L'ENQUÊTE - Qui sont les antifascistes, réunis ce week-end à Paris pour rendre hommage à Clément Méric?

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L'enquête de Nelson Getten, tous les vendredi, samedi et dimanche dans le Week-End Direct.

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Transcription
00:00 On va parler avec Nelson Jetten de l'une des conséquences de la réforme des retraites,
00:03 c'est la très forte mobilisation des mouvements d'extrême gauche.
00:07 On a beaucoup parlé précédemment des mouvements d'extrême droite, d'ultra droite, parlons d'extrême gauche.
00:11 Vous les avez suivis ces militants aujourd'hui, puisque Nelson manifestait en souvenir de la mort de Clément Méric.
00:17 C'est un militant antifasciste qui a été tué par un néonaziste il y a dix ans.
00:22 Oui, dix ans que le militant antifasciste Clément Méric a été assassiné.
00:26 Et plusieurs milliers de personnes dans la rue à Paris aujourd'hui pour lui rendre hommage.
00:32 Une banderole, vous le voyez absolument énorme, 15 mètres de long,
00:36 a même été déployée du haut d'un immeuble sur le parcours du cortège.
00:39 Des militants d'extrême gauche antifascistes, libertaires, certains anarchistes.
00:44 Un mouvement d'extrême gauche galvanisé par la situation sociale en France.
00:50 La mobilisation autour de la réforme des retraites,
00:52 elle était profondément antifasciste dans la mesure où il n'y a eu aucune présence des groupuscules néonazis
00:58 qui ont tendance à venir dans ce type de mouvement, comme on a pu le voir dans les gilets jaunes.
01:01 Et que, au contraire, spontanément,
01:03 quand bien même il n'y avait pas des militants organisés antifascistes,
01:06 les gens reprenaient les slogans antifascistes comme le siamo toutit antifasciste.
01:10 Donc c'est vrai que...
01:10 Il y a eu un regain de l'ultra gauche grâce à ces mouvements-là ?
01:13 Le mouvement social est profondément ancré à gauche.
01:15 C'est-à-dire que quand il y a mobilisation sociale,
01:18 il y a affirmation des idées antiracistes et antifascistes.
01:22 Vous les voyez sur les images de Léonie Houthier,
01:25 une bonne partie des personnes en tête de cortège sont masquées.
01:29 Certains ont des masques chirurgicaux, d'autres des lunettes,
01:32 d'autres carrément des cagoules.
01:34 Ils ne ressemblent pas vraiment à des enfants de cœur, ça c'est sûr.
01:36 En tout cas, ce qui est sûr, c'est qu'ils ne voulaient pas être filmés.
01:40 Ne touche pas à la caméra !
01:42 Ne touche pas à la caméra !
01:43 Je te dis, ne touche pas à la caméra !
01:44 Eh bah là, il va sortir la manif !
01:46 Eh, il va sortir !
01:47 Mais c'est pas vous qui commandez !
01:49 On lui a dit trois fois !
01:51 Elle filme pas ! Elle doit écouter les gens qui organisent !
01:53 On lui a dit, elle filme pas, elle filme pas !
01:55 Pour être honnête, ce n'était pas très facile de travailler
01:58 cet après-midi dans ce cortège avec Léonie Houthier.
02:01 Personne ne voulait nous parler, ou presque.
02:03 L'une des seules qui a accepté de nous répondre face caméra,
02:05 c'est Narges que vous avez vu tout à l'heure.
02:08 Au niveau du côté masqué,
02:09 moi je vais orienter le sujet ailleurs dans le sens où
02:12 il faut parler aussi de la répression médiatique,
02:15 politique et judiciaire que subissent les antifascistes.
02:17 Si les personnes décident de se protéger en se masquant,
02:21 en protégeant une partie de leur visage,
02:22 c'est aussi pour garantir une forme d'anonymat
02:24 qui ne va pas les précariser dans le monde.
02:26 Si les gens ont une nécessité de se protéger,
02:28 c'est qu'on est dans une logique d'ultra-surveillance.
02:29 Et donc ici, on ne se protège pas pour faire peur,
02:33 on ne se masque pas pour faire peur,
