La ville de Montpellier a annoncé il y a quelques jours la création d'une convention citoyenne sur l'intelligence artificielle.
Objectifs: prendre plusieurs initiatives pour une utilisation de l’intelligence artificielle responsable et éthique.
Et ceci en collaboration avec plusieurs acteurs: l'éducation nationale, le CHU de Montpellier mais aussi les nombreuses entreprises qui travaillent dans ou avec le numérique.
Une concertation citoyenne en ligne, va également être lancée dans les prochaines semaines. Chacun pourra donner son avis sur la question.
On en parle ce matin avec l'invité du 6/9, Manu Reynaud, Adjoint au Maire de Montpellier, délégué à la ville apaisée, respirable et numérique.
Objectifs: prendre plusieurs initiatives pour une utilisation de l’intelligence artificielle responsable et éthique.
Et ceci en collaboration avec plusieurs acteurs: l'éducation nationale, le CHU de Montpellier mais aussi les nombreuses entreprises qui travaillent dans ou avec le numérique.
Une concertation citoyenne en ligne, va également être lancée dans les prochaines semaines. Chacun pourra donner son avis sur la question.
On en parle ce matin avec l'invité du 6/9, Manu Reynaud, Adjoint au Maire de Montpellier, délégué à la ville apaisée, respirable et numérique.
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00:00 L'invité de ce 6/9 de ce lundi matin c'est Manu Renaud, c'est l'adjoint au maire de Montpellier, délégué à la ville apaisée, respirable et numérique.
00:07 Guillaume Roland.
00:08 Bonjour Manu Renaud.
00:09 Bonjour.
00:10 J'aime beaucoup l'intitulé de votre délégation, délégué à la ville apaisée, respirable et numérique. Vaste programme quand même.
00:15 Oui, mais tout ça, ça a du sens. Et là on va parler numérique aujourd'hui.
00:18 On va parler du numérique, effectivement. Merci de le rappeler avec l'intelligence artificielle, puisque la ville de Montpellier a une dizaine de jours à peu près, je crois,
00:26 annoncer un certain nombre de mesures pour une utilisation de l'intelligence artificielle, j'ai envie de dire, responsable et vertueuse. C'est ça l'idée ?
00:35 Responsable, souveraine et éthique. Parce que toutes ces interrogations, elles sont nombreuses aujourd'hui avec l'arrivée de chat GPT.
00:41 Et vous recevez pour une fois un élu pour parler de ces questions, et c'est rare, parce qu'il y a peu de personnalités politiques qui parlent de ces questions-là, et pourtant elles sont essentielles.
00:49 Mais est-ce que c'est le rôle d'une collectivité locale de s'emparer de ce dossier-là, justement ?
00:52 C'est le rôle d'une collectivité locale de s'interroger de tous les sujets qui touchent à ses administrés.
00:56 Et aujourd'hui, effectivement, c'est des questionnements qui ont lieu au niveau national et international.
01:00 Vous savez que le G7, les sept puissances industrialisées dans le monde, ont fait un groupe de travail sur la question de l'IA générative, de chat GPT.
01:08 Imaginez-vous bien qu'ils ne font pas tous les jours des groupes de travail sur les versions de Word.
01:12 Donc il est en train de se passer quelque chose. La dernière fois qu'ils ont parlé numérique, c'était pour l'arrivée d'Internet.
01:16 Il se passe quelque chose d'important.
01:18 Et c'est parce qu'il y a plus de dangers avec chat GPT qu'avec Word ou Excel ?
01:21 Oui, je pense que vous avez compris le sens de ma réflexion.
01:25 C'est des dangers, c'est fascinant, et il y a aussi des dangers derrière, des dangers démocratiques, qui sont évidents.
01:33 Mais c'est aussi fascinant et c'est aussi une technologie qui va apporter beaucoup.
01:36 C'est essentiel de l'appréhender.
01:38 Donc il faut réfléchir en termes d'intelligence artificielle générative choisie et non pas subie.
