L'ancien président de la Fédération Française de Tennis (FFT) Bernard Giudicelli au micro de Tennis Actu pour évoquer le tennis français où, comme en 2021, il n'y a eu aucune Française et Français au 3e tour de Roland-Garros. À qui la faute ? Ce Roland-Garros 2023 restera tristement dans les mémoires du clan français. Comme en 2021, aucun Bleu n'a pu se hisser au troisième tour des tableaux simples dames et simples messieurs. Directeur technique national de la Fédération Française de Tennis, Nicolas Escudé n'a pas hésité à évoquer la responsabilité des joueurs, aux commandes de leur propre projet. À qui vraiment la faute ? Au micro de Tennis Actu ce dimanche, Bernard Giudicelli, ancien président de la FFT, battu par Gilles Moretton en février 2021, a réagi. Président entre 2017 et 2021, le Corse, vice-président et membre du board de l'ITF (Fédération Internationale de Tennis), reproche à la fédération actuelle de ne pas avoir poursuivi la dynamique lancée durant son mandat. "Vous avez failli dans votre mission. Vous n'avez pas réussi à continuer sur une dynamique qui était de former une élite (...) C'est une vaste mascarade tout ce qu'on voit, une vaste mascarade". Entretien complet en vidéo... en attendant la réponse et réaction du président de la FFT, Gilles Moretton, et du DTN de la FFT, Nicolas Escudé.
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00:00 On dit souvent que le tennis est un sport individuel, alors qu'il n'est jamais plus
00:06 beau que quand il est collectif.
00:08 BNP Paribas, fidèle au tennis de demain, depuis 50 ans.
00:13 Bernard Gueducci, merci pour cet entretien.
00:17 Vous êtes l'ancien président de la Fédération française de tennis, faut-il le rappeler.
00:20 Comment en 2021, aucun français, aucune française, au troisième tour de Roland-Garros des internationaux
00:28 de France, a acquis la faute dans tout ça ? Aux joueurs, à la Fédération, quand vous
00:32 étiez en poste, à l'actuelle Fédération ?
00:34 Non, d'abord j'ai envie de dire que ça vous semble une catastrophe, mais j'ai envie de
00:38 dire qu'on a limité les dégâts.
00:40 Parce que ce système qui est en place depuis 40 ans, parce qu'il faut quand même se dire
00:44 les choses, ce système c'est celui que nous avions combattu en 2017 quand nous avons pris
00:50 les rênes de la Fédération avec une volonté de le réformer.
00:53 Et nous l'avons fait avec succès, puisque ceux aujourd'hui qui "sauvent un petit peu
00:58 les meubles", c'est les jeunes qui sont sortis du dispositif à Géréganie que nous avons
01:03 mis en place.
01:04 Ce système, vous savez, quand moi j'entends parler du modèle à la française, mais il
01:08 a été laminé, il est laminé ce système depuis les années 2000, par la concurrence
01:13 étrangère.
01:14 A partir du moment où le circuit international s'est ouvert aux 12 ans, et bien les français
01:18 ont disparu de la planète, on va dire, et de ce qui constitue aujourd'hui le creuset
01:26 de l'élite de demain.
01:28 Donc si vous voulez, le vrai sujet, c'est la capacité des gouvernants aujourd'hui à
01:35 observer et à connaître ce qui se passe.
01:37 Et visiblement, ils n'y comprennent rien.
01:39 Moi je pense qu'aujourd'hui, en tous les cas, ils ont failli à leur responsabilité.
01:43 Quand le DTN dit "ce n'est pas de la responsabilité de la fédération de former des vainqueurs
01:52 de Grand Chelem", j'ai envie de dire "mais monsieur, vous avez des textes, en France
01:57 il y a une loi, ça s'appelle l'émission de services publics, vous en avez deux.
02:00 La première c'est le développement du TIS, et la deuxième c'est former une élite pour
02:05 représenter la France.
02:06 Vous avez une délégation du ministère pour ça, messieurs.