02:35 on se masque pour se protéger.
02:36 Je rappelle que c'est interdit par la loi de cacher son visage
02:40 totalement ou partiellement dans une manifestation.
02:43 Mais donc à part Narges,
02:44 il n'y avait que des gros bras et des visages masqués ?
02:46 Alors pas seulement, il y avait beaucoup de jeunes,
02:47 de moins jeunes, quelques familles.
02:50 Il faut dire que quand on arrivait devant le cortège,
02:53 c'était assez impressionnant de prime abord,
02:56 mais plutôt bon enfant en fin de compte.
02:57 On a quand même voulu savoir ce qui se cachait
03:00 derrière ce terme "antifa" aujourd'hui en 2023.
03:03 C'est à la fois combattre sur le terrain des idées
03:05 totalement réactionnaires qui circulent en ce moment
03:07 dans la société, que ce soit avec les partis d'extrême droite
03:10 ou de droite extrême, que ce soit au gouvernement,
03:13 que ce soit par les médias.
03:15 Donc il y a tout ce terrain des idées sur lequel il faut dire combat.
03:17 On est pour des idées internationalistes,
03:19 l'ouverture des frontières, l'accueil des réfugiés,
03:22 combat que le racisme.
03:23 Il y a le combat sur le terrain des idées,
03:25 mais il y a aussi des affrontements dans la rue ?
03:27 Oui, contre les groupuscules d'extrême droite.
03:29 Récemment, certains groupuscules d'extrême droite
03:32 avaient attaqué des piquets de grève ou des universités
03:35 qui avaient été bloquées par des militants d'ultra-gauche.
03:38 Un concept, face à cela, pour les antifas,
03:40 l'auto-défense populaire.
03:43 L'auto-défense populaire, c'est véritablement se former
03:46 sur ce que c'est que l'extrême droite,
03:47 quels sont ses dangers,
03:48 comment elle attaque les classes populaires.
03:51 Et s'entraîner physiquement aussi
03:53 pour éventuellement répondre s'il y a des attaques ?
03:55 La meilleure manière de ne pas subir d'attaques,
03:57 c'est d'être nombreux.
03:58 La meilleure arme contre l'extrême droite,
04:00 c'est avant tout la masse, c'est avant tout d'être ensemble,
04:02 c'est avant tout le collectif.
04:04 En fait, c'est vraiment renforcer nos luttes collectives
04:06 et d'être là ensemble pour montrer que certes,
04:09 l'extrême droite, si elle peut se renforcer,
04:11 nous on se renforce encore plus
04:12 et que partout où ils seront 10,
04:14 nous nous serons 100, 1000, 10 000.
04:16 Et c'est le symbole de ce qui se passe aujourd'hui.
04:19 Aujourd'hui, aucun incident n'était à déplorer
04:21 pendant la manifestation et même à la fin.
04:24 Il n'en reste pas moins que ces mouvements d'ultra-gauche
04:26 sont considérés par le gouvernement
04:27 comme une potentielle menace,
04:29 notamment pour la manifestation de mardi.
04:31 Regardez ce tweet du ministre de l'Intérieur,
04:33 Gérald Darmanin.
04:34 Les services de renseignement anticipent la participation
04:36 à la journée nationale d'action de mardi
04:38 de membres de l'ultra-gauche venus de l'étranger.
04:41 C'est bien vu, puisque de nombreux militants antifas
04:43 étaient là aujourd'hui, venus de l'étranger.
04:46 On a entendu parler espagnol dans le cortège,
04:48 parler italien, parler allemand, même norvégien.
04:51 Reste à savoir combien resteront jusqu'à mardi à Paris.
04:55 Et alors, votre intuition,
04:56 vous qui avez passé la journée avec eux ?
04:58 De son cloche, j'ai discuté avec des militants antifas allemands
05:01 qui, eux, vont rester jusqu'à mardi
05:04 pour aller à la manifestation,
05:05 puisqu'ils considèrent que la manifestation,
05:06 c'est la fin de ce week-end.
05:08 Dommage à Clément Méric.
05:09 Il y avait aussi d'autres militants étrangers
05:12 qui disaient qu'il devait travailler demain,
05:13 mais qui rentraient et quittaient Paris aujourd'hui.

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