01:42 Et aujourd'hui, elle est subie.
01:44 Donc aujourd'hui, il faut analyser les choses tranquillement.
01:46 Parce que face à la technologie, on doit pouvoir réguler les choses et le faire tranquillement.
01:52 Mais quelles peuvent être les craintes que peut avoir une ville comme celle de Montpellier par rapport à l'intelligence artificielle ?
01:59 L'intelligence artificielle, c'est déjà des systèmes informatiques qui permettent, si vous voulez, de faire comme l'appréhension de l'intelligence humaine.
02:05 Par exemple, ça permet de façon générale de capter des images.
02:10 Quand vous êtes, vous, un être humain, un chat, c'est facile, on vous l'apprend quand vous êtes petit.
02:14 Mais une machine, c'est beaucoup plus compliqué.
02:16 Une machine, il faut qu'elle ingère des dizaines de milliers, des centaines de milliers d'images pour apprendre si c'est un chat ou pas un chat.
02:20 Donc l'intelligence artificielle va faire ça.
02:22 Et l'intelligence artificielle générative, elle va générer en langage naturel, avec des formes de langage,
02:27 elle va répondre à vos questions en langage naturel.
02:29 Ce que ne faisait aucun moteur de recherche, c'est pas un moteur de recherche.
02:31 - Là, vous êtes en train de nous expliquer ce que c'est que l'intelligence artificielle.
02:33 Et merci de le faire pour nos auditeurs qui se posent encore des questions là-dessus.
02:36 Ma question était celle-là.
02:38 Quelles seraient vos craintes aujourd'hui par rapport à ça, à la ville ?
02:41 - Aujourd'hui, à la ville et à la collectivité...
02:44 - Vous avez interdit le chat GPT, je crois.
02:46 - Pour l'utilisation des agents et de ceux qui travaillent avec nous.
02:48 Pour des raisons évidentes que la plupart des entreprises au niveau national et international prennent,
02:52 c'est qu'il y a des facteurs d'illégalité.
02:54 Par exemple, sur la question des données personnelles.
02:57 Si on met des données personnelles sur ce type de système, chat GPT,
03:00 comme tout le monde peut le faire, c'est un risque et ce n'est pas légal.
03:02 Sur la question de la confidentialité des données, sur la question de la propriété intellectuelle.
03:06 Donc tout ça, ça n'est pas légal.
03:08 Donc la mairie et la métropole font acte vis-à-vis de leurs agents de dire
03:11 "on prend des mesures conservatoires, vous ne pouvez pas l'utiliser dans ce cadre".
03:14 Et puis, un élément qui est fondamental, qu'il faut que tout le monde sache,
03:17 parce que moi j'incite tout le monde à essayer de l'utiliser à titre personnel,
03:19 sans données confidentielles, sans risque légaux,
03:22 c'est que la machine peut mentir.
03:24 Ou tout au moins dire des contre-vérités.
03:26 - S'étromper. Plutôt que de mentir, s'étromper.
03:28 - Mais avec un aplomb que n'importe quel homme politique ne pourrait pas concurrencer.
03:32 Parce que l'aplomb est terrible.
03:34 Et à partir du moment où vous dites à la machine,
03:36 vous avez confiance dans la machine,
03:38 elle peut non seulement vous mentir, mais vous raconter n'importe quoi.
03:40 Y compris vous donner des fausses sources, elle les crée elle-même.
03:43 Donc on se retrouve dans un système qui à cette échelle-là,
03:46 puisque c'est le système informatique qui a été au niveau d'Internet le plus utilisé dans le monde,
03:50 et bien on se retrouve avec un problème démocratique.
03:53 - Mais dites-moi, il faut l'arrêter tout de suite alors, Chate-GPT ?
03:55 Si le risque est tel que...
03:57 - Il faut le réguler, ça c'est une certitude.
03:58 - Mais c'est possible ça ?
03:59 - Bien évidemment, l'Union Européenne...