02:08 C'est ça le sujet.
02:10 Vous avez failli dans votre mission.
02:12 C'est à vous de décider ce qui doit se passer, mais vous avez failli.
02:16 Le système, aujourd'hui, vous n'êtes pas capables, en tous les cas, vous n'avez pas
02:22 démontré vos capacités à prolonger une dynamique qui était de former une élite.
02:26 C'est sûr que...
02:27 Et d'ailleurs, ça y est, ça commence à se lâcher.
02:30 Tsonga, Centoro, ok, ça y est, les langues commencent à se délier.
02:34 On a entendu les explications de Nicolas Escudet, le directeur technique national, le DTN de
02:39 la FFT.
02:40 Si vous aviez une question à lui poser, elle serait quoi ?
02:42 Non, mais moi, je n'ai pas de question à lui poser.
02:44 Moi, j'ai envie de dire déjà, rien que son mot du language parlait pour lui.
02:49 Il avait les bras croisés.
02:51 Le nombre de fois où il dit un petit peu, un petit peu, un petit peu.
02:54 Et puis le nombre de fois où il dit je ne sais pas, je ne sais pas, je ne sais pas,
02:57 je ne sais pas.
02:58 On voit bien que c'est quelqu'un qui est perdu.
02:59 C'est quelqu'un qui est en perdition, qui n'a pas de vision.
03:02 Il n'y a pas de vision partagée.
03:04 Aujourd'hui, c'est une vaste mascarade, tout ce qu'on voit.
03:07 Une vaste mascarade.
03:08 Je pèse mes mots au sens théâtral du terme.
03:11 Enfin, rendez-vous compte.
03:13 En 2021, on part dans les Vosges.
03:17 Ils partent dans les Vosges pendant trois jours après la catastrophe de Roland-Garros.
03:19 Qu'est-ce qu'il est sorti de ce séminaire des Vosges ?
03:22 Et puis, il y avait déjà Luigi Borfiga qui est revenu du Canada au réolé de ses succès.
03:27 En 2022, alors pas catastrophe, mais quand même, semi-échec.
03:34 Alors, on va avoir un rapport qui va être mis par SQD, Grosjean, Beneteau et Paul-Henri Mathieu.
03:41 Mais qu'est-ce qu'il en est sorti ?
03:42 Et puis là, hop, on sort maintenant Ljubicic.
03:45 Ivan Ljubicic, qui a sa propre académie quand même.
03:48 Il faut le savoir, Ljubicic, il a une superbe académie sur l'île de Lusigny en Croatie.
03:53 Et il arrive là, mais il va faire quoi ? Il fait quoi ?
03:55 Donc, moi, je dis aujourd'hui, c'est une mascarade, c'est tout.
03:57 C'est une vaste mascarade.
03:59 À qui la faute alors ?
04:01 La faute à ceux qui ont élu et à ceux qui ont proposé un projet.
04:06 Ils se sont présentés sur un projet.
04:08 L'autre tennis, on voit ce que c'est l'autre tennis.
04:10 Il n'y a plus personne.
04:12 Et ils ont dit, il faut mettre fin à l'ultra sélection.
04:16 Sous-entendu, c'est ce que je faisais pour mettre en place la formation.
04:22 Mais le tennis, ce n'est pas de la formation.
04:24 C'est de l'apprentissage.
04:26 C'est différent.
04:27 Si vous voulez être médecin, avocat, vous allez faire de la formation
04:31 parce que vous avez des référentiels, vous avez des bouquins, comme on dit,
04:34 avec des articles de loi, avec des planches anatomiques.
04:38 Et vous allez vous former à ce métier-là.
04:41 Mais le tennis, ce n'est pas un métier de connaissance.
04:43 C'est un métier de compétence, de capacité.
04:46 Vous savez, c'est un peu comme la cuisine.
04:47 Les grands chefs, ils sortent de l'apprentissage.
