nombre de critères
00:40:20que nous devons absolument régler.
00:40:22Mais le plus important, pour me résumer,
00:40:24sans trop en faire,
00:40:26lutte contre la corruption,
00:40:28lutte contre les délais publics,
00:40:30réforme infrastructure,
00:40:32réforme structurelle,
00:40:34et puis investissement infrastructurel.
00:40:36Alors, en deuxième partie de cette émission,
00:40:38parce que nous avons deux sujets
00:40:40ce soir, en deuxième partie de cette émission,
00:40:42nous parlons de la divergence d'opinion
00:40:44qui oppose la CEDEC à la COBAC,
00:40:46au sujet du transfert
00:40:48des avoirs en déshérence
00:40:50dans les banques,
00:40:52les établissements
00:40:54de microfinance, etc.
00:40:56Et c'était l'objet de la réunion
00:40:58de travail tenue le 7 août dernier
00:41:00entre le directeur général
00:41:02de la CEDEC et le gouverneur Délabeac,
00:41:04par ailleurs président de la commission
00:41:06bancaire, et principale
00:41:08résolution prise au terme
00:41:10de cette réunion,
00:41:12de ces travaux, c'est de procéder
00:41:14à l'harmonisation du cadre réglementaire
00:41:16de la supervision
00:41:18des banques au sein de la CEMAC.
00:41:20Marie-Laurence Nké a
00:41:22pris part à cette réunion, et voici.
00:41:26Vers une harmonisation
00:41:28d'un cadre réglementaire en zone
00:41:30CEMAC, c'est l'une des résolutions
00:41:32prises à l'issue de la rencontre
00:41:34de Yaoundé Ducey au 7 août dernier.
00:41:36Selon le communiqué de presse signé
00:41:38par le gouverneur Délabeac,
00:41:40les discussions ont porté sur la divergence
00:41:42d'interprétation des tests
00:41:44régissant la gestion des dépôts
00:41:46et consignations au Cameroun,
00:41:48notamment en ce qui concerne les avoirs
00:41:50en déshérence et les comptes inactifs.
00:41:52À l'issue de cette concertation,
00:41:54il a été décidé de constituer
00:41:56un groupe de travail regroupant
00:41:58toutes les parties prenantes.
00:42:00Question d'identifier des pistes de convergence
00:42:02et de formuler des recommandations
00:42:04concrètes pour lever les obstacles
00:42:06à la présence des acteurs de la place financière.
00:42:08Une harmonisation est donc essentielle
00:42:10pour mieux encadrer
00:42:12les activités des CDEC
00:42:14et garantir la gestion efficace
00:42:16et transparente des fonds publics.
00:42:18Parce qu'on fait des placements
00:42:20avec cet argent,
00:42:22ça profite à des particuliers,
00:42:24ça profite à des banques.
00:42:26Ces fonds en déshérence, ces fonds en attente
00:42:28doivent plutôt profiter
00:42:30à l'intérêt général,
00:42:32à l'accompagnement des politiques.
00:42:34L'adresse de dépôt et consignation du Cameroun
00:42:36réaffirme donc
00:42:38l'engagement de son institution
00:42:40à collaborer avec les autres parties prenantes
00:42:42pour parvenir à un consensus.
00:42:44Il est donc important
00:42:46de préserver la stabilité du système
00:42:48financier de la communauté
00:42:50et poursuivre le dialogue.
00:42:52Alors, cette réunion
00:42:54n'est pas tombée du ciel,
00:42:56on va le dire comme ça.
00:42:58Le 11 juillet dernier, le secrétaire général
00:43:00de la COBA a adressé
00:43:02une lettre au directeur général
00:43:04des banques,
00:43:06microfinances et établissements
00:43:08de paiement,
00:43:10lettre dans laquelle il leur demandait
00:43:12de sursoir au transfert
00:43:14des avoirs en déshérence
00:43:16à la Caisse des dépôts et consignations.