04:01 - Encore une fois, Montpellier est la 7ème ville de France,
04:04 elle a 100 poids aujourd'hui, elle pèse dans ce pays,
04:07 mais qu'est-ce qu'une ville comme Montpellier peut faire face à Google, Apple, je sais pas qui ?
04:12 - Plusieurs choses. D'abord les mesures prudentes,
04:14 c'est les mesures conservatoires que nous avons prises vis-à-vis de nos agents.
04:16 Puis des mesures d'alerte vis-à-vis de la population,
04:18 et notamment, nous avons fait plusieurs choses,
04:20 et Mickaël Delafo c'est le premier homme politique à avoir pris position dans ce débat à l'échelle nationale,
04:23 c'est de faire une convention citoyenne.
04:25 - Alors justement, vous la lancez à la rentrée, c'est ça ?
04:29 - A la rentrée, oui.
04:30 - Ça va être quoi cette convention citoyenne ?
04:31 - C'est comme le modèle des conventions citoyennes,
04:32 c'est-à-dire qu'on tire des citoyens au sort,
04:34 et ils vont auditer un certain nombre de gens, qui connaissent, qui savent,
04:36 pour savoir à quoi ça sert tout ça, c'est quoi les limites.
04:38 Et ça va donner lieu à un certain nombre de préconisations.
04:40 C'est ce qu'a dit Mickaël Delafo, c'est une fois de plus,
04:42 ça devrait être fait à l'échelle nationale,
04:44 en tout cas nous on en prend notre part et on le fait à l'échelle locale,
04:46 et on commence déjà avec les moyens et de là où on parle.
04:48 Et puis surtout, on met en place un démonstrateur pour nos entreprises,
04:52 un démonstrateur, parce que vous savez qu'à Montpellier on a des ressources immenses,
04:55 notamment le premier supercalculateur français,
04:57 en travaillant avec l'université, avec des machines,
04:59 on va proposer aux entreprises de pouvoir développer des systèmes d'IA,
05:03 d'intelligence artificielle, sur des machines, à Montpellier,
05:07 qui vont permettre dans un cadre de gouvernance,
05:09 c'est-à-dire dans un cadre éthique, qu'on veut éthique,
05:11 et sur lequel on a une maîtrise.
05:13 C'est l'antithèse, si vous voulez, d'Amazon, de Microsoft.
05:17 - C'est-à-dire que la vie va lancer son propre moteur d'intelligence artificielle, c'est ça ?
05:22 - Exactement, elle va mettre en place un environnement dans lequel des entreprises,
05:26 mais aussi la collectivité, on l'a déjà, c'est déjà en cours,
05:28 il y a déjà des tests, et sur des machines, nous avons implémenté
05:31 une intelligence artificielle, ce qu'on appelle "open source",
05:34 c'est-à-dire qu'on peut mettre à disposition, elle est déjà en marche,
05:37 sur un certain nombre de données, on fait déjà des tests au niveau de la collectivité,
05:39 pour améliorer le service public.
05:41 Mais à la différence d'autres, on n'est pas BA devant la technologie,
05:43 on va le faire, et on va être aussi la première collectivité de Le France
05:46 à faire les choses dans l'ordre, c'est-à-dire qu'on va rencontrer
05:48 les organisations syndicales, on va leur dire "vos métiers vont changer",
05:50 oui, parce que ceci est une révolution, une vraie révolution,
05:53 il faut juste l'appréhender. Vous savez, c'est des chantiers fabuleux
05:56 qui vont pouvoir être mis en place, en médecine, mais aussi dans l'accueil du public,
06:01 dans l'enseignement, ça change tout.
06:03 - Parmi les partenariats que vous mettez en place dans ce cadre-là,
06:07 il y a celui qui est avec le CHU de Montpellier, je crois,
06:10 qui est partie prenante, l'éducation nationale aussi, non ?