04:50 Pourquoi ? Parce qu'ils apprennent le métier en regardant.
04:53 D'accord, c'est ça. Apprendre, c'est d'abord regarder.
04:55 Une fois qu'ils ont compris, ils surprennent tout le monde.
04:58 Et quand on m'a dit qu'il fallait mettre fin à l'ultra sélection.
05:02 Mais d'où ils viennent Alcaraz ?
05:04 D'où il vient Rune ? D'où vient Jviatek ?
05:06 Ils viennent des tournois de 12 ans en France.
05:09 Ils étaient déjà dans le haut niveau à 12 ans.
05:11 Et ils y sont restés à 13, à 14, à 15 et à 16.
05:13 Et c'est ça qui a changé.
05:15 C'est qu'aujourd'hui, les pros, ils rentrent sur les tournois pros à 16 ans,
05:19 voire même à 15 ans pour les filles.
05:22 Qu'est-ce qu'il faut faire ?
05:23 Parce que vous dites que la FFT et le président Moreton et le TN ne font pas bien.
05:27 Visiblement, en ce moment, vous, vous n'avez pas tout fait bien
05:30 quand vous étiez à la tête de la FFT.
05:31 Bien sûr qu'on a tout fait bien.
05:32 Ben écoutez, quatre juniors en demi-finale à Roland-Garros.
05:36 Où est-ce qu'on l'a vu ?
05:37 Parce que vous savez le vrai bilan d'une fédération ?
05:39 C'est les juniors.
05:40 C'est les jeunes parce qu'un mandat, c'est quatre ans.
05:43 Donc quand vous prenez un gamin qui a 12 ans
05:45 et que quatre ans ou cinq ans après, Covid expliquant les choses,
05:49 eh bien vous les amenez en demi-finale d'un des plus gros tournois du monde,
05:54 ben vous avez réussi.
05:55 Après, c'est leur problème. Après, c'est leur affaire.
05:57 Mais si je prends Van Hache et Lucas Van Hache et Artufis,
06:01 où ils ont grandi ?
06:03 Où ils étaient le soir ?
06:03 Ils n'étaient pas dans un pôle, ils étaient chez eux,
06:06 dans leur maison.
06:08 Et on oublie ça parce que moi j'entends parler de...
06:10 Morayton dit... Alors c'est nouveau d'ailleurs, c'est nouveau.
06:12 Il dit c'est des projets individuels.
06:13 Non, monsieur Morayton, c'est des projets familiaux.
06:17 Si vous mettez de côté la famille,
06:19 eh ben vous mettez de côté le projet.
06:22 Expliquez-moi aujourd'hui si vous pensez que la famille Alcaraz
06:26 ou la famille Rune est étrangère au projet de leur enfant.
06:29 Non, ce sont des projets familiaux.
06:31 Il est là l'explication.
06:35 Donc après, quand vous me demandez ce que je dois faire,
06:38 moi je n'ai rien à faire.
06:39 Moi, je suis membre du conseil supérieur du tennis.
06:41 La seule chose que je vois, c'est qu'eux ne savent pas où ils vont.
06:44 C'est tout.
06:45 Ça fait trois ans, ils ne savent pas où ils vont.
06:48 Pourquoi ? Parce qu'ils ne connaissent pas la concurrence.
06:51 Quand vous vous lancez dans les affaires,
06:53 la première chose que vous faites, si vous lancez un produit,
06:55 une activité, etc.
06:57 C'est que vous regardez ce que fait la concurrence
06:58 et vous essayez de faire mieux et d'être originaux.
07:02 Le modèle à la française, il est laminé.
07:06 Il n'y a plus personne qui va venir copier les Français
07:09 si tant est qu'il les ait copiés un jour.
07:11 Parce qu'en 40 ans, à Roland-Garros,
07:14 on a gagné un grand chelum chez les hommes et un grand chelum chez les femmes.
07:18 Basta, c'est tout.
07:20 C'est ça la réalité du modèle à la française.