00:43:18Avant que nous n'entrions
00:43:20dans le vif
00:43:22du sujet,
00:43:24dites-nous, quel est
00:43:26le rôle de la commission
00:43:28bancaire, quel est le rôle
00:43:30de la COBAQ ?
00:43:32Alors très bien, la COBAQ a été créée
00:43:34en 1990 à Yaoundé
00:43:38par les chefs d'État
00:43:40de la zone Semac
00:43:42pour faire face à un problème.
00:43:44Il y a eu un certain nombre de faillites,
00:43:46des faillites dans les années 80,
00:43:48la fin des années 80.
00:43:50Donc il a fallu mettre en place
00:43:52un organe qui va
00:43:54faire le contrôle
00:43:56et la supervision
00:43:58des activités bancaires.
00:44:00C'est là la principale mission de la COBAQ.
00:44:02Contrôle et supervision
00:44:04des activités bancaires,
00:44:06que les banques respectent
00:44:08la réglementation bancaire.
00:44:10Et pour cela,
00:44:12la COBAQ a un certain nombre de pouvoirs.
00:44:14Elle en a quatre, notamment,
00:44:16un pouvoir administratif,
00:44:18elle donne des avis conformes
00:44:20qui lient
00:44:22les États,
00:44:24les autorités monétaires nationales.
00:44:26Elle a un pouvoir
00:44:28de contrôle,
00:44:30elle contrôle sur place et sur pièce
00:44:32les banques. Ensuite,
00:44:34elle dit aux États,
00:44:36aux autorités monétaires nationales,
00:44:38les conclusions de leur contrôle.
00:44:40Troisièmement,
00:44:42elle a un pouvoir judiciaire.
00:44:44Le pouvoir judiciaire lui donne
00:44:46une sorte de pouvoir juridictionnel.
00:44:48Elle peut émettre
00:44:50des blames, des avertissements,
00:44:52elle peut mêler
00:44:54jusqu'à suspendre
00:44:56un certain nombre
00:44:58d'opérations pour les banques.
00:45:00Et ensuite, elle a un pouvoir réglementaire
00:45:02puisqu'elle dicte un certain nombre
00:45:04de lois, de règlements
00:45:06qui doivent être observés par les banques.
00:45:08Donc, c'est ça,
00:45:10c'est sa principale mission.
00:45:12Et, toujours dans la même
00:45:14veine, on a parlé,
00:45:16on a dit ce qu'est la COBAQ
00:45:18et maintenant, ce qu'est la SEDEC.
00:45:20Alors, la CEDEC, la Caisse de dépôt et consignation,
00:45:22c'est un formidable outil qui existe depuis fort longtemps,
00:45:24par exemple, en France,
00:45:26et qui enzone ses marques.
00:45:28En France, depuis plus de 200 ans.
00:45:30Plus de 200 ans, créé, je pense, par l'Apollon,
00:45:32si mes souvenirs sont bons.
00:45:34Et donc, c'est un formidable outil
00:45:36de financement long terme.
00:45:38Elle est chargée de quoi ?
00:45:40Elle est chargée de capter,
00:45:42mobiliser, pour parler financièrement,
00:45:44mobiliser et sécuriser
00:45:46les fonds.
00:45:48Les fonds dits, dans certains cas,
00:45:50en déshérence, pour ce qui concerne les banques.
00:45:52Et c'est quoi les fonds en déshérence ?
00:45:54Les fonds en déshérence sont des comptes
00:45:56inactifs dans les banques.
00:45:58Les comptes inactifs dans les banques, les établissements de crédit,
00:46:00où, par exemple, vous n'avez pas effectué d'opérations
00:46:02autre que les opérations
00:46:04de la banque elle-même,
00:46:06parce que la banque, elle, quel que soit le cas,
00:46:08va faire des opérations dans votre compte
00:46:10pour les agios, pour la tenue des
00:46:12comptes, etc.
00:46:14Donc, si vous n'avez pas fait d'opérations
00:46:16pendant un an minimum,
00:46:18alors votre compte peut être
00:46:20considéré comme étant un compte inactif.
