L'un des suspects dans l'affaire des violences commises au sein de l'établissement Notre-Dame-de-Bétharram a été mis en examen pour viol aggravé et agression sexuelle aggravée sur mineur, a appris BFMTV de source judiciaire ce vendredi 21 février. L'homme en question, âgé de 59 ans, a par ailleurs été placé en détention provisoire.
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00:00Donc moi j'étais entre ma 11e et ma 12e année, après un redoublement d'une 6e dans un établissement public.
00:11Donc j'ai été envoyé là-bas pour faire ma seconde 6e ainsi que ma 5e, d'où j'ai réussi à ne pas finir et à pouvoir partir de là-bas.
00:24C'était quoi votre quotidien dans cet établissement ?
00:29Le quotidien c'était la violence, les punitions, se taire filet droit, l'angoisse de jamais satisfaire.
00:44Quoi qu'il se passe ça n'allait jamais.
00:47Donc on est arrivé là-bas, en plus comme beaucoup on est souvent arrivé seul parce qu'on se retrouvait,
00:54pour ma part j'étais pas très loin de chez moi mais j'étais à une cinquantaine de kilomètres,
00:59donc arrivant là-bas je ne connaissais personne, comme beaucoup d'entre nous,
01:02ce qui fait que tout le monde restait un peu dans son coin, il n'y avait personne à se confier je pense.
01:09Quand vous racontez un quotidien de violence physique, c'est-à-dire ça prenait quelle forme ?
01:15Ça prenait quelle forme, c'est qu'on se levait très tôt, c'était déjà partir dans des études avant de manger,
01:21on n'avait pas le droit de parler, on n'avait le droit de rien faire, pas de dire bonjour à ses camarades,
01:27il fallait baisser la tête, marcher, filet droit, filet droit, filet droit en permanence.
01:33Un chuchotement c'était de suite des agressions physiques.
01:38C'est-à-dire que vous receviez des coups de manière continuelle pour n'importe quoi ?
01:44Ça allait pour si pour rien, je vous dis, vous tournez la tête dans les rangs parce que vous entendiez un oiseau chanter,
01:50pareil vous en preniez une, tout simplement.
01:53Quelque chose qui vous distrayait, c'était parti, ou c'était les punitions,
02:00si on avait la chance de passer à l'as, c'était un autre qui prenait parce qu'on avait tourné la tête avant vous.
02:06C'était le quotidien, moi j'étais un enfant, j'étais en train de dire que j'étais turbulent mais comme d'autres gens m'ont dit,
02:13tu restes un enfant de 11 ans, certes, peut-être un peu vif d'esprit tout ça,
02:17mais voilà, la monnaie cartable, ça volait.
02:21Vous étiez interne, vous étiez donc au dortoir, il y avait des punitions aussi la nuit ?
02:27Le soir c'est pas compliqué, le premier qui parlait c'était les pieds du lit.
02:32Moi à l'époque où je suis rentré, c'était des élèves de terminale qui étaient nos surveillants pour la nuit,
02:38qui sûrement avaient des devoirs à faire, quelque chose à faire dans leur petit sas au fond des dortoirs,
02:43on était une cinquantaine, et au moindre bruit d'un chuchotement, parce qu'on parlait un peu à son voisine de lit,
02:49voilà, c'était tout le monde qui prenait.
02:51Souvent, hélas, par quelques-uns qui avaient simplement envie de parler entre eux, sans bêtise,
02:57parce que d'autres étaient tellement morts d'autrui et qu'ils osaient pas parler des pleurs des suites,
03:01hélas, ça se passait avec ce qu'ils appelaient les pieds du lit,
03:04comme d'autres récits que vous avez dû avoir, des violis militaires, debout, les mains dans le dos, 20 cm du lit,
03:11interdiction de fléchir les jambes, de s'appuyer, de quoi que ce soit.
03:15Donc le premier qui commençait à fléchir ou quelque chose comme ça, on était ensuite mis à la porte du dortoir,
03:21donc on se retrouvait dans les cages d'escalier.
03:24De ces cages d'escalier, souvent on n'y restait pas seul, parce qu'il y en a un autre qui venait, puis deux, puis trois,
03:29donc on se retrouvait à chuchoter, puisqu'on était un peu libre à nous-mêmes.
03:33Ça faisait un peu de bruit, de là, ça ressortait, ça ressortait, c'était une gifle de plus,
03:38et maintenant tu pars au perron, le perron, vous avez entendu, je pense, aussi.
03:42Donc là, c'était dehors, en chausson, pieds nus, ça dépend comment on partait,
03:48une couette, une veste, des fois non, rien du tout, que ce soit des printemps, été, automne, hiver, voilà.
03:55On allait là-bas, on se retrouvait des fois seul, des fois, on avait la surprise d'avoir 2-3 élèves de notre dortoir
04:02qui subissaient le même sort que nous, et là, il fallait rester là, pas bouger, attendre, attendre,
04:06et attendre, comme je le disais souvent, moi, je rentrais quand on nous avait oubliés,
04:12donc ça pouvait être 11h, minuit, 1h, 2h du matin, on rentrait parce qu'on avait froid,
04:17parce que tout était éteint, on n'entendait plus rien, ils nous avaient oubliés,
04:21donc certains disaient, écoutez, non, non, moi je ne rentre pas, on va se faire taper,
04:24comme je disais, de toute manière, que tu restes, que tu rentres, que tu sortes, ça volera, ça ira jamais,
04:31donc voilà, on se rentrait dans les dortoirs, on se faisait discret, on se recouchait dans notre lit,
04:34et puis on essayait de trouver sommeil pour une nouvelle journée du lendemain qui nous attendait de pied ferme.