06:13 - Oui, effectivement, déjà par l'université, fondamentalement,
06:16 mais le métier d'enseignant, il va changer, parce que,
06:18 vous le voyez un peu avec Chad Jepete, mais il n'y a pas que lui,
06:20 aujourd'hui, déjà, toutes les grandes entreprises américaines en ont déployé,
06:23 mais ça ne va pas avec que les entreprises américaines,
06:25 c'est le système en lui-même, et justement, il faut sortir de ce cadre
06:29 géopolitique d'affrontement de grandes multinationales,
06:32 et avoir des développements français, européens, évidemment,
06:35 mais en fait, en gros, Chad Jepete, avec une intelligence générative,
06:38 c'est un mini-prof avec vous, tout le temps,
06:41 donc il va falloir réinterroger l'enseignement,
06:43 réinterroger l'enseignement avec les enseignants,
06:45 et c'est assez génial de discuter, et là, il y a un petit fossé générationnel,
06:48 je vous l'accorde, d'ailleurs, il y a un sondage qui l'a montré,
06:51 entre les moins et les plus de 35 ans, où certains l'utilisent.
06:54 C'est une révolution dans l'informatique, pour le codage,
06:56 c'est une révolution dans l'enseignement, c'est une révolution dans la médecine.
06:58 - Dernière question, Manu Reynaud, en ce qui me concerne,
07:00 en tout cas, Montpellier est une terre de start-up, on peut le dire,
07:03 Montpellier fait partie de la start-up nation,
07:05 beaucoup de gens aiment aussi venir s'installer à Montpellier pour ça,
07:09 mais est-ce que vous ne craignez pas, à force de vouloir un peu jouer le gendarme,
07:12 de décourager certains de venir ?
07:14 - Au contraire, on leur donne une plus-value très conséquente.
07:17 Parce que vous savez, il y a un territoire qui agit, mais c'est aussi un territoire qui réfléchit,
07:20 et je pense que ça, ça a une valeur ajoutée, pour les entreprises et pour les gens,
07:23 réfléchir sur ces technologies, c'est essentiel.
07:25 Et c'est ça notre valeur ajoutée, c'est ça notre marque de fabrique.
07:28 - Manu Reynaud, puisque vous êtes délégué à la ville apaisée,
07:30 qu'est-ce qui vous apaise, vous, d'une manière générale ?
07:32 Parce que vous êtes speed, là, quand même !
07:34 - Ah, c'est naturel, oui.
07:36 - Moi, je m'attendais à voir arriver quelqu'un en sarouel...
07:39 - Ah ouais, non, là, pour le coup, vous n'êtes pas bien tombé.
07:42 - Bon, alors qu'est-ce que vous faites pour vous apaiser, vous, d'une manière générale ?
07:45 - Écoutez, moi, j'ai la chance de vivre dans une ville
07:47 dans laquelle le mot "apaisement" commence à prendre son sens.
07:49 Et notamment, apaisement en matière de mobilité,
07:51 apaisement en matière de piétons,
07:53 donc on est dans un cadre de vie où on peut s'apaiser,
07:56 et où on a des espaces de nature.
07:58 Oui, j'étais au lac du Salagou, ce week-end.
08:00 - Ah, voilà, très bien. Eh bien, vous n'étiez pas seul, on en connaît d'autres.
08:02 - Et il faisait beau. - Absolument.
08:04 - Parce que vous avez pris de belles couleurs.
08:06 - Merci, M. Renaud. Convention citoyenne, en septembre, c'est ça ?
08:09 - À partir de septembre, oui.
08:11 - À partir de septembre, sur l'intelligence artificielle, tirage au sort,
08:13 les citoyens de la ville qui seront amenés à réfléchir sur cette question-là.
08:18 - Et réfléchir, c'est essentiel. - Absolument.
08:20 Oui, c'est mieux que de chatter, j'ai pété. Merci, bonne journée.
08:22 - Vous pouvez retrouver et réécouter cette interview en allant sur francebleu.fr.
08:26 Il est 7h55, on va souhaiter un bon anniversaire à cette chanson
08:29 qui fête ses 40 ans aujourd'hui, c'est Michael Stelzer.