00:46:22Alors, il y a un certain nombre de mécanismes
00:46:24dans les pays,
00:46:26dans la France notamment,
00:46:28c'est un nombre de lois qui encadrent
00:46:30ces fonds.
00:46:32Mais ce n'est pas seulement les fonds des banques des établissements de crédit,
00:46:34mais c'est également
00:46:36les organismes publics et privés,
00:46:38les cautions, les cautionnements,
00:46:40les professions judiciaires,
00:46:42les notaires qui détiennent
00:46:44un certain nombre de fonds de leurs
00:46:46clients doivent être
00:46:48réversés à la Caisse des dépôts et consignations
00:46:50conformément à la loi de
00:46:522008. Et cette Caisse des dépôts et consignations
00:46:54va donc être chargée
00:46:56de pouvoir mobiliser ces fonds-là,
00:46:58les investir dans le cas de l'accompagnement
00:47:00des politiques publiques,
00:47:02notamment sur
00:47:04des investissements
00:47:06à long terme et aussi
00:47:08des prises d'actions.
00:47:10Je prends l'exemple de la France.
00:47:12La Caisse des dépôts et consignations en France
00:47:14finance à 70%.
00:47:1670%
00:47:18elle finance le logement social.
00:47:20Ces ressources,
00:47:22elles captent aussi du livret A, par exemple,
00:47:24du livret départ, du livret des épargnants,
00:47:26parce que c'est de l'argent qui est mobilisé,
00:47:28qui ne bouge pas pendant un certain nombre d'années.
00:47:30Mais c'est également l'argent,
00:47:32par exemple, au niveau des assurances,
00:47:34les assurances
00:47:36vie, etc.,
00:47:38que souvent les héritiers,
00:47:40quelqu'un décède et les héritiers n'ont pas pu réclamer.
00:47:42Donc tous ces fonds-là
00:47:44doivent être
00:47:46mobilisés parce qu'ils permettent
00:47:48à l'État de pouvoir
00:47:50investir sur du long terme.
00:47:52Ami, alors,
00:47:54nous en avons fini avec les préalables.
00:47:56On sait maintenant ce que c'est que la COBAQ,
00:47:58vous avez précisé ce que c'est que la COBAQ,
00:48:00vous avez précisé également le rôle
00:48:02de la SEDEC.
00:48:04Je voudrais qu'on entre en le vif du sujet.
00:48:06Quel est le problème financier que la COBAQ
00:48:08pose à travers
00:48:10la mise au point
00:48:12qu'elle a faite,
00:48:14le 11 juillet ?
00:48:16Alors, la COBAQ
00:48:18s'adresse aux banques,
00:48:20d'abord. La COBAQ s'est
00:48:22adressée directement aux banques.
00:48:24La COBAQ ne s'est pas adressée à la Caisse des préconciliations.
00:48:26Elle s'est adressée aux banques.
00:48:28Elle a demandé aux banques de surcevoir
00:48:30le transfert des fonds
00:48:32au niveau de la Caisse des préconciliations.
00:48:34Or,
00:48:36cette demande vient après
00:48:38le délai imparti aux banques,
00:48:40c'est-à-dire le 31 mai 2024,
00:48:42de verser les fonds
00:48:44des comptes inactifs au niveau de la Caisse des préconciliations.
00:48:46Certaines banques
00:48:48l'ont faite, notamment
00:48:50l'ABEAC, par exemple.
00:48:52L'ABEAC l'a fait. L'ABEAC national, cette fois-là.
00:48:54Alors, l'ABEAC international,
00:48:56le gouverneur
00:48:58de l'ABEAC international
00:49:00est le président de la COBAQ.
00:49:02Le président de la COBAQ.
00:49:04Par conséquent, les entreprises,
00:49:06les banques,
00:49:08certaines banques et certaines assurances
00:49:10ont versé près de 21 milliards de francs
00:49:12déjà, lorsque
00:49:14la COBAQ intervient et demande
00:49:16de surcevoir. Elle demande de surcevoir
00:49:18pourquoi ? Parce qu'elle veut d'abord
00:49:20savoir la définition,
00:49:22identifier
00:49:24ses avoirs,
00:49:26identifier les conditions
00:49:28de transfert,
00:49:30parce qu'elle estime qu'il n'y a pas un cadre
00:49:32légal communautaire
00:49:34pour cela. Et elle invoque
00:49:36le fait que si les banques
00:49:38venaient à transférer
00:49:40immédiatement ces fonds,
00:49:42dont je ne connais pas
00:49:44le montant parce que je n'ai pas audité
00:49:46les banques pour savoir ce qu'il en est,
00:49:48que si les banques venaient à transférer,
00:49:50il pourrait y avoir un risque.
00:49:52Un risque systémique.
00:49:54Un risque systémique, c'est-à-dire que le système
00:49:56puisse s'effondrer,
00:49:58puisse s'écrouler.
00:50:00C'est discutable, parce que
00:50:02les capitaux propres des banques
00:50:04sont quand même définis par les conventions de BAL.
00:50:06BAL 3, BAL 4, etc.
00:50:08Et donc, normalement,
00:50:10ces fonds, au niveau de la France
00:50:12par exemple, la loi IKR
00:50:14de 2014 impose
00:50:16aux banques et assurances
00:50:18d'avoir à rechercher
00:50:20les ayants droits
00:50:22lorsque
00:50:24un compte est inactif.
00:50:26Si par exemple la personne est décédée,
00:50:28ou la personne est disparue, portée disparue,
00:50:30elles ont l'obligation de chercher les ayants droits.
00:50:32Elles ont en plus l'obligation,
00:50:34d'après cette loi, complétée par la loi Sapin
00:50:36de 2017, je pense,
00:50:38elles ont également l'obligation
00:50:40de dire quel est
00:50:42le montant de ces comptes-là
00:50:44et quels sont les bénéficiaires,
00:50:46quels sont
00:50:48les propriétaires de ces comptes-là.
00:50:50Alors,
00:50:52si le risque
00:50:54systémique n'existe
00:50:56pas là-bas,
00:50:58je pense que ce n'est pas un risque
00:51:00systémique, mais il existe un risque. Pourquoi ?
00:51:02Parce que, lorsque vous ouvrez
00:51:04un compte dans une banque,
00:51:06vous signez une convention
00:51:08de vertu de compte.
00:51:10Vous ouvrez un compte courant, ou un compte d'épargne.
00:51:12Très bien. Donc vous êtes lié
00:51:14à la banque.
00:51:16Cet argent, il vous appartient.
00:51:18Il n'appartient pas à la banque.
00:51:20Vous pouvez le réclamer à tout moment.
00:51:22Et la banque le gère juste.
00:51:24Pour couper ses frais de gestion, les ajouts, etc.
00:51:26Si vous en apportez des crédits.
00:51:28Mais sauf que,
00:51:30lorsque
00:51:32on demande à la banque
00:51:34de saisir
00:51:36et de transférer
00:51:38cet argent à un autre organisme
00:51:40sans qu'il y ait un
00:51:42cadre organique, ça pose
00:51:44un problème aux banques parce que ce sont les banques,
00:51:46on doit le dire, ce sont les banques
00:51:48qui ont saisi la COBAQ.
00:51:50Voilà donc le risque
00:51:52financier qui est
00:51:54invoqué par la COBAQ.
00:51:56Mais justement, je voudrais savoir
00:51:58pourquoi maintenant
00:52:00la CEDEC a été créée
00:52:02depuis 2008.
00:52:04Entre 2008
00:52:06et 2024, il me semble
00:52:08que l'État a donné suffisamment
00:52:10de temps aux banques pour se préparer
00:52:12à cette opération. Donc
00:52:14pourquoi maintenant
00:52:16alors que les dirigeants ont été
00:52:18nommés depuis 2023,
00:52:20alors même qu'un décret
00:52:22du Premier ministre a fixé
00:52:24depuis décembre 2023
00:52:26les modalités et les
00:52:28transferts de ces
00:52:30avoirs en déshérence,
00:52:32pourquoi maintenant alors
00:52:34même que
00:52:36la Caisse des dépôts et consignations du Gabon
00:52:38existe depuis
00:52:4013 ans ?
00:52:42Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?
00:52:44Alors, pour répondre,
00:52:46la Caisse des dépôts et consignations
00:52:48du Gabon, par exemple, existe
00:52:50depuis 13 ans, en effet. C'est une ordonnance
00:52:52de 2010
00:52:54qui crée la Caisse des dépôts et consignations
00:52:56du Gabon. Et la Caisse
00:52:58des dépôts et consignations du Gabon est également
00:53:00orientée. Son total bilan, par exemple,
00:53:02est de 300 milliards de francs CFA.
00:53:04Sa gestion d'actifs, le montant
00:53:06des actifs en gestion
00:53:08sont d'à peu près de 105 milliards de francs.
00:53:10Donc, c'est un organisme
00:53:12qui a été créé. Chez eux, c'est un établissement financier
00:53:16et qui a été créé
00:53:18pour presque les mêmes missions.
00:53:20Et cet organisme, la Caisse des dépôts et consignations du Gabon,
00:53:22a fonctionné jusque-là
00:53:24avec une certaine transparence.
00:53:26Avec une certaine transparence qui ne posait pas de problème à la COBAC.
00:53:28Et aujourd'hui,
00:53:30la COBAC, poussée par d'autres
00:53:32États qui n'ont pas encore de Caisse des dépôts et consignations,
00:53:34le Tchad, par exemple,
00:53:36le Congo, par exemple, dit qu'il faut
00:53:38une régulation totale.
00:53:40Il faut une régulation totale
00:53:42et communautaire.
00:53:44Et la COBAC, donc,
00:53:46profite du fait que
00:53:48la Caisse des dépôts et consignations du Gabon
00:53:50commence à fonctionner
00:53:52pour dire, OK, avant que
00:53:54tous les autres pays n'ouvrent, il faut donc créer
00:53:56un cadre légal communautaire.
00:53:58– Pourquoi ? Parce que c'est le Cameroun ? Parce que c'est la locomotive ?
00:54:00– Je ne sais pas. Je ne sais pas si c'est parce que
00:54:02c'est le Cameroun ou la locomotive.
00:54:04Je ne connais pas, je ne sors pas les caillers
00:54:06pour savoir pourquoi, à ce moment.
00:54:08Mais je pense, c'est très clair,
00:54:10qu'il y a eu un lobby des banques.
00:54:12Il y a eu un lobby des banques gabonaises qui ont saisi la COBAC.
00:54:14Mais la COBAC est dans son rôle.
00:54:16La COBAC est dans son rôle,
00:54:18il ne faut pas réguler.
00:54:20Regardez, la COBAC régule, par exemple,
00:54:22les activités
00:54:24des opérateurs
00:54:26de télécommunications
00:54:28qui ont des portes-monnaies électroniques,
00:54:30qui font des mobiles-monnaies,
00:54:32au Cameroun, en l'occurrence,
00:54:34les deux principaux,
00:54:36que sont Orange et MTN.
00:54:38Donc, la COBAC régule
00:54:40cette activité-là.
00:54:42Elle régule pourquoi ?
00:54:44Parce que dès alors que vous avez
00:54:46l'argent public,
00:54:48l'épargne publique,
00:54:50vous devez rendre compte.
00:54:52Ça doit être régulé.
00:54:54Mais à mon entendre, est-ce que cela veut dire
00:54:56que dans la situation actuelle
00:54:58de la caisse de dépôt
00:55:00et de consignation, il y a de quoi
00:55:02avoir peur ?
00:55:04Parce que c'est cette appréhension
00:55:06que les banques ont peut-être
00:55:08posé sur la table de la COBAC ?
00:55:10Les banques gèrent les risques.
00:55:12Et l'activité
00:55:14de consignation et de déconsignation
00:55:16va être une activité à risque.
00:55:18Et en plus, de financement
00:55:20de l'économie. Et en plus,
00:55:22de prise d'action d'un certain nombre
00:55:24d'entreprises. Mais la question
00:55:26qu'il faut poser, c'est pas
00:55:28simplement l'opportunité,
00:55:30mais c'est de savoir si la caisse de dépôt
00:55:32et consignation du Cameroun a violé un texte
00:55:34communautaire.
00:55:36En l'occurrence, non.
00:55:38Est-ce que la caisse de dépôt et consignation
00:55:40du Cameroun est un outil qui doit être
00:55:42mise en place ? Oui.
00:55:44La caisse de dépôt et consignation est un outil formidable
00:55:46qui va financer
00:55:48les investissements longs.
00:55:50Mais il faut qu'il y ait
00:55:52un cadre organique
00:55:54entre la caisse de dépôt et consignation
00:55:56et les banques. Mais également,
00:55:58il faut qu'il y ait des compétences réelles
00:56:00au niveau de la caisse de dépôt et consignation
00:56:02pour pouvoir
00:56:04manager cette entreprise. Les deux principaux
00:56:06partenaires que je connais
00:56:08sont des gens extrêmement qualifiés.
00:56:10Le DGA, c'est une dame.
00:56:12Bravo pour ce qui concerne
00:56:14l'équilibre entre hommes et femmes dans notre pays.
00:56:16Le DGA est une femme extrêmement qualifiée.
00:56:18Elle sort du secteur privé, c'est une banquière.
00:56:20Donc, elle va apporter
00:56:22toute son expérience technique,
00:56:24mais alors vraiment technique
00:56:26de la banque pour pouvoir
00:56:28mettre en place un certain nombre d'outils de travail.
00:56:30Il faut que la caisse de dépôt et consignation
00:56:32ait un système d'information.
00:56:34Un système d'information
00:56:36clair.
00:56:38Un système d'information interne,
00:56:40clair.
00:56:42Et en cela, son
00:56:44principal manager, le DGA,
00:56:46a été DGA, la caisse
00:56:48autonome d'amortissement. Donc, il a
00:56:50déjà eu à gérer des entreprises
00:56:52publiques. Les deux
00:56:54managers doivent pouvoir être
00:56:56un duo, un tandem, qui va
00:56:58faire en sorte que la caisse de dépôt et consignation
00:57:00puisse effectivement jouer son rôle
00:57:02à rassurer les banques,
00:57:04à rassurer
00:57:06les Camerounais eux-mêmes.
00:57:08Parce qu'il s'agit de notre argent.
00:57:10Cet argent, si mon père,
00:57:12qui est décédé en 1991,
00:57:14a laissé en compte, et que nous,
00:57:16par extraordinaire, nous n'avons pas su qu'il
00:57:18avait laissé en compte, et que cet argent
00:57:20est aujourd'hui transféré à la caisse de dépôt et consignation,
00:57:22j'irai à la caisse
00:57:24de dépôt et consignation pour savoir
00:57:26ce que cet argent-là devient,
00:57:28ce que cet argent-là est devenu.
00:57:30Et si nous venons à réclamer, en remplissant
00:57:32les conditions, la caisse de dépôt et consignation
00:57:34doit pouvoir nous remettre
00:57:36notre argent. À la demande.
00:57:38À la demande. Est-ce qu'elle
00:57:40pourra le faire à la demande ?
00:57:42C'est peut-être ce genre
00:57:44de choses qu'il faut
00:57:46pouvoir éclairer.
00:57:48Mais le décret du Premier ministre
00:57:50de décembre
00:57:522023 a apporté des réponses
00:57:54à cela au niveau de
00:57:56tous ces chapitres pour savoir comment la caisse
00:57:58doit fonctionner.
00:58:00Qu'est-ce que le gouvernement du Cameroun
00:58:02peut faire sachant que,
00:58:04à ce stade-ci, sachant que
00:58:06il y a des transferts qui ont déjà
00:58:08été faits, la COBAQ
00:58:10demande de sursoir,
00:58:12le Cameroun dit non,
00:58:14il faut continuer finalement.
00:58:16Qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce que l'expert financier
00:58:18propose dans ce genre de situation ?
00:58:20C'est un problème de droit. De droit communautaire.
00:58:22De droit communautaire.
00:58:24À la date de juillet,
00:58:26le Cameroun a répondu à travers le secrétaire général
00:58:28de la présidence de la République qui a envoyé une lettre
00:58:30au ministre des Finances.
00:58:32Qui a envoyé une lettre au ministre des Finances et qui disait
00:58:34notamment que la COBAQ n'est pas
00:58:36dans son rôle parce que
00:58:38tout ce qui concerne dépôt et consignation
00:58:40n'avait pas été prévu
00:58:42dans l'émission
00:58:44de la COBAQ.
00:58:46La COBAQ a dit de sursoir,
00:58:48n'a pas interdit.
00:58:50Ces fonds, aujourd'hui,
00:58:52conformément au décret
00:58:54de création de la Caisse des dépôts et consignations,
00:58:56ces fonds deviennent
00:58:58des dénis publics. Parce que la Cique
00:59:00184 du Code pénal dit
00:59:02que le détournement est conçu lorsque
00:59:04des fonds appartenant,
00:59:06destinés,
00:59:08confiés
00:59:10à l'État
00:59:12ont été obtenus
00:59:14ou retenus
00:59:16frauduleusement.
00:59:18Est-ce que les fonds sont destinés à la Caisse des dépôts
00:59:20et consignations ? Oui.
00:59:22Est-ce qu'ils sont retenus par les banques,
00:59:24par certaines banques qui ne sont pas exécutées ?
00:59:26Oui. Est-ce qu'elles sont en infraction
00:59:28pour l'instant ?
00:59:30La COBAQ et la Caisse des dépôts et consignations,
00:59:32il y a eu une réunion dernièrement avec le gouverneur
00:59:34de la BÉAC, disent
00:59:36nous allons travailler pour la mise en place
00:59:38d'un cadre concerté. On va arriver
00:59:40naturellement et forcément
00:59:42à un cadre.
00:59:44Et à partir de cet instant,
00:59:46toutes les banques vont pouvoir,
00:59:48ainsi que les assurances, transférer
00:59:50des fonds à la Caisse des dépôts et consignations
00:59:52et qui, alors, jouera pleinement son rôle.
00:59:54Mais je dois préciser que la Caisse des dépôts et consignations
00:59:56doit aussi avoir, pour se couvrir,
00:59:58couverture des risques,
01:00:00des fonds propres.
01:00:02Elle doit avoir des fonds propres
01:00:04suffisants. Vous ne confiez pas votre argent
01:00:06à quelqu'un qui n'en a pas.
01:00:08Merci, M. Hubert, au Télé et Somba.
01:00:10Je rappelle que vous êtes expert
01:00:12financier avec vous. Nous avons
01:00:14parlé de l'opération à succès
01:00:16de Londres qui a permis
01:00:18à Cameroun de lever des milliards
01:00:20332-336 milliards
01:00:22pour financer,
01:00:24pour redonner de l'air,
01:00:26un bol d'air frais aux PME
01:00:28camerounaises. Nous avons également
01:00:30parlé de cet embrolio entre
01:00:32la Caisse des dépôts
01:00:34et consignations et
01:00:36la COBAC. Merci d'être venu
01:00:38sur ce plateau. Madame, Monsieur,
01:00:40c'est la fin de cette édition
01:00:42des questions économiques. Merci d'avoir
01:00:44regardé. À très bientôt sur ces
01:00:46mêmes antennes. Bonsoir.