07:22 Alors moi, je me souviens à l'époque, on me disait, et pas des moindres,
07:25 "Ah oui Bernard, tu es trop ambitieux, il n'y a pas que les grands chelums."
07:28 Bah, je dis écoutez, quand on voit que Yannick,
07:31 40 ans après, ça continue à tourner pour lui,
07:35 moi je pense qu'un grand chelum, c'est très important
07:37 pour la promotion du tennis et pour la réputation d'une fédération.
07:41 - Le tournoi des juniors commence à Roland-Garros.
07:43 Il faut s'attendre à quoi du coup ?
07:44 - Oh, moi je pense qu'il y a Antoine Guibaudot,
07:48 qui lui, a été formé sous le moule que nous souhaitions,
07:52 puisqu'il s'est entraîné chez lui.
07:55 Moi j'avais rencontré le père, qui est prof de gym en plus, ça aide.
07:59 Il s'entraîne chez lui, dans les Yvelines,
08:02 dans le centre de Francis-Eveillard.
08:04 Il dort à la maison, il était scolarisé à distance,
08:08 et surtout, il a démontré quand même certaines capacités.
08:11 Il est rentré dans le top 5 WTN.
08:14 Et puis il y a Arthur Géat, qui est un peu plus âgé.
08:18 Mais aujourd'hui, c'est ça le vrai test.
08:21 Alors je ne parle pas des filles.
08:23 Les filles, c'est le désert.
08:25 Il y a une Française dans les 100 meilleurs juniors mondiaux.
08:29 Vous m'entendez bien, à ceux qui me regardent ?
08:31 Les 100 meilleurs juniors mondiaux, il y a une Française,
08:34 c'est Bastarevitch, qui est une Russe qui a été naturalisée en janvier 2022.
08:40 Donc vous voyez où on en est, c'est la désertification.
08:44 Ils ont tout cassé.
08:45 C'est ça le vrai problème.
08:47 Tout ce que nous avions mis en place,
08:48 c'était la réforme qui aurait pu permettre,
08:52 dans les années qui viennent, de poursuivre cette dynamique.
08:55 Ils ont viré Thierry Champion.
08:58 Ils ont viré Noël Van Lothoom.
09:01 Ils ont mis Chéret, qui était le EDTN,
09:03 ils l'ont mis à la formation.
09:05 Regardez un peu le paradoxe quand même.
09:08 On critique un modèle qui était mis en place
09:10 et celui qui était chargé de l'orchestrer, de l'instrumentaliser
09:14 et de le mettre en oeuvre, on le met à la formation.
09:16 Donc il y a un manque de cohérence totale.
09:21 Et puis le vrai sujet quand même.
09:24 Quand on écoute l'EDTN,
09:27 il y a 300 personnes qui bossent en France.
09:30 300 personnes dans les ligues, dans les comités.
09:33 Et quand on arrive au sommet, il n'y a plus personne.
09:36 C'est bien là qu'est le problème.
09:39 C'est bien là. Joe l'a dit l'autre soir sur Amazon.
09:43 Il a raison dans ce qu'il dit.
09:45 Là où il n'y a pas de fédé, il y a des résultats.
09:47 Mais parce qu'aujourd'hui, quand un joueur ou quand un parent
09:50 veut avoir des informations, il doit passer 5 ou 6 niveaux de décision.
09:55 C'est juste impossible.
09:56 C'est devenu un mammouth qui ne peut plus se bouger.
10:01 Donc, conclusion, à ceux qui s'inquiètent
10:03 pour la relève des joueuses et des joueurs français,
10:06 il y a de quoi s'inquiéter.
10:08 Moi, je pense que ce n'est même plus de l'inquiétude, c'est de la fatalité.
10:10 Ce système, il va dans le mur.
10:12 Écoutez, il faut relire l'interview de Christophe Bernel.
10:15 Que nous avions mis en place ?
10:16 Parce que la tarte à la crème de la préparation mentale, excusez-moi.
10:20 La tarte à la crème.
10:21 La préparation mentale, c'est avant 12 ans.
10:24 Après, oui, on apprend la respiration, on apprend la...
10:28 Mais le mindset, comme disaient les Anglais,
10:31 la capacité de se construire à la fois la caisse et le cerveau
10:35 pour rivaliser avec les meilleurs mondiaux,
10:38 eh bien, c'est juste impossible.
10:41 C'est perdu.
10:44 Ce système-là, il est perdu pourquoi ?
10:46 Parce que c'était le système d'avant.
10:48 Qui était DTN il y a 10 ans, en 2013 ?
10:51 C'était Edipe Ascoël.
10:53 Et ils venaient d'où ? Ils venaient d'Ajelaouar.
10:55 Ils sont avec qui, eux ? Ils soutiennent qui, eux ?
10:58 Ils soutiennent ceux qui sont en place aujourd'hui.
11:00 C'est leur système qui échoue.
11:02 Je veux dire, nous, notre système, il bourgeonne.
11:05 Moi, j'aimais bien appeler nos jeunes les apprentis.
11:08 Je ne vous les appelle pas les espoirs.
11:10 J'ai horreur de ce terme parce que l'espoir,
11:12 enfin, je ne vais pas citer le proverbe qu'on dit dans le Sud,
11:15 "Qui vit en espérant", vous connaissez la suite.
11:18 Mais je trouve que nous, on a de beaux apprentis.
11:22 Moi, je les adore avec leur ligne d'épaule haute
11:25 quand ils disent "on a confiance en nous".
11:27 Mais elle vient d'où la confiance ?
11:29 Elle vient de l'amour de leurs parents.
11:31 Et quand à 12 ans, vous privez les gamins de l'amour de leurs parents,
11:35 vous les fusillez quand ils auront 20 ans.
11:37 Vous verrez les difficultés que connaîtront certains jeunes
11:41 qui sont restés trop tard.
11:43 Moi, je me souviens, c'est Luc Capouille.
11:45 On était à Annecy, en Coupe Davis, et qui me dit "Bernard,
11:49 les jeunes, il faut les mettre plus tôt avec un coach individuel".
11:56 Et à l'époque, on avait sorti Maillot et on avait sorti Sean Cunningh
12:02 de Poitiers où il croupissait.
12:04 Moi, je voulais faire mes Poitiers, je voulais aller dans le Sud.
12:08 On avait l'accord d'Astrozy, c'était signé.
12:11 Où sont les académies ? Elles sont au soleil.
12:15 Où sont les meilleurs centres ? Ils sont au soleil.
12:17 Où est-ce que Ivan Ljubicic a son académie ?
12:19 Il l'a sur une île, allusiné sur les côtes croates.
12:23 Nous, on avait l'accord de Nice et on nous a plantés pour retourner à Poitiers
12:28 où il fait froid.
12:29 Où il fait froid et on est tout le temps sur du couvert en dur.
12:32 Donc c'est tout.
12:33 Vous savez, une fédération, c'est fait pour créer des conditions.
12:38 C'est fait pour créer les conditions de la performance
12:40 et aujourd'hui les conditions ont disparu.
12:41 En fait, en 2023, les 40 ans de la victoire de Yannick Noir,
12:47 le grand chlem de Roland Garros,
12:49 Nicolas Escudelli d'Etaing parle de rengaine.
12:53 Cette rengaine, on n'est pas prêts à la voir s'arrêter.
12:56 Non, ça c'est sûr.
12:58 Il suffit de regarder les résultats des 14 ans.
13:02 Vous savez, quand vous regardez le palmarès d'Alcaraz,
13:05 à 12 ans, il gagne 34 des 36 matchs qu'il fait.
13:08 Vous regardez le palmarès de Zviatek, même chose.
13:11 Vous regardez le palmarès de Roueneux, même chose.
13:14 L'autre jour, j'ai vu le passage d'Agin que je salue,
13:18 qui montrait deux de ses finalistes,
13:20 je crois que c'était Olivier Rie ou l'autre argentin,
13:23 j'oublie son nom, et Rune, qui sont deux anciens finalistes.
13:27 On les a, on a le creuset.
13:29 Simplement, on pense que le tennis c'est de la formation.
13:33 Mais moi, je le redis, le tennis, ce n'est pas de la formation.
13:36 On va à l'école, oui, pour apprendre des compétences livresques,
13:41 mais le tennis, il évolue tous les jours.
13:42 C'est de l'apprentissage.
13:44 Pour faire de l'apprentissage, le mieux, c'est l'alternance.
13:46 La compétition, retourner avec le coach.
13:48 La compétition, retourner avec le coach.
13:50 C'est tout ce que font les meilleurs jeunes.
13:54 Yannick, lui-même l'a dit, je suis un accident de l'histoire.
13:57 Et il a raison.
13:58 Il a raison. Pourquoi il réussit, lui ?
14:00 Parce qu'il a monté son projet personnel.
14:06 Et puis derrière, on a théorisé, on a fait des bouquins, on a fait des guides.
14:10 Pendant ce temps, les autres, ils faisaient de la compétition.
14:12 Vous avez vu en anglais, concurrence, se dit competition.
14:15 Voilà, il faut aimer la concurrence.
14:18 Il faut aimer la rivalité.
14:20 Il faut aimer, il faut aimer aller se confronter aux autres dès le plus jeune âge.
14:26 Après 12 ans, c'est fini.
14:28 Si vous n'avez pas acquis ce goût de la rivalité, à 12 ans, c'est fini.
14:33 Vous êtes largué. Le TGV est passé.
14:36 Yannick dit lors de sa conférence de presse, avant le début du tournoi,
14:40 que pour que les jeunes russes et suisses, il faut qu'ils se barrent de France.
14:43 Il faut qu'ils aillent à l'étranger.
14:45 Parce qu'en France, les entraîneurs n'ont jamais gagné.
14:47 Je ne sais pas si vous avez entendu parler.
14:48 Vous êtes d'accord avec ça ?
14:49 Non, non, je ne suis pas d'accord avec ça.
14:51 D'ailleurs, c'est le contraire qui se passe.
14:54 Les meilleurs étrangers viennent s'entraîner en France.
14:56 C'est probablement le palmarès, entre guillemets, de Jean-René Lissenaar.
15:00 Ils sont tous dans le sud de la France.
15:03 Non, là où Yannick avait raison à l'époque,
15:05 c'est qu'il disait qu'il faut un centre dans le sud.
15:08 Ça me fait penser un peu à ce fou dans la pièce de Camus.
15:12 Il disait "il va y avoir un mort, il va y avoir un mort".
15:14 Et Yannick disait ça.
15:15 Et c'est vrai que c'était compliqué.
15:18 Et moi, je me souviens de ce coup de fil.
15:19 En 2019, on est en finale des juniors dans le sud de l'Espagne.
15:25 Et j'ai un coup de fil de Vincent Bontin qui me dit "président, il faut faire quelque chose".
15:28 Si on ne les entraîne pas du matin au soir sur la terre battue,
15:31 on ne va pas y arriver.
15:33 Et moi, vous savez, j'étais à Ajaccio et Mira venait de gagner les championnats d'Europe
15:38 de 12 ans et moins.
15:39 C'est là où j'ai fait sa découverte, je dirais.
15:41 J'avais appelé Christian Astrozy.
15:45 C'était un samedi et le lundi, il était dans mon bureau pour le centre.
15:49 On a mis en place un plan.
15:51 Et en décembre 2020, le courrier était signé.
15:55 On avait deux hectares et demi en plus au centre des Combes.
15:58 Et tout ça, ça a été foutu en l'air
16:00 parce qu'il fallait garder Poitiers pour garder le confort de ceux qui y travaillent.
16:04 C'est ça la